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Lescoat, Domi Lescoat

Extraits

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Histoire ancienne

La france préhistorique. Un essai d'histoire

Les touristes se pressent en nombre dans les sites préhistoriques encore ouverts au public ou dans les parcs à thème ; les spectateurs assurent le succès aux productions cinématographiques sur les origines de notre monde. Cependant, archéologues et préhistoriens font montre d'une grande prudence : ce qu'ils savent de la Préhistoire, du Pléistocène (deux millions et demi d'années) à l'Age du Fer (800 à 50 avant J.-C.), forme un ensemble de connaissances instable et borné par le douteux, l'hypothétique et le certain. Il n'existe pas de " fait " historique lorsque l'on se penche sur le très lointain passé : chaque génération a sa manière propre de l'aborder. Aujourd'hui de nouvelles découvertes sont faites, grâce notamment au développement de l'archéologie préventive et aux analyses de laboratoires rendues possibles par des méthodes nouvelles, dans les domaines aussi variés que la datation, le champ magnétique terrestre, l'étude des pollens, des charbons et de l'ADN, sans oublier la palethnographie qui permet de définir à partir de coquillages ou d'objets manufacturés complexes des réseaux d'échanges et de contacts entre sociétés éloignées. Voilà qui bouleverse conceptions, théories et hypothèses. Cet ouvrage, auquel ont contribué les meilleurs spécialistes, est le bilan aussi complet que possible des connaissances actuelles. Centré sur l'Hexagone, il s'intéresse si nécessaire au reste de l'Europe, voire à l'Afrique et à l'Asie. Il comprend deux parties : les chasseurs-cueilleurs du Pléistocène et des débuts de l'Holocène ; puis les producteurs (éleveurs et cultivateurs) du Néolithique ancien à la conquête romaine - abordés les uns et les autres par la définition et la répartition géographique des cultures, les éléments matériels qui les caractérisent (armes, outils, parures), les modes de vie, l'attitude face à la mort (traitement des défunts et types de sépultures), l'art et la religion. L'indispensable rappel de l'historique des recherches et de l'évolution des idées souligne combien nos connaissances en ce domaine particulier sont contingentes. Gageons que si, dans vingt ans ou sans doute moins, une nouvelle synthèse est publiée, elle sera déjà différente de cet essai d'histoire.

10/2010

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Littérature étrangère

L'Eclat dans l'Abîme. Mémoires d'un autodafé

Huit ans après Le Crayon du charpentier, voici le nouveau roman de Manuel Rivas, sans doute la plus riche et la plus vaste fresque qu'il nous ait donnée sur la Galice. Au cœur du récit, un fait historique : l'autodafé qui a eu lieu au port de La Corogne le 19 août 1936, quelques semaines après le prociamiento du général Franco et le début de la guerre civile espagnole. Ce jour-là, des centaines de livres provenant des bibliothèques publiques de Galice ont été brûlés devant les habitants de la ville par des militants du groupe de la Phalange - le parti fasciste espagnol. Mais les livres brûlent mal, on le sait, et du bûcher se sont détachées quelques pages, une couverture, une illustration, qui soudain se sont mises à danser dans le vent et ont happé aux flammes. En bon poète, Manuel Rivas nous invite à suivre les vagabondages de ces bouts de papier. En bon romancier, il nous raconte les mille et une histoires s'y cachent. Les cahiers calcinés d'un manuel d'électricité nous parlent ainsi du destin du boxeur Vicente Curtis, ancien membre de l'athénée révolutionnaire L'Éclat dans l'Abîme, condamné à traîner dans les rues le cheval de bois des photographes ambulants. Une illustration méconnaissable nous renvoie aux aventures de la petite lavandière Ô qui, dans les eaux de la rivière, voit surgir de mystérieux visages. Un peu plus loin, une page de garde à demi brûlée porte encore l'ex-libris de la bibliothèque de Santiago Casarès Quiroga, le leader républicain qui doit fuir la Galice et se retrouve exilé en France avec sa fille Vitola, la future Maria Casarès. Nous passons d'un personnage à l'autre, d'une histoire à l'autre, en tournant doucement l'invisible sphère armillaire qui fait de ce roman un kaléidoscope ou un carrousel enchanté. Ces pages d'une intense poésie ,nous montrent que dans la ville de La Corogne, comme partout ailleurs, la condition de l'homme est celle d'un être fragile et toujours imprévisible, capable à chaque instant du meilleur comme du pire

09/2008

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Ecologie politique

Mémoires terrestres

"Mes souvenirs d'enfance les plus intimes sont les images et les sons, les goûts et les odeurs des forêts de l'Himalaya où j'ai grandi ; elles sont devenues mon berceau physique et intellectuel. Je ressens un lien ombilical profond avec les forêts de rhododendrons, de chênes et de déodars, ainsi qu'avec les ruisseaux de montagne". Depuis les forêts himalayennes de son enfance jusqu'aux tribunes de l'ONU, Vandana Shiva offre pour la première fois le récit de son combat pour la vie et pour la Terre. Dans une écriture à la fois sensible et rebelle, elle revient sur près de cinquante années de lutte contre la déforestation et contre l'accaparement de l'eau et des semences. Défenseuse infatigable de l'autonomie alimentaire, des connaissances indigènes et de la démocratie directe, elle établit par ses actes et sa pensée les liens entre crise écologique, patriarcat et capitalisme. Lutte contre les OGM, catastrophe de Bhopal, mouvement Chipko : ces Mémoires terrestres nous font retraverser un demi-siècle de résistances planétaires en faveur de l'écologie et de la Terre-Mère. Par son destin hors du commun, la militante indienne incarne l'idée, aux côtés de tant d'autres, que les femmes sont "les véritables gardiennes des connaissances liées à la biodiversité" . Vandana Shiva s'impose ici comme une héritière des luttes menées par Gandhi et Rachel Carson. Née en 1952, Vandana Shiva est une militante écologiste et écoféministe indienne dont l'influence est mondiale. Elle dirige la Fondation de recherche pour la science, la technologie et l'écologie, et a fondé l'ONG Navdanya qui se consacre au développement de l'agriculture biologique. Elle a écrit plus de 20 livres, dont 1 % : reprendre le pouvoir face à la toute-puissance des riches et Restons vivantes : femmes, écologie et lutte pour la survie aux éditions Rue de l'échiquier, ainsi que Monocultures de l'esprit aux éditions Wildproject. Elle a reçu en 1993 le prix Nobel alternatif "pour avoir placé les femmes et l'écologie au coeur du discours sur le développement moderne" .

10/2023

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Histoire du cinéma

Ca s'est tourné près de chez vous !

"Dès l'instant que des choses ont été écrites dans les journaux, qu'elles ont été dévoilées, il n'y a pas de raison que le cinéma n'amène pas sa part là-dedans". C'est ce que disait Jean Gabin au moment du film L'Affaire Dominici, en 1973. Il n'avait pas tort, le "Vieux" , il n'y a pas de raison de ne pas s'intéresser au "réel" , tant la vie est parfois plus fournie que la fiction. Plus cruelle aussi. De Landru à Mesrine, du Docteur Petiot aux soeurs Papin, de Omar Raddad à l'assassinat du juge Renaud, en passant par l'affaire du "Pull-over rouge" et celle de la parricide Violette Nozière, les faits divers rapportés par les grands quotidiens et les journaux télévisés ont passionné le cinéma français qui en a fait des films de toutes sortes. Rarement des comédies (mais c'est arrivé), souvent des oeuvres engagées qui poussent le public à se questionner, éventuellement des divertissements ne reprenant que le point de départ du drame. André Cayatte, Jean-Pierre Mocky et Yves Boisset ont dénoncé les violences policières ou les magouilles politiques, François Truffaut s'est nourri des faits divers pour ses scénarios car il avait toujours besoin d'une "vérification par le réel" , José Giovanni s'est inspiré d'authentiques truands qu'il a pu connaître pour ses polars mythologiques, Bertrand Tavernier aimait remettre ces histoires vraies dans le contexte de leur époque. Bref, l'imaginaire des cinéastes a toujours eu besoin d'une "base" . Les films font régulièrement polémique à leur sortie et certains protagonistes dépeints à l'écran saisissent la justice pour interdire la projection ou retirer des scènes, qu'il s'agisse de la dernière maîtresse de Landru, de Jean-Marie Le Pen ou du père Preynat. Car oui, la vérité, ça fait mal ! Aïe ! Philippe Lombard approche du demi-siècle et de la quarantaine d'ouvrages, tous consacrés à sa passion : le cinéma. Collaborateur régulier de la revue Schnock, il est l'auteur chezPhilippe Lombard de Ca tourne mal ! et Ca tourne mal... à Hollywood ! qui relatent les coulisses (agitées) du septième art.

11/2021

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Correspondance

Correspondance. Tome 3, 1964-1968

Commencée en 1949 et achevée presque vingt ans plus tard avec la mort de Jacques Chardonne, en plein Mai 68, cette correspondance est à tout point de vue celle de la fin d'un monde. Et pour Morand, c'est une amitié littéraire qui disparaît, "une boule de laine dans la gorge" . Cette "paire d'anarchistes conservateurs" , comme dit Morand, compte bien être aussi du nouveau monde, en observant avec acuité les bouleversements qui l'inaugurent et en assurant habilement la postérité de leurs oeuvres. Tout à trac, les Beatles, la guerre du Vietnam, la Nouvelle Vague ou Jack Kerouac s'invitent chez L'Homme pressé, qui semble toujours partout, en Espagne, à Londres ou en Allemagne, au Masque et la plume et aux "déjeuners Florence Gould" . Chardonne, qui fête ses quatre-vingts ans entouré de jeunes critiques, prépare quant à lui soigneusement sa sortie. Il publie Demi-Jour ; on pose une plaque pour le célébrer au village de Chardonne, en Suisse. Une lettre aimable du général de Gaulle suffit à le convertir au règne du "Monarque" , sous l'oeil amusé de Morand. Les deux farouches épistoliers jugent sans relâche les grands vivants et les grands morts dans l'arène des lettres : Cocteau et Drieu, Mauriac, Sartre, Malraux, Saint-John Perse et Jouhandeau, tout en scrutant les jeunes premiers, Le Clézio ou d'Ormesson. Chardonne a le regard aiguisé de l'ancien éditeur ; et Morand, celui du lecteur érudit, passionné d'histoire. Avec une brillante nostalgie, ce dernier voyage dans le passé, à la faveur de son Journal d'un attaché d'ambassade, retrouve son paradis d'enfance près de la Tour Eiffel, ou revisite déjà Venise. Le temps les rattrape, la fidèle épouse de Morand, Hélène, s'affaiblit et bientôt Chardonne ne répond plus. Dans ses dernières lettres, le moraliste laconique se fait étrangement chinois, s'effaçant dans le "Cosmos" ... Et le vernis délicat de son admiration commence à craquer, Chardonne reprochant à Morand sa légèreté coupable en politique, ses errements antisémites. Mais grâce à lui et à leurs milliers de lettres, Morand a tout de même réussi ce "self-portrait" éblouissant qu'il n'avait jamais osé écrire. C'est la Correspondance indispensable avant le Journal inutile.

11/2021

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Contes et nouvelles

Animal blues

Ces huit nouvelles tentent de saisir quelques-unes des infinies variations qui se jouent dans la relation entre l'homme et l'animal : fascination, cruauté, effroi, amour, compassion, indifférence. Une complexité qui n'en finit pas d'interroger sur les liens que nous entretenons avec les autres espèces vivantes. La tonalité est sombre, expression d'une réalité violente trop souvent tue. L'auteure fait sienne l'interrogation de Jeremy Bentham : "La question n'est pas : peuvent-ils raisonner ? ni : peuvent-ils parler ? mais : peuvent-ils souffrir ? " Il advient pourtant que la lumière l'emporte dans cette lutte obscure, et que l'homme et la bête, touchés par la grâce, se réconcilient. Epiphanie fragile, comme suspendue. Ainsi de la rencontre entre le tigre et la jeune indienne, dans la nouvelle "Transgression" . "Aux battements précipités de son coeur, elle sait déjà que le tigre sera là. Elle ne s'est pas trompée. A l'ombre des arbres, à l'endroit exact où il se tenait la veille, le grand félin est couché, immobile. D'abord, elle décide de l'ignorer et se prête longuement à son rituel. Alors qu'elle achève de nouer un chignon sur sa nuque, elle ose un regard timide, aussitôt happée par une force impérieuse. Un frisson la parcourt toute entière, peur ou plaisir elle ne sait, devant la face sauvage zébrée comme une peinture de guerre, les fronces menaçantes, les redoutables babines, le faisceau dru et tactile des vibrisses. Saisie à nouveau par le calme hypnotique des yeux verts qui la pénètrent, la traversent comme si elle était un corps diaphane et voyaient, au-delà d'elle, un monde invisible. Alors, elle lui rend son regard, craintif, hésitant d'abord, puis plus assuré à mesure qu'elle discerne en lui un changement imperceptible. Les pupilles étroites, réduites à une fente, semblent se dilater, à leur éclat farouche se mêle une étrange douceur, une sorte de mélancolie, et sur le masque impassible glisse une expression étonnée de ferveur muette. Un court instant, il plisse à demi les paupières puis les ouvre à nouveau, comme une promesse de consentement".

08/2021

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Science-fiction

Néander. Tome 2, Qu'est-ce qu'un Etre Humain ?

Ils sont devenus humains deux mille siècles avant nous. Ils ont appris à vivre en paix et en symbiose avec la nature. Peut-être vont-ils avoir le temps de nous l'enseigner... E n octobre 2034, une équipe de chercheurs - deux Français, un Allemand, et un pilote états-unien - surprend, au coeur de la forêt guyanaise, une cité souterraine peuplée de huit mille Néanderthaliens hautement civilisés, rescapés d'un temps hors de l'Histoire, qu'ils baptisent Néanders. Trois mois plus tard, nos chercheurs ont apprécié leur art de vivre aussi raffiné qu'éloigné du nôtre : en démocratie directe, sans chef d'Etat, élus ou fonctionnaires, on prend en quelques heures des décisions unanimes... L'activité des citoyens est bénévole la moitié du temps... Des procédés créent des écosystèmes au lieu de les détruire... Une production d'énergie d'un demi-mégawatt de capacité seulement pour toute la cité... Des habitants athées ou croyants qui depuis la nuit des temps n'en font plus un objet de conflit, mais ont appris très tôt à respecter la parole de l'Autre pour entretenir une sagesse commune... A l'équipe, déjà complétée d'une éthologue linguiste franco-brésilienne, s'ajoute un Anglais de l'Unesco. Grâce à lui, un délégué néander va comparaître devant les Nations Unies et expliquer en français à la planète qu'il leur importe peu d'être admis ou non comme êtres humains, mais que nos institutions et notre art de vivre doivent changer de fond en comble si nous voulons conserver en nous la qualité d'humanité... Pas facile, car la financiarisation mondiale perçoit le danger, et passe à l'offensive ! Le deuxième tome d'une fiction d'anticipation qui questionne notre humanité et notre contemporanéité avec justesse et puissance. Né en 1937, André Teissier du Cros est ingénieur, écrivain et économiste. Membre de l'Académie des Hauts Cantons et Président-fondateur du Comité Bastille, il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles. En parallèle d'une vie professionnelle et associative prospère, il rédige Néander, une saga d'anticipation en trois parties qui questionne notre rapport à l'Humain et à la Vie qui nous entoure.

05/2021

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Littérature française

La France goy

"Trente ans après L'Esprit de vengeance, qui évoquait mes sentiments envers mon grand-père, Jean Gosset, le temps était venu de chercher à savoir pourquoi cet homme s'était engagé dans la Résistance, qui le conduirait au camp de concentration de Neuengamme où il allait mourir. Les réponses, c'était son père qui allait me les fournir", C. D. L'enquête s'emballe quand un trésor est découvert dans les archives familiales : lettres, journaux intimes, articles de presse, manuel d'escrime, de la main d'Henri Gosset, le père de Jean. C'est l'étincelle qui fait exploser le réel, et le romanesque s'impose autour du personnage de Henri et de sa correspondance, qui nous font remonter à la fin du XIXe siècle, jusqu'aux racines de l'antisémitisme français et à son "patient zéro", Edouard Drumont. Si Henri Gosset, en arrivant à Paris, en 1892, à seize ans et demi, n'a pas rencontré l'auteur du best-seller haineux La France juive, il a en revanche très bien connu son disciple et successeur, Léon Daudet, le fils du célèbre écrivain. Léon initie Henri à l'antisémitisme et lui présente le professeur Bérillon, praticien réputé de l'hypnose, fondateur de l'Ecole de psychologie dont Henri devient un des professeurs et son trésorier. Mais les mauvaises fréquentations d'Henri ne l'empêchent pas de tomber follement amoureux d'une jeune institutrice anarchiste, Marcelle Bernard. De l'union de ces extrêmes naîtra Jean Gosset... Léon Daudet, Edouard Drumont, Charles Maurras, les leaders anarchistes Gustave Hervé et Almeyreda, Clemenceau, Caillaux, le directeur du Figaro Calmette, Dreyfus, Zola, Jules Bonnot, Jean Jaurès et tant d'autres, c'est une humanité grouillante et furieusement vivante qui habite La France goy. La fresque couvre les deux décennies qui précédent la première guerre mondiale. L'époque est féroce, avec ses scandales (Panama), ses campagnes de diffamation contre les Juifs, les capitalistes dénoncés comme espions par L'Action Française, les procès, les grèves, les attentats anarchistes, et les duels au petit matin blême... Au carrefour de tous ces complots, la presse, corrompue par la politique et inversement, la littérature, le théâtre, et même du cinéma puisque c'est de cette tourbe que naîtra le cinéaste Jean Vigo.

09/2021

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Levinas

Levinas avant la guerre. Une philosophie de l'évasion

"J'avais alors une abondante chevelure très noire" : Emmanuel Levinas a dépeint ainsi, à plus d'un demi-siècle de distance, le jeune homme qu'il était en ce début des années 1930 où commençait son chemin de pensée. En se penchant sur ses premiers écrits, Joëlle Hansel invite à opérer une conversion du regard que l'on porte habituellement sur l'oeuvre de Levinas. Avant l'éthique si familière, il a élaboré une philosophie de l' "évasion" où il n'est pas encore question d'autrui. La liberté - et non la responsabilité pour autrui - est l' "humanité même de l'homme" : cette conviction traverse l'oeuvre du jeune Levinas, conçue dans un climat marqué par l'approche de la guerre et le "pressentiment de l'horreur nazie" . Se libérer de l'enchaînement à une existence dont les événements tragiques qui marquent l'actualité font ressentir la "brutalité et la pesanteur" ? ; se défaire du lien par lequel l'hitlérisme "rive" l'homme à son corps et le Juif, à sa judéité : les exigences qui s'imposèrent au jeune philosophe servent à J. Hansel de fil d'Ariane. Levinas phénoménologue, mais aussi philosophe français, formé à l'école de Bergson et de Brunschvicg, en débat avec Jean Wahl, Louis Lavelle et Gabriel Marcel ; Levinas abordant Husserl "en philosophe" et initiant dès 1932, une critique de Heidegger à laquelle la "sympathie" hitlérienne de ce dernier ne fut pas étrangère ; Levinas, penseur du moi solitaire en quête d'évasion ; Levinas, exaltant un judaïsme entendu comme religion, et non comme éthique : J. Hansel suit pas à pas le mouvement initial de la pensée lévinassienne, ainsi que les évolutions et les renversements qu'elle a subis en allant "de l'être à l'autre" . Ancienne élève de l'ENS, Joëlle Hansel est directrice de programme au Collège International de Philosophie. Membre fondateur de la Société Internationale de Recherche Emmanuel Levinas et directrice de la collection SIREL/Actualité de Levinas aux éditions Manucius. Spécialiste de l'histoire intellectuelle du judaïsme italien et de la relation entre kabbale et philosophie, ses travaux portent également sur Levinas et Jankélévitch (Jankélévitch. Une philosophie du charme, Manucius, 2012).

06/2022

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Actualité médiatique France

La France sens dessus dessous ! Les caprices de Marianne

Un livre coup de poing ! Quel drôle de pays au sein duquel nous nous prenons pour le nombril du monde, certains d'avoir toujours raison, critiquant sans cesse, nous flagellant en permanence, dénigrant nos hommes politiques, les idolâtrant lorsqu'ils sont morts, en invoquant inlassablement de Gaulle comme sauveur de la nation... Il faut psychanalyser Marianne ? ! Nos hommes politiques eux-mêmes auraient besoin d'une bonne analyse sur leur rapport à la dette et leur culte de la dépense d'Etat un peu névrotique et leur méfiance envers les entreprises et l'argent. Ce livre est le cri du coeur, une sorte de révolte après un an et demi de pseudo drame sanitaire, où l'Etat a donné le pire et le meilleur de lui-même. , faisant pleuvoir des déluges d'euros sur salariés et entreprises et en même temps mettant des boulets aux pieds de ces mêmes entreprises en les tenant en garde à vue. Marianne est schizophrène, indéniablement. Elle veut les prix cassés de la grande distribution qui va acheter le moins cher possible au bout du monde ce que nous ne voulons pas acheter plus cher, mais protéger le petit commerce ? ; elle veut faire ses courses le dimanche mais qu'on ne travaille pas ce jour-là? ; on veut bien l'Euro mais pas l'Europe ? ; choisir la nationalité de son plombier ? ; exporter, mais ne pas délocaliser ? ; racheter les entreprises étrangères mais sans étrangers au capital des nôtres ? ; être gouvernée au centre, mais certainement pas voter pour lui ? ; réprouver les grèves, mais soutenir les grévistes ? ; ne jurer que par les syndicats, mais se syndiquer moins que les autres, etc. Paradoxes qui font peut-être notre charme, mais qui font aussi de nous un pays capricieux, un peu dépressif, qui ne rêve que de plans de retraite pour cultiver ses plans de tomates mais surtout en partant à la retraite le plus tôt possible. Nous sommes divisés par nos propres clivages et ne nous soignons qu'à coup de mesures à effets de seuils, d'exemptions et de statuts spéciaux. Hélas, nous ne pouvons plus rien attendre des autres ? : politiques, médecins, policiers, juges... car à force, les autres, c'est nous ? !

11/2021

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Photographie

Fisheye n°58 : Équilibre - Mars 2023

Ce numéro de printemps célèbre plusieurs anniversaires et met en avant un cahier central entièrement en noir et blanc. Si les 10 ans de Fisheye s'affichent en quatre par trois dans les couloirs du métro parisien en exposant une dizaine d'artistes publiées dans le magazine depuis le début de l'aventure, on trouvera aussi, en avant-première, un focus sur le quotidien Libération qui, lui, fête ses 50 ans avec un superbe livre et une exposition à venir. On célèbre un autre cinquantenaire avec l'édition d'un ouvrage sur Diane Arbus, disparue il y a un demi-siècle. Enfin, ce 24 février - alors que ce numéro est en impression - marque le premier anniversaire de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Michel Slomka et ses images satellites en noir et blanc nous conduisent à réexaminer les Topographies de ce pays scarifié. Le noir et blanc s'étend à l'ensemble des portfolios de ce numéro, avec une sélection particulièrement éclectique. Outre les "paysages inversés" dudit Michel Slomka, on découvrira les Humeurs belges de Jacques Sonck qui croque depuis des années ses compatriotes dans les rues de Bruxelles, Namur et Gand avec une malice teintée de surréalisme. Sur un tout autre registre, Bastiaan Woudt compose de superbes images de mode dans lesquelles la lumière lui sert à cacher pour mieux révéler. Lucie Hodiesne Darras s'est, elle, attachée à rendre compte au plus juste de la vie quotidienne de son frère Lilou, atteint d'autisme, dont elle fait une rockstar. Un travail qui s'accompagne d'un livre aux éditions Fisheye. On trouve chez Sophie Gabrielle un univers intriguant qui explore ses peurs indicibles sur le cancer et la maladie, une manière "intime et universelle" de traduire ce qu'elle ressent. Enfin l'Histoire est de nouveau présente à travers le Palimpseste bulgare de Martin Atanasov qui n'hésite pas, à travers ses collages, à composer des télescopages critiques qui nous questionnent notamment sur le matérialisme et l'amnésie de notre époque. Sans oublier nos autres rubriques, nos coups de coeur ainsi que nos sélections de livres et d'expositions qui devraient vous aider à garder l'oeil ouvert, vif et curieux.

03/2023

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Ouvrages généraux

L'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Cinquante ans entre utopie et réalités (1971-2021)

Au 1er janvier 1971 naissait un établissement d'enseignement supérieur issu de l'ancienne Université de Paris, la Sorbonne, sous le nom "Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne". A l'origine de cette création, des juristes et des politicien, des économistes, des gestionnaires et des mathématiciens, des philosophes, des historiens, des géographes, des artistes et des plasticiens, des archéologues et des historiens de l'art, des démographes et des sociologues, des linguistes et des sportifs unissaient leurs forces afin de bâtir une grande université de sciences humaines et sociales qui soit à l'image de la société et de le culture de leur temps : plus autonome dans son rapport à l'Etat ; plus démocratique dans la gouvernance de l'institution ; pluridisciplinaire par le croisement des savoirs et l'imbrication des parcours ; internationale par son recrutement et la multiplicité de ses liens avec l'Europe et le monde : professionnalisante, enfin par son insertion dons l'univers du travail et de la formation. Ce volume retrace un demi-siècle d'histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne née du grand ébranlement de 1968. Ses fondateurs entendaient réaliser les promesses les plus fructueuses et les ambitions les plus nobles de la loi Edgar Faure sans renier ses héritages issus de la Sorbonne et de la Faculté de droit : une université en phase avec son époque, pluridisciplinaire qui donne aux étudiants et aux étudiantes voix au chapitre (par la participation aux conseils), mais aussi soutien et encadrement par des groupes de travaux dirigés à taille humaine. Paris 1 a su aussi s'ouvrir à des domaines inconnus largement des anciennes facultés comme les arts plastiques, les mathématiques et l'informatique, le sport, la formation permanente et fédérer en outre des composantes originales, comme les instituts. Cette histoire fut pleine de conflits et de difficultés (en matière de locaux, budgets, structures) affrontées dans un esprit constructif mais fidèle au projet initial par douze équipes présidentielles. L'ouvrage montre comment malgré tensions et crises, et face à des ministres pas toujours à l'écoute des demandes, Paris 1 a réussi à faire exister une communauté humaine massive et de plus en plus diverse tout en restant au coeur des innovations intellectuelles et professionnelles dans les sciences humaines, sociales, économiques et juridiques.

01/2022

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Sciences politiques

Sacré versus sécularisation. Religion et politique dans le monde

Les événements du ii septembre 2001 et leurs répercussions en Afghanistan et en Irak ont ébranlé les théories scientifiques relatives à "la fin de l'histoire" et aux dividendes de la paix postérieure à la guerre froide. L'étude de la religion s'est retrouvée soudain sous les feux de la rampe. Les conflits religieux sont-ils désormais le problème central ? Les prophéties annonçant un nouveau "choc des civilisations" se réalisent-elles ? Le processus de sécularisation est-il en train de réduire le rôle de la religion dans la vie quotidienne ou les grandes religions mondiales connaissent-elles une forte reviviscence ? Pour répondre à ces questions, Pippa Norris et Ronald Inglehart ont exploité un corpus important de données empiriques recueillies dans un très grand nombre de sociétés de type très différent, réparties dans le monde entier. A partir des idées développées par Weber et Durkheim il y a un siècle, ils élaborent un nouveau cadre théorique pour comprendre comment l'expérience de la sécurité existentielle influence le processus de sécularisation. Ils montrent de façon convaincante que les populations les plus vulnérables restent les plus attachées à la religiosité, surtout (mais pas exclusivement) dans les pays les plus pauvres et les Etats en faillite. A l'inverse, dans les franges les plus prospères des nations riches, les pratiques, les valeurs et les croyances religieuses sont en érosion constante. Mais si les populations de quasi toutes les sociétés industrielles avancées se sont de plus en plus laïcisées au cours du dernier demi-siècle, leurs taux de fécondité ont enregistré une chute brutale. Au total, le monde compte plus d'individus qui adhèrent à des conceptions religieuses traditionnelles que par le passé - et ils représentent une part croissante de la population mondiale. Salué lors de sa publication en anglais comme un ouvrage fondateur par l'American Journal of Sociology, les Comparative Politicai Studies, le Journal of the Scientific Study of Religion, cet ouvrage solidement argumenté et d'une lecture agréable séduira autant le monde académique que le lecteur curieux de comprendre les évolutions majeures de notre temps.

10/2014

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Critique littéraire

Lettres. Tome 1, 1929-1940

Figure emblématique de la littérature du XXe siècle, Samuel Beckett est avant tout connu et reconnu pour sa prose et son théâtre. Ce premier volume de lettres qu'il écrivit de 1929 à 1940 nous offre un portrait personnel et vivant de l'écrivain qui fut également un grand épistolier. Après avoir été lecteur d'anglais à Paris à l'Ecole normale supérieure, il revient à Dublin pour enseigner à Trinity College, et démissionne au bout d'un an et demi, retourne ensuite à Paris, avant de gagner Londres, où il suit une psychanalyse à la Tavistock Clinic. Il relate son voyage à travers l'Allemagne entre 1936 et 1937 avant de s'installer de nouveau à Paris jusqu'à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Au fil des années, la genèse, souvent difficile, de ses premières oeuvres apparaît : son essai sur Finnegans Wake de Joyce, son étude sur Proust, son recueil de nouvelles Bande et sarabande, ses poèmes rassemblés dans Les os d'Echo et autres précipités, son premier roman Murphy. On découvre l'importance de sa relation avec Joyce et l'immense influence de celui-ci sur son oeuvre. Une familiarité frappante se dessine avec la littérature européenne, notamment avec les oeuvres de Dante, Goethe, Racine et Proust. Beckett révèle dans ses lettres un gons prononcé pour la peinture exposée dans les grands musées européens. Ce document remarquable nous présente un auteur naviguant sans effort entre l'anglais, le français, l'italien et l'allemand, jouant sans cesse avec les possibilités des langues, pratiquant un humour parfois féroce, écrivant dans un idiome à la fois polyglotte, encyclopédique et intertextuel. Mais un Beckett plus intime transparaît également : jeune écrivain à la recherche d'un éditeur essuyant de nombreux refus, il confie ici son obsession de la maladie et de la déchéance physique, tout en démontrant sa fidélité en amitié. Ce premier volume sera suivi de trois autres tomes offrant au lecteur une vision unique sur soixante années d'écriture (1929-1989) d'un grand auteur qui obtint le Nobel en 1969. L'ensemble de cette correspondance sera publié aux Editions Gallimard.

05/2014

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Droit

La responsabilité des constructeurs. 3e édition

Dans la majorité des cas, les désordres de la construction proviennent des fautes des constructeurs : erreur de conception, plus fréquemment, mise en oeuvre incorrecte des matériaux et, parfois, vice de ces matériaux lancés sur le marché sans essais suffisants. Mais ces désordres ne se révèlent souvent qu'après un certain temps, si long parfois qu'il est difficile, voire impossible, de les imputer aux constructeurs. Il fallait donc trouver un équilibre entre les intérêts du maître de l'ouvrage et ceux des constructeurs ; c'est ce que les auteurs du Code civil ont fait, il y a maintenant deux siècles, avec les articles 1792 et 2270, et l'on en est resté là pendant plus d'un siècle et demi parce que l'équilibre précédemment choisi était raisonnable et que la manière de construire ne changeait guère. Les soixante dernières années ont connu des bouleversements importants dans la conception, la construction et l'équipement des immeubles. Les habitations sont devenues des produits, répondant à des normes minimales de qualité, auxquels tout le monde doit pouvoir prétendre ; ne parle-t-on pas de droit au logement opposable ? Il en est résulté un déséquilibre entre les exigences des uns et les possibilités des autres, et celui-ci se traduit par une grande instabilité normative. Les textes de 1804 en sont à leur troisième réforme législative d'importance, dont une depuis la première édition de cet ouvrage, tandis que la jurisprudence ne cesse d'évoluer. La responsabilité des constructeurs est ainsi devenue une matière complexe et d'accès difficile. Praticiens et étudiants se sentent trop souvent désarmés devant les problèmes qu'elle pose. Pourtant l'importance des enjeux, qu'ils soient financiers ou humains, interdit de renoncer. Cet ouvrage devrait y aider ; il présente l'état du droit positif dans ce domaine très mouvant ; il dépasse le cadre de la responsabilité traditionnelle des constructeurs pour aborder les modalités d'exécution des contrats de construction et traiter de la responsabilité des fournisseurs. Synthèse claire et accessible du droit privé, il ouvre également des fenêtres sur les problèmes que pose la responsabilité des constructeurs en droit public.

09/2013

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Histoire de France

Mémoires des combats d'un écrivain-historien

Louis Oury est l'auteur d'oeuvres représentatives de la fin du XXe siècle. Son parcours atypique aussi bien en métallurgie qu'en littérature, est présenté dans Mémoire des combats d'un écrivain - historien qui comprend deux parties. Dans la première partie de cette oeuvre, l'auteur raconte son enfance dans le Haut - Anjou pendant la guerre, son parcours d'ouvrier à ingénieur lors de la reconstruction de la France, ses débuts en littérature avec Les prolos, et surtout l'immense succès de Rouget le braconnier, drame authentique qui inspira V. Hugo pour Les Misérables. Ayant vécu, enfant, les massives fusillades d'otages, dont à Châteaubriant celle de Guy Môquet et d'autres à Nantes et à Bordeaux, sa réussite en littérature l'a incité à des recherches sur ces drames, initiative agréée par les autorités allemandes qui publièrent ses travaux en 1990, dans un livre bilingue. A partir de là, le Chancelier de l'Ordre de la Libération lui demanda en 1991 de lui remettre un dossier plus complet sur ces événements. C'est le début de la deuxième partie de l'oeuvre où Louis Oury révèle les adversités qu'il dut surmonter, que ce soit les menaces de mort reçues par Gilbert Brustlein qui avait exécuté le Feldkommandant de Nantes ou les trois tentatives d'assassinat sur sa personne Mais aidé d'Alain Besson qui publiait dans Ouest-France le suivi de ses travaux et leur officialisation, il brisa le black-out protégeant des fictions politiques et des réputations personnelles. On apprend les tractations du choix des otages par des vichystes, les exagérations et infamies propagées pendant un demi-siècle pour salir la Résistance, les turpitudes incitant Gilbert Brustlein à frapper le leader communiste Georges Marchais à Châteaubriant, la réhabilitation par le PCF de Spartaco Guisco exécuté en 1942 mais dont le corps avait été exhumé du Carré des Fusillés pour insinuer qu'il s'était planqué en Espagne à la Libération, et pour finir on se remémorera l'historique poignée de main réconciliatrice de Michel Jost, président de l'association des familles d'otages, au Résistant communiste Gilbert Brustlein qui avait exécuté à Nantes l'officier ennemi.

07/2013

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Littérature française

AME SENSIBLE

Dans Le Fond et la Forme qui est une sorte de dictionnaire de mes idées et de mes goûts, il ne figure pas de chapitre Stendhal. J'en avais prévu un, cependant. Je voulais le composer de la façon suivante : prendre quelques passages significatifs du petit livre de Mérimée : H.B par un des Quarante, et les paraphraser avec amour. J'isolai donc une demi-douzaine de paragraphes et me mis à les développer à ma façon. Très vite, ce travail m'enchanta. Les gloses fleurirent, foisonnèrent, changèrent de ton et d'allure. J'étais parti pour écrire quinze pages de critique sentimentale, et voilà qu'il naissait un roman. Au lieu de me limiter aux six paragraphes que j'avais initialement choisis, je traitai à fond les cinquante-quatre qui composent la plaquette entière. Le présent volume a donc cinquante-quatre chapitres. Il y est question principalement de Stendhal, mais aussi de bien d'autres choses : de la France en 1796, 1830 et 1958, de Napoléon, de la vie et de la mort, de l'art, de la guerre, de l'amour et, s'il m'est permis de le dire, de moi. L'étincelle qui enflamme l'inspiration, et donne naissance à un livre, jaillit toujours inopinément. Je n'imaginais guère, en commençant mon chapitre "Stendhal", qu'il deviendrait L'âme sensible, et que je mettrais dans ce livre toute mon expérience d'homme et d'écrivain. Comme quoi le sujet ne compte guère, ni même le genre. L'âme sensible se range dans la catégorie des essais. Cela tient aussi de la biographie, des mémoires, de la philosophie historique, du pamphlet, de l'étude psychologique, du traité d'esthétique et de morale, de l'éducation sentimentale, enfin. Stendhal y est présent à chaque page. Mais cet homme admirable ne m'a pas seulement servi de héros de roman, il a été pour moi la mesure de beaucoup de sentiments essentiels dont, en contemplant sa vie, j'ai pris une plus vive conscience. Il me semble que la meilleure qualification, pour L'âme sensible, serait encore : "roman d 'amour", Jean Dutourd.

03/1959

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Religion

Un missionnaire français au coeur de la décolonisation. Tome 2

Lors des guerres du XXe siècle, l'empire colonial français avait été mis largement à contribution en soldats et en multiples ressources. Il en attendait une juste récompense, à commencer par un réel allégement de la tutelle métropolitaine. Après l'Union Française de 1946 réaménagée en 1958 en Communauté Française avec ses subtiles distinctions, succédèrent dès 1960 les déclarations d'indépendance de la plupart des pays d'outre-mer. Davantage encore que les militaires et les colons, les missionnaires durent s'adapter. Ceux d'entre eux qui avaient approfondi les traditions culturelles indigènes se trouvèrent plus que jamais écartelés entre revendications et comportements des catholiques du cru, et les modalités d'un apostolat fortement formaté par l'Occident. Le Concile Vatican II laissait espérer de larges ouvertures vers ce que l'on appellera par la suite une inculturation de qualité. Les rapides considérations à propos des colonisations et décolonisations ici rapportées sont destinées à mieux saisir le contenu des 91 lettres qui ont ponctué le demi-siècle de la vie missionnaire de leur auteur. Celui-ci est parti vers l'Afrique en 1957, avec ses conteneurs pleins des doctrines et des pratiques françaises et romaines concernant l'art de semer la Bonne Nouvelle telle qu'on la percevait à l'époque. Quelques années en pleine brousse congolaise, suivies de nombreux déplacements pour partager avec autrui interrogations et convictions en vue d'une meilleure évangélisation, l'ont amené à percevoir autrement l'activité missionnaire. Quelques menus aménagements ne pouvaient suffire à un enracinement en profondeur de l'Evangile dans la vie quotidienne sous d'autres cieux présentées ici Reproduites pratiquement en leur état de parution, ces lettres, présentées ici en 2 tomes, sont à l'évidence, elles aussi, marquées par les pesanteurs de l'histoire et par les convictions successives de l'auteur. Certains pourront s'amuser à relever les évolutions, voire les contradictions de celui qui ose livrer au public cette vaste tranche de vie. N'est-ce pas la règle du jeu en vue d'une communication qui vise à un enrichissement mutuel ?

12/2012

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Religion

Un missionnaire français au coeur de la décolonisation. Tome 1

Lors des guerres du XXe siècle, l'empire colonial français avait été mis largement à contribution en soldats et en multiples ressources. Il en attendait une juste récompense, à commencer par un réel allégement de la tutelle métropolitaine. Après l'Union Française de 1946 réaménagée en 1958 en Communauté Française avec ses subtiles distinctions, succédèrent dès 1960 les déclarations d'indépendance de la plupart des pays d'outre-mer. Davantage encore que les militaires et les colons, les missionnaires durent s'adapter. Ceux d'entre eux qui avaient approfondi les traditions culturelles indigènes se trouvèrent plus que jamais écartelés entre revendications et comportements des catholiques du cru, et les modalités d'un apostolat fortement formaté par l'Occident. Le Concile Vatican II laissait espérer de larges ouvertures vers ce que l'on appellera par la suite une inculturation de qualité. Les rapides considérations à propos des colonisations et décolonisations ici rapportées sont destinées à mieux saisir le contenu des 91 lettres qui ont ponctué le demi-siècle de la vie missionnaire de leur auteur. Celui-ci est parti vers l'Afrique en 1957, avec ses conteneurs pleins des doctrines et des pratiques françaises et romaines concernant l'art de semer la Bonne Nouvelle telle qu'on la percevait à l'époque. Quelques années en pleine brousse congolaise, suivies de nombreux déplacements pour partager avec autrui interrogations et convictions en vue d'une meilleure évangélisation, l'ont amené à percevoir autrement l'activité missionnaire. Quelques menus aménagements ne pouvaient suffire à un enracinement en profondeur de l'Evangile dans la vie quotidienne sous d'autres cieux. Présentées ici, reproduites pratiquement en leur état de parution, ces lettres, présentées ici en 2 tomes, sont à l'évidence, elles aussi, marquées par les pesanteurs de l'histoire et par les convictions successives de l'auteur. Certains pourront s'amuser à relever les évolutions, voire les contradictions de celui qui ose livrer au public cette vaste tranche de vie. N'est-ce pas la règle du jeu en vue d'une communication qui vise à un enrichissement mutuel ?

12/2012

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Sciences politiques

Démocratie malienne et dialogue constitutionnel (1991-2007). La quête d'un Etat de choix

Depuis qu'en 1989 une vague démocratique a commencé à balayer l'Afrique, 57 nouvelles Constitutions ont été adoptées dans 41 pays africains. Une poignée d'entre elles, seulement, a permis de jeter les bases d'Etats réellement plus démocratiques. l e succès des transitions démocratiques ne tient pas seulement à la transformation des règles de la gouvernance sociétale, objet de l'écriture de nouvelles Constitutions, mais aussi au renforcement de la légitimité des gouvernements et des institutions. Après des années de pouvoir excessif et centralisé, la construction d'Etats postcoloniaux démocratiques demeure toujours un immense défi. A propos du Mali, ce livre se propose de montrer comment "délibération" et constitutionnalisme" peuvent être mis en oeuvre dans une société en transition, et comment un processus de constitutionnalisme est essentiel pour assurer la légitimité des institutions et du pouvoir. Pour la période 1990-2011, la République du Mali a été un des exemples les plus cités d'une démocratie réussie. Ce pays pauvre, ethniquement divisé, essentiellement musulman, semblait cumuler toits les obstacles. Pourtant, le dialogue constitutionnel y a servi de laboratoire à une démocratie délibérative. L'entrée en crise du Mali au cours de l'année 2012, puis l'aggravation du conflit dans la région Nord du pays début 201.3 n'effacent pas l'intérêt de l'ouvrage de Suzanne Wing sur l'expérience des années étudiées. Il reste au contraire utile pour affronter les nouveaux défis. Comme l'écrit Comi Toulabor : "Les acteurs sont préoccupés par le Mali post-conflit, mais ils n'ouvrent aucun débat public sur la dimension constitutionnelle qui a généré la crise. Tout se passe comme si la reconduction de la Constitution du 25 février 1992 suffisait à conjurer les mauvais sorts de son inobservance. Pour éviter de recourir à de vieilles recettes, le nouveau dialogue doit avoir le courage de se pencher sur les pratiques constitutionnelles, et le citoyen malien doit pouvoir se constituer en associations indépendantes qui veillent à ce que la Constitution de la République ne soit pas une fiction couchée sur du papier glacé, mais devienne une réalité vivante".

06/2013

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Littérature française

Témoignages avant l'oubli. Tome 2, Imprévus suivi de Vide grenier

D'une enfance provinciale brutalement achevée sur les routes de l'exode de 1940 aux fauteuils convoités de l'Académie de Médecine, c'est le long parcours d'une vie professionnelle particulièrement active que relate Denys Pellerin. Dans le premier Tome de ses témoignages. Forts de sable, il décrit la mutation et le rayonnement de la nouvelle chirurgie pédiatrique, dont il fut l'un des pionniers et chef de l'école des Enfants-Malades. Mais son récit se veut aussi témoignage de société : Les conditions matérielles de la vie des Français durant les années sombres de l'occupation et longtemps encore après la fin de la deuxième guerre mondiale ; La famille du médecin totalement dépendante des obligations professionnelles du père disponible 24 H/ 24 ; Sans téléphone portable ! Sans les trente-cinq heures et les R.T.T. ; Les grandes maisons de familles, lieu de retrouvailles impatiemment attendues. Elles sont aujourd'hui délaissées... Mai 68 marqua pour lui le début d'un engagement civique et politique. Dès lors, il occupera successivement divers postes de responsabilité, imprévus, qui le mèneront dans les coulisses du pouvoir. Certains chapitres de ce second tome ne sont plus seulement des souvenirs mais d'authentiques documents pour l'histoire. Certains faits rapportés sont des révélations. Bénéficiant jusqu'ici d'une " longévité sans incapacité ", il est demeuré selon la nouvelle classification, parmi les aînés, un " jeune vieux ", " qui ne fait pas son âge ". Une retraite active, troisième carrière dévoreuse du temps, mais riche de nouvelles entreprises -forts de sable ! - ont encore fait de lui un témoin privilégié d'événements peu connus, d'expériences inattendues, de nouveaux regards, de nouvelles responsabilités. Par manie ou par habitude de clinicien de la vieille école, il en a soigneusement conservé les dossiers. Conscient de ce qu'un jour. ils deviendront gênants. inutiles, incompris, encombrants, jusqu'à ce que -peut-être- ils trouvent une nouvelle destinée entre les mains d'un acquéreur familier des opérations vide grenier, il a choisi d'achever par ce récit ses témoignages avant l'oubli. Regards lucides, sur les mutations profondes de notre société. Réflexions marquées par la sagesse acquise au terme de plus d'un demi-siècle d'engagements et de responsabilités au service des autres.

06/2010

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Histoire de France

Marie de Médicis

Elle est grande, elle est hautaine, elle a le teint très blanc, un double menton, mauvais caractère, 27 ans déjà. En l'an 1600, Marie de Médicis épouse Henri IV. C'est un mariage d'argent : les Médicis sont une richissime famille de banquiers florentins devenus grands-ducs de Toscane. C'est un mariage politique : le Pape et l'Espagne veulent amarrer la France au catholicisme après 45 ans de troubles et de guerres religieuses. Entre Henri IV et Marie de Médicis, la vie conjugale devient souvent un enfer. Maîtresses, scènes de ménage, histoires d'argent ; Sully arbitre comme il peut. Quand Henri IV est assassiné, son fils Louis XIII n'a que 8 ans et demi. Marie de Médicis devient Régente. Elle met la France au pillage pour acheter la tranquillité des nobles, remplir les poches de ses favoris Leonora Galligaï et Concino Concini, et satisfaire une passion sans frein pour les diamants. Chassée du pouvoir par Louis XIII en 1617, elle est exilée au château de Blois, s'en évade par une échelle de corde, et fait deux années de suite la guerre à son fils. Elle se raccommode avec lui grâce à Richelieu, un jeune évêque dont elle fait la fortune et qui grâce à elle devient cardinal et premier ministre. Reine-Mère assagie et respectée, elle construit le Palais du Luxembourg à Paris, et commande à Rubens l'histoire de sa vie - un peu arrangée - en 24 tableaux. Mais elle a le démon de la jalousie et de l'intrigue. Richelieu est devenu trop puissant à son goût. Elle veut sa disgrâce, ne l'obtient pas, et, en 1631, s'enfuit du royaume de France, qu'elle quitte pour toujours. Onze ans d'exil et d'errances en Belgique, en Angleterre, en Allemagne où elle meurt dans la ville de Cologne. Onze ans de complots, négociant avec l'Espagne ennemie de la France, dressant contre Louis XIII son jeune frère Gaston d'Orléans avant de se brouiller aussi avec celui-ci. Elle meurt solitaire et dans la gêne en 1642, quelques mois avant Richelieu et Louis XIII.

09/1994

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Gestion

Pourquoi j'ai quitté Goldman Sachs

Le 14 mars 2012, plus de trois millions de personnes lisent Pourquoi je quitte Goldman Sachs, l'éditorial de Greg Smith paru dans le New York Times. L'article se propage, devient un sujet récurrent sur Twitter, et suscite des réponses enflammées de la part de Paul Volcker, ancien président de la Réserve Fédérale, de Jack Welch, mythique P-DG de General Electric, et de Mike Bloomberg, maire de New York. Mais surtout, il touche un point sensible de l'opinion publique qui s'interrogeait déjà sur le rôle de Wall Street au sein de la société et sur l'impitoyable mentalité du « Prends l'argent et tire-toi » qui a ébranlé l'économie mondiale ces dernières années. Aujourd'hui, Greg Smith reprend là où il en était resté dans son éditorial. Depuis les combines de son stage d'été pendant la bulle internet jusqu'au drame du 11 septembre, depuis les abîmes du marché baissier jusqu'aux jacuzzis de Las Vegas, les excès du boom immobilier, et le jour où Warren Buffet sauve Goldman Sachs de la faillite, Greg Smith retrace son parcours et nous emmène pour la première fois au cour de la banque la plus puissante et secrète au monde. À travers des détails passionnants, Greg Smith décrit comment la banque qui réalisa l'introduction en bourse d'entreprises comme Ford, Sears et Microsoft, est devenue la « grande pieuvre vampire enserrant le visage de l'humanité » qui traite ses clients de « muppets » et a dû verser un demi-milliard de dollars au gouvernement pour mettre fin aux poursuites pour le plus grand délit d'initié de tous les temps. Après de nombreux entretiens au cours de douze mois avec neuf associés qui s'avérèrent insatisfaisants, Greg Smith a fini par estimer que le seul moyen pour tenter de sauver le système est que quelqu'un de l'intérieur révèle au grand jour l'évolution très périlleuse et égoïste des mentalités et des comportements de nos financiers. Il abandonne sa carrière et décide de prendre les choses en mains. Voici son histoire. Traduit de l'anglais par Johan Frederik Hel Guedj

10/2012

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Histoire internationale

Budapest 56. Les douze jours qui ébranlèrent l'empire soviétique

L'automne 1956 restera dans l'histoire le moment où la guerre froide a basculé : " le début de la fin de l'empire soviétique ", selon l'expression restée célèbre de Richard Nixon. Les événements de Hongrie, baptisés " révolution " par les Hongrois et " menées contre-révolutionnaires " par les occupants soviétiques, commencèrent le 23 octobre par des manifestations d'étudiants réclamant plus de liberté. En quelques heures ils furent rejoints par des centaines de milliers de Hongrois de toutes origines, qui déboulonnèrent la statue de Staline aux cris de " Russes dehors ! ". L'armée hongroise refusa de rétablir l'ordre, laissant les troupes de Moscou, peu nombreuses et mal équipées, tenter de réprimer le mouvement, ce qui ne fit que l'amplifier. Moscou, pris au dépourvu, dut accepter de confier au modéré Imre Nagy le soin de former un nouveau gouvernement. Déstabilisé, en proie à des dissensions internes, le Kremlin sembla opter pour la non-intervention et retira ses troupes alors que les prisonniers politiques étaient libérés dans la liesse. Pendant quelques jours, une atmosphère de fête régna à Budapest. A l'aube du 4 novembre, les troupes russes firent demi-tour à la frontière et, renforcées par des bataillons de choc surarmés, envahirent la Hongrie. Elles écrasèrent l'insurrection dans le sang, sous le regard impuissant ou indifférent du monde libre, et singulièrement de Washington, qui avait pourtant incité en sous-main les Hongrois à la révolte. Budapest 56 est l'histoire de ce rêve brisé, tel qu'il fut vécu dans les rues de Budapest, dans les états-majors, dans le huis clos des cabinets ministériels et des instances politiques en Hongrie mais aussi à Moscou, où se joua de fait le sort du peuple hongrois, et à Washington. Victor Sebestyen a reconstitué les moments forts de ces douze jours et les raconte avec une vivacité, une précision et un sens du détail dignes du journaliste qu'il est, sans jamais les isoler de la vue d'ensemble et de l'analyse politique propres à l'historien qu'il est devenu. Cinquante ans après ces événements tragiques, voici le livre qu'attendaient tous les passionnés d'histoire contemporaine sur ce moment charnière du XXe siècle.

09/2006

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Critique littéraire

Histoire de l'édition française. Tome 2, Le livre triomphant, 1660-1830

Du milieu du XVIIe siècle aux années 1830, c'est le temps d'un apogée pour le livre imprimé, plus présent et plus familier, porteur de savoirs neufs et guide pour les pratiques. Après la Fronde, une tutelle plus rigoureuse du pouvoir monarchique modifie profondément les conditions de l'activité d'édition. Des censures plus sévères, d'Eglise ou d'Etat, sont imposées à ceux qui écrivent et produisent les livres. Le régime des privilèges favorise les libraires de la capitale aux dépens de leurs confrères des provinces. Du coup se trouvent encouragées les audaces de ceux qui, malgré les risques encourus, publient, dans et hors le royaume, livres contrefaits et livres prohibés. Jusqu'aux commencements du XIXe siècle perdure un " ancien régime typographique " que caractérise la stabilité du processus de fabrication du livre, guère changé depuis Gutenberg, et la domination du capital marchand sur l'activité typographique. La croissance du nombre de titres publiés, qu'ils soient livres, périodiques ou libellés, doit s'accommoder des contraintes anciennes. Comme le précédent, ce tome s'efforce de croiser deux histoires. La première étudie les hommes, les techniques, les gestes. Histoire de choix et de concurrences, de réussites et d'échecs, d'atelier et de boutique. Histoire de la décision et de l'engagement personnels, du labeur et de la peine grâce auxquels un texte devient un livre. Mais cette histoire en appelle une seconde : celle des objets et des lectures qui s'en emparent. Le livre, en effet, est une marchandise, produit d'une technique et d'une économie, mais une marchandise destinée à une fin culturelle. Entre 1660 et 1830, ses formes se modifient, ses emplois se multiplient, ses lectures se transforment. De ce point de vue, les décennies qui entourent la Révolution sont décisives. De là, le parcours de cet ouvrage qui propose d'abord trois approches, centrées sur le processus éditorial, le commerce du livre et les usages de l'imprimé, de la période 1660-1780, avant de rassembler en une dernière partie, menée de 1780 à 1830, les innovations, fragiles ou durables, d'un demi-siècle aux bouleversements nombreux.

07/1998

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Récits de voyage

Par amour du vagabondage... Voyages dans les Alpes en 1872 et 1875

" Le sol était en terre battue; une petite fenêtre devait y laisser pénétrer pendant le jour juste assez de clarté, pour être plongé dans ce demi obscur qui règne dans nos chambres à l'approche du soir entre chien et loup. Un feu que nourrissaient de grosses bûches, flambait sous un immense chaudron où cuisait du lait. Des baquets de différentes grandeurs gisaient aux alentours; quelques hardes pendaient par-ci par-là; divers ustensiles se trouvaient accrochés aux poutres transversales de l'édifice, qui formaient plafond mais laissaient voir le toit. L'ensemble de l'intérieur était d'un noir de fumée qui eut été trop prononcé à Rembrandt lui-même. A droite de l'entrée, une échelle menait au fenil, à ces couchettes tant vantées d'Adrien ; nous y entendions par moments des bruissements, ce qui nous fit supposer occupée une partie de ces bienheureuses couches. Au-dessous de ce grenier à foin se trouvait l'étable, séparée de la pièce commune par une cloison en bois hermétiquement close. " " Les jeunes gars de quinze à vingt-cinq ans, formaient la haie devant les maisons qui précédaient l'église et forçaient les jeunes filles pénétrant dans cette dernière à passer sous leur fourches caudines. La belle moitié baissait pudiquement la tête, comme il convient à des cœurs timorés en présence du sexe fort; certaines souriaient, d'autres rougissaient à la vue de leur "schatzr'I", selon le degré prononcé de leur amour. Nous apercevions des gamins à peine sortis de l'enfance qui crachaient et fumoyaient comme des vieux, desquels ils singeaient les gestes, les manières et le langage. " Les femmes étaient en majeure partie vêtues de blanc, chez quelques-unes une mantille multicolore recouvrait les épaules. Certains des Croates avaient endossé la casaque crasseuse en peau de mouton, que les plus frileux portaient la laine en dedans, mais la plupart cependant la laissaient à l'extérieur. Cet accoutrement étrange, taillé sur un patron uniforme, était celui qui me frappait le plus, parmi ces différents costumes; il imprime à celui qui s'en revêt un caractère primitif et mi-sauvage. Tous, hommes et femmes, étaient chaussés d'opankos et coiffés du béret rouge orné de broderies noires ou dorées. "

06/2006

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Humour

Chroniques de La Montagne 1962-1971

" Je n'ai jamais le temps de dégorger le vingtième de ce que j'accumule, et plus tard, ce sera trop tard. " Pour répondre à cette urgence, Alexandre Vialatte (1901-1971) a créé un genre littéraire qu'il a poussé à la perfection : la chronique. Depuis sa vingt et unième année et jusqu'à sa mort, il en a composé par centaines, pour La Revue rhénane, Le Crapouillot, L'Intransigeant, Le Moniteur, L'Epoque, La Nouvelle Revue française, La Revue hebdomadaire, Marie-Claire, Le Journal de l'Est, Le Petit Dauphinois et, pendant les dix-huit dernières années de sa vie, pour le grand quotidien auvergnat La Montagne. Ce quotidien lui offre toutes les semaines une demi-colonne ou une colonne entière et lui laisse une totale liberté de parler de ce qu'il veut, à l'exception de la politique. Ainsi, tous les dimanches soir, Vialatte porte sa copie à la gare de Lyon, la dépose au wagon postal du train de vingt-trois heures quinze. En dix-huit ans, ce n'est que deux ou trois fois qu'il a manqué son rendez-vous. Et de quoi parle-t-il semaine après semaine ? De tout, de rien. Tantôt il aborde un roman, tantôt une pièce de théâtre ou un recueil de poèmes, parfois il parle d'une rencontre, évoque un film, se gausse d'une vérité première, approfondit un lieu commun, commente un proverbe. La chronique est l'œuvre d'un promeneur, d'un flâneur, d'un curieux d'un philosophe. " Nous sommes allés cherchant des hommes, comme Diogène, pour leur demander des maximes ou des fenêtres sur l'horizon. " C'est un genre essentiellement poétique, qui peut attraper n'importe quel sujet au vol. Même le plus éphémère se trouvera, par la grâce du style, chargé de sens. " Une chronique, il faudrait la faire pousser comme une herbe dans les fentes d'un mur, dans les pierres de l'emploi du temps. " Vialatte, à sa manière, nous restitue le temps perdu. Il appartient à la famille des Saint-Simon et des Proust.

10/2000

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Histoire internationale

Saint Etienne de Hongrie

Les Français ignorent superbement Eienne de Hongrie ou ne se font de lui qu'une idée caricaturale : celle d'un païen à la tête de hordes sauvages, qui ; serait soudain converti à la religion du Christ en entraînant ses guerriers avec lui. Il mérite pourtant mieux que cette image sommaire car il a l'envergure d'autres bâtisseurs d'empires du Moyen Age, tels Clovis, Charlemagne Guillaume le Conquérant, Otton Ier ou Vladimir le Grand. Mille ans avant l'entrée de la Hongrie dans l'Union européenne, c'est lui qui a amarré a monde occidental le bassin des Carpates où les Magyars avaient fini par élir domicile au tournant des IXe et Xe siècles. Déjà le prince Géza, père d'Etienne amorça vers 960/970 un revirement complet en sédentarisant son peuple, en choisissant le baptême dans le rite latin, en entamant l'évangélisation de ses compagnons et en recherchant la paix avec le puissant Saint Empire. Après avoir conquis le pouvoir par les armes en 997, son fils Etienne obtint du pape la couronne qui marquait sa reconnaissance comme roi chrétien avec l'accord de l'empereur Otton III. A l'intérieur, il s'imposa, par la force ou par la persuasion aux tenants des traditions ancestrales des Magyars : la fédération de tribus laissa place à un véritable royaume. La conversion d peuple à peine achevée, Etienne fonda une Eglise nationale autonome, dirigé par l'archevêque d'Esztergom et animée par des clercs venus de Bohême ou de Vénétie. Plus étonnant encore; il réussit à préserver l'indépendance de la Hongrie - à l'inverse de son voisin tchèque et avec des méthodes plu pacifiques que, son homologue polonais Mais la fin du règne fut assombri par la maladie et la douleur causée par la mort de son fils Emeric, sept ans avant lui (1038). Preuve de la difficulté qu'eurent ses sujets à accepter se réformes, il fallut près d'un demi-siècle pour obtenir sa canonisation (1083). C'était la première fois qu'un souverain n'étant pas mort martyr était porté sur les autels en Occident. Il se trouvait ainsi érigé en modèle pou les générations à venir, pas seulement en Hongrie, mais aussi dans l'ensemble de la chrétienté médiévale.

05/2004

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Critique littéraire

Correspondances à trois voix. 1888-1920

En donnant en un seul volume les correspondances Gide - Louÿs et Louÿs-Valéry, cette publication éclaire le rôle d'" entraîneur " joué par Pierre Louÿs dans les débuts littéraires de ses deux amis et le fait que, dans un premier temps, le " trio " qu'il forme avec eux fut bien plus complémentaire que leurs évolutions ultérieures ne le laisseraient deviner. L'intérêt de ces premiers échanges tient à une commune ferveur littéraire qui se manifeste en particulier dans le lancement de quelques revues (Potache-Revue, La Conque et Le Centaure). Les germes de la création, les tâtonnements exprimés par leurs juvéniles poèmes, les réciproques critiques qu'ils se font traduisent, sinon leur totale communion d'esprit, du moins des credo esthétiques communs et une même ambition artistique. Après la mise en sommeil des visées littéraires de Valéry à l'automne 1892 et la brouille définitive intervenue entre Gide et Louÿs en 1896, la correspondance entre Louÿs et Valéry connaît une certaine chute de tension jusqu'à ce que la remise en marche de " l'ouvroir " poétique devienne le prétexte d'échanges enflammés oit ils retrouvent les enthousiasmes de leur jeunesse. Ces lettres presque quotidiennes des années 1916-1917 brassent une foule d'idées et de réflexions qui vont nourrir la création de Valéry avec La Jeune Parque et les poèmes de Charmes, tandis que Louÿs accepte avec bonne grâce de servir de miroir et de jouteur à son ami plus doué. Il y a un demi-siècle, Robert Mallet faisait connaître la plus grande partie des lettres échangées entre Gide et Valéry qui n'avaient pas à être reprises ici, Louÿs demeurant dans la coulisse. Ici et là, des bribes et des fragments épars des correspondances Gide-Louÿs et Louÿs-Valéry ont pu être livrés, mais aucune édition intégrale de ces deux autres côtés du triangle n'a été entreprise. Si nous les publions aujourd'hui d'une manière simultanée, c'est pour marquer à vif les ressemblances, les influences, les interférences et les divergences de ces trois auteurs essentiels de la littérature moderne à travers l'un des plus beaux témoignages de ce qui peut naître du commerce et de l'amitié de trois " esprits ".

06/2004

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Sociologie

La souveraineté du people

Les premiers seront les derniers, prophétisaient les Evangiles. Concernant les people, ils ne se sont pas trompés. Beaucoup de derniers sont devenus les premiers ; ils s'appellent par exemple Kim Kardashian ou Justin Bieber. L'histoire contemporaine a transformé ces personnages insignifiants en idoles incontournables. Pour de nombreux jeunes, et de moins jeunes, le nom de Jean Baptiste Giacobini ou Nabila signifie quelque chose. D'autres considèrent, au contraire, que quelques basses oeuvres tiennent lieu d'oeuvres à ces deux-là. Leur triomphe peut nous faire rire ou pleurer, cela ne nous dispense pas de le comprendre. Pourquoi notre époque a-telle couronné l'insignifiance ? En l'espace d'un demi-siècle, tout se passe comme si la hiérarchie des valeurs s'était déplacée de Foucault (Michel) à Foucault (Jean-Pierre). La jeunesse d'hier défilait derrière Karl (Marx), celle d'aujourd'hui préfère Karl (Lagerfeld). La meilleure façon de comprendre une époque, est de se pencher sur ses obsessions. La nôtre est obsédée par la célébrité. Chaque jour, dans des milliers d'émissions de télé-réalité, des individus de par le monde s'humilient dans des postures que les militants des droits de l'homme ne manqueraient pas de dénoncer si ces " candidats " à la honte n'étaient pas tous volontaires. Manger des sauterelles, évoquer sa frigidité ou son micro-pénis, ou tout simplement rester en garde à vue dans un studio de télévision pendant 30 jours, tout est bon pour devenir un " people ". La société, autrement dit le peuple, a érigé le people en souverain. La célébrité a désormais son royaume partout dans notre monde. Le fait est suffisamment frappant pour mériter que l'on s'y arrête, quel que soit le mépris que l'on peut nourrir par ailleurs pour un sujet aussi futile. Tenter d'analyser ce phénomène pourrait même nous permettre de mieux vivre. Car, la meilleure façon de ne pas céder à la déploration au sein d'une époque fascinée par des people est de chercher à comprendre ce que l'on désapprouve. Comment expliquer la mutation de la célébrité en valeur suprême ? La question constitue un vrai défi pour le sociologue.

02/2016