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Chris Debien

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Beaux arts

Renaissance dionysiaque. Inspiration bachique, imaginaire du vin et de la vigne dans l'art européen (1430-1630)

La figure de Bacchus ou de Dionysos incarne et résume un faisceau d'idées, d'évolutions et d'aspirations caractéristiques de la Renaissance, période au cours de laquelle on a cherché à renouer plus étroitement avec l'héritage antique et certaines de ses valeurs, à relativiser ou à redimensionner la place du christianisme pour des registres existentiels qu'il avait souvent disqualifiés, et à explorer les parentés multiples qui faisaient s'entrecroiser des composantes culturelles païennes et chrétiennes. Bacchus n'est pas que le dieu de l'ivresse, compagnon de tous les plaisirs, notamment de la danse et de l'amour ; il préside à la fertilité sous toutes ses formes : agricole et humaine, mais aussi littéraire ou artistique. Il est la source ou le symbole d'une inspiration qui sert régulièrement de miroir aux peintres et se fait parfois principe de contemplation philosophique et métaphysique. Divers artistes parmi les plus célèbres de la période, tels Bellini, Titien, Michel-Ange, Raphaël, Caravage, Rubens, ont exploré ces potentialités à travers des oeuvres majeures d'où ressortent les fonctions multiples et souvent paradoxales, propres à la sphère dionysiaque. Elles relèvent en effet aussi bien de l'excès que de la tempérance, du burlesque que du philosophique, du populaire que de l'aristocratique, de la trivialité que de l'élévation, de la vie que de la mort. Ainsi, l'antique divinité chtonienne s'est transformée en vecteur et incarnation du salut, et ce rapport à l'au-delà, un artiste comme Donatello va savoir génialement le renouveler dans une perspective chrétienne. Au-delà d'une redécouverte élargie et d'une réinterprétation variée de la culture antique, la Renaissance a ainsi travaillé à une fusion de ces traditions apparemment contradictoires, comme à une remise à jour de ce qu'il y a de profondément païen dans le christianisme, à un retour du refoulé dionysiaque tel qu'il ressort des thèmes iconographiques du pressoir mystique ou du Christ-vigne.

02/2015

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Vins et savoirs

Ville et vin en France et en Europe. Du XVe siècle à nos jours

La question de la relation entre l'espace urbain et son arrière-pays viticole, si elle est présente ici par le biais de monographies comparées assez neuves, se pose essentiellement, depuis le XVe siècle, en termes de flux, de transports, de voies de communication et d'intermédiaires humains. Cette union apparaît d'ailleurs sous une multitude de formes, qu'elles soient économiques, avec le développement de maisons de courtage, d'entrepôts ou de chais ; politiques, avec l'établissement de taxes et de règles bien précises ; paysagères avec des édifices dédiés ; culturelles autour de fêtes, de foires ou d'expositions. Au-delà des échanges économiques immédiats et de l'exportation du vin par la voie maritime, dont le port de Bordeaux est emblématique, ce livre bien illustré montre toute la complexité et les dynamiques des liens qui unissent la ville au vin en France mais aussi en Europe sur le temps long. Si Bordeaux, Reims, Beaune, Lyon mais aussi Gênes, Porto ou Malaga semblent des cités marquées par une culture du vin entendue au sens le plus large possible, qu'en est-il d'Epernay, de Dijon, de Cognac mais aussi de Tokaj ou de Köszeg sans compter des plus petites villes des vignobles Rhénois ? Ce livre se propose ainsi d'offrir, à travers le temps et l'espace, un panorama presque complet d'exemples variés qui permettent de répondre à ces questions de construction et d'identité des systèmes économiques urbains et viticoles. Le changement constant d'échelles géographiques est important pour comprendre les mécanismes unissant les espaces urbains et viti-vinicoles. C'est en cela que ce livre dresse à partir des territoires français et européens, à des époques différentes, toute une série d'études de cas s'articulant autour de trois points importants : la relation entre la ville et son territoire viticole, la place du commerce du vin dans l'édification d'espaces spécifiques et enfin, le rôle du contrôle, de la norme et des identités culturelles.

05/2021

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Vie chrétienne

Charles de Foucauld et Marie de Magdala

Ne pensez pas qu'il s'agit dans cet ouvrage, dont la première édition date de 1950, de biographies parallèles, même si des ressemblances frappantes existent entre ces deux convertis à deux millénaires d'intervalle et si Charles de Foucauld, aujourd'hui canonisé, eut une grande dévotion à Marie –Magdeleine, soeur de Marthe et de Lazare. Tous les deux, dans leur jeunesse eurent une vie tumultueuse, elle, d'une grande beauté et riche, fut une grande courtisane et lui, jeune officier, eut une conduite scandaleuse. Leur ascension vers un véritable amour fut, pour elle, un regard de Jésus-Christ, pour lui une première confession intimée par l'abbé Henri Huvelin dans l'église Saint-Augustin à Paris. Ce livre est un recueil de méditations sur cet amour spirituel qui prit possession de deux âmes de manière bien différente, mais pourtant exclusive et totale, au prix d'un dépouillement absolu, quasiment soudain pour Marie et par étapes pour Charles, en passant par la Trappe, puis par la Terre Sainte avant de se sublimer dans le désert du Hoggar et de Tamanrasset. Ces méditations font appel à la fois à des passages des Evangiles comme à des textes de Lacordaire et de quelques théologiens, mais aussi à des conditions de vie fort intéressantes pour les premières années du christianisme avec Marie à Béthanie puis à la Sainte-Baume et sur l'Afrique avec Charles qui, tout en cultivant une grande solitude en compagnie du seul Rédempteur, pria pour les Arabes, les Berbères, les Touaregs et apprit leur langue pour commencer à les évangéliser. C'est avec une fine psychologie et une délicatesse remarquable que René Pottier montre la conversion de ces âmes de même famille, de leur attachement aux Evangiles que Marie a vécu avant même leur écriture et Charles par l'exemple. Tous deux auront été des missionnaires, elle en Provence, lui dans le désert. Tous deux ont répondu à l'amour par l'amour.

06/2022

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Esotérisme

François des Oiseaux, Claire et le Soleil. Le secret d'Assise

Ce livre n'est pas un récit de plus parmi la multitude de ceux consacrés à François d'Assise. C'est bien autre chose... C'est une totale plongée dans son âme et au coeur du mystère qui l'a alimentée. On croit tous connaître plus ou moins la trajectoire fulgurante de cet homme qui, mille deux cents ans après le Christ, a voulu en retrouver la simplicité et la douceur. On croit connaître... mais on ignore pourtant l'essentiel : l'énorme secret qui l'habitait et qui, s'il avait été divulgué, aurait pu changer le visage de l'Occident. C'est à la découverte de ce secret que Daniel Meurois nous invite, en plongeant à ses côtés dans la Mémoire du Temps. Par les yeux de François lui-même et par ceux de Claire d'Assise, sa sœur d'âme, il nous entraîne de l'Italie médiévale vers l'Égypte et les Chevaliers du Temple, là où Islam et Christianisme parlent d'un même jardin intérieur : celui de la compassion et de l'amour pour tout ce qui est. Grâce à son approche différente, audacieuse et émouvante du véritable itinéraire du " Poveretto", Daniel Meurois nous ramène une fois de plus aux sources premières de la pensée christique, vers son essence révolutionnaire, ses faits historiques et ses mystères, soigneusement cachés. Mais, au delà de tout cela, l'enseignement délivré par François des Oiseaux touchera chacun par la modernité de son propos, celui de la recherche d'un nécessaire et possible mariage entre l'Esprit et la Chair. Répondant à notre besoin de vérité, il restitue avec justesse, liberté et tendresse ce que fut la relation de l'incontestable couple solaire formé par François et Claire d'Assise. Un témoignage qui nous renvoie à nos interrogations d'aujourd'hui, un livre qui ose dire, un regard qui secoue la vie, tout en nous rappelant sa beauté.

12/2008

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Magie

La tradition martinésiste. Théologie et théurgie des élus coëns

La Tradition martinésiste apparaît en France, au XVIIIe siècle, portée par l'homme qui lui a donné son nom : Martines de Pasqually (1710 - 1774), fondateur et premier grand souverain de l'Ordre des chevaliers maçons élus coëns de l'Univers. Elle a été transmise à sa suite par Louis-Claude de Saint-Martin, le Philosophe inconnu, dans son oeuvre, et par Jean-Baptiste Willermoz, dans les grades et les instructions du Rite écossais rectifié. Cette tradition à part entière s'apparente à certaines formes de la kabbale, sans être pour autant de nature kabbalistique. Mais elle se rattache surtout, par des relais qui restent encore mystérieux, à certains courants du judéo-christianisme des premiers siècles de notre ère. La Tradition martinésiste comprend une doctrine théosophique d'une richesse inouïe. On y enseigne la nature de Dieu, l'émanation des esprits ou des anges, et de l'homme, leur prévarication et leur chute dans les formes célestes et terrestres, les rapports entre les êtres, la nature des corps et des âmes, sous l'angle de l'arithmosophie, c'est-à-dire de la sagesse des nombres, comme expression de ces réalités supérieures. Mais la Tradition martinésiste enseigne aussi une pratique théurgique complexe, spécifique à l'Ordre des élus coëns : le culte primitif transmis par les grands élus, depuis Adam jusqu'au Christ, et confié par Martines de Pasqually aux élus coëns. Après avoir décrypté et commenté les rituels de réception des élus coëns (" Les Sept sceaux des élus coëns ", Le Mercure Dauphinois, 2011), Serge Caillet nous livre aujourd'hui une explication, point par point, des grands thèmes de la Tradition martinésiste, basée sur l'étude des textes et de nombreuses figures explicatives du XVIIIe siècle. Avec cette synthèse sans pareille, Serge Caillet éclaire d'un jour nouveau la Tradition martinésiste, en donnant à tous les amateurs de choses cachées les clefs de la théosophie et de la théurgie des élus coëns.

10/2021

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Sculpteurs

Denis Monfleur. Peuples de Pierre, Edition bilingue français-anglais

Première exposition personnelle d'envergure consacrée en France à Denis Monfleur, "Peuples de pierre" présente une centaine d'oeuvres de l'artiste. Denis Monfleur est l'un des rares sculpteurs de sa génération à perpétuer la tradition ancestrale de la taille directe et à se confronter aux pierres les plus dures. Son travail s'inscrit dans une tradition séculaire de la sculpture, de l'art roman à Giacometti en passant par Michel-Ange, Picasso ou encore Dubuffet. L'exposition "Peuples de pierre" donne à voir l'intérêt de l'artiste pour la figure humaine qui, par son aspect mi-figuratif mi-abstrait - traits du visages absents ou à peine esquissés -, accède à une dimension universelle et intemporelle. Son oeuvre est loin des effets de mode et des catégories esthétiques usuelles avec une dimension spirituelle que l'on retrouve dans plusieurs oeuvres (Christ, Anges, Prophètes, Moines). Autodidacte et actif depuis la fin des années quatre-vingt, Denis Monfleur se partage entre son atelier de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) et celui de son Périgord natal. Après avoir débuté comme praticien de José Subira-Puig et Marcel van Thienen, il développe une approche personnelle. A l'exception d'une oeuvre de jeunesse utilisant encore le bronze et le bois (Kafka, 1983), la plupart des oeuvres exposées s'échelonnent de 2010 à 2023, années marquées par son entrée à la galerie Claude Bernard à Paris. Il s'agit d'une étape charnière dans la carrière de l'artiste qui élargit alors son vocabulaire plastique par l'utilisation de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux comme le granit, le basalte ou encore la diorite. Il explore aussi les riches possibilités de la polychromie, avec un travail poussé sur les patines et développe une technique inédite d'émaillage de lave volcanique. Les titres de ses oeuvres sont volontairement évocateurs et convoquent l'histoire antique, la mythologie, l'humour, l'histoire de l'art, notamment à travers l'hommage à des artistes iconiques, comme Delacroix ou encore Picasso.

06/2023

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Littérature française

Les enfants de la nuit

Après Innocence, le roman de l'enfance, voici celui de l'adolescence et de toutes les premières fois. De manière rêvée, parfois crue, Eva Ionesco retrace une existence violente dans le monde de la nuit, à la fin des années 1970. Vendue par sa mère en Lolita dénudée sur des couvertures de magazine, l'enfant trop en avance erre seule et sans but, jusqu'au collège et à la découverte de l'amitié avec Christian Louboutin. Elle l'aime ; lui, homosexuel, va désormais la protéger et faire avec elle les 400 coups. Puis viendront Vincent Darré, la belle Edwige, Alain Pacadis et enfin, au bout de la nuit et des rencontres parfois limite, frôlant le danger et la mort, ce sera la découverte de l'amour fou, Charles Serruya. Il a 29 ans et elle 13. Christian, Eva, Vincent, la bande traverse le Paris mondain, celui de la mode et des grandes fêtes mythiques du Palace, mais aussi, plus populaire et secret, celui de Pigalle, de Montparnasse ou de la Main bleue à Montreuil. Travailleurs immigrés, militants homosexuels, sapeurs africains, travestis, journalistes à Libération, c'est un Paris divers, mêlé, sans tabous qui se côtoie. Avec les copains, on michetonne, on vole, on se drogue, on fait des strip-teases forains, en groupe c'est si amusant. Paris est une fête, on y danse, la foule est joyeuse, c'est l'aventure, la vie devant soi... Mais en arrière-fond trône la mère d'Eva, l'inquiétante Irène, accusée par le juge pour enfant d'avoir fait mener une existence contre nature à sa fille et de la vendre. Une assistante sociale mène l'enquête et Eva se mure dans le silence, terrifiée à l'idée de voir la petite bande menacée par la police. Poétique, rocambolesque, le récit restitue l'âme d'un Paris disparu. Quête éperdue de l'amour, il est aussi une adresse à l'amitié, à la tendresse, à ceux qu'on a chéris depuis l'enfance et qu'il est impossible d'oublier.

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Récits de voyage

Les mots sont des pierres. Voyages en Sicile

L'oeuvre de Carlo Levi occupe une place centrale dans la littérature italienne du XXe siècle. Curieusement, elle est très peu traduite en français. Les lecteurs ne connaissent guère que le magnifique Le Christ s'est arrêté à Eboli ; or, plusieurs de ses livres manifestent une force d'écriture aussi grande que celui-ci. Les mots sont des pierres, qui a reçu le prestigieux Prix Viareggio, est particulièrement important dans son oeuvre. Publié pour la première fois en 1955 chez Einaudi, il était jusqu'ici inédit en français. Il s'agit d'un témoignage passionnant sur la Sicile, ses lieux et sa géographie, mais plus encore sur la vie du peuple, ses luttes, sa culture. Il contient, écrit Vincenzo Consolo, "une sorte de rythme urgent, une tension et presque une fièvre du regard et de l'intelligence dans la façon de cueillir voracement la réalité et de la restituer aussitôt, dans sa pureté et dans sa signification la plus vraie". Les mots sont des pierres est, dit Carlo Levi, "le récit de trois voyages en Sicile et des choses de là-bas, telles qu'elles peuvent tomber sous l'oeil averti d'un voyageur dépourvu de préjugés." Ces récits sont de tonalités très diverses. Il y a l'histoire de ce fils de cordonnier sicilien devenu maire de New York et qui revient, presque comme une divinité, le temps d'une courte visite, dans son village natal. Levi découvre ensuite le vieux monde sicilien des soufrières et la première grève de ses travailleurs. Puis c'est Palerme, Palerme faste et misérable aux rues grouillantes d'humanité, aux souterrains des couvents remplis de cadavres embaumés, Catane, noire de lave, et enfin le désespoir des paysans de Bronte, le désespoir de toute cette Sicile qui pleure ses morts et souffre des injustices, l'histoire de Francesca Serio, mère d'un syndicaliste assassiné par la mafia, sa ferme détermination : "les larmes ne sont plus des larmes mais des mots, et les mots sont des pierres".

04/2024

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Théologie

Leçons morales tirées du livre de Job. Livres VII à IX

Ce troisième tome des Leçons morales tirées du livre de Job ouvre une nouvelle phase de la méditation biblique de saint Grégoire. Il y prend de la hauteur, puisqu'il médite ici davantage sur le sort éternel des sauvés ou de ceux qu'il appelle les "réprouvés", jusqu'à nous décrire la "logique" qui prévaut en Enfer, où la fin est sans fin, où l'on expérimente continuellement une "mort sans mort, une disparition sans disparition". Mais l'intérêt des Livres VII à IX est aussi de traduire en termes d'intériorité tout l'enjeu de notre salut, où l'intérieur représente l'être même de Dieu auquel il a donné part à l'homme, dès sa création. Passé de l'intérieur à l'extérieur, par son consentement au péché, l'homme a perdu la lumière intérieure dont il jouissait. Il a surtout cessé de s'habiter lui-même, de connaître son authentique identité de fils de Dieu. Et c'est le deuxième volet de ce volume qui décrit en termes saisissants la condition humaine dans ses multiples contradictions, ses limites, sa finitude qui explique aussi toute la difficulté d'une conversion authentique de notre coeur, toujours entaché d'amour-propre. Si bien que le juste met sa force non dans la réussite en ce monde, mais préfère se réjouir des épreuves qui lui sont imposées et même des tentations qui contribuent à le purifier ; en un mot, mieux vaut l'"adversitas", qu'une vie où tout semble vous sourire. On le voit, il ne s'agit jamais de "comprendre" le mystère du mal, comme si l'on pouvait le saisir intellectuellement et en rendre compte par des mots. Il s'agit beaucoup plus, avec Job, d'y consentir, d'y entrer dans une attitude de foi, mais librement, activement, oserait-on dire "amoureusement", comme on rejoint le Christ en son mystère pascal.

10/2023

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Moyen Age - Critique littérair

Parler aux "simples gens". Un art médiéval

Pourquoi parler aux simples ? Et a fortiori dans leur langue ? Le christianisme exigeait l'adhésion personnelle des individus. Il fallait donc parler à tous. C'est ce qu'ont tenté de faire les auteurs médiévaux qui, entre intérêt et moquerie, respect et mépris, ont ainsi donné naissance à la littérature en langue vulgaire. Les langues nouvelles existent à peine quand les conciles commencent à insister sur l'obligation d'y recourir pour prêcher au peuple et quand les premiers poèmes religieux ou sermons dans ces langues commencent à être écrits. Mais qui sont les simples ? On voit en eux la figure du Christ, mais on les méprise, on les exploite, on se moque d'eux. On est déchiré entre le modèle de la grande rhétorique latine et la puissance de vérité qui émane de la simplicité biblique. On est fier d'écrire encore de la poésie latine métrique, reposant sur la longueur des syllabes, mais l'oreille des simples ne perçoit plus que le compte des syllabes et bientôt l'écho de la rime, comme dans les langues nouvelles. On réfléchit aux meilleures méthodes pour s'adresser aux simples, au ton et au style à employer, aux anecdotes qui rendront le propos plus vivant et, ce faisant, on finit par imiter leur langage, mais alors non sans condescendance ou moquerie. Parler aux simples, parler des simples, faire parler les simples : tout se mêle, les contradictions s'amplifient, les formes littéraires en jouent et, cruellement parfois, elles s'en enrichissent. C'est ce labyrinthe que parcourt librement ce petit livre. Il ne prétend pas en trouver le secret et accepte de s'y perdre. Mais il ne peut s'empêcher de rendre hommage à cet effort pour parler aux simples que nous devons à ce Moyen Age si décrié et aux conséquences qu'il a eues sur notre langue, notre littérature, notre civilisation et nos convictions.

05/2023

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Philosophie

Le silence des bêtes. La philosophie à l'épreuve de l'animalité

L'Antiquité fut en quelque sorte un âge d'or pour les bêtes. Car si les hommes offraient des animaux en sacrifice à Dieu, aux dieux, ils s'accordaient sur leur statut d'êtres animés et avaient pour elles de la considération. Certes, bien des questions demeuraient ouvertes, et les philosophes de ce temps ne manquèrent pas de s'entre-déchirer en tentant d'y répondre. Les animaux pensent-ils ? Sont-ils doués de raison ? Ont-ils la même sensibilité que nous ? Faut-il s'interdire de les manger ? Mais pourquoi donc restent-ils silencieux ? Depuis que Dieu s'est fait homme, que le Christ s'est offert en sacrifice tel un agneau, c'est-à-dire depuis l'ère chrétienne, la condition de l'animal a radicalement changé. Désormais les philosophes se préoccupent surtout de verrouiller le propre de l'homme et de ressasser les traits qui le différencient des autres vivants, lesquels sont considérés comme des êtres négligeables : tenus pour des machines (Descartes) et à l'occasion comparés à des pommes de terre (Kant). Des hommes d'esprit et de coeur font bien sûr exception, au XVIIIème siècle surtout. A leur suite, Michelet dénoncera prophétiquement l'injustice faite aux animaux et annoncera que c'est compromettre la démocratie que de les persécuter. Au XXème siècle, une certaine littérature vient renforcer de nouveaux courants philosophiques pour rappeler que la manière dont nous regardons les bêtes n'est pas sans rapport avec la façon dont sont traités quelques-uns d'entre nous, ceux que l'on déshumanise par le racisme, ceux qui, du fait de l'infirmité, de la maladie, de la vieillesse, du trouble mental, ne sont pas conformes à l'idéal dominant de la conscience de soi. Ce livre expose avec clarté la façon dont les diverses traditions philosophiques occidentales, des Présocratiques à Derrida, ont abordé l'énigme de l'animalité, révélant par là même le regard que chacune d'elle porte sur l'humanité. C'est pourquoi on peut le lire aussi comme une autre histoire de la philosophie.

09/1998

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Ordres et vie monastique

La voie de la miséricorde

"Elle avait mis du temps à le comprendre, et à l'admettre ; pour dire la vérité, elle n'en avait pas été contente tous les jours, il lui était arrivé de renâcler. Elle avait avancé néanmoins, sans épargner ses forces ni compter ses peines, guidée par l'amour qu'elle portait au Christ, et la certitude, dont aucune épreuve n'avait jamais triomphé, qu'elle pourrait toujours s'appuyer sur lui, qu'il ne la laisserait manquer de rien, quoi qu'il arrivât. Elle ne s'était pas trompée, et il ne l'avait pas trompée. Elle savait aussi, avec une clarté aveuglante, que son oeuvre représentait beaucoup plus qu'un refuge accordé à des femmes en détresse qui avaient rarement choisi la voie du vice et du péché sur laquelle elles s'étaient engagées. Thérèse n'avait pas travaillé à rendre de bonnes citoyennes à la société civile, comme l'assurait M. de Hercé autrefois, elle avait oeuvré à peupler le royaume des Cieux. Et c'était autrement important". Thérèse Agathe Rondeau naît le 6 octobre 1793 à Laval en Mayenne. Jeune repasseuse lavalloise, elle aspire à vingt ans à consacrer toute sa vie à Dieu. Sous l'inspiration de son père spirituel, en 1818, elle vient au secours de celles qu'on appelle "les filles perdues" , objets de mépris social, et abandonnées à leur misère et leur solitude. Son objectif sera humain et spirituel : leur rendre leur dignité et leur honneur d'enfant de Dieu. Son oeuvre, Notre-Dame de la Miséricorde, soutiendra des centaines de jeunes filles. Elle sera aussi le berceau d'une autre vocation : sainte Faustine, religieuse polonaise, à l'origine d'une dévotion à la Divine Miséricorde. D'une plume toujours élégante et précise, Anne Bernet nous plonge avec éblouissement dans l'épopée historique d'une belle âme de France au début du XIXe siècle. Anne Bernet est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages historiques traduits en une douzaine de langues, et spécialiste de l'histoire de l'Eglise.

11/2023

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Romans historiques

Angola. Entre les brumes de nos mémoires

La première fois où elle me parla de Manoel Ferreyra Vaz. il n'y avail pas la moindre trace d'amour dans sa voix, c'est ce qu'il me sembla alors, mais une excitation juvénile à l'idée d'évoquer le passé, elle agita ses petites mains tachées, on s'attendait à la voir battre des mains des petites mains pecosas, tengo las manos pecosas, j'ai les mains couvertes de taches, sa mémoire était intacte et elle m'avait tout de suite reconnue. Je l'avais rencontrée une première fois sur l'une des plages de La Corogne, la Riazor je crois, la deuxième ce fut dans le choeur de la cathédrale Saint-Nicolas — je faisais alors une thèse sur la transition entre le roman et le gothique et passais le plus clair de mon temps dans les églises — et je la retrouvais miraculeusement dans ce petit jardin de San Carlos. à la pointe de la vieille ville, un jardin dit "exotique" qui aurait dû lui rappeler l'Afrique, (elle y venait peut-être pour cela), avec en surplomb ce tombeau de sir John Moore qui lui évoquait sans doute d'autres Anglais et d'autres sépultures, mais elle avait beau remuer son éventail en soupirant, la moiteur de l'Afrique n'y était pas ni les cris des singes, ni la lente progression des lémuriens ni la courbe des fleuves traînant leurs eaux plates entre des rives herbeuses et je m'assis sur le banc à côté d'elle "Quelle bonne surprise ! Si je m'attendais à vous rencontrer ici ! " et elle feignit le contentement et je feignis la surprise et, quitte à m'imposer un peu plus (mais les femmes àgées ont cette supériorité sur nous,elles ont le temps, elles ont tout leur temps), je lui demandai à nouveau de me parler de "là-bas"....

11/2020

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BD tout public

Philoctète et les femmes

D'après Sophocle, c'est en partance pour Troie qu'Ulysse et ses hommes abandonnent Philoctète à ses douleurs sur l'île de Lemnos. L'Argonaute, depuis qu'il avait été mordu par un serpent au sanctuaire de Chrysa, ne cessait de souffrir, et ses cris insupportaient les Grecs. Philoctète, en Robinson antique, y passe donc dix années à survivre en maudissant Ulysse et sa lâcheté. Quand les Grecs comprennent qu'ils ne pourront faire tomber Troie sans les flèches d'Hercule, ils reviennent l'embarquer pour gagner la guerre. Voilà la version la plus connue, telle que racontée depuis toujours d'après Sophocle. Toutefois Grégoire Carlé rapporte un détail d'importance omis dans la tragédie antique : l'île de Lemnos n'était pas déserte, mais peuplée de farouches amazones, obsédées sexuelles, qui menaient la vie dure au pauvre Philoctète ! Quand lui se contenterait bien de rester dans sa grotte et panser cette plaie qui l'épuise, les Lemniennes l'harnachent régulièrement à une table pour le violer sous prétexte de rituels religieux. Epié, chassé, capturé, le pauvre doit sans répit satisfaire l'hystérie sexuelle des amazones déchaînées, jusqu'à ce que le bateau d'Ulysse ne revienne accoster au rivage... Dans ce péplum moderne, porté par une vraie érudition, Grégoire Carlé retrace rien moins que l'affrontement, dans la mythologie grecque, des visions du monde masculine et féminine, qui débouchera sur la victoire du monde patriarcal et sur la rupture avec l'appartenance cosmique au grand TOUT un et indivisible. Philoctète et les Femmes nous donne à voir ce monde qui fut et qui pourrait être à nouveau. Ce n'est donc pas qu'un livre de bande dessinée : c'est une expérience initiatique placée sous le signe de Dionysos. Soyez prêts !

09/2014

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Jardinage

La vie érotique de mon potager

"Un pommier de Normandie, au printemps, se fait l'amour par cent mille fleurs" [...] (René Barjavel) Quoi de plus érotique qu'un potager ? Pas grand-chose si l'on en croit les mines réjouies, les soupirs de ravissement, les cris de surprise et les sourires entendus de tous ces jardiniers ravis rentrant de quelques heures au jardin ! Quoi de plus émoustillant en effet que ces fruits ou racines aux formes aguicheuses, ces belles aux pétales frémissants, aux corolles épanouies ? Ne nous étonnons pas de cette ambiance torride au potager, entre pistil accueillant et étamines dressées ! Merci, merci et merci encore aux plantes d'avoir inventé la sexualité ! Tout apprendre des moeurs potagères et des réalités physiologiques liées à la reproduction nous permet de mieux comprendre et cultiver nos fruits et légumes — en freinant par exemple l'empressement des laitues ou en encourageant l'appétit sexuel des tomates —, mais également de mieux nous comprendre... Découvrons dans ce livre "tout ce que nous avons toujours voulu savoir sur les plantes sans jamais oser le demander" (modes et organes de reproduction, classifications, techniques jardinières appropriées et suggestives...), puis partons pour "quatre saisons de plaisir dans un jardin potager" : une promenade érudite pour découvrir les mystères de l'ail, de la bourrache, du houblon, de la menthe ou du piment. Pas moins de 45 plantes nous dévoileront ainsi leurs intimes secrets et petits trucs inattendus, à nous qui pensions pourtant bien les connaître ! Un beau livre, illustré de photos et dessins, agréablement plus licencieux que les habituels manuels de jardinage, à l'image de nos potagers finalement : gais, source de plaisir, de découvertes et d'émerveillements. Bref, tellement pleins de vie ! Les plantes nous ont offert la sexualité, l'art de séduire, de se parer ou d'embaumer... prenons-en de la graine !

03/2019

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Beaux arts

Extases

Ernest Pignon-Ernest est né à Nice en 1942. Depuis 1966 il fait de la rue le lieu même d'un art éphémère qui en exalte la mémoire, les évènements ou les mythes. Il a ainsi préfiguré nombre d'expériences artistiques sollicitant l'espace du dehors. Par la facture puissante, comme intemporelle, de ses images et l'acuité de leur inscription dans le réel (choix signifiant des sites et du moment), les interventions d'Ernest Pignon-Ernest métamorphosent les lieux en espaces plastiques, poétiques, fictionnels, réminiscents, jusqu'à faire de ces lieux et du temps l'œuvre même. Du Chili à Soweto, d'Alger à Naples, de Charleville à Paris, la confrontation des drames de notre temps comme l'exploration de destins individuels en rupture de norme ou de mythe à raviver font prendre à l'artiste un risque chaque fois inédit, celui-là même qui hantait Rimbaud quand il s'acharnait à trouver le lieu et la formule. Dans les années 90, lors de ses collages dans les rues de Naples, un vers de Nerval l'a mené à un dialogue très libre avec les grandes mystiques : Marie Madeleine, Hildegarde de Bingen, Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila, Marie de l'Incarnation et Madame Guyon. Pour qui a toujours fait du corps l'objet et le sujet de ses explorations, la rencontre autour d'une thématique de cette nature relève autant d'une quête que d'un défi. Comment représenter ce qui ne peut se voir ? Comment faire image de chairs qui aspirent à se désincarner ? Comment capter les traces, les effets, les lumières, les ombres, les soupirs ou les cris d'expériences ineffables ? Comment restituer par des traits de tels transports, de tels excès, de telles effractions sublimées ?

07/2008

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Religion

L'approche théologique de Jean-Marc Ela et sa pertinence en Afrique. Cri de l'homme et cri de la terre

Le paradigme théologique du cri de l'homme de Jean-Marc Ela nous amène finalement à la conviction qu'un continent évangélisé se perçoit dans sa capacité d'écoute et d'accueil des plus fragiles ; qu'une société évangélisée se reconnaît à travers la pratique de la justice sociale, l'attention qu'elle porte aux pauvres, aux handicapés, aux assujettis, aux marginalisés, aux démunis. Un monde évangélisé se reconnaît à sa sensibilité aux cris des oppressés et des laissés-pour-compte. Dans l'approche théologique d'Ela, la vie sociale devient donc le baromètre qui donne un indice de perception de la foi des personnes vivant de cette société. Ce n'est pas seulement le nombre des baptisés, ni les messes pleines bruyamment animées, ni la multitude des sacrements administrés par an, ni les sermons enflammés, ni le catéchisme sans cesse rabâché, qui permettent de voir le degré de foi d'un peuple, mais la réalité sociale. Une vie de foi librement et consciemment assumée se vérifie dans sa capacité à transformer l'existence sociale. L'existence sociale devient ainsi le reflet et le miroir du degré de foi individuelle. Une foi individuelle qui n'aboutit pas à un changement performatif de la réalité sociale risque d'être bel et bien morte. Le christianisme chez Ela n'est pas seulement un message, mais il est une vie. Etre chrétien doit signifier et modifier quelque chose dans le rapport de l'homme avec l'autre, avec la société civile et avec la nature. C'est dans le monde d'ici-bas que Dieu nous appelle à coopérer à la construction du règne de Dieu par l'instauration de la justice, dans l'éveil permanent de notre sensibilité au cri des pauvres et au cri de la nature.

10/2020

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Histoire internationale

Mémoires de sang, mémoires de vie. Mythologies créoles

Un livre baroque, foisonnant, un face-à-face où Michel Rovélas se raconte, mais à la manière d'un torrent en crue charriant tout sur son passage. Ses Mémoires de vie/Mémoires de sang s'enracinent très loin dans l'histoire, bien au-delà de son vécu personnel. Son livre ressuscite un monde disparu mais toujours présent dans la mythologie créole. Comme si une mémoire ancestrale tout à coup ressurgissait, redonnant vie aux villages traditionnels, aux dieux, ranimant l'âme des peuples caribéens. Un livre déroutant et ensorcelant qui conjugue la mémoire et le rêve, le politique et le poétique, le dialogue et la solitude qui fécondent son écriture comme sa peinture et sa sculpture. Mais aussi un hymne aux femmes-déesses dont les voix sont des cris d'amour et des chants d'oiseaux. D'où ce climat érotique qui baigne l'ouvrage, alternant avec une atmosphère sacrée, mais aussi l'évocation de la vie quotidienne, des familles, des amis, des voyages. Promenade enfin dans les merveilleux paysages de la Guadeloupe, séances de travail dans l'atelier de Capesterre-Belle Eau, sans oublier les meetings, les combats contre le colonialisme et les racismes, contre l'aliénation. Si les mécanismes de création de Michel Rovélas ont partie liée avec le caractère surréaliste du monde créole, la nature mythologique de ses interprétations se nourrit aussi d'un constat réaliste : loin de peindre un monde enchanteur, Michel Rovélas dénonce une société émiettée, cassée qui, depuis la catastrophe historique de la colonisation, cherche un sens à sa vie. L'ouvrage comporte 32 pages de photos en couleur et noir & blanc qui donnent à voir l'oeuvre d'un artiste qui se nourrit de mythologies caribéennes et d'un surréalisme au quotidien.

10/2019

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Critique littéraire

Céline. Paria et génie

Des rampes de Courbevoie en bord de Seine jusqu'à la froidure de l'exil danois, Céline (1894-1961) va se fabriquer une vie étincelante. Dans son histoire personnelle comme dans ses livres. Ce n'est pas par hasard que les critiques littéraires ont affirmé avec conviction que les deux plus grands auteurs français du vingtième siècle s'appellent Proust et Céline. Médiocre médecin généraliste, Louis Destouches prend le prénom de sa grand-mère bien aimée, Céline, comme pseudonyme. Marié en Bretagne et rapidement divorcé, il livre en 1932 son chef-d'oeuvre Voyage au bout de la nuit, une révolution dans la forme et dans les cris. Il le dédicacera au seul amour de sa vie, la danseuse américaine Elizabeth Craig. Son deuxième grand livre, Mort à crédit, n'a pas le succès espéré sauf auprès de ceux qui adorent les fulgurantes envolées lyriques de Céline, les amoureux de son style qui va populariser l'écriture, la rendre percutante. Ce n'est pas de l'argot mais une invention permanente des mots et des phrases. Même dans les abominables pamphlets qui vont suivre comme Bagatelles pour un massacre, l'éblouissant talent de Céline fait oublier son antisémitisme radical et misérable. Céline carbure à la haine mais revient au roman avec l'époustouflante trilogie allemande : D'un château l'autre, Nord et Rigodon. Homme à femmes, il termine pourtant sa vie avec une pénélope fidèle, Lucette Almansor, dans sa retraite de Meudon. Il échappera à une probable et sévère condamnation, grâce à son avocat et à l'inculture de ses juges. On pourra suivre ce parcours démentiel à travers le regard et les très belles illustrations de Philippe Lorin, remarquable observateur des visages de Céline. Paria ou génie ? Aux lecteurs de choisir.

09/2016

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Philosophie

Qu'est-ce que la fête ?

Qu'est-ce qu'une fête ? Quel en est le sens ou la signification ? Dans l'existence en régime de quotidienneté, soucieuse des travaux quotidiens, sereine, prise dans un système d'interdits, toute de précaution où la maxime . il ne faut pas mettre en mouvement ce qui est en repos maintient l'ordre du monde, s'oppose l'effervescence de la fête. Celle-ci, si l'on considère des éléments extérieurs, présente des caractéristiques identiques à n'importe quel degré de culture. Elle suppose un grand concours de peuple agité et bruyant. Ces rassemblements massifs impliquent éminemment la naissance et la contagion d'une exaltation qui se dépense en cris et en gestes désordonnés, qui incite à s'adonner sans contrôle aux impulsions les plus irréfléchies. Même aujourd'hui, où cependant les fêtes appauvries ressortent si peu sur le fond de grisaille qui constitue la monotonie de la vie ordinaire et y apparaissent dispersées, émiettées, presque englouties, on distingue encore en elles quelques vestiges du déchaînement collectif qui caractérise des anciennes frairies. En effet, les déguisements et les audaces permises au carnaval, les libations et les bals du 14 Juillet, attestent de la même nécessité et la continuent. Il n'y a pas de fête, même terne par définition, qui ne comporte au moins un commencement d'excès et de bombance : il n'est qu'à évoquer les repas d'enterrement à la campagne. De jadis ou d'aujourd'hui, la fête se laisse définir toujours par la danse, le chant, l'ingestion de nourritures copieuses, de beuveries. Il faut s'en donner tout son soûl, jusqu'à s'épuiser, jusqu'à se rendre malade. C'est l'essence même de la fête.

10/2019

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Ethnologie

La dot en Inde : un fléau social ? Socio-anthropologie du mariage au Maharashtra

"La dot est un mal social dans notre pays depuis plusieurs siècles [...]. Il est plus que temps de combattre ce mal au plan social comme à celui de l'Etat ", avaient déclaré il y a plus de vingt ans des magistrats dans une cour de Delhi. En 1961 avait été votée une loi qui visait à abolir la pratique de la dot en Inde. Depuis lors, des amendements ont aussi vu le jour. Rien n'y a fait : cette pratique continue de s'étendre. Malgré les hauts cris des législateurs et des réformateurs, que les médias relaient amplement. La presse, tant anglophone qu'en langue(s) indienne(s), insiste sur les violences exercées envers les brus pour cause de dot insuffisante. Dans ce pays où le mariage est l'affaire non seulement d'individus, mais aussi de famille, de caste et de statut, cette prestation que donnent maintenant la plupart des parents de la fille à ceux du garçon revêt une importance toute particulière. Elle est devenue le "stigmate d'une société malade". Or, pour appréhender la question de la dot actuelle en Inde, il est nécessaire de replacer cette prestation dans le contexte du mariage et l'ensemble des échanges auquel elle appartient. Il faut dans le même temps mettre en évidence la dynamique sociale des régimes matrimoniaux propres au sous-continent. L'auteur a choisi de le faire ici dans l'Etat du Maharashtra, en menant conjointement une étude de cas en milieu urbain, à Pune, et en milieu rural, dans un village du canton de Shirur. Il apparaît que la dot n'est pas ce mal social tant décrié, en dépit d'une généralisation indéniable de sa pratique, mais un révélateur de la mutation que connaît la société indienne aux plans idéologique, économique et politique.

07/1996

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Littérature française

Les échassiers

D'un côté comme de l'autre, plongez dans deux univers dissemblables et pourtant communs, deux sociétés miroir qui cohabitent sans le savoir et qui se répondent sans le comprendre. L'en-Bas est un monde où la terre n'est qu'un marécage piétiné par des bambous géants. Seuls les enfants agiles et légers peuvent arpenter la vase sans s'y enfoncer et y chasser au risque d'y périr écrasé. Ils courent alors, jusqu'au soir où ils rejoignent les adultes aux orées protectrices. Mais dans le coeur des frondaisons se cache une obscurité dont personne ne veut parler, d'où s'échappent les cris des victimes de l'Ogre. Aux adultes, le jour, de le rejoindre et de veiller chaque soir à ce que le monstre ne puisse atteindre les enfants. Jusqu'à ce que certains ouvrent les yeux sur l'obscurité et fassent naître l'espoir de ne plus nourrir l'Ogre. L'en-Haut est un monde où les adultes marchent au-dessus de tout, traînant leurs échasses de plateforme en plateforme, tantôt cueilleurs d'eau ou pécheurs d'oiseaux. Ils survivent, tellement haut qu'ils ne savent plus vivre, que seuls les utiles ont droit de pitance et d'existence. Voutés à déformer leur corps, les marcheurs sont d'étranges oiseaux solitaires qui s'enivrent de vertiges, risquant leur vie au moindre déséquilibre, fermant les yeux sur ce que dissimulent les murs des plateformes, ce qui arrive à tous ceux incapables d'arpenter les nuages, enfants comme vieillards. Jusqu'à ce que certains arrêtent de fermer les yeux et fassent naître l'espoir d'une autre humanité. Avec ce troisième roman, Isabelle Aupy nous offre un jaillissement d'humanité.

08/2022

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Ethnologie

Le pays du lac

Guidé par le souvenir d'une femme à corps de serpent, aperçue à l'automne 1976 dans une baraque de la foire de Negreni (Transylvanie), Emmanuel Raquin-Lorenzi entreprend d'explorer les divers ordres de représentation et d'expression qu'on peut recueillir parmi les populations du bassin des trois Cris (le Rapide, le Noir et le Blanc), rivières de montagne qui délimitent le pays du Lac, au nord-ouest des Carpates roumaines. Une enquête ethnographique de terrain menée pendant plus de vingt ans permet au narrateur de conter sa progressive découverte des mouvements de pensée propres aux populations mélangées de ce vieux pays. Ces chemins le conduisent à découvrir de quasi-rituels, comme celui de la reine des moissons qui ne cesse pendant quelques jours de parcourir sans s'arrêter le village, les champs et les pâturages, mais vient rendre hommage à une fille-chêne attachée à sa clairière. Il rencontre ainsi de belles figures ; le grand Ioan, berger de Delani, son meilleur informateur ; Marika, la rieuse, dont le rire, ombré par la mort de sa fille, apaise ou exaspère la douleur des deuils ; Petru le sourcier qui vit parmi les rochers ; Emeder, le merveilleux Tsigane qu'on appelle au printemps pour qu'il installe ses miroirs dans des fermes au bord des bois... Ce livre propose en fin d'ouvrage une petite anthologie de textes d'écrivains de ce pays. Deux niveaux de photographies parcourent Le Pays du Lac : les unes, illustration classique du discours ethnographique, reproduites le plus souvent dans le texte, documentent objets et choses, scènes ou lieux analysés au cours des enquêtes ; les autres interviennent comme une suite autonome, hors texte, sans commentaire, sans rapport direct au discours ethnographique ni aux textes littéraires, y insérant des routes, des ombres, des eaux, des paysages, quelques regards...

06/2019

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Poésie

Oeuvres complètes. Les Chants de Maldoror, Lettres, Poésies I et II

"Lautréamont : le prophète de la poésie libérée, celui qui a montré que la littérature pouvait encore essayer d'exprimer l'homme dans sa totalité. Le symbole de la rébellion contre l'ordre établi, du cri contre le langage-prison. Précurseur du surréalisme, de la psychanalyse, de l'écriture à la recherche de l'écriture. Le poète de la conscience, et aussi de la limite de la conscience. Oui, tout cela est vrai, et prouve encore une fois qu'il n'y a pas de profonde originalité dans le langage. Prouve le conditionnement désespérant de toute littérature, sa filiation, sa logique. Lautréamont, né du roman noir anglais, annonçant la longue lignée de la littérature vengeresse. Génie, mais génie que l'on comprend. Révolte, mais révolte asservie par le langage. Orgueil brisé par le partage des louanges, par le bruit des applaudissements, bien plus qu'il n'eût jamais pu l'être par le silence... Tout cela est vrai, et c'est ce qu'il y a de pitoyable dans cette aventure. Mais il y a autre chose. Quelque chose qui n'est ni mystérieux ni grandiose. Lautréamont, converti par les mots et les idées, s'échappe quand même. Une part de lui-même n'a pas été conquise. Quelques cris, quelques mouvements que les hommes n'ont jamais partagés et qu'ils ne partageront jamais, parce que c'était au-delà de la littérature ; c'était en dehors des mots, et personne ne pouvait comprendre. Quelque chose qui ressemblait encore à la vie, à cet ensemble de sensations et d'actes que chacun porte et enterre avec soi. Un SORT. Une aventure, mais une aventure réelle. Une pensée sauvage", J-M-G Le Clézio.

03/1973

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Nietzsche

Je suis de la dynamite !

Mais que savons-nous réellement du plus grand iconoclaste de la philosophie, Friedrich Nietzsche ? Nietzsche considérait que toute philosophie est autobiographique. Alors, dans cette biographie bouleversante, Sue Prideaux fait découvrir aux lecteurs l'univers de cet homme brillant, excentrique et profondément troublé. Elle revient sur les événements et les personnes qui ont façonnée sa vie et son oeuvre. De son éducation paisible et pieuse - assombrie par la mort mystérieuse de son père - à sa carrière d'enseignant, en passant par ses retraites philosophiques au sommet de hautes montagnes et son égarement déchirant dans la folie, Prideaux documente la vie intellectuelle et émotionnelle de Nietzsche avec la perspicacité et la sensibilité d'une romancière. Je suis de la dynamite ! est la biographie essentielle pour quiconque cherche à comprendre le philosophe le plus incompris de l'histoire. Critiques : " Une biographie exemplaire... . Nietzsche sort des brumes de l'obscurantisme ... Un portrait attentif et scrupuleux. " - Parul Seghal, The New York Times " Ce récit vibrant de la vie de Friedrich Nietzsche est un portrait fouillé du philosophe et une évaluation précise de son oeuvre. . ". - The New Yorker " C'est à cela que devrait ressembler toute biographie : passionnante, intelligente, émouvante, souvent drôle, et remplie d'intuitions et de détails bien observés d'une vie extraordinaire. C'est tout simplement une explosion ". - Sarah Bakewell, auteure du Café Existentialiste " La biographie que Friedrich Nietzsche réclame à grands cris depuis le jour où il a perdu la raison et embrassé un cheval sur une place de Turin en 1889. Prideaux apporte sur ce philosophe-poète des plus incandescents une lumière calme et constante, avec des résultats éclairants ". John Banville, The Guardian " Splendide... . Un récit magnifiquement écrit, et souvent intensément émouvant, d'une vie consacrée à l'accomplissement de la grandeur intellectuelle et à l'exploration des conditions de son épanouissement ". Jonathan Derbyshire, Financial Times

06/2022

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Littérature française

Koba

Au début de notre ère, un terrible ouragan dévaste ces hautes vallées du Caucase que l'on appelait le " Ventre du monde ". Pour se venger du Vent, un bûcheron géorgien, Koba, chef des Abreks, décrète l'extermination des dieux, de tous les dieux, où qu'ils se trouvent. Alors commence cette chasse insensée : les " Insoumis ", ainsi s'appellent-ils eux-mêmes, déferlent sur les hauts plateaux d'Arménie, installant partout, jusque dans les chemins de neige, des pièges à dieux. Koba s'écrie : " Que les dieux nous blâment à leur guise ! Laissons-les pousser des cris de rage ; même s'ils se lèvent contre nous, nous serons vainqueurs ! " Pour se rendre plus effrayants, les Abreks s'enduisent de glu et se roulent dans les chardons. Massacres, viols et pillages s'enchaînent : Ninive est en flammes, Babylone mise à sac. Dans les déserts de Syrie, des juifs leur parlent d'un certain Elohim, un dieu qui passe dans la brise et qui chuchote. Qu'à cela ne tienne : Jérusalem investie, les chercheurs de dieux dévorent et mâchent les rouleaux de la Torah. Le Sinaï franchi, Koba et ses hordes ensanglantées dévastent les rives du Nil, " le Nil couleur de carnage et d'incendie "... puis rageusement s'embarquent pour la Grèce, à destination du mont Olympe, le repaire des dieux inaccessible aux hommes. On le sait, c'est surtout à mi-chemin des mythes et de l'Histoire que les dieux ont tendance à pulluler : c'est donc là que Koba inscrit sa guerre personnelle - une guerre totale par laquelle le Guide, à la recherche du Grand Coupable, pourchassant dieux et hommes jusqu'au dernier, devient dieu lui-même. En ce sens, Koba est au-delà de Prométhée, il est lui-même l'injure définitive, l'injure bariolée, hoquetante et inépuisable qu'on fait aux dieux.

08/2002

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Littérature française

Et la voyance explose. Huitième mouvement des métamorphoses de l'oiseau schizophone

Et la voyance explose est le dernier volume des Métamorphoses de l'oiseau schizophone : il vient clôre cette oeuvre monumentale et essentielle écrite dans un seul souffle gigantesque, en moins de deux ans. "L'esthétique spiraliste m'a conduit progressivement à l'élaboration de l'écriture quantique. Que de mondes avortés pour un seul grain de vie, aux turbulences des noeuds de l'oeil raturé de violences, au sida de la langue saturée amèrement de ne pouvoir se taire ! Au vertige de ma terre soûlée de catastrophes, au naufrage de mon île suspendue sans réchappe au balancier de la mort, je chevauche ma chute, mes abîmes insondables. Inachevablement, j'allume des paradoxes aux brûlures de mes mots, propulsant tous mes rêves aux nageoires de ma voix. Chrysanthème de cris en fleurs à travers les morpholunes de l'art et les gravures de l'âme. Elle croît ma crise en t'aime aux glauques récits du vice. Elle croise mon île en rut ma chienne récidiviste. Rienne rive hors de saison, de pure raison, la mort active la dérision que rien ne meurt quand tout arrive en paradoxe. Et d'y naître par mes lèvres, à l'étreinte de mes reins, au si crime de mes rimes, au réflexe de mon sexe en déroute, la queue au feu du risque. Aux coups d'éclats du coeur, le texte à mienne violence qui me dévore tout nu. Et flamme soudaine dans ma douleur n'eût été quoi par ma blessure vers le sang vif des échos longs à rayures bleues de pierres fortuites. J'écoute encore les ratures de ma voix qui vire et chavire jusqu'au pourpre de l'ivresse aveugle. Je crise en thèmes !".

10/2013

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Biographies

Le bétin

Naître : v. i. 1. Venir au monde. 2. Commencer à exister, à se manifester. Pas tout à fait neuf mois... Le ventre bien rond. Petit ballon, graine d'avorton ! 1966. Nous étions deux au coeur de la matrice. Deux à nous repaître des entrailles maternelles... Et au troisième mois de notre conception, mon égal et paire dizygote quitta le sein originel et disparut par le même orifice que celui qui nous avait accueillis. Les uniques larmes de deuil versées à sa mémoire ont été les flots des eaux d'une cuvette de w. ? c. ! Nous aurions dû être deux. Deux êtres indissociables et complémentaires. Deux, comme les faces d'un miroir, comme le soleil et la lune... Mais j'étais seul, comme Peter Pan lorsqu'il perdit son ombre. Le sexe de mon autre avorté n'était pas encore formé. Il repartit au pays du Jamais Jamais. Son âme resterait celle d'un ange pour toujours. C'était sans aucun doute ma petite fée Clochette à moi ! Après cette fausse couche, Marguerite dut rester alitée plus de cinq mois, afin de m'emmener, au terme de ce jour d'hiver... Dimanche 23 janvier. Je suis toujours suspendu entre la corde et l'eau, aux portes de l'en deçà... Poussé... Etouffé... Propulsé... 2 ? h ? 30 heure locale, je capitule sous les derniers assauts et les cris de ma mère. Je suis extirpé de mon antre géniteur. Aveuglé et fripé, je sors la tête la première de ce bourbier de sang et d'excréments. La claque sur le cul en guise de bienvenue et je suis rapidement lavé, pesé, numéroté et additionné sur la planète. Désormais, je suis voué à la solitude et à la décrépitude des êtres humains.

09/2021

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Littérature française

Danser sous la pluie

" Ce livre est très librement inspiré de l'histoire des quatre dernières années. Mon interprétation de cette histoire, passée au prisme déformant de la mémoire et de l'esthétique. Un travail d'écriture, romancé, dont certaines scènes sont imaginaires, dont les personnages ont été mélangés, et dont la réalité n'est pas forcément celle dont le lecteur aurait pu faire lui-même l'expérience. C'est l'histoire de ma mère, et celle de ma fille, entremêlées comme les branches d'un lierre, l'effondrement de l'une laissant place à la renaissance de l'autre. C'est l'histoire d'un diptyque, et celle de l'épreuve d'une vie. Dans les moments les plus sombres, les plus absurdes, ou les plus suspendus, ce livre s'est imposé comme une évidence. Comme une nécessité, plutôt. Celle de cesser d'étudier la frontière entre haine et maladie, et de me distancier d'une méchanceté qui n'était pas la mienne. Celle de transformer mes cris de douleur ou d'effroi en un récit, me forçant ainsi au recul. Digérer, réfléchir, comprendre, puis choisir ses mots avant de s'exprimer. Sublimer les difficultés, la cocasserie, la perte de sens souvent, en une production artistique, en faire un projet. C'était le seul moyen d'aller de l'avant : utiliser ce terreau pour créer. " A. Osdoit Entre le suicide de sa mère, et la maladie de sa fille, Anne explore un quotidien bouleversé, fracassé mais bien réel. Loufoquerie, rires malgré tout, parfois une lueur fugace qui éclaire le cauchemar, et toujours une légèreté digne d'un premier ministre connu pour ses bons mots. La route est droite, mais la pente est forte.

10/2023

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Fantasy

La Marche Brume. Tome 1. Le Souffle des choses

Avant, on n'avait pas peur des forêts sombres et des vieilles croyances, des cris de bêtes qui déchirent la nuit et des ombres incertaines qui rôdaient dans les champs. On se moquait bien des trolls cachés sous les ponts, des déesses vengeresses, des géants de nuages ou des diables des crevasses... Alors on brûlait les arbres millénaires pour se chauffer au printemps et on empoisonnait la terre pour la forcer à vomir ses fruits. Et puis un jour, la Brume a tout emporté. Oh, pas la petite brumouille du matin ou la semi-brume des lendemains de pluie, non ! La brouillasse, la vraie. La purée de boue, la bouillie de charbon, noire et épaisse comme de l'encre en suspension. Celle qui engloutit tout pour recracher des monstres qui vous dévorent à leur tour. Celle dont personne ne revient... sauf la petite Tempérance, une ogresse attachante. Sauvée de justesse par Grisette la Semeuse, une sorcière aussi puissante que bourrue, la petite fille est élevée dans la tranquillité d'une sororité de vieilles femmes qui vivent dans les montagnes. Mais dix-huit ans plus tard, la Brume terrifiante finit par frapper durement la communauté, forçant un petit groupe de sorcières à quitter le village pour tenter de percer les mystères du fléau. Il est temps de sortir les grigris et de se rappeler des vieilles incantations et des leçons de kung-fu pour se lancer dans une grande aventure qui changera le destin de la jeune Tempérance à jamais. Un conte écologique moderne, drôle et sombre à la fois, empreint de métaphores servant de belles réflexions et jouant, non sans humour, avec les stéréotypes du monde foisonnant de la sorcellerie.

08/2023