Recherche

fanatisme religieux

Extraits

ActuaLitté

Droit

La démocratie en France Tome 2 : Limites

Exclusion et intégration républicaine, droit à la nationalité et citoyenneté, égalité et différence, globalisation et souveraineté nationale - il est peu de débats qui ne posent au bout du compte la question de la démocratie en France. Des débats où, à peine renouvelées par la crise des idéologies globales, mais dans l'extrême confusion des genres et des mots, deux veines de réflexion s'opposent : d'une part, l'énonciation des vertus de la démocratie représentative à partir d'une reconstitution historique des sources et des penseurs ; d'autre part, la dénonciation du formalisme de la démocratie politique minée par la logique du marché. Ces deux veines ont notamment en partage la confusion entre trois acceptions du terme démocratie - une idéologie, un régime politique et un état social - et la croyance en une exception française, fondée sur la synonymie postulée de l'Etat républicain et de la démocratie libérale. Deux lectures qui ne parviennent cependant pas à penser en même temps la démocratie comme réalité politique et les processus d'exclusion qu'elle sécrète. Or, il faut tenir ensemble le projet démocratique et l'utopie sociale, rapprocher l'idée de sa réalité si l'on veut comprendre la nature et les limites de la démocratie en France. Telle est l'ambition de cet ouvrage aux marges des conventions universitaires, disciplinaires et médiatiques. Ce deuxième volume trace les grandes limites du projet démocratique : l'émancipation inachevée des femmes du fait de l'opposition entre deux gouvernements : la famille et la Cité (Geneviève Fraisse) la nationalité comme butoir de l'idéal universel (Dominique Colas) l'ambivalence structurelle des critiques de la démocratie (Jean-François Sirinelli) ; l'épreuve à laquelle le social soumet le projet démocratique (Marc Lazar). Le premier volume, pour sa part, traite des idéologies qui structurent le projet démocratique en France - le postulat de l'universalité (Pierre Bouretz) ; le conflit entre l'universel républicain et l'universel religieux (Yves Déloye et Olivier Ihl) ; les deux formes concurrentes de représentation politique que sont le citoyen et l'individu (Nicolas Roussellier) ; la dynamique démocratique, enfin, d'intégration républicaine des extrêmes politiques (Jean Baudouin).

01/2000

ActuaLitté

Histoire internationale

L'écriture de l'histoire en Afrique. L'oralité toujours en question

Cinquante ans après la parution de l'ouvrage de Jan Vansina (1961) - De la tradition orale. Essai de méthode historique - des historiens, des anthropologues et des archéologues se sont réunis en mai 2011 à Agbodrafo au Togo pour dresser un bilan de l'apport des sources orales à l'écriture de l'histoire de l'Afrique et examiner les perspectives de recherche. Ce livre offre aux lecteurs une réflexion sur les principes méthodologiques revisités pour le bon usage des sources orales, mettant en avant les pièges qui guettent encore et toujours l'historien de terrain. Le recours nécessaire à d'autres disciplines que l'histoire a été clairement démontré. L'anthropologie et l'archéologie s'avèrent indispensables pour analyser les contextes d'énonciation ou pour éclairer des pans restés jusque-là inconnus de l'histoire des populations. Dans cet ouvrage, les auteurs proposent de nouvelles stratégies d'approche en tenant compte de l'évolution des terrains d'étude, liée à la disparition de certaines catégories d'informateurs. De nouveaux domaines de recherche peuvent encore être explorés comme le fait religieux par une étude des lieux de cultes, principalement les bois sacrés, et de leur environnement culturel. Les récits de vie permettent aussi de combler des vides importants sur l'histoire contemporaine. L'idée centrale est l'extension considérable de la gamme des sources non écrites utilisées et leur grande diversité : toponymes, anthroponymes, chants et autres contes ont été revisités. Les généalogies ont à nouveau été questionnées en croisant les sources et en s'interrogeant sur l'altération de ces listes, leur instrumentalisation et les enjeux de pouvoirs qui mènent à leur manipulation. Enfin, le lien entre documents écrits et traditions orales est à nouveau exploré, pour montrer les interférences existant entre les deux catégories. Ce livre présente ainsi un panorama large et diversifié de l'utilisation de l'oralité comme source d'histoire avec un avenir qui est loin d'être sombre. Cependant, l'urgence demeure de poursuivre les enquêtes de terrain et d'oeuvrer à la conservation des données orales recueillies. Il s'agit d'un véritable patrimoine immatériel que les chercheurs se doivent de récolter et de préserver.

06/2013

ActuaLitté

Histoire de France

André Grenard Matsoua : les fondements de l'Amicale

" Il serait donc indispensable de savoir si la dite Association qui semble encore n'être qu'en puissance n'a cependant point d'accointances avec des milieux métropolitains ou étrangers, aux doctrines subversives. Il importe pour le bien de nos indigènes de l'Afrique Equatoriale Française de les soustraire à l'influence de leurs congénères qui rêvent de jouer auprès d'eux le rôle néfaste d'un Marcus Garvey ". Tels sont les mots du gouverneur général de l'Afrique Equatoriale Française (AEF) Raphaël Antonetti auprès du ministre des colonies Léon Perrier à propos de l'Association Amicale des Originaires de l'Afrique Equatoriale Française et de son leader André Matsoua Ma Ngoma dit Grenard. L'Association Amicale des Originaires de l'Afrique Equatoriale Française, appelée Mikale par les Congolais, est créée le 21 juillet 1926, sous la houlette de André Grenard Matsoua à Paris. Elle dispose des sections africaines à Brazzaville, Pointe-Noire, Léopoldville (actuelle Kinshasa) ainsi qu'en Oubangui-Chari (actuelle République Centrafricaine). L'Amicalisme porte la signature du parcours politique de Matsoua. En revanche, le Matsouanisme, mouvement religieux, qui découle de sa présumée mort en 1942, fait de Matsoua une figure du Messie, par l'influence du judéo-christianisme. Et cette actualité messianique est la plus connue dans l'imaginaire collectif congolais et/ou africain. Dans la mémoire contemporaine, en effet, la figure de Matsoua est plus identifiée comme relevant d'un messianisme qui a poussé les Congolais, et plus précisément les Kongo à une résistance passive, voire active durant les années 30, contre l'administration coloniale française (M'zingu wa falanka tatu, la guerre des Trois Francs). Cet ouvrage dévoile les bases de l'Amicalisme, de ses origines à la première arrestation de Matsoua en 1929. Il analyse les fondements du nationalisme congolais et ses interactions avec le panafricanisme. A la lumière des documents issus des archives d'Outre Mer, notamment ceux de son premier procès, l'objectif est d'identifier la nature réelle de l'Amicalisme. Est-ce un mouvement remettant en cause les modalités de la colonisation ? Quelle est la nature du mouvement, proto-nationaliste ou nationaliste ? Quelle est l'originalité de l'Amicalisme par rapport à des mouvements similaires dans les autres colonies ?

02/2020

ActuaLitté

Religion

Rennes

Si l'actuel diocèse de Rennes trouve son unité administrative avec le Concordat de 1801, il puise ses forces et son originalité dans une géographie antérieure et complexe : celle des trois diocèses d'Ancien Régime : Rennes, Saint-Malo et Dol, un moment métropole religieuse de la Bretagne. D'un inconvénient manifeste qui résulte des chevauchements institutionnels, l'équipe des jeunes historiens attachés à cette étude a su tirer avantage en passant du cadre strict de la circonscription ecclésiastique à celui de la « région » interdiocésaine. A cette « région » comprise dans ses diversités de tempéraments, de traditions religieuses, de folklore, d'options idéologiques, ils ont appliqué les techniques les plus modernes, notamment en sociologie et en ethnologie, pour lui restituer son âme éternelle et changeante. Bretagne éternelle qu'on a fini par identifier avec traditionalisme religieux et conservatisme. De fait, sur la longue durée, elle accuse volontiers un retard quasi-constant par rapport aux grands événements de l'histoire religieuse de la France. Elle se sépare encore d'elle par la faiblesse de l'implantation des églises romanes en raison d'un lent essor économique, par une fidélité « romaine » que ne vient pas perturber le Concordat de 1516, jamais appliqué en Bretagne. Mais Bretagne changeante qui surprend par l'accélération soudaine, quand l'événement l'atteint. Tantôt dramatisé dans la fureur des Guerres de Religion ou dans la crise révolutionnaire, tantôt amplifié clans la ferveur de la piété tridentine, à son apogée au XIXe siècle. Bretagne caricaturée, enfin, dans la complaisance à opposer les « Blancs » aux « Bleus ». Ce ne sera point la moindre surprise que de découvrir une Ille-et-Vilaine qui, de 1789 à 1960, s'éprend d'un christianisme fervent, mais républicain, pendant qu'ailleurs les autorités ecclésiastiques jugent les « Blancs » insoumis et pas plus pieux que les autres. On pressent déjà l'accueil de La Mennais et des abbés démocrates qui inaugurent les tensions des années 1960 entre une société « cléricale » et celle des laïcs formés par les Organismes d'Action Catholique, pépinières de militants syndicalistes ; deux sociétés, qui, sur des rythmes différents, n'en attestent pas moins une seule fidélité dans l'annonce de la Bonne Nouvelle.

01/1979

ActuaLitté

Pain

La craquante et prestigieuse histoire de la baguette

Grande spécialiste du pain, Mouette Barboff consacre un bel ouvrage à l'histoire de la baguette. Originaire de Paris, ce pain est devenu au fil du temps le pain emblématique de tous les Français. Le livre raconte l'histoire de son extraordinaire expansion en France et à travers le monde. Une première partie est consacrée à la morphologie évolutive de la baguette et son contenu. Puis le livre évoque la période faste de l'entre-deux-guerres et les changements survenus dans plusieurs domaines ; il témoigne du succès de la baguette comme source d'inspiration pour de nombreux artistes ; aborde les aléas de la seconde guerre mondiale et de la période d'après-guerre, avec la baisse de la qualité et de la consommation du pain, et enfin, le retour au bon pain dans les années 1980, grâce au Professeur Calvel, suivi dans sa démarche par les autres minoteries, avec les sous-marques de baguettes et leurs emballages. Un chapitre est dédié à la baguette gastronomique et aux mille et une façons de la consommer ; un autre, aux évènements qui contribuent à la valoriser, notamment Europain et la Coupe Mondiale de la Boulangerie, la Fête du Pain, le concours de la meilleure baguette, etc. La prédilection des consommateurs pour la baguette n'est pas limitée à l'hexagone, mais elle s'exporte dans le monde grâce à l'émigration de boulangers, et fait l'objet de nombreuses imitations et déclinaisons... . Au-delà des aspects historiques, agricoles, techniques, culturels, religieux, politiques, le livre insiste sur le rôle social des boulangeries, commerces de proximité, et sur l'aspect humain, le privilège de bénéficier du savoir-faire de nos artisans-boulangers, et les témoignages de celles et ceux qui contribuent de près ou de loin à sa fabrication. Abondamment illustré de photographies anciennes et contemporaines l'ouvrage est une invitation appétissante à redécouvrir un élément fondateur du patrimoine culturel et gastronomique français. Programmée pour le printemps 2021 une telle publication sera étroitement associée à la candidature de la baguette traditionnelle pour être classée au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.

02/2022

ActuaLitté

Ouvrages généraux

Micromégas. un conte philosophique de Voltaire

" Micromégas par VoltaireMicromégas : histoire philosophique est un conte philosophique de Voltaire paru en 1752. Sa première version pourrait avoir été écrite en 1738 ou 1739. Sacrifiant à la mode des voyages extraordinaires, il décrit la visite de la Terre par deux géants : Micromégas, venu d'une planète de Sirius, et le secrétaire de l'Académie de Saturne. Micromégas est à la fois l'un des premiers contes philosophiques et l'un des ouvrages les plus représentatifs de l'esprit des Lumières, car il concentre des réflexions de critique sociale, religieuse, morale, philosophique et des éléments de réflexion sur l'homme, sans oublier l'aspect scientifique, primordial pour les Encyclopédistes. Il souligne la notion philosophique de relativisme. Il écarte comme vaine la spéculation métaphysique, lui préférant l'observation et l'expérimentation scientifiques. Durant la période classique, l'exigence critique et la passion de la découverte marquent une pause, sans disparaître complètement. Puis, à la fin du xvii siècle et au xviii, les tendances novatrices reprennent leur élan. L'esprit d'examen progresse, les croyances traditionnelles sont critiquées. Tout doit être examiné à la lumière de la raison, pour en tirer des conclusions pratiques. Pris dans l'effervescence du développement des sciences, les philosophes se donnent un nouveau rôle : non seulement expliquer le monde, mais l'aider à progresser. Bayle et Fontenelle vont lutter contre la croyance au surnaturel, fonder la tolérance sur le scepticisme religieux, dissocier la morale de la religion, définir les règles de l'esprit scientifique et affirmer l'idée de progrès matériel et moral. Nombre de philosophes condamnent la métaphysique, estimant qu'il ne sert à rien de spéculer sur l'insaisissable. Le métaphysicien est tourné en dérision -notamment par Voltaire. Dès les années 1670, Leeuwenhoek et Hartsoeker perfectionnent des microscopes et se passionnent pour l'observation des êtres minusculesEn 1686, Fontenelle publie les Entretiens sur la pluralité des mondes, ouvrage d'astronomie vulgarisant les travaux de Descartes et de Copernic. Il manifeste son scepticisme à l'égard de la métaphysique et du merveilleux, sa foi dans la méthode scientifique. Il se moque de l'homme qui se croit au centre de l'univers, il affirme le relativisme".

11/2022

ActuaLitté

Templiers

Les templiers. Les mystères de 1312 à aujourd'hui

Cet ouvrage met le focus sur le phénomène templier qui, après son apogée et une éclipse relative, a connu une sorte de renaissance depuis le 18e siècle et connaît un succès d'apparence irrationnelle mais bien réelle en ce 21e siècle. Jamais l'intérêt pour l'Ordre du Temple ne fut aussi fort qu'au 21 siècle auprès du grand public et de nombre de mouvements qui véhiculent l'idée templière, chacun à sa manière. Pourquoi ? L'Ordre des Templiers, c'est-à- dire celui des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon né en Palestine en 1118 est dissout en 1312 après le concile de Vienne par le pape Clément V. Les derniers Dignitaires sont exécutés en 1312 à Paris. Nul ne l'ignore. Le choc sera traumatique sur tous les chantiers des bâtisseurs de France. Pourquoi ? Aujourd'hui, les néo-Templiers se multiplient. Pourtant, par bulle papale de 1312, il a été et demeure interdir de porter l'habit, le blanc manteau, la croix pattée et de se revendiquer de l'Ordre du Temple sous peine d'excommunication. Cela étant, d'autres bulles permettront l'exis- tence d'autres Ordres, que ce soit en Espagne ou au Portugal par exemple. Au fil du temps, le mystère des Templiers ne faiblira pas. Le 18° siècle connaîtra même un engouement templier fulgurant en Europe et ailleurs, particulièrement dans les milieux maçonniques, notamment sous l'impul- sion d'un discours de 1736 prononcé à Paris par Michel de Ramsay. Toure- fois, en 1782, un convent se réunit à Wilhelmsbad et met fin à l'idée que les Francs-Maçons sont les héritiers du Temple, et pourtant vont demeurer bien des références que l'on dira pudiquement chevaleresques ou symbo- liques. Des mouvances nouvelles seront nées et connaîtront des fortunes diverses, au sein de familles et de groupes religieux et philosophiques très différents les uns des autres. De nos jours l'esprit du Temple semble se trou- ver partout. Le 21 siècle connaît un regain d'intérêt pour les Templiers. Que se passe-t-il ? Qu'ont transmis les Templiers qui leur survive à ce point ? Serions-nous de potentiels Templiers ?

11/2022

ActuaLitté

Histoire du droit

"La loi à la main". Militantisme juridique et défense religieuse au temps de l'affirmation de la République : l'action du Comité de jurisconsultes des congrégations (1880-1905)

"Milice multicolore et sans patrie" selon les mots de Gambetta, les congrégations religieuses qui ont su se reconstituer après la tempête révolutionnaire, sont perçues, en cette fin de XIXe siècle, comme un obstacle à l'enracinement de la Troisième République. En digne fille de la Révolution, celle-ci entend bien faire taire les ambitions de l'Eglise et de ses soldats congréganistes. C'est par la force de la loi que les républicains espèrent parvenir à cet objectif. Ce programme, débuté dès 1879, va rapidement trouver ses opposants. Parmi eux, des juristes catholiques vont se grouper pour diriger la défense sur le terrain du droit : c'est ainsi que naît, en 1880, le "Comité de jurisconsultes des congrégations" . Réunissant praticiens et universitaires, ce Comité, dirigé par le baron Armand de Mackau, figure emblématique de la droite, se tiendra aux côtés des congrégations pendant près de vingt-cinq ans, luttant "la loi à la main" pour leur offrir, à l'échelle nationale, un extraordinaire service d'assistance juridique, qui s'avèrera en réalité être bien plus que cela. Droit civil, pénal, administratif, fiscal, ou encore droit des sociétés, peu de domaines échappent à son examen. Prétendant à une expertise neutre, dégagée de toute considération politique, ce Comité constitue un observatoire intéressant pour analyser l'enchevêtrement du juridique et du politique. Si le conflit entre les congrégations et la République demeure bien souvent examiné exclusivement sous un prisme politico-religieux, la découverte du fonds d'archives du "Comité Mackau" ouvrait dès lors une porte nouvelle sur la résistance juridique à laquelle cette bataille a donné lieu. A partir de là, s'imposait donc de repenser le problème sous un angle nouveau : celui d'un militantisme juridique catholique. Cette étude tend donc à examiner la manière dont ces juristes catholiques se sont emparés du droit comme arme de revendication, comme instrument de défense d'une cause et comme mode de protestation contre la politique anticongréganiste menée de 1880 à 1905. Cette histoire est ainsi celle d'un combat mené "avec foi et loi" par des hommes déterminés à mettre la science du droit au service de la cause religieuse.

02/2021

ActuaLitté

Histoire de l'art

Dialectique du monstre. Enquête sur Opicino de Canistris

Fonctionnaire de l'administration des papes d'Avignon, Opicino (ou Opicinus) de Canistris (1296-1355) a produit, pour son propre compte, des diagrammes déconcertants où se mêlent cartes et corps, symboles astraux et religieux. Exhumés peu à peu au cours du siècle passé, ses manuscrits suscitent encore de nombreuses interrogations. Sous la forme d'une enquête, Dialectique du monstre explore les différentes facettes d'une oeuvre complexe et fascinante. Prêtre séculier de Pavie, fuyant les conflits politiques qui déchiraient la Lombardie des premières décennies du XIVe siècle, Opicino s'est réfugié à la cour papale à Avignon où ses talents d'écrivain lui ont valu un poste de scribe à la Pénitencerie pontificale. Tourmenté par ses responsabilités sacerdotales, souffrant des paradoxes d'une Eglise romaine riche et puissante qui prône la pauvreté et l'humilité, il a trouvé dans l'écriture et le dessin un moyen d'apaiser ses angoisses. Ayant appris à dresser des cartes marines selon la technique des cartographes génois, la géographie du bassin méditerranéen devient entre ses mains le support d'une symbolisation de tous les conflits qui le déchirent. L'hypothèse de troubles psychotiques chez Opicino a plusieurs été plusieurs fois formulée et souvent rejetée. Elle est ici affrontée sans fard et fait l'objet d'une postface d'un spécialiste des psychoses (Philippe Nuss). S'il est illusoire de formuler un diagnostic rétrospectif précis, sa souffrance psychique ne fait du moins aucun doute. C'est pour en comprendre les raisons que cet ouvrage tente de restituer le sens de la production graphique et textuelle du scribe des papes. Afin de donner à entendre sa voix, des traductions de différents passages de ses écrits sont intercalées entre chaque chapitre. Une vingtaine de reproductions en couleurs et trois dépliants hors-texte font entrer dans l'intimité de ces manuscrits étonnants. "Dialectique du monstre" (Dialektik des Monstrums) : par cette expression, Aby Warburg désignait le drame psychique fondamental de la culture, dont les réalisations ne viennent au jour qu'en surmontant un chaos originaire, dont elles laissent cependant affleurer la trace. Les dessins d'Opicino de Canistris exposent au grand jour, de la façon la plus explicite, la bataille qu'il livre contre ses monstres.

06/2021

ActuaLitté

Philosophie

Traité sur la tolérance

La tolérance n'est pas seulement une notion de philosophie ; elle est aujourd'hui, plus que jamais, un principe de politique. Traiter de la tolérance, c'est analyser la coexistence pacifique, précisément rendue possible par l'exercice de la tolérance, de groupes humains relevant d'histoires, de cultures et d'identités différentes. De fait, on ne peut traiter de la tolérance comme trop souvent de nos jours on dispute de la philosophie politique - sous une forme procédurale, selon les conditions admises par tous d'un discours idéal tenu dans une impartialité absolue. Les réalités sont à ce point complexes, les enjeux immédiats, les arguments gros de conséquences inéluctables que la philosophie, lorsqu'elle se mêle de la tolérance, doit s'appuyer sur l'information historique et faire preuve de compétence sociologique. A tout le moins si elle veut se garder d'un " mauvais utopisme " et prendre la juste mesure des choix difficiles qui sont ceux de la vie politique. Plus ces choix sont difficiles, plus les chances de voir apparaître une seule et unique solution philosophiquement satisfaisante sont réduites. Ainsi le modèle de la neutralité de l'Etat et de l'association volontaire, décrit par John Locke dans ses Lettres sur la tolérance, était-il approprié à l'expérience de congrégations protestantes dans certaines sociétés ; il ne l'est plus à la réalité contemporaine du développement du pluralisme religieux et ethnique. Le meilleur ordonnancement politique est fonction de l'histoire et de la culture des hommes dont il organise les existences. La réponse la plus pertinente à la question de la tolérance est désormais de considérer une série d'options et d'établir les possibilités, et les limites de chacune à l'intérieur de son contexte historique, et non plus au regard d'un principe supérieur dont découlerait une échelle hiérarchique sur laquelle sociétés et régimes se verraient assigner un rang selon leur degré de respect de la différence. C'est proprement ce que fait le Traité sur la tolérance de Michael Walzer, étude rigoureuse et circonstancielle des différents régimes de tolérance, qui n'en laisse de côté ni le modèle idéal ni l'application concrète.

05/1998

ActuaLitté

Droits de l'homme

La Laïcité ? Une passion française qui doit rester un humanisme !

Cette "Laïcité selon GABORIAU" est l'essai qui manquait en matière laïque. Fruit d'une carrière, de réflexions et d'expériences, de rencontres et de lectures, d'influences et de confluences, de réactions et de constructions, le présent essai dépasse très largement les fonctions de l'article érudit. Simone GABORIAU-MONTHIOUX y alterne en outre les tonalités dans ses écrits passant ainsi de l'auteure exposant des faits et des convictions à la témoin engagée. Son ouvrage n'est par ailleurs pas qu'un point de vue, enrichi et construit par des années de réflexion, il est un appel : une proposition faite aux lecteurs de réfléchir à ses côtés et de continuer à envisager et à proposer pour que la Laïcité soit un véritable "humanisme" . On ne refermera pas cet ouvrage dans le même état et avec les mêmes connaissances qu'en l'ayant ouvert. Par ces lignes, rappelle l'ancienne Présidente du Syndicat de la magistrature, la Laïcité - on l'oublie trop souvent - c'est "avant tout du Droit" ! A cet égard, le retour d'expérience(s) de la magistrate honoraire sur les liens ou plutôt la confrontation du service public de la Justice à la question laïque entre l'invocation des immeubles marqués par l'histoire et la symbolique religieuse mais encore la tenue et le port de symboles religieux à distinguer selon que leurs porteurs sont agents ou non dudit service public, est un témoignage rare et puissant. En outre, l'essai a le mérite - et le courage - de rappeler l'histoire d'une autre "passion française" aux antipodes de l'humanisme promu et recherché par l'auteure : celle de notre islamophobie. Partant, l'un des grands mérites de cet ouvrage est d'oser réaffirmer la force et l'importance du Droit en matière de questions laïques et ce, au détriment des seules valeurs qui bien trop souvent prennent le dessus (sans être toujours assumées). En explorant cette "passion française" pour la Laïcité, l'auteure entend défendre et assumer comme un nécessaire "humanisme" , elle nous livre une Laïcité vivante et éclairée : l'essai éclairant qui manquait.

07/2023

ActuaLitté

Philosophie

La raison des choses. Essai sur la philosophie de Wang Fuzhi (1619-1692)

Wang Fuzhi est l'un des plus éminents philosophes chinois. L'ouvrage s'efforce d'en restituer la pensée à l'usage des lecteurs occidentaux. Wang Fuzhi récuse le langage, créateur de divisions artificielles, impuissantes à rendre compte de l'extrême complexité du monde ; il refuse d'isoler l'abstrait du concret, admet l'idée de mécanismes communs à des phénomènes sans rapport aucun les uns avec les autres ; ordre et hasard ne sont pas pour lui contradictoires, car tout ordre inclut d'infinies variations de détail. Il n'est pas à la recherche du permanent et du stable par-delà le changeant, mais affirme au contraire la transformation incessante et la relativité de toutes choses. Il n'y a pas de matière brute, mais deux énergies dont la sensibilité suffit au fonctionnement de l'univers. Produit de leurs assemblages et dissociations inéluctables, le monde ne cesse de se renouveler. Pas d'absolu au sens où nous l'entendons, pas d'Etre en soi. C'est dire à quel point cette pensée s'éloigne de ce que notre tradition reconnaît comme " philosophie ". Mais n'est-ce pas l'occasion d'élargir notre idée de la " philosophie " ? L'homme ne pouvant supprimer des désirs qui sont communs à tout ce qui vit, la morale, selon Wang Fuzhi, ne peut être fondée que sur une réciprocité sans laquelle aucune société ne pourrait subsister. Notre moi n'est d'ailleurs que le produit infime et fugitif de l'activité incessante de l'énergie universelle. Parce qu'elles développent des sentiments intéressés et la croyance au surnaturel, les religions de salut sont immorales. Athée, Wang Fuzhi serait-il en fin de compte plus religieux que les croyants ? Loin de représenter une pensée chinoise atemporelle, il ne saurait être isolé de son époque. Dans sa haine des Mandchous, il entend préserver la civilisation chinoise de leur corruption. Mais la particularité de ses engagements ne rend que plus expressive sa vision de la tradition dont il se veut le défenseur. Ainsi est-ce une introduction exceptionnellement claire et maîtrisée à un univers intellectuel éloigné du nôtre que nous offre Jacques Gernet.

03/2005

ActuaLitté

Biographies

Toute ma vie. Journal intégral, Tome 3. 1946-1950

Julien Green (1900-1998) a tenu son journal de 1919 à sa mort. Le texte paru en 19 volumes de 1938 à 2006 n'est pas le texte intégral, comme Julien Green l'a indiqué dans les préfaces aux éditions successives, mais un choix opéré parmi des notes journalières prises tout au long d'une vie dont les dates se confondent avec celles du XXe siècle dans sa presque totalité. Ouvre monumentale qui couvre soixante-dix ans de la vie de l'écrivain, le Journal de Julien Green n'avait pourtant jamais été publié dans sa version intégrale et définitive. L'auteur en avait délibérément écarté les pages les plus intimes, jugeant impubliable de son vivant cette " confession qui rétablissait la vérité ". Mais il se déclarait favorable à ce qu'elle fût exhumée le moment venu. C'est chose faite aujourd'hui grâce à cette édition conçue et présentée par Guillaume Fau, Carole Auroy, Alexandre de Vitry et Tristan de Lafond. Ce troisième volume couvre la période 1946-1950, celle de la réinstallation Green à Paris, au retour des années d'exil passées aux Etats-Unis. L'écrivain reprend pied dans la vie intellectuelle, artistique et mondaine, aux côtés de son compagnon de vie, Robert de Saint Jean, et d'Anne Green, sa soeur. Il retrouve les écrivains dont il fut l'ami et le con dent durant l'entre-deux-guerres, André Gide, François Mauriac, Jean Cocteau, Jacques Maritain, surtout. Mais il est aussi confronté à une génération nouvelle d'auteurs qui, de Jean-Paul Sartre et Albert Camus à Jean Genet, bouleverse quelque peu son univers littéraire. Auprès de lui se renforcent dans le même temps le rôle et l'influence de religieux qui vont devenir ses interlocuteurs quasi quotidiens et les témoins de son évolution intérieure. Au début des années 1950, on voit s'ouvrir pour l'auteur de nouveaux horizons : celui du théâtre, d'abord, forme d'expression pour lui inédite ; celui, aussi, d'un infléchissement de sa vie personnelle avec la rencontre d'Eric Jourdan, son futur fils adoptif.

09/2021

ActuaLitté

Pays du monde

J'explore la mer des Caraïbes

J'explore la mer des Caraïbes - Mon premier guide de voyage invite les enfants de 7 à 11 ans à découvrir la mer des Caraïbes, ses îles et les pays qui la bordent, à travers une foule d'activités. Unique en son genre, ce guide de voyage tout en couleurs sur la mer des Caraïbes, ses îles et les pays qui la bordent s'adresse aux enfants de 7 à 11 ans ! Il permettra à tous les jeunes voyageurs, garçons et filles, de bien profiter de leur séjour au soleil en les incitant à demeurer attentifs à tout ce qui les entoure. A la fois amusant et instructif, il les occupera pendant les déplacements dans les transports tout en attirant leur attention sur une foule de sujets, de la géographie à l'histoire, en passant par les particularités régionales et les coutumes locales. Tout au long de J'explore la mer des Caraïbes - Mon premier guide de voyage, le sympathique personnage Edgar et ses amis accompagnent les jeunes voyageurs dans leur découverte des divers écosystèmes des Caraïbes (plages, coraux, jungle, faune, flore). Ils les convient à s'intéresser à l'histoire de cette vaste région en leur présentant les civilisations précolombiennes, en leur racontant la venue de Christophe Colomb et des Européens, et en les faisant voyager dans le temps jusqu'à l'époque où les pirates semaient la terreur... Le guide aborde également pour ses jeunes lecteurs des sujets aussi sérieux que l'esclavage et les catastrophes naturelles (ouragans, éruptions volcaniques, tremblements de terre), les initie aux différentes langues parlées dans la région des Caraïbes et leur explique ce qu'est le créole. La musique, la danse et les célébrations que sont les carnavals, les fêtes d'indépendance et les rituels religieux occupent en outre une place importante dans le guide, de même que les aliments de base typiques et les spécialités culinaires. Edgar et ses amis encouragent enfin les jeunes voyageurs à vivre des vacances actives en s'adonnant à l'exploration de cenote, à la plongée-tuba, au kayak de mer, au surf, à la planche à rame et à d'autres sports nautiques.

09/2021

ActuaLitté

Généralités

Bandung. Chronique d'un monde en décolonisation

Reportage, carnet de voyage, exploration littéraire des forces "tectoniques" de la race et de la religion dans un monde en pleine ébullition, récit par une grande plume de la littérature américaine d'un grand moment de la vague des décolonisations, du choc avec les puissances impérialistes et le capitalisme, chronique sensible des effets de la colonisation et du racisme sur les corps et les esprits, Bandung est tout cela et bien plus encore. Amzat Boukari-Yabara, qui signe une riche préface retraçant la trajectoire politico-littéraire de Richard Wright et mettant Bandung en perspective, en livre la présentation suivante ? : "Après un séjour en Espagne puis un réveillon passé à Paris avec [George] Padmore [l'un des "pères" du panafricanisme] et un petit groupe de militants vietnamiens, Richard Wright découvre en janvier ? 1955 un encart dans un journal qui annonce la tenue d'une conférence réunissant vingt-neuf nations d'Afrique et d'Asie à Bandung, en Indonésie, en avril ? 1955. Wright est convaincu que cet événement représente "quelque chose de nouveau" dans l'histoire des relations internationales, et que cette rencontre inédite, qui va au-delà des clivages usuels entre le capitalisme et le communisme, ou la droite et la gauche, peut déboucher sur une reconfiguration du monde contestant la bipolarisation issue de la Guerre froide. Comment "un autre monde", pense-t-on à l'Ouest, pourrait-il s'organiser en dehors de l'orbite occidentale, si ce n'est dans l'orbite soviétique ?? Quelle est la légitimité de ce rassemblement de nations aussi différentes les unes des autres sur le plan historique, politique, économique, culturel ou religieux ? Comment les seules caractéristiques de la "couleur de peau" ou du passé colonial peuvent-elles sérieusement fonder une coopération entre ces nations ?? Etrangement, les Etats-Unis, une puissance occidentale qui fonctionne pourtant sur le principe de la ségrégation raciale, n'apprécient guère de voir pour la première fois des peuples "de couleur" se réunir en dehors de sa présence. Ainsi, en tant que seul journaliste de nationalité américaine habilité par les organisateurs à suivre officiellement la conférence, l'objectif de Wright est d'en donner une autre vision, différente des critiques négatives relayées par la presse occidentale".

09/2021

ActuaLitté

Religion

Religions et défis actuels de l'école. Quelle pertinence du cours de religion ?

A l'heure du pluralisme religieux et convictionnel, le rapport entre religions et école ne va plus de soi. Les religions sont plus vues comme un défi voire une menace qu'une plus-value pour l'école. Le malaise qu'engendre la présence des religions à l'école est palpable. On ne sait plus quoi faire des religions à l'école. Cependant les religions peuvent contribuer à relever les défis actuels de l'école. Dans cette perspective, l'Eglise catholique doit être interpellée dans son rapport avec l'école d'aujourd'hui. L'originalité de ce livre consiste dans la diversité et la complémentarité des auteurs. Evêques, académiques et autres acteurs du monde scolaire de trois continents — Afrique, Europe et Amérique latine — abordent le rôle de l'Eglise face aux défis actuels de l'école. Que ce soit dans les écoles publiques ou dans les écoles confessionnelles, les religions peuvent être une arme à double tranchant. D'une part, si l'école ne s'en occupe pas convenablement, les religions peuvent être l'un des défis actuels de l'école. Les formes du terrorisme, du radicalisme actuels, du refus des soins médicaux, etc. en témoignent. Ainsi, les religions sont un défi sérieux pour l'école. D'autre part, et c'est l'option défendue par ce livre, l'Eglise est capable de contribuer à réenchanter nos sociétés et l'école. En effet, les richesses millénaires de la tradition chrétienne sont un lieu poétique où sont disponibles, de façon herméneutique, les valeurs de solidarité, d'hospitalité, d'empathie, de compassion, etc. dont les jeunes et les sociétés actuels ont tant besoin pour équilibrer le trop-plein du naturalisme et du techno-scientisme. Dans notre monde dominé par la recherche de la réussite matérielle, l'individualisme, la recherche effrénée de la jouissance, l'immédiateté, l'exploitation abusive de l'autre et de la nature, la marginalisation croissante des plus démunis, le repli identitaire, les conflits ethniques, etc., le christianisme est appelé à être repensé pour réinvestir le champ scolaire avec une plus-value propre dans le processus complexe de l'humanisation de notre monde.

12/2019

ActuaLitté

Pères de l'Eglise

Saint Pierre. Le mystère et l'évidence

La biographie de référence de saint Pierre, premier apôtre et premier pape. Dans l'histoire de l'Eglise, Pierre est considéré comme le premier pape. Pourtant, rien ne le disposait à prendre la place du premier apôtre. Originaire d'une petite bourgade sans prétention située au nord de la terre d'Israël, il exerce humblement une activité de pêcheur avec son frère et quelques amis qui lui sont associés. Alors que la région est dominée par l'Empire romain et que le judaïsme est en crise, le discours messianique de Jésus le séduit si bien qu'il décide de le suivre. D'après les évangiles, c'est Jésus qui donne à Simon le nom de Pierre. Il reçoit aussi la charge du " troupeau ", c'est-à-dire de l'Eglise : " Tu es Pierre, dit le Christ, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ". L'historien Christophe Dickès offre un regard inédit et complet sur le personnage. Après avoir présenté l'homme dans son milieu politique, religieux et économique, il suit les traces de celui qui, après Jésus, est l'homme le plus cité du Nouveau Testament. Le lecteur part ainsi à la découverte d'un personnage complexe, tiraillé entre son engagement et ses doutes. La résurrection du Christ achève pourtant sa conversion : il devient alors le chef de l'Eglise, ouvre le christianisme au monde païen et évangélise une partie de l'Orient. Pierre achève son parcours à Rome où, selon la tradition, il est crucifié la tête en bas au moment des persécutions de Néron, après l'incendie de 64. L'auteur présente aussi comment et pourquoi le pouvoir des papes va s'élaborer autour de ce personnage et étudie les lieux archéologiques qui sont liés à sa vie : de sa maison à Capharnaüm retrouvée en 1866 jusqu'à sa fameuse tombe découverte en 1950, au centre même de la basilique Saint-Pierre de Rome. Il achève enfin sa réflexion en abordant la place de Pierre dans l'art chrétien des premiers siècles. Cet ouvrage, absolument inédit dans son approche globale, se situe donc au carrefour des sciences : entre histoire, art, archéologie et théologie.

11/2021

ActuaLitté

Histoire des religions

Religions et fin de vie (TP)

La question de la fin de vie ne laisse personne indifférent. Depuis plusieurs décennies, le suicide assisté et l'euthanasie, comme solutions à la désespérance, la maladie et la souffrance, font débat au sein de nos sociétés. Dans ces discussions, les religions et les spiritualités ne parviennent pas toujours à se faire entendre. L'anthropologue Laëtitia Atlani-Duault offre pour la première fois à de grandes voix religieuses et intellectuelles de France un espace de dialogue autour de la fin de vie. Chacune dans leur tradition théologique, elles abordent sans détour l'importance du lien et du consentement à la mort, mais aussi à la vie. Contributeurs : Olivier Abel (philosophe protestant), Dan Arbib (philosophe et spécialiste d'études juives), Sadek Beloucif (professeur de médecine et président de l'association "L'Islam au XXIe siècle"), Antony Boussemart (coprésident de l'Union bouddhiste de France), François Clavairoly (pasteur et théologien protestant), Chems-eddine Hafiz (recteur de la Grande Mosquée de Paris), Haïm Korsia (grand rabbin de France et membre de l'Institut), Christian Krieger (pasteur et président de la Fédération protestante de France), Denis Malvy (professeur de médecine, théologien et prêtre orthodoxe), Véronique Margron (théologienne et soeur dominicaine, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France), Eric de Moulins-Beaufort (archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France), Dimitrios Ploumis (métropolite de France et président de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France), Jigmé Thrinlé Gyatso (lama et coprésident de l'Union bouddhiste de France). Laëtitia Atlani-Duault est anthropologue et a créé un groupe de réflexion sur les grands sujets de société au prisme des religions et spiritualités. Elle est directrice de recherche à l'Université Paris Cité - IRD, vice-présidente Europe de l'Université Paris Cité, présidente de l'Institut Covid19 Ad Memoriam et professeur affiliée à l'Université Columbia. Elle a été membre du Conseil scientifique Covid-19 et de la Commission indépendante d'enquête sur les abus sexuels dans l'Eglise de France. Elle a récemment dirigé Les Spiritualités en temps de pandémie (Albin Michel, 2022).

10/2023

ActuaLitté

Littérature française

Correspondance. Tome 1, 1787-1804

4 août 1787 , à Dinan, en Bretagne, une rencontre s'ébauche et se poursuivra jusqu'en 1809. Pierre-Joseph de Clorivière, descendant de corsaires malouins, poussé par une mystérieuse injonction, refuse la brillante carrière dans laquelle voulait l'engager sa famille, pour entrer dans la Compagnie de Jésus. Après la suppression de la Compagnie de France, il termine sa formation religieuse en Belgique, , puis revient en France où il est nommé supérieur du collège de Dinan. Marie-Adélaïde de Cicé est la dernière-née d'une famille aristocratique de Rennes. Demeurée seule à la mort de sa mère, passionnée de Dieu, elle se demande comment Le servir dans ses pauvres. Venant à Dinan "prendre les eaux" , c'est là qu'elle rencontre le P. de Clorivière. "... Versatile, impressionnable, en proie à l'activité naturelle qui l'inquiète" (G. D.), elle trouvera celui qui sera pour elle un guide lucide et ferme. Leur correspondance, "journal à deux voix" , ne reflète pas la lumineuse paix du cloître ; elle arrive accompagnée du fracas d'un monde qui s'écroule dans la violence et la mort. La spiritualité qui s'en dégage, loin d'être "désincarnée" , se fonde sur la recherche de la volonté de Dieu en toute circonstance. Cette attention à l'événement considéré dans la foi les conduira à fonder une double Société, Les Prêtres du Coeur de Jésus et Les Filles du Coeur de Marie, dont les membres, avec une souplesse surnaturelle, sauront vivre en tout et partout un authentique engagement religieux. Ce premier volume éclaire et prépare la voie à ceux qui vont suivre. Il s'achève sur la lettre du 8 janvier 1804. Pierre de Clorivière est enfin de retour à Paris. Au soir du 4 mai, il sera arrêté par la police de Fouché, depuis longtemps sur ses traces. Il est incarcéré dans la prison du Temple, puis transféré en 1808 dans la maison du Dr Dubuisson et enfin libéré le 11 avril 1809. De ces prisons et par des voies détournées, il adressera à Adélaïde de Cicé environ 550 lettres qui feront l'objet d'une prochaine publication.

04/1997

ActuaLitté

Témoins

Le secret de mon fils, Carlo Acutis. Comment il est devenu saint

Beaucoup de gens me demandent quel est le secret caché derrière la figure de mon fils Carlo, qui en quelques années a réussi à gagner l'amitié et l'affection d'une multitude de personnes qui demandent son intercession dans la prière. Pourquoi un simple petit garçon, mort à l'âge de quinze ans, est-il invoqué dans le monde entier ? Pourquoi l'Eglise l'a-t-elle proclamé bienheureux ? Quel est, en somme, le "mystère de la lumière" qui l'accompagne ? Beaucoup ont voulu percer ce mystère, mais il n'est pas facile de saisir l'être d'une personne si l'on n'est pas entré dans une relation directe avec elle. S'il est vrai que "l'essentiel est invisible pour les yeux et ne peut être vu qu'avec le coeur" , en tant que mère de Carlo, j'ai voulu essayer d'écrire un livre avec mon coeur, pour aider ses nombreux amis à mieux le connaître et à l'aimer. Un sens religieux très fort et inné a conduit mon fils à s'ouvrir aux autres, surtout aux petits, aux pauvres et aux faibles. Carlo a vécu en se tournant toujours vers Dieu. Il avait l'habitude de dire que "la conversion est un processus de soustraction : moins de moi pour laisser de la place à Dieu" . Comme un phare dans une nuit noire, il a percé et éclairé les ténèbres qui me retenaient captive et m'a montré un chemin vers l'éternité. L'infini était son objectif, pas le fini. Jésus était le centre de sa vie. Ce sont les trésors que j'essaie ici de dévoiler, les trésors de Carlo, son secret. Antonia Salzano Acutis est la mère de Carlo Acutis, décédé en 2006 et béatifié par l'Eglise catholique en 2020. Convertie par la foi ardente de son fils, elle témoigne de sa vie fulgurante et de son rayonnement auprès de la jeunesse. Paolo Rodari est journaliste et vaticaniste pour La Repubblica. Chez Piemme, il a publié, avec le père Gabriele Amorth, le best-seller international Moi, le dernier exorciste.

10/2022

ActuaLitté

Religion

Memoria passionis. Un souvenir provocant dans une société pluraliste

" "Religion au visage tourné vers le monde", le christianisme ne saurait se désintéresser purement et simplement de l'ombre que l'histoire des souffrances humaines projette sur notre espérance : il est dramatiquement contraint de reprendre de façon nouvelle la question essentielle de la théodicée, celle de Dieu. Cela nous conduit à confronter notre mémoire biblique aux divers univers culturels et religieux actuels, et à relancer ainsi à neuf les problèmes brûlants de l'histoire de la passion de l'homme. Dans une religion qui voit dans la passion de Dieu une compassion, une expression non sentimentale d'un amour qui s'enracine dans l'unité inséparable de l'amour de Dieu et de l'amour de l'homme, l'Histoire de l'humanité (au sens de grand récit) vue comme une histoire de passion ne peut que récuser l'idée (moderne) d'une avancée non dialectique du progrès, mais aussi l'intention (postmoderne) de dissoudre l'Histoire dans une pluralité d'histoires sans lien entre elles. C'est pourquoi le christianisme critique l'image répandue dans le public, celle d'une histoire qu'on a fondamentalement soustraite à la dialectique du souvenir et de l'oubli, et qui vient ainsi conforter l'amnésie culturelle régnante en effaçant de la mémoire le souvenir de la passion. [...] En reprenant ainsi en théologie le thème de la théodicée, il ne s'agit pas, comme le mot et son histoire pourraient le laisser entendre, d'un retour à la tentative vieillotte de "justification de Dieu" envers et contre tout, alors que nous devons faire face au monde, à la souffrance et au mal. Il s'agit plutôt, et même exclusivement, de se demander comme on peut parler de Dieu de manière générale, étant donné l'insondable souffrance du monde, de "son" monde. A mes yeux, c'est là la question de la théologie, et il est tout aussi impossible de l'éliminer que d'y répondre. C'est la question eschatologique, celle pour laquelle la théologie ne dispose d'aucune réponse venant tout concilier, mais au sujet de laquelle elle doit toujours chercher un nouveau langage pour ne jamais la laisser tomber dans l'oubli. "

06/2009

ActuaLitté

Gestion des émotions

Le pouvoir des rituels

Transformer des pratiques ordinaires, quotidiennes - telles que le yoga, la lecture ou la promenade du chien - en rituels sacrés. Des rituels qui nous aident à redonner du sens à notre vie. " Après cinq ans de recherches et des centaines de conversations, je suis convaincu que nous sommes au milieu d'un changement de paradigme. Que ce qui nous rassemblait auparavant en communauté ne fonctionne plus et que les propositions spirituelles des temps jadis ne nous aident plus à prospérer. " - Casper ter Kuile Lire Harry Potter comme s'il s'agissait de la bible, faire une séance de sport en salle, écrire son bullet journal... Peu importe la forme qu'ils revêtent, les rituels sont partout ! Pour Casper ter Kuile, ces pratiques offrent des rituels qui créent le fondement de notre vie spirituelle moderne. Nous sommes en crise. Notre société technologique moderne a laissé une trop grande proportion d'entre nous, peu importe notre âge, dans un sentiment d'isolement et de perte de sens. Les anciennes structures de construction de communauté et de création de sens ne nous soutiennent plus. Mais Casper ter Kuile livre un nouveau message porteur d'espoir : nous ne sommes peut-être plus religieux, mais cela ne signifie pas pour autant que nous ayons perdu toute spiritualité. Aujourd'hui, nous trouvons du sens dans : - Le CossFit, la gym suédoise ou l'aquabike, qui offrent un sentiment d'appartenance ancré dans la responsabilisation et le soutien, de manière semblable aux groupes de paroisse - Harry Potter et d'autres livres à succès, qui offrent des enseignements universels - Les bullet jounals, qui ont remplacé la prière traditionnelle - Les détox digitales, qui offrent des moments de calme en pleine conscience Dans Le pouvoir des rituels, Casper ter Kuile nous invite à approfondir ces pratiques ordinaires en tant que rituels intentionnels qui nourrissent la connexion et le bien-être. Avec sagesse et humour, l'appel au rituel de Casper ter Kuile est finalement un appel à guérir notre perte de lien à nous-mêmes, aux autres, à la nature et à nos identités spirituelles. Le pouvoir des rituels nous rappelle que ce que nous faisons déjà tous les jours compte - et a le potentiel de devenir une puissante expérience de réflexion, de refuge et de sens.

02/2022

ActuaLitté

Religion

Le christianisme et ses juifs (1800-2000)

Ce livre entrecroise deux histoires. L'une, locale, minuscule, se focalise sur un village de la Bavière catholique, Oberammergau, où chaque décennie depuis 1634 les habitants jouent un Mystère de la Passion du Christ. Au fil des XIXe et XXe siècles, ce spectacle religieux draine des publics énormes de toutes confessions, de toutes conditions sociales et provenances (notamment l'Europe et les Etats-Unis), devenant ainsi le drame sacré le plus fréquenté du monde. L'autre histoire se déploie sur la scène européenne puis euro-américaine et concerne les relations des Eglises chrétiennes avec les juifs - comment elles les ont perçus, pensés et traités au cours du lent processus de leur émancipation politique (1771-1871). La culture antijuive du christianisme et plus particulièrement du catholicisme, y apparaît sous ses divers aspects : théologique, politique, social et esthétique. Autant de questions absentes des histoires générales du christianisme comme de celles de l'antisémitisme. En point d'orgue, la destruction des juifs d'Europe par le nazisme et le problème de la part de responsabilité des Eglises dans cette catastrophe. Sans doute n'ont-elles pas voulu l'extermination, mais elles ont contribué, avec beaucoup d'autres acteurs sociaux, à la laisser s'accomplir. Les institutions religieuses ne l'ont pas dénoncée. Des chrétiens ordinaires ont participé au meurtre de masse ou à ses préalables - privations de droits, ghettoïsation, spoliation, déportations. D'autres chrétiens en sont restés les témoins muets, voire approbateurs. Dès 1900, le drame sacré d'Oberammergau a commencé à être accusé d'antisémitisme. Après Auschwitz, ces accusations prennent une tout autre gravité. Les organisations juives internationales se mobilisent, soutenues par ceux des chrétiens qui souhaitent rompre avec le passé antijuif de leur religion. On suivra pas à pas, de Vatican II à l'an 2000, les mutations de l'Eglise catholique dans ses relations avec le judaïsme : une révolution théologique et un repentir sincère, mais sans la moindre assomption de son histoire vis-à-vis des juifs. Les Oberammergauer profiteront de ces ambiguïtés pour maintenir vaille que vaille l'esprit antijuif de leur Passion, au nom de la tradition.

05/2004

ActuaLitté

Théâtre

Thomas More ou l' Homme libre

"Quelques mois avant sa mort, Anouilh décida de publier Thomas More, comme un post-scriptum. Dans ce texte admirable, à mi-chemin entre le théâtre et le cinéma, il met en scène l'un de ces héros solitaires, cousins d'Antigone et de Becket, qui lui tenaient à coeur, parce qu'ils ont trouvé le bonheur au-delà du désespoir. Thomas More, chancelier, père de famille, ami du roi Henri VII, refuse de signer l'acte de fondation de l'Eglise anglicane, qui permet au roi de divorcer tranquille. Autant par idéal religieux que par réaction contre la servilité ambiante, trop sérieux dans ses sentiments ou trop léger pour se faire une raison, Thomas ne sait pas mettre son honneur au service de son intérêt, et envisage son sacrifice avec désinvolture puisqu'il a connu la trahison. La pureté intransigeante des petits stimule la corruption des grands, lorsqu'ils se rencontrent. Mais Henri VIII éprouve pour Thomas une amitié réelle qui fera leur malheur à tous deux, chacun respectant trop l'autre pour s'estimer en droit de lui céder. Ils s'enferrent dans leur conflit, et, tandis que le roi, en arrêtant Thomas, a l'impression de se jeter lui-même en prison, Thomas court à sa perte en toute sérénité, sans rancune, dans une solitude têtue aggravée par la bonne humeur, car lorsqu'on a décidé d'aller jusqu'au bout, le chemin paraît moins long, et l'injustice donne des ailes. Thomas perdra sa tête pour n'avoir pas voulu la courber, et Henri VIII en fera tomber bien d'autres, pour racheter celle de son ami. "Il ne faudrait jamais grandir", l'une des phrases-clés d'Anouilh, s'adapte au gâchis de l'âge adulte comme aux revers du pouvoir absolu. De cet affrontement absurde entre deux amis, il restera un éclair de sincérité, de fidélité à soi-même et aux défis de l'enfance, dans la vie sans bonheur d'un roi seul. Avec Thomas More, Jean Anouilh, en sortant, a laissé sa clé sur la porte". Didier van Cauwelaert.

12/1987

ActuaLitté

Sciences politiques

Sacré versus sécularisation. Religion et politique dans le monde

Les événements du ii septembre 2001 et leurs répercussions en Afghanistan et en Irak ont ébranlé les théories scientifiques relatives à "la fin de l'histoire" et aux dividendes de la paix postérieure à la guerre froide. L'étude de la religion s'est retrouvée soudain sous les feux de la rampe. Les conflits religieux sont-ils désormais le problème central ? Les prophéties annonçant un nouveau "choc des civilisations" se réalisent-elles ? Le processus de sécularisation est-il en train de réduire le rôle de la religion dans la vie quotidienne ou les grandes religions mondiales connaissent-elles une forte reviviscence ? Pour répondre à ces questions, Pippa Norris et Ronald Inglehart ont exploité un corpus important de données empiriques recueillies dans un très grand nombre de sociétés de type très différent, réparties dans le monde entier. A partir des idées développées par Weber et Durkheim il y a un siècle, ils élaborent un nouveau cadre théorique pour comprendre comment l'expérience de la sécurité existentielle influence le processus de sécularisation. Ils montrent de façon convaincante que les populations les plus vulnérables restent les plus attachées à la religiosité, surtout (mais pas exclusivement) dans les pays les plus pauvres et les Etats en faillite. A l'inverse, dans les franges les plus prospères des nations riches, les pratiques, les valeurs et les croyances religieuses sont en érosion constante. Mais si les populations de quasi toutes les sociétés industrielles avancées se sont de plus en plus laïcisées au cours du dernier demi-siècle, leurs taux de fécondité ont enregistré une chute brutale. Au total, le monde compte plus d'individus qui adhèrent à des conceptions religieuses traditionnelles que par le passé - et ils représentent une part croissante de la population mondiale. Salué lors de sa publication en anglais comme un ouvrage fondateur par l'American Journal of Sociology, les Comparative Politicai Studies, le Journal of the Scientific Study of Religion, cet ouvrage solidement argumenté et d'une lecture agréable séduira autant le monde académique que le lecteur curieux de comprendre les évolutions majeures de notre temps.

10/2014

ActuaLitté

Economie

Mémoires solidaires et solitaires. Trajectoires d'un économiste du développement

Quelle est la petite musique intérieure qui anime une vie, parfois la fait danser et d’autres fois lui donne une tonalité plus grave ? Quels sont les airs que l’on joue durant son passage sur terre et de quelle manière les doigts se déplacent-ils sur le clavier pour composer différents morceaux qui à la fin constituent une oeuvre même si elle est très imparfaite ? Il y a beaucoup d’improvisation, d’échecs, et parfois quelques moments d’harmonie voire de grâce. Ce texte mélange le temps de l’histoire et celui de la narration. Il est centré sur les itinéraires d’un professeur d’université ayant été coopérant et économiste du développement. Il présente des histoires vécues dans le monde et le « Tiers monde ». Il aborde également les diverses facettes d’une vie marquée par la famille, les rencontres et les passions. Il est un entre deux, combinant vie privée et publique, restitution de l’action et de la réflexion dans différents domaines allant de l’économie aux champs social, politique, religieux ou artistique. L’ordonnancement de ce texte distingue De l’héritage à l’adolescence. Coopérant au Cameroun. Différentes facettes de la vie familiale. Itinéraires professionnels. Engagements et histoires vécues dans le Tiers monde. Autres regards sur le monde. Qui suis-je ? Ce que je crois. Le titre de ce texte renvoie à Camus. Le travail d’un enseignant, chercheur, écrivain et conférencier est solitaire. Mais il n’a de sens que parce qu’il existe des étudiants, des lecteurs ou des auditeurs et qu’à défaut de message on essaye de s’engager avec et pour les autres. Toute écriture, comme toute vie, est en partie solitaire mais l’on n’écrit et l’on ne vit que parce que l’on se sent solidaire. Philippe Hugon est professeur émérite à Paris- Ouest Nanterre La Défense, directeur de recherche à l’IRIS et membre de l’Académie des sciences d’Outre-Mer. Spécialiste en économie du développement, il a récemment publié L’économie de l’Afrique (La Découverte) et Géopolitique de l’Afrique (Armand Colin).

11/2013

ActuaLitté

Beaux arts

Otsu-e - Peintures populaires du Japon. Des imagiers du XVIIe siècle à Miro

Dans le prolongement de l'année "Japonismes 2018", la Maison de la culture du Japon à Paris présente "OTSU-E : peintures populaires du Japon", la première exposition organisée en Europe sur l'imagerie japonaise de l'époque d'Edo. Les Otsu-e ou "images d'Otsu" sont des peintures exécutées au pochoir, qui connurent une grande popularité tout au long de l'époque d'Edo, du début du XVIIe au milieu du XIXe siècle. Elles étaient vendues aux voyageurs et aux pèlerins qui empruntaient la route du Tokaido reliant Kyoto à Edo (aujourd'hui Tokyo), et dont la ville d'Otsu en est le premier relais. Les thèmes de ces peintures - au nombre d'environ cent vingt - furent d'abord religieux, avant d'évoluer vers des contenus satiriques ou moraux. Le répertoire le plus connu est composé d'une dizaine de sujets - comme le démon travesti en moine ou la jeune fille à la glycine - auxquels furent attribuées des vertus protectrices. De nombreux artistes du XIXe siècle, en particulier de l'école ukiyo-e, comme Kuniyoshi ou Kawanabe Kyosai, furent fascinés par cette imagerie et s'en inspirèrent, produisant des versions parodiques qui prolongent leur esprit humoristique. Ce n'est que dans les années 1920, sous l'impulsion du mouvement pour les arts populaires (mingei), que ces images d'Otsu furent redécouvertes, étudiées et miraculeusement préservées par le penseur Yanagi Muneyoshi (1889-1961). Les plus belles pièces de cette collection unique au monde, conservées au Japan Folk Crafts Museum, le musée qu'il fonda à Tokyo en 1936, sont montrées dans l'exposition. Les images d'Otsu sont loin de connaître en Occident la même renommée que les estampes ukiyo-e, qui leur sont contemporaines. Quelques précurseurs s'y intéressèrent néanmoins, comme l'anthropologue André Leroi-Gourhan ou des artistes, tels le sculpteur catalan Eudald Serra, Miro ou Picasso, dont plusieurs oeuvres de leurs collections personnelles sont exposées. La simplification des formes, la liberté graphique, la naïveté et l'esprit humoristique de ces peintures entrèrent en effet en résonance avec certaines formes d'art d'avant-garde au XXe siècle.

04/2019

ActuaLitté

Philosophie

Le code d'honneur. Comment adviennent les révolutions morales

Que peut-on apprendre sur la morale en étudiant les révolutions morales ? Historiens et philosophes ont découvert bien des choses sur la science en examinant avec attention les révolutions scientifiques. La morale, ainsi que le soutenait Emmanuel Kant, est en fin de compte pratique ; elle concerne ce que nous faisons. Aussi, comme toute révolution est un changement profond en un bref laps de temps, une révolution morale doit impliquer une transformation rapide du comportement moral et non pas simplement des sentiments moraux. Kwame Anthony Appiah, professeur de philosophie à l'Université Princeton, examine quelques révolutions morales, la tombée en désuétude du duel, l'abandon du bandage des pieds en Chine, la fin de la traite négrière dans l'Atlantique, pour cerner ce qu'elles ont en commun. Le premier trait est qu'il ne s'est passé aucun retournement d'opinion suite à des arguments nouveaux politiques, religieux ou moraux. Ceux-ci, hostiles à chacune de ces pratiques étaient bien connus depuis longtemps ; le duel avait toujours été meurtrier et irrationnel, le bandage des pieds cruellement mutilant, l'asservissement une atteinte à la dignité humaine de l'esclave. L'important est ailleurs ; dans chacune de ces transitions le rôle central est revenu à quelque chose que l'on nommait très naturellement " honneur ". Ainsi des conceptions de l'honneur national et de l'honneur d'ouvriers très éloignés des plantations du Nouveau Monde ont respectivement occupé une place éminente dans la fin du bandage des pieds et de l'esclavage moderne. Ce qui s'avère essentiel, c'est dans chaque cas le rôle des identités sociales et plus exactement la lutte pour la reconnaissance ; nous avons besoin que d'autres personnes nous reconnaissent en tant qu'êtres conscients et nous témoignent que nous les reconnaissons. Appiah restaure donc, au coeur de la philosophie politique et morale, la notion aujourd'hui négligée d'honneur, essentielle à notre réflexion sur la question de savoir ce qu'est vivre une vie humaine réussie. Tant le respect et l'amour-propre ou respect de soi sont clairement des biens humains cruciaux.

03/2012

ActuaLitté

Histoire internationale

Le Wasat sous Moubarak. L'émergence contrariée d'un groupe d'entrepreneurs politiques en Egypte

Légalisé le 19 février 2011, au lendemain de la révolution égyptienne, le Wasat a une histoire qui remonte à 1996, lorsqu’une poignée de jeunes Frères musulmans dissidents ont cherché à créer un parti politique moderne, ouvert aux femmes et aux chrétiens. Cet ouvrage, publié avec le soutien de Sciences-Po Lyon et du laboratoire Triangle (UMR 5206 du CNRS), revient sur les quinze années durant lesquelles ce parti est demeuré cantonné à un entre-deux juridique, qui lui barrait l’entrée de la scène politique légale. Cette situation illustre les blocages qui ont marqué l’Egypte durant cette période correspondant à la seconde moitié du règne de Hosni Moubarak. Les membres du Wasat y sont appréhendés comme un groupe d’entrepreneurs politiques, désireux de devenir des politiciens professionnels, mais contrariés dans cette ambition par le corset juridique établi par le régime pour encadrer la vie politique. Cherchant à se spécialiser dans l’activité politique, et tournant en conséquence le dos aux volets caritatifs et religieux de l’action des Frères musulmans, les fondateurs du Wasat s’inscrivent dans une logique post-islamiste, en ceci qu’ils ont renoncé au projet globalisant qui sous-tend l’idéal de l’Etat islamique. Tenus à l’écart de l’arène politique, ils mettent ce temps à profit pour renforcer leurs liens avec les intellectuels du "nouveau courant islamiste", et puiser dans la production idéologique de ces derniers de quoi alimenter leur propre offre programmatique, dans l’optique d’une libéralisation à venir du marché électoral. Parallèlement, ils agissent de concert avec les autres forces de l’opposition pour tenter de contraindre le régime à davantage d’ouverture, notamment lors de l’épisode de contestation orchestré par le mouvement Kefaya à l’approche des élections de 2005. Basé sur une enquête de terrain et l’analyse du discours des acteurs étudiés, cet ouvrage décortique les relations que le Wasat entretient avec son environnement, et met en évidence l’évolution qu’il a connue au cours de ces quinze années, tant dans la composition de ses organes directeurs que dans le contenu de son offre programmatique. Ce faisant, il ouvre également des pistes à la compréhension des changements politiques survenus en Egypte depuis janvier 2011.

02/2013

ActuaLitté

Religion

Un islam confrérique au Burkina Faso. Actualité et mémoire d'une branche de la Tijâniyya

Vers 1920, dans le Yatenga, en pays mossi (Burkina Faso) un homme, Aboubakr Sawadogo, revient dans son pays après un long périple à pied qui en plusieurs années le conduira à la Mecque. De son pèlerinage, il acquiert un savoir religieux et un prestige symbolique considérable. Il est désormais le cheikh Aboubakr. Entouré de ses premiers adeptes, prêchant un islam combatif à l'égard des traditions de la société mossi, il s'inscrit dans le sillage de la Tijânyya hamalliste des "onze grains". C'est alors qu'il formule le projet d'une ville auréolée de la sainteté : Ramatoulaye. Pour cela, il n'hésitera pas à bousculer l'organisation de la société mossi, dont son système de parenté. Cet ouvrage repose sur une recherche de long terme menée dans la ville sainte. Aujourd'hui dirigée par le troisième successeur du fondateur, Ramatoulaye continue à attirer des fidèles. La célébration du Mouloud voit des milliers de pèlerins accourir du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Ghana et d'ailleurs. La ville apparaît comme un modèle en matière de sécurité des personnes et des biens, mais aussi de sécurité alimentaire et d'ordre. Pour combien de temps, les règles de conduite imposées par le fondateur - la séparation des sexes, l'interdiction du football, en passant par la méfiance à l'égard des images et de la musique, par exemple - parviendront-elles à régir l'ordre social de Ramatoulaye ? Pour combien de temps l'économie religieuse fondée sur le Mouloud, l'offre d'enseignement et les dons parviendra-t-elle à garantir la pérennité de la ville ? Pour répondre au défi de son devenir, la confrérie a élargi depuis des années ses liens avec l'Etat burkinabé et a multiplié ses relations internationales. Elle est ainsi confrontée à des choix politiques et à des tactiques conséquentes. Elle se trouve également immergée dans les dynamiques de l'islam mondial, face à la confrontation entre spiritualisme mystique et néosalafisme. La confrérie et ses dirigeants sont mis au défi de gérer les changements, de parvenir à échapper à la routinisation du charisme et de renouveler leur vision spirituelle.

12/2012