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Edouard Bourg

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Beaux arts

Le vent se lève

Consacrée aux relations que l'humanité entretient avec la Terre, cette nouvelle exposition de la collection du MAC VAL rassemble des oeuvres qui traduisent la richesse et les paradoxes de ces liens, composés d'émerveillement, d'amour, de critique scientifique et sociétale, d'espoir et d'aveuglement, d'inspiration et de rêverie... Une histoire de l'art récente et jeune, en réaction aux états du monde par des artistes qui ne peuvent regarder ailleurs, un choix que nous sommes heureuses de défendre. Si ce recueil d'oeuvres illustre plusieurs facettes d'une histoire façonnée par les hommes et dont ils portent la responsabilité, il a pour fil rouge le sujet de la marche et replace l'humain au centre du paysage terrestre, arpenteur de sa vie et acteur de son devenir. Les oeuvres "parlent" ici de la terre et de la complexité de l'action humaine, étrange et ambivalente, autoritaire et désinvolte, nourricière et destructrice, poétique et économique. Alors que chacun sait qu'une autre façon de pratiquer la Terre est nécessaire, la jeune génération reste presque seule à se soulever en faveur d'un ordre nouveau ! Partout apparaissent ces mouvements de contestation et de progrès, pacifiques ou plus violents, insubordonnés à la réalité économique, aux objectifs de croissance, à tout ce que nous savons avec certitude participer à la destruction du vivant, dont nous sommes partie prenante, consciente et meurtrière. Et le musée, quel est son rôle, quel peut être son avenir dans la société ? Il doit se réinventer, remettre en perspective ses missions de conservation, de production, d'accumulation, se penser moins comme un conservatoire que comme un laboratoire, un lieu à parcourir et, surtout, à vivre pour y échanger et questionner avec le public un présent vers lequel les artistes nous conduisent. Pour nous accompagner, nous avons sollicité des auteur. e. s et des artistes pour leur engagement, leur partage d'expériences positives, singulières et combatives, afin d'élargir cet ouvrage à des regards extérieurs, à d'autres voix. Exposition au MAC VAL à partir du 7 mars 2020. Avec les oeuvres de Boris Achour, Dove Allouche, Pierre Ardouvin, Bianca Argimon, Hicham Berrada, Michel Blazy, Christian Boltanski, Véronique Boudier, Charlotte Charbonnel, Ali Cherri, Clément Cogitore, Emile Compard, Franck David, Julien Discrit, David Douard, Jean Dubuffet, Anne-Charlotte Finel, Nicolas Floc'h, Charles Fréger, José Gamarra, Lola Gonzàlez, Dominique Gonzalez-Foerster, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Ange Leccia, Benoît Maire, Pierre Malphettes, Didier Marcel, Angelika Markul, Jean-Charles Masséra, Philippe Mayaux, Bernard Moninot, Roman Moriceau, Jean-Luc Moulène, Tania Mouraud, Jean-Christophe Norman, Gina Pane, Laurent Pernot, Laure Prouvost, Enrique Ramirez, Paul Rebeyrolle, Evariste Richer, Loup Sarion, Bruno Serralongue, Tal-Coat, Stéphane Thidet, Thu Van Tran, Jean Tinguely, Gérard Traquandi, Tatiana Trouvé, Morgane Tschiember, Agnès Varda, Marion Verboom, Virginie Yassef...

06/2020

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Philosophie du droit

Le droit saisi par l'art. Regards de juristes sur des oeuvres d'art

Un regard neuf sur le droit à travers 32 oeuvres d'art majeures. Et si notre formation juridique influençait nos émotions artistiques ? L'art peut, sans doute, interpeller de manière spécifique le coeur comme l'esprit du juriste. Chacun des contributeurs à l'ouvrage a choisi librement une oeuvre pour nous livrer ses émotions et ses réflexions de juriste, les partager avec le lecteur afin de mieux éveiller les siennes, favorisant un dialogue trop rare entre art et droit... Une reproduction de chaque oeuvre d'art illustre les propos des auteurs afin de favoriser cet échange. Table des matières Avant-propos, par Rémy Cabrillac Le Contrat de mariage de Mariano Alonso-Perez, par Christophe Blanchard / Droit civil / Régimes matrimoniaux Le Juriste de Giuseppe Arcimboldo : par Claire Bouglé-Le Roux / Culture juridique / Justice De Bach de Carl Seffner à Gould de Ruth Abernethy : par Yves Mayaud / Méthodologie / Raisonnement juridique Graffiti is a crime de Banksy : par Jean-Baptiste Seube / Droit pénal / Propriété intellectuelle La Nature se dévoilant d'Ernest Barrias : par Bénédicte Fauvarque-Cosson / Philosophie juridique / Nouvelles technologies Le Soir sur les terrasses (Maroc) de Jean-Joseph Benjamin-Constant : par Elise Charpentier et Simonne Pichette / Libertés fondamentales / Egalité homme-femme La Justice de l'empereur Otton III de Thierry Bouts : par Laurent Pfister / Histoire du droit / Droit à un procès équitable Le Sacrifice d'Isaac du Caravage : par François Ost / Philosophie du droit / Tiers La Nona Ora de Maurizio Cattelan : par Agnès Robin / Droit d'auteur / Liberté d'expression Statue équestre du Maréchal Lyautey de François-Victor Cogné : par Fouzzi Rehrousse / Droit comparé / Histoire du droit L'Origine du Monde de Gustave Courbet : par Valérie Malabat / Liberté d'expression / Nudité Homme-requin de Sossa Dede : par Christine Ferrari-Breeur / Droit international public / Restitution des prises de guerre Etude d'un noeud de ruban d'Edgar Degas : par Patricia Partyka / Droit de la propriété intellectuelle / Ouvre de l'esprit David de Donatello : par Anthony Crestini / Droit constitutionnel / Histoire du droit La Fée électricité de Raoul Dufy : par Charles-Edouard Bucher / Nouvelles technologies / Droit des biens Cheval sortant de l'écurie de Théodore Géricault : par Marine Ranouil / Enseignement juridique / Méthodologie Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa d'Antoine-Jean Gros : par Emmanuel Terrier / Droit de la santé / Gouvernance Sous la vague au large de Kanagawa d'Hokusai : par Blanche Sousi-Roubi / Nouvelles technologies / Droit de la propriété intellectuelle Dans l'arbre d'Alexandre Hollan : par Xavier Thunis / Droit des biens / Droit de l'environnement Jaune-Rouge-Bleu de Wassily Kandinsky : par Marie-Sophie Bondon / Justice / Déontologie Le Prêteur et sa Femme de Quentin Metsys : par Michel Vivant / Philosophie du droit / Droit de la propriété intellectuelle Deux femmes courant sur la plage de Pablo Picasso : par Camille Broyelle / Liberté d'expression / Nudité La Cueillette des pois de Camille Pissarro : par Laurence Mauger-Vielpeau / Spoliations de la Deuxième Guerre mondiale / Restitution d'oeuvre d'art Les Vertus cardinales et théologales de Raphaël : par Barbara Pozzo-Stanza / Introduction au droit / Sources du droit Le Boeuf écorché de Rembrandt : par Thierry Vignal / Statut de l'animal / Philosophie du droit Loth et ses filles de Pierre-Paul Rubens : par Laurent Saenko et Hervé Temime / Droit pénal / Inceste Carrefour à Sannois de Maurice Utrillo : par Gérard Sousi / Spoliations de la Deuxième Guerre mondiale / Restitution d'oeuvre d'art La Ronde des prisonniers de Vincent Van Gogh : par Rémy Cabrillac / Droit pénitentiaire / Histoire du droit La Femme à la balance de Johannes Vermeer : par Pauline Marcou / Droit des personnes / Liberté de conscience L'Intérieur du port de Marseille, vu du Pavillon de l'Horloge du Parc de Joseph Vernet : par Charlotte Broussy / Droit maritime / Dignité de la personne humaine Grande coiffe en plumes : par Marie Malaurie-Vignal / Droit de la propriété intellectuelle / Appropriation culturelle Agnus Dei de Francisco de Zurbarán : par Yolanda Bergel Sainz de Baranda / Bien culturel / Droit international public Index des notions juridiques Table des illustrations

10/2023

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Monographies

Le Songe d'Ulysse

L'Odyssée est un livre, un mythe, un monde. Aujourd'hui, à la villa Carmignac, c'est une exposition, inspirée par Ulysse, le héros grec qui après la guerre de Troie (L'Illiade), navigua dix ans durant pour retourner sur son île. Le roi d'Ithaque aurait touché, dit la légende locale, dans son errance au rivage de Porquerolles. II y aurait combattu et terrassé l'Alycastre, ce monstre envoyé par Poséidon et sculpté par Miquel Barceló à l'entrée de la Villa. C'était suffisant pour faire de L'Odyssée, et de l'île, le point de départ d'une exposition-expérience, " Le Songe d'Ulysse ", distincte du texte d'Homère, où le visiteur s'embarquerait pour une aventure personnelle et intime. La villa Carmignac, tout entière avec le jardin, devient un labyrinthe structuré par une scénographie qui en accentue le concept, avec ses impasses, ses détours, ses surprises. Le long retour d'Ulysse n'est-il pas un voyage labyrinthique dessiné sur la mer ?? Symbole universel, magique, tout à la fois spirituel et ludique -? du labyrinthe du Minotaure à celui de la cathédrale de Chartres ou à celui, "? végétal ? ", de Franco Maria Ricci à Parme ? -, le labyrinthe invite à un vertige des sens et de l'esprit. Le visiteur, tel un Ulysse contemporain dérivant dans cet espace, est constamment placé face à des choix. Prendre ce chemin plutôt qu'un autre, tourner à droite plutôt qu'à gauche, voir une oeuvre et pas une autre. Allégorie des choix que chacun fait dans l'existence, "? Le Songe d'Ulysse ? " entend ainsi évoquer, sans l'illustrer, l'expérience de ce voyage homérique. Le visiteur désorienté, circulant dans cet enchevêtrement d'espaces où sont présentées les oeuvres, devrait être conduit de rencontre en rencontre ? : chaque oeuvre devient alors un personnage. Personnages féminins fantasmés, monstres et leur potentiel d'épouvante, héros, êtres fabuleux, animaux -? le visiteur est placé face à la variété des formes imaginaires du visage, y compris lorsqu'il est défiguré. De sensation en fabulation, de l'étonnement à l'émerveillement, ce labyrinthe souterrain, qui se poursuit au premier étage et dans le jardin, représente en soi une initiation esthétique. Ne faut-il pas pour accéder à l'art et à son enchantement que chacun puisse faire son chemin, au risque de l'égarement ?? C'est aussi le sens de cette exposition ? : l'image de l'expérience que chacun fait de l'art. Les choix, entre libre arbitre et déterminisme, esquissent pour chaque visiteur une exposition unique, conditionnée par les prises de décisions et les renoncements. A travers son chemin, le visiteur met à l'épreuve l'art dans sa vocation à éclairer nos existences et à nous orienter, voire à nous désorienter, dans ce dédale. Des peintures, des installations, des sculptures, des photographies, des tapisseries aussi... qu'est-ce qui nous touche en elles ?? Sommes-nous sensibles à leur appel ?? Restons-nous contemplatifs, effrayés ou agacés à leur vue ?? Ou sortons-nous grandis de leur rencontre ?? La Fondation Carmignac, créée en 2000 à l'initiative d'Edouard Carmignac, est une fondation d'entreprise qui s'articule autour de deux axes principaux ? : une collection d'art contemporain, qui comprend actuellement plus de 300 oeuvres, et le prix du photojournalisme, soutenant annuellement un reportage d'investigation qui fait l'objet d'une exposition et d'un catalogue. Depuis juin 2018, en partenariat avec la Fondation, la Villa Carmignac, un lieu d'exposition accessible au public, a été créée sur l'île de Porquerolles afin de proposer des expositions temporaires, un jardin habité par des oeuvres spécialement créées pour le lieu, ainsi qu'une programmation culturelle et artistique.

06/2022

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Théâtre

La Tour de Nesle. Une pièce de théâtre d'Alexandre Dumas

Drame relatant l'affaire de la tour de Nesle dont voici la trame historique. Philippe le Bel a quatre enfants, dont trois fils qui vont lui succéder au trône de France, respectivement Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel, qu'il marie avec trois princesses. En 1305, Louis épouse Marguerite de Bourgogne (12901315), la fille du duc de Bourgogne. Philippe épouse Jeanne de Bourgogne, la première fille de Mahaut d'Artois, en 1306. Enfin, Charles épouse Blanche de Bourgogne, la deuxième fille de Mahaut d'Artois, en 1308. Très liées entre elles, les princesses font souffler un vent de gaieté et de charme sur la cour austère du Roi. Leur élégance et leur coquetterie font bientôt naître une rumeur destructrice. Elles sont soupçonnées de recevoir des jeunes gens. Toutefois, aucune preuve ne vient étayer ces accusations et les princesses poursuivent leur joyeuse vie. La visite à Paris du roi d'Angleterre Edouard II et de sa femme Isabelle, fille de Philippe le Bel, au début de l'année 1314, sonne le glas de leurs beaux jours. Philippe le Bel donne plusieurs fêtes en l'honneur de ses hôtes. Au cours de l'une d'elles, Isabelle remarque que deux chevaliers portent à la ceinture des aumônières semblables à celles qu'elle a offertes personnellement quelques mois plus tôt à deux de ses belles-soeurs, Marguerite et Blanche. Elle s'empresse de signaler les frères Gauthier et Philippe d'Aunay à son père. Le roi ordonne une enquête qui confirme les faits. Arrêtés, les frères d'Aunay résistent à la question, puis ils finissent par avouer, suivis de Marguerite et de Blanche. Sous la torture, les deux chevaliers auraient avoué leurs relations avec les princesses, qui duraient depuis trois ans. Philippe d'Aunay est l'amant de Marguerite et son frère Gauthier est l'amant de Blanche. On ne connaît aucun amant à Jeanne, mais elle est au moins coupable d'avoir couvert les débordements de ses bellessoeurs. A Pontoise, les deux frères sont roués vifs, écorchés vifs, émasculés, du plomb soufré en ébullition épandu sur eux, traînés par des chevaux avant d'être décapités le 19 avril 1314 puis pendus par les aisselles à des gibets. Philippe le Bel n'a aucune pitié pour ses brus adultères. Marguerite et Blanche sont tondues, habillées de bure et jetées au cachot des Andelys. Après la mort de Philippe le Bel, Marguerite reste enfermée à Château Gaillard où elle meurt en 1315 à cause des mauvais traitements1, même si la légende veut que son mari, devenu Louis X, l'ait fait assassiner peu après son accession au trône. Compromise dans l'affaire, Jeanne est acquittée, faute de preuves. Elle reste toutefois en résidence surveillée au château de Dourdan. Philippe V envisage de la répudier mais il devrait alors rendre la FrancheComté qu'elle a apportée en dot. Il calcule alors que son "honneur conjugal" ne vaut pas cette perte. En 1316, Philippe V le Long accèd'Au trône après le règne de Louis X, son frère, et le très court règne de son neveu Jean Ier le Posthume, fils de Louis X. Jeanne devient donc reine de France. Philippe lui offre la tour et l'hôtel de Nesle en 1319, soit cinq ans après l'affaire. Après la mort de Philippe V en 1322, elle y installe définitivement sa résidence. Dans son testament, Jeanne de Bourgogne demande que l'hôtel de Nesle soit vendu et devienne un collège. L'annulation du mariage de Blanche (toujours emprisonnée) est prononcée en 1322, quand son mari, Charles IV, devient roi de France. Elle se retire alors à l'abbaye de Maubuisson, où elle meurt en 1362.

02/2023

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Histoire de la médecine

De la peste de Justinien à la Covid-19. Histoire des infections à Lyon

Près de quinze siècles séparent l'épidémie de peste de Justinien de celle de la Covid-19. Entre ces deux calamités, la population de Lugdunum devenue Lyon fut confrontée à de nombreux autres épisodes infectieux massifs tels que paludisme, typhoïde, lèpre, vérole, variole, choléra, tuberculose, poliomyélite... La situation géographique lyonnaise à la confluence de deux voies fluviales d'importance en a toujours fait un lieu privilégié d'échanges, de passages et de brassages de populations diverses. De plus jusqu'à une période récente, le manque d'hygiène publique fréquemment rapporté par les chroniqueurs constituait autant de facteurs qui ont entraîné une importante exposition de la ville aux maladies infectieuses. Dès l'époque romaine des moyens efficaces de prévention avaient cependant été développés, qui se sont perpétués au cours du temps. En effet, Lyon a été souvent en avance dans la lutte contre les maladies infectieuses en préconisant très tôt des mesures d'hygiène qui ont servi d'exemple à d'autres villes du royaume, par exemple avec la fondation du Bureau de la Santé en 1581. Cette commission sanitaire avait la capacité d'imposer des mesures sanitaires sévères si la situation l'exigeait. Elle a joué un rôle de premier plan en particulier lors de la tragique épidémie de peste de 1628 qui emporta la moitié de la population de la ville. Des maires de Lyon ont ensuite joué un rôle important, comme Gabriel Prunelle lors de l'épidémie de choléra de 1834 ou Edouard Herriot lors de la pandémie de grippe espagnole de 1918 et 1919. Etonnamment, de la peste à la Covid-19, l'éventail des mesures adoptées et leurs applications ne diffèrent guère lorsqu'il s'agit de répondre à des crises sanitaires aiguës. Lyon s'est également distinguée dans le domaine de la lutte contre les infections en particulier au cours du XIXe siècle grâce à des médecins qui ont imposé à l'hôpital (Hôtel-Dieu et Charité) les règles fondamentales de l'antisepsie et de l'asepsie. En témoignent les initiatives de Jean-François Terme, d'Antonin Poncet, de Louis-Léopold Ollier, d'Amédée Bonnet, Antoine Gailleton et de bien d'autres. Ils ont souvent donné leurs noms à des places et à des rues. C'est à Lyon que fut créée la première école vétérinaire du monde en 1761 par Claude Bourgelat, écuyer de Louis XV, qui s'illustra dans la lutte contre les épizooties, et dont l'oeuvre fut poursuivie par des sommités lyonnaises telles qu'Auguste Chauveau et Saturnin Arloing. Et cette même école vétérinaire mit à disposition des médecins de l'Hôtel-Dieu ses équipements scientifiques à la fin du XIXe siècle, amorçant ainsi un rapprochement entre médecines humaine et animale. A Lyon sont également nés des géants de l'industrie biomédicale, grâce à l'implication de la dynastie des Mérieux dans la vaccination ou le diagnostic des infections. L'implantation de leaders mondiaux dédiés à la santé humaine et animale comme Sanofi et Boehringer-Ingelheim en constitue l'aboutissement. De la peste de Justinien à la Covid-19, très largement illustré, analyse sur environ 500 pages les luttes qui ont opposé souvent avec succès les Lyonnais et habitants de la région à des maladies dont ils ignorèrent longtemps la cause bactérienne, virale ou parasitaire. Cette histoire deux fois millénaire se perpétue aujourd'hui avec la pandémie de la Covid-19, qui n'épargne pas plus la ville que le reste de la planète. Evoquer cette histoire des épidémies, ceux qui les ont subis, les lieux qui en témoignent, les hommes qui les ont combattues ainsi que les moyens mis en oeuvre pour lutter contre les différentes infections, telle a été l'ambition qui a guidé les auteurs avec la volonté de transmettre leur passion de la microbiologie ainsi que la mémoire et l'histoire de leur ville, de son patrimoine matériel et immatériel.

05/2021

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Histoire régionale

Dictionnaire historique de la Franche-Comté sous les Habsbourg. Tome 2, les matieres. 1493-1678

Ce Dictionnaire historique de la Franche-Comté sous les Habsbourg (1493-1678) comprend trois tomes : Tome 1 : les personnages ; parfois connus ou célèbres, il s'agit surtout d'hommes et de femmes représentatifs de leur milieu social ou pro­­fessionnel. Tome 2 : les matières, dans tous les domaines : géographie, politique, diplomatie, administration, religion, économie, société, culture, art, sciences naturelles. Tome 3 : les lieux ; villes, bourgs, forteresses, abbayes, prieurés, etc. ; un atlas complète la présentation. Ce dictionnaire ambitionne de rassembler toutes les connaissances accu­­mulées par diverses recherches depuis une trentaine d'années. L'époque des Habsbourg a été peu étudiée. Il n'existe, pour l'instant, aucune synthèse globale, depuis le règne de Philippe le Beau ou celui de Charles Quint jusqu'à l'annexion de la province par le roi de France Louis XIV. Cinquante historiennes et historiens ont participé à la réalisation de cet ouvrage. Ce dictionnaire en trois tomes est d'abord un instrument de travail. Il ambitionne de rassembler toutes les connaissances accumulées par diverses recherches depuis une trentaine d'années. L'époque des Habsbourg a été peu étudiée. Il n'existe, pour l'instant, aucune synthèse globale, depuis le règne de Philippe le Beau jusqu'à l'annexion de la province par le roi de France Louis XIV. Tout reste à faire, grâce aux archives abondantes disponibles. C'est la raison pour laquelle nous avons accordé beaucoup d'importance à la bibliographie, aux livres et aux articles. Chaque notice est suivie, si possible, d'une ou plusieurs références. Chemin faisant, nous voulons aussi lever des malentendus, défendre quelques idées fortes, mettre en évidence des caractères originaux : La Franche-Comté, correspondant au comté de Bourgogne, n'était pas un Etat indépendant, autonome ou souverain, mais une province. Cette province était unie aux Pays-Bas (issus des anciens Etats bourguignons des ducs Valois), d'où l'abondance et la fréquence des liens avec les Flandres, terme familier pour désigner à l'époque l'ensemble des Pays-Bas. La Franche-Comté n'était pas espagnole ou hispanique mais elle avait des liens très étroits et très fréquents avec les souverains espagnols, puisque les comtes de Bourgogne étaient aussi (très souvent) en même temps rois de Castille et d'Aragon. En dépit de ce rattachement dynastique, la Franche-Comté ne fut pas hispanisée ; en réalité, les influences politiques, religieuses, artistiques, économiques, situent la province au coeur des liaisons entre les Pays-Bas (Malines, Bruxelles, Louvain, Lille, Arras, Tournai, Valenciennes, etc.) et les Etats de l'Italie du Nord (Milan, Gênes, Turin, etc.). L'hostilité envers le royaume de France n'empêchait nullement les échanges économiques et sociaux ; les possessions de fiefs de part et d'autre de la frontière, les déplacements de population, la fréquentation des universités françaises, les influences artistiques et les approvisionnements alimentaires (aux foires de Lyon et par la Saône, au port d'Auxonne) en témoignent. La "guerre de Dix Ans" n'a pas existé, pas en tant que telle ; il s'agit de la partie comtoise de la grande déflagration européenne appelée guerre de Trente Ans (1618-1648). Les liens entre la Franche-Comté et la couronne espagnole se sont fortement renforcés à partir de 1635 et surtout entre 1668 et 1678. Enfin, Besançon, cité impériale et métropole (siège d'un archevêché), était une enclave qui entretenait des liens étroits avec le comté de Bourgogne mais aussi avec les institutions de l'Empire des Habsbourg, notamment la Diète et la cour impériale.

05/2023

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Littérature française

Les départs exemplaires

Ce recueil de nouvelles assassines de Gabrielle Wittkop nous présente, à travers siècles et continents, cinq récits baroques qui sont autant de « départs exemplaires ». Au coeur d’un burg romantique allemand, perchée sur une tour en ruine et livrée aux corbeaux, une jeune femme de bonne famille agonise, devenue l’objet d’un fait divers absurde et lugubre. Un dimanche d’octobre dans une ruelle de Baltimore, un écrivain aux yeux noirs succombe, ivre mort, après avoir perdu sa valise. Dans un New York contemporain, la vie de Seymour M Kenneth ressemble à une lente descente aux enfers ; il s’éteint en vagabond dans les entrailles de la ville. C’est dans un fossé moite de la jungle malaise que s’achève mystérieusement celle de Mr T, esthète et espion, emportant avec lui ses derniers secrets. Enfin, dans l’atmosphère sadienne du XVIIIe siècle français, Claude et Hippolyte, les deux jumeaux hermaphrodites mis au monde par la comtesse de Saint-Effroy, sont assassinés. La mort est au coeur des cinq nouvelles – dont deux inédites : « Les Derniers Secrets de Mr T. » et « Claude et Hippolyte » – qui composent cette réédition augmentée des Départs exemplaires. Elle est organique, marque les corps, s’imprime dans les chairs des femmes élégantes, des monstres androgynes et des dandys rongés par l’alcool ; elle est destin ou hasard malchanceux, meurtre ou énigme, guidant vies et intrigues de ces fictions taillées sur mesure ; elle se lit dans les signes et augures quasi fétichisés – papillons ou corbeaux, perles de grenat, bottines vernies – et engendre le charme vénéneux de l’esthétique de Wittkop, son ton macabre et raffiné, de nos jours inégalé. Au fil d’une prose ornée et mordante, précise et précieuse, dont la tonalité varie en fonction des époques et des décors abordés, la mort fait aussi mystère. Elle fait pencher successivement ces textes « caractérisés par la découverte et le malentendu », vers le fantastique ou l’enquête – c’est bien la silhouette d’Edgar Poe qui se faufile dans « Les Nuits de Baltimore » et celle d’un agent de la CIA en Asie derrière ce curieux Mr T. – ou vers le conte légendaire comme cette femme, cheveux au vent, criant au sommet d’une tour allemande qui rappelle des esquisses de Goya ou de Hugo. Le recueil, d’une forte unité thématique, semble donc décrire, par l’exemplarité des destins et la variation des décors, la permanence d’anciens mythes monstrueux et dérangeants. Ultime force de ce livre, la narratrice (ou l’auteur) mène voluptueusement les drames et personnages à leur sort tragique, irréversible. Mais si le sort s’acharne avec cruauté, non sans humour et un certain goût du supplice, ces victimes expiatoires sont aussi l’occasion de questionner la nature du lien entre vie, trépas et beauté qu’avaient proclamée le romantisme noir ainsi que les esthétiques du XIXe siècle dandy. Ces références constituent alors le fondement spectral de l’art de Gabrielle Wittkop, qui les met à distance pour s’imposer comme une « Peintre de la mort » résolument moderne.

09/2012

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Beaux arts

Les arts de l'Asie centrale

A l'origine de ce livre, une conquête parmi tant d'autres : Alexandre le Grand occupait il y a 2300 ans la Bactriane, province occidentale de l'Asie centrale. Deux siècles plus tard, un envoyé chinois faisait le chemin inverse, vers l'Occident. La réalité humaine de ces régions, carrefour des routes de la Soie, fit éclore un commerce d'une richesse inouïe : ressources minérales (or, lapis-lazuli, turquoise), animales (chevaux ou moutons), vivrières, mais aussi la soie, le coton ou le thé... Marchands porteurs de denrées mais, aussi et surtout, d'idées et de spiritualités. Ce livre part à la redécouverte d'un monde aux dimensions d'un continent, de l'Iran à la Chine, entre les déserts et les steppes au nord et la barrière des Himalayas, au sud. Fébrilement et brièvement exploré au tournant du siècle, avant 1914, ce domaine était depuis lors ouvert par intermittences. L'éclatement de l'Union soviétique a fait sauter les verrous de sa partie la plus secrète : ce livre recrée l'unité d'un ensemble toujours divisé, mais désormais mieux connu. Ces civilisations charnières entre Orient et Occident sont en effet partagées entre des pays aux frontières souvent artificielles : anciennes républiques soviétiques, Afghanistan, Tibet, Mongolie ou Xinjiang chinois. Les cultures se sont succédé ou côtoyées dans ce creuset au rythme de trois grandes étapes. Antiquité où, sur fond d'affrontements et de symbiose, émergent des empires méconnus : parthe, kushan, sassanide, turco-sogdien. L'essor du bouddhisme, qui partira vers la Chine, la Corée, le Japon, marque une période de transition. Proclamé religion officielle du Tibet en 779, sous sa forme lamaïque, il est aussi adopté par la Mongolie. Enfin, la conquête arabe conduisit l'islam au cœur de l'Asie, et diffusa en retour techniques et motifs et couleurs vers Bagdad et Le Caire : ce fut l'apogée de l'Asie centrale, symbolisé par les noms magiques de Samarcande et Boukhara.

11/1999

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Droit bancaire

Droit bancaire et financier. Mélanges AEDBF France VIII

Le huitième volume de la collection des Mélanges AEDBF-France propose une approche très diversifiée du droit bancaire et financier. En effet, il comprend de nombreux articles qui abordent tant des questions fondamentales que d'actualité, de manière large autant que précise, d'un point de vue à la fois réfléchi et pratique. C'est sous la direction de Bertrand Bréhier qu'a été réunie une cinquantaine d'articles et d'auteurs : Le contentieux de la responsabilité professionnelle du conseiller en investissements financiers, Philippe Arestan | La transparence des opérations de marché : quête du graal ou révision du mythe de Sisyphe ? Patrick Barban | Droit comptable et normalisation comptable, Jennifer Bardy | Ce que la circulation des capitaux nous apprend potentiellement du droit, Jean-Silvestre Bergé | Réglementation financière européenne et relations avec les pays tiers, Haroun Boucheta | La signature digitale, Eric Caprioli | Les enjeux de la conformité en droit européen, Bernard Cazeneuve | Les sources informelles de rattachement de la société européenne, Gustavo Cerqueira | Réflexions sur les arnaques financières et la "fabrique du consentement" , Marielle Cohen-Branche | La floating charge : reconnaissance de cette sûreté anglaise en droit français et enseignements à tirer pour le nantissement du solde de compte bancaire, Reinhard Dammann | Améliorer le cadre juridique européen de gestion des crises bancaires : le point de vue d'un superviseur, Edouard Fernandez-Bollo | La responsabilité des prestataires d'initiation de paiement en cas d'opérations de paiement non autorisées, Roberto Ferretti | La constitution du fonds de garantie unique sous le contrôle des juges, Antoine Gosset-Grainville et Margaux Dalon | Les titres en DEEP, nouveaux titres, nouvelle forme de titre ou simplement nouvelle technologie, Philippe Goutay | Le contrôle de la régularité de l'opération financée, Caroline Houin-Bressan | Retour vers le futur des titres participatifs, Vincent Jamet | Le Conseil d'Etat a-t-il tué le droit mou ? Brèves remarques au sujet de l'émergence des documents de portée générale à effets notables, Emmanuel Jouffin | Sur l'imputation des manquements AMF aux personnes morales : vues critiques, Antoine Juaristi | Authentification forte et preuve de la négligence grave de l'utilisateur d'un instrument de paiement, Nicolas Kilgus | Les banques européennes face aux sanctions internationales, Caroline Kleiner | La responsabilité du banquier en matière de chèque de banque, Jérôme Lasserre-Capdeville | Le droit bancaire et financier des "legal transplants" au droit "plug and play", Gregory Lewkowicz | Assurance paramétrique et contrat financier, Pierre-Grégoire Marly | Les sanctions financières applicables par les autorités de marché : comparaison entre le droit financier, le droit de la concurrence et le droit des données personnelles, Frédéric Marty | L'obligation de vigilance des banques, décryptage d'une notion plurielle, Julien Martinet | Prêter en devise aux consommateurs, Jean-Pierre Mattout | La réglementation bancaire et financière revue à l'aune de l'urgence climatique, Frida Mékoui | Quel avenir pour la CJIP en Europe : vers l'élaboration d'un modèle européen de justice négociée, Astrid Mignon-Colombet | Les effets et les incertitudes du Brexit et du post-Brexit sur certaines activités de banque de financement et d'investissement, Olivier Mittelette | Le devoir de loyauté intragroupe, Renaud Mortier | Le banquier face au risque de surendettement de son client particulier, Eva Mouial-Bassilana | SPACs : technique juridique et interrogations pratiques, Sébastien Neuville | Les commissions bancaires face à la prohibition des clauses abusives, Gilbert Parleani | Le crédit entre entreprises liées (regards croisés en droit fiscal et droit bancaire), Ariane Périn-Dureau | Observations sur la réforme des sûretés, Stéphane Piédelièvre | La relativité aquilienne dans la responsabilité des Etats membres pour violation du droit de l'Union par les autorités de surveillance, Johan Prorok | Concevoir des fonds d'investissement adaptés aux seniors ? Isabelle Riassetto | Les pouvoirs d'enquête de l'AMF à l'épreuve des droits fondamentaux, Anne-Claire Rouaud | L'encadrement des transactions avec des parties reliées en droit des sociétés canadien (regards vers les Etats-Unis et l'Europe), Stéphane Rousseau | De la modélisation du crédit immobilier et de sa cohérence interne, Laurent Ruet | L'élasticité américaine (à propos du concept mou de résilience en droit bancaire et financier), Pierre Storrer | Banque et responsabilité sociale dans un contexte de pandémie : point de vue canadien, Ivan Tchotourian | L'émergence d'un droit des sociétés propre aux établissements de crédit, Hervé Synvet | De la Responsabilité Sociale des Entreprises à la Responsabilité Numérique des Entreprises, Marina Teller | L'investisseur et le consommateur de produits financiers : la différenciation du droit européen, Aline Tenenbaum | La directive sur les actions représentatives et le droit financier, Adrien Tehrani | De quelques aspects fiscaux des obligations convertibles en actions, Régis Vabre | La nature juridique des non deliverable tokens, Hubert de Vauplane |

02/2022

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Sociologie urbaine

L'impasse. Scènes de l'urbanisme ordinaire

Elsa Vivant choisit le recours à la fiction pour rendre compte des conditions de travail des urbanistes, leur lien avec ce qu'ils produisent, les difficultés liées aux spécificités de leurs conditions d'exercice. A travers leurs trajectoires, le récit circule entre plusieurs situations sociologiques s'appuyant sur la documentation de l'enquête et assumant la subjectivité. Les expériences renouvelées d'explicitation de l'urbanisme, de sa diversité et de son intérêt sont à l'origine de l'écriture de Chroniques d'un urbanisme ordinaire. La compréhension des conditions de travail des urbanistes, leur lien avec ce qu'ils produisent, les difficultés liées aux spécificités de leurs conditions d'exercice (relations aux élus, transformations permanentes du contexte administrativo-politique, poids des contraintes techniques, financières et normatives, injonctions contradictoires entre les valeurs et convictions individuelles et les conditions d'exercice...) éclaire d'un nouveau jour les modes de ce que l'on appelle désormais la fabrique urbaine (la fabrique renvoyant implicitement au travail industriel). En quoi la fragmentation croissante de l'activité de l'urbaniste, par le recours à des prestataires et des sous-traitants, fragilise-t-elle les professionnels eux-mêmes et l'objet de leur intervention par la dilution des responsabilités et les pertes de mémoire sur le territoire et les projets ? La multiplication des acteurs de l'aménagement participe d'une division des tâches et des responsabilités concourant à faire de l'activité de coordination l'essentiel du quotidien des urbanistes. Elsa Vivant choisit le recours à la fiction s'appuyant sur la documentation de l'enquête et assumant la subjectivité des enquêtés et de l'enquêteur. Dans ces chroniques d'un urbanisme ordinaire, on croise une chercheuse en sciences sociales étudiant les enjeux de la création d'un équipement récréatif en lien avec la réalisation d'une station de métro dans un quartier en renouvellement urbain. On la suit dans des réunions, visites de terrain, observations des démolitions. On lit les matériaux d'archives qu'elle a récoltés. On rencontre les professionnels impliqués à différentes échelles, chacun représentant un enjeu et une catégorie d'acteur. On dérive vers d'autres problématiques relatives à la complexité des opérations de rénovation urbaine, des questions qui ne sont pas posées, des rapports avec les habitants. On partage le sentiment d'impuissance de certains professionnels débordés par les injonctions contradictoires. Comment en sortir ? On trouve des échappatoires, dans la mise à distance, l'expérimentation, l'expression artistique, la solidarité. Les personnages sont conçus comme des idéaux-types. Ceux-ci sont forgés à partir de l'analyse de plus de cinquante entretiens auprès de professionnels de l'urbanisme au cours desquels ils ont exprimé leur enthousiasme et leurs doutes face aux orientations politiques de leurs interventions et à la perte de sens. Le choix d'une écriture fictionnelle qui se lit comme un roman rend compte de la subjectivité des professionnels face à leur travail : impliqués dans la production de la ville en tant qu'acteurs mais, en tant qu'habitants, ils sont eux-mêmes soumis à la réalité du changement urbain, culturel et social. A travers leurs trajectoires, le récit circule entre plusieurs situations sociologiques : la rénovation urbaine, la dégradation des copropriétés, la création d'une infrastructure, la densification pavillonnaire, les politiques d'embellissement des espaces publics, l'accompagnement de la décroissance dans les bourgs ruraux... L'auteure a fait le choix d'un montage de fragments et de formes où le récit suit plusieurs intrigues parallèles. Elle reprend des documents d'archives de façon à assumer la dimension poétique de ces écrits professionnels et rendre visible leur portée politique : la publicité pour une copropriété qui s'est rapidement dégradée, le mode d'emploi d'un bâtiment public à " haute qualité environnementale et énergie positive " ou la lettre ouverte d'un maire à la suite de la tentative de suicide d'un agent sur son lieu de travail. Les jargons professionnels et hermétiques sont mis en scène dans les séquences de " Comité de Pilotage ", où un chef de projet est le récitant d'un monologue dont le sens est d'autant plus abstrait que personne ne l'écoute, chacun plongé dans son smartphone et perdu dans ses pensées. Un récit parallèle, le journal d'enquête, décrit les situations observées et les compare avec celles vécues dans le monde de la recherche, où des contraintes similaires pèsent sur le travail. Commencé en 2015, ce projet a été traversé par les attentats parisiens. Leur place dans ce récit tient aux questionnements qu'ils soulèvent pour l'urbanisme. Ce monde professionnel est représentatif des milieux sociaux les plus blessés (jeunes urbains diplômés), d'autant plus que le nord-est parisien concentre une part importante des agences d'architecture et d'urbanisme. L'épilogue de la poursuite policière des terroristes, un assaut militaire dans un immeuble dégradé d'une ville populaire de banlieue, a exposé les pratiques des marchands de sommeil et la lenteur des procédures judiciaires à leur encontre. Pour reprendre les propos de certains enquêtés, ces attentats et la radicalisation religieuse dont ils sont le signe les amènent à s'interroger sur les cadres de pensée de l'urbanisme, se demandant si, notamment dans le cadre de la rénovation urbaine, ils ne se sont pas trompés, s'ils n'ont pas laissé de côté des questions importantes, si, professionnellement, ils n'ont pas leur part de responsabilité. Aucun n'a de réponse mais beaucoup s'interrogent. Les personnages, les enquêtés, et la chercheuse traversent une même réalité, celle d'un moment du monde où dominent la stupéfaction, le doute, l'incompréhension, un sentiment d'impuissance.

10/2021

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Poésie

Narcisse. Précédé du Dialogue du Prince et de la Chimère

Entre lyrisme, mysticisme et symbolisme : le "Narcisse" de Joachim GASQUET (1873-1921). Profondément philhellénistes ou cultivés, enclins aux questionnements de leurs époques, à la place que l'homme revêt sur terre ou encore habités par une étrange spiritualité, quelques grands artistes et écrivains ont revisité le cas Narcisse, mi-homme, mi-fou, mortel et divin, amoureux d'une image... Joachim Gasquet va lui aussi se pencher sur ce miroir, ce symbole : "ce mince monde" tel qu'il évoque à la fois la porte de la connaissance et le seuil d'un ailleurs, se focaliser sur l'hypothèse d'une Unité telle qu'elle n'existe qu'en nous ou plutôt dans l'instant suspendu de la révélation. Motivé par une lutte intérieure cherchant à réconcilier la réflexion et l'action et par celle extérieure offrant une controverse au symbolisme de salons, sa critique dérive en un chant gorgé de symboles innés, une cascade remplie d'échos, un hymne naturel et grandiose offert à la polyphonie des Idées. L'onde limpide renvoie l'image du corps mais aussi du microcosme intérieur en parfaite harmonie avec la nature, réfléchit le macrocosme et suggère la perfection qui les relie ; mais cette ressemblance (cet "à l'image du Tout") est fugace, insaisissable, l'effleurer suffit à la brouiller. Qu'en est-il alors de la vie, de la durée et de ce à quoi Narcisse aspire ? L'intérêt que l'auteur porte très tôt, aux Maladies de l'Imagination et sa découverte des cahiers verts d'un jeune aixois interné, vont donner légitimité à son lyrisme, lui permettre d'abuser des comparaisons, autoriser l'ambiguïté et provoquer la métaphore. Le langage devient passage, l'esprit de l'homme un verre transparent à mi-chemin entre la nature et le divin, et le "comme" s'efface au profit d'un déplacement, d'un monde vers un autre monde. L'imagination est en liberté, elle plonge, elle saute, elle défie le temps, elle enjambe les espaces brimés et confie ses résonances mystérieuses susceptibles d'interprétations multiples, elle métamorphose les préjugés. Est-il donc folie de se complaire en l'Amour puisqu'il est impossible ; folie de se réfugier en la Beauté perçue qu'on ne peut embrasser ; folie de s'acharner à maintenir la grâce en la Nature humaine ; folie de tenter une fusion entre panthéisme et monothéisme ; folie de recevoir autant d'informations simultanées, précises qu'on ne peut que parcimonieusement traduire ; folie de désirer le bonheur comme on rêve d'une femme, de le chercher à toutes les sources d'où pourra sourdre l'âme, la dulcinée, la quête... ? Joachim Gasquet appartient à ce Grand XXe siècle ébranlé politiquement et socialement, qui sort des guerres napoléoniennes, accumule les changements de régimes et se reconnaît dans un réalisme inspiré par les découvertes scientifiques ; il s'agit de peindre la société telle qu'elle est, entre cupidité et misère sociale, hérédité et modernité...Tout un programme contre lequel les poètes vont s'insurger... Entre 1891 et 1906, divers courants tentent de prononcer la mort du symbolisme et notamment celui que Mallarmé incarnait. L'Ecole romane, l'Ecole française, l'humanisme, le Naturisme, les Toulousains... tous participent finalement à l'essor d'une nouvelle vision, à cette unité possible entre l'homme et le monde, à cette harmonie musicale réconciliant le passé et l'avenir, la vérité et la beauté, les idéaux et leurs formes, le symbole et la vie. Le langage innove en rapprochant l'Antiquité, la nature, l'ésotérisme et les mystères, les légendes et les mythes, les sensations humaines et leurs correspondances qui deviennent synesthésie ! Quant au poète, il se fait mage ou chaman toujours investi de sa haute fonction visionnaire mais au service des Idées primordiales et du questionnement métaphysique (l'existence, l'essence, l'âme, l'origine et la fin...), il suggère et propose une énigme, il évoque les analogies infinies qui se tissent cachées entre le monde sensible et le Sens (entendu comme vérité ineffable -réalité de l'insensé), il dévoile alors une nouvelle langue ! Le romantisme allemand, avec Goethe ou le mysticisme de Novalis inspire ce possible contre-pied qui va justifier et conforter l'émergence du symbolisme de la fin du XIXe. Ce sera Maeterlinck et non Gide qui délivrera une traduction de Friedrich von Hardenberg (1772-1801) et qui inspirera le surréalisme. Tous se lisent et se côtoient, les salons vont bon train, la poésie classique est morte et le langage de la folie revendique le droit d'être plus "vrai" que le réalisme, d'être au plus juste s'il devient intuitif et ancré dans l'archaïque, le primitif, le légendaire, le mythologique, le passé, le rêve... Les "Narcisse" de Paul Valéry et Joachim Gasquet émanent de ce contexte, décliné en variations de 1891 à 1941 pour l'un, écrit et retouché de 1893 à 1921 pour l'autre. Tous deux symbolistes et disciples de Mallarmé, pétris par des Maîtres proches (André Gide ou Paul Cézanne), ou d'entourage (Edouard Manet et Frédéric Mistral), leurs destins de provinciaux se séparent pourtant dès 1894. Tandis que Valéry monte à Paris, délaisse la poésie et reste donc à l'écart des querelles (jusqu'à la parution de "La jeune Parque" en 1917), Gasquet lui, participe aux tentatives littéraires disparates de l'époque. Directement mêlé aux ascensions de groupes et aux dissensions, impliqué dans la direction de Revues, son syncrétisme poétique, philosophique et religieux ne sera pas compris qui englobe toutes ses lectures et toutes ses amitiés. Puis vient l'heure de la guerre également et Joachim lui seul, part et reviendra blessé, hors NRF, transformé encore et dédaigné ; maudit ? laissant à sa mort les fragments retouchés d'un Narcisse somptueux, pétales rassemblés et publiés à titre posthume par Edmond Jaloux en 1931. Le symbolisme réclame un "je" chercheur qui tente d'évoquer l'indicible, l'invisible, le voilé, l'étrangeté, l'indéfini et l'infini... il crée des ponts, rapproche des termes qui appellent des associations inédites, provoquent des connexions et convoquent l'irréalisé ! C'est ce que le poète et critique d'art aixois (ami de Paul Cézanne) nous propose en effet dans cette oeuvre lyrique délibérément rédigée en prose. Alors ce symbolisme tient au coeur plus qu'aux recettes de quelconques gloires, il est à NOUS TOUS, et s'éveille à la lecture d'oeuvres mystérieuses tel que le Narcisse de Joachim GASQUET, fussent-elles oubliées ou reconnues, anciennes ou à venir... Clarisse FRONTIN Publication web Apologie du poète Printemps des poètes 2016

12/2014