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Dostoïevski

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Littérature russe

Eugène Onéguine

Eugène Onéguine est un jeune seigneur russe orphelin, éduqué à la française, sceptique, égoïste, blasé. Un héritage lui fait quitter Saint-Pétersbourg pour la campagne. Là, avec un autre jeune propriétaire, le poète Lenski, il fréquente la maison de Mme Larine qui vit avec ses deux filles, la romantique et mélancolique Tatiana et la vivante et gaie Olga. Lenski est fiancé à cette dernière. Tatiana s'éprend d'Onéguine et lui avoue son amour par une lettre ardente et naïve, à laquelle le dandy répond cyniquement par un sermon moral. Au cours d'un bal, pour chasser son ennui, il courtise Olga. Défié en duel par Lenski, il le tue. Après de longues années de vagabondage, il revient à Saint-Pétersbourg et y retrouve, devenue une grande dame mariée à un général, la Tatiana qu'il avait jadis méprisée comme une petite provinciale. Il éprouve cette fois une grande passion pour elle et tent vainement de la courtiser. Ouvrage unique en son genre, "Eugène Onéguine" est un roman par son intrigue et un poème par sa structure. La narration est conduite directement par Pouchkine, qui se présente comme un ami d'Onéguine. Imprégné du lyrisme caractéristique de l'auteur, l'influence de ce récit, publié en 1833, a été énorme sur toute la littérature russe du XIXe siècle et Dostoïevski en a exalté la fidélité à l'âme véritable du peuple russe, incarnée surtout par l'héroïne, Tatiana.

02/2024

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Sociologie

Tchernychevski et l'âge du réalisme. Essai de sémiotique des comportements

Nikolaï Tchernychevski (1828-1889) est un personnage d'une importance colossale en Russie, encore bien trop méconnu en Occident. Journaliste et critique littéraire, peut-être le plus influent des années 1860, théoricien paradoxal des relations entre l'art et la réalité, activiste politique (aussi bien Dostoïevski qu'Alexandre II le jugeaient à tort responsable de la naissance du mouvement révolutionnaire étudiant), Tchernychevski est resté dans l'histoire comme l'auteur de Que faire ? (1863), roman qui prétendait fournir un "guide dans la vie", sur lequel les jeunes radicaux pourraient modeler leur vie quotidienne, leurs relations personnelles et leurs émotions. La volonté de créer des "hommes nouveaux" et des "femmes nouvelles" pour le nouvel âge révolutionnaire était née. Et Que faire? devint bel et bien un guide de vie, ses situations fictionnelles (mariage et adultère organisés de façon rationnelle, vie en communautés, création d'un corps révolutionnaire parfait) se trouvant mis en application dans la réalité, avec des résultats variables. On trouve de nombreuses allusions implicites et explicites à Que faire ? dans la littérature de l'époque, dans tous les romans de Dostoïevski postérieurs à 1863 et chez Tolstoï (l'intrigue maritale du roman se retrouve sous la forme d'un cauchemar d'Anna Karénine). Plus tard, Lénine déclara que Que faire ? était son livre préféré (et reprit le titre de Tchernychevski pour son propre ouvrage - exposant un programme concret d'action révolutionnaire qui eut bien plus de succès). En 1937, Tchernychevski apparaît sous la forme d'un personnage de fiction dans Le Don de Vladimir Nabokov, écrit dans l'émigration, tentative cette fois-ci pour exorciser ce démon par l'ironie et le ridicule, notamment grâce à une lecture féroce du journal intime de Tchernychevski, publié en Union soviétique dans un tout autre but : développer son culte en le présentant comme un saint Jean-Baptiste, prophète du bolchévisme. L'influence de Tchernychevski dépassa sans l'ombre d'un doute ce que ses actes méritaient, mais le fait est que, amis ou ennemis, contemporains ou auteurs postérieurs, tous y virent une figure d'une importance particulière : un symbole de son époque et un prototype du mouvement révolutionnaire russe naissant. Cette fusion de "la littérature et la réalité", l'un contaminant l'autre, fournit une matière idéale à une étude sémiotique de la culture qui puisse illustrer l'action réciproque de l'auteur en tant qu'homme et de son époque. Dans son ouvrage, Paperno étudie de très près la vie et l'oeuvre de Tchernychevski, et montre comment l'écrivain naît d'un contexte historique spécifique, de préoccupations sociales et psychologiques communes à son milieu et sa génération et des codes littéraires en vigueur. Parmi eux, le passage d'une vision religieuse du monde à l'athéisme et la foi en la science, de la prééminence de l'aristocratie et la noblesse sur la scène culturelle à l'émergence d'intellectuels roturiers au sein des étudiants et des lecteurs de revues, du Romantisme au Réalisme (et à une nouvelle perception des rapports entre l'art et la vie), etc. Au bout du compte, Paperno montre comment l'expérience personnelle de l'auteur se transforme en structure littéraire, donnant naissance à un roman à même d'influer sur la vie émotionnelle et le comportement de lecteurs placés dans la même situation culturelle.

06/2017

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Critique littéraire

Tchekhov

Après les biographies qu'il a consacrées à quelques prestigieux écrivains russes - Dostoïevski, Pouchkine, Lermontov, Tolstoï, Gogol -, Henri Troyat a entrepris de nous conter l'histoire fascinante de l'un des plus mystérieux d'entre eux, Anton Tchekhov, célèbre par ses nombreuses nouvelles et par cinq pièces de théâtre : Ivanov, La Mouette, Oncle Vania, Les Trois Soeurs et La Cerisaie. Histoire assez courte par la durée puisque Tchekhov vécut quarante-quatre ans (1860-1904), mais longue par les méandres intérieurs du personnage. Ce que nous propose ici Henri Troyat, c'est d'abord un voyage vertigineux dans le proche passé de la Russie. En même temps, avec son don de communion humaine, il nous fait pénétrer pas à pas dans les arcanes d'un être surprenant, à l'oeil vif et à la tête glacée, rieur mais triste, aimable mais distant, égoïste mais ouvert au malheur des autres, entouré de femmes mais craignant de s'engager avec l'une d'elles jusqu'au jour de son étrange et tardif mariage, partageant son temps entre la médecine, où il donne libre cours à sa soif de dévouement, et la littérature, où il s'impose comme un artiste indépendant, hostile à toute prise de position politique, philosophique, religieuse, soucieux avant tout de montrer la vie sans essayer de rien prouver. La lente et passionnante découverte que l'on fait de ce sceptique courtois, de cet enchanteur désenchanté, éclaire toute l'oeuvre de Tchekhov : une musique sourde, intime, poignante où s'exprime la douce absurdité de l'existence quotidienne.

10/1984

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Critique littéraire

Mélancolies. De l'Antiquité au XXe siècle

Premier paradoxe : la mélancolie, telle que l'Occident l'a conçue, est à la fois redoutable et féconde, folle et géniale, inhibitrice et généreuse. Cette ambivalence, qui la distingue de la simple tristesse comme de nos actuelles dépressions, lui confère un statut très particulier. Maladie peut-être, mais maladie culturelle, elle nourrit la créativité, elle est " le seul sentiment qui pense ". Second paradoxe : si diversement qu'elle se manifeste, et si différentes que paraissent les théories médicales, théologiques ou philosophiques qui tentent d'en rendre compte, il y a une unité et une permanence de la mélancolie. Obstinément, sa longue histoire rappelle que l'homme n'est homme qu'en vertu d'une altération qui le travaille au plus intime. Aussi la présente anthologie commence-t-elle par donner la parole à de grands plaintifs : dans une première section, c'est la mélancolie qui parle, par la voix d'auteurs aussi différents que Sappho et Michel-Ange, Pétrarque et Shakespeare, Chateaubriand et Dostoïevski, Baudelaire et Sartre. La deuxième section met en place, dans une perspective cette fois théorique, les principaux modèles suivant lesquels la mélancolie a été pensée dans notre histoire: il s'agit de dégager, depuis le modèle humoral antique jusqu'au texte fondateur de Freud, les articulations majeures et les ruptures significatives. La dernière section, où sont passés en revue quelques grands thèmes (d'" Acédie " à " Vanité "), se place comme les précédentes sous l'invocation de Rilke : " Un monde naquit de la plainte, un monde où tout fut recrée. "

10/2005

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Critique littéraire

Littératures

Littératures réunit l'ensemble des conférences données par Vladimir Nabokov entre 1941 et 1958 dans plusieurs universités américaines où il enseignait la littérature européenne. On y trouve, outre deux essais, " Bons lecteurs et bons écrivains " et " L'art de la littérature et du bon sens ", des réflexions et analyses originales et percutantes consacrées aux oeuvres de Jane Austen, Dickens, Flaubert, Stevenson, Proust, Kafka, Joyce, ainsi qu'à celles de ses compatriotes russes Gogol, Tourgueniev, Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov et Gorki. Ce volume propose enfin une longue étude, tout aussi iconoclaste, du Don Quichotte de Cervantès. Balayant la plupart des idées admises concernant ces chefs-d'oeuvre, Nabokov affirme avec superbe, humour et ironie sa propre conception de la littérature : rejet des approches historique, sociologique ou psychologique (Freud, le " charlatan viennois ", est constamment la cible de ses sarcasmes), suprématie de la structure, du style, du détail et de l'agencement des détails entre eux. " Caressez les détails, les divins détails ", tonitrue-t-il de sa chaire. Et encore : " La littérature est invention. La fiction est fiction. Appeler une histoire "histoire vraie", c'est faire injure à la fois à l'art et à la vérité. Tout grand écrivain est un grand illusionniste. " Préfacière de la présente édition, Cécile Guilbert écrit : " Ce que Nabokov dispense a priori avec largesse à ses étudiants ? Pas moins que la crème de la littérature, les moyens critiques de la reconnaître et d'en jouir. Un don au sens du "talent" comme de " l'offrande ", généreux et forcément aristocratique. "

02/2010

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Littérature française

Oeuvres complètes, 1835. André ; Leone Leoni

André. Sixième de la production sandienne, André (1835) est né en marge du Secrétaire Intime. Conçu à Paris, "rêvé" à Venise, écrit à Venise et à Nohant, le roman raconte l'histoire tragique d'un aristocrate et d'une grisette "pas comme les autres". Roman des fleurs, premier roman "intimiste" de G. Sand, il propose déjà nombre de thèmes chers à la romancière. Dostoïevski le comptait parmi les meilleures oeuvres de G. Sand. Leone Leoni. Juliette Ruyter rapporte à don Aleo, qui l'aime et qui veut l'épouser, l'histoire de sa passion pour un aristocrate libertin, joueur et escroc qui l'a conduite à accepter des situations et des actes de plus en plus blâmables. Alors qu'au matin, son récit paraît l'avoir délivrée, il suffit d'un appel de Leoni pour soumettre à nouveau Juliette à son pouvoir. Ecrit à Venise "en quatorze jours", ce roman de la passion inapaisable occupe une place particulière entre André et Jacques. Outre la présence de Venise, on y trouve la trace de la crise profonde vécue par George Sand en janvier et février 1834. En 1853, dans la notice pour les Oeuvres illustrées, George Sand écrira qu'elle a conçu l'oeuvre comme un parallèle inversé de Manon Lescaut, la présentera comme une étude morale, dont le mérite tient à la vérité des caractères. Mais le dénouement qui laisse Juliette poursuivre lucidement un destin malheureux appelle le lecteur à s'interroger sur le sens de l'oeuvre.

10/2017

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Littérature étrangère

La mer encore. Passages de la mémoire

L'aiguille de ma boussole intérieure indique l'Est. Mais d'où me vient cette excitation quand je vois une allée d'acacias, une bande de basses terres, une place comme un foulard, bordée de maisons à un étage. Quelque chose me crie: ici. Et aucun nom ne parvient à s'approcher de cette image. L'image est ancrée derrière toute expérience consciente. Elle provient d'un réservoir de la mémoire que je ne contrôle, ni ne connais vraiment. Et elle exerce un pouvoir sur moi. [...] Aux images provenant d4on ne sait où se joignent des sons et des odeurs. Du pentatonique (aux demi-tons tranchants), chanté, soufflé. Une odeur de fumée. D'épices, d'encens. Du thé fume dans les tasses. Le pays de l'autre mémoire est un territoire de thé. Entre ses clôtures et ses frontières, je suis touchée. Je suis ses appels comme s'ils étaient les cris de bergers fiables. Eastward ho ! Dans La mer encore, Ilma Rakusa raconte, tout en poésie, son enfance nomade entre Budapest, Ljubljana, Trieste et Zurich, où elle s'établit avec sa famille à l'âge de six ans. En soixante-neuf strophes, lima Rakusa revient sur sa traversée de l'Europe de l'Est pour rejoindre l'Europe de l'Ouest, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Elle évoque les images et sensations qui lui restent du voyage continuel de son enfance, des séparations, des langues étrangères et du déracinement. Très vite, la musique, le piano et l'oeuvre de Dostoïevski deviennent ses refuges, comblant l'impossible sentiment d'appartenance.

11/2012

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Littérature française

La petite anglaise

"Viens. Elles sont là, je veux dire Lady Pryer et sa fille. En les voyant tu perdras tes craintes." C'est ainsi qu'Antoine Malivais lance innocemment à Julie Gendre l'invitation au malheur. Car Julie redoutait le jour où apparaîtrait, dans la vie du jeune homme qu'elle aimait, cette petite Anglaise, justement celle-là : Cecilia Pryer. Elle la redoutait à la manière des amoureuses inquiètes qui ont besoin de donner un prénom à leur appétit de jalousie. La petite Anglaise a tous les charmes, et l'extrême jeunesse. L'habileté d'une mère est à son service. Elle va vivre des semaines d'été dans l'intimité délicieuse du domaine des Malivais. Et Julie se perd avec une ardeur désespérée. Cette amoureuse prononce alors beaucoup de paroles fâcheuses. Comme dit Dostoïevski, l'auteur préféré d'Antoine Malivais : "Il faut toujours pardonner les paroles fâcheuses, elles consolent l'âme, sans elles la douleur serait insupportable". Le roman de Renée Massip est un miroir qui se promène sur la vie protégée d'une bourgeoisie de province. Les gens de ce milieu ont apparemment tous les bonheurs et même le luxe de la discrétion. Rien n'y est dit, tout se devine, les rapports humains y ont la grâce cotonneuse des évolutions de nuages. Il n'y a aucune intention, ni sociale ni moralisatrice. C'est un roman d'amour que le lecteur, le livre refermé, peut reconstruire à sa guise en lui donnant le dénouement que son tempérament préfère. La petite Anglaise, elle, a reçu le gâteau qu'elle désirait.

08/1956

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Autres philosophes

Le pouvoir des clés

Tome VII des oeuvres telles que Chestov les avait lui-même ordonnées, Le Pouvoir des clés, publié juste après les horreurs de la première guerre mondiale, marque un tournant dans son oeuvre, désormais plus ouvertement orientée vers le questionnement de la foi. Le "pouvoir des clés" , pour Chestov, c'est ce droit que s'arroge chaque homme, qu'il soit catholique ou athée, d'ouvrir pour lui-même et pour ses proches les clés du royaume des cieux, de croire que, s'il fait le bien, il obtiendra le paradis. Or, pour Chestov, l'homme doit renoncer à l'idée que ce pouvoir est entre ses mains, la vérité ne commence qu'au moment où la raison perd pied. On la trouve chez ces hommes (de Plotin à Nietzsche, de Shakespeare à Dostoïevski) qui, à un moment de leur vie, ont perdu toutes les clés et ont connu une expérience qui est de l'ordre de la révélation. Comme tous les livres de Chestov, et comme les grands livres de Nietzsche, Le Pouvoir des clés est construit sans esprit de système, en courts chapitres qui sont autant de petits essais, brillamment écrits, sans jargon philosophique. Il contient en outre le premier article de Chestov sur Husserl, écrit dès 1916. Husserl, avec son projet d'établir définitivement "la philosophie comme science rigoureuse" , est pour Chestov l'adversaire absolu - mais les deux philosophes s'estiment et se rencontrent à plusieurs reprises. "Memento mori" contribua, lors de la parution de sa traduction en 1925, à l'introduction de la phénoménologie en France.

06/2022

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Psychologie, psychanalyse

Pascal, Frida Kahlo et les autres... Ou quand la vulnérabilité devient force

A travers l'oeuvre-vie de Robert Schumann, Frida Kahlo, Blaise Pascal, Jean-Jacques Rousseau, Fedor Dostoïevski, Joë Bousquet, Helen Keller, Démosthène et de bien d'autres figures souvent mythifiées, Charles Gardou donne à voir la place de la vulnérabilité dans toute vie et les ressorts nécessaires pour la surmonter. Comme tant d'anonymes, ces femmes et ces hommes font subir un renversement, un retournement au handicap. Ils composent, peignent, écrivent, créent, certes pour s'exprimer, mais avant tout pour s'emparer de leur vie et lui rendre sa hauteur. Leurs itinéraires singuliers témoignent d'une réalité paradoxale : le handicap impose de multiples limitations et impuissances, d'indicibles détresses, des sentiments d'infériorité. Il contraint à renoncer à des aspirations, il réduit parfois en poussière des désirs et des projets, il restreint certaines capacités, mais en aucun cas, il n'obère l'ensemble des possibilités d'un être. Certaines peuvent même s'accroître. A l'heure où l'on exalte la facticité, où s'affiche la loi de la force, parfois avec indécence, l'auteur rappelle combien l'oubli des valeurs de la fragilité génère mépris et exclusion. A l'instar de Fragments sur le handicap et la vulnérabilité. Pour une révolution de la pensée et de l'action (éd. 2013) et de La société inclusive, parlons-en ! Il n'y a pas de vie minuscule (2013), il montre que l'homme est d'autant plus fort qu'il se connaît et s'assume vulnérable. Il ouvre ainsi à une intelligence de la fragilité.

01/2014

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Religion

Etty Hillesum. Quand souffle l'Esprit

Le journal et les Lettres d'Etty Hillesum sont un document bouleversant sur les souffrances de la communauté juive hollandaise, presque entièrement anéantie par les nazis ; mais aussi sur l'ascension spirituelle fulgurante de cette jeune femme. Après quelques années d'une vie quelque peu chaotique, elle rencontre Dieu, sans adhérer à une religion établie, mais vit dès lors intensément le commandement de L'aimer plus que tout et son prochain comme soi-même. Elle croit fermement en Dieu, en l'homme, en la vie, malgré la dureté des temps. Sa foi et sa prière se nourrissent de la Bible et de quelques auteurs chrétiens : Aujourd'hui : Michel-Ange et Léonard de Vinci, écrit-elle, eux aussi sont entrés dans ma vie... Comme Dostoïevski, Rilke et saint Augustin. Et les évangélistes. Je suis vraiment en excellente compagnie. Petite santé, elle se donne à ses compagnes et compagnons de misère jusqu'à l'épuisement total et, finalement, partage leur sacrifice dans l'horrible mouroir d'Auschwitz. j'ai rompu mon corps comme le pain et l'ai partagé entre les hommes. Et pourquoi pas ? Car ils étaient affamés et sortaient de longues privations. On voudrait être un baume versé sur tant de plaies. Elle avait 27 ans quand, en février 1941, se produisit la rencontre qui allait bouleverser sa vie. Deux ans et demi plus tard, le 7 septembre 1943, elle partait pour Auschwitz où elle mourut le 30 novembre 1943. Des 986 autres déportés du même train, seulement 8 survécurent...

02/2010

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Psychologie, psychanalyse

Passion, solitude et folie

On ne trouvera pas ici d'"histoires de cas" avec ce qu'elles supposent d'objectivation, de distance savante, de vocabulaire codé, mais quelque chose de beaucoup plus rare : le récit de rencontres cliniques, parfois pathétiques, toujours déroutantes. C'est que, pour Masud Khan, la méthode inventée par Freud exige autant de l'analyste que du patient. Il ne cesse de nous rendre présent le paradoxe inhérent à la situation analytique : la nécessité pour l'un et l'autre des protagonistes d'instaurer une relation avec la part inconnue d'eux-mêmes. Masud Khan ne prétend pas prescrire une technique nouvelle pour cas difficiles ou imposer une métapsychologie révisée. Il s'expose dans le vif de son expérience, l'inattendu de la rencontre, l'originalité décapante de sa culture. Le lecteur a le sentiment de l'accompagner dans le cabinet de consultation, d'être directement confronté à la folie secrète de la plupart, à la passion destructrice de quelques uns, à la solitude de chacun, ici incarnées dans des personnes et des destinées plutôt que représentées par des patients. Ce volume - qui fait suite aux deux ouvrages de l'auteur publiés dans la même collection : Le soi caché et Figures de la perversion -comprend des essais, notamment sur L'Idiot de Dostolevski et sur La Chute d'Albert Camus, qui ne figurent pas dans Pédition anglaise.

05/1985

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Littérature étrangère

L'Ange Esmeralda

On rencontrera, dans les textes qui composent ce recueil, des hommes méditatifs pistant, presque malgré eux, des femmes incompréhensibles (Baader-Meinhof La Famélique), un mari fidèle qui, bloqué sur une île caribéenne par un avion qui n'arrive pas, finit par tuer le temps en séduisant une passagère comme lui en stand-by (Création), une jeune femme tétanisée par les répliques annoncées d'un tremblement de terre en Grèce (L'Acrobate d'ivoire) ou un banal joggeur dont l'enlèvement d'un enfant sous les yeux de sa mère vient perturber l'immuable parcours (Le Coureur). Ailleurs, dans Le Marteau et la Faucille, la crise des subprimes et ses conséquences sur le marché mondial se voient, dans le cadre d'un très surprenant programme pédagogique, déclinées à la télévision par deux fillettes devant un parterre médusé de détenus aux allures de Madoff. Qu'il lance ses personnages en orbite autour de la Terre (ainsi des astronautes de Moments humains dans la Troisième Guerre mondiale), les fasse évoluer dans les quartiers déshérités de New York (L'Ange Esmeralda), ou retourne contre eux les divertissements inoffensifs auxquels ils croyaient se livrer (Dostoïevski à minuit), Don DeLillo, de dialogues elliptiques et cryptés en rencontres décalées, met en scène des individus victimes de silencieuses catastrophes où s'abîme l'inquiète charade de leurs existences. Avec ces nouvelles écrites entre 1979 et 2011, Don DeLillo propose une variation aussi magistrale que singulière sur l'intranquillité à l'oeuvre chez l'homme contemporain tentant de s'adapter, à travers une paranoïaque recherche de sens, au sentiment d'insécurité qui gouverne sa vie aussi fragile qu'illisible.

02/2013

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Sciences historiques

Ils parcoururent l'Europe. Voyages d'écrivains et d'artistes 1780-1880

Au temps du romantisme et pendant les décennies qui suivirent, gens de lettres, peintres et musiciens furent pris d'une frénésie de pérégrinations à travers l'Europe. Que cherchaient ces nouveaux voyageurs à une époque où passer les frontières, franchir les mers et les montagnes, demandait tant d'efforts et de temps ? A la fin du XVIIIe siècle, le Grand Tour, qui fut l'invention d'une manière personnelle de voyager et mit Rome au centre de la carte de l'Europe culturelle, incita écrivains et artistes à redécouvrir les merveilles de l'Antiquité, les splendeurs de l'art italien et la lumière des pays du Sud. S'il fut parfois la conséquence d'un exil politique, le voyage se révéla pour la plupart, et en particulier les femmes, un formidable instrument d'émancipation. De sites archéologiques en ateliers d'artiste, d'auberges en salles de jeu ou de bal, ces hommes et ces femmes de qualité, indépendants, souvent polyglottes et généralement francophones, tissèrent un incomparable réseau d'échanges culturels à travers le continent, de Saint-Pétersbourg à Genève, de Londres à Constantinople, de Paris à Rome, préfigurant à sa manière l'Europe d'aujourd'hui. Richement illustré et conçu comme une galerie de portraits en mouvement, de Mme de Staël à Lou Andréas Salomé, de Goethe à Dostoïevski, de Mendelssohn à Byron, l'ouvrage accompagne gens de lettres, peintres et musiciens dans leurs pérégrinations, et replace leurs créations – journaux intimes, relations de voyage, correspondances, oeuvres d'art et musicales – dans le temps long de l'histoire culturelle d'une période durant laquelle voyager était à la fois une épreuve physique, une aventure personnelle et un apprentissage du monde.

11/2018

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Histoire internationale

La lanterne magique de Molotov. Voyage à travers l'histoire de la Russie

Du temps où elle vivait à Moscou, Rachel Polonsky a habité dans une résidence qui, sous les tsars puis les Soviets, était réservée aux plus éminents serviteurs de l'Etat. Bien avant elle, Viatcheslav Molotov, bras droit de Staline, avait vécu entre ces murs. S'aventurant dans l'ancien appartement de l'apparatchik, Rachel Polonsky y découvre sa bibliothèque. Celle-ci révèle un bibliophile fervent. Molotov avait lu tous les classiques et possédait de nombreuses éditions originales, pour certaines dédicacées par des écrivains qu'il a plus tard envoyés au goulag. Chaque livre trouvé par Rachel Polonsky sur les étagères devient une invitation à un voyage à travers la Russie et son histoire. Elle part ainsi à la recherche des endroits associés aux écrivains présents dans la bibliothèque mais aussi aux membres de l'élite qui ont vécu dans l'immeuble de Molotov. Commencé comme une pérégrination sur les traces de Pouchkine dans les rues autour du Kremlin, entre les églises, et les vestiges laissés par les familles aristocratiques, son voyage l'amène ensuite dans les villages de datchas, sur les rives du Don et en Sibérie, depuis le cercle arctique jusqu'à l'Extrême-Orient. De Taganrog à Arkhangelsk, entre Chalamov et Dostoïevski, Rachel Polonsky rencontre dans ces pages le passé d'un pays ravagé par les guerres, les famines, les génocides et le totalitarisme, mais finalement sauvé par ses écrivains. Invitation au voyage immobile, ode à l'âme russe, célébration de la littérature, La lanterne magique de Molotov recèle la poésie de ces livres dont on ne sort jamais tout à fait.

09/2012

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Littérature russe

La Dame de pique

Le héros du récit, Hermann, a entendu une anecdote racontée par un de ses amis : une vieille comtesse, Natalia Pétrovna Golitsina, réussit à gagner à coup sûr au jeu grâce à une combinaison secrète de trois cartes. Hermann, qui n'a encore jamais joué aux cartes mais est fasciné par le jeu, est bientôt envahi par l'obsession d'arracher le secret de la vieille dame. Il séduit Lisavéta Ivanovna, dame de compagnie de la comtesse, pour pénètrer de nuit dans sa maison et l'effraie à tel point qu'il cause sa mort, sans toutefois lui avoir arraché le secret dont elle nie l'existence. Après les funérailles, le spectre de la vieille dame apparaît au jeune homme et lui indique les trois cartes gagnantes. Hermann gagne d'abord avec les deux premières, mais il perd avec la troisième. Croyant avoir un as, il n'a que la dame de pique. Le jeune homme devient fou sous l'effet de son cauchemar. "Chef-d'oeuvre de l'art fantastique" selon Dostoïevski, et sans doute nouvelle la plus célèbre de la littérature russe, "La Dame de pique" est l'une des créations les plus originales de Pouchkine. Artistiquement parfait, écrit comme l'on abat des cartes, le récit est surtout une analyse, très aiguë et très brève, de l'obsession du jeune homme, une objectivation de son hallucination. Inspirée par des faits et personnages réels, mêlant fantastique et romantisme, l'auteur y réalise la fusion d'éléments réalistes avec d'autres de pure imagination où l'influence de E. T. A Hoffmann est évidente. "La dame de pique signifie une malveillance cachée" met en garde l'exergue du livre.

06/2023

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Religion

Des tsars à l'exil : Catherine de Lesna

Apparentée à la Maison impériale de Russie, la comtesse Eugénie Efimovsky (1850-1925) grandit dans le milieu slavophile sous Nicolas 1er et Alexandre II. Ses dons d'écrivain et d'artiste, son amitié pour Tourgueniev, sa correspondance avec Dostoïevski et Soloviev, ses liens avec les Aksakov et le pédagogue Ratchinsky, firent d'elle une figure de proue de "l'âge d'argent" de la culture russe. Héritière spirituelle du slavophile Khomiakov, elle voulut "aller au peuple" en servant l'Eglise, alors en plein renouveau. Avec la bénédiction du starets Ambroise d'Optino, grâce au soutien d'Alexandre III et de saint Jean de Cronstadt, elle devint la moniale Catherine et ressuscita le couvent de Lesna en Pologne russe. Aidée de Mgr Euloge, elle en fit un foyer de bienfaisance et de formation religieuse et professionnelle pour les Ukrainiens et les Biélorusses revenus à l'Orthodoxie. Son oeuvre, nourrie par une intense vie intérieure et par ses écrits sur le rôle du monachisme dans l'éducation du peuple, s'inspirait des diaconesses de l'antiquité chrétienne. Rencontrant un succès inespéré, elle fit cinq autres fondations aux confins russo-polonais. La Grande Guerre les détruisit et la communauté se dispersa mais l'higoumène Catherine émigra avec nombre de ses moniales et leur icône miraculeuse. Après un bref séjour en Moldavie, elle s'installa en 1920 en Voïvodine serbe grâce au roi Alexandre. Son exemple repeupla les couvents serbes ruinés par les Ottomans. Elle s'éteignit en 1925 mais en 1984 son corps fut retrouvé intact. En octobre 2010, l'eglise russe la canonisa au sein de sa communauté, aujourd'hui en Normandie.

01/2012

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Critique littéraire

Idées et visions et autres écrits polémiques, philosophiques et critiques, 1897-1923. Volume 1

André Suarès (1868-1948) est le plus méconnu des auteurs de sa génération, celle de Gide, de Proust, de Claudel et de Valéry. Il a pourtant été leur égal. Bergson, Ernst-Robert Curtius ou Paulhan ont salué en lui un maître. Condisciple à l'Ecole normale supérieure de Romain Rolland, Suarès partageait avec ce dernier une même passion pour la musique. Excellent pianiste, il a consacré à ses compositeurs favoris une série de portraits qu'on retrouve ici pour la première fois Mozart, Beethoven, Wagner, Debussy, Ravel. Et bien d'autres. Souffrant de la veulerie de son époque, Suarès, pour ne pas désespérer de l'homme, s'est raccroché aux grands créateurs Tolstoï et Dostoïevski, Shakespeare et Cervantès, Baudelaire et Pascal, Goethe et d'Annunzio. Tous, ils incarnent des valeurs, ils transmettent ce sens de la grandeur, lisible également dans l'architecture des villes italiennes ou dans certains paysages bretons. La violence avec laquelle il a combattu les dérives fascistes et antisémites de son époque n'a d'égale que celle de Zola, de Péguy ou de Bernanos. Engagé dans l'affaire Dreyfus alors qu'il n'avait que vingt ans, Suarès a été le premier à dénoncer la montée du nazisme. Ayant vécu la Première, puis la Seconde Guerre, il était persuadé que seule une Europe unie était capable de prévenir les folies meurtrières de la France et de l'Allemagne. Poète, essayiste, philosophe, voyageur, Suarès aborde tous les genres. Pour la première fois est donné ici un choix représentatif de son œuvre immense. La plupart de ses textes étaient devenus introuvables ; beaucoup sont restés inédits. Ils sont plus actuels que jamais.

09/2002

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Critique littéraire

La bonté, une certaine folie ?

Don Quichotte, Jean Valjean, Monsieur Pickwick et l'Idiot sont des hommes au destin peu commun, des originaux ou des parias qui sont très souvent seuls tout en étant en contact avec la société. Ils ont un comportement inhabituel qui les fait passer pour fous aux yeux des autres. Comment se manifeste leur folie ? Ils se montrent bienveillants envers leurs semblables et tentent de faire triompher les valeurs du Christ : l'amour, le pardon et la paix. Mais c'est le contraire qui se produit car il y a une inadéquation fondamentale entre ces antihéros et la société dans laquelle ils vivent. À la lecture de l'Évangile selon Saint Jean on constate que certains passages semblent s'entretenir de nos quatre personnages : « Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres. Si le monde vous hait, sachez que moi, il m'a pris en haine avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait. » (Jn 15, 17-19) Youssef Ferdjani plaide donc ici pour la folie. Faire preuve de bonté s'apparente à une forme de suicide puisque les valeurs du Christ sont bafouées dans la société humaine. Cette idée a été développée par plusieurs philosophes : Érasme, Kierkegaard et Nietzsche. Mais ce sont les grands écrivains Cervantès, Hugo, Dickens et Dostoïevski qui ont le mieux donné vie à cette tension entre bonté et folie. Un ouvrage destiné à ceux qui ont pris le parti de la « douce » folie !

10/2015

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Critique littéraire

En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire

Dire toute la vérité et rien que la vérité. Vivre dans la transparence et la franchise. Ces préceptes, les chantres du vrai ont voulu les appliquer de force à ce que tout nous désigne comme une forme retorse du mensonge : la littérature. Quelle est la légitimité de cette posture ? N'est-on pas amené à la suspecter, à en reconnaître la fragilité et les impasses ? Car, examinant l'inlassable guerre qui a opposé les tenants de la sincérité (Rousseau, Leiris, Sartre) à leurs détracteurs (Molière, Laclos, Dostoïevski, Gary, Perec), on aperçoit se profiler une autre définition de ce qu'est la littérature. En toute mauvaise foi : ne serait-ce donc pas ainsi que les oeuvres se présentent à nous et se jouent de nous ? C'est-à-dire en s'inscrivant dans une structure qui n'est ni le mensonge ni la vérité, mais leur mélange incertain. Qui affirme en niant et qui dément en proclamant. Sommes-nous pourtant prêts à accepter que tout discours échappe à ce qu'il est tout en continuant de l'être, à admettre que la littérature ne produise qu'une vérité, parfois contradictoire, et non la vérité ? Percevoir la manière dont l'oeuvre pose la mauvaise foi, la suscite et la défie, c'est approcher ce qui constitue sa matière même, tant le moteur de ses intrigues que sa métaphysique implicite ou explicite. Mais c'est aussi repenser son rapport au lecteur, au réel et au savoir. Car il y a un paradoxe commun au menteur et au sincère que seule la mauvaise foi permet de décrire en s'arrachant à nos routines intellectuelles.

10/2015

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Contes et nouvelles

Sept mille cinq cent euros. Pastiches politico-littéraires

Un professeur de latin-grec houellebecquien s'engage en politique pour des raisons peu avouables, qui lui coûteront 7500 euros. Une Emma Bovary moderne se pâme devant un startuppeur normand. Egaré dans une réunion de levée de fonds, un narrateur modianesque croise des personnages pas très clairs qui lui rappellent vaguement des souvenirs lointains. Un dîner proustien donne à l'expression "en même temps" une saveur inattendue. Au cours de son enquête sur une campagne présidentielle, Emmanuel Carrère bascule dans une introspection sans concession qui se solde par une violente douleur au nombril, cependant qu'Eddy Bellegueule veut en finir avec Edouard Louis... Entre hommage et parodie, jeu littéraire et satire sociale, David Spector imagine dans ces douze pastiches jubilatoires comment des auteurs aussi différents que Flaubert, Dostoïevski, Nabokov, Perec, Marc Levy ou Bruno Le Maire auraient évoqué une campagne présidentielle, chacun avec son style propre et ses thèmes de prédilection. "S'agit-il de parodies, ou de pastiches ? En principe, le pastiche tel que le pratique Proust est un hommage, la parodie une critique par imitation. (...) Etre pastiché est une forme de reconnaissance. Je rêve d'être pastiché par David Spector. Etre parodié, ça peut se discuter. Quoi qu'il en soit, ses pastiches (ou ses parodies) font franchement rire. On admire le brio, on s'enchante de la malice, et le fil rouge de ces textes, qui est la présidence d'Emmanuel Macron, prend un côté délicieusement clownesque dans le numéro d'acrobatie fantaisiste qu'est chacune de ces imitations". (Extrait de la préface de Pierre Jourde) Né en 1971 à Paris, David Spector signe ici son premier ouvrage de fiction.

01/2022

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Actualité et médias

Génération offensée. De la police de la culture à la police de la pensée

"C'est l'histoire de petits lynchages ordinaires, qui finissent par envahir notre intimité, assigner nos identités, et censurer nos échanges démocratiques. Une peste de la sensibilité. Chaque jour, un groupe, une minorité, un individu érigé en représentant d'une cause, exige, menace, et fait plier. Au Canada, des étudiants exigent la suppression d'un cours de yoga pour ne pas risquer de "s'approprier" la culture indienne. Aux Etats-Unis, la chasse aux sorcière traque les menus asiatiques dans les cantines et l'enseignement des grandes oeuvres classiques, jugées choquantes et normatives, de Flaubert à Dostoïevski. Des étudiants s'offusquent à la moindre contradiction, qu'ils considèrent comme des "micros-agression" , au point d'exiger des "safe space". Où l'on apprend en réalité à fuir l'altérité et le débat. Selon l'origine géographique ou sociale, selon le genre et la couleur de peau, selon son histoire personnelle, la parole est confisquée. Une intimidation qui va jusqu'à la suppression d'aides à la création et au renvoi de professeurs. La France croyait résister à cette injonction, mais là aussi, des groupes tentent d'interdire des expositions ou des pièces de théâtre... souvent antiracistes ! La police de la culture tourne à la police de la pensée. Le procès en "offense" s'est ainsi répandu de façon fulgurante. "L'appropriation culturelle" est le nouveau blasphème qui ne connaît qu'une religion : celle des "origines"." C. F. Sans jamais vouloir revenir à l'ancien temps, Caroline Fourest trace ici une voie authentiquement féministe et antiraciste, universaliste, qui permet de distinguer le pillage de l'hommage culturel.

02/2020

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Notions

Pourquoi le mal frappe les gens bien ?

Ce qui ne devrait jamais se produire arrive parfois pourtant. Lorsque la vie bascule, et que l'injustice du sort sidère, c'est tout notre univers de sens qui chavire. Nous avons beau savoir que l'innocence ne protège pas et que le mal frappe à l'aveugle, le vertige nous gagne. Comment vivre dans un monde où des choses affreuses arrivent à des gens bien ? La philosophie et la théologie ont proposé des solutions pour relever le défi. Mais elles peinent à soulager le sentiment de scandale, quand elles ne le renforcent pas encore en prétendant passer outre. Sans Providence à qui adresser sa plainte, auprès de quelle instance faire appel ? Cette cour d'appel existe. C'est la littérature. Elle n'a certes pas le pouvoir d'effacer les dommages. Mais elle offre au moins la reconnaissance sans laquelle le désarroi ronge, en affrontant le scandale du mal sans chercher à le nier. Depuis l'immémoriale histoire de Job, l'homme heureux et juste à qui tout a été retiré pour voir ce que cela lui ferait, les expériences sur l'injustice du sort ne constituent-elles pas l'un des motifs préférés de la fiction ? Du Roi Lear de Shakespeare à Némesis de Philippe Roth, en passant par Dostoïevski, Charlotte Brontë, Kafka ou Camus, les grandes fictions explorent la signification que la rencontre du mal peut avoir dans nos vies. En nous libérant des mauvaises interprétations des "épreuves", celles qui culpabilisent, emprisonnent dans la sidération et empêchent d'avancer, elles nous ouvrent un chemin en littérature pour surmonter la perte de sens. Et guérir.

01/2023

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Critique

Les très riches heures de l'humanité. Suivi de Souvenirs et rencontres

De la prise de Byzance par les Turcs (1453) à la conquête du pôle Sud par Scott et Amundsen (1912), en passant par la composition de la Marseillaise par Rouget de Lisle (1792), Stefan Zweig raconte neuf moments clés de l'Histoire de l'humanité. Un recueil pleins de souvenirs et portraits d'artistes et de créateurs de génie (Dante, Rimbaud, Verhaeren, Toscanini, Joyce, Gorki...). Récits historiques et portraits d'artistes : tout le génie de conteur de Zweig L'un des meilleurs biographes du XXe siècle, Stefan Zweig excellait aussi dans les brèves narrations historiques. Ce recueil paru en 1939 rassemble neuf récits de ces moments clés du passé. " L'Histoire est la plus grande poétesse et la plus grande actrice de tous les temps ; cependant elle ne crée pas en permanence ", écrivait Zweig. Seules certaines heures " d'une grande concentration dramatique, porteuses de destin ", se révèlent aux yeux de l'écrivain supérieures à toute oeuvre de fiction. Ce sont ces " très riches heures " que racontent ces pages : la prise de Byzance par les Turcs (1453), la découverte de l'océan Pacifique par Nunez de Balboa (1513), la création du Messie de Haendel (1741), la composition de la Marseillaise par Rouget de Lisle (1792), la défaite de Waterloo (1815), l'inspiration de l'Elégie de Marienbad de Goethe (1823), la ruée vers l'or californien (1848), Dostoïevski devant le peloton d'exécution (1849), la conquête du pôle Sud par Scott et Amundsen (1912)... Dans Souvenirs et Rencontres, recueil posthume, Zweig dresse cette fois des portraits sensibles de Dante, Sainte-Beuve, Renan, Rimbaud, mais aussi d'artistes de son temps : Verhaeren, Toscanini, Rilke, Gorki, Joyce...

02/2024

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Notions

L'aveu

Ces textes mettent en avant des valeurs et des vertus qui aident chacun à vivre et à prendre sa place, en toute plénitude, dans la société d'aujourd'hui. Une anthologie non exhaustive, mais pertinente, étonnante, accessible

04/2021

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Critique littéraire

L'arbitre aux mains vides. Ecrits de jeunesse

Arthur Adamov (1908-1970) appartient à une riche famille arménienne propriétaire d'une partie des pétroles de la Caspienne, chassée de Russie par la Révolution. Après une errance entre l'Allemagne et la France, le jeune Adamov fréquente Montparnasse et rencontre des écrivains, dont Roger Gilbert-Lecomte et Antonin Artaud avec lesquels il se lie d'amitié. Dans les années 50, il est, avec Ionesco et Beckett, l'un des créateurs du théâtre dit de l'absurde et mis en scène par les plus grands (Blin, Vilar, Serreau, Mauclair, Planchon...). Sous l'influence de Brecht, il s'oriente ensuite vers le théâtre politique en même temps qu'il publie des essais sur le théâtre ainsi que de bouleversantes confessions. Mais si Beckett est nobélisé en 1969 et Ionesco élu à l'Académie française en 1970, Adamov, en cette même année, malade et marginalisé, se donne la mort. Traducteur de Gogol, Tchekhov, Gorki, Dostoïevski, Büchner, Rilke..., auteur de pièces radiophoniques, Arthur Adamov, entre 1927 et 1947, écrit de nombreux poèmes en vers et en prose, mais aussi des manifestes, des essais, des préfaces, des critiques de livres et d'art éparpillés au hasard de revues souvent éphémères. Ces textes de jeunesse écrits dans le sillage de Rimbaud, disent l'amour, la mort, la solitude, mais aussi l'émerveillement au monde. Inconnus alors qu'ils constituent pourtant le creuset d'une oeuvre, ils relèvent d'une écriture mystérieuse qui nous touche au plus profond. Ces documents, réunis ici pour la première fois, éclairent cette figure injustement oubliée, qui est l'une des voix les plus authentiques et les plus bouleversantes de l'avant et l'après-guerre, celle d'un témoin, d'un poète inspiré, d'un passeur...

11/2019

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Pléiades

Romans et nouvelles complètes. Tome 3

Il aura fallu près de cent ans après la mort de celui que les Russes ont toujours considéré comme le plus accompli de leurs prosateurs pour que la totalité de ses romans, nouvelles et esquisses soit publiée en français, dans les trois volumes que lui consacre la Bibliothèque de la Pléiade. Et pourtant Tourguéniev fut, de son vivant, l'écrivain russe le plus célèbre en France. Ami intime de George Sand, de Mérimée, de Flaubert, installé à Paris à partir de 1871, il fut le véritable initiateur du public français à la Russie, par ses romans et plusieurs de ses nouvelles qui furent traduits et édités en français presque en même temps qu'ils étaient publiés en Russie. Malgré cela, parmi ses oeuvres, seuls quelques titres isolés éveillaient encore un écho dans nos mémoires : Les Mémoires d'un chasseur, Premier amour, Pères et fils... Dans les trois volumes de l'édition de la Pléiade, le lecteur français retrouvera cette évocation merveilleuse, réaliste et lyrique à la fois, de la vieille Russie terrienne qui enchantait déjà George Sand et Flaubert ; il y découvrira aussi un autre Tourguéniev, peintre génial de l'actualité sociale et intellectuelle de son temps, que ses compatriotes, tantôt flattés, tantôt furieux, portèrent aux nues ou insultèrent férocement : ni Tolstoï, ni Dostoïevski, ni bien entendu Tchékhov ne soulevèrent jamais de telles passions. Cet aspect de Tourguéniev n'avait pas été perçu jusqu'ici par le lecteur français. L'édition de la Pléiade, avec son introduction, ses chronologies, ses notices historiques et biographiques, son appareil de notes et de variantes, lui en facilitera la découverte et la compréhension. On s'est fondé, pour traduire les textes, sur l'édition "académique" en 28 volumes des oeuvres et de la correspondance de Tourguéniev, une des meilleures éditions savantes qui soient en U.R.S.S.

03/1986

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Littérature étrangère

Potemkine ou le troisième coeur

Il y avait à l'époque près de cinquante mille Russes qui vivaient à Paris (à la veille de la Première Guerre mondiale, ils étaient à peine plus de trente-six mille dans toute la France). Ils priaient dans des églises orthodoxes, envoyaient leurs enfants dans des écoles russes et discutaient de Dostoïevski au café de La Rotonde, sur les portes duquel un habitué caustique avait proposé un jour d'inscrire le slogan : "Psychopathes de tous les pays, unissez-vous !" Fiodor Zavalichine, aussi appelé Théo, fait partie de ces Russes installés en France pour fuir la révolution bolchevique et, comme beaucoup d'entre eux, il se rend lui aussi à une projection du chef-d'oeuvre d'Eisenstein, Le Cuirassé Potemkine, en novembre 1926. En tant que militaire, il a pris part en 1905 à la répression de la mutinerie au sein de la flotte russe et, lorsqu'il découvre sur le grand écran la reconstitution impressionnante de ce massacre dans le port d'Odessa, il est soudainement convaincu d'avoir participé à un crime... Il se précipite au commissariat le plus proche pour faire des aveux, puis essaie de soigner ses remords et sa culpabilité dans un hôpital psychiatrique. C'est là qu'il apprend dans les journaux le récit d'un horrible fait divers : sept femmes sont retrouvées égorgées dans une fosse commune à Deauville. Il attribue sans hésitation ce massacre à son ancien compagnon d'armes et grand mutilé, Ivan Domani, pour qui il avait justement accepté de faire des photos érotiques de sept jeunes créatures. Débute alors pour Théo un long périple chaotique, entre violence et rédemption... Potemkine ou Le troisième coeur est un livre stupéfiant qui nous confirme plus que jamais que Iouri Bouïda, qui jouit d'un grand prestige dans son pays, occupe une place de choix dans la grande tradition littéraire russe.

01/2012

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Littérature étrangère

Enfant d'Europe et autres poèmes

Czeslaw Milosz est né en 1911 en Lituanie. En 1956, la publication de son fracassant essai La Pensée Captive l'impose aux yeux de l'intelligentsia française comme un penseur particulièrement incisif. Ses deux romans - La Prise du Pouvoir et Sur les Bords de l'Issa - et surtout son essai d'autobiographie - Une Autre Europe - ont depuis lors confirmé l'extrême perspicacité de cet Européen ouvert à tous les problèmes de son époque. Aux Etats-Unis, où il enseigne au Département de Langues et de Littératures Slaves de Berkeley, Californie, ce neveu de O. V. de Lubicz Milosz et grand ami de Witold Gombrowicz jouit, en tant qu'essayiste (Simone Weil, Chestov, Dostoïevski, Conrad, Witkiewicz, Blake...), en tant que traducteur aussi (de la nouvelle poésie polonaise), d'une estime considérable. C'est ainsi qu'en 1978, le jury du Neustadt International Prise for Literature lui a accordé la plus importante distinction littéraire après le prix Nobel. Nul doute, donc, que cet homme de réflexion ait su capter l'intérêt d'un public large et varié, compte tenu de la haute exigence de l'écrivain polonais. Cependant, toute une partie de l'œuvre de Czeslaw Milosz était restée, jusqu'il y a peu de temps encore, au second plan. Il s'avère aujourd'hui que, sans conteste, la plus importante contribution de cet auteur à la littérature contemporaine réside en son œuvre poétique. Traduite, en outre, en anglais et en allemand, elle va même jusqu'à être considérée comme fondamentale en tant que synthèse saisissante de notre temps, de ses difficultés, de ses ambiguïtés et de ses démissions. Enfant d'Europe constitue la première traduction française groupée et cohérente de quelques-uns des poèmes majeurs de Czeslaw Milosz. Gageons que le lecteur saura trouver dans cette voix brutale et véhémente un poète pour l'Occident.

09/1980

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Littérature française

L'enfant du dehors Tome 2 : L'amor fati

"Je suis descendu dans mon coeur et j'ai écrit". , comme Thoreau. Le Tome I est Culture tragique (Guerres, Religions, déterminisme, Nietzsche, Céline, Dostoïevski...). Il est mon coeur noir. Le tome II est Nature avec un coeur apaisé. (Thoreau, La Boétie, Elisée Reclus, Goethe...) Après un plaidoyer pour un capitalisme à visage humain, la Nature redevient le personnage principal du roman. Vous y retrouverez non seulement Lisa, Charly, Thor et Peter, mais aussi Chaussette et les meutes de loups. Ce tome II est une ode à la Nature, sans religiosité. Toujours empreint d'immanence et de réel, je parle des énergies, du Nisus occidental, du Chichamanique, de l'Upekkha hindouiste, de l'élan vital de Bergson et de la goutte d'eau et K'ê Navajo. Vous comprendrez comment Sacagawea & Anunkasan se sont retrouvés plus de 40 ans dans une forêt au coeur de Yellowstone. L'auteur n'a pu s'empêcher quelques polémiques sur la domestication animale, sur les Vegan, sur le néolibéralisme, la mort de Onfray... Nous marcherons beaucoup, encore et encore. A contretemps, à contre-courant, à l'envers... pour retrouver la religiosité de la marche "Sanctum sanctorum" , de Thoreau, en quête de soi... ou pas. Nous croiserons la mort à de nombreuses reprises et l'allégorie de la résurrection. Il en laissera l'idée de "Recreational Philosophy" , comme source d'inspiration pour nos vies, une toute nouvelle praxis de philosophie généalogique et vitaliste, du monde réel et de la sagesse pratiquée au quotidien. Qui suis-je ? De quoi suis-je fait ? Suis-je aussi énergie, comme un loup, un roc ou un arbre ? Volonté de puissance, élan vital, instinct de survie... sont-ils les seules vérités ? Les autres sont-ils l'enfer ? Libre-arbitre ou libre-arbitré ? Culture ou Nature, ou mix des deux ?

07/2020