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Fasal Kanouté, Josée Charette

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Littérature étrangère

Caïn

Dernier livre de José Saramago, décédé peu après sa parution au Portugal et en Espagne. Caïn est sans doute le roman qui condense le mieux l'érudition, les inquiétudes, les convictions et le talent de conteur du grand écrivain portugais, prix Nobel de littérature. Résolument humaniste, furieusement anti religieux, d'un humour ravageur, Caïn est la reécriture libre d'une oeuvre -selon Saramago, de fiction-, la Bible, à partir de l'un de ses personnages les plus emblématiques du mal et premier meurtrier de l'histoire: Caïn. Qu’est-ce qui a poussé Cain à tuer Abel ? L’envie, comme le disent les Ecritures ? Non, répond Saramago : l’injustice de Dieu. Méprisé, rejeté, mal aimé du père céleste, Cain le bon, le laboureur fidèle, s'est rebellé contre l'arbitraire et le favoritisme. Le coupable de la mort d'Abel, c’est Dieu. Condamné à errer sur la terre, Caïn, qui erre aussi dans le temps biblique, succombe aux charmes de Lilith, assiste et participe à des événements qui le le révulsent et contre lesquels il s'insurge. Il arrête le bras d’Abraham, prêt à assassiner son propre fils, regarde épouvanté les enfants et les innocents périr dans le brasier de Sodome, assiste impuissant à la colère de Moïse passant au fil de l’épée les adorateurs du veau d’or, observe les massacres et les pillages perpétrés par les tribus d’Israel contre les Madianites, la prise de Jericho, les souffrances inutiles infligées à Job. Et lorsqu’avec Noé il monte dans l’arche supposée sauver l’espèce humaine, il prend une décision drastique qui mettra fin aux agissements inconsidérés de ce Dieu rancunier, cruel et corrompu. Caïn est, le roman de la lutte séculaire entre l'homme et Dieu, entre le créateur et sa créature.

01/2011

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Critique littéraire

L'expression américaine

José Lezama Lima (1910-1976) est le penseur latino-américain quia accompagné son temps et épousé son pays, Cuba, au point que son ami Cintio Vitier parlait de lui comme de " l'homme qui pénètre et rend la terre transparente ". Son roman Paradiso est une somme théologale ; ses poèmes restent à ce jour des oracles énigmatiques quoique tous ses lecteurs pressentent qu'ils fondent un nouveau classicisme ; sa conversation était socratique, ses premiers disciples militants furent Cortazar et Severo Sarduy. Octavio Paz lui témoigna sa révérence et, depuis, son enracinement dans l'universel ne cesse de s'approfondir ; il était conscient de sa puissance et disait : " Je comprends de vastes journées depuis le germe jusqu'à l'accouchement que la rhétorique apaise. " Dans L'Expression américaine, par un parcours chronologique qui met en lumière des faits et des individus généralement ignorés, depuis l'origine de Pachacamac jusqu'à Gershwin, c'est le rapport entre l'Europe et l'Amérique qu'il cerne, annulant la malédiction culturelle propre à chacun des deux continents : les uns sont rachetés de leurs abus de pouvoir, les autres sont sauvés de la honte, de l'impuissance. Le mariage heureux autour du banquet de la culture trouve enfin son couronnement au niveau de la théorie, selon ce qu'il appelle " l'éros connaissant " ou le " système poétique du monde " . Le groupe de créateurs aimantés par Lezama avait pour nom Origenes ; L'Expression américaine est la trace d'un geste collectif qui, par excellence, " ne cherche pas à formuler un programme, mais à lancer les flèches de son propre sillage " , parce qu'elle repose sur la conviction que " le peuple est une substance qui se projette dans le Temps ".

09/2001

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Sciences historiques

En témoignage

Victoria Ocampo (1890-1979) est née dans une illustre famille argentine; écrivaine et intellectuelle, elle est une figure majeure de la vie des lettres du XXe siècle. Elle a "quarante ans quand elle fonde la revue Sur, en 1931 et, peu après, les éditions du même nom. Pendant un demi siècle, elle y publie les plus grands écrivains de la planète en les mettant à la portée de tous en Amérique du Sud, ouvrant ainsi son pays à la littérature mondiale de la plus haute qualité", (lit d'elle Silvia Baron Supervielle dans la préface du livre. De cette incessante activité, elle a porté "témoignage" durant cinquante ans sous la forme de chroniques, essais, études, comptes rendus, conférences et autres "exercices d'admiration" où sont évoqués quelques-uns des plus prestigieux acteurs du monde culturel: Anna de Noailles, José Ortega y Gasset, Aldous Huxley, Virginia Woolf, Pierre Drieu la Rochelle, Gandhi, T. E. Lawrence, Albert Camus, George Bernard Shaw, Jorge Luis Borges, André Malraux, Roger Caillois... Mais En témoignage rapporte aussi des souvenirs plus personnels sur son enfance, sa famille, sa maison, ou encore la nature qu'elle aimait tant... Les articles de ce recueil ont été choisis par Eduardo Paz Leston, l'un des plus éminents spécialistes de l'auteure. Il rend compte d'une vie, celle d'un "écrivain citoyen de la planète", comme elle aimait à se définir, une femme libre à l'intelligence aussi généreuse que lucide et critique. Victoria Ocampo fut aussi une femme engagée pour les droits des femmes: elle a fondé en 1936 avec Susana Larguia et Maria Rosa Oliver la Union de mujeres argentinas. Elle fut la première femme à entrer à l'Académie argentine des Lettres, en 1977.

03/2012

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Policiers

Je reste roi d'Espagne

Juan Carlos a disparu, laissant derrière lui une note énigmatique : “Je pars à la recherche de l’enfant. Je reviendrai quand je l’aurai trouvé. Ou pas. Joyeux Noël.” Pour le retrouver, le ministre de l’Intérieur joue sa dernière carte : José Maria Arregui, l’inspecteur mélancolique et sanguin qui, quelques années plus tôt, a par hasard sauvé la vie du roi une première fois… Quelques semaines avant Noël, le roi d’Espagne a quitté sa résidence, laissant derrière lui un mot dont personne ne comprend le sens. Tout effort pour retrouver sa trace s’avère vain et l’on fait appel, en dernier recours, à un ex-flic, le détective Arregui (déjà croisé dans Nager sans se mouiller) qui lui a jadis sauvé la vie et qui, pour résoudre les cas qui se présentent à lui, doit chercher l’inspiration dans les cabines vidéo des sex-shops. Poursuivi par sa propre mélancolie, par des policiers corrompus et par les hommes de main d’un puissant personnage connu sous le nom du “Chasseur”, Arregui se perd dans une Espagne arriérée, située à une centaine de mètres seulement des grandes routes, traversée par des personnages aussi étranges qu’un voyant “rétroviseur” qui ne peut deviner que le passé, qu’un chef d’orchestre ayant perdu la symphonie censée guérir tous les chagrins, ou qu’un roi déguisé en hippy persuadé de vivre un film d’aventures. Pour revenir à Madrid, ils doivent traverser une rivière dont personne ne se souvient du nom et accepter “que les canards puissent canarder les fusils”. Avec ce matériau, Carlos Salem construit son troisième roman, un road trip dans lequel, derrière l’humour et l’action présents dans tous ses livres, transparaît la tendresse des personnages poursuivis par le temps au rythme doux et mortel d’une ranchera mexicaine.

09/2011

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Sciences politiques

El Nino de Hollywood. Comment les Etats-Unis et le Salvador ont créé le gang le plus dangereux du monde

Quelle est la relation entre le gouvernement de Ronald Reagan et un membre d'un gang en Amérique centrale qui a assassiné plus de 50 personnes ? Quel est le lien entre la Californie et le fait que le Salvador soit le pays le plus meurtrier au monde ? Comment un groupe d'immigrés à Los Angeles - fans absolus de heavy metal - est devenu l'embryon du gang le plus dangereux de monde ? Dans ce document poignant de réalité, les frères Óscar et Juan José Martínez - l'un reporter, l'autre anthropologue - racontent la vie de Miguel Ángel Tobar, dit El Nino de Hollywood, un tueur sanguinaire appartenant au seul gang faisant partie de la liste noire du département du Trésor aux Etats-Unis, la Mara Salvatrucha 13. Cette histoire brutale du Nino de Hollywood permet surtout aux auteurs de livrer les dynamiques sous-jacentes du phénomène des gangs aux Etats-Unis et en Amérique centrale, et de montrer comment des processus globaux construisent une infinité d'histoires microscopiques qui ont, elles, des conséquences bien réelles. Entre thriller, récit documentaire et enquête historique, les auteurs nous plongent au coeur des ténèbres - peuplées de mysticisme, codes d'honneur, tatouages et trahisons - pour essayer de déchiffrer les racines d'une violence qui semblerait inexplicable mais qui ne l'est pas. Des mauvaises décisions, des décisions stupides ont été prises et personne ne semble avoir conscience des erreurs. La fin d'une guerre n'est pas nécessairement le début de la paix. A travers des scènes d'une réalité féroce, nourries par des centaines d'heures d'interviews et de terrain, les frères Martínez font honneur à la terrible réponse qu'ils ont donné au Nino de Hollywood lorsque celui-ci leur a demandé pourquoi ils s'intéressaient à lui : " Parce que, malheureusement, nous croyons que ton histoire est plus importante que ta vie... "

02/2020

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Littérature étrangère

Budapest

" Je me suis retrouvé à Budapest à cause d'une escale imprévue, alors que je volais d'Istanbul à Francfort, où j'avais une correspondance pour Rio. La compagnie a offert aux passagers une nuitée dans un hôtel de l'aéroport et ne nous informerait que le lendemain matin que le problème technique qui avait provoqué cette escale en fait avait été une alerte anonyme à la bombe. Cependant, regardant distraitement à la télé le journal de minuit, j'avais déjà été intrigué en reconnaissant l'avion de la compagnie allemande garé sur une piste de l'aéroport. J'avais augmenté le son, mais le reportage bien sûr était en hongrois, la seule langue du monde, disent les mauvaises langues, que le diable respecte. J'ai éteint la télé, à Rio il était sept heures du soir, une bonne heure pour téléphoner chez moi : je suis tombé sur le répondeur, je n'ai pas laissé de message, à quoi bon dire allô, ma chérie, c'est moi, je suis à Budapest, il y a eu un pépin avec l'avion, je t'embrasse. " Tout en étant le héros et le narrateur de sa propre vie, José Costa - a priori condamné par sa profession de " nègre " à rester dans l'ombre - en est aussi le spectateur impuissant. À partir d'un arrêt forcé dans la capitale hongroise, les événements semblent lui échapper, et son existence ressemble de plus en plus à un jeu de pistes linguistique et sentimental entre deux villes, deux langues, mais aussi entre deux femmes, loin de la vie tranquille et sans éclat qu'il menait auparavant. Ce troisième roman de Chico Buarque, hilarant tour de force littéraire qui nous mène des plages d'Ipanema aux bords du Danube, recèle une réflexion très originale sur les questions d'identité et de langue.

02/2005

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Sculpture

Virginia Tentindo. Les mains du feu sous la cendre

Virginia Tentindo est l'une des plus grandes sculpteurs de notre époque, née à Buenos Aires en 1931, dans une famille d'émigrés. Elle suit des études à l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Buenos Aires et à l'âge de dix-huit ans, deux ans après avoir exposé en 1947 ses oeuvres pour la première fois, elle ouvre sa propre galerie. En 1953, elle quitte Buenos Aires et rejoint Naples, puis Paris. L'émigrée argentine y est mal accueillie. Le combat commence et tout d'abord pour subsister : elle modèle des objets en terre cuite et travaille au noir dans des conditions difficiles, avant de regagner le soir une chambre sans électricité ni confort. Ce combat, elle le mènera seule durant dix ans. En 1960, Virginia élargit le spectre de son art : Abel Gance, pour son film Austerlitz, lui commande cinquante sculptures de figurines, d'après Le Sacre de Napoléon, de David. Neuf plus tard, en 1969, elle réalise les poupées du film de Nelly Kaplan, La Fiancée du pirate. Elle entame une carrière de graphiste et de maquettiste pour le magazine Science & Vie. En 1974, Virginia Tentindo s'installe à Pietrasanta, en Toscane, où elle apprend à travailler le marbre et commence à réaliser ses bronzes. En 1979, Virginia Tentindo installe son atelier au célèbre Bateau-Lavoir, à Montmartre. Cet atelier, l'écrivain surréaliste José Pierre l'évoque en 1986, comme "la fabrique des dieux" . El fuego ! C'est cela Virginia Tentindo, le tango du Feu de la vie et de la passion ; le Feu du désir et de la poésie ; le Feu de la métamorphose et celui de l'alchimiste qui, de son Athanor, ressort de l'or émotionnel en terre-cuite : un Chat d'octobre ou une Lionne des jours Terre-Lune. Virginia aux mains de flamme sculpte le feu sous la cendre. Christophe DAUPHIN

05/2021

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Divers

Simenon, l'Ostrogoth

Le 24 mars 1923, Régine Renchon et Georges Simenon sont déclarés mari et femme, d'abord par le curé de l'église Sainte-Véronique puis par l'échevin communiste de la bonne ville de Liège. Ces deux fringants jeunes gens ? elle peintre déjà exposée, lui journaliste en herbe et aspirant romancier ? ne vont pas s'attarder dans leur Belgique natale. Les voici à Paris où, dans l'effervescence des très swing Années folles, ils se livrent corps et âme à l'esprit du temps et à la conquête de la gloire. Tandis que Régine se déploie sur tous les fronts, celui de son art comme celui du soutien à la carrière de son époux, Georges devient en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire une véritable "machine à écrire", produisant à la chaîne des petits romans populaires pour financer la grande vie et les fêtes étincelantes qui attirent, dans leur appartement de la place des Vosges, le Tout-Paris bambocheur de l'époque. Prendront-ils le chemin de Zelda et Scott Fitzgerald, celui de la déchéance mentale, morale et artistique, ou, au contraire, parviendront-ils à transcender ces expériences pour bâtir leurs oeuvres respectives ? Et à la fin, lequel des deux artistes sacrifiera ses ambitions à l'autre ? Avec la bénédiction et la participation de John Simenon, le fils de Georges, José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental évoquent ce couple fabuleux et le chemin semé d'embûches qui amena Simenon à faire naître son fameux Maigret. Jacques Loustal, qui illustre depuis des années les oeuvres du maître, déploie toute sa palette pour ce portrait d'un Paris en fête, terrain de jeu d'un duo amoureux, habité par la joie de vivre et la fureur de créer.

10/2023

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Humour

Gravé dans mon coeur

Cet homme est connu pour aimer la vie, la musique et les autres. Mais ici, attention, il fait son coming out littéraire : monsieur adore également les mots. Alain Morisod collectionne depuis longtemps citations, proverbes et diverses pensées. Ses petits carnets en regorgent. Ces petites leçons de philosophie et de drôlerie lui ont appris au fil du temps plein de choses. Il sait par exemple qu'un ami, "c'est quelqu'un qui vous connaît très bien et vous aime quand même". Il n'ignore pas que "l'argent est préférable à la pauvreté, ne serait-ce que pour des raisons financières". Et il a même retenu que "si la matière grise était rose, on n'aurait plus d'idée noire". Ces phrases qui donnent à réfléchir ou à sourire, il en met partout. Elles ajoutent encore à sa bonne humeur. Et quelle audace, avec ça ! Le saltimbanque ne se refuse rien. Citer Voltaire, Woody Allen, Sacha Guitry, Pierre Desproges, José Artur ou Oscar Wilde ne lui fait pas peur. Certains mots sont gravés dans son coeur. Il vous les fait partager dans ce livre en vous racontant comment certaines pensées ont éclairé tel ou tel épisode de son existence. De son passage en prison à son égarement dans un "village englouti", ses aventures ne sont pas tristes. Il évoque ses amours de parents et ses amours de chiens. Parle de ses rendez-vous heureux ou parfois manqués avec Céline Dion, Eddie Barclay, Jerry Lewis, Danièle Gilbert, Mireille Mathieu et notamment... Jean-Pascal Delamuraz. L'homme des "Coups de coeur" y va aussi de quelques coups de gueule. A la lumière de ses petites histoires agrémentées de grandes pensées, voici un Morisod qui risque de surprendre son monde : toujours super sympa, certes, mais plein d'autodérision, offensif, enjoué et volontiers canaille...

11/2014

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Religion

Réflexions sur l'Eglise catholique en Afrique

Il y a dans ce livre des accents des prophètes d'Israël, un ton d'orage ravageur et une fureur des vagues dévastatrices, au nom d'une foi aux valeurs transcendantes qui fondent une communauté humaine et la maintiennent solidement comme force de destinée heureuse. A des siècles de distance et dans le même courage de la vérité, de la justice et du bien, on sent, chez Jean-Claude Djéréké, des cris, des passions et des vociférations semblables aux fureurs des hommes comme Isaïe, Ezéchiel, Amos ou Osée. Comme ces hommes qui surent, en des temps fort troublés, rappeler les repères fondamentaux de la foi de leur peuple en Dieu pour promouvoir les valeurs qui ont constitué l'identité historique d'Israël et sa substance d'humanité. La voix qui parle dans les réflexions rassemblées dans ce livre s'adresse directement à un peuple, à une nation et à un continent. La nation, le peuple, c'est celui de Côte d'Ivoire, meurtri ces décennies, par les puissances de l'inhumain dans tout ce que la cruauté de l'homme peut libérer comme pouvoir de destruction et de mort. Le continent, c'est l'Afrique livrée pieds et poings liés aux logiques mortelles d'un ordre mondial dont la Françafrique est le visage horrible, féroce et désespérant... La force de la voix qui cric dans ce livre, c'est de considérer la nation ivoirienne, la société africaine et l'Eglise de Dieu, qui est en Afrique, du point de vue de la vérité de l'Evangile afin de parler comme devrait parler de nos jours tout vrai prophète : directement, fortement, rageusement, sans concession, mais toujours dans le but de montrer ce qui compte vraiment dans la vie. Kà Mana

12/2014

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Pléiades

Oeuvres complètes

"Pour la première fois en France, la Pléiade réunit en un volume toutes les oeuvres littéraires et théâtrales de Gogol et, parmi le reste de ses écrits, tout ce qui est essentiel pour suivre ou illustrer l'évolution si singulière de l'auteur - de la satire à l'apostolat et du rire au "mysticisme" - et pour en mettre en évidence la continuité, sans recourir nécessairement ou uniquement à des interprétations pathologiques, apocalyptiques ou gratuitement psychanalytiques. Gogol, en tant que père de la nouvelle, du roman et du théâtre russes tels qu'ils se sont imposés après lui dans la littérature universelle, est assez bien connu par de nombreuses traductions (entre lesquelles on n'a eu que la peine de choisir quand on n'a pas eu recours, notamment pour le cycle ukrainien, à des traductions nouvelles). Le Gogol seconde manière, celui du "grand dessein", avec ses ambitions religieuses de réformateur moral de son pays, est beaucoup moins connu : ce sont des traductions inédites que celles des Passages choisis de ma correspondance et de la Confession d'un auteur par José Johannet. Entre ces deux Gogol de style si différent, il y a une profonde mais émouvante unité : c'est elle qui ressort, d'une étape à l'autre, de la composition chronologique et progressive de ce volume. Pour l'illustrer, on s'est référé avant tout au témoignage de l'auteur lui-même dans ses lettres privées, accessoirement au témoignage de ses contemporains, par d'abondantes citations pour lesquelles ont été, à dessein, largement développées la Chronologie et les Notes. C'est ainsi un portrait global et mobile de l'homme et de son oeuvre - rigoureusement inséparables dans son cas, ou plutôt de plus en plus étroitement liés jusqu'au drame final qui les sépare, - une véritable somme du phénomène Gogol, qu'offre ce volume". Michel Aucouturier, 1966.

05/2005

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Histoire internationale

Baudouin. L'homme qui ne voulait pas être roi

La mort de Baudouin, le 31 juillet 1993, a suscité en Belgique une manifestation d'émotion populaire d'une ampleur sans précédent, témoignage de l'affection et de l'attachement exceptionnels d'un peuple pour son roi. Mais qui était-il donc, ce roi, et pourquoi les Belges lui sont-ils demeurés aussi fidèles ? Pour le comprendre, José-Alain Fralon a mené une enquête de plusieurs années auprès de ses proches collaborateurs ainsi que des femmes et des hommes qui l'ont côtoyé, issus de l'aristocratie belge ou grands témoins de la vie politique, culturelle et sociale du pays. Voici un portrait inédit de Baudouin, tel qu'en lui-même, à la fois homme d'Etat, incarnation de la fonction royale, et homme tout court, personnalité complexe dont l'enfance fut brisée par la fin tragique de sa mère, la belle Astrid, par la guerre ensuite et la mort symbolique d'un père contraint d'abdiquer. Viennent alors les années du " roi triste ", qui ne renaît véritablement qu'au bras de Fabiola. Mais les épreuves ne manquent pas : la rupture avec un père vénéré et une belle-mère tant aimée, Lilian de Réthy, l'impossibilité d'avoir un enfant, la crise de conscience qui le terrasse lors du vote de la loi dépénalisant l'avortement et qui fut à l'origine d'une des plus graves crises de l'Etat belge. A travers le récit de la vie de Baudouin, c'est également le destin d'une nation qui nous est conté : si ce peuple en permanence au bord de l'éclatement a traversé le XXe siècle dans l'unité, c'est peut-être aussi parce qu'il a vécu sous le long règne de cet homme qui ne voulait pas être roi...

05/2001

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Critique littéraire

Mythes et mythologies dans la littérature française

Cet ouvrage paraît en 1969, à un moment où les sciences humaines et la littérature intéressent, vraiment, et un large public. À un moment où la question du mythe, via les disciplines historique, anthropologique, philosophique, via le structuralisme, est à l'ordre du jour. À un moment où les études littéraires s'ouvrent et se penchent sur les résultats que d'autres disciplines mettent au jour, pour tenter d'en faire quelque chose, sur leur propre terrain. Dès lors, la mise en place d'un tel travail ne demandait pas nécessairement quelque chose comme une rigueur morose, mais cette curiosité d'époque, cette ouverture, et une forme d'inachèvement, de proposition, d'expérimentation et d'essai(s). Cet ouvrage n'est donc pas un manuel, ni une synthèse, et c'est très bien ainsi. Histoire, thématiques possibles, application aux auteurs, il n'y a là rien de vraiment contraignant, ni de tout à fait terminé, mais un travail en progrès, à poursuivre, et qui demandait que la communauté des chercheurs en littérature s'en empare. C'est ce qui fut fait. Non que cet ouvrage particulier ait été le seul initiateur de la « mythocritique », mais qu'il se soit trouvé au centre de ce travail de lecture critique à partir de la notion de mythe : à la fois déclencheur et cristallisateur, premier pas didactique et incitateur d'applications et de transformations futures. Pierre Albouy fut professeur de lettres à l'université de Montpellier, puis de la Sorbonne. Il a écrit, entre autres, La Création mythologique chez Victor Hugo (José Corti, 1963). Il a publié dans la Bibliothèque de la Pléiade les Ouvres poétiques de Victor Hugo. Christian Biet est professeur d'histoire et esthétique du théâtre à l'université de Paris X-Nanterre et membre de l'IUF.

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Littérature française

Pierres noires. Les Classes moyennes du Salut

Dans le deuxième roman de Joseph Malègue, Pierres noires : Les Classes moyennes du Salut, réalise une "fresque historique" de l'installation de la IIIe République : laïcité, déclin des notables liés à la Monarchie, l'Eglise, l'Empire, montée d'une classe nouvelle qui les supplante dans une ville d'Auvergne imaginaire, emblématique d'une mutation de la France toute entière. Malègue observe le déclin de cette classe sociale à laquelle sa famille petite-bourgeoise était liée avec le sens proustien du temps qui passe et la distance du sociologue, sans regret ni révolte. Il se préoccupe surtout du drame spirituel des "classes moyennes du Salut" . Soit les chrétiens attachés à l'évangile, mais peu désireux de lui sacrifier, le cas échéant, leur bonheur terrestre. Comme dans Augustin ou le Maître est là, Malègue s'y rapproche encore plus de Proust par l'abondance de ce qu'il enregistre, décrit puis dissèque longuement et finement : beauté de la féminité, mais aussi divisions sociales implacables, fortunes détruites, mariages ratés, suicides illustrant la fin des notables catholiques. Pierres noires est considéré par les critiques comme supérieur à son premier roman (Augustin). Les "pierres noires" sont les pierres volcaniques d'Auvergne et du Cantal avec lesquelles sont construites de nombreuses maisons de ces régions. Les "Classes moyennes du Salut" sont les chrétiens médiocres (où Malègue se situait lui-même), non "classes moyennes de la sainteté" . Joseph Malègue (1876-1940) est considéré comme le "Proust catholique" . Ecrivain lu avec ferveur par le pape Paul VI qui voit en lui le "conteur de l'histoire de l'âme" , et par le pape François comme le grand romancier moderne des "classes moyennes de la sainteté" . Préface de José Fontaine

04/2018

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Autres pays

La Faction de la Sierra. Un apprentissage du politique entre engagement et contrainte, Venezuela 1858-1859

Portant sur le Venezuela rural du milieu du XIXe siècle, cet ouvrage a pour objet une faction armée qui se déploie dans plusieurs provinces du pays en 1858 et 1859, en réaction à la destitution du président en place, José Tadeo Monagas, classé dans le camp des libéraux. Cette faction est menée par trois hommes qui prennent les armes en mars 1858 pour dénoncer cette destitution. Si l'on s'en tient à l'historiographie, à la fois parcellaire et partiale, relative à cette faction de la Sierra, on ne dispose que d'une version officielle et assez lisse des faits. Trois chefs présentés comme des bandits et qui se seraient mobilisés pendant près de 18 mois, seuls contre tous, pour soutenir un président déchu. Trois hommes qui seraient panthéonisés en 1897 comme héros de la cause fédérale et libérale, et feraient plus récemment l'objet d'une instrumentalisation politique sous la présidence de Hugo Chavez. Véronique Hébrard s'est emparée de ce moment précis comme d'un événement à part entière pour appréhender dans un premier temps les dynamiques de mobilisation et d'engagement des populations rurales de la zone concernée, prises en étau entre la répresion des autorités et la contrainte, et proposer dans un second temps une réflexion sur les logiques partisanes et les pratiques politiques factionnelles telles qu'elles se déploient dans les décennies postérieures aux indépendances, aisni que sur les violences et le fonctionnement de la justice dans un Etat aux institutions encore embryonnaires. Cet ouvrage vise ainsi à mettre en lumière de quelle faction une faction armée, déconnectée du parti dont elle se réclame, n'en contribue pas moins à une politisation du social et des acteurs qui en sont des membres plus ou moins consentants, et à une socialisation du politique.

03/2023

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Littérature sud-américaine

La Havane

" Dans un pays de volupté et de guitares à rubans bleus, la chance est fière comme tout ce qui a été acquis sur terre ou à travers les aventures arides de la virilité. " José Lezama Lima, considéré comme l'égal de Proust et de Joyce, est le plus grand écrivain cubain contemporain. Il est universellement connu pour son oeuvre poétique qui s'étend de la narration à l'essai. Son roman Paradiso (1966) est la référence de la littérature du xxe siècle en langue espagnole. Ce livre recueille une série de 91 chroniques publiées initialement à la une d'un grand quotidien cubain (Diario de la Marina) entre septembre 1949 et mars 1950, et qui n'ont jamais été traduites ni rassemblées en volume. Chaque texte naît d'un élément de l'actualité : concert, début de carnaval, prémices de l'hiver, exposition de peinture, représentation théâtrale, match de base-ball, manifestation, détérioration d'un quartier. A travers la description de lieux, de personnages, de coutumes, Lezama Lima appréhende la profonde singularité de La Havane. Une ville aux multiples facettes, qui revendique ses origines européennes tout en étant fière de sa spécificité caribéenne. Poésie et divagation réflexive caractérisent ainsi ce livre à déguster lentement, dans lequel l'auteur porte sur ce coin du monde qui est le sien un regard empreint d'attachement et pourtant non dénué de lucidité et d'humour. Le ton y est souvent badin, espiègle et, comme un enfant rêveur, Lezama Lima se plaît à se détacher de la description objective des faits pour plonger dans la fiction. Ainsi, lorsqu'il imagine la vie d'un acrobate de cirque ou qu'il narre son trajet en autobus comme s'il s'agissait d'une épopée. Un enchantement littéraire pour les nombreux amoureux de La Havane

08/2022

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Critique

Bonnefoy et la philosophie

Penseur, mais non pas philosophe, si Bonnefoy l'a été avec plus de fécondité qu'aucun des grands poètes de langue française, c'est parce qu'il a élaboré dans une oeuvre exactement monumentale les noyaux de problèmes par lesquels l'esprit de la poésie européenne depuis Shakespeare est parvenu à sa conscience de soi. Le présent livre examine d'abord "L'héritage philosophique chez Bonnefoy" ? : à savoir les dettes que le poète a contractées avec les philosophes qu'il a cités comme appuis de son travail (Platon, Plotin, Hegel, Kierkegaard, Wahl, Chestov, Bachelard, Nygren) ainsi qu'avec ceux dans l'horizon desquels il a réfléchi (Lucrèce, Rousseau, Bergson, Jaspers). Cette première section s'achève avec l'examen de l'héritage théologique dans l'invention des poèmes. Puis viennent les "Rencontres et confrontations" ? : d'abord la reprise des questions premières telles que le poète les a posées (la question du philosophique, celle de la métaphysique, celle de la présence), ensuite l'explication des relations et parfois des différends de sa pensée avec celle de grands contemporains (Blanchot, Bataille, Sartre, Levinas, Derrida, Barthes, Girard). L'ensemble trouve sa fin par l'analyse des rapports entre poème et musique. Ce livre d'études, qui donne à lire un important inédit de Bonnefoy sur Derrida, vise à élargir le champ de la recherche philosophique par la pensée de la poésie. T. Avec les contributions de Teddy Balandraud, Etienne Bimbenet, Sara Bonanni, Dominique Combe, Matthieu Contou, Natalie Depraz, Jeanne Dorn, Michèle Finck, Georges Formentelli, Ramona Fotiade, Jérôme de Gramont, Yvon Inizan, José Kany-Turpin, Sébastien Labrusse, François Lallier, Baptiste Loreaux, Jean-Philippe Milet, Patrick Née, Ahmet Soysal, Michel Terestchenko, Jérôme Thélot, Bernard Vouilloux, Patrick Werly et un inédit d'Yves Bonnefoy.

04/2023

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Histoire littéraire

Enquête sur l'évolution littéraire

En 1891 s'est produit un événement non négligeable dans l'histoire intellectuelle : un journaliste a eu l'idée d'aller poser des questions aux principaux écrivains du moment et de publier ces entretiens. Jules Huret venait de donner ses lettres de noblesse à l'interview littéraire, née quelques années auparavant. Rassemblés en volume, ces entretiens sont devenus un livre culte. Parmi les soixante-quatre interviewés : Stéphane Mallarmé, Edmond de Goncourt, Joris-Karl Huysmans, Guy de Maupassant, Emile Zola, entre autres. On y trouve la seule interview connue de Paul Verlaine, de précieuses rencontres avec José Maria de Hérédia, Remy de Gourmont ou Octave Mirbeau, ainsi qu'une lettre de Leconte de Lisle provoquant Anatole France en duel, fâché après avoir lu ses réponses au journaliste. Quand ils ne se livrent pas à des piques ou à des éloges à l'endroit de leurs collègues, les auteurs présentent leurs théories, méditent sur leurs oeuvres et tentent d'établir le modèle de l'écrivain futur. Les poètes parnassiens et symbolistes s'affrontent sur la question du vers libre, les décadents et les écrivains socialistes sur le rôle politique de la littérature, tandis que les romanciers, toutes écoles confondues, rivalisent d'ingéniosité pour imaginer les oeuvres d'après le naturalisme. Les entretiens frappent par leur franchise et leur familiarité. On suit Maurice Maeterlinck dans le dédale des brasserie belges ; on écoute Anatole France s'interrompre au milieu d'un profond développement pour plaisanter avec sa petite fille. Chaque reportage est comme une brève nouvelle dont les écrivains seraient les personnages principaux. On y découvre leurs lieux de travail, leurs façons de s'exprimer et de vivre. Le pittoresque se joint à l'intelligence pour faire de ce livre une bible des lettres.

05/2023

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Arménie

Les Justes et gens de bien du génocide des Arméniens

Parmi les Justes et gens de bien qui prirent des risques majeurs pour sauver les Arméniens pendant le génocide de 1915, il y eut aussi bien des Occidentaux chrétiens ou juifs, que des Orientaux musulmans de diverses confessions. Malgré l'absence d'ordre de son ministère de tutelle le vice-amiral Louis Dartige du Fou net osa prendre les mesures nécessaires pour recueillir les Arméniens qui, retranchés dans la "Montagne de Moïse", avaient résisté pendant plus de quarante jours à une armée turque. Sauvetage des combattants arméniens du Musa Dagh. Témoignage du Pasteur Andreassian (2 sept. 1915) : C'était le Guichen, vaisseau français Pendant qu'on abaissait ne chaloupe, plusieurs de nos jeunes s'étaient élancés vers la mer, et bientôt ils nageaient dans la direction du beau navire qui semblait nous venir de Dieu. Avec des coeurs qui battaient fort, nous descendîmes sur la plage et le capitaine nous invita à lui envoyer une délégation pour rendre compte de notre situation. Il lança un télégramme sans fil à l'amiral et, peu après, le vaisseau Jeanne d'Arc apparaissait à l'horizon, suivi par d'autres navires de guerre français. L'amiral nous dit des paroles d'encouragement et ordonna que chaque membre de notre communauté Rit accueilli à bord des vaisseaux. Raymond H. Kévorkian, Yves T non, Mémorial du génocide des Arméniens, p 447-448. La région montagneuse du Dersim, à l'est de l'Anatolie, était peuplée de Kurdes, en grande partie de confession dévie - marquée par le mysticisme et le respect de la personne humaine - qui ne participèrent pas au génocide des Arméniens, protégèrent ceux-ci, mettant en péril leur propre sécurité, voire leur vie. La politique de turquification mise en oeuvre par Mustafa Kemal entraîna une révolte massive des Kurdes du Dersim (1936-1938), qui se termina par une répression qui fit des milliers de morts. Sauvetage d'Arméniens par des Kurdes du Dersim (un chef de village rassure une déportée sur le sort de sa soeur) : Vallahi, billahi [Jurer Dieu], elle est en sécurité et son honneur autant. J'ai emmené en même temps que les Simonian une centaine de familles dans le seul but de les sauver. Lorsque j'ai vu ta soeur, ta belle-soeur, Mme Anub, des dames si bien élevées. si raffinées. je les ai prises en pitié. Je .savais qu'elles étaient condamnées à périr dans des conditions horribles. Dès lors, j'ai formé le projet de les sauver, mais je n'arrivais pas à les convaincre de la pureté de mes intentions. Elles refusaient obstinément de me suivre. Elles ne cessaient de crier : ,, Nous mourrons s'il le Faux ; ; nais nous n'irons pas avec vous ". Alors, je leur ai envoyé mes Kurdes armés et une charrette pour les emmener de force. Maintenant elles ne savent comment me témoigner leur reconnaissance. Elles voient en moi leur sauveur. Raymond H. Kévorkian. Yves Ternon. Mémorial du génocide des Arméniens, p. 450.

05/2021

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Littérature française

L'orgie

Orgie... C'est fatal, les malentendus commencent avec le mot lui-même... Un mot qu'on se devrait de tenir à l'écart de tout usage vulgaire, n'énoncer qu'à voix basse sous ombre de mystère, ou hurler comme un cri au plus fort de la transe. Dès la première ligne de cet essai, Georges Marbeck s'attaque à ces malentendus pour redonner à la notion d'orgie toute l'ampleur originelle qu'elle a perdue en devenant dans le langage courant synonyme de " partie de débauche, d'excès de table et de boisson ". D'une plume ardente, l'auteur fait entrer en résonance l'orgie et l'orgiaque avec toutes les manifestations extrêmes de la vitalité humaine et la multiplicité de ses formes d'expression dans l'histoire des sociétés, des religions, des cultures et des moeurs. Des innombrables rituels orgiastiques des sociétés animistes, polythéistes jusqu'à leurs prolongements dans les sociétés à dominante monothéiste, des orgies impériales, royales, papales jusqu'aux grandes manifestations festives contemporaines, c'est toute l'histoire universelle des orgies que Georges Marbeck fait défiler de chapitre en chapitre. Un ouvrage de " gai savoir " qui rompt définitivement avec l'idée que, d'ordinaire, l'on se fait de l'orgie et qui montre, exemples à l'appui, que les pulsions orgiaques sont une composante universelle du lien social. Le livre de référence sur le sujet. son livre est une histyde l'orgie. Mais c'est en même temps un essai très personnel Georges Marbeck. Des représentations rupestres aux célébrations des matchs de foot en passant par les saturnales ou les bacchanales, des banquets du moyen-âge ou le sexe libre des sixties. La profusion ou l'excès qu'ils soient sexuels ou alimentaires ne sont pas réservés à notre civilisation occidentale, mais bien au contraire présents dans de nombreuses civilisations. De l'Amérique précolombienne aux Inuits du grand Nord qui pratiquent des orgies au plus noir de l'hiver ou plus près de chez nous, la Saint Jean dans les pays scandinaves, les fêtes des moissons ou des vendanges qui marquent le retour du printemps et de l'abondance. Où il est question ici du sacré et du païen, de transcendance et d'extase mystique, de fêtes officielles et de rituels saisonniers.

09/2014

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Critique littéraire

Correspondance générale de Verlaine. Volume 1, 1857-1885

Ce premier volume (1857-1885) ébauche toute une période passionnante de la vie de Verlaine : ses débuts comme poète ; la réception de ses premiers recueils de poésie - les Poèmes saturniens, les Fêtes galantes - ; l'estime et l'indéfectible soutien de ses aînés Hugo et Sainte-Beuve et de ses pairs Coppée, Blémont et Mallarmé ; ses liens avec le Parnasse ; ses articles sur les Poètes maudits. Ces lettres dévoilent la sensibilité à fleur de peau du poète, son besoin de reconnaissance et d'amitié, son humour cabochard. A Mathilde Mauté, qu'il épouse, il adresse les vers émouvants de La Bonne Chanson. A Rimbaud, qu'il suit, il confie sa détresse : (" aime-moi, protège et donne confiance. Etant très faible j'ai très-besoin de bontés ") surtout quand Mathilde le quitte au " fatal mois de février " 1872, alors que leur fils Georges n'a que trois mois. Deux ans plus tard, Verlaine commet l'irréparable : il tire sur Rimbe et passe de longs mois en prison en Belgique. Malheureux, il demande à Hugo d'intercéder en sa faveur auprès de Mathilde : " Parlez-lui, dites-lui [...] que seule elle peut me sauver du remords, de l'angoisse, seule elle peut m'aider à refaire ma vie. " Heureusement ses liens épistolaires et la poésie le préservent : il écrit les vers de Cellulairement, et les Romances sans paroles sont publiées grâce au fidèle Lepelletier. Après ces épreuves, Verlaine se convertit : " dis que tu sais que je me porte mieux et que je me suis absolument converti à la religion catholique " et écrit Sagesse. Enseignant à Stickney, Bournemouth ou Rethel, il se préoccupe de son fils qu'il voit peu : " Et j'ai revu l'enfant unique ". Désireux de mettre en avant l'œuvre poétique de Rimbaud, il cherche inlassablement des éditeurs et de l'argent, amorce une relation paternelle avec l'un de ses anciens élèves Lucien Létinois, et renoue en 1883 avec les milieux littéraires. Cette Correspondance est d'autant plus intéressante que, pour citer Lepelletier, Verlaine " écrit à la va-comme-je-te-pousse, sans souci du tiers et du quart, ne s'adressant qu'à l'ami auquel il se confie. Il ne soupçonne guère l'imprimerie future ". Truffée d'argot, de jeux de mots de potaches, elle témoigne d'une époque et de solides amitiés. Près de 200 dessins souvent humoristiques de Verlaine et de ses comparses, Ernest Delahaye et Germain Nouveau, illustrent leurs échanges.

05/2005

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Psychologie, psychanalyse

La statue de Freud

Tout de Freud - sa vie, son eeuvre, son influence - est marqué du signe du paradoxe. Celui qui fut tenu pour un des plus grands penseurs de XXe siècle avait fondé sa doctrine sur une poignée de postulats controuvés, tel le désir sexuel, universel, fatal et inconscient, que les petits garçons éprouveraient envers leur mère. Ce soi-disant découvreur scientifique émettait des théories dépourvues de la moindre scientificité et posa des entraves au développement de la plupart des sciences de l'homme. Ce grand spécialiste des troubles de l'esprit, ce fondateur de la cure psychanalytique finit par se désintéresser presque complètement du traitement des névroses, désormais considérées comme des maladies imaginaires. Cet adversaire résolu de la religion s'entoura d'une secte de dévots, recrutés après épreuve initiatique. L'homme qui propagea le " principe du plaisir ", l'homme dont se réclamèrent tant de " libérateurs " sexuels mena une vie austère et abstinente, prêcha la nécessité civilisatrice du refoulement des instincts et compléta sa doctrine par un " instinct de mort " poussant chacun de nous vers la souffrance et le malheur. A la fin du XXe siècle, il est évident que l'édifice baroque du freudisme n'est fondé que sur le mythe et n'a jamais constitué un système opérationnel, adéquat au réel. Le biologiste, le psychiatre, le neurophysiologiste, l'éthologue, le préhistorien le savent, mais chacun, dans le cadre de sa propre discipline, pouvant croire que Freud a peut-être raison là où lui-même n'est pas compétent... Confronté, par le développement de son expérience sexologique, aux erreurs conceptuelles du freudisme, Gérard Zwang finit par entreprendre une vaste critique des dogmes psychanalytiques, partout où ils ont prétendu offrir l'explication de la vérité humaine. Composé en trois parties, la Statue de Freud s'ouvre sur un résumé objectif de la doctrine freudienne, pour aboutir à une réfutation globale, y compris des mots pièges que le freudisme a insinués dans la conversation courante. Les arguments de cette réfutation sont fournis dans la deuxième partie : elle constitue un exposé didactique et constructif sur les principaux sujets auxquels la psychanalyse prétendait s'appliquer. L'ouvrage s'achève par le discours d'inauguration de la statue de Freud, en 2030. Il récapitule les objections que l'on peut opposer au freudisme et tente d'expliquer comment Freud, poussé par une ambition dévorante, parvint à se faire connaître et à s'imposer, tout en s'appuyant sur une théorie fabuleuse.

02/1985

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Poésie

Ultima stella. Edition français-italien-frioulan

Novella Aurora Cantarutti est née le 26 août 1920 à Spilimbergo, province de Pordenone, au nord-est de l'Italie, dans la région du Frioul Vénétie Julienne. Elle a passé son enfance et son adolescence à Navarons, un petit village à une vingtaine de kilomètres plus au nord. Après des études de lettres à Udine, Milan et Rome, Novella Cantarutti est devenue professeur de littérature italienne et d'histoire à Udine où elle s'est éteinte en septembre 2009. Elle a publié ses premiers poèmes en 1946, puis en 1947 dans Quaderno romanzo, l'une des revues de Pier Paolo Pasolini. Avec ses revues, Pasolini aura accompli tout un travail de restitution littéraire pour laquelle il sollicite et élève sa langue maternelle. Novella a également collaboré à Patrie dal Friûl, une publication autonomiste et à la Société Philologique frioulane. Elle appartient à la génération des auteurs de l'après-guerre qui se sont donc employés à écrire dans leur langue, tant en poésie qu'en prose. Cette langue est celle de Navarons. Du frioulan de Navarons. Novella Cantarutti s'y réfère et s'y nourrit. Ce n'est pas pour cultiver un idiolecte circonscrit, servi à l'étouffée sous cloche, réservé à une minuscule communauté dialectale. Si Novella s'y plonge toute entière, corps-et-âme, c'est bien parce qu'elle a inventé là - comme on invente des signes pariétaux sur les parois d'une caverne - le filon d'une pensée en cohérence avec le lieu. Quelque chose du chamanisme des natifs. Dans une lointaine familiarité avec la musica callada d'un Saint-Jean-de la Croix, on pressent que chez Novella la mort et la vie dont il est souvent question, forment un même ferment, s'enlacent dans un même baiser, une même vérité, une vérité sans éclat inutile, sans drame, une vérité dans la normalité des choses. Des branches les plus élevées jusqu'aux humus les plus profonds. Tout un équilibre naturel en somme, même si deux courants contraires s'affrontent. La richesse poétique se trouve là, dans ce trésor de la langue intacte, hautement prosaïque, simplement noble, dignement immédiate, mais formidablement exacte. Un char Un char sur la draille crisse et un fanal frissonne. Une cloche de lumière s'avance sur le chemin dans le sillage des sabots d'un cheval éreinté. Une silhouette recroquevillée bâille les pieds sur le timon, tout un vilain gribouillis balafre l'harmonie de la nuit. N. C.

06/2021

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Paranormal, Bit-lit, Science-f

Le grand méchant Loup Tome 3 : Dans la gueule du loup

L'agent Cooper Dayton s'apprête à rencontrer la famille lupine de son petit ami. Sans armes. Sur leur territoire. Et il amène son chat. Lorsque l'agent Cooper Dayton accepte d'assister aux funérailles du grand-père d'Oliver Park, il ne sait pas dans quoi il s'embarque. Il se trouve que le défunt était l'alpha de la plus puissante meute de loups-garous de la côte Est. Et sa mort est hautement suspecte. Quoi qu'il en soit, Cooper est décidé à aimer et à soutenir Park comme ce dernier l'a fait pour lui. Mais Park ne l'a pas du tout préparé à la politique et à l'étiquette des loups. Des meutes rivales ? Un plan de table bien déterminé ? Un mystérieux personnage nommé le Berger ? Le pire, c'est que Park n'a rien dit d'essentiel sur lui à sa famille, et Cooper a l'impression d'avoir deux longueurs de retard. Et Park, réticent, ne l'aide pas. Plusieurs membres de la meute sont prêts à s'ouvrir sur Park et à expliquer pourquoi Cooper n'est pas fait pour lui. Leurs histoires poussent ce dernier à se demander s'il n'est pas un frein pour son partenaire. Mais il n'a pas le temps de s'appesantir sur la question... Alors que des fléchettes de tranquillisant fatal commencent à voler, Cooper doit résoudre le mystère du décès de l'alpha et se battre pour l'homme qu'il aime - avant que quelqu'un d'autre ne meure. #Paranormal #MM #LoupGarou #Mystère #Enquête #Complot #Sexy #Humour "Ce livre est arrivé en trombe comme une bande de motards, m'a prise à la gorge et m'a entraînée jusqu'à la dernière page. J'ai tout simplement adoré l'écriture - elle est remplie d'intelligence, d'esprit et de personnages authentiques". Eli Easton, autrice de la série Mad Creek "Cette série est un vrai triomphe ! Une intrigue complexe, un univers bien construit, des personnages engageants et complexes et une romance très sexy ! " Blog All about romance. "Les loups-garous vivent parmi nous en secret... Quand l'un d'entre eux interagit avec un humain, cela crée des ennuis, mais aussi une romance mémorable ! Une excellente série ! " Beverley, lectrice Goodreads

07/2023

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Littérature française

Romans, récits, souvenirs - Tome 1

" Quand j'étais petite, une grande sagesse précoce m'envoya, au plus beau de mes joies, plusieurs avertissements mélancoliques, d'une amertume savoureuse au-dessus de mon âge. Elle me dit... Vous pensez à une belle dame en blanc avec un diadème, qui m'apparut parmi l'obscur feuillage du vieux noyer ? Pas du tout ! C'était simplement, banalement, la " voix secrète ", une immobilisation presque douloureuse de ma pensée, de tout mon petit animal bien portant, excité et repu, une porte entrouverte qui pour les enfants de mon âge demeure d'habitude fermée... Elle me disait : " Vois, arrête-toi, cet instant est beau ! Y a-t-il ailleurs, dans toute ta vie qui se précipite, un soleil aussi blond, un lilas aussi bleu à force d'être mauve, un livre aussi passionnant, un fruit aussi ruisselant de parfums sucrés, un lit aussi frais de draps rudes et blancs ? Reverras-tu plus belle la forme de ces collines ? Combien de temps seras-tu encore cette enfant ivre de sa seule vie, du seul battement de ses heureuses artères ? Tout est si frais en toi que tu ne songes pas que tu as des membres, des dents, des yeux, une bouche douce et périssable. Où ressentiras-tu la première piqûre, la première déchéance ? ... Oh ! souhaite d'arrêter le temps, souhaite de demeurer encore un peu pareille à toi-même : ne grandis pas, ne pense pas, ne souffre pas ! Souhaite cela si fort qu'un dieu, quelque part, s'en émeuve et t'exauce ! ... " Colette, La Retraite sentimentale (1907) Cette édition des oeuvres de Colette comprend trois volumes de Bouquins " La collection ". Le tome 2, Romans, récits, souvenirs (1900-1919), contient : Chéri - La Chambre éclairée - Le Voyage égoïste - La Maison de Claudine - Le Blé en herbe - La Femme cachée - Aventures quotidiennes - La Fin de Chéri - La Naissance du jour - La Seconde - Sido - Douze dialogues de bêtes - Le Pur et l'Impur - Prisons et Paradis - La Chatte - Duo - Mes apprentissages - Bella-Vista - Le Toutounier - Chambre d'hôtel. Le tome 3, Romans, récits, souvenirs (1941-1949). Critique dramatique (1934-1938), contient : Journal à rebours - Julie de Carneilhan - De ma fenêtre - Le Képi - Trois... six... neuf... - Gigi - Belles saisons - L'Etoile Vesper - Pour un herbier - Le Fanal bleu - Autres bêtes - En pays connu - La Jumelle noire.

04/2023

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Spécialités médicales

Le chant sacré Une histoire du sang contaminé. Tome 1, 1955-1983

En 1973, année du premier choc pétrolier, La Grande Bouffe de Marco Ferreri prédisait à l'homme qu'il périrait de ses excès. Dix ans plus tard, le XXe siècle amorçait sa fin avec le drame planétaire de la contamination des hommes par les virus des hépatites et du sida, stigmate d'échanges frénétiques de sperme et de sang monnayés comme des biens de consommation. Chez les homosexuels, l'industrie du sexe libérait des années de répression et de frustration. Chez les hémophiles, l'industrie du sang leur fournissait des traitements curatifs puis préventifs pour éviter la survenue des hémorragies, sources de graves handicaps articulaires. Ces consommations abondantes favorisaient la libération de ces deux groupes longtemps marginaux et en lutte permanente pour leur survie dans une société grisée par l'illusion scientiste, convaincue de sa capacité à tout guérir, tout maîtriser sur le modèle du progrès nord-américain. "Avancer ou disparaître" déclarait, en 1980, le président de l'Association française des hémophiles (décédé depuis du sida) pour justifier sa demande de traitements de plus en plus sophistiqués. "Résister ou disparaître", écrivait à son tour, en 1993, Franck Arnal, écrivain gay (décédé lui aussi du sida), pour résumer l'enjeu de la lutte homosexuelle. Ces deux combats, de dimension mondiale, induisaient, de part et d'autre, un tribut à la liberté jugé comme acceptable : flambée de maladies sexuellement transmissibles chez les homosexuels et hépatites virales chroniques chez les hémophiles. Le premier volume du Chant sacré raconte cette double conquête de la santé et de la liberté, des années 1950 à son apogée en 1983, alors que, sur fond d'épidémie naissante du sida, se noue le drame du sang contaminé. Il relate les victoires successives des uns et des autres, puis leur forte résistance face au nouveau danger, leur difficulté à renoncer aux libertés acquises et aussi le cynisme des différentes industries (du sang et du sexe), vecteurs de la dissémination mondiale des virus. Il éclaire le sort cruel réservé aux premiers malades du sida et ébranle le mythe de la pureté du sang national glorifié par La Marseillaise, "chant sacré" des Français. Enfin, il annonce le thème du second volume : la chute, amorcée en 1984-1985, de ces mêmes homosexuels et hémophiles rejoints, dans leur sort fatal, par les malades transfusés.

09/2008

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Littérature française

De silences et d'ombres

Quand la fatalité s'immisce dans l'existence d'un couple heureux, qu'une destinée létale infuse dans l'âme de leur enfant unique et provoque l'apocalypse d'un foyer benoît. Lorsque la mort d'un être cher métamorphose l'opprimé, l'aveugle et le frelate au point de renier son propre père. Des mois de heurts et de conflits meurtrissants, à l'éveil d'un jour apaisant où l'antagonisme cède son trône au repentir. Mais il éclôt bien trop tard ce temps du remords, la componction régente et l'esprit infléchi... Une famille ordinaire comme tant d'autres, un couple la quarantaine dépassée et un fils unique de dix-sept ans. Un compte à rebours déclenché par l'apparition soudaine de graves ennuis de santé, qui altèrent la complexion robuste d'un père progressivement démissionnaire. L'infusion d'une précarité instaurée, viciant une famille promptement aux abois qui périclite vertigineusement. L'ignoble agression sexuelle dont est victime la mère, déclic fatal qui va gangrener la petite famille jusqu'à l'avilir. D'une épouse qui ne trouvera son salut que dans son suicide, d'un fils qui fomentera sa hargne et son animosité envers un père lymphatique à la souffrance de son épouse, indifférent à son suicide. D'une claustration que l'époux s'ordonnera pour pénitence, appariée d'une scission résolue qu'une rupture d'avec son fils vaticinant une destinée calamiteuse. Une parenthèse amorcée tel un regain salvateur, qu'une providence inopinée édifiera pour ressusciter cet homme expirant. Cette colère fulminante d'un fils qui apprend à haïr son père, qui n'a jamais voulu justicier le violeur de sa mère alors qu'il le pouvait, qu'il le devait. Cette descente progressive aux enfers qu'il projette pour son père, dans laquelle l'infortuné se laissera glisser pour atteindre ses fonds, d'un suicide semblable à celui de son épouse quelques mois auparavant, mettant fin à son calvaire et à ce conflit insupportable entre un fils envoûtée d'inimité rancuneuse, et d'un père encoléré par autant d'hostilité hargneuse. Au rebondissement impromptu qui se dressera devant ce fils vindicatif, de mauvaises interprétations et d'erreurs accumulées envers son défunt père, qui de ses révélations l'inviteront à l'expiation et la rémission pour apaiser sa fureur...

10/2018

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Droit

La diffamation saisie par les juges en Europe. Textes en français et anglais

Fruit d'un colloque organisé par l'IREDIES à l'automne 2018, La diffamation saisie par les juges en Europe porte sur une question dont l'actualité, à l'ère des réseaux sociaux, est chaque jour plus aiguë. L'accès largement facilité à différents forums d'expression publique radicalise en effet les termes d'un conflit classique. D'un coté, le droit à la réputation ; de l'autre, le droit de parler librement. Le droit à la réputation bénéficie, dans les systèmes de common law comme dans les droits continentaux, d'une protection ancrée dans le temps long, adossée à de fortes justifications philosophiques et politiques. Ceux qui jettent le discrédit sur l'un de leurs concitoyens, sur une institution de la Cité ou sur l'un de ses serviteurs, doivent être appelés à répondre de leurs actes. Il en va de la paix civile, de la simple civilité, mais aussi du respect d'autrui. Les Etats parties au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ont ainsi l'obligation minimale de protéger chacun contre . des atteintes illégales à son honneur et à sa réputation .. Or les Etats doivent aussi garantir l'exercice de la liberté d'expression, qui inclut évidemment le droit de critiquer, de dénoncer, de brocarder, de révéler des vérités cachées... Mais jusqu'où ? Quelles responsabilités emporte la faculté de " livrer aux chiens l'honneur d'un homme " ? La question posée par François Mitterrand le jour des funérailles de Pierre Bérégovoy tait écho à la définition que la Cour européenne des droits de l'homme donne des journalistes ou des associations lanceuses d'alerte : " chiens de garde de la démocratie ". Aboyer pour alerter la Cité et protéger le bien commun, ou aboyer pour mordre et tuer ? Les contributions réunies dans cet ouvrage montrent que le curseur est difficile A fixer. Les cours régulatrices dont la jurisprudence est ici examinée s'efforcent, en fonction des différents ordres de valeurs juridico-politiques dont elles sont les gardiennes, de fixer un cap aux juridictions du tond appelées, vaille que vaille, à maintenir un équilibre entre deux exigences démocratiques contradictoires.

11/2019

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Droit

La responsabilité civile sur les marchés financiers

L'objectif de notre recherche a consisté à déterminer si le particularisme des marchés financiers nécessite un aménagement de la responsabilité civile. C'est sur le marché boursier proprement dit et pour des faits générateurs spécifiques - l'information publique défectueuse et les abus de marché - que le problème se pose dans toute son acuité, dès lors que ces faits générateurs portent atteinte au marché lui-même et peuvent donc léser l'ensemble des investisseurs. La logique multilatérale des marchés boursiers s'oppose alors frontalement à celle, individuelle, de la responsabilité civile, qui en ressort profondément affectée. Le préjudice est diffus, incertain et délicat à évaluer, et la responsabilité civile est soumise à un dilemme : faut-il réparer un préjudice classique d'altération de la décision ou bien un préjudice, plus spécifique, d'altération du marché ? Pour répondre à la question posée, nous avons eu recours au droit comparé. De lege lata, c'est dans tous les Etats l'information publique défectueuse qui suscite l'essentiel de l'intérêt : elle fait l'objet d'aménagements variés autour de la réparation d'une altération de la décision ou du cours, soit par le juge (Etats-Unis, France), soit par le législateur (Allemagne, Royaume-Uni). De lege ferenda, nous avons opéré un choix de politique juridique restrictif consistant à n'indemniser que les investisseurs s'étant fondés sur l'information, et ce tant pour l'information publique défectueuse que pour l'intervention frauduleuse sur le marché (manipulation de cours et opération d'initié). Cette conception restrictive ne nécessite aucun aménagement de la responsabilité civile délictuelle, de sorte que le droit commun doit continuer de s'y appliquer. Le particularisme du marché boursier est finalement trop important pour espérer que la responsabilité civile, même au prix d'un aménagement, puisse y jouer un véritable rôle. Il faut accepter qu'elle n'ait en la matière qu'une place résiduelle et qu'il revienne plutôt aux responsabilités pénale et administrative de jouer pleinement leur rôle afin de dissuader et d'éviter la survenance de préjudices au détriment des investisseurs.

05/2019

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Histoire internationale

L'année 2004 dans Le Monde. Les principaux événements en France et à l'étranger

En 2004, un vieux rêve de l'humanité s'est réalisé : une sonde envoyée de la Terre s'est posée sur la planète Mars et a émis les premiers clichés, relançant le débat sur des formes possibles de vie sur la Planète rouge. Mais un autre rêve - celui, tout aussi vieux, nourri par les Philosophes, d'une paix perpétuelle - n'est pas encore de mise : la guerre fait toujours rage, notamment dans des régions d'Afrique, en Irak ou en Palestine. Le terrorisme, quant à lui, poursuit sa mondialisation : il a massacré des civils à Madrid comme à Beslan, à Bagdad comme à Djakarta. Pendant ce temps, l'Union européenne a étendu sa zone de paix et de prospérité à dix autres membres, et elle a ouvert des négociations de candidature avec la Turquie. L'Europe est un continent en soi, dont il n'est plus assuré qu'elle donne le même sens aux valeurs longtemps proclamées communes avec les États-Unis d'Amérique. Ces derniers ont réélu le président George Bush, défenseur de la propagation des valeurs chrétiennes et toujours en croisade contre les forces du Mal. La France, pendant ce temps, interdisait le port de signes religieux ostensibles dans les écoles. Les fermetures, parfois sauvages, d'entreprises se sont multipliées dans l'Hexagone, où la gauche a remporté une victoire historique en enlevant la présidence de 20 régions, ne laissant à la droite que la seule Alsace. Mais de cette année le souvenir restera d'abord celui du tsunami qui, le 26 décembre, vit la mer manger en quelques heures les côtes de pays d'Asie, emportant plus de 160000 victimes. Cette chronologie inédite a été établie par le service Documentation du Monde sous la direction de Didier Rioux. L'année dans Le Monde est un outil indispensable pour tous ceux qui, par curiosité ou nécessité universitaire, souhaitent se remémorer les faits essentiels de l'Histoire en train de se faire en France et à l'étranger, dans les domaines de la politique, de l'économie, de la culture, des sciences et des sports.

02/2005