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Graziella Florimond Pouvait

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Philosophie

Philosophie N° 140, janvier 2019 : Heiddeger, Hölderlin, Eschyle

Ce numéro s'ouvre sur "Voix de l'éternel à l'éterne " de C. Layet, consacré à l'essai philosophique de Hölderlin Sur la manière dont procède l'esprit poétique. Il y nomme sensation transcendantale l'état harmonique auquel permet d'accéder la position d'un principe relationnel – dont demeure privée la fondation dans le Moi absolu défendue par Fichte ; en tant que lien irréductible avec l'extériorité, cette sensation se distingue aussi de ce que Hegel nomme intuition transcendantale dans la Differenzschrift. Si l'épreuve d'une telle sensation est caractérisée comme condition nécessaire pour tout accomplissement humain, elle n'est cependant pas suffisante pour que l'homme atteigne sa destination, la sensation exigeant en outre de se manifester dans une langue poétique. A partir des années trente, la pensée de Heidegger se caractérise de plus en plus explicitement par la tentative de restituer la "possibilité première" de l'autre commencement (der andere Anfang) de la pensée de l'être. Dans "Vers une démodalisation du possible : Heidegger et le clivage de l'estre", I. Macdonald esquisse une interprétation de cette possibilité, en lien étroit avec la critique de la modalité qu'elle présuppose – critique surtout mise en oeuvre dans les Beiträge zur Philosophie (Contributions à la philosophie) – et la réception heideggérienne de Hölderlin. Dans "L'angoisse dans l'Agamemnon d'Eschyle à la lumière d'Etre et Temps de Heidegger",J.-J. Alrivie tente de montrer que lorsque Heidegger inclut expressément Eschyle dans ce qu'il nomme commencement grec, cela procède d'une conviction bien étayée – et ce même s'il ne se livre pas, comme il le fait pour Homère ou Sophocle, à l'exégèse élaborée de textes précis. Par la question centrale de l'angoisse qui y est en jeu, Agamemnon apparaît dans l'Orestie comme l'oeuvre d'Eschyle la plus propre à manifester cette parenté entre la poésie tragique d'Eschyle et l'analyse existentiale. Dans "Martin Heidegger, un recteur nazi et l'"anéantissement total" de l'ennemi intérieu ", G. Payen se livre à une analyse historique précise. Selon Emmanuel Faye, Heidegger aurait lancé un appel à l'extermination dans un cours de 1933. Or, en parlant d'anéantissement total de l'ennemi intérieur, il reprenait l'expression d'un slogan de la campagne d'autodafés menée par la Corporation des étudiants allemands contre "l'esprit non-allemand" ; pour comprendre le sens qu'il pouvait lui donner, il faut la replacer tant au sein de la méditation du combat héraclitéen qu'il fit dans son cours, qu'à la lueur de la lutte antisémite qu'il mena comme recteur nazi de l'université de Fribourg-en-Brisgau. Dans les Questions jadis parues chez Gallimard, les traductions étaient assorties de remarques des traducteurs sur les difficultés de traduction et les choix terminologiques adoptés. Cette pratique s'est perdue, l'éditeur allemand des oeuvres de Heidegger n'autorisant ni explicitation de la pensée de Heidegger en notes, ni commentaire sur les choix terminologiques – ce qui entrave le progrès de la traduction au fil des générations, fondé sur la comparaison explicite des choix et leur discussion. Les présentes "Remarques sur la traduction de certains termes heideggériens" de D. Pradelle, prévues en annexe à la traduction des Pensées directrices sur la genèse de la métaphysique, de la science et de la technique modernes (Seuil), tentent une explicitation de termes fondamentaux de la pensée du second Heidegger. D P.

01/2019

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Littérature française

La première défaite

"Après que Philippine a décidé de la fin de notre amour, ai aimé Philippine pendant quatre ans. Pendant quatre ans, j'ai consacré chaque heure du jour et chaque heure de la nuit à une seule et unique activité : l'aimer - l'aimer sans qu'elle fût à mes côtés. Je l'ai aimée enfermé dans la solitude de mon studio de l'île Saint-Louis. Je l'ai aimée enfermé dans la nuit des quais de l'île Saint-Louis. Je l'ai aimée enfermé dans la mémoire et dans la folie. Je l'ai aimée éveillé. Je l'ai aimée endormi. Je l'ai aimée en rêve. Je l'ai aimée au crépuscule du jour. Je l'ai aimée au crépuscule de la nuit. Je l'ai aimée tant que j'ai pu. Je l'ai aimée au-delà de ce qu'elle pouvait. Je l'ai aimée en la suivant dans la rue, ombre de son ombre, pas de ses pas. Je l'ai aimée à distance, respectueuse et irrespectueuse. Je l'ai aimée pour survivre. Je l'ai aimée à en mourir. Je l'ai aimée dans un temps sans temps, dans un temps où seule l'écriture égrenait des instants qui, wagons furtifs d'un train disloqué, ne parvenaient plus à s'accrocher les uns aux autres. J'ai aimé le souvenir de son sourire, le souvenir de son parfum, le souvenir de son souvenir. J'ai aimé l'absence de ses lèvres - et de ses lèvres. J'ai aimé sa peau comme un écorché vif. J'ai aimé son regard d'havane comme cet aveugle qui cherche à être roi chez les borgnes. J'ai aimé sa beauté à m'en rendre laid. J'ai aimé sa différence jusqu'à ne plus savoir qui j'étais. Ne voulant plus me souvenir, je l'ai aimée absolument, obsédé par le moindre souvenir d'elle." C'est bien sûr de la Philippine de "Le Premier amour" qu'il s'agit ici et des tourments endurés par le narrateur, "l'auguste crapaud graphomane" tel que Santiago Amigorena se définit lui-même, après la fin de ce premier amour. Ainsi pendant quatre ans va-t-il traîner son accablement et sa mélancolie , les imposant à ses amis, à ses proches, jusqu'à la délivrance, enfin, à la libération. On a été rarement si loin dans l'analyse du désespoir amoureux, et dans son évolution progressive vers la délivrance. Même en s'y appuyant pour commencer, cela va bien au-delà de l'analyse psychologique gràce à un très étonnant lyrisme introspectif qui ne cesse d'ouvrir de nouveaux territoires à l'investigation inquiète du narrateur. Et aussi gràce à un humour dont Santiago Amigorena est la première cible consentante, un humour ravageur, joyeusement dépressif et, pour tout dire, irrésistible. Et bien sûr il va aussi se passer beaucoup de choses pendant ces années soutenues par la basse continue d'une irrépressible tristesse. Notre héros, par exemple va retourner en Uruguay et en Argentine pour la première fois depuis l'exil forcé en France, à la rencontre de ses souvenirs d'enfance et de ses amis d'autrefois, puis en Grèce et en Italie, il va croiser beaucoup de jeunes femmes, écrire et se relire, et se citer, boire et danser.

08/2012

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Littérature française

Un texte classique lao : Le Syvsvat

Une famille qui s'était établie à Bénarès (BaRanahsi) avait deux fils ; l'aîné s'appelait Sislyv et le cadet, Syvsvat. Le père, qui était avancé en âge, sentait que la mort ne tarderait pas à le frapper, aussi fit-il venir ses deux enfants pour leur dispenser les enseignements nécessaires. Syvsvat était âgé de 13 ans. - Vous remplacerez vos parents à la maison quand ils ne seront plus, dit le père à ses deux enfants. Un batelier originaire de la ville de Campa accosta un jour près de la demeure des deux frères. Syvsvat fit sa connaissance et lui demanda de le suivre lorsqu'il prendrait le chemin du retour. Le batelier accepta et, de plus, fit de Syvsvat son fils adoptif. Durant le voyage, Syvsvat ne pouvait s'empêcher de questionner le batelier sur tout ce qu'il voyait : - Y a-t-il des pierres dans ses chutes ? Des arbres dans cette forêt ? Des hommes dans ce village ? Un prince dans ce pays ? Des moines (bikkhu) dans cette pagode ? Exaspéré de se voir poser tant de question qui lui paraissaient saugrenues, le batelier fit taire Syvsvat non sans penser qu'il était fou... Sommaire Conte n° 1 - Histoire du hochequeue Conte n° 2 - Histoire de l'éléphant Conte n° 3 - Histoire des petits du perroquet Conte n° 4 - L'état de péché Conte n° 5 - Histoire du sot Conte n° 6 - Le roi et l'ascète Conte n° 7 - Les quatre animaux tombés dans le puits Conte complémentaire n° 1 - Le roi et le devin Conte complémentaire n° 2 - Le vieux conseiller et l'astrologue Conte complémentaire n° 3 - Le roi de Bénarès Conte complémentaire n° 4 - Histoire de nan Pisuna Conte complémentaire n° 5 - Histoire du roi kekaïRat Conte complémentaire n° 6 - Histoire du roi de Pen can Conte complémentaire n° 7 - Histoire de l'ascète Conte complémentaire n° 8 - Histoire de l'artisan joaillier Conte complémentaire n° 9 - L'enfant et la mangouste Conte n° 8 - L'épouse du roi bomdat Conte n° 9 - Les conseillers hmak khi2 ka Conte n° 10 - Le pêcheur et le corbeau Conte n° 11 - Le tigre et l'ermite Conte n° 12 - Le singe et le chasseur Conte complémentaire n° 10 - Le singe et le tisserin Conte n° 13 - La vache et son veau Conte n° 14 - Le roi et le yakkha Conte n° 15 - Histoire du bijoutier Conte n° 16 - L'épouse principale et l'épouse de second rang Conte n° 17 - Le pivert et l'éléphant Conte complémentaire n° 11 - Indra et la perruche Conte complémentaire n° 12 - Le garuda et la tortue font un pari Conte complémentaire n° 13 - Le larron qui use d'artifices Conte complémentaire n° 14 - Le tigre et le pivert Conte n° 18 - Histoire du setthi gosahkah Conte n° 19 - La grenouille et le bouvier Conte n° 20 - Ne pas avoir deux secrets à la fois Conte n° 21 - L'intelligence au royaume du ciel Conte n° 22 - Le lièvre réveillé par un fruit de hmak Tum Conte n° 23 - Histoire des quatre sourds Conte n° 24 - Histoire de l'orphelin Conte n° 25 - Le port d'un habit à rayures fait aboyer les chiens Conte n° 26 - Les trois bonheurs

12/1971

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Littérature française

De la marchandise internationale

Patricia Bartok n'est pas la seule à changer de sexe à volonté. Rita Remington rétrécit de quelques centimètres. Rosetta Stone a sorti ses fleurs artificielles. Colonel Fawcett effectue un de ces sauts périlleux dont il a le secret. Major Osiris Walcott vient de froisser le col de sa veste. Inspecteur et Flippo se prend pour un personnage de série télévisée. Jimmy Ravel sait ce qu'il faut faire pour égarer les philosophes. Et Monsieur Typhus ? Il se pourrait qu'il apparaisse à l'occasion comme un phénomène de foire bicéphale. Ils sont à Londres, Cuba, Berlin, Belgrade, Bagdad, Kaboul, Kinshasa, Macao, Moscou et même Copenhague entre 1967 et 2010. Dans notre société liquide, ces exterminateurs-là ne meurent jamais longtemps. Note : Monsieur Typhus est un des personnages de Made in USA, film de Jean-Luc Godard sorti en 1966, très libre adaptation d'un roman de Richard Stark, Rien dans le coffre, lequel appartient à la série Parker, où l'auteur a supprimé systématiquement tout ce qui pouvait ressembler à de l'émotion. Mon Typhus, froid, méthodique, efficace, dont on ne connaîtra jamais le " vrai nom ", est précisément inspiré du Parker de Richard Stark (En coupe réglée, Travail aux pièces, Planque à Luna-Park) mais aussi du Reiner/Raner de Claude Klotz (Alpha-Beretta, Dolly-Dollar, Tchin-tchin Queen). La lecture du polar californien glacé Diamondback de Jacques Monory n'a bien sûr pas été sans produire ses effets. Typhus est tantôt un voleur professionnel, tantôt un tueur à gages, tantôt un mercenaire, un justicier, un espion ou un contre-espion. Autour de 1980 (cf. Souvenirs of you et Chocolat bleu pâle), il copie un peu trop le Serge Godorish imaginé par Daniel Odier alias Delacorta (Nana, Diva, Luna). Je l'appelle " Typhus " pour toute la période de sa vie qui court jusqu'à fin 1980 : au-delà, il est " Monsieur Typhus ". Apparu en 1977 ou 1978, Typhus fait équipe avec Rita Remington (je venais d'utiliser ce pseudonyme pour signer quelques articles de propagande féministe). Jimmy Ravel et Patricia Bartok forment un duo dès leur création en 1980 (dans Un Roman raté, extraits publiés dans le n°47 de la revue Minuit). Major Osiris Walcott vient ensuite : il trouve son origine dans le Jerry Cornelius de la bande dessinée Le Garage Hermétique de Moebius (qui lui-même l'a emprunté au grand auteur de science-fiction Michael Moorcock). Suivront Colonel Fawcett (homonyme de l'explorateur britannique disparu en 1925 en recherchant une cité mythique perdue dans le Matto Grosso) et Inspecteur et Flippo (clin d'oeil au Mister Bradley Mister Martin de William S. Burroughs). Rosetta Stone est la dernière venue en date : elle est supposée décrypter les messages codés les plus retors mais elle a bien d'autres capacités. Ce ne sont pas des héros et héroïnes classiques, et pas non plus des caractères : ils changent constamment de physique (de sexe, d'apparence), de comportement, passent d'une idéologie à l'autre, ce sont comme des acteurs qui enchaînent des rôles, qui incarnent ou combattent la sauvagerie fondamentale de l'homme (et de la femme) de plus en plus banalisée dans notre société de consommation (de colonisation) ultime. Dans la trilogie Le Privilège du fou/Sur les ruines de l'Europe/La Vie est un cheval mort, ils tentent en vain de rivaliser avec les tueurs les plus cruels et sanguinaires de l'Histoire contemporaine.

03/2017

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Philosophie

Faire la paix

Nous entendons bien plus souvent parler de guerre que de paix. Pourtant, c'est la paix que nous désirons tous, au plus profond de nous. Elle est une réalité à préserver pour certains, une valeur cruciale et un combat permanent pour d'autres. Comment atteindre cet idéal ? Philippe Godard, dans un texte entre lettre ouverte et récit documenté, nous aide à répondre avec force, conviction et simplicité. L'ouvrage s'articule autour de sept grands chapitres. Avant tout, faire la justice pour faire la paix : la paix ne peut s'installer si des injustices poussent les hommes à se combattre. En Italie, une jeune lycéenne, confrontée pour la première fois de sa scolarité à l'injustice, explique comment elle réagit. Aux Etats-Unis, les Afro-Américains ont crié haut et fort que la reconnaissance de leurs droits civiques était un pas vers la paix. Faire la paix avec les différences : avoir de la considération pour autrui, même si ses coutumes et ses croyances ne sont pas les nôtres, est-ce si utopique ? Essayons de ne plus voir les autres selon des critères de réussite ou de normes sociales. Que nous ayons telle couleur de la peau, tel genre, que nous parlions telle langue, ce sont nos différences qui font nos complémentarités. Lorsqu'il s'agit de faire la paix avec les religions, nous touchons aux pensées les plus intimes des êtres humains. Face à l'intolérance, contre laquelle Sébastien Castellion, il y a cinq siècles, s'était levé, presque seul, nous sommes aujourd'hui nombreux à revendiquer le dialogue, l'expression et le libre choix religieux - ou l'athéisme. Faire la paix avec l'ennemi semble impossible. De la trahison, disent certains. Pourtant, c'est toujours ce qui se produit à la fin des guerres. Demander la paix avant qu'un conflit ne dégénère en violence absolue n'a de sens que si, dans le même temps, nous prenons position pour le désarmement. Une utopie ? Pas si sûr : qui aurait cru, il y a cinquante ans, que les pays nucléarisés allaient détruire nombre de leurs ogives ? Faire la paix en refusant la violence, y compris par la fuite. "Il n'y a à défendre que la vie" , disait Jean Giono. Refuser de se battre avec les poings, ce n'est pas "perdre" . Refuser la violence destructrice est même la condition pour continuer à combattre pour la paix. Les exemples ne sont pas médiatisés et restent peu connus, mais les "ZAD" (Zone à défendre) en sont un, qui reposent sur la non-violence. Faire la paix avec sa conscience, voilà qui est très rare, au niveau des Etats. C'est pourtant ce qu'a réussi Willy Brandt le jour où, s'agenouillant devant le mémorial du ghetto de Varsovie, il montra toute la détestation que l'Allemagne pouvait avoir pour son passé proche. Faire la paix avec le vivant, enfin, devient une nécessité absolue, dans un monde moderne qui détruit beaucoup de ce qui vit autour de lui. Faire la paix avec le Vivant, c'est tisser une alliance avec tout ce qui vibre sur cette planète, et qui la fait vivre, les autres humains, les animaux, les végétaux. Sommaire Introduction 1 / Faire la justice pour faire la paix 2 / Faire la paix avec les différences 3 / Faire la paix entre les religions 4 / Faire la paix avec l'ennemi 5 / Faire la paix en refusant la violence 6 / Faire la paix avec sa conscience 7 / Faire la paix avec le Vivant Conclusion : La paix n'est pas une utopie !

02/2022

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Poésie

Un sol trop fertile

L'enfant, l'arbre, la vie, c'est toujours la même lutte, celle d'un enfant, aujourd'hui d'un homme, qui est "en danger d'être soi". Mais cette fois-ci, qui est laissé face à l'énigme simple de la violence, de l'enfance meurtrie. Plus de détour, ou de baume, de fils ou de verger - qui tenaient les livres précédents de Cédric Le Penven, en constituaient le fil et la vie - mais le face à face nu et brutal, comme s'il fallait d'abord être seul. Le problème de la peur et des coups, c'est qu'ils nous infectent et finissent par nous battre de l'intérieur et que la vitre sur quoi sa propre vie bute, c'est soi. Ce journal intérieur s'approche au plus proche de la blessure, il y a là une posture de défi, comme s'il fallait tenir tête désormais pour sauver en soi l'enfant qui ne le pouvait pas ; mais surtout une position de survie, c'est à dire regarder cette violence dévorante droit dans les yeux, sans s'y dissoudre, sans qu'elle ne finisse de happer l'homme qui est là aujourd'hui. Ecrire n'est pas suffisant et vivre semble un peu trop - que faire face à une colère noire ? La maison, les frênes par la fenêtre, les livres familiers de la bibliothèque, le verger patiemment cultivé, c'est l'édification d'une cabane grandeur nature - à la grandeur de la vie - où se réfugier. Comment apaiser en soi un enfant qui ne dort pas ? En regarder un autre grandir, ignorant de son importance et de son rôle, à la fois terreau et tuteur d'un père qui l'accompagne dans la vie. Cédric Le Penven s'entoure de la croissance des autres, pour se confirmer peut-être à soi-même qu'une main peut aider à grandir plutôt que mettre à terre, guider plutôt que frapper. Il fait tourner le prisme de la main et du poing, facettes d'une même chair, qui projettent alternativement les lumières et les ombres. Main qui caresse, qui cultive, que l'on serre, ou que l'on agite de loin, qui indique une direction ou dit non, main qui frappe, qui ferme, blesse, étrangle, ou cache ou rafraîchit un visage. Main qui palpe l'écorce des arbres, flatte la chienne en promenade, plonge dans l'eau de la rivière, cueille un fruit, accueille les êtres aimés : la vie devient enfin un environnement familier au sein le monde, dont l'indifférence apaisante aide à vivre autour de la cabane. Au milieu des chênes et des causses, dans les herbes ou sous le regard des vaches, le long des ruisseaux, des ombres douces et des prunes d'été, Cédric Le Penven regarde la beauté du monde se faire et se défaire. Dans le vol des oiseaux, les branches nues qui se chargent de feuilles, de fleurs et de fruits, les paysages qui traversent les saisons. Et soi au milieu, peut-être pas pour trouver une place qui nous attende, mais pour en dégager soi-même l'espace matinal de la croissance et de la beauté - en quête des autres, de l'amour des autres, comme s'il fallait toujours dans une dernière angoisse se faire pardonner ce que l'on pourrait être.

04/2021

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Actualité médiatique internati

Public

"Après trois décennies où l'on avait cru pouvoir s'en passer, tout indique que nous avons plus que jamais besoin des mots du public. Face aux risques de dévoiement d'un Etat qui se détourne de son cadre public, ils sont les mots-clés de mobilisations sociales et politiques (...) et le meilleur thermomètre de notre vie collective et de nos démocraties". A. Vauchez Au risque d'une crise de confiance sans précédent des citoyens dans l'Etat dont ils interrogent désormais la légitimité " publique ", c'est-à-dire la capacité, voire la volonté, de se faire le relai des intérêts collectifs, et de protéger les citoyens. L'état général d'impréparation dans lequel s'est trouvé l'Etat au commencement de la pandémie aura servi ici de révélateur ; jetant une lumière crue sur l'action des gouvernements précédents qui avaient suivi une politique de réduction des coûts et d'efficacité gestionnaire au risque de priver les services hospitaliers des masques et des lits d'hôpital nécessaires. Dès lors que le gouvernement ne paraît plus agir en " pouvoir public ", plus rien ne semble justifier l'exception étatique qui confère à cette organisation politique un statut dérogatoire et des pouvoirs exorbitants. C'est du reste cette tension qu'a révélé le mouvement des Gilets jaunes, marqué tout à la fois par des attentes fortes à l'égard de l'Etat des services publics (en termes de qualité et d'égalité d'accès aux hôpitaux, aux transports publics, etc.), et une défiance inédite à l'égard de gouvernants tenus pour responsables de l'échec de l'Etat à tenir ses promesses " publiques ". Cette crise de confiance ne pouvait pas tomber plus mal alors que nous avons collectivement besoin d'un Etat et d'une Union européenne capables de conduire, au nom de tous, la conversion écologique de nos sociétés et de nos économies, et alors que nous devons faire face aux conséquences sanitaires, mais aussi économiques et sociales profondes de la pandémie Covid. Manière de dire, en somme, que la réflexion sur le " public " et les liens qu'il entretient avec l'Etat forme aujourd'hui un préalable à toutes nos discussions sur le changement d'orientations des politiques publiques. Les nouvelles théories démocratiques l'oublient parfois, toutes occupées qu'elles sont à faire apparaître de nouveaux horizons mobilisateurs - qu'il s'agisse de la transition écologique ou des nouvelles formes de démocratie participative. Mais, sans réfléchir à ce que l'Etat est devenu au fil des trois dernières décennies, ni aux chaînes de dépendance dans lesquelles il inscrit aujourd'hui son action, elles s'exposent au décalage en faisant comme si l'Etat était ce simple " levier " disponible et mobilisable pourvu qu'on veuille bien lui donner le sens politique voulu. Or il y a précisément lieu d'en douter. C'est pourquoi il faut reprendre le fil du " public " et remettre sur le métier une notion qu'on avait paresseusement abandonnée comme une vieille relique. Il faut faire l'inventaire des glissements de terrain qui se sont produits depuis trente ans et ont fragilisé les soubassements publics de l'Etat, décrire leurs effets politiques et démocratiques, et explorer les voies possibles d'un nouvel esprit public du gouvernement.

03/2022

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Islam

Des hiérarchies initiatiques

Surnommé "le plus grand des Maîtres" (al-Shaykh al-akbar), Ibn 'Arabî (1165-1240) occupe au sein de la hiérarchie initiatique de l'islam un statut particulier, celui du Sceau des saints. Nul autre mieux que lui ne pouvait par conséquent exposer quels étaient les degrés de cette hiérarchie. Référence majeure du soufisme, ses écrits conservent une permanente actualité que rien n'est venu perturber. Son oeuvre est immense, que ce soit par la taille (on lui attribue plus de huit cents ouvrages, certains très courts mais d'autres de plusieurs milliers de pages) ou par le caractère exceptionnel de son contenu et sa richesse. Al-Futûhât al-Makkiyah ("Les Illuminations de La Mecque") synthétise de son enseignement. Il en a entrepris la rédaction alors qu'il était en pèlerinage dans la ville sainte. Monument de la spiritualité soufie, qualifié de "Bible de l'ésotérisme en Islam" , la somme de connaissances qu'il contient est sans équivalent dans aucune civilisation. Le présent recueil est une nouvelle anthologie de la partie de la première section des Futûhât qui réunit les principaux chapitres ayant trait aux hiérarchies initiatiques. Cette sélection répertorie ceux traitant des Pôles spirituels ou encore ceux sur les saints christiques, sur les hommes de la perplexité ou ceux qui sont revenus après l'union intérieure. Il répond à des questions essentielles telles que : "à quelle station le saint est-il ramené quand Dieu l'exclut de Sa présence ? " et le statut de ceux qui sont revenus après l'union spirituelle. Ibn Arabi y aborde les étapes essentielles de la réalisation intérieure en se référant comme toujours au Coran ou à l'histoire islamique. Cette anthologie se conclue sur la connaissance des pensées sataniques qui peuvent accabler le spirituel dans sa quête initiatique. Elle peut être utile à quiconque souhaite entrevoir l'immensité de la dimension intérieure du soufisme, coeur de la tradition musulmane. Comme dans chacun de ses ouvrages, Ibn Arabi conduit le lecteur à reconsidérer non seulement sa vision de cette dernière mais aussi du monde lui-même tout entier et permet à la conscience d'en élargir les limites. Cette anthologie est le second volume de la réédition revue et corrigée des Révélations de La Mecque, volume épuisé depuis de nombreuses années. Chacun de ces recueils est d'un petit nombre de pages mais d'une extrême densité. Chaque lecture en révélera de nouveaux prolongements en sorte que ce livre peut accompagner un lecteur sa vie durant. Il constitue un condensé d'une somme d'enseignements sans équivalent aussi bien dans le soufisme que dans le monde musulman et dont la portée s'ouvre sur une vision universelle du monde. Le choix des textes qui le compose a été effectué par Abdallah Penot, un des meilleurs traducteurs actuels de l'islam classique. Cofondateur des éditions i, est l'auteur d'une des meilleures traductions du Coran mais aussi des grands maîtres du soufisme tels que l'émir Abdel-Kader ou Iskandari. La traduction des textes est complétée par une introduction à la cosmologie islamique qui résume avec clarté pour le non-spécialiste les notions de base qu'Ibn Arabi suppose connue de son lecteur. Ce recueil, à l'origine destiné exclusivement aux savants, constitue aujourd'hui pour chaque lecteur, musulman ou non, un support de méditation permanente et présente un intérêt technique exceptionnel pour toute personne suivant une voie initiatique, ne serait-ce que, par comparaison, de comprendre à quel point on est désormais éloigné du degré de ce qui en furent autrefois les tenants.

04/2024

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Droit

La rupture du contrat de travail pour motif grave. Tome 1, Evolution, aspects techniques et applications

Le droit est en évolution constante. Plus qu'un constat, c'est une inébranlable certitude et la matière de la rupture du contrat de travail pour motif grave n'échappe pas à la règle. En trois tomes, l'ouvrage analyse la rupture du contrat de travail pour motif grave dans ses divers aspects techniques ainsi que dans ses relations avec d'autres dispositions légales et les principes généraux de droit. L'objectif poursuivi est de cerner le concept de motif grave, les exigences qui entourent la régularité de la notification du congé, la réalité et l'appréciation du motif grave. Le premier tome s'attache plus spécifiquement à la notion de faute constitutive de motif grave, aux exigences techniques requises à la régularité de la notification du motif grave. L'analyse de la jurisprudence dont celle de la Cour de cassation illustre l'évolution actuelle de ce mode de rupture. Une partie est en outre consacrée aux spécificités du licenciement pour motif grave des agents contractuels de la fonction publique. Une autre partie porte sur des problématiques, ayant peu évolué mais restant méconnues. Il s'agit entre autres de l'incidence de la procédure pénale sur le congé pour motif grave, de la relation entre la faute pénale et la faute constitutive de motif grave et des irrégularités pouvant affecter la notification du congé dans ces situations spécifiques. Il s'agit aussi de la question de l'audition du travailleur, de sa nécessité, de son incidence sur le délai de trois jours requis à la régularité du congé. Comme l'auteur consacre ses principales préoccupations à la relation entre le droit et le juste, il consacre évidemment une partie de ce premier tome à la relation entre le congé pour motif grave et certains principes généraux de droit tels que l'abus de droit, le principe de l'exécution de bonne foi, le principe de proportionnalité. Le second tome porte quant à lui sur la preuve du motif grave et le rôle du juge en cette matière. L'auteur y examine la portée et l'intensité de la charge de la preuve, la hiérarchie des preuves et la collaboration à la charge de la preuve. Sont aussi analysées les questions actuelles du droit au respect de la vie privée du travailleur confronté au congé pour motif grave. Ce droit n'étant pas absolu, d'autres droits de même valeur juridique peuvent limiter son application. L'analyse de ces contours et limites devrait dès lors donner une ligne générale de réflexion sur la question de la preuve du motif grave. Enfin, le troisième tome contient une analyse approfondie des différents cas d'espèce. Il examine les diverses situations constituant, aujourd'hui, un motif grave et tente de dégager des règles générales devant guider l'appréciation de celui-ci.

07/2019

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Histoire de France

La mystérieuse affaire du domaine des repentis

Avant de mourir, Nathan Bernstein, survivant d'une famille juive décimée par la Shoah a demandé à son fils, jeune journaliste new-yorkais, de poursuivre les recherches qu'il avait lui-même entreprises en vue d'éclaircir les circonstances du drame vécu en France par ses parents. En 2013, soixante-dix ans après les faits, John arrive à Lajoux, bourg situé au coeur des montagnes du Jura. Il s'installe au " Domaine des Repentis ", la ferme où ses grands-parents ont été hébergés par des résistants avant d'être arrêtés par la Milice puis déportés à Auschwitz. La plupart des habitants témoins des événements à cette époque étant décédés, l'enquête s'avère difficile. Quelqu'un va aider secrètement le journaliste. Dans un but qu'il ignore, une main inconnue dépose chez lui, en son absence, un étrange document. Il s'agit d'un cahier sur lequel, de 1980 à 1991 un nommé Marcel la Girardière, ancien milicien, Waffen SS, a raconté sa vie. Il est à l'origine de l'arrestation de la famille de John et d'autres exactions. En prenant connaissance du manuscrit assorti du titre apocryphe de " Mémoires d'un salaud ", l'Américain stupéfait suit l'avilissement d'un intellectuel français. Dès les années 1930 celui-ci a milité dans le mouvement de la Cagoule, combattu courageusement en 39-40, rallié après la défaite les collaborationnistes vichyssois, puis est devenu l'un des responsables de la Milice avant de finir par prêter serment à Hitler. L'auteur des confidences n'a pas cherché à se dédouaner. Il est resté, jusqu'à sa mort tragique en 1991 dans des conditions mystérieuses, un pur nazi. Il retrace la traque des résistants, les opérations menées de concert avec la Gestapo pour arrêter les juifs. Il relate les attaques contre les maquis. Puis vient le temps des revers, la fuite précipitée des tortionnaires vers Sigmaringen dans le sillage de Pétain et de Laval. C'est ensuite l'incorporation des miliciens dans l'unité SS française " Charlemagne ". Le narrateur raconte les combats de Poméranie, de la Baltique, de Berlin... John prend connaissance de ce récit avec un mélange croissant d'horreur et d'incompréhension. Comment un homme intelligent, cultivé, a-t-il pu rester fidèle jusqu'au bout à cette idéologie criminelle ? Comment a-t-il pu écrire à la fin du manuscrit : "Si je pouvais revenir en arrière, si c'était à refaire, fidèle au Führer Adolf Hitler, le plus grand génie du 20e siècle, dans mon combat contre le bolchévisme, la ploutocratie et la juiverie, j'appliquerais les mêmes méthodes avec plus de rigueur. Nous avons perdu la première manche de cette guerre car nous avons fait preuve de trop de pitié vis à vis de l'ennemi ! ".

08/2020

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Religion

La Prophétie du Lion, tome 1

La Prophétie du Lion est le premier tome de la Saga '' Les Guerriers de l'Atlas '', qui narre les aventures de la fratrie Ben Bari Les cinq fils du clan Ben Bari vivaient en paix au milieu de leur famille, quand la mort de leur grand-père, Caïd en titre, vient bouleverser le cours de leur si paisible existence. Du jour au lendemain, ils doivent quitter la chaleur de leur foyer, poursuivis par 'Youssef Le Borgne', fils du Vizir 'Tahar Ben Kedab'. Le 'taleb Salah', guide spirituel de la tribu réunifiée de l'Atlas, leur révèle l'existence de la Prophétie du Lion, qui les concernerait directement. De la passion, des combats épiques, des scènes d'amour en terre d'Islam, de la trahison ... L'intrigue menée sur un rythme haletant, va vous guider au coeur du Maroc du onzième siècle, au pays des légendes, des exorcismes, des Djinns, des visions prophétiques, la vallée de l'Atlas, Marrakech et ses alentours ... Cette fable décrit les rouages d'une société guerrière où les valeurs chevaleresques, le respect, le courage, l'amour de la connaissance, étaient les traits principaux des guerriers de l'Atlas, sortis de leur montagne, dans un grondement de tonnerre, pour fonder un vaste Empire, qui fit date dans l'histoire de l'Humanité. Et, si l'islam n'était qu'amour ? Ce roman présente et vulgarise, une vision humaniste de l'Islam, ouverte sur le monde, loin des caricatures actuelles. Et, si l'islam que l'on présente comme une religion guerrière, n'était, au fond, qu'un message d'amour, dévoyé, à dessein, par certains ? Découvrez une galerie de personnages qui pratiquent une foi éclairée, qui gardent une distanciation par rapport aux écrits. La tribu de l'Atlas se réunit sous la bannière de la Justice, Dieu ne pouvant être ni l'otage, ni l'alibi d'aucun combat ici-bas, car le grand Allah sacralise la vie ; il n'est qu'amour infini. Le slogan unificateur des guerriers de l'Atlas est : " la foi, éclairée par l'intelligence " (emprunté par l'auteur à la Bible, St-Paul) Dans ce roman, les femmes ont un rôle déterminant. Elles participent aux côtés des hommes à la bataille pour abattre la tyrannie du Vizir, ne sont pas cantonnées dans des missions ou tâches subalternes : telle est la véritable place de la femme dans l'islam. Découvrez les scènes d'amour à l'oriental, les déclarations poétiques : " Quand la femme de l'Atlas sourit, c'est l'arc-en-ciel qui fleurit " (Marwan Ben Bari, élu de la prophétie) " La véritable gloire, ce n'est pas de remporter mille victoires ; mais savoir résister à la violence, lorsque notre coeur réclame vengeance '' (Skander Ben Bari, élu de la Prophétie)

04/2019

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Littérature française

Vie de Madame de Lafayette et de sa mère la Duchesse d'Ayen

Vie de Madame de Lafayette. Madame de Lasteyrie Date de l'édition originale : 1869 Cet ouvrage est le fruit d'un récit à plusieurs voix, et c'est d'abord celui de la vie de la duchesse d'Ayen par sa fi lle, Marie Adrienne Françoise de Noailles, à qui sa propre fi lle rend à son tour hommage en prenant la plume pour évoquer le destin exceptionnel de sa famille dans les méandres de la Révolution française. Marie Adrienne Françoise de Noailles devient marquise de La Fayette en 1774 suite à son mariage avec Gilbert du Motier de La Fayette, qui n'est autre que le héros de la guerre d'Indépendance des Etats-Unis, au cours de laquelle il joua un rôle décisif en combattant aux côtés de Georges Washington. Revenu d'une Amérique victorieuse et libre, La Fayette s'engage pour la Révolution française et commande la Garde nationale créée en 1789 ; mais ses convictions politiques l'entrainent, lui et sa famille, dans de tristes péripéties. En effet ne faisant pas l'unanimité auprès de tous malgré ses opinions favorables à la Révolution, il demeure trop modéré, fi dèle au roi et aspirant à la mise en place d'une monarchie constitutionnelle. Adulé du peuple encore peu de temps auparavant, il devient impopulaire après avoir dû proclamer la loi martiale en 1791 pour mettre fin à des débordements. Ne pouvant se défaire des manoeuvres politiques de ses opposants, il est déclaré " traître à la Nation " en 1792 et ne peut que s'exiler. Il se fait arrêter par les Autrichiens et enfermer dans plusieurs prisons, dont celle d'Olmütz, où sa femme et ses fi lles sont contraintes de l'y rejoindre en 1795. La marquise de La Fayette, emprisonnée dans des conditions précaires, n'a d'autre choix que d'écrire en secret, dans les marges d'un livre, à l'aide d'un cure-dent et d'encre de Chine : elle raconte la vie de sa mère la duchesse d'Ayen, qui a été guillotinée en 1794, victime de la Terreur. Libérée, de retour à Paris, la marquise amende son texte avant de le publier clandestinement pour un cercle restreint d'amis. Sa fille, Madame de Lasteyrie, apporte son témoignage sur l'histoire de sa mère et de son incarcération, et rend compte des vicissitudes d'une période tourmentée et complexe. Ces mémoires nous laissent entrevoir, sur trois générations, la vie de ces femmes emportées dans le tumulte de l'Histoire. Ce livre, réimprimé en fac-similé par Hachette-BnF, est identique à la publication originale de 1869 conservée à la Bibliothèque nationale de France. Pour découvrir tous les titres du catalogue, rendez-vous sur www. hachettebnf. fr.

09/2021

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Bâtiment

NF DTU 23.4 Planchers à prédalles industrialisées en béton

La norme NF DTU 23. 4 de juillet 2021 a été homologuée par décision du Directeur Général d'AFNOR en juin 2021. La partie P1-1 propose les clauses types de spécifications de mise en oeuvre pour les travaux d'exécution des planchers à prédalles industrialisées qui peuvent être suspendues ou reposer sur deux, trois ou quatre bords, voir un bord dans le cas de porte à faux ou sur appuis ponctuels (planchers-dalles avec ou sans chapiteaux). Il couvre le cas des ouvrages courants, tels que ceux destinés aux logements, bâtiments scolaires et hospitaliers, immeubles de bureaux, bâtiments industriels, commerces et parkings, pour des conditions normales d'utilisation. Les prédalles industrialisées sont des prédalles préfabriquées en usine fixe de manière industrielle. Elles sont appelées "prédalles" dans la suite du document et elles relèvent de la NF EN 13747. La présente partie vise les planchers constitués de prédalles précontraintes dont l'épaisseur est comprise entre 50 mm et 180 mm (bornes incluses) ou de prédalles en béton armé dont l'épaisseur est comprise entre 40 mm et 180 mm (bornes incluses) ; ou encore à dalle pleine constitués de prédalles pouvant comprendre des treillis raidisseurs ou des nervures de raidissement en béton, ainsi que les planchers constitués de prédalles formant seulement coffrage du plancher pendant la construction. Par contre elle ne vise pas les planchers constitués de prédalles comportant des alvéoles ; les zones de travées comportant des rupteurs de ponts thermiques ; les zones de travées comportant des goujons ; les planchers réalisés avec du béton de fibres. Les solutions de planchers avec rupteurs de ponts thermiques, avec goujons ou réalisés avec du béton de fibres relèvent de la procédure d'Avis Technique. Le présent document est applicable dans toutes les zones climatiques ou naturelles françaises, y compris les Départements et Territoires d'Outre-Mer. La partie P1-2 a pour objet de fixer les critères généraux de choix des matériaux utilisés pour l'exécution des ouvrages de bâtiment et de génie civil, dans le champ d'application du NF DTU 23. 4 P1-1 (CCT). La partie P2 a pour objet de donner les clauses administratives spéciales aux marchés de travaux de planchers à prédalles industrialisées en béton, dans le domaine d'application défini à l'article 1 du NF DTU 23. 4 P1-1. Compte tenu du caractère traditionnel des planchers à prédalles industrialisées en béton, la CCFAT a décidé de sortir, dans le domaine traditionnel, les ouvrages dont les Avis Techniques étaient couverts par le Cahier des Prescriptions Techniques du CSTB n° 2892-V2. Les trois parties du NF DTU 23. 4 (P1-1, P1-2, P2), ainsi que la norme NF P19-206 remplacent les Avis Techniques de la famille : plancher à prédalles en béton armé avec treillis, relevant du cahier CSTB précité.

07/2021

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Analyse

Power Query et M. Extraire et préparer les données en vue de leur exploitation dans Excel ou Power BI

Power Query permet l'extraction, la transformation et le chargement de données depuis une multitude de sources vers les deux outils principaux que sont Power BI et Excel. C'est surtout l'étape de transformation qui va nous intéresser dans cet ouvrage : les plus simples consistent à filtrer les lignes, choisir les champs ou encore vérifier le type de la donnée. Mais il est souvent nécessaire de nettoyer les données (harmoniser les champs de type texte, supprimer les valeurs nulles ou une ligne de total...), de créer de nouveaux champs, de calculer de nouveaux indicateurs ou de scinder un champ complexe en plusieurs valeurs distinctes. M est le langage de programmation disponible dans Power Query qui permet de travailler plus vite et d'aller plus loin. Ce livre s'adresse à toute personne devant traiter des données avec Power Query. Les utilisateurs de Power Query pouvant s'appuyer sur l'interface graphique exclusivement, ou saisir intégralement le code M, nous avons adopté dans ce livre une approche mixte : laisser l'interface graphique générer le code et y apporter des améliorations en code M lorsque cela est utile, tant en termes de rapidité de conception qu'en termes de possibilités de transformation. Dans le premier chapitre, nous nous intéressons aux connecteurs. Nous évoquons un certain nombre de cas courants (fichier Excel, fichier Excel avec plusieurs feuilles, plusieurs fichiers Excel, tableaux croisés), puis nous voyons l'import de fichiers plats (TXT, JSON), l'import à partir de bases de données et l'import de données issues du Web. Nous évoquons aussi les jeux de données (datasets). Le deuxième chapitre est consacré au nettoyage et à la préparation des données. Nous y voyons comment transformer des colonnes, dépivoter un tableau croisé, transformer successivement du texte, des numériques puis des dates, comment ajouter des colonnes, combiner (associer) des tables, comment gérer les erreurs de chargement. Nous voyons aussi comment accéder au code M, comment le lire et comment, après avoir utilisé l'interface graphique, reproduire ou améliorer l'opération à l'aide du code M. Le troisième chapitre vous propose d'aller plus loin avec Power Query et M en travaillant sur les étapes de transformation, avec l'organisation des requêtes, les paramètres, les filtres dynamiques, l'agrégation des tables. Nous évoquons également dans ce chapitre le modèle "en étoile" qui est la structure de données recommandée. Le quatrième chapitre se concentre sur les erreurs au chargement des données : comment les déceler, comment générer un rapport d'erreurs pour les corriger. Dans le chapitre suivant, nous plongeons dans le code M pour mieux comprendre sa structure, ses entités, créer des fonctions personnalisées, utiliser l'actualisation incrémentielle, découvrir des cas complexes de transformation ou d'extraction de données à partir du Web...

09/2021

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Comptabilité

Le manuel de référence des administrateurs de banque. Focus sur l'Afrique de l'Ouest

Cet ouvrage pédagogique présente les bonnes pratiques de gouvernance des établissements bancaires. Les principes de gouvernance d'entreprise qui confèrent le pouvoir de décision au conseil d'administration ont été introduits en droit des sociétés afin de leur donner un caractère obligatoire. En publiant ce manuel de référence pour les administrateurs de banque, l'auteur met à leur disposition une documentation de consultation permanente. En exposant l'ensemble des dispositions légales et réglementaires qui régissent la profession bancaire, il décrit la manière dont les administrateurs doivent exercer les responsabilités ainsi conférées et utiliser les outils de gouvernante. Le chapitre "Présentation de la fonction d'administrateur" requiert des administrateurs la parfaite connaissance de l'objet de la banque et de son marché, une certaine expérience professionnelle en matière de gestion, un savoir-faire et savoir-être. Le chapitre "Exercice de l'activité bancaire et enjeux pour les pouvoirs publics" apporte les fondements nécessaires à l'encadrement de l'exerce de la profession bancaire par les pouvoirs publics. Il présente les conditions d'accès et d'exercice de l'activité bancaire telles qu'édictées par les pouvoirs publics à partir des recommandations du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, du Comité sur les paiements et les infrastructures de marché et du Groupe d'action financière. Le chapitre "Gouvernante des établissements bancaires" articule les responsabilités du conseil d'administration avec celles attribuées à la direction générale, autour des trois piliers de la gouvernance des établissements bancaires que son le processus de fixation des objectifs de création de valeur, le processus interne de décision et la promotion d'un environnement interne de qualité. Le chapitre "Gouvernante de la comptabilité" déroule les étapes de l'arrêté des comptes annuels à observer afin de garantir la fiabilité de l'information comptable et financière, en particulier les attributions dévolues à la cellule de révision comptable. Il fait une synthèse des principaux enseignements pouvant être tirés de l'analyse des états financiers bancaires. Le chapitre "Gouvernance du contrôle interne et du management des risques" inclut le suivi des objectifs d'exploitation, de reporting et de conformité dans les attributions du contrôle interne. Il promeut l'approche du management des risques par le risque dit global en lieu et place de la gestion compartimentée des risques. Il suggère des modalités d'organisation de la gestion de la continuité d'activité afin de prévenir l'interruption des services offerts à la clientèle. Enfin, le chapitre "Gouvernance des institutions de contrôle" positionne la fonction d'audit interne dans l'ensemble du dispositif des contrôles en interne. Il précise les modalités de l'assistance attendue du comité d'audit au conseil d'administration.

07/2020

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Sciences politiques

Chypre entre l'Europe et la Turquie

Etat membre de l'C.E., dont 37 %: du territoire est occupé par un pays tiers, qui y a imposé son armée, sa monnaie et ses ressortissants, Chypre est dans une situation très particulière, entre l'Europe et la Turquie. La ligne de cessez-le-feu qui traverse l'île est devenue de facto une des limites externes de l'U.E., où la gestion des échanges, la circulation des personnes deviennent une source de complications inextricables. Cette occupation, qui remonte à 1974, est-elle destinée à perdurer indéfiniment ? La Turquie étant elle-même candidate à l'U.E., elle ne devrait pas avoir de plus importante priorité que d'appliquer le droit communautaire, ne serait-ce que pour accélérer son intégration, comme l'ont fait les pays d'Europe centrale. Or la négociation d'adhésion ouverte en 2005 est partiellement suspendue depuis 2006 en raison du refus d'Ankara de se conformer à ses obligations, notamment en ce qui concerne Chypre. Sur le fond, la Turquie conteste le bien-fondé des critères démocratiques de 1'L.E. et ne se presse pas de s'y conformer. Avec les réticences de plusieurs gouvernements et d'une partie importante de l'opinion publique européenne. cela fait beaucoup d'obstacles à surmonter. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la Communauté puis l'Union européenne ont fait prévaloir un mode de relations internationales fondé sur le respect du droit et la solution pacifique des conflits, les différends entre les Etats membres ne pouvant être gérés ailleurs que dans les salles capitonnées du Conseil européen à Bruxelles. En développant ses interventions dans le bassin oriental de la Méditerranée, où les conflits sont anciens et nombreux, l' U.E. s'efforce de défendre les valeurs qui ont fait son succès dans les autres parties de l'Europe. Dans cette logique, Chypre est à réunifier dans des conditions conformes au droit européen, cc qui implique de trouver une solution à un problème complexe, aussi bien pour l'île que pour son environnement international, et à le faire accepter par toutes les parties en présence. La candidature de la Turquie est aussi à traiter en fonction de ses mérites propres, suivant la même méthode qu'avec les pays d'Europe centrale, dans le respect de la démocratie et de l'Etat de droit. Le présent ouvrage analyse les différentes composantes de ces problèmes, en recherchant les éléments d'une solution pour Chypre et par contrecoup pour la Turquie. II rappelle leur évolution depuis 1999, notamment la gestation du plan Annan et les raisons de son échec, avant de présenter les principaux aspects du dossier turc à Bruxelles.

10/2011

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Histoire et Philosophiesophie

La structure de la théorie de l'évolution

En 1972, Stephen Jay Gould bouleversa l'orthodoxie darwinienne - autrement appelée la " théorie synthétique de l'évolution ". Il formulait la théorie de l'équilibre ponctué : le changement, au cours des temps géologiques, ne s'était pas fait de manière graduelle, comme l'avait soutenu Darwin, mais par des phases de stabilité suivies de phases de changement rapides, permettant l'apparition de nouvelles espèces. Cette thèse, largement confirmée aujourd'hui, a conduit S. J. Gould à réexaminer la théorie darwinienne et à la repenser profondément. L'ouvrage, fruit de ce travail de réflexion et de conceptualisation, est le livre fondateur d'une nouvelle théorie de l'évolution, à partir d'un élargissement du darwinisme. Selon Darwin, la sélection naturelle n'agissait qu'au niveau des organismes individuels. Gould prend en compte de nombreux autres niveaux, dont, particulièrement, le niveau des gènes, en dessous de celui des organismes ; et le niveau des espèces, au-dessus des organismes - gènes ou espèces étant considérés en tant qu'entités individuelles. Par ailleurs, à l'encontre de Darwin, Gould tient que la sélection naturelle n'a pas, seule, déterminé toutes les formes prises par les espèces dans le tableau général de l'évolution, mais qu'elle a souvent agi de pair avec l'orientation de la variation. Ainsi Gould insiste sur le rôle des gènes architectes (dits " gènes homéotiques "), qui canalisent le développement des organismes selon les mêmes grandes lignes dans la plupart des embranchements. Il montre également l'importance d'un autre facteur de l'évolution : l'exaptation, ou mode d'édification des traits fondé sur le changement au cours du temps de leur fonction adaptative, certains d'entre eux pouvant passer d'un statut de non-adaptation à un statut adaptatif. Ce dernier point n'avait pratiquement pas été pris en compte par Darwin. Enfin, les grandes tendances observables dans le tableau général des formes animales au cours des temps géologiques (la " macroévolution ") ne peuvent pas se déduire par simple extrapolation des phénomènes étudiés par les biologistes de l'évolution au sein des populations animales vivantes (la " microévolution "), contrairement à ce qu'avaient postulé Darwin et les néodarwiniens. En effet, les espèces se comportent comme des entités individuelles les unes par rapport aux autres, et sont soumises, à leur propre niveau, à des processus de sélection, de dérive aléatoire ou de changement directionnel. Ainsi, au niveau des espèces, apparaissent des " propriétés émergentes " ou des " valeurs compétitives émergentes ", qui ne se réduisent pas à celles des organismes qui les constituent. Ces phénomènes sont l'apport le plus original de la nouvelle théorie proposée par Gould dans une démonstration qui mêle, pour le plus grand plaisir du lecteur, anecdotes éclairantes, exemples fondamentaux et histoire des sciences.

10/2006

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Poésie

Pour vous...émois

Cet ensemble de textes met en oeuvre une pensée littéraire tendant à proposer l'idée que ce n'est pas le mot qui fait la poésie, mais la poésie qui illustre le mot (Léo Ferré). Les sujets y sont divers car la poésie y traite, à sa façon particulière, d'une pluralité de situations de la vie, afin de les mettre ''en scène'' et de faire d'un instant ''banal'', un moment qui de fait, parvient à éviter l'ordinaire pour en bannir l'ennui. L'esprit de ce livre est donc d'inciter celui qui le lit à devenir ''spect'acteur'' de son existence en lui proposant un regard différent sur ce qu'il a vécu, et une perception plus subtile de ce qu'il vivra ensuite s'il s'imprègne ultérieurement de sa substance. Il tente de décoder les pensées du coeur, mais aussi de décrypter le coeur des pensées. Il sensibilise au fait que l'important dans la Vie n'est pas ce qui nous arrive, mais vers quoi on va, et essentiellement ce qu'on en fait après. La valeur de l'instant présent est d'offrir une chance pour les mauvais souvenirs, c'est pourquoi il invite le lecteur à se rendre lui-même présent, comme pour se réactualiser et s'offrir la possibilité de se réinventer, c'est-à-dire de se créer d'autres cadres de vie et d'autres circonstances, en termes de décors dans lesquels il pourra tenter de s'accomplir ou de s'épanouir un peu plus tard. Certes, l'adaptation à la réalité est primordiale, mais n'oublions pas que l'imagination peut guider vers des vérités méconnues parfois et plus intéressantes qu'une réalité futile. Ce sont ces quelques vérités que l'auteur souhaite humblement partager, afin de créer un échange informel entre une sensibilité émanant de ses propres manques ou de ses pertes, et d'éventuels espoirs parmi d'autres, pouvant s'identifier aux sujets traités dans cet ouvrage et qui, par la démarche de leur(s) lecture(s), pourront considérer leur vie différemment et aborder l'essence de l'essentiel d'une manière plus nuancée, peut-être parfois mieux supportable. S'il y parvient ne serait-ce que pour un seul quelque part, alors il sera parvenu au sens qui l'animait durant son écriture : celui d'une humanité qui certes, veut s'exprimer comme pour se tranquilliser en s'extériorisant, mais qui souhaite avant tout apaiser ''l'Autre'' en lui apportant un soulagement, parce que ce qui nous relie tous est l'expérience de la souffrance lorsqu'on ose donner simplement un sens à la Vie, ainsi que de la vie... aux sens.

03/2019

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Romans policiers

La Lettre volée. Une nouvelle d'Edgar Allan Poe

La Lettre volée ("The Purloined Letter" dans l'édition originale) est une nouvelle d'Edgar Allan Poe, parue en décembre 1844. On retrouve dans cette nouvelle le chevalier Auguste Dupin, apparu dans Double Assassinat dans la rue Morgue. Résumé Le détective Auguste Dupin est informé par G... , le préfet de police de Paris, qu'une lettre de la plus haute importance a été volée dans le boudoir royal. Le moment précis du vol et le voleur, D... , sont connus du policier, mais celui-ci est dans l'incapacité d'accabler le coupable. Malgré des fouilles extrêmement minutieuses effectuées au domicile du voleur, G... n'a en effet pas pu retrouver la lettre. Mettre la main sur cette dernière est pourtant d'une grande importance, car son possesseur se retrouve en mesure d'exercer des pressions sur le membre de la famille royale à qui il l'a dérobée. G... en vient donc à demander l'aide de Dupin. Quelques semaines plus tard, Dupin restitue la lettre au préfet. Il explique alors au narrateur comment certains principes simples lui ont permis de retrouver la lettre. Comme dans Double assassinat dans la rue Morgue, La Lettre volée met en scène Dupin et ses célèbres facultés d'analyse. La réflexion logique est au centre de la nouvelle, et toute une part de l'intrigue s'appuie sur les difficultés à trouver une solution rationnelle à la disparition de la lettre. Lors de sa visite à Dupin, G... explique les raisonnements qui lui ont permis de découvrir l'identité du voleur, D... , et ceux qui lui ont permis de déduire que la lettre était toujours en sa possession, cachée quelque part dans son domicile. En dépit de ses certitudes, G... n'est pourtant pas parvenu à récupérer l'objet : le mystère, pour lui, résulte donc de cette incapacité à obtenir des résultats malgré la possession d'éléments suffisants, en principe, pour réussir. Si Dupin réussit, lui, à résoudre cette apparente contradiction, c'est parce qu'il a su raisonner autrement que le policier, dont les déductions, pour justes qu'elles soient, n'ont pas suffi à résoudre l'affaire. G... a en vain cherché la lettre en la supposant cachée : il a sondé tous les espaces pouvant abriter une lettre qu'on aurait voulu dissimuler. Dupin comprend lui que si G... a échoué, c'est que la lettre volée a volontairement été mise en évidence par le criminel. Loin d'être rangé dans un endroit secret, le billet est en évidence dans le bureau du coupable : la lettre a été froissée, maquillée d'un autre sceau et d'une autre écriture après avoir été pliée à l'envers. Si elle n'attire pas l'attention c'est qu'elle semble sans valeur, ordinaire.

01/2023

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Correspondance

Correspondance

Après les éditions complètes des Chroniques (2019) et des Nouvelles (2017), voici celle de la Correspondance de Clarice Lispector, qui offre pour la première fois en un seul volume près de 300 lettres de l'une des plus grandes écrivaines de son temps. Cette nouvelle édition, publiée au Brésil en septembre 2020, rassemble la correspondance publiée par les éditions des femmes-Antoinette Fouque dans les recueils Mes Chéries (2015) et Lettres près du coeur (2016), celle publiée par les éditions Payot-Rivages en 2012 sous le titre Le seul moyen de vivre, dans une nouvelle traduction, à laquelle s'ajoutent plus de 70 lettres inédites à la valeur historique inestimable. Ainsi l'on parcourt 37 années de vie d'une épistolière qui en vécut 57, dont une quinzaine loin de son pays. Il y a d'abord les lettres adressées au premier cercle de ses proches : mari, soeurs, fils, apparenté·e·s. L'autrice y exprime la quotidienneté sans le moindre apprêt d'une existence expatriée d'épouse attentionnée, de mère attentive, de femme... L'écriture en est ici déconcertante par sa spontanéité et sa connexion directe au réel, chez une écrivaine réputée pour sa sophistication et son extrême auto-surveillance. "Vous voulez m'apprendre qu'il pleut ? Dites : "Il pleut" . Il y a ensuite les lettres adressées à un deuxième cercle, celui de ses amitiés littéraires. Soit un nombre conséquent de destinataires contemporains de Clarice, qui ont illustré la vie littéraire brésilienne très brillante pendant ces trois décennies (Lúcio Cardoso, Fernando Sabino. João Cabral de Melo Neto et Lêdo Ivo, Mário de Andrade, ou encore Rubem Braga, Lygia Fagundes...). La vocation littéraire de Clarice, les angoisses et les mystères de la création, les servitudes de l'écriture, les certitudes et les impasses de la pensée nourrissent les interrogations qu'elle adresse à ces grands esprits. Enfin, il y a les lettres pouvant être qualifiées de professionnelles, où l'on voit l'autrice se préoccuper, avec un acharnement émouvant, du sort de ses oeuvres, qui dépend d'abord des instances éditoriales, puis de ceux qui en sont les premiers récepteurs : les journalistes. L'importance "énorme" (Clarice adore cet adjectif) qu'elle y attache se révèle, entre autres, par son échange, en français, de quatre lettres avec P. de Lescure, alors directeur des éditions Plon, à propos de la première traduction de Près du coeur sauvage. Par l'incroyable profondeur de l'interprétation qu'elle nous livre de son propre texte, l'autrice nous donne une exceptionnelle leçon d'auto-exégèse. Ainsi cette édition qui vient compléter le cycle de publication de ses oeuvres par les éditions des femmes-Antoinette Fouque, constitue une pièce essentielle du puzzle claricien.

12/2021

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Psychiatrie

Oeuvres complètes. Tome 6, 1984-1985

Ce Tome 6 est consacré en majeure partie à la dépression, ou plutôt aux dépressions. "La vie faute de mieux, les déprimés" est un texte ayant pour but de faire connaître au plus grand nombre une pathologie très banale de nos jours dans notre société et qui sera probablement de plus en plus fréquente du fait de la rapidité des changements du mode de vie imposés par les progrès technologiques. La dépression peut n'être qu'une démission passagère dans une situation difficile mais parfois peser sur toute une vie et même conduire, en particulier lorsqu'il s'agit de mélancolie, à un acte suicidaire. Sans érudition excessive mais sans simplification exagérée, est ainsi présenté l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur les dépressions, les apports de la biologie, de la psychologie et de la psychanalyse, les traitements utilisables mais aussi le vécu des déprimés et ce qu'attendent ces patients de leur entourage et de leurs médecins, généraliste et psychiatre. Dans un autre texte, "Les pratiques de la dépression : étude critique" , suivi d'une analyse par Pr D. Widlöcher, Arthur Tatossian montre comment sont considérés le déprimé et la dépression par le grand public, par le généraliste et par le psychiatre, ce qui l'amène à étudier les rapports et intrications entre théorie et pratique clinique, l'intérêt du diagnostic catégoriel et celui du diagnostic dimensionnel, le rôle des facteurs psychologiques et sociaux sur la vulnérabilité dépressive et les différences entre la pratique du généraliste et celle du psychiatre ; ces praticiens ne voient pas les mêmes malades ce qui explique des modalités de prise en charge et de traitement différentes. Cela conduit l'auteur à formuler le souhait - c'était en 1985 - que l'étudiant en médecine bénéficie d'une meilleure formation quant à l'origine des troubles psychiques et à leur prise en charge par le généraliste, facilitée par la mise à disposition de psychotropes de plus en plus maniables, avec peu d'effets secondaires graves. Il insiste toutefois sur le fait qu'il ne faut pas oublier que le plus important, à long terme, n'est pas la chimiothérapie mais la compréhension du vécu du patient et donc la communication confiante entre soigné-soignant, ce qui implique de savoir et pouvoir consacrer du temps au patient par l'écoute et une approche psychothérapique au sens large du terme. Des questions sont ensuite posées et discutées avec humour telles : Avons-nous tous besoin d'un psychiatre ? Ou encore Quelle est la place des benzodiazépines dans le traitement des dépressions ? Enfin, sont présentées la notion d'évènement chez des éthyliques chroniques et des recherches qui ont permis de distinguer, chez ces derniers, ceux qui peuvent bénéficier de mesures préventives pouvant leur éviter une rechute.

05/2021

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Biographies

Charles de Foucauld, homme de science

Assassiné le 1er décembre 1916 alors qu'une insurrection de grande ampleur avait soulevé la majeure partie des populations du Sahara et du Sahel contre l'occupant français, Charles de Foucauld a inspiré dès avant sa mort les fabricants de littérature sulpicienne. Leur représentant le plus encombrant reste René Bazin, qui a publié en 1921 Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara, monument de componctueuse et fate médiocrité dont Louis Massignon devait écrire dans une lettre du 16 septembre 1959 à Jean-François SixA : " Foucauld coule dans le gouffre de la bondieuserie S. A Sulpice. [... ] Il y a des jours où je regrette de n'avoir pas été réquisitionner pour sa "Vie" Louis Bertrand au lieu du mélibéen René Bazin. [... ] Il nous aurait épargné les bonbons de candi bénit de la rue de Sèvres. A " Le grand arabisant se faisait quelques illusions sur Louis Bertrand, si l'on en juge par un lamentable Saint Augustin publié en 1913. Quant à Jean-François Six, sirupeux et prolixe biographe de Foucauld, s'il a complaisamment rapporté la mise en garde de Massignon dans son Aventure de l'amour de Dieu (1993), il n'a pas su l'entendre. Le flot sulpicien ne s'est jamais tari jusqu'à aujourd'hui, charriant année après année des ouvrages qui ont épaissi plutôt qu'éclairci l'énigme d'une âme qu'on devine hantée par la mélancolie, la haine de soi, l'intransigeance et une sombre démesure. Quelques procureurs leur ont fait face, beaucoup moins nombreux mais pas plus respectueux des faits. On pouvait espérer que les choses changeraient une fois la béatification acquise, puisqu'il n'était dès lors plus besoin ni de défendre ni d'attaquer une cause désormais entendue, mais il n'en a rien été. La célébration du centenaire de sa mort a même transformé la cohorte des thuriféraires en une légion où le mélibéen a voisiné avec le savonarolesque. Plus récemment, les procureurs, jusque-là relativement discrets, ont vu leur zèle avivé par la vogue actuelle de déboulonnage de statues et la perspective de la canonisation prochaine de l'ermite de Tamanrasset. A en croire certains d'entre eux, Foucauld aurait été le " défenseur d'une guerre totale contre l'Allemagne lors de la Grande Guerre " ; pour d'autres, il aurait eu une " implication directe dans les opérations militaires coloniales contre les tribus rebellesA " et aurait été " l'auxiliaire incomparable " de Laperrine, commandant supérieur des territoires sahariens jusqu'en 1910. Il y a aussi ceux selon lesquels il aurait avancé des " idées en faveur d'une désorganisation des structures sociopolitiques touarèguesA ". Foucauld " défenseur de la guerre totale " ? Plaisante formule. Totale, la guerre l'était, et Foucauld ne pouvait qu'en prendre acte. Il est un fait qu'il envoyait des lettres exaltées à ses amis engagés sur le front, mais son exaltation restait épistolaire, car l'essentiel de son temps était consacré à la mise au net de ses travaux linguistiques. Ses journées de travail duraient souvent plus de onze heures, et le résultat en est une oeuvre dont il est difficile d'affirmer comme le font certains qu'elle est " indissociable de la conquête coloniale ". Car, dans les faits, elle s'en dissocie parfaitement. Ses lettres à ses amis sur le front, tout comme ses relations avec les officiers sahariens, font partie de l'époque et elles sont banales une fois remises dans leur contexte. En revanche, ses travaux linguistiques, c'est-à-dire, pour l'essentiel, les deux tomes de ses Poésies touarègues et les quatre tomes de son Dictionnaire touareg-français, sont encore une référence pour tous les spécialistes, y compris touaregs. C'est pour une bonne part à cette oeuvre qu'est consacrée le présent ouvrage. Quant à l'implication " directe " dans les opérations militaires, c'est une pure invention. Et les lettres à Laperrine ne justifient pas le qualificatif d'" auxiliaire incomparable " que Foucauld s'est vu décerner après leur parution. Surtout si l'on songe qu'elles datent d'un temps où Laperrine, revenu en France, n'avait plus aucune responsabilité au Sahara. L'ermite avait l'habitude d'informer ses amis officiers de la situation du Sahara, mais il n'était guère en cela qu'une sorte de gazetier dont les " renseignementsA ", qui mettaient plusieurs semaines à arriver à leurs destinataires, n'étaient ni exploitables ni d'un grand intérêt opérationnel. De plus, affirmer comme nous l'avons lu récemment que " ses renseignements fournis à l'armée coloniale ont influencé la stratégie de conquête du "pays touareg"A " est un anachronisme. Lorsque Foucauld atteint le pays touareg en février 1904, le chef et futur amenûkal Mûsa ag Amastan vient de signer un traité avec les militaires. En d'autres termes, la " conquête " était déjà chose faite avant même son arrivée sur place. Les seuls auxquels il est difficile de donner totalement tort sont ceux pour qui il aurait songé à désorganiser les structures sociopolitiques touarègues. Sauf à remarquer cependant, comme Paul Pandolfi le fait observer dans sa contribution, que les officiers qui seuls auraient été en mesure de procéder à cette réorganisation était d'un avis contraire, qui seul a prévalu. D'une manière générale, il n'avait guère d'influence sur ses amis militaires. Ainsi, le plan d'organisation de l'annexe du Tidikelt qu'il avait échafaudé est resté lettre morte, comme le remarque là encore Paul Pandolfi. De même, lorsque le sous-lieutenant Constant voulut donner suite aux propositions de Foucauld pour le réaménagement du fort Motylinski, il fut désavoué par son supérieur, le capitaine de La Roche, pour qui tout cela n'était qu'" hérésie tactique ". De même encore, la correspondance du lieutenant-colonel Meynier laisse deviner son scepticisme à propos de renseignements d'ailleurs très vagues transmis par Foucauld en août 1914. De toute façon, ni Foucauld ni ses supérieurs religieux n'avaient alors un quelconque pouvoir décisionnaire. Il ne pouvait que s'ouvrir de ses idées à ces intermédiaires, ces acteurs de terrain qu'étaient les officiers qui intervenaient alors dans l'Ahaggar. Mais, même dans les quelques cas où ces derniers relayèrent ses demandes, les autorités supérieures, tant à Alger qu'à Paris, y opposèrent une fin de non-recevoir. Voilà de quoi relativiser le rôle et l'influence politique de Foucauld. Voir en lui une sorte de maître à penser de la politique saharienne de la France et le lointain inspirateur de cette éphémère Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) que la France créa en 1957 est manquer du sens des proportions. Pour ce qui est des idées coloniales, il les a assurément partagées. Mais ses avis tranchaient sur la bonne conscience alors de mise. C'est ainsi que, dans une lettre de 1912, il conseillait à Mûsa ag Amastan de faire apprendre le français aux siens, pour qu'ils " puissent, au bout d'un certain temps, jouir des mêmes droits que les Français, avoir les mêmes privilèges qu'eux, être représentés comme eux à la Chambre des députés, et être gouvernés en tout comme euxA ". Il ne concevait certes pas l'avenir des Touareg ailleurs que dans un ensemble français, mais au moins leur y assignait-il, à terme, celui de citoyens à part entière. En février 1956 encore, un président du Conseil s'est fait conspuer par les ultras d'Alger pour beaucoup moins que ça. Il écrivait aussi en cette même année 1912 : " Si, oublieux de l'amour du prochain commandé par Dieu, notre Père commun, et de la fraternité écrite sur tous nos murs, nous traitons ces peuples [colonisés] non en enfants, mais en matière d'exploitation, l'union que nous leur avons donnée se retournera contre nous et ils nous jetteront à la mer à la première difficulté européenne. A " Sans doute ne voit-il là dans les colonisés que des enfants, mais étaient-ils nombreux, en 1912, ceux qui considéraient que, même dans les colonies, la "fraternité écrite sur tous nos murs" ne devait pas rester un vain motA ? Que Foucauld ait été un homme de son temps, nul ne songe à le nier. Il est toujours utile de détailler ce trait du personnage, et les contributeurs du présent ouvrage, notamment Jean-Louis Marçot et Jacob Oliel, ne s'en sont pas faute. Mais en faire un " ultraA " de la colonisation est absurde. Foucauld avait pourtant suscité quelques authentiques travaux d'historiens, qui depuis deux ou trois décennies ont répandu de lui une image plus complexe et plus humaine que l'icône assez plate accréditée jusque-là par les tâcherons de l'hagiographie. De portées et d'inspirations très diverses, tous ces travaux s'accordent au moins à reconnaître que, quels que soient par ailleurs ses titres à l'admiration et même à la ferveur, quelles que soient également les réserves qu'ils puissent susciter aujourd'hui, cet homme dont l'oeuvre linguistique est utilisée aujourd'hui encore par tous les spécialistes aura été une figure majeure des études berbères. Parmi tous ces travaux, une place particulière doit être faite à ceux du regretté Antoine Chatelard. C'est pourquoi, avec l'aimable autorisation de la revue qui l'avait d'abord publié, nous avons choisi de republier ici (sous sa forme d'alors) un texte datant de 1995 et qu'on doit tenir pour fondateur puisque c'est le premier texte où le travail linguistique de Foucauld ait fait l'objet d'une étude proprement scientifique. Mentionnons également, du même Antoine Chatelard, La mort de Charles de Foucauld (2000) ouvrage où, d'une part, il s'efforçait de reconstituer les circonstances de la mort de Charles de Foucauld et où, d'autre part, il jetait une intéressante lumière sur la façon dont la légende de " Foucauld martyrA " avait pu se construire. Mentionnons aussi par ailleurs le livre sobre et remarquablement documenté de Pierre Sourisseau (Charles de Foucauld. Biographie, Paris, Salvator, 2016), dont on regrette seulement que les travaux linguistiques de Foucauld et ses interrelations avec les Touaregs n'y ont peut-être pas tout à fait la place qu'elles mériteraient. L'article d'Antoine Chatelard est suivi ici de deux textes où Dominique Casajus a tenté de le prolonger sur un ou deux points, tandis que, de son côté, Aurélia Dussere s'est attachée au travail de Foucauld comme explorateur du Maroc et que Marc Franconie propose un commentaire de quelques-uns des croquis qu'il a dressés au cours de son voyage d'exploration ainsi qu'un aperçu de son travail de météorologue. Le volume s'achève par deux contributions, dues à Emmanuel Alcaraz et à Dominique Casajus, qui entendent donner un aperçu de l'image, souvent infondée, que certains milieux se font aujourd'hui de Charles de Foucauld. L'étude historique du " casA " Foucauld doit se poursuivre, et le dossier présenté ici veut être une contribution à ce cette tâche. Et, en historiens que nous essayons d'être, notre rôle n'est pas de déboulonner des statues, ni, du reste, d'en édifier. Et l'image parfois floue que nous avons essayé de recomposer n'est ni tout à fait noire, ni tout à fait blanche.

10/2022

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Droit

Peur de la sanction et sanction de la peur

Forts du succès de la première journée d'étude des doctorants organisée en avril 2015, les jeunes chercheurs du centre Jean Bodin décident de renouveler l'expérience pour l'année 2017. Pour la plupart de nouvelles recrues, sans claquer des dents, ils ont décidé de se faire les crocs sur un thème bien à eux : la peur et le droit. De la petite araignée ou du grand méchant loup, sur la ville, dans la cité ou la vallée, qu'elle soit bleue, noire ou même blanche, la peur a bien des visages. Son ombre s'étire et s'étend sur notre inconscient, individuel ou collectif. Elle s'insinue dans nos pensées comme elle occupe l'espace public. Inspiration de nombreuses études philosophiques, la peur n'a pas encore été envisagée comme l'objet de réflexions juridiques heuristiques. Pourtant, les juristes connaissent bien l'adéquation ubi societas, ibi jus, là où il y a une société, il y a du droit. La présente journée propose alors de vérifier si la translative est vraie et de s'interroger de la sorte : ubi pavor, ibi jus, là où il y a de la peur, y a-t-il du droit ? En effet, si la peur révèle ce qu'il y a de plus fondamental chez l'homme ou dans une société, le droit et les institutions étatiques devraient nécessairement en être l'écho. L'étude du sujet " peur et droit " implique de s'interroger sur l'origine même de la règle juridique : le droit fait-il peur, ou réciproquement, la peur est-elle à l'origine de droits ? Est-elle une garantie, sinon la seule, de sécurité et de cohésion sociale ? Comment le droit apaise-t-il la peur et assainit le rapport à autrui ? Par quels mécanismes la règle de droit peut-elle assurer la sécurité, ou du moins véhiculer un tel sentiment ? Comment la règle de droit établit et maintient une relation de confiance entre l'individu et l'Etat ? Le sujet " peur et droit " s'insère en effet dans ces différentes thématiques, notamment au travers d'interventions pouvant traiter de la xénophobie, du droit d'asile ou des migrations d'une manière plus générale, de l'Etat d'urgence, des dérives sécuritaires pour le maintien de l'ordre public. La lutte contre le terrorisme en particulier nécessite de nouvelles formes de régulations, notamment numériques. De même, l'utilisation des données personnelles et la multiplication des potentielles intrusions dans la vie privée des individus au travers des nouvelles technologies nécessitent là encore une adaptation du droit. En définitive, questionner la relation entre la peur et le droit revient à mettre en lumière l'interdépendance entre la finalité de la règle de droit et de ses mécanismes de mise en oeuvre, la peur d'une répression de tout manquement à une règle de droit apparaissant, ou non, comme une source de sécurité et de cohésion sociale.

02/2019

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Santé, diététique, beauté

Les plantes pour prévenir et soigner les affections du système nerveux central. Insomnie, anxiété, déprime, stress, Alzheimer, Parkinson...

Stress, dépression, anxiété, burn-out : la France est devenue depuis peu l'un des pays où l'on consomme le plus de somnifères au monde et les anxiolytiques  suivent de près. Le recours à ces médicaments de synthèse est presque devenu une habitude. Ils apportent certes un soulagement souvent rapide, mais transitoire, et aussi des effets secondaires considérables : perte de mémoire et d'équilibre, dépendance, risques de chutes chez les personnes âgées, etc. Depuis la nuit des temps, l'Homme a pourtant trouvé dans la Nature un grand nombre de médicaments....qu'il a tendance à oublier maintenant!  Pourtant les Assyriens et les Grecs connaissaient déjà les vertus narcotiques du pavot somnifère et les Indiens de la côte Ouest des Etats-Unis utilisaient le pavot de Californie pour calmer leurs enfants et les faire dormir avant l'arrivée des premiers Européens. Cette plante est maintenant accessible sur le marché comme sédatif naturel avec la valériane, le houblon et bien d'autres encore. L'effet de ces plantes est moins rapide, mais elles n'engendrent que très peu d'effets indésirables. Pour l'anxiété, on fera appel à la passiflore, qui est même recommandée pour vaincre la peur des examens ! Contre la déprime, le millepertuis peut apporter un soulagement. Pour vaincre le stress et le burn-out, il y a maintenant une solution: la rhodiole ou orpin rose, plante donnée aux troupes soviétiques lors de l'occupation pour mieux supporter le stress et la  fatigue de la guerre. Cette plante très efficace est maintenant cultivée en Suisse et est déjà accessible sous forme de médicaments. Avec l'augmentation de l'espérance de vie, le nombre de personne souffrant de la maladie d'Alzheimer augmente. Il n'y a pas encore de médicaments pour guérir cette maladie neurodégénérative, mais des plantes peuvent nettement en ralentir la progression. Il s'agit du ginkgo, du romarin et aussi du curcuma. Pour cette épice, des études récentes ont montré des résultats assez spectaculaires. La vitamine C, la vitamine E et les acides gras du type oméga 3 représentent une nouvelle piste pour le traitement de cette maladie. Quant à la maladie de Parkinson, une autre affection dégénérative du système nerveux central, elle est avant tout due à une déficience en dopamine, un neurotransmetteur. Des travaux récents ont montré qu'il existe des plantes très riches en L-dopa, un précurseur, qui se transforme dans l'organisme en dopamine.   Le présent livre recense les plantes pouvant agir sur les principales affections du système nerveux central. Il traite des aspects historiques (de l'utilisation de la plante en médecine traditionnelle jusqu'au développement d'un médicament moderne), des constituants chimiques, du mode d'action et des effets secondaires éventuels. Des indications pratiques sont données pour utiliser au mieux ces plantes qui peuvent apporter un soulagement réel et substituer dans certains cas des médicaments de synthèse aux nombreux effets secondaires. Un guide pratique illustré pour bénéficier des puissantes vertus préventives et curatives des plantes pour notre système nerveux central.

11/2014

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Mémoire

Mémoire, vous avez le pouvoir !

Développer sa mémoire, la stimuler, l'entretenir et utiliser tout le potentiel de notre cerveau : c'est ce que propose cet ouvrage mené par un duo de choc, Michel Cymes et Fabien Olicard. Car comme on dit deux cerveaux valent mieux qu'un. Fabien Olicard : Michel, si je te demande combien font 7 x 7 ou 12 x 11. Tu connais forcément la bonne réponse ? Michel Cymes : Ben oui Fabien, 49 et 132. Tu sais, je m'en suis farci des maths à l'école et pas que des tables de multiplication, et je m'en sers régulièrement comme tout le monde. F. O. : Si je te demande maintenant de retenir un code qui n'est ni celui de ta carte bleue ni l'accès à ton immeuble. Disons 7698 ? Moins évident non ? M. C. : Dans ce cas, je vais faire appel à une phrase qui va se référer à mon univers mental pour m'en souvenir. Par exemple, 76 m'évoque le match du Bayern de Munich contre l'A. S. Saint-Etienne à Glasgow en 1976 (tu n'étais même pas né ! ). Quant à 98, cela me rappelle... F. O. : ... la première Coupe du Monde remportée par les Bleus ? M. C. : Bingo ! Et un code de plus dans la mémoire ! F. O. : Et il y a encore de la place... M. C. : Surtout chez moi (je rigole ! ). F. O. : Eh non Michel, pas que, on a tous une extraordinaire capacité de stockage et de tri grâce à notre mémoire... ... Oui, notre mémoire n'a rien à envier aux plus performants disques durs pouvant exister. Le hic ? Nous ne savons pas toujours exploiter cet énorme potentiel... Et pourtant, que vous soyez encore en étude, dans la vie active, que votre charge mentale personnelle déborde ou que simplement vous preniez un peu d'âge, vous avez forcément à gagner en comprenant mieux vos capacités parfois cachées ! Dans cet ouvrage inédit écrit à quatre mains, Michel Cymes et Fabien Olicard nous livrent toutes les clés pour comprendre le fonctionnement de nos différentes mémoires (il n'y en pas qu'une ! ) et apprendre à utiliser, stimuler et entretenir cette belle mécanique pour en faire notre meilleure alliée. De la bonne hygiène de vie pour chouchouter ses neurones (moins de stress, une alimentation cerveau-friendly, de l'activité physique, des relations sociales...) aux techniques de mémorisation simples et efficaces (faire appel à son palais mental, créer des associations ou sa table de rappel...), les pouvoirs extraordinaires de la mémoire sont à la portée de tous. Sommaire express Ma petite fabrique à souvenirs : la mémoire, comment ça marche ; les différents types de mémoire... Fini, les oublis : le mécanisme de l'oubli ; le " capital mémoire " ; comment travailler sa mémoire Une mémoire en bonne santé : la bonne hygiène de vie (sommeil, sport, vie sociale et alimentation...) ; les ennemis de la mémoire (stress, tabac...) ; le point sur les pathologies de la mémoire...

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Rock

De la musique plein la tête. Des années pop aux années punk

De la musique plein la tête : celle de Pierre de Chocqueuse en était pleine dès son plus jeune âge. Il en écoutait pourtant peu lorsqu'il était enfant. Son père la détestait, mais sa mère qui l'aimait lui en donna le goût. S'il ne put jouer du piano comme il le souhaitait, il se prit très jeune de passion pour ces sons harmonieusement assemblées, pour cet art volatile, impalpable, perceptible par ses seules oreilles et qui allait tant compter dans sa vie. La musique fit le bonheur de Pierre dans sa jeunesse. A Genève où vivaient ses grands-parents, le jeune frère de sa mère lui fit découvrir les Beatles et les Rolling Stones. Né au début des années cinquante, il vécut en direct l'âge d'or d'une pop musique devenue adulte, celle de la seconde moitié des années soixante et les années soixante-dix. Epoque que l'on redécouvre aujourd'hui et au cours de laquelle s'implanta dans le domaine médiatique une contre-culture militante avec ses journaux (Best, Rock & Folk, Actuel), ses émissions de radio (Campus de Michel Lancelot, le Pop-Club de José Arthur, ses films, ses livres, ses disques et ses concerts. Mélomane boulimique, curieux de tout, Pierre, le bac en poche après bien des cours privés, organise des concerts à la fac de Nanterre où il est censé faire son droit. La musique qui lui trotte constamment dans la tête lui faut alors endosser un habit de critique du rock au sein du magazine Best pour ensuite travailler pour la maison de disques Polydor dont il devient attaché de presse, puis label manager, s'occupant de nombreux artistes parmi lesquels Ringo Starr, les Who et les Bee Gees. Ces années Polydor furent aussi celles de sa découverte du jazz, une musique plus proche de sa sensibilité qui le conduira plus tard à faire carrière avec Jazz Hot. Abordés sur un ton délibérément humoristique, ces souvenirs racontent une époque aujourd'hui disparue. On y rencontre des membres de sa famille dont il est alors le mouton noir, le rebelle chevelu dont le père se demande bien ce qu'il pourra faire plus tard, mais aussi des personnages singuliers que l'on croirait sortis de romans. Tout est vrai dans ce récit écrit à la première personne qui donne envie de se replonger dans ces années bénies où tout était généreux, permissif, et plus libre. "Mon père désespérait de ne pas me voir chercher un vrai métier. Que l'on puisse gagner sa vie en jouant ou en écoutant de la musique restait inconcevable. Il m'imaginait déjà clochard, artiste à la petite semaine ou intermittent de mauvais spectacles. Lorsque, prenant de mes nouvelles, mes oncles ou ses amis demandaient ce que je faisais, il répondait laconiquement ? : "? Du tambour ? ". S'ils insistaient pour savoir dans quelle arme j'effectuais mon service, le tambour ne pouvant être que militaire, il ajoutait le plus sérieusement du monde ? : "? Chez les poilus ? ".

11/2021

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Naturothérapie

Prévenir les infections saisonnières et récidivantes. Avec des remèdes naturels

Le nouvel ouvrage de Luc Bodin qui propose des protocoles thérapeutiques - à base exclusivement de remèdes naturels - pour passer un hiver tranquille ou pour casser le cycle infernal des infections récidivantes. Les infections sont sans aucun doute les pathologies les plus fréquentes. Elles touchent les personnes actives venant ainsi interrompre brutalement leurs activités professionnelles, mais aussi les personnes âgées plus fragiles pour qui, un simple rhume ou une grippe banale peut dégénérer et produire des détresses cardio-respiratoires graves. Les nourrissons et les jeunes enfants ne sont pas épargnés. Ils " tombent " souvent malades de manière rapprochée, voire récidivent à peine l'antibiothérapie terminée. Pour expliquer ce phénomène, la médecine parle d'épidémie, de contact endémique avec des personnes malades, etc. Ainsi, la peste a entrainé le décès de la moitié de la population européenne au Moyen Age ce qui est terrible. Mais pourquoi ce germe si virulent a épargné l'autre moitié de la population ? Nous pourrions aussi demander pourquoi le personnel soignant en contact permanent avec des personnes malades n'est pas plus souvent atteint ? Pour obtenir la réponse, il faut nous tourner vers les médecines naturelles qui expliquent que " le germe n'est rien et le terrain est tout ! ". Voilà donc le chemin à suivre pour prévenir les infections : remonter son terrain et par là son immunité. C'est ce que ce livre vous explique avec des conseils simples et des remèdes naturels. Ceci est d'autant plus important que la plupart des infections sont consécutives à des virus, du moins au départ. Or, ces germes ne sont pas détruits par les antibiotiques, ni par aucun autre traitement (y compris les antiviraux, peu efficaces). Il convient donc de surtout agir sur le terrain. Enfin, d'autres personnes souffrent d'infections récidivantes : sinusite, otite, bronchite, infections urinaires, gastro-entérites, vaginites à répétition malgré les antibiothérapies réalisées. Il convient pour elles aussi de casser le cycle vicieux en stimulant leurs défenses immunitaires. Dans ce livre, vous trouverez de nombreuses thérapies et remèdes performants afin que chacun fasse son choix selon ses aspirations... certains préféreront l'homéopathie, alors que d'autres se tourneront vers la phytothérapie ou l'oligothérapie. Car il n'est pas question bien sûr de vouloir tout faire ou tout prendre. D'une manière générale, les remèdes indiqués dans ce livre sont naturels, simples d'emploi, pauvres en contre-indication et en effets secondaires. Ils peuvent être associés à n'importe quel traitement en cours. Le livre est structuré en 3 parties : - Les causes des maladies infectieuses : fatigue, stress, problème digestif, environnement... mais aussi symbolique des maladies (décodage biologique). - Les remèdes naturels pouvant booster l'immunité : plantes, vitamines, oligo-élements, homéopathie et autres... sont décrits en détails. Chacun pourra faire son choix selon ses goûts et ses convictions. - Des protocoles sont proposés selon les situations des personnes (adultes, enfants, femmes enceintes). Ils sont à mettre en place pour prévenir les infections avec des remèdes naturels.

10/2023

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Pléiades

Histoire de ma vie. Volume 1

Vénitien, beau parleur, imposteur, séducteur, homme de lettres, Casanova est apparemment l'une de ces figures d'aventuriers qui traversent le XVIIIe siècle. Voyageur infatigable, parfois pourchassé par la police, il franchit les frontières, change d'apparence selon les circonstances, et même de nom : Eupolemo Pantaxeno, Paralis lorsqu'il pratique l'occultisme et la magie, M de Farussi lors de son voyage en Russie, Antonio Pratolini lorsqu'il devient "mouchard" au service des inquisiteurs de Venise, ceux-là mêmes qui l'emprisonnent sous les Plombs, ou encore chevalier de Seingalt, titre dont il signe l'Histoire de ma vie. Sa dernière aventure - celle qui le rend à jamais mémorable - est en effet l'écriture de ses mémoires, kaléidoscope offrant le portrait fragmenté de l'homme "le plus vivant de tous les vivants" (Zweig). Né dans la ville du théâtre et du carnaval, fils de comédien, Casanova s'y fait le metteur en scène de sa propre vie. Dans un français teinté d'italien, langue chatoyante dans laquelle il voyait la "physionomie" propre de son style, il y exhorte à un hédonisme jouisseur. À sa mort, il laisse un manuscrit de quelque 3 700 feuillets. Acquis en 1821 par l'éditeur F-A Brockhaus, celui-ci sera jugé scandaleux ou, à tout le moins, impubliable en l'état, et ne sera livré au public qu'une fois traduit, révisé, amendé. Si l'Histoire de ma vie a séduit Stendhal, Musset, Kafka, jusqu'à Cendrars qui y voyait "la véritable Encyclopédie du XVIIIe siècle", des générations de lecteurs n'ont rencontré Casanova qu'à travers le prisme déformant d'éditions tronquées. Le manuscrit autographe, désormais conservé à la Bibliothèque nationale de France, est longtemps demeuré inaccessible. Il ne fut publié qu'en 1960. Mais sa composition un peu primesautière, parfois déroutante (tomes de longueur inégale, découpage tantôt en chapitres, tantôt en fragments), toujours soucieuse pourtant de la cohérence du récit, est encore inconnue du public. Elle est ici proposée sans remaniements, pour la première fois. On en donne une transcription aussi fidèle que possible, en conservant la disposition, la ponctuation et, bien entendu, les italianismes de Casanova. Des notes de bas de page fournissent la "traduction" des mots ou des passages pouvant faire difficulté, ainsi que la version française des citations latines (ou autres) insérées dans le texte. C'est aussi en bas de page que figurent les principaux repentirs de Casanova, qui portent témoignage de son travail d'écrivain et livrent, parfois, le fond de sa pensée. Il s'agissait, en somme, de respecter une oeuvre longtemps malmenée. On espère par là renouveler l'image de Casanova : au-delà des représentations mythiques qui firent sa fortune, montrer le témoin précieux, extraordinairement vivant, de son siècle, l'intellectuel pénétré de la pensée des Anciens comme de celle de son temps, l'écrivain nourri de littérature, l'éblouissant conteur.

03/2013

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Religion

L'homme et sa vérité

Il n'est peut-être pas inutile de dire comment ce dialogue a pris naissance. Depuis longtemps, je regardais avec intérêt la critique littéraire que P. -H. Simon donne, chaque semaine, à un grand quotidien. J'avais assisté aussi à sa réception sous la Coupole par Jean Guitton. Mais je ne savais rien de son oeuvre romanesque ; quant à l'homme, je le connaissais à peine. Néanmoins, et pour beaucoup de raisons, je me procurais sans retard le livre intitulé Questions aux savants qu'il faisait paraître en 1969. L'ayant lu d'un trait, je me trouvais enclin à approuver presque chaque ligne, la raison se joignant à la sensibilité pour me dicter cette approbation. J'étais donc surpris quand j'apprenais un peu plus tard que des hommes de science, qui se prétendaient spiritualistes, élevaient des réserves. Ce qui m'attristait tout particulièrement, c'est la condescendance avec laquelle certains - surtout des physiciens et des mathématiciens - n'hésitaient pas à traiter ce livre de bonne foi. Je me souviens tout particulièrement d'une soirée, rue Madame, où, à une réunion d'intellectuels catholiques, le "pauvre" littérateur était livré sans pitié aux sarcasmes. Heureusement, voilà qu'un homme, un "étranger" , demandait de la salle à prendre la parole. Lui rétablissait les choses. Qui était donc cet avocat ? C'était Jacques Monod, pourtant quelque peu malmené dans Questions aux savants. Pour ma part, je ne pouvais demeurer longtemps silencieux. Je rencontrai P. -H. Simon. Nous eûmes à parler ensemble dans des amphithéâtres. La dernière fois, si ma mémoire est bonne, ce fut pour commenter, l'un en littéraire, l'autre en biologiste, le grand ouvrage de René Huyghe : Forces et Formes. A chaque rencontre, j'étais frappé par tout ce qu'on trouve chez cet homme de vérité. Enfin venait au jour un nouveau roman de l'académicien : Sagesse du soir. Il y a, dans ce roman, le dessin d'une jeune femme qui a tout ce qu'il faut pour terrifier son grand-père et être adorée par lui. C'était Boune. J'étais séduit par Boune... et l'ensemble du livre. Se cristallisait alors, entre deux êtres, une véritable amitié. Au même moment, Monique Cadic, directrice des Editions Beauchesne et également mon amie, qui suivait le progrès de mes relations avec P. -H. Simon, me pressait de donner, dans la remarquable collection Verse et Controverse, un ouvrage qui serait écrit et par lui et par moi. Le projet ne me souriait qu'à demi. - Non disais-je, le choix n'est pas heureux. Les deux hommes que vous voulez opposer se ressemblent trop pour que puisse naître un débat animé. Sur de nombreux points, ils pensent de même. Dans ces conditions, il ne peut y avoir véritable débat ; or, ce qu'attendent naturellement les amateurs de "face-à-face" ce sont les coups qui portent et, éventuellement, blessent.

01/1972

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Ethnologie

Les sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d'oiseaux aux frontières de la Chine

La pandémie de grippe est un des événements qui suscitent une mobilisation au niveau global. Le caractère cyclique des pandémies - la "grippe espagnole" en 1918, la "grippe asiatique" en 1957, la "grippe de Hong Kong" en 1968 - a conduit les experts à penser qu'une nouvelle pandémie était imminente, et qu'elle tuerait des millions de personnes. La question, selon les autorités de santé globale, n'était pas de savoir quand et où la pandémie commencerait, mais si nous étions prêts pour ses conséquences catastrophiques. Il faut donc se préparer aux pandémies pour limiter non seulement le nombre de victimes humaines mais aussi ses effets politiques et moraux. Une pandémie commence quand un pathogène infecte une population humaine non immunisée. On considère que les microbes mutent à travers les espèces animales, où ils se développent habituellement de façon asymptomatique dans leurs "réservoirs animaux" , avant de passer aux humains, où ils produisent infection et contagion. Les virus de grippe, en particulier, mutent et se réassortissent chez les oiseaux, notamment aquatiques, et les porcs, décrits comme des "véhicules intermédiaires" parce qu'ils ont des récepteurs dans leurs voies respiratoires qui peuvent s'attacher aux virus aviaires et humains. Quand les microbiologistes suivent les pathogènes dans leurs réservoirs animaux pour anticiper leur émergence chez les humains, ils introduisent ainsi les animaux dans la société. Ce livre montre, avec les méthodes de l'anthropologie sociale, comment les techniques de préparation pour une pandémie de grippe ont transformé nos relations aux oiseaux. Des milliards de volailles ont été tuées à travers le monde pour éviter que des pathogènes potentiellement pandémiques ne passent la frontière d'espèces. Les oiseaux migrateurs ont été surveillés pour comprendre la diffusion des virus de grippe en-dehors de leur lieu d'émergence. L'anthropologie sociale, en tant qu'elle produit du savoir sur les similarités et les différences entre les humains et les autres animaux, peut prendre les pathogènes franchissant les barrières d'espèces comme point de départ pour une enquête sur les transformations des relations entre humains et non-humains. La connexion entre les relations hommes/animaux et les mesures de santé publique s'opère dans les deux sens ? : de nouvelles relations entre hommes et animaux (comme l'intensification de l'élevage industriel) a produit de nouveaux risques d'émergence, mais les techniques utilisées pour limiter ces risques (comme l'abattage massif de volailles ou l'usage de poulets sentinelles) a aussi changé la façon dont les hommes interagissent avec les animaux. Ce livre est basé sur une recherche ethnographique conduite à Hong Kong, Taiwan et Singapour entre 2007 et 2013. Ces trois territoires ayant été affectés par la crise du SRAS en 2003, ils ont investis dans les techniques de préparation à une pandémie de grippe. Mais ces trois territoires étaient aussi mobilisés contre un virus de grippe aviaire venant de Chine, où le nombre de volailles domestiques avait dramatiquement augmenté au cours des quarante dernières années. Hong Kong, Taiwan et Singapour sont trois points de passage pour la diaspora chinoise, qui pouvait ainsi s'identifier avec les oiseaux migrateurs accusés de propager la grippe à travers le globe. L'un des arguments soutenus dans ce livre est que ces trois territoires situés aux frontières de la Chine et connectés au reste du monde ont trouvé avec la grippe aviaire un langage pour parler des problèmes qu'ils ont avec le continent chinois, considéré comme une puissance émergente dont les conditions de vie manquaient de transparence. Ce livre associe un argument théorique en anthropologie sociale avec une ethnographie des relations entre hommes et animaux dans des techniques de santé publiques afin de saisir ce qu'est "la préparation au niveau aviaire" dans des territoires asiatiques singuliers.

06/2020