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Manon Moreau

Extraits

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Littérature française

La vie des elfes

"Les mains de la petite étaient fines et gracieuses, plutôt larges pour une enfant qui n'avait fêté ses dix ans qu'en novembre, et extrêmement déliées. Elle les tint au-dessus des touches comme il fallait pour entamer le morceau mais les laissa en suspens pendant un instant où les deux hommes eurent le sentiment qu'un vent ineffable balayait l'espace de la nef. Puis elle les posa. Alors une tempête se fit dans l'église, une vraie tempête qui fit s'envoler les feuilles et rugit comme une vague qui monte et retombe sur l'amer des rochers. Enfin, l'onde passa et la petite joua. Elle joua lentement, sans regarder ses mains et sans se tromper une seule fois. Alessandro tourna pour elle les pages de la partition et elle continua de jouer avec la même inexorable perfection, à la même vitesse et avec la même justesse, jusqu'à ce que le silence se fasse dans l'église transfigurée." Quoi de commun entre la petite Maria, qui vit dans un village reculé de Bourgogne, et une autre fillette, Clara qui, à la même époque, après avoir grandi dans les Abruzzes, est envoyée à Rome afin d'y développer un don prodigieux pour la musique ? Peu de choses, apparemment. Pourtant, il existe entre elles un lien secret : chacune, par des biais différents, est en contact avec le monde des elfes - monde de l'art, de l'invention, du mystère, mais aussi de l'osmose avec la nature, qui procure à la vie des hommes sa profondeur et sa beauté. Or une grave menace, venue d'un elfe dévoyé, pèse sur l'espèce humaine, et seules Maria et Clara sont en mesure, par leurs dons conjugués, de déjouer ses plans. Les deux fillettes, une fois réunies, auront à mener un long combat...

03/2015

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Littérature étrangère

Le Blues des grands lacs

Coleman Moore passe le plus clair de son temps dans le cockpit de son bateau, en cale sèche dans une marina du Michigan. À cause de ses mains brisées, il a abandonné son métier de guitariste de jazz. Cet homme, dont la seule attache au mitan de sa vie est sa fille Heather, convoque au fil de ses méditations nocturnes et alcoolisées les fantômes du passé, comme pour conjurer son désarroi. Son père, marin expérimenté, est mort noyé dans le lac Huron après avoir laissé péricliter son commerce de matériel de navigation. C'est aussi dans la cabine de son ketch, qui lui servait à passer de l'alcool en contrebande pendant la Prohibition, que son grand-père Havelock se tira une balle dans la tête plutôt que de rendre les armes devant la maladie. Jeune homme, celui qui devait s'inscrire dans cette lignée de navigateurs - son père l'avait prénommé Jason - avait pourtant tourné le dos aux bateaux. Tout sourit au brillant musicien qu'il était devenu : Coleman, le nom de scène qu'il adopte dès son premier concert, va de succès en succès, et vit avec la femme qu'il aime. Comment il n'a eu de cesse de se saborder lui-même, c'est bien ce qu'évoque cette somptueuse dérive glissant des grands lacs aux boîtes enfumées. Tout au long de ce roman construit comme un morceau de jazz, les thèmes s'amplifient, les couleurs s'affermissent. Du noir et blanc des caves de Chicago et de l'éclat métallique de l'eau des lacs, on passe à la couleur d'un avenir que Coleman va finir par reconstruire. Joseph Coulson, dans une langue fluide et inspirée, dit avec ampleur les espoirs et les rêves brisés d'une Amérique ordinaire.

03/2010

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Musique, danse

Kurt

25 ANS APRES LA MORT DE KURT COBAIN, UN NOUVEAU REGARD SUR UNE ICÔNE HORS NORME. Après un quart de siècle passé sous silence, Danny Goldberg, manager du groupe Nirvana de 1990 à 1994, prend enfin la plume pour nous raconter de l'intérieur les années les plus décisives de son leader, Kurt Cobain. Ce sont celles de la création de l'album mythique Nevermind, du soudain succès planétaire, du mariage avec Courtney Love, des addictions et du suicide à vingt-sept ans. Durant toute cette période, Goldberg resta aux côtés de Kurt, ami et témoin privilégié d'une légende en devenir. Les souvenirs de Goldberg, encore jamais partagés à ce jour, nous offrent un nouvel éclairage sur la période de vie la plus intense deKurt Cobain et donnent voix aussi à tous ceux qui étaient là : amis, membres du groupe et famille. L'auteur dévoile les arcanes de son talent de génie, son processus de création à 360 degrés, son ambition malgré son apparente désinvolture, et l'héritage colossal pour les générations à venir. En dix ans, le morceau Smells Like Teen Spirit a été téléchargé près de 387 millions de fois. "Eclairant et passionnant. Un superbe requiem sur la perte d'un être aimé qui a touché le monde entier avec sa magie si singulière". Thurston Moore, chanteur de Sonic Youth Avec une préface inédite de Laurence Romance. Danny Goldberg dirige actuellement l'agence d'artistes Gold Village Entertainment qu'il a fondée, après avoir été le directeur de Mercury Records et Artemis Records. Tout au long de sa carrière, il a collaboré au Los Angeles Times, The Nation, Huffington Post, Dissent et Billboard. Il a également été le manager de Led Zeppelin et de Sonic Youth.

04/2019

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Santé, diététique, beauté

A gorge nouée !

Patrice Hervé, petit Percheron né en 1955 dans la ferme de ses parents, un jeune couple chrétien progressiste, installé depuis peu dans le Perche, découvre sa vie en ce milieu rural d'après-guerre encore un peu arriéré. Troisième d'une famille de neuf enfants, il nous raconte ici son histoire, de sa toute petite enfance, jusqu'au moment où il prend sa retraite après une carrière riche et trépidante, et au moment même où il doit se battre avec un cancer très avancé, non opérable, ne lui laissant que peu de chances de s'en sortir. Son récit aborde dans le détail la lente construction de sa maladie, maladie d'une vie, et les éléments de sa guérison intérieure, au gré des événements, et surtout au gré des émotions, celles qui le détruisent autant que celles qui le construisent. C'est un CRI d'amour envers sa famille, et particulièrement ses parents, après un silence assourdissant de presque 60 ans. C'est aussi un cri d'amour pour les pères et les éducateurs de l'orphelinat de la fondation "Apprentis d'Auteuil" qui l'accueillent à l'âge de quinze ans. Il écrit ce livre juste après sa première chimiothérapie, interrompue par des complications des plus sévères et pendant le mois qui précède le démarrage du gros morceau de son traitement, traitement de la dernière chance qui doit s'attaquer à sa tumeur, dans l'espérance qu'il a de remplacer ses cellules dégénérées par de belles cellules saines. Il nous livre un récit autobiographique, poignant, sans concession, dans la vérité, et la sincérité, éclairé par l'intense lumière de son désir de vie, de son désir de reconnaissance, et de son désir d'amour.

10/2018

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Littérature française

Maison mère. Une famille arménienne

A travers le récit littéraire et poétique d'une famille française d'origine arménienne affleurent les questions d'immigration, d'intégration, de transmission, mais aussi d'enfermement et de déterminisme social, ainsi que le choc culturel entre Orient et Occident, les rapports hommes-femmes, la place des femmes dans une structure clanique, mais aussi les chrétiens d'Orient. Ce récit sonne comme un retour à la matrice, aux origines, arméniennes ici, à l'enfance. Un retour à la " maison " au sens le plus symbolique du terme, au coeur d'une labyrinthique et étouffante demeure familiale dans laquelle la narratrice se voit contrainte d'emménager après un héritage. Un conglomérat d'espaces, de chambres, de corridors... dans lequel elle déambule, comme en apnée, au sein de visions qui la renvoient indéfiniment à son passé, essentiellement les années 80. Les pièces de la maison deviennent peu à peu comme les pièces d'un puzzle dont chaque morceau représente une part de son identité morcelée. Qui sont les Arméniens, ce peuple encore relativement méconnu dont les racines remontent six siècles avant Jésus-Christ ? A travers des prénoms, des lieux, des chants et des danses, des coutumes ancestrales, des légendes du Caucase ou d'Anatolie peuplées de héros bibliques, de dieux et de déesses ou de simples troubadours nous apparaît tout un monde. Quant au génocide de ce peuple perpétré dans l'Empire Ottoman en 1915, il est abordé d'un point de vue psychologique, comme le point de départ d'un chaos interne, déteignant sur toute une lignée à travers les âges. Une intrigue, sous la forme d'une chasse au trésor aussi : il s'agit de retrouver une photographie et de renouer avec le passé pour mieux se projeter dans l'avenir.

02/2022

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Littérature francophone

L'éléphant qui avait du pollen sur les pattes arrière

"... Lecteur, je te dois un mot d'explication : tel un détective, j'effectue des recherches sur ma prime enfance. Tellement de cachotteries que cela en est devenu intenable. Je souffre de ne pas savoir ce qui s'est réellement passé. Personne ne m'a jamais donné la raison de mon placement alors que je n'avais même pas deux ans. Et quant à mon état, je n'ai eu droit qu'à un festival d'argumentations pimentées de jargon médical, pour être sûr que je n'y comprenne rien. Qu'en est-il ? Je ne supporte plus d'avouer mon ignorance aux gens que je rencontre. Pour éviter de m'emberlificoter dans de fastidieuses explications, je réponds "accident de voiture à dix ans" . Et je suis toujours surpris de voir l'effet de ma réponse sur mon interlocuteur. Ma décision, je l'ai prise en survolant les Alpes. La crise que ma mère avait piquée lorsque nous étions allés la voir à Barona, près de Milan, ma soeur et moi, résonne toujours dans mes oreilles. C'était le pont de l'Ascension, en 2001 [... ] Je veux simplement savoir ce qui s'est passé à ma naissance, avant qu'il ne soit trop tard. ". . Gilles, brillant ingénieur du son, qui a travaillé avec les plus grands artistes, ne lâchera pas le morceau. Il frappera à toutes les portes, jusqu'à pousser celles des Archives générales du Royaume, en espérant y dénicher la clé de l'énigme. Emouvant roman où la plume fine et sensible de l'auteur conduit le lecteur dans l'intimité d'une relation difficile, celle d'une mère que la vie n'a pas ménagée, et de son fils, d'un optimisme qui déplace les montagnes.

04/2023

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Viande, volaille, gibier

Petit traité du canard

Elevé depuis l'antiquité égyptienne au moins, le canard a trouvé en France une terre d'élection. Deuxièmes producteurs mondiaux de canards derrière les Chinois, les Français en sont surtout les premiers consommateurs ! C'est dire si nous accordons à ce joyeux palmipède une place de choix. Il suffit de parler de cuisses de canard confit et de magret pour voir les yeux briller et la bouche saliver - sans même évoquer le foie gras dont la présence semble indispensable pour un repas de fête, tant il illustre à la fois le raffinement et un certain art de vivre français. Pourtant, il n'y a pas que des canards gras dans nos élevages. Il y a en France beaucoup de canards qui ne sont pas gavés, dont le foie reste bien rouge et qui ne demandent (ou presque) qu'à passer à la casserole, en cocotte ou à rôtir tranquillement accompagnés de navets, cerises ou de coings (le fameux canard coing-coing). Au-delà du canard de Barbarie qui est le plus présent de ces canards non gras, les Français, au fil des temps, ont développé de nombreuses variétés parfois très locales : le canard de Challans, le canard de Rouen, celui de Duclair, etc., dont certaines, en voie de disparition, ne doivent leur survie qu'au travail d'éleveurs passionnés. Inscrit depuis longtemps dans la gastronomie avec des recettes emblématiques comme le classique canard à l'orange, le prestigieux canard à la presse de la Tour d'Argent ou le canard laqué (morceau de bravoure de la cuisine chinoise), notre palmipède se prête volontiers à l'imagination des gastronomes. Qu'on se le dise, en cuisine, il n'y a jamais de vilain petit canard !

05/2022

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Récits de voyage

A la poursuite du train fantôme. 85 kilomètres à pied dans le Morvan

"?Je n'ai marché qu'une centaine de mètres, et me voilà face à ce qui deviendra mon pire ennemi des jours à venir : des enchevêtrements de ronces qui n'entendent pas me céder le passage facilement. La balade ne sera peut-être pas aussi bucolique que je l'espérais. . . ?" Le journaliste Pierre Demoux s'est lancé dans une traversée originale de la Bourgogne en suivant un itinéraire hors des sentiers battus : son unique guide sera le parcours d'une voie ferrée abandonnée depuis une decennie, celle d'une petite ligne qui reliait deux sous-préfectures. Quatre-vingt-cinq kilomètres de rails peu à peu digérés par la nature entre les gares d'Avallon et d'Autun. Avec, au milieu, le Morvan, modeste montagne à tendance revêche, mais fertile en aventures. Dans le sillage d'un train qui ne passe plus, l'auteur a mené une "?randonnée d'investigation?" le long de ce chemin de fer, en faisant escale à chacun de ses anciens arrêts pour raconter un morceau de France et ceux qui le font vivre, capter l'énergie d'un territoire en mutation. Sur sa route, des femmes et des hommes aux histoires étonnantes, des loups en vadrouille, des tronçonneuses endiablées, le nid d'un phénix mondialement connu, des pouponnières à sapins de Noël, l'ombre du roi Arthur, des migrants venus du nord, des pionniers de la libération féminine. . . Des personnages et des lieux enracinés dans cette terre au caractère unique, mais dont les destins résonnent avec celui de la France à l'écart des métropoles, là où bat (aussi) le coeur du pays. Originaire de Bourgogne, Pierre Demoux est journaliste aux Échos et l'auteur de L'Odyssée de la basket - Comment les sneakers ont marché sur le monde (La Tengo, 2019).

05/2022

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Critique

Guide anachronique de la neige

Cette promenade littéraire est aussi fragile et aussi belle que les premières neiges. Certains chercheurs situent l'origine de leurs découvertes non au coeur de leur spécialité mais dans des moments apparemment anodins, lorsque leur esprit libéré de tout travail de démonstration baisse la garde. De grands scientifiques le disent : si l'on ne perd jamais son temps on n'arrive nulle part. Laissons notre esprit vagabonder pour entrevoir l'ordre sous-jacent de l'univers. Cette promenade littéraire est aussi fragile et aussi belle que les premières neiges. Nous crions : il neige ! il neige ! et tous, philosophes, scientifiques, artistes, alpinistes, promeneurs ou enfants, tous nous tombons sous le charme énigmatique de la neige. Ainsi Jean Malaurie, parmi les Inuits, en relève mille nuances linguistiques (Aoktorunrzeq, la neige tassée, fondue, gelée, là où un chien a dormi ; apinngrauyt, la première neige de l'automne ; qorktas, un trou fait dans la neige par un jet d'urine ; auviq, brique de neige pour faire un igloo ; nargrouti, morceau de neige pour boucher un trou qui goutte dans l'igloo...) Jigoro Kano, lui, inventera le Judo, en observant les roseaux et bambous ployant sans se rompre sous la neige, nous nous émerveillons. Le vénérable archevêque d'Upsala, Olaus Magnus publia en 1555 une oeuvre consacrée à la représentation graphique du cristal de neige. W. A. Bentley, surnommé Snowflake, sera le pionnier de la photographie de flocons. Premier cliché le 15 janvier 1885. Quatre mille cinq cents plaques suivront dont deux mille cinq cents publiées dans Snow Crystals. Pas deux flocons pareils, inimaginable ! (De la même manière, il étudiera les gouttes d'eau, la rosée, les nuages... avant de mourir en 1931 d'une pneumonie contractée après un blizzard.) Où qu'elle tombe, pour le meilleur et pour le pire, la neige, toujours, intensifie les émotions.

11/2023

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Littérature française

Rue Barbès, banlieue sud

Le narrateur est professeur, il a été vénérable au GO, conseiller municipal, ses amis de la rue Barbés d'Ivry dans la banlieue parisienne diraient : "Manu, tu es sacrément rangé des voitures". En fait, il l'a toujours été..., mais ce ne fut pas le cas pour beaucoup de ses camarades des années 60 qui se sont lancés dans le grand banditisme. A travers une dizaine d'anecdotes cocasses dont certains protagonistes vont créer "la bande de la banlieue sud", il restitue ce qu'était ce morceau de rue populaire, où, fils d'un républicain espagnol, il habite l'usine dans laquelle son père est gardien, au milieu d'un bidonville où la vie n'appartient qu'à lui, hors de la ville et même du reste de la rue. Ses copains, le narrateur les a connus dès la maternelle, "là on est vrai, dit-il, transparent pour les autres, plus tard on se dissimulera derrière les costards, les maisons". C'est pour cela qu'il ne peut se faire à cette idée : comment son meilleur camarade, Rodrigo, accusé d'avoir tué un autre détenu à Fleury-Mérogis, a-t-il pu participer à l'enlèvement d'une gosse sur la Costa del Sol ? Il le connaît si bien, même si leurs chemins ont sacrément divergé et depuis longtemps : "Rodrigo, ce ne pouvait être que les braquages, pas la prostitution, la drogue ou ce type de saloperie". Finalement, il aura sa réponse, un soir de pèlerinage dans ce qui reste de son quartier après avoir fait revivre ces mômes, devenus adolescents puis jeunes hommes, et une rue, issue de l'ancienne zone, toute proche, et dont plus personne n'a la mémoire...

12/2016

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Récits de voyage

Reine a borneo

"Je fus surprise de voir la porte s'ouvrir et le rajah entrer dans la pièce. Il s'installa sur une chaise, près de moi, et posa sur les touches du piano un petit morceau de papier sale, griffonné au crayon. - Lisez ça ! , me dit-il. Je le regardai, surprise, pris le papier et découvris ces mots : "Si humblement, le roi vous demandait d'être sa reine, diriez-vous non ? " En les lisant, j'éclatais de rire, car je pensais que c'était une plaisanterie destinée à me distraire. - Ne riez pas, ordonna-t-il, mécontent, je suis on ne peut plus sincère..." Ainsi démarre la folle aventure d'une jeune fille de vingt et un ans, britannique née en France, que rien ne prédestinait à tenir un tel rôle en Malaisie. Margaret Brooke (1849-1936) raconte sans fards la vie qu'elle mène au Sarawak au temps des s rajahs blancs" et des Dayaks coupeurs de tête. Faisant fi de beaucoup des convenances de son époque victorienne, elle se lie davantage avec ses "amies malaises", qui lui apportent sérénité, curiosité et joie de vivre, plutôt qu'avec la "bonne société" présente sur place. Son récit, Good morning and good night (1934), traduit par Michelle Deperrois-Fayet et Christine Ribardière, est le portrait d'une femme libre, capable de passer des splendeurs d'un pays a exotique a aux fastes de la cour de Londres au gré de l'alternance de ses séjours, et de nourrir ses amitiés avec simplicité auprès de gens humbles comme avec des grands intellectuels tels que Henry James ou Pierre Loti. Tous ses malheurs personnels, avec notamment la perte de ses enfants, n'entament pas un solide appétit de vivre pour profiter à plein de son histoire, dont Main Quella-Villéger retrace les grandes lignes dans une postface circonstanciée.

03/2022

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Romans policiers

Warlock

" La ville de Tombstone en Arizona, pendant les années 1880, est notre Camelot national. Une terre fabuleuse où les vertus de l'Amérique s'incarnent chez les frères Earp et ses maux dans la bande des Clanton ; une terre imaginaire aussi, où l'affrontement d'OK Corral se revêt de la pureté dépouillée des joutes arthuriennes. Dans son magistral roman Warlock, Oakley Hall rend son humanité véritable, sanglante et mortelle au mythe de Tombstone. Wyatt Earp s'y métamorphose en un tireur d'élite nommé Blaisedell qui, à cause de l'image donnée de lui dans les magazines spécialisés sur le Far West, pense qu'il est un héros. Et c'est parce qu'ils croient en ce héros que les citoyens exaspérés de Warlock font appel à lui. Mais lorsque Blaisedell découvre qu'il ne peut répondre à leurs attentes, il est obligé de reconnaître ses failles, son abîme intime n'étant pas si éloigné de celui qui règne en ville. Avant même que s'achève l'angoissante épopée du livre [...], Warlock doit admettre que ce que l'on nomme la société et l'état de droit sont des concepts aussi fragiles et précaires que la chair, voués à retourner à la poussière des déserts aussi rapidement qu'un cadavre. C'est la sensibilité profonde de Warlock qui fait de cet ouvrage un grand roman américain. Nous sommes, dans ce pays, encore nombreux à trouver naturel de jeter nos papiers d'emballage au fond du Grand Canyon avant de prendre une photo couleur et de remonter en voiture ; par conséquent, notre nation a besoin de voix comme celle d'Oakley Hall pour se rappeler l'existence de ce morceau de papier voltigeant qui, dans sa chute scintillante, n'en finit pas de tomber. " Thomas Pynchon

06/2023

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Histoire de France

La France en guerre

"Si quelqu'un veut savoir pourquoi nous sommes morts, Dites leur : parce que nos pères ont menti." Cette phrase écrite en 1918 par Rudyard Kipling résume son écrasante culpabilité. Son fils unique John, 18 ans, a été porté disparu en septembre 1915 devant Loos, en Artois. Le prix Nobel de littérature, fervent patriote, l'avait poussé à s'engager malgré sa myopie. Rudyard Kipling le sait aussi : par ses écrits, il a contribué à ce que des centaines de milliers de jeunes gens connaissent les horreurs de la Grande Guerre. Comme de nombreux écrivains britanniques, parmi lesquels Sir Arthur Conan Doyle, H G Wells ou Thomas Hardy, Rudyard Kipling a rejoint le War Propaganda Bureau, chargé de manipuler l'opinion et de pousser l'Amérique à entrer dans le conflit. En 1915, il écrit La France en guerre, portrait de ce pays qu'il connaît et admire, mobilisé contre les "Boches" - texte qui, depuis, n'avait pas été republié. France, bien-aimée de toute âme qui aime son prochain" y écrit-il. A près de 50 ans, Kipling patauge dans la boue, partage le quotidien des soldats français, assiste au déchaînement de l'artillerie. "La fumée s'évanouit dans ce morceau de tranchées, comme l'écume d'une vague meurt dans l'angle des murs d'un port". L'auteur de Kim et du Livre de la jungle met à nouveau tout son génie au service de cet Empire victorien qu'il a chanté dans ses poèmes, dans ses contes, dans ses romans. Mais cette fois, il ne s'agit plus de la jungle et des confins coloniaux de la Grande-Bretagne. La partie se joue à ses portes, sur les terres brumeuses du nord de la France, dans les Flandres, face aux lignes allemandes.

01/2014

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Théâtre

Les cannibales

Pièce humaniste et militante, portée par l'humour corrosif de Tabori, Les Cannibales commence à New York par une conversation de facture quotidienne entre deux survivants de l'Holocauste. Ils forment un duo cruel et comique, débattent de leurs habitudes alimentaires et concluent : "Le goût, cela ne se discute pas". Aidés par les fils de ceux qui ont péri dans leur baraquement, ils font une incursion dans le passé pour revenir sur les événements qui leur ont permis de survivre. La pièce qu'ils jouent se déroule dans le bloc 6 d'Auschwitz. L'état de famine est à son comble et les détenus tuent accidentellement l'un de leurs compagnons en lui arrachant un morceau de pain. Le défunt Bouffy est obèse, son cadavre est découpé et un coin cuisine est improvisé. Oncle, aîné du baraquement et ancien acteur, s'égosille, invoquant la Bible et tous les arguments possibles pour empêcher les autres de commettre cette abomination. Mais l'appétit est tenace et l'idée d'un festin a été lancée. Soupe aux boulettes de matza, saucisse de foie, rognons sautés, chaque souvenir de repas est évoqué avec délectation. Même Bouffy se relève de la marmite où il mijote pour nous instruire sur la bonne tenue d'une table. La nourriture sert de vecteur à un voyage dans le temps, de prétexte à des joutes oratoires et à des jeux de scène qui font irruption dans le théâtre le plus improbable. Faut-il, ou ne faut-il pas, manger de la chair humaine ? Va-t-on, ou ne va-t-on pas, goûter à un camarade ? Cette question de goût ultime sera une question de vie ou de mort. Un choix qui ne se discute pas.

03/2015

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Mathématiques Prépas

Formulaire Maths BL 1re et 2e années. 2e édition

Une vision claire des savoirs, une mobilisation rapide des connaissances, une approche croisée des notions à connaître sont les atouts indispensables à la réussite en prépas. Ce formulaire est la réponse à ces exigences. Il consiste en : un résumé clair et concis du cours : définitions, théorèmes, propriétés ; une mise en valeur des formules à connaître ; un classement thématique des notions indispensables ; un index très précis en fin d'ouvrage qui permet de retrouver au plus vite la notion cherchée.

01/2022

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Religion

La cabale du Livre de l'Image et d'Abraham Aboulafia. Chapitres de l'Histoire de la Cabale en Espagne

"La cabale du Livre de l'image et d'Abraham Aboulafia" est un cours professé par Gershom Scholem en 1964-1965 à l'Université hébraïque de Jérusalem, qui a circulé sous la forme rédigée d'un polycopié en hébreu, mais n'a jamais été publié. Il s'agit donc de la première édition d'un inédit substantiel de l'un des plus importants savants dans le domaine de la pensée mystique juive. Le cours s'intéresse à deux courants de la cabale espagnole au XIIIe siècle, qui eurent un développement quasi parallèle à l'écriture du Zohar, lequel a fini par représenter un canon dans ce qui pouvait être déjà considéré comme les "marges" d'une pensée dominante, représentée par la littérature rabbinique. Consacré aux cycles cosmiques, Le Livre de l'image offre un tableau vertigineux des périodes de révolutions cosmiques de l'univers, dépassant les limites du monde dans lequel nous vivons. S'affranchissant avec audace de la notion même de temporalité, le Sefer haTemunah avance l'idée d'une multiplicité d'actes de Création, tous régis par les lettres de l'alphabet et par les sefirot qui en déterminent la teneur, selon qu'ils relèvent de la Rigueur (Din) ou des Tendresses (Rahamim). Abraham Aboulafia (1240-1292 ? ), quant à lui, développera une cabale dite "prophétique", qui proposait alors une synthèse dialectique entre rationalisme et mystique, que la logique occidentale, et juive à sa suite, jugeait inconciliables. C'est donc aux "marges de la marge" que va s'intéresser Gershom Scholem (1897-1982), parce que c'est là, justement, qu'avait pu s'épanouir une pensée dialectique entre la rationalité juive, incarnée par Maimonide, et une spiritualité fondée sur une théorie du langage et du corps extrêmement complexe, dont Abraham Aboulafia sera la figure la plus extraordinaire.

11/2019

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Romans historiques

Angola. Entre les brumes de nos mémoires

La première fois où elle me parla de Manoel Ferreyra Vaz. il n'y avail pas la moindre trace d'amour dans sa voix, c'est ce qu'il me sembla alors, mais une excitation juvénile à l'idée d'évoquer le passé, elle agita ses petites mains tachées, on s'attendait à la voir battre des mains des petites mains pecosas, tengo las manos pecosas, j'ai les mains couvertes de taches, sa mémoire était intacte et elle m'avait tout de suite reconnue. Je l'avais rencontrée une première fois sur l'une des plages de La Corogne, la Riazor je crois, la deuxième ce fut dans le choeur de la cathédrale Saint-Nicolas — je faisais alors une thèse sur la transition entre le roman et le gothique et passais le plus clair de mon temps dans les églises — et je la retrouvais miraculeusement dans ce petit jardin de San Carlos. à la pointe de la vieille ville, un jardin dit "exotique" qui aurait dû lui rappeler l'Afrique, (elle y venait peut-être pour cela), avec en surplomb ce tombeau de sir John Moore qui lui évoquait sans doute d'autres Anglais et d'autres sépultures, mais elle avait beau remuer son éventail en soupirant, la moiteur de l'Afrique n'y était pas ni les cris des singes, ni la lente progression des lémuriens ni la courbe des fleuves traînant leurs eaux plates entre des rives herbeuses et je m'assis sur le banc à côté d'elle "Quelle bonne surprise ! Si je m'attendais à vous rencontrer ici ! " et elle feignit le contentement et je feignis la surprise et, quitte à m'imposer un peu plus (mais les femmes àgées ont cette supériorité sur nous,elles ont le temps, elles ont tout leur temps), je lui demandai à nouveau de me parler de "là-bas"....

11/2020

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Sciences politiques

Dans l'ombre de la réforme sociale, Paul Strauss (1852-1942)

Qui était Paul Strauss ? Une longue carrière de parlementaire et ministre de la Troisième République ne peut résumer un parcours aussi riche. Premiers pas comme journaliste et fondateur de revues, puis élu de la République au conseil municipal de Paris avant d'accéder aux plus hautes fonctions, Paul Strauss est pourtant un oublié de l'histoire. Son cheminement croise tous les soubresauts, les avancées et les blocages de la Troisième République qu'il voit naître. Il aura connu trois guerres, se sera passionné pour les découvertes pastoriennes, aura, avec d'autres, tempêté pour faire avancer la fabrique des lois, aura connu beaucoup d'amis, et aussi beaucoup d'ennemis. Il aura approché de près des personnalités aussi diverses que celles de Gambetta, Clemenceau, Poincaré, Waldeck-Rousseau, ... Gambettiste, pasteurien, philanthrope, solidariste, laïque et franc-maçon, Paul Strauss est à la fois représentatif, notamment par ses accointances radicales, et pourtant une figure atypique de la Troisième République. Car Strauss, provincial, juif d'origine modeste, défie les classifications simplistes et ne peut être réduit à ses caractéristiques biographiques, à ses appartenances sociales, géographiques et culturelles. En effet, outre des notices bibliographiques d'après-guerre, et plus récemment des références dans certains ouvrages d'histoire politique ou consacrés aux politiques sociales, il a laissé très peu de traces dans l'historiographie contemporaine. Cet ouvrage, fruit d'une grande spécialiste de l'histoire sociale de la Troisième République, retrace cette carrière exceptionnelle à travers ses engagements politiques, sociaux et intellectuels et constitue, en quelque sorte, une forme de réhabilitation et non des moindres. Ses combats n'auront eu d'autre but que d'améliorer la santé et l'hygiène publique, la protection des mères et des enfants, de développer l'habitat social, pour résumer, quelques-uns des fondements de ce que formera, après-guerre, l'Etat-providence.

11/2020

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Histoire de France

Mémoires inédits du général marquis de Balivière (1738-1821) suivis de Les cinq noms d'Elisa dernière marquise de Balivière(1793-1867)

Michel de Gouberville a occupé des postes de direction dans la sidérurgie avant de se retirer en Normandie, sa région d'origine, où il consacre une partie de ses loisirs à des recherches historiques. Auteur de nombreux articles d'histoire, il présente ici un texte inédit, rédigé par un de ses ancêtres. Descendant d'une famille connue en Normandie dès le XIe siècle, né en 1738, Nicolas-Pierre Le Cornu de Balivière entre dans l'armée à 13 ans. Sa carrière se déroule au régiment du Roi-Infanterie, l'un des plus prestigieux, où il gravit tous les échelons de la hiérarchie sans acheter un seul office. Lorsque son régiment est dissous en mars 1791, il est maréchal de camp. Il s'engage alors dans les Chasseurs nobles de Condé et se bat avec l'armée des princes en Allemagne, en Autriche et en Pologne, jusqu'aux frontières de la Russie. Sa famille le suit dans des conditions de plus en plus difficiles. Rentré en France en 1801, il trouve tous ses biens vendus et survit grâce à l'aide de ses amis. Le mariage de son fils Théodore en 1806, avec Elisa Bouvard de Fourqueux, âgée de 13 ans et adoptée par sa riche tante Maynon d'Invau, assuré enfin aux Balivière une retraite dorée. Mais qui est vraiment Elisa, personnage romanesque et énigmatique, née de père inconnu en 1793, déclarée sous le nom d'Oberton, avant de devenir la dernière marquise de Balivière, puis enfin en religion mère Marie-Sainte-Chantal ? Les "Mémoires", dont l'écriture est étonnamment moderne, couvrent une période de l'histoire de France particulièrement riche en évènements majeurs : Guerre de sept ans, conflit colonial avec l'Angleterre, Révolution, Emigration, Empire et Restauration. Elles apportent un éclairage original sur le milieu social dans lequel l'auteur a évolué.

12/2000

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Littérature étrangère

Les treize pas

Les Treize Pas, fugue brillante sur une base aléatoire, se présente comme un jeu de massacre. Deux professeurs de physique, occupant des logements mitoyens, Zhang Honqui et Fang Fugui, s'évertuent à enseigner la théorie de la relativité dans un établissement secondaire, le lycée n°8, qui possède également une usine autogérée de conserves de lapin. La femme du premier y est préposée au dépeçage des bêtes encore vivantes, tandis que l'épouse du second est esthéticienne au funérarium local. Héros du travail, Fang Fugui, meurt de fatigue et ressuscite sous les traits de Zhang Honqui. Il cherche alors à faire fortune dans le trafic de cigarettes. Cet épisode héroïque tourne à la catastrophe générale. Le faux mort devient fou en assistant à ses obsèques. Sa femme est promue et se suicide. Un tigre du zoo est empoisonné et dépecé. Prenant pour paramètres la misère des intellectuels et la libido inassouvie de leurs épouses, le récit se démultiplie dans une savante mise en abîme des différentes fonctions du récit, les personnages assurant tour à tour le rôle de héros et de narrateur. Roman d'un comique atroce, Les Treize Pas démontre comment le parti a vidé la vraie vie de sa substance, il expose la douloureuse reconversion des masses populaires au capitalisme sauvage et à la course aux diplômes. Mo Yan Mo Yan, né dans le Shangdong en 1955, a reçu le prix Nobel de littérature en 2012. Une douzaine de ses romans et nouvelles sont traduits en français et publiés au Seuil dont Beaux seins, belles fesses (2004), Le Maître a de plus en plus d'humour (2005), Le Supplice du santal (2006), Quarante et un coups de canon (2008), La Dure Loi du karma (2009), Grenouilles (2011) et Le Veau suivi de Le Coureur de fond (2012).

01/1995

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Littérature française

Les Mal-aimants. Néo-roman

Dix beaux jeunes gens s'isolent en Toscane, sur les hauteurs de Florence, et se racontent des histoires (de sexe, bien entendu). S'agit-il du Décaméron, que Boccace situait pendant la grande peste de 1348 ? Non, nous sommes autour de l'an 2000 à la Villa Malin et nos amis, pensionnaires du hasard, orphelins privés de catastrophe, jouissent du bel été italien sans rien faire... Mais ce " rien " est-il matière à écrire ? Nos petites histoires navrantes ont-elles un lien avec l'autre histoire ! Plaisir simple du livre de l'été : la paresse de nos vacances s'y double d'un vrai roman d'aventures avec complots, masques, combats au sabre ou au pistolet, galopades et gaillardises bien troussées. Au bordel sous Napoléon 1er, un duo saphique, Coralie et Delphine, charme deux clients qui ont le même nom : Fourier et Fourier. Charles et Joseph inventent la même chose : des " séries ". Des séries mathématiques pour Joseph, pionnier de la physique moderne et des statistiques ; des " séries passionnées " pour Charles, l'utopiste de la liberté sexuelle ; des séries de séries qui exaltent " la propagation de la chaleur ", sexes en rut, fûts de canon. De l'amour à la guerre, entre France et Italie, l'ironie cruelle de l'Histoire modifie les lois de l'attraction magnétique : les aimants se repoussent au lieu de s'attirer. De nos jours, les " séries " ne sont que télévisées. Fade ou grotesque, la comédie du savoir et de l'art ne cultive plus que notre mélancolie. Néanmoins, polarisés ensemble, Bien-pensants et Mal-aimants, en avance ou en retard d'un siècle ou d'une génération sur le Grand Soir de l'amour libre, croient toujours au Paradis.

04/2008

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Sciences historiques

Les Frondeuses. Une révolte au féminin (1643-1661)

Amazones glorieuses, intrigantes perverses: que n'a-t-on dit et écrit de la Grande Mademoiselle ou de la duchesse de Chevreuse ? Mazarin lui-même se serait exclamé en 1651: "Plus jamais je ne me fierai à des putane", comme si "putains" et "dames" étaient synonymes ! Sophie Vergnes balaie tous ces stéréotypes et ces préjugés pour nous offrir la première histoire de la Fronde (1648-1653) écrite au féminin; une Fronde élargie chronologiquement, de 1643 - une femme, Anne d'Autriche, arrive à la tête de l'Etat - jusqu'à la prise de pouvoir de Louis XIV en 1661, quand triomphe un ordre absolu qui est aussi, très largement, un ordre masculin. En ce milieu du XVIIe siècle, les femmes entrent bel et bien en politique et se métamorphosent en combattantes: la duchesse de Longueville, soeur du Grand Condé, se comporte comme un véritable chef de guerre, nouant des alliances avec l'étranger et n'hésitant pas à s'exposer aux mousquerades à Bordeaux ; quant à la Grande Mademoiselle, elle ordonne le fameux coup de canon du haut de la Bastille contre les troupes royales en juillet 1652. Les Frondeuses jouent aussi un rôle majeur comme médiatrices et négociatrices. Elles se révèlent alors de véritables professionnelles de l'intrigue, expertes en pratique du secret, du double langage, des allégeances multiples et contradictoires, du travestissement et de la correspondance clandestine. Avec ces quinze portraits de Frondeuses en action, Sophie Vergnes réécrit l'histoire de ce mitan effervescent du Grand Siècle et nous démontre que le devoir de révolte se décline aussi au féminin, avant que Louis XIV n'impose, avec l'ordre royal restauré, la soumission à la toute-puissance masculine ou la retraite religieuse. Alors, nombre d'anciennes Frondeuses se convertissent au jansénisme mais c'est un autre moyen pour elles de marquer leur différence et leur liberté.

10/2013

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Psychologie, psychanalyse

Soi-même comme un roi. Essai sur les dérives identitaires

Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s'affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s'est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d'autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ? Le phénomène d'" assignation identitaire " monte en puissance depuis une vingtaine d'années, au point d'impliquer la société tout entière. En témoignent l'évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l'idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d'une formidable richesse - issus des oeuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida - ont été réinterprétés jusqu'à l'outrance afin de conforter les idéaux d'un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d'une politique racisée. Mais parallèlement, la notion d'identité nationale a fait retour dans le discours des polémistes de l'extrême droite française, habités par la terreur du " grand remplacement " de soi par une altérité diabolisée : le migrant, le musulman, mai 68, etc. Ce discours valorise ce que les identitaires de l'autre bord récusent : l'identité blanche, masculine, virile, colonialiste, occidentale. Identité contre identité, donc. Un point commun entre toutes ces dérives : l'essentialisation de la différence et de l'universel. Elisabeth Roudinesco propose, en conclusion, quelques pistes pour échapper à cet enfer. Historienne, Elisabeth Roudinesco est l'auteur de livres qui ont fait date sur l'Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan, Sigmund Freud (Prix Décembre 2014), la famille, etc. Elle est traduite dans le monde entier.

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Sociologie

Causes communes. Des juifs et des noirs

« L’empathie va à l’encontre de la vieille et détestable recette des pouvoirs incertains consistant à stigmatiser des populations ou à les dresser les unes contre les autres, pour faire diversion ou servir d’exutoire. Noirs contre Juifs, chrétiens contre musulmans, gens d’ici contre gens du voyage, ou d’autres encore, peu importe les protagonistes, dans ce dangereux jeu de dupes. Loin de la sympathie compassionnelle envers les victimes et des mobilisations humanitaires tenant lieu de politique, qui reproduisent des relations inégalitaires, l’empathie encourage au contraire les solidarités fondées sur le respect et la réciprocité. Celles auxquelles invitait Frantz Fanon, à la fin de Peau noire, masques blancs : “Pourquoi tout simplement ne pas essayer de toucher l’autre, de sentir l’autre, de me révéler l’autre ? Ma liberté ne m’est-elle pas donnée pour édifier le monde du Toi ?”» Vigoureux éloge de l’empathie, Causes communes prend le parti des convergences plutôt que des concurrences, des solidarités plutôt que des rivalités. Retraçant avec mille histoires inédites les relations nouées par des Juifs et des Noirs autour d’idéaux de liberté et de dignité durant le xxe siècle, Nicole Lapierre nous emmène dans un vaste voyage, de New York à Varsovie, du Mississipi à l’Ouzbékistan, de la Lituanie à l’Afrique du Sud, de Harlem à Paris, en passant par les Antilles. Nourri par l’enquête, son propos prend résolument le contre-pied de cette triste dérive appelée « concurrence des victimes » qui renvoie dos à dos deux communautés de souffrance. Les tensions qui parfois les opposent nous concernent tous : elles résultent d’abord du niveau de la reconnaissance accordée à l’histoire des opprimés ou des persécutés. Quels qu’ils soient. Juifs ou Noirs.

12/2011

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Esotérisme

Aux sources de l'écossisme, le premier tuileur illustré (XVIIIe siècle). 80 tableaux de loge et bijoux maçonniques

Un tuileur est un document qui rassemble les connaissances indispensables au Maçon pour répondre aux questions posées puis être autorisé à entrer dans un temple maçonnique. Les premiers tuileurs édités datent du XIXe siècle et présentent, pour chaque grade, les mots, signes et attouchements demandés. Ils sont cependant en noir et blanc et peu illustrés. Notre ouvrage dévoile et étudie le plus ancien tuileur maçonnique manuscrit et aquarellé connu : il date du XVIIIe siècle. L'ensemble présente une collection d'images, exceptionnelle par son ampleur et sa beauté, de tableaux de loge et de bijoux maçonniques parmi les plus rares parvenus jusqu'à nous qui en font un formidable outil initiatique. Il offre aussi des documents indispensables à la compréhension de l'évolution de la franc-maçonnerie. Le commentaire historique et symbolique présenté ici est essentiel pour les apprécier, comprendre leurs significations et les relier à la franc-maçonnerie contemporaine. A partir de ces images authentiques et originales, le lecteur, sérieusement accompagné par un guide sûr, peut alors visiter et travailler les principaux grades, en particulier les Hauts grades et acquérir les clefs de compréhension pour s'aventurer dans les territoires méconnus de l'Ecossisme dont la connaissance se révèle indispensable à toute quête initiatique. Nos analyses s'appuient sur le manuscrit de la Bibliothèque de la Maison des Maçons - Grande Loge Nationale Française Bib.2007, auquel nous associons les planches aquarellées de la Bibliothèque André Doré du Grand Collège des Rites Ecossais du Grand Orient de France, tous deux inédits mais d'une origine commune. Nous avons aussi retrouvé et publions les manuscrits-sources conservés à la Bibliothèque nationale de France et une version, elle aussi exceptionnelle, conservée à la bibliothèque de la Grande Loge Unie d'Angleterre (GLUA).

10/2019

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Religion

Albert Camus et le Christianisme. L'espérance en procès

Albert Camus, né à Mondovi IAIgérie), le 7 novembre 1913, disparut tragiquement sur la Route Bleue, près de Montereau, le 4 janvier 1960. Mais Camus est toujours des nôtres, grâce à son triple pari pour l'authenticité, pour la liberté et pour l'homme. …Par bien des points, Camus est sur la voie de Soljenitsyne. Pour tous les deux, c'est l'abstraction qui est la faute, et le geste concret de la pitié humaine apparaît chez eux comme l'antidote des fanatismes. Tous les deux haïssent le mensonge. Et quinze ans avant Soljenitsyne, Camus proclame : « Nous sommes quelques-uns décidés à ne nous taire sur rien. » Après un temps où j'ai participé, moi aussi, au délire ambiant, j'ai, sur ce point, rendu les armes à Albert Camus, et je le place, à côté de Soljenitsyne, parmi les maîtres de la vérité, ceux qui nous rappellent à ce principe élémentaire du christianisme, qu'énonçait ainsi le canon d'Un Concile de la Renaissance : « Quidquid fit contra conscientiam aedificat ad gehennam » : tout ce que tu fais contre ta conscience renforce l'enfer… Ce païen ne le fut pas facilement. Disons même qu'il n'a cessé d'être chrétiennement païen. Jean-Marie DOMENACH (extrait de la Préface). Joseph HERMET, né en 1924 à Prinsuéjols (Lozère), s'est toujours intéressé à l'œuvre de Camus : - depuis les années 1943-1945, au moment où l'Etranger finissait par arriver, en des temps incertains, dans les librairies de la province, alors une des plus secrètes de France : le Gévaudan. - en passant par les années 1954-1964, quand il enseignait la philosophie dans une Institution secondaire à Mende, et par les années 1970-1972, lorsque vit le jour, en Sorbonne, sa thèse de Doctorat-ès-lettres (3e cycle), consacrée à Albert Camus.

01/1976

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Histoire internationale

Le trauma colonial. Une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l'oppression coloniale en Algérie

Psychanalyste, Karima Lazali a mené une singulière enquête sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne, enquête dont elle restitue les résultats dans ce livre étonnant. Car elle a constaté chez ses patient.e.s des troubles dont rend mal compte la théorie psychanalytique. Et que seuls les effets profonds du "trauma colonial" permettent de comprendre : plus d'un demi-siècle après l'indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans des blancs de mémoire et de parole, en Algérie comme en France. Elle montre ce que ces "blancs" doivent à l'extrême violence de la colonisation : exterminations de masse dont la mémoire enfouie n'a jamais disparu, falsifications des généalogies à la fin du XIXe siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom... La "colonialité" fut une machine à produire des effacements mémoriels allant jusqu'à falsifier le sens de l'histoire. Et en cherchant à détruire l'univers symbolique de l'"indigène", elle a notamment mis à mal la fonction paternelle : "Leurs colonisateurs ont changé les Algériens en fils de personne" (Mohammed Dib). Mais cet impossible à refouler ressurgit inlassablement. Et c'est l'une des clés, explique l'auteure, de la permanence du "fratricide" dans l'espace politique algérien : les fils frappés d'illégitimité mènent entre frères une guerre terrible, comme l'illustrent le conflit tragique FLN/ MNA lors de la guerre d'indépendance ou la guerre intérieure des années 1990, qui fut aussi une terreur d'Etat. Une démonstration impressionnante, où l'analyse clinique est constamment étayée par les travaux d'historiens, par les études d'acteurs engagés (comme Frantz Fanon) et, surtout, par une relecture novatrice des oeuvres d'écrivains algériens de langue française (Kateb Yacine, Mohammed Dib, Nabile Farès, Mouloud Mammeri...).

09/2018

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Ouvrages généraux

Eloge du tact

Saisie délicate du sens de l'instant présent présidant à un geste inattendu, le tact pratique l'art du détour ou du rebond là où la voie droite et directe échouerait vraisemblablement ; il s'apparente au flair, à la retenue et, bien qu'il implique une certaine rapidité, s'oppose à la brusquerie obnubilée par son objectif et négligeant toute interrogation sur les moyens à déployer pour l'atteindre. Toute délicatesse ne relève pourtant pas du tact. Il arrive en effet qu'on nomme ainsi une forme de fragilité, d'incapacité à supporter telle ou telle action, remarque, situation. Le tact se rapproche davantage d'une intuition de ce qu'il convient de dire ou de faire au moment opportun, au moment voulu. "Intuition juste" comme l'eustokhia dont parle Aristote, comme le "flair" ou la "quasi divine sûreté de l'âme" dont parle Platon à l'aide d'un mot grec de la même famille (eustokhos). Entre sagacité et vivacité d'esprit, il désigne une certaine "acuité de l'âme" qui fait choisir, en situation, l'expédient, la formule ou le geste opportuns bien que discrets et manifeste une faculté d'adéquation (qui n'est pas adaptation) à la situation, qu'il épouse plutôt qu'il ne s'y confronte, à laquelle il ne fait pas face comme à quelque chose qui s'opposerait à lui. En termes temporels, cette perspicacité renvoie à une intelligence de l'immédiat qui est celle de l'opinion droite telle que la décrit Socrate à la fin du Ménon ; elle est saisie du moment opportun, sens de l'à- propos, subtile appréhension de ce que les philosophes grecs appelaient le kaïros. Pour ces raisons, le tact relève davantage, à l'instar d'un savoir-faire, des vertus pratiques que des vertus intellectuelles, du moins en apparence.

02/2023

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Critique littéraire

L'Afrique. Tome 2 (Livres VI-IX), Edition bilingue français-latin

Après les chants I à V, publiés en 2006, Pierre Laurens nous donne dans ce tome II les quatre derniers chants (VI-IX) de l'Africa, le chef-d'oeuvre poétique de Pétrarque. Comme dans le tome précédent, l'édition est fondée sur le Laurentianus Acquisti et Doni 441, copie directe de l'autographe, qui, avec les annotations personnelles du poète devient pour la première fois la base d'une édition moderne. Le choix de la traduction rythmée est conforme à l'objectif initial de restaurer l'épopée en tant que grand texte poétique, les notes éclairent sources et allusions et commentent, en suivant l'apparat pas à pas, les repentirs de la rédaction. Un court avertissement met en valeur les beautés (ainsi les fameuses plaintes de Magon à la fin du chant VI) qui scandent la deuxième partie du récit, depuis le rappel d'Hannibal et l'affrontement des deux armées à Zama jusqu'au retour de la flotte romaine et au double couronnement du chef et du poète (Ennius) témoin et chantre de ses actions ; surtout il relève l'importance des discours auxquels est confiée l'interprétation des événements et le sens profond de l'épopée : telle, au chant VIII, la fameuse collatio ducum, où la figure de Scipion, sublimée, est mise loin au-dessus d'Alexandre, le héros célébré par Geoffroy de Chatillon, et plus encore, au chant VII, prélude à l'affrontement décisif entre le Bien et la Mal, la Vertu et la Fraude, la promesse qu'au peuple vainqueur reviendra l'empire du monde, accompagnée de cette révélation stupéfiante que le siège de l'Empire sera le siège du dieu suprême, une fois accompli le mystère de l'Incarnation.

05/2018

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Autres collections (9 à 12 ans

Aventures de Baron de Münchausen

Le Baron de Münchhausen naît le le 11 mai 1720 à Bodenwerder dans le Weserbergland. Son véritable nom est Karl Friedrich Hieronymus Freiherr von Münchhausen. Il fut dans sa jeunesse le page du Duc de Brunswick-Lüneberg. Il suit son maître en 1740 pour devenir mercenaire de l'armée russe. Il combat pendant dix ans dans l'armée de Catherine II de Russie contre les Turcs de l'Empire Ottoman, en Crimée. Il est nommé en 1750 capitaine de cavalerie avant de quitter l'armée russe. Lors de son retour en Allemagne, il confie à l'écrivain Rudolphe Erich Raspe ses extraordinaires aventures. Il se fixe ensuite à Hanovre. Le baron était surnommé le baron de Crac (baron du mensonge) : il aurait voyagé sur la lune sur un boulet de canon, il aurait également dansé avec Vénus. Il pâtit énormément d'une réputation de menteur et de fou due à son récit. Il décède le 22 février 1797 de la fièvre typhoïde, ruiné. L'écrivain allemand Rudolf Erich Raspe, recueille, ordonne et publie ces récits en 1785 (du vivant du baron de Münchhausen), en anglais, sous le titre Baron Münchhausen's Narrative of his marvellous Travels and Campaigns in Russia. Un an plus tard, en 1786, les aventures sont traduites en allemand par Gottfried August Bürger, professeur à l'université de Göttingen. Plus qu'une traduction, il remanie les histoires et fournit une version plus poétique et satirique que le livre de Raspe. Le livre sera traduit de l'allemand en français par Théophile Gautier fils avec des illustrations de Gustave Doré. Cette traduction est très agréable, bien qu'amputée de certains passages jugés trop "politiquement incorrects" pour ses contemporains.

07/2022