Recherche

Antonia-S Byatt

Extraits

ActuaLitté

Littérature étrangère

Tristano meurt. Une vie

Une maison de campagne quelque part en Toscane. Un mois d'août caniculaire de la dernière année du vingtième siècle. Tristano, un homme qui a combattu pour la liberté de son pays sous ce nom emprunté à un personnage de Leopardi, fait venir à son chevet un écrivain qui, apparemment, s'est inspiré de lui autrefois pour un roman. Mais est-il possible d'inscrire dans le cadre d'un récit la géométrie ambiguë de la vie, faite de contradictions, de doutes, d'omissions, de désirs inaccomplis, de souvenirs faux ou présumés ? Le destin personnel d'un héros comme Tristano, chargé d'espoir et de désespoir, de générosité et d'amertume, peut d'ailleurs tenir à des nuances imperceptibles : un centimètre à gauche ou à droite dans le viseur d'un fusil... Qu'est-ce que l'héroïsme ? Qu'est-ce que la lâcheté ? Et le courage ? Et la trahison ? Au cours de son agonie, tenaillé par la gangrène et les céphalées, en proie aux effets de la morphine qu'on lui administre, Tristano recompose un incernable passé et brosse la fresque de soixante ans d'histoire de l'Italie, avec ses tragédies et ses simulacres, jusqu'à l'irruption du dernier avatar tyrannique, le dingodingue télévisuel. Dans ce roman à la fois testamentaire et visionnaire, parfois halluciné, et souvent d'une inquiétante drôlerie, des motifs reviennent, en variations, des femmes se superposent ou entrent en collision, et toute certitude est finalement congédiée dans une scène abyssale qui redistribue les cartes et plonge le lecteur dans une profonde interrogation sur ce qui fait une vie et sur la possibilité de la raconter. Car une question traverse tout le livre : qui témoigne pour le témoin ?, B. C.

09/2004

ActuaLitté

Littérature étrangère

Petites équivoques sans importance

Une Toscane secrète et ensorcelée, une gare de la Riviera, une Lisbonne baudelairienne, un rallye automobile d'époque, un implacable persécuteur à l'air distingué dans un train de Bombay à Madras, la veuve d'un grand écrivain, la sueur d'un autre écrivain à l'agonie, un gardien de prison qui part à la retraite. Ces récits ont l'apparence, à première lecture, de petits morceaux de vie, de carrefours existentiels, de portraits de voyageurs ironiques et désespérés. Mais un trouble s'installe. Et les histoires de Tabucchi se transforment en une réflexion sur le hasard et les choix, comme une tentative d'observer les interstices qui traversent le tissu des destins. Une inquiétude métaphysique flotte chez ces personnages excentriques ou banals, dans ces vies ratées ou brisées. On ne cherche pas tant des réponses qu'un message, un signal, une apparition. Tout n'est pas dit. II faut lire entre les lignes, entre les pages. Le sens bifurque. Cela commence par de petites équivoques sans importance qui aboutissent à de grandes équivoques sans solution. B. C.

05/2006

ActuaLitté

Sports

Quand le Bayern Munich de Franz Beckenbauer et de Gerd Muller dominait l'Europe et le monde. 1972-1976

Avec des footballeurs d'exception comme Franz Beckenbauer, Gerd Muller, Sepp Maier, Uli Hoeness, Paul Breitner, Franz Roth, Hans-Georg Schwarzenbeck, le Bayern Munich domina le football européen au milieu des années 1970 en remportant 3 coupes d'Europe des clubs champions consécutivement en 1974, 1975 et 1976. 6 joueurs de la formation bavaroise constituèrent également l'ossature de la RFA championne d'Europe des nations en 1972 et championne du monde en 1974. Cependant dans la mémoire collective du football européen et français les succès bavarois ne furent pas reconnus à leur juste valeur. Accusée tantôt d'être une équipe chanceuse, défensive, réaliste comme les formations italiennes, uruguayennes et argentines, le Bayern Munich et l'Allemagne de l'Ouest avec son ossature bavaroise commirent le crime de lèse-majesté pour les "idéalistes" et les "romantiques" du football de battre les "magnifiques" Pays-Bas de Johan Cruyff en finale de la coupe du monde le dimanche 7 juillet 1974, et pour les Français de battre l'AS Saint-Etienne en finale de la coupe d'Europe des clubs champions le 12 mai 1976. Le Bayern Munich, une sorte de Wehrmacht à visage humain, aurait imposé son hégémonie en Europe et dans le monde en bâtissant uniquement ses victoires sur les traditionnelles vertus du football allemand : efficacité, puissance physique, qualités mentales. Le Bayern Munich et la RFA auraient par conséquent été efficaces mais sans toutefois être capables de séduire les amateurs du beau jeu. Dans son huitième ouvrage Antoine Camacho remet en cause cette vision caricaturale marquée encore par les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale, les victoires du Bayern Munich et de la RFA ayant eu lieu trente ans après ce conflit terriblement meurtrier. Si les victoires bavaroises et allemandes reposèrent en effet sur les vertus traditionnelles du football allemand, efficacité, puissance physique, qualités mentales, refus de la défaite jusqu'à la dernière seconde de la rencontre, elles reposèrent également sur un football portée sur l'attaque incarnée par le meilleur attaquant de l'histoire du football, Gerd Muller, ainsi que des qualités techniques et une intelligence tactique incarnée par le meilleur football allemand de l'histoire, Franz Beckenbauer. Le Bayern Munich de Franz Beckenbauer et de Gerd Muller fut la synthèse réussie de l'Internazionale d'Helenio Herrera et du tout à l'attaque de Moenchengladbach. En équipe nationale la RFA avec l'ossature bavaroise disputa entre 1970 et 1976 des matchs beaucoup plus spectaculaires que les Pays-Bas de Johan Cruyff (qui brilla surtout face à des équipes sud-américaines au creux de la vague dans les années 1970), le RFA-Angleterre et le RFA-Italie lors de la coupe du monde 1970 au Mexique, Angleterre-RFA et RFA-URSS au cours du Championnat d'Europe 1972, RFA-Suède la meilleure rencontre de la coupe du monde 1974, Yougoslavie-RFA et Tchécoslovaquie-RFA au cours du championnat d'Europe 1976.

11/2018

ActuaLitté

Loisirs

Méthode complète d'initiation aux échecs

"Ce qui nous intéresse, vous et moi, c'est de bien jouer aux échecs, de maîtriser la technique du jeu, de battre nos parents et amis et d'obtenir les meilleures places possible dans les tournois. C'est le propos de ce livre." Ce livre est une référence internationale pour l'apprentissage du jeu d'échecs. Il est orienté vers la pratique et compte 280 questions et exercices.

03/2020

ActuaLitté

Critique littéraire

Cahier. Ivry, janvier 1948

C'est en 1945, alors qu'il est encore enfermé à l'hôpital psychiatrique de Rodez, qu'Antonin Artaud commence à écrire chaque jour dans de petits cahiers de brouillon que lui fournit l'administration. Sur ces fragiles supports, il réinvente un nouveau corps d'écriture, entre texte et dessin, entre théâtre vocal et danse rythmée de coups de couteaux qui transpercent la feuille. Artaud lui-même parle de " cahiers de notes littéraires, poétiques, psychologiques, physiologiques, magiques, magiques surtout ". Magiques en effet ; l'écriture sous ses doigts est vivante, les pages bougent, les dessins sortent de la feuille : pratique conjuratoire, exorcisme. Souvent il écrit dans plusieurs cahiers à la fois, au hasard des pages ouvertes, déployant ainsi les scènes plurielles et éclatées que cherchaient à penser dans les années trente ses théories théâtrales. Jour après jour et jusqu'à sa mort, le 4 mars 1948, il poursuivra ainsi inlassablement la même pratique effrénée d'écriture infinie où il remet en scène, dans un espace qu'il nomme " sempiternel ", son dernier Théâtre de la Cruauté. 406 de ses petits cahiers - la quasi intégralité - sont aujourd'hui conservés à la Bibliothèque nationale de France. Certains contiennent les esquisses des derniers grands textes : Suppôts et Suppliciations. Pour en finir avec le jugement de dieu, Van Gogh le suicidé de la société. Tous sont emplis de fragments de poèmes et de dessins au crayon ou à l'encre. Une bonne partie d'entre eux sont encore inédits. C'est le cas du cahier publié ici en fac-similé, l'un des derniers, datant de janvier 1948. D'une page à l'autre, dans l'entrelacs des textes et des dessins, on y voit se déployer la " machine de souffle ", comme disait Artaud, où s'opère " la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie ".

11/2006

ActuaLitté

Critique littéraire

Cahiers d'Ivry Février 1947 Mars 1948. Tome 1, Cahiers 233 à 309

Les derniers Cahiers d'Ivry constituent la fin des Oeuvres complètes d'Antonin Artaud. Ce volume couvre la période qui s'étend de février à juin 1947. Inlassablement, il continue d'y mettre en espace ce qu'il nomme son nouveau Théâtre de la Cruauté. Que signifie avoir "un esprit qui littérairement existe" ? C'est la question qu'il posait à ses débuts à Jacques Rivière, le directeur de La NRF. Vingt ans plus tard, après une longue traversée d'enfermements asilaires, la question est réapparue. C'est bien en effet cette fondamentale question de l'inspiration - question qui hanta aussi les surréalistes - qu'il reprend sans relâche: comment commence-t-on à écrire ? Qui écrit, qui pense en moi ? Quel démon s'empare du Verbe humain avant qu'il ait commencé à penser ? Au fil des pages, les lettres se mettent en mouvement, un rythme progressivement émerge, accompagné de coups, de cris : chorégraphie de gestes et de voix, dessins semés sur la feuille. "Je ne suis jamais né", répète-t-il depuis son enfermement dans l'asile de Rodez, et donc je ne peux pas mourir. A entendre comme production infinie d'écriture, système perpétuel, "machine de souffle", prolifération sans fin d'un corps sans organes. C'est donc là, au creux des pages, entre les pages et les lignes, d'un cahier à l'autre, que s'opère "la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie" (lettre du 6 octobre 1946 à Henri Parisot).

10/2011

ActuaLitté

Littérature française (poches)

NOUVEAUX ECRITS DE RODEZ. Lettres au docteur Ferdière 1943-1946 et autres textes inédits suivis de six lettres à Marie Dubuc 1935-1937

LETTRES AU DR FERDIERE (1943-1946) ET AUTRES TEXTES INEDITS SUIVIS DE SIX LETTRES A MARIE DUBUC (1935-1937) Préface du Dr Gaston Ferdière Présentation et notes de Pierre Chaleix Investi de ce qu'il croyait être sa mission, Antonin Artaud s'en fut, en 1937, rapporter la canne de Saint Patrick aux Irlandais. Arrêté à Dublin, ramené au Havre, on l'enferme. Pendant neuf ans il ne connaîtra plus que la face du dedans des murs asilaires. En 1940, quand survient l'Occupation, il est à Ville-Evrard. A la souffrance de son internement, s'ajoutent pour le poète la faim, le dénuement. Les efforts conjugués du fidèle Robert Desnos et de son ami Gaston Ferdière, qui dirige en " zone non occupée " l'asile de Rodez, réussissent à faire passer Arthaud en un lieu, où, à défaut de liberté, il trouvera, avec l'amitié, des soins attentifs jusqu'au dévouement. Nous sommes en février 1943. Jusqu'à sa sortie en 1946, Artaud écrira à son médecin, qu'il voit cependant chaque matin, près de cinquante lettres. La reconnaissance et l'affection jalouse côtoyant la revendication - si ce n'est l'aigreur certains jours - projettent sur cet ensemble le reflet incomparablement vrai de la vie du poète interné. Il y a plus : dans ces lettres s'exprime une foi chrétienne, sinon romainement orthodoxe du moins passionnée jusqu'au mysticisme.

01/1994

ActuaLitté

BD tout public

The New Frontier. The Art of Elegance, Edition français-anglais-italien

Les racines graphiques d'Antonio Lapone puisent leur sève dans la création publicitaire, les portfolios d'affichistes et les croquis de mode. Graphiste avant d'être dessinateur, son oeuvre se décline en illustrations et en toile s autant qu'en bandes dessinées. Quel que soit le support, le souci de la composition et l'élégance sont les maîtres-mots qui caractérisent son univers.

09/2018

ActuaLitté

Policiers

Réglez-lui son compte ! (Kill Him). Suivi de Bien chaud, bien parisien

"Si un jour votre grand-mère vous demande le nom du type le plus malin de la Terre, dites-lui sans hésiter une paire de minutes que le gars en question s'appelle San-Antonio." Voici la phrase inaugurale du premier San-Antonio, deux histoires réunies en 1949 sous le titre Réglez-lui son compte ! dans lesquelles, derrière l'intrigue efficace, on lit déjà la truculence de la langue, l'humour, l'esprit bagarreur, faussement nonchalant, et avant toute chose : l'exigence novatrice. Car Frédéric Dard a fait des mots un terrain de jeu en perpétuel mouvement, et il ne détestait rien de plus qu'imaginer une langue qu'on se serait appliqué à couvrir de bandelettes, momifiée, étouffée sous les conventions et... l'ennui. Exit l'ennui avec le grand Frédéric Dard. A toutes les époques et pour les siècles des siècles : tout le monde dit "I love you" à San-A.

03/2019

ActuaLitté

Documentaires jeunesse

La planète Mars

Moitié moins grosse que la Terre mais très similaire à notre planète bleue, Mars la rouge nous dévoile ses mystères. Découvre ses vallées, ses volcans, ses canaux, son climat particulier, le calendrier martien et son vocabulaire spécifique... sans oublier les dernières informations fournies par les sondes spatiales. Embarquement immédiat !

04/2004

ActuaLitté

Littérature française (poches)

Le jardin de Louise

Dans les années 1980, Noélie vient souvent en vacances à Val Vergue, au cœur de l’Auvergne, où sa grand-mère vit seule depuis trente ans. Un lien très fort se tisse entre la jeune infirmière et la vieille dame dont les jours sont comptés. Elle lui confie ainsi un secret de famille : celui d’une mystérieuse clef, enfouie au fond d’une malle au grenier, et qui aurait un lien avec l’héritage d’un castel…

09/2012

ActuaLitté

Théâtre

Antigone. Une adaptation de la pièce de Sophocle

Antonio D'Alfonso propose une oeuvre minimaliste axée principalement sur la notion du plan en tant qu'instrument d'intervention. Le récit n'est que prétexte, servant essentiellement à faire avancer la logique des événements. Sans aucun doute influencé par ses origines littéraires, le réalisateur structure son récit en chapitres, comme s'il s'agissait d'une oeuvre écrite... Pour accentuer la puissance de cet ensemble tragique filmé dans un décor intimiste et contemporain, le cinéaste a enfin recours au noir et blanc, appuyé par un travail exceptionnel sur le plan du son et des éclairages. Elie Castiel, Séquences (2012)

11/2018

ActuaLitté

Sciences politiques

Paderewski président, 1919. Une vie d'engagement patriotique en faveur de la Pologne entre Morges et les Etats-Unis

Ignace Paderewski (1860-1941) : un nom qui, aujourd'hui, évoque d'abord les sonorités brillantes d'un piano virtuose - celles du magnifique interprète de Chopin, son illustre compatriote, de la star planétaire aussi, rendue immortelle par des tournées pharaoniques à travers les Etats-Unis. Mais Paderewski, c'est aussi le Polonais, profondément marqué dès l'enfance par la situation dramatique de son pays, rayé de la carte à la fin du XVIIIe siècle à la suite de trois partages successifs entre ses puissants voisins, et qui va investir toute son énergie dans cette grande cause patriotique... jusqu'à se voir nommé par les Alliés premier ministre de la Pologne " retrouvée " à la fin de la Grande Guerre ! Un honneur. Et un défi immense. Un siècle plus tard, une exposition mise sur pied au Château de Morges — Morges, sur la rive suisse du Léman : un lieu où le musicien et homme d'Etat a passé près de la moitié de son existence, de 1897 à 1940 — fait revivre les temps forts de cette année 1919 exceptionnelle, ainsi que ses prémices et ses conséquences. De l'inauguration du monument de Grunwald à Cracovie en 1910 jusqu'à l'ultime discours d'Oak Bridge, dans le New Jersey, devant des vétérans polonais de la Grande Guerre en 1941, en passant par le Comité de Vevey (fondé en 1914 avec Henryk Sienkiewicz), l'épopée des " poupées d'Hélène Paderewska ", la création de la Croix Blanche polonaise, la Conférence de la Paix à Paris, les premières séances de la Société des Nations à Genève, le " Front de Morges " de 1936, ou encore le règlement de la question des internés polonais avec le général Guisan en 1940 : une aventure patriotique exaltante, sur fond de musique, de passion, de drame et d'amitié, que ce livre invite à prolonger à travers de nombreuses illustrations et des sources pour certaines inédites issues des collections du Musée Paderewski de Morges.

05/2019

ActuaLitté

Littérature française (poches)

Le héros et les autres

Fin observateur du monde qui l'entoure, Martin se pose beaucoup de questions, aussi, cherchant des explications à tout, élucubrant de savantes ratiocinations, scientifiques, mathématiques, logiques. Le monde de Martin est ainsi clair comme de l'eau de roche — cette même eau vive qui serpente dans le square, et dans laquelle se noient les beaux garçons. Un livre simple sur des choses compliquées. L'arête d'une vaguelette scintille. C'est une petite tache de lumière qui se déplace en tremblant : elle n'est pas très sûre d'elle-même. Elle se demande ce qu'elle fait là, elle aussi. L'élément aquatique lui semble étranger : elle essaie de ne pas se poser trop de questions, elle se laisse porter. Elle se dit qu'il ne peut rien lui arriver de grave. Elle passe sous le pont. Martin change de côté et surveille le courant : voilà la tache qui reparaît. Elle poursuit sa course comme elle peut. Le mouvement est très lent, c'est apaisant. Martin se dit que cette lenteur serait un bon modèle à suivre pour ses vaisseaux sanguins : il demande à son corps de retrouver un rythme plus calme. Déjà, son coeur bat moins fort. Le sang ne brûle plus, le crâne tiédit doucement. Dehors, ça caille.

10/2018

ActuaLitté

Littérature étrangère

Les jours de l'arc-en-ciel

Santos est professeur de philosophie. Il vient de se faire arrêter en pleine classe devant son fils, Nico. Bettini, le père de la meilleure amie de Nico, est un ancien publicitaire blacklisté, qui ne trouve plus de travail. Convoqué chez le ministre de l'Intérieur, on lui propose de diriger la campagne du "OUI" au prochain référendum pour le maintien au pouvoir de Pinochet. Pourquoi s'adresser à lui alors qu'il est de gauche et qu'il a déjà été arrêté et torturé par la police politique ? Tout simplement parce qu'il est le meilleur. Quelques heures plus tard, il reçoit la visite d'un des principaux leaders de l'opposition qui lui présente, à peu de choses près, la même requête... qu'il accepte, malgré les menaces et le casse-tête que cela représente. En effet, comment trouver un slogan qui ferait l'unanimité parmi les seize factions de l'opposition, qui ne sont d'accord sur rien ? Verre après verre, une idée fait son chemin.

03/2013

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 23

Ces mois d'août et de septembre 1946 sont jalonnés de textes-phares, tels le Retour d'Artaud, le Mômo, par lequel Antonin Artaud marque symboliquement son retour au poème et à la vie, l'Exécration du père-mère, Histoire entre la groume et dieu, Centre pitere et potron chier, tous publiés de son vivant et déjà repris dans de précédents tomes. Mais c'est aussi l'époque où il parachève le Préambule et l'Adresse au pape, qu'il veut placer en tête de ses Ouvres complètes et sur lesquels il revient obstinément jusqu'à l'instant où, de leurs multiples versions, surgit leur forme dernière, pourchassée bien au-delà des frontières de l'impossible. Cette opération par laquelle, membre à membre, le texte se construit et prend corps, la lecture des cahiers nous met à même d'y assister. Elle nous fait toucher combien est lancinante la question de l'écriture : "Je cherche un impossible écrit / qui n'est que dans mes moelles inscrit / et même pas / mais qui dira le vide ou le plein / mieux que moi". A voir, pourtant, à côté de ces pages dont la composition est à ce point travaillée, les cahiers remplis aussi de textes apparemment jaillis, dont la forme semble, d'un seul jet, être née parfaite et si dense qu'elle ne saurait être transformée sans dommage, on a le sentiment qu'Antonin Artaud, en pleine maîtrise de sa langue, a enfin résolu l'énigme qu'il n'en cesse pas moins de se poser, de nous poser : "Pourquoi écrire ? / Il y a un langage non imprimé / avec lequel je mangerai l'imprimé. / Ce langage est inscrit dans le corps sans lettres".

11/1987

ActuaLitté

Beaux arts

Van Gogh. Le suicidé de la société

Fin janvier 1947, le galeriste Pierre Loeb envoie à son ami Antonin Artaud, écrivain, dessinateur et poète, une page de l'hebdomadaire Arts entièrement consacrée à Vincent Van Gogh, dont une exposition est en cours à l'Orangerie à Paris. Il y est fait mention de la récente parution d'un volume, Du démon de Van Gogh, aux éditions A.D.I.A. à Nice. Cette publication, "destinée exclusivement au corps médical", comporte une étude conséquente du docteur François-Joachim Beer, dont de longs extraits sont reproduits sur la page du journal. Van Gogh y est notamment décrit comme un "déséquilibré avec excitations violentes à allure maniaque" et inspire en définitive au médecin ce diagnostic : "ce peintre de génie était atteint de psychopathie constitutionnelle dont les épisodes n'ont fait que s'aggraver le long de son existence". Ayant lui-même été interné durant de nombreuses années, et ce jusqu'en mai 1946, Antonin Artaud décide alors d'écrire à son tour sur le peintre, de réfuter la thèse de sa folie, fruit à ses yeux d'une construction sociale. Le 2 février, il se rend à l'Orangerie et commence peu après à rédiger et à dicter à voix haute le corps central de l'ouvrage. La "lucidité supérieure" propre à l'artiste, et commune à l'auteur et à son sujet, permet à Artaud de faire la part belle à la fougue du génie, force contestataire en soi. L'état de supplicié, Artaud lui-même l'a vécu. Nul mieux que lui ne saurait le transmettre. Et quand le poète aborde la peinture proprement dite, c'est comme s'il s'emparait du pinceau ou, au demeurant, du couteau. Il se fait tranchant, expressif, cinglant. Paru en décembre 1947 chez K éditeur à Paris, l'ouvrage reçoit le mois suivant le Prix Sainte-Beuve. Son auteur s'éteindra peu après, en mars 1948.

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 4

Œuvres complètes - TOME IV Antonin Artaud n'aurait-t-il écrit que le Théâtre et son Double, ce livre, d'aucuns le pensent, eût suffi à sa gloire. Pourtant, il paraît en février 1938 dans une indifférence presque totale ; l'auteur, il est vrai, s'est comme tue. A l'issue d'un périple qui l'a mené au Mexique, puis en Irlande, il a été interné d'office. Il le restera neuf ans pendant lesquels ce livre qui compte à peine plus de cent cinquante pages, tiré seulement à quatre cents exemplaires, prêté passé de main en main, surtout parmi les gens de théâtre, va trouver ses fervents. Ils ne sont pas foule encore quand Henri Thomas, en 1945, salue sa réédition par le Théâtre mort et vivant, étude où l'un des premiers il sait dire que ce livre n'est pas uniquement une méthode et un programme à l'usage des acteurs et metteurs en scène mais qu'Antonin Artaud y pose " une conception absolue de la vie ". Dix ans après Maurice Blanchot y verra " l'exigence de la poésie telle qu'elle ne peut s'accomplir qu'en refusant les genres limités et en affirmant un langage plus originel ". Vingt ans après, Jacques Derrida tentera de cerner les implications philosophiques de ce texte à propos duquel il écrira que " penser la clôture de la représentation, c'est penser le tragique ". Tous ont contribué à faire comprendre que Le Théâtre et son Double n'est pas affaire des seuls théâtrologues. Il n'en aura cependant pas moins influencé le théâtre contemporain dans la mesure où il aura conduit metteurs en scène et acteurs à modifier l'espace de la scène et le jeu vocal et corporel. Tout cela concourt à faire du Théâtre et son Double l'œuvre d'Antonin Arthaud la plus lue, la plus traduite, la plus commentée. Les quelques quatre cents lecteurs du début se chiffrent maintenant par centaines de milliers et leur nombre ne cesse de croître. Les Cenci, tragédie d'après Shelley et Stendhal, ont été écrits par Antonin Artaud en 1935 afin de mettre en application les principes qu'il avait énoncés dans ses textes théoriques sur le théâtre. Ce fut le premier spectacle du Théâtre de la Cruauté, c'en fut aussi le seul. Il tint l'affiche dix-sept jours, et commercialement ce fut un échec. Mais Antonin Artaud n'a pas tort de constater le " succès dans l'Absolu des Cenci ". A lire les critiques de l'époque, on se rend compte que tout ce qui alors était blâme et s'exprimait comme tel pourrait aujourd'hui être tenu pour éloge. A ce renversement de la conception théâtrale, les représentations des Cenci, tout comme le Théâtre et son Double, ont sûrement participé.

09/1978

ActuaLitté

Livres 3 ans et +

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte

Le héros de ce livre s'appelle Glpmftpgrzou mais comme ce prénom est impossible à prononcer, nous l'appellerons Zou. Ce jeune lapin a une vie de rêve : il gambade toute la journée, croque des baies lorsqu'il a faim, lape l'eau de la rivière lorsqu'il a soif. C'est le paradis sur terre ! Pourtant, le jour où Zou tombe amoureux de Betty, la vie ne va plus être aussi tranquille. Pour séduire la lapine, Zou décide de l'éblouir en portant une magnifique culotte rouge. Cette trouvaille va bouleverser les habitudes bien réglées des lapins. Zou va réussir à remettre de l'ordre dans cette joyeuse pagaille et le lecteur saura désormais pourquoi les lapins ne portent pas de culotte !

10/2016

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 19

Cette fabuleuse entreprise : la reconquête de son propre moi, dont le lent cheminement a pu se lire dans des centaines et des centaines de pages quotidiennes, il semble, en décembre 1945, qu'elle est achevée. L'oppression religieuse s'est éloignée. De la lutte incessante menée pour s'en défaire demeure une vigilance sardonique dont les effets dévastateurs vont désormais s'opposer à toute emprise métaphysique. L'écriture s'est transformée jusque dans sa matérialité. Elle n'offre plus les lignes sages, appliquées, des premiers cahiers. Plus large, plus rapide, comme libérée, elle s'entremêle maintenant de signes et de dessins. Pourtant, en ce début de 1946, où Antonin Artaud s'alarme de voir ne pas paraître les Lettres de Rodez, où il redoute que par là même ne se prolonge sa mise à l'écart, c'est, après la période explosive, presque euphorique, d'une communication qu'il avait cru pouvoir retrouver, le repliement dans la solitude et, de nouveau, le débat s'intériorise. Il se déplace aussi et, de plus en plus, le corps va en être le centre : "le corps inamovible de M ? Antonin Artaud vivant dont on a cent fois dépecé des duplicata arrachés et qui n'a cessé de rester vivant et lui-même contre toutes les formes qu'on lui prenait". Antonin Artaud ne cessera plus de dénoncer l'inaptitude à la vie du corps dont l'homme dispose, ce corps défectueux, aux fonctions dangereusement séparées, à la sexualité désaccordée, au mode d'engendrement désastreux. Son indispensable réfection va devenir l'un des mythes symboliques dominants de ses textes futurs. C'est d'ailleurs pendant ces mois-là qu'apparaissent dans les cahiers les principaux thèmes qui se développeront après sa sortie de l'hôpital psychiatrique : la véritable identité de l'homme crucifié au Golgotha, le reniement du baptême, la géographie des envoûtements destinés à fermer la bouche aux consciences lucides, le rôle de la sexualité dans ces ondes perverses qui partent de lieux dispersés sur toute la terre, l'émeute qui s'est déclarée à Dublin autour de sa personne et de sa canne, les raisons profondes de son internement, son refus enfin de disparaître : "Je ne suis pas celui qui a fixé de disparaître sans laisser de traces sur la terre. Je ferai au contraire disparaître la terre avant de m'en aller".

02/1984

ActuaLitté

Sciences historiques

Pierrine Gaston-Sacaze. Berger phénomène

Antonin Nicol nous raconte l'histoire extraordinaire de Pierrine Gaston-Sacaze, berger-phénomène, qui vécut en Béarn dans la haute vallée d'Ossau (1797-1893). Le simple paysan, autodidacte, devint sans jamais quitter sa terre natale, une célébrité mondiale grâce à la botanique. Sa vie et son œuvre témoignent de son intelligence hors du commun et de son grand esprit d'assimilation qui l'entraînèrent dans la pratique d'une trentaine d'activités d'ordre littéraire, artistique et scientifique. Véritable puits de sciences et de culture, il excella dans la botanique, la géologie, l'entomologie, la météorologie, la paléontologie, la médecine vétérinaire, la peinture, le dessin, la musique, la poésie, la chanson, l'hypnose, etc... Il fut un des premiers membres de la Société Ramond et son nom appartient à l'histoire du Pyrénéisme. Illustre Pyrénéen, s'il est le plus grand homme de la vallée d'Ossau, il en est hélas ! aussi le plus méconnu! A travers Gaston-Sacaze, on découvre la vie d'une vallée pyrénéenne au xixe siècle.

12/1989

ActuaLitté

Histoire de France

Pauline Bonaparte. Princesse Borghèse

Couturière, artiste à Marseille dans des spectacles pour marins, partenaire d'un "mariage de garnison" avec le général Leclerc, épouse désemparée lorsque ce dernier est emporté par la fièvre jaune, Pauline Bonaparte (1780-1825) s'unit en secondes noces au prince Camille Borghèse, dont elle constate trop tard les limites physiques et intellectuelles... Qu'à cela ne tienne, Pauline est encore jeune, jolie et coquette. D'autres sauront la consoler. Révolution, Empire, Restauration, cette existence baroque, échevelée et sulfureuse va se dessiner sur fond d'histoire européenne. En contrepoint permanent, bien sûr, de celle de son célèbre frère devenu empereur. La vie et le rôle de " Paoletta ", impériale collectionneuse d'amants, cette sueur fantasque, excessive, la plus proche de Napoléon, fait ici l'objet d'une étude approfondie. Antonio Spinosa, s'appuyant sur de nombreuses sources italiennes, donne de la " Vénus triomphante " un portrait psychologique, ironique et impertinent.

01/2005

ActuaLitté

Policiers

A prendre ou à lécher

Bangkok, hôtel Oriental. La chambre était réservée, les draps de soie bien repassés : en vain. Victor Héatravaire, P.-D.G. des établissements Laguêpe (lingerie féminine), n'est jamais parvenu à destination... De quoi alarmer, à Paris, la famille du richissime touriste - laquelle expédie aux confins du Bengale (et tous frais payés ! ) les frères siamois les plus retors de la PJ. Las, San-Antonio et Bérurier (car c'est bien eux) ont à peine le temps de profiter de leur forfait-massage qu'un gros type en peignoir leur atterrit sur les godasses. Depuis le 12e étage, ça fait désordre. Pas de quoi Bouddha son plaisir : dans le coin, les cercueils thaï large...

11/2018

ActuaLitté

Policiers

Les Prédictions de Nostraberus

" Tu sais qu'il se passe des drôles de choses en Suède ? Viens-y avec moi, tu verras ! Tu verras ce que t'as encore jamais vu. Tu verras : des merderies modèles, des partouzes géantes, des mariages d'hommes, que sais-je ? ... Tu crois que c'est à cause du froid que les frangines de là-bas ont le réchaud incandescent, toi ? Et ce serait les brumes nordiques qui refileraient à Béru ce don de double vue ? Je le savais déjà voyeur, le Gros. Pas mal voyou, aussi, dans son genre. Mais voyant, alors ça, je te jure ! Viens te rendre compte comme les petites Suédoises s'enflamment facilement. Suffit de savoir les frotter ! Viens, je te dis ! "

10/2019

ActuaLitté

Littérature française (poches)

CAT 215

Marc, "qui répare des choses inutiles depuis toujours", quitte la métropole et sa compagne pour rejoindre en Guyane son ancien patron, Julo. Devenu trafiquant d'or, celui-ci a entrepris de faire convoyer une monstrueuse pelle Caterpillar 215 par un ancien légionnaire et un mystérieux Brésilien. Mais après avoir avalé des kilomètres, la machine est immobilisée au milieu de la jungle à la fois fragile et menaçante. Marc s'attelle à réparer la bête d'acier ; les hommes vont alors se battre contre leur propre folie, contre cette nature qui les fait souffrir et qu'ils torturent en vain. Un voyage qui se transforme en un huis clos oppressant, entre Au coeur des ténèbres et Le salaire de la peur.

05/2018

ActuaLitté

Critique littéraire

La nostalgie, l'automobile et l'Infini. Lectures de Pessoa. Suivi de De la cardiopathie de Fernando Pessoa, Edition revue et augmentée

C’est à l’automne 1964 qu’Antonio Tabucchi, étudiant à Paris, découvre en traduction française une plaquette avec un poème intitulé « Bureau de Tabac ». Son auteur : Fernando Pessoa. Depuis, les écrits du grand poète portugais n’ont jamais cessé d’accompagner la vie intellectuelle de Tabucchi. À l’origine de ce livre, un événement qui prend place trente ans plus tard. Nous sommes à l’automne 1994 : Tabucchi est invité à faire quatre conférences aux étudiants de l’École des hautes études en sciences sociales, à Paris. Préservant le rythme vivant de ces rencontres, ce volume introduit à l’œuvre de Pessoa. Si Pessoa demeure aussi célèbre que méconnu serait-ce parce que, « même s’il est là, Pessoa est toujours ailleurs ? » En lisant ses textes, en déchiffrant son univers, Tabucchi montre comment Pessoa, disant l’ordinaire de tout un chacun, explore l’intériorité de l’homme d’aujourd’hui. L’absurde, la mauvaise conscience, le remords, le sens du mystère de la vie, l’indicible, l’inquiétante présence de l’Autre que nous portons toujours en nous (« notre part la plus secrète »), la nostalgie du possible, tels sont quelques-uns des thèmes pessoens que Tabucchi éclaire dans ce livre. Ce livre a fait l’objet d’une première édition en 1998. Cette nouvelle édition, qui a été mise au point par Antonio Tabucchi (1943-2012), s’enrichit d’un chapitre inédit, « De la cardiopathie de Fernando Pessoa ».

04/2013

ActuaLitté

Littérature étrangère

Beaux enfants, vous perdez la plus belle rose

Un ballon de football pour seule fortune, le jeune Arturito part pour la capitale dans l'espoir d'y devenir un "dieu du stade" et d'effacer la fâcheuse réputation de puceau que lui a faite le village. Dans le train, il rencontre le "petit Monsieur", presque nain par la taille, dont les incessantes contorsions l'intriguent : sous sa chemise, l'homme cache un coq de combat volé, qu'il essaie de calmer à coups de becquées de vin. A l'arrivée, les deux solitaires s'installent dans la même pension de famille, fréquentée aussi bien par des marginaux qui gravitent autour du music-hall populaire et vivent d'expédients que par de jeunes militants - ouvriers, employés, étudiants - qui vivent fiévreusement l'actualité quotidienne de Santiago du Chili au cours des mois qui précèdent le coup d'Etat militaire de septembre 1973. Resté apolitique, Arturito a beau se réfugier derrière la passion du football, tantôt agressif, tantôt timide, il sent le besoin de s'insérer dans un groupe et ne comprend pas pourquoi la camaraderie lui est refusée. A travers ses tribulations, le lecteur est projeté en plein coeur d'une époque passionnée et partisane : l'aventure de l'Unité populaire vécue comme un suspense des cours et des corps.

11/1979

ActuaLitté

Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 18

La plupart des cahiers recueillis dans ce tome XVIII sont contemporains de Lettres de Rodez. Aussi y sent-on la présence de celle qu'Antonin Artaud a appelée "Madame Morte" ou encore "madame utérine fécale", la poésie noire dont l'âcre beauté traverse les ballades de François Villon ou les poèmes de Charles Baudelaire, comme une sorte de "transe abdominale du coeur et du sexe". Elle a la noirceur de la peste ou de la mort, et éclaire de ses sombres lueurs les textes de cette période où une sexualité violente et désespérée alterne avec une infinie tendresse pour ces ombres de femmes devenues filles d'élection. Est-il exemple plus probant de poésie à l'état pur que ces manières de litanies dédiées à Catherine ou à Cécile : "Cécile la morte couchée après mes coups, et de la gorge fluidique" ? Paul Valéry disait que certains vers souvent étaient des dons. On pourrait croire que tous les mots de ces étranges et bouleversants poèmes ont été comme donnés à Antonin Artaud si l'on ne soupçonnait qu'il les a plutôt arrachés de lui, dans ce "ténesme d'un infini montant". Arrachement qui ne contrarie pas le jaillissement mais au contraire le produit. Dans cet automne 1945, Antonin Artaud préparait deux livres : Le Surréalisme et la fin de l'ère chrétienne, titre-écho de celui qu'il avait choisi, vingt années auparavant, pour le numéro de La Révolution surréaliste dont il avait eu l'entière responsabilité, et Mesure sans mesure, titre aux résonances shakespeariennes. On trouvera dans ce tome des pages écrites pour ces deux ouvrages projetés. Par leur ton, leur forme surtout, elles diffèrent quelque peu des notes quotidiennes des cahiers. Elles ont cette scansion profonde qui, de plus en plus, rythmera les derniers textes d'Antonin Artaud et dont la cadence impressionne si fort l'oreille intérieure du lecteur.

05/1983

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 9, Les Tarahumaras ; LEttres de Rodez

Il n'était pas si courant, en 1936, qu'un écrivain quittât l'Europe pour aller "prospecter ce qu'il peut rester au Mexique d'un naturalisme en pleine magie, d'une sorte d'efficacité naturelle répandue çà et là dans la statuaire des temples, leurs formes, leurs hiéroglyphes, et surtout dans les sous-sols de la terre et dans les avenues encore mouvantes de l'air". Ce l'était moins encore, une fois sur place, de partir en mission pour la Sierra Tarahumara, d'en gravir les pentes à cheval plusieurs jours de suite pour y rencontrer les Indiens des hautes terres, mangeurs de peyotl, et d'être admis à participer à leurs rites. C'est pourtant ce qu'a fait Antonin Artaud, mais l'extraordinaire ne s'arrêtera pas là. De retour à Paris, en 1937, il envoie à Jean Paulhan, pour La Nouvelle Revue Française, des extraits D'un voyage au pays des Tarahumaras, mais il veut que son nom disparaisse et que sa signature soit remplacée par trois étoiles. Ceux qui le connaissent le reconnaîtront. Et, en effet, quelques-uns vont percer l'anonymat et deviner quel est l'auteur de ces pages étranges autant que belles. En 1943, il est interné à Rodez. C'est là qu'Henri Parisot se mettra en rapport avec lui pour lui proposer de reprendre ce texte en librairie. Fin 1943, Antonin Artaud écrira Le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras, puis le Supplément au voyage. Il décrira, sept ans après, la cérémonie rituelle comme s'il y avait assisté la veille, jetant ainsi un pont sur les années de silence auxquelles l'internement l'avait condamné. Le 16 février 1948, quinze jours avant sa mort, jaillira le récit flamboyant de cet autre rite : Tutuguri. Ainsi, la composition des Tarahumaras n'aura pas duré moins de douze années. Et c'est parce que Henri Parisot lui a demandé son accord pour éditer le Voyage qu'Antonin Artaud lui envoie de Rodez des lettres si étonnantes que son correspondant pense aussitôt en publier quelques-unes. Une sorte de lien magique réunit donc le Voyage et Lettres de Rodez. A ces deux oeuvres fondamentales sont joints les premiers textes écrits à Rodez et plusieurs adaptations de textes anglais, en particulier L'Arve et l'Aume, d'après le chapitre VI de La Traversée du miroir, par Lewis Carroll.

09/1979

ActuaLitté

Droit

Des lois agraires chez les Romains

Des lois agraires chez les Romains / par M. Antonin Macé,... Date de l'édition originale : 1846 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu.

03/2020