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Haïm Tapiero

Extraits

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Collection Budé

Le Roi Hérode. De l’Histoire Sainte à l’Histoire

La réputation détestable d'Hérode n'est plus à faire : tyran infanticide pour les chrétiens qui l'ont immortalisé dans le massacre des Saints Innocents, roi étranger haï de son peuple d'après la tradition juive, dynaste exotique méprisé par l'opinion selon l'historiographie romaine... L'interférence constante du religieux dans le discours historique a fabriqué une légende noire où se reflète l'ombre monstrueuse des dictateurs modernes. Pourtant, les images stéréotypées qui s'accumulent, cristallisant sur Hérode de multiples représentations collectives, s'imbriquent les unes dans les autres sans jamais convaincre tout à fait. Ce livre entreprend de déconstruire la légende en mobilisant toutes les sources disponibles, en proposant une relecture intertextuelle des documents, en contextualisant les rumeurs dans leur environnement réel et en interprétant les textes à la lumière des données concrètes révélées par l'archéologie. Loin de régner depuis la tanière d'un tyran dans un paysage confus de crime et de châtiment, Hérode se révèle comme un roi qui eut ses partisans à Jérusalem autant que ses adversaires, comme un grand bâtisseur qui modernisa son royaume, comme un pionnier qui fit fleurir le désert de Judée. Son règne inaugura une fusion entre les apports de l'hellénisme, de la Rome impériale et des cultures juive et arabe, dont la continuité est caractéristique du Proche-Orient antique.

10/2022

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Littérature française

Mon après-guerre à Paris. Chronique des années retrouvées

"Dans le Paris d'après-1945, un étranger était considéré comme un être potentiellement suspect. J'avais choisi la France, mais la France, elle, ne m'avait pas choisi et s'occuper d'un réfugié de l'Est qui venait de recevoir six millions de morts en héritage n'était alors l'affaire de personne. Il est dit : "A la sueur de ton front, tu gagneras ton pain" : J'ai travaillé jusqu'en 1950 dans la confection et la chaussure. Misérable condition. Aujourd'hui, les gens trouvent ces débuts presque amusants : la vie d'hôtel en garnis, les ateliers du Marais, le froid pire que la faim, la pauvreté, le prolétariat des cantines, le statut de "métèque"... Ils ne mesurent plus combien notre confiance dans le monde était ébranlée. Un exil se terminait, un autre commençait Mais l'exil est un art qui s'apprend." Après sa superbe Chronique des années égarées (1997), qui relatait son adolescence roumaine marquée par la Shoah, le grand psychosociologue Serge Moscovici, arrivé à Paris en 1948 à 22 ans, nous offre ici la suite française de ses Mémoires, reconstituée de façon posthume par Alexandra Laignel-Lavastine à partir de ses fragments manuscrits. Avec ses compagnons d'exil - Paul Celan, Isac Chiva ou André Schwarz-Bart - ils forment une petite troupe de sans-patrie issue de toute l'Europe. Au fil de souvenirs très vivants et souvent drôles, d'anecdotes et de portraits, ce témoignage offre une plongée inédite dans l'univers de ces jeunes intellectuels juifs à leurs débuts. On mesure ici à quel prix a pu éclore - au contact des Daniel Làgache, Alexandre Koyré, Lacan, Lévi-Strauss - une des plus éblouissantes générations de la seconde moitié du XXe siècle. Un livre rare et merveilleux.

10/2019

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Psychologie, psychanalyse

Oedipe aux îles Borromées. "Absalon, Absalon !" de William Faulkner

Serge Sabinus, avec Oedipe le Salon, poursuit son exploration psychanalytique des grands textes. Après "Don Quichotte", "La Divine Comédie" et "Moby-Dick", ce collectif de psychanalystes s'est approché de "Absalon, Absalon ! " de William Faulkner. Faulkner, maître d'oeuvre de la traversée des origines sudistes par la Civil War, trouve avec son héros, Thomas Sutpen, les accents terribles et destructeurs de l'Histoire. " Absalon, Absalon ! ", grand titre biblique, fait vibrer dans le texte analytique la violence, la haine, la passion qui dévorent jusqu'à la folie chacun des personnages : Thomas Sutpen qui bâtit son Sutpen' Hundred en un château de cartes flamboyant et écroulé, Rosa Coldfield, confite dans sa haine et ses regrets, et puis Henry, Quentin, Judith et Charles Bon, jusqu'au final dans les froides contrées du Nord qui ne trouve comme ressource que le cri du désespoir : "Non le Sud, je ne le hais point". Chacun des personnages, au grand ton faulknérien, est traversé de part en part par la négritude de Clytie, magique esclave silencieuse et puissante qui représente l'ultime reste. Reste sublime et infect, comme l'est l'enfant perdu – Jim Bond – qui hurle la fin du monde en un cri où chacun se reconnaîtra. Ainsi va le monde du Sud. Thomas Sutpen n'aura pas de filiation pure, blanche. Tout est perverti, faussé, jusqu'à l'infâme normalité qui envahit la fin du roman. A Baveno, des psychanalystes sont à l'oeuvre. Il faut lire leurs interventions brillantes et captivantes. Que disent-ils de ces pages tragiques ? Comment trouver avec Lacan, armé des noeuds borroméens, une lecture différente, d'une autre complexité ? C'est le pari lancé dans ces pages : Ca nous parle !

07/2019

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Littérature française

Trois âges de la nuit

Les aventures qui nous sont contées dans ce livre troublant appartiennent à l'Histoire. On rencontrera ici une orpheline de douze ans, Anne, qu'on élève par charité dans un couvent, avant de la placer chez une personne singulière. Pieuse avec passion, la petite découvre peu à peu que l'extase n'est pas son lot. Pour forcer l'inconnu, elle suit ses maîtres dont les agissements la mèneront, droit au sabbat, au grand jeu de l'enfer et des maléfices. Elisabeth, elle aussi, est élevée dans la piété la plus rigoureuse. C'est après son veuvage qu'elle s'abandonne, avec des soubresauts, au vertige d'un amour défendu. Charles, qu'elle aime et qu'elle hait à la fois, paiera de sa vie cette passion démoniaque dont il est possédé, tandis qu'Elisabeth, exorcisée, fondera un ordre de filles repenties. Jeanne, enfin, est une vieille bohémienne, issue d'une lignée de " sorcières " de village, ces boucs émissaires qui paient épisodiquement pour les péchés de tous. De passage dans la région, le célèbre juriste Jean Bodin instruit lui-même ce procès, à titre d'expérience, avant d'écrire sa Démonomanie. Sous ses yeux, Jeanne se condamnera lucidement, fatalement, au b-cher, comme si elle répondait à un appel plus profond qui concerne chacun de nous, comme si nous étions frères dans le mal. Trois âges de la nuit. Trois étapes sur le chemin d'une sorte de sainteté à rebours, une tentation obsédante qui ne nous est pas étrangère, car elle demeure de tous les temps. Trois personnages qui ressemblent, par bien des aspects, à certaines héroïnes de Françoise Mallet-Joris et trouvent leur place dans son univers romanesque.

12/1970

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Histoire de France

Turenne. Héros ou criminel de guerre ?

Turenne (1611-1675), maréchal des armées du roi Louis XIV, est considéré comme l'un des plus grands stratèges de l'Histoire. On lui doit la première conquête de l'Alsace par la France et son nom orne bien des rues et des places de la région. Si pour les nationalistes français, "bouffeurs de Boches", il est une figure emblématique de la grandeur de la France, pour les autres, et surtout les Alsaciens, il n'est ni plus ni moins qu'un criminel de guerre. Massacres de populations, incendies de villages, viols, lâcheté devant l'ennemi, chevaux morts de faim jonchant les routes de son armée d'invasion, les accusations ne manquent pas et même les historiens universitaires doivent reconnaître que sa carrière est "entachée" par une "série d'exactions". Or voilà qu'en 1932, après l'annexion de l'Alsace par la France, un groupe de militants politiques, ultra-nationalistes d'extrême droite, parvient à faire ériger un obélisque à la gloire de Turenne. Et pas n'importe où ! A Turckheim ! La ville même où ses soudards ont massacré les habitants avec une férocité inouïe. En 2018, ce symbole de mort est toujours debout. Continuité dans le changement ? En tous cas, c'est dans la même logique, en ce début de XXIe siècle, les ennemis de l'Alsace n'ont pas désarmé, ils ont imposé la région Grand Est, disparition de l'Alsace. Rideau ! C'était la touche finale, en finir une bonne Fois pour toutes avec l'Alsace et son particularisme. Ils pensent avoir réussi, que les Alsaciens vont se taire, et bien, c'est ce qu'on va voir ! L'Histoire est en marche ! Fondée sur de longues recherches d'archives, l'étude passionnante de Moritz Gerber nous révèle l'autre face de Turenne ainsi que la sombre origine de l'obélisque de Turckheim.

05/2018

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Histoire de France

1918. L'étrange victoire

L'issue de la première guerre mondiale est connue de tous et pourtant, en avançant avec les doutes, les peurs et les tâtonnements des contemporains, Jean-Yves Le Naour relate une année à suspens. Il ravive de sa plume romancée le cours d'une année cahotique qui conduit à l'étrange victoire des Alliés. Au printemps 1918, par trois fois – en mars, avril et mai –, Français et Britanniques ont le sentiment de frôler la défaite. On a l'impression de rejouer septembre 1914 ! On se bat sur la Marne et Paris, bombardé, est en proie à la panique. De tous côtés, les fronts se resserrent : depuis mars 1918, la paix signée avec la Russie bolchevique libère 1 million de soldats allemands sur l'ouest. Une course contre la montre s'engage avec un unique objectif : tenir. En 1918, rien n'était écrit et l'Allemagne pouvait encore l'emporter ! Fidèle aux précédents volumes, ce dernier opus dévoile les coulisses politiques et la cuisine des états-majors en s'appuyant sur des sources inédites : les rivalités entre Pétain, Foch et le Britannique Douglas Haig, les guerres d'ego qui ont paralysé la situation au point de compromettre la défense nationale. Fait nouveau, par rapport à 1914-1917, les militaires sont désormais sous la coupe de Clemenceau et de Lloyd George. "Le Tigre" caresse même le rêve de prendre lui-même le commandement unique du front occidental avant de le faire déléguer à Foch qui déclenche l'offensive finale qui jettera à bas les EMpires centraux. Passant d'un front à l'autre, Jean-Yves Le Naour nous entraîne jusqu'à la victoire en trompe l'oeil, la joie de la paix étant lourde des guerres futures.

10/2016

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Montagne

Les prisonniers de l'inutile. Chamonix années 80

Toni Bernos a fait partie de cette tribu, ces touche-à-tout de la montagne qu'il désigne aujourd'hui comme « les prisonniers de l'inutile ». Dominique Radigue, Bruno Cormier, Martial Moïoli, Bruno Gouvy, Jean-Marc Boivin, Stephane Deweze, Karen Ruby, Benoît Chamoux, Ellika Sindeman, Romain Vogler, Patrick Vallençant, Éric Escoffier,et bien d'autres de ses camarades ont trouvé la mort à force de chercher à repousser les limites. Ils s'étaient lancés corps et âme dans une quête dont ils n'avaient appréhendé ni l'ampleur ni l'issue. Les conséquences furent-elles proportionnelles aux risques engagés ? « Je ne sais pas, écrit Toni Bernos, mais il ne reste plus grand monde pour témoigner ou me contredire. Chanceux, j'ai survécu à des accidents que, maintenant, je peux qualifier de "surréalistes". »Les Prisonniers de l'inutile est un récit d'aventures, une histoire de montagne, d'amitié et d'expériences uniques vécues dans la capitale mondiale de l'alpinisme. Il égrène quinze ans de souvenirs mêlant des joies et des désespoirs extrêmes qui ont conduit Toni Bernos à haïr ce massif du Mont-Blanc autant qu'il l'a adoré.L'intensité des aventures dont il est question n'a d'égale que la singularité de leurs héros. Elles se confondent avec les pages du magazine Vertical que quelques-uns d'entre eux avaient créé.Skieur, alpiniste et parapentiste, Toni Bernos a vécu sa passion de la neige et du rocher jusqu'à manquer se tuer lui aussi. Loin de Chamonix, il s'est construit une nouvelle vie avant d'accomplir son devoir de mémoire. C'est un livre plein d'énergie, de défis, de délires, d'humour et d'émotion qu'il dédie à ses compagnons disparus et à cette époque insensée.

02/2016

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Histoire de France

"Merci d'avoir survécu"

Juillet 1942. À la veille de la rafle du Vel' d'hiv', Henri Borlant et sa famille vivent depuis trois ans dans une bourgade près d'Angers. Émigrés russes d'origine juive, les parents sont avant tout des français, naturalisés par décret peu avant la naissance d'Henri. Le père est tailleur. Ils ont neuf enfants. A la rentrée scolaire ces derniers sont inscrits d'office à l'école libre où ils reçoivent l'enseignement catholique. A la demande de l'abbé qui leur fait la classe, ils sont baptisés. A 13 ans, Henri devient catholique pratiquant. Le 15 juillet 1942 des soldats allemands l'arrêtent, lui, son père, son frère 17 ans et sa sœur 21 ans. Ils sont déportés directement d'Angers au camp d'Auschwitz Birkenau. Henri ne les reverra jamais. Il survit 28 mois à la faim, au froid, aux coups, aux humiliations, à la tuberculose, aux massacres quotidiens et aux fréquentes sélections pour la chambre à gaz. Fin octobre 1944 le camp est évacué vers l'Allemagne à l'approche de l'armée soviétique. D'Ohrdruf, qui dépend de Buchenwald, Henri réussit à s'évader à la veille de l'arrivée des Américains. 15 jours plus tard, il est à Paris où il retrouve sa mère et cinq de ses frères et sœurs. A 18 ans, il surmonte tous les obstacles et démarre ses études secondaires. Deux ans et demi plus tard il obtient son bac et entre à la faculté de médecine. Installé comme généraliste à Paris depuis 1958, il rechute de la tuberculose en 1974. Un long traitement induira un état dépressif. Il entreprend une psychanalyse. En 1992 on lui demande pour la première fois de témoigner. Depuis il n'a plus cessé de le faire publiquement, aussi bien en France qu'à l'étranger.

03/2011

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BD tout public

Magellan. Jusqu'au bout du monde

Magellan, seul contre tous... Alors que l'Amérique vient d'être découverte, que le Pape a divisé le monde entre Espagnol et Portugais et que beaucoup pensent encore que la terre est plate et suffisamment connue, un homme va imaginer qu'il est possible, en partant vers l'ouest, de revenir par l'est. Magellan est pourtant prêt à renier son pays, laisser amis et amour derrière lui, lutter seul contre tous, affronter mutineries, traîtrises, mers déchaînées, faim et maladies meurtrières pour démontrer la justesse de ses idées : effectuer le premier tour du monde. Mais Magellan sait aussi qu'il devra aller jusqu'au sacrifice ultime pour que son rêve se réalise et que jamais son nom ne soit oublié... Les grands explorateurs ont toujours repoussé les limites de notre monde et des connaissances. Souvent en marge de leur époque, trop en avance, extrêmes et écorchés vifs, ils ont ajouté leurs découvertes à la gloire des pouvoirs en place, tout en leur faisant peur... Ce que l'on garde d'eux dans les livres d'Histoire ne correspond pas à la réalité exacte des évènements, mais à une partie de cette réalité, celle qui a pu passer à la postérité. On sait que dans tout événement historique de nombreuses zones d'ombres existent, que ce soit dans le but de simplifier la réalité, pour des raisons politiques ou par manque d'information. Il en va de même dans l'Histoire de l'exploration. En tirant sur les fils de ces zones d'ombres, la collection EXPLORA vous plonge au coeur de la véritable histoire des Grands Explorateurs et de leurs expéditions extraordinaires, dans tous les milieux du globe, sous la houlette de Christian Clot, explorateur et vice-président de la Société des Explorateurs français. Il est aussi le scénariste de Magellan.

03/2012

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Romans historiques

Les flibustiers de la Sonore

"Je retiens mon souffle - Comment lui dire ces années de ténèbres et de feu, l'or jeté à poignées sur les tables de monte, les filles enlevées sur les côtes de Chine, du Pérou, du Chili, et vendues aux enchères sur le wharf de Clarks Point, San Francisco brûlant comme une torche sous les acclamations des fêtards ivres morts, et reconstruite le lendemain sur les cendres brûlantes, et tous ces malheureux qui mouraient par milliers, dans la Sierra lointaine, de faim, de froid, de maladie, fouillant toujours plus loin, à la recherche du mother Iode, avec dans les yeux des rêves de terre promise : tant de misères, et tant de démesure ! Oui, comment lui dire le vent du désert, la course des chevaux, le "you you" des Indiens, et cette fièvre, aussi, cette fureur qui nous précipita, la tête embrasée de chimères, dans le Sonora inconnu ? Des montagnes d'or en plein royaume apache, divaguaient les soldats, un monde à conquérir, où tout recommencer ! Et nous, pauvres fous, si sûrs que l'univers entier tenait dans le cieux de nos mains..." 29 octobre 1850 : la Californie de la ruée vers l'or fête son entrée dans l'Union. Un volcan en éruption, où se mêlent hors-la-loi, mystiques rêvant de Nouvelle Jérusalem, et révolutionnaires en déroute, venus de toute l'Europe. ... Parmi eux, des milliers de quarante-huitards, fuyant la répression ou tout simplement déportés. Les Américains s'inquiètent : s'agit-il d'une invasion ? Les Français tenteront de prendre la Sierra Nevada et d'y faire vivre leur utopie, avant de partir à la conquête de la Sonore mexicaine, sous la direction d'un comte romantique et dandy. Une formidable épopée, restée jusqu'ici inédite, et, avec elle, le retour au vrai roman d'aventures !

10/1998

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Esotérisme

Maître d'équerre. Petit livret à l'usage des maîtres qui s'accomplissent

Le troisième degré, grade de maître, réalise une coupure définitive entre la maçonnerie de métier des deux premiers degrés et la maçonnerie des futurs hauts grades dont la maitrise constitue la racine. Le maçon change au troisième degré, avant de changer de plan. Il passe de l'équerre au compas. Il commence à s'élever au-dessus des contingences terrestres et matérielles pour pénétrer dans les sphères plus hautes de la connaissance spirituelle, dans un double espoir, celui de retrouver la parole perdue et celui de l'instauration du Saint Empire. Il faut donc bien se rendre compte qu'il s'agit avant tout d'un travail sur soi, en soi, qui n'est pas une simple transmission mais une vraie création enrichie, une conversion à un monde intérieur aboutissant à réorienter son regard. C'est un art augmenté d'une pratique vertueuse et spirituelle pour une ascension progressive et permanente. Un maçon ne doit jamais être indulgent avec lui-même et ne peut pas se contenter de l'ordinaire. Le Rite Ecossais Ancien et Accepté (R.E.A.A.) offre une richesse quasi inépuisable d'inspiration et de réflexions car il a été construit selon une lente et réfléchie maturation en trente-trois degrés. La promesse de l'Ecossisme est de combattre avec foi les forces d'entropie négatives qui créent la disharmonie comme la disparition du savoir et du bien-faim. Ce livre tente de clarifier certains points, au troisième degré pour le R.E.A.A., et donne une esquisse de philosophie générale afin d'en faire profiter les maçons qui veulent donner de leur temps pour se perfectionner. Un maître doit toujours se perfectionner, chercher, comprendre et s'améliorer, et faire que son travail ne s'arrête jamais car rien n'est acquis et tout se perfectionne.

02/2019

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Littérature étrangère

Rêveurs

Avec Rêveurs, nous faisons connaissance avec Ove Rolandsen, frère d'âme de Johan Nagel de Mystères, de Thomas Glahn de Pan. Comme eux il est fantastique, inventif, imprévisible et surtout rêveur. Comme eux, il est accordé à la nature et au rythme des saisons. Il est épris de l'amour et fasciné par les femmes, que ce soit la toute jeune Olga ou sa fiancée, la gouvernante, personne de tête, ou l'épouse du pasteur qui, par certains côtés, ressemble à Ove. Mais ce sera devant la fille de Mack, le grand commerçant, qu'il perdra la tête, et peut-être ne sera-t-elle pas insensible à ce diable d'homme, sauvage, hâbleur, bagarreur et musicien. Mack, le seigneur des lieux, personnage plus familier dans le monde hasmunien, inquiet de sa réputation d'homme riche, n'hésitera pas à récompenser le voleur de son coffre, à condition qu'il avoue son forfait, montrant ainsi sa puissance et sa grandeur d'esprit. Ce qui fait de Rêveurs ou roman à part, c'est l'aspect souriant, la bonhomie, l'humour. C'est sans doute ce qui rend Rolandsen si sympathique, car s'il va jusqu'au bout de ses calculs matériels et sentimentaux, il se prendra sans le vouloir à leurs pièges. Il s'est joué la comédie de la grandeur et de la passion fatale, il a perdu, mais nous y gagnons un chef-d'oeuvre au pastel. Né en 1859 en Norvège, Knut Hamsan était fils de paysans et autodidacte. Il émigra aux Etats-Unis à deux reprises, puis revint en Norvège où en publiant La Faim, il acquiert une notoriété internationale. Il obtient le Prix Nobel en 1920. Il est décédé en 1952. Traduit du norvégien par Régis Boyer.

10/1994

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Animaux, nature

Du tigre à l'ours. Souvenirs de la forêt tropicale Java, Sumatra

"Lentement, les ombres montaient de la forêt, et avec elles s'installait l'obscurité. Haut dans le ciel, deux oiseaux passèrent à tire d'aile ; dans la forêt, on entendait les chamailleries des singes se disputant les places dans leurs arbres à sommeil. Il y avait peut-être dix minutes que nous étions ainsi étendus dans l'eau lorsqu'un bruit singulier nous fit sursauter. Cela semblait venir de tous les côtés à la fois, très près de la terre. C'était incertain, sinistre, menaçant. Cela commençait par une sorte de ronronnement sourd, monotone, mélancolique, et montait jusqu'aux sons les plus hauts, se terminant par un cri suraigu et déchirant : "Ha... uhbbbb... ha... uhbbbb. . ". "Nous bondîmes sur nos fusils, après un bref coup d'oeil échangé. Puis nous essayâmes de démêler d'où venait le son. C'était fou, mais, malgré toute notre expérience, aucun de nous n'était capable de déterminer la direction d'où il provenait, pas même si c'était à côté de nous ou beaucoup plus loin. C'était le cri de chasse du tigre royal, toujours maître de son temps et qui ne se donne pas la peine d'aller à la recherche de sa proie". Ton Schilling a rencontré un vieux forestier hollandais qui a passé sa vie aux Indes néerlandaises. Il lui a confié ses souvenirs de chasse à Java et Sumatra. Avec Hasim, son fidèle pisteur local, le forestier a traqué le seigneur tigre, l'éléphant de forêt, le sanglier et le muntjac, petit cervidé des îles de la Sonde. Il partit aussi à la recherche des dragons de Komodo. Une vie rude et solitaire à laquelle la chasse donna tout son piment.

03/2016

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Littérature française

Mes années cabossées (1945-1957)

Dans Ma drôle de guerre à 18 ans et dans Gen Paul à Montmartre, Chantal Le Bobinnec avait raconté son passé tumultueux. Mais demeurait une zone d'ombre entre son retour d'Allemagne en 1945 et sa rencontre, dans les années 1950, avec le peintre Gen Paul et sa bande. Après les années de l'Occupation et de la guerre, voici les années grises, années de pénurie où la France a froid et faim. Cabossée par la vie, n'ayant ni métier ni relations, Chantal tente de survivre. Les petits boulots vont se succéder, rebutants, mal payés : laveuse et peigneuse de queues de cheval, manutentionnaire en tout genre... S'y ajoutent un climat de jalousie entre employées, mais aussi les privautés que s'arrogent patrons et contremaîtres. Se loger n'est pas simple non plus. C'est souvent une chambre d'hôtel au confort spartiate. Quant à la nourriture, c'est une idée fixe à une époque où les tickets de rationnement ont toujours cours. Les loisirs se réduisent à une séance de cinéma où l'on cherche un semblant d'intimité. Mais les galants sont rares, peu fortunés, les liaisons fugaces et sans lendemain : Marcel, baptisé " Gros Nounours ", " le Grizzli ", Michel, un homosexuel, Lucien, Ramon... Dans une telle situation, comment bâtir un projet de vie, élever un enfant ? D'où la peur des grossesses intempestives qu'on doit assumer tant bien que mal. Pourtant, tout n'est pas désespéré et Chantal, forgée aux épreuves, reste incorrigiblement optimiste. Pour éclairer son quotidien monotone, elle apprend la guitare, rencontre Alexandre Lagoya et Ida Prestli et, par leur entremise, découvre Le Lapin agile, et bientôt Gen Paul. Montmartre, dès lors, est son oxygène, son refuge, dont elle donne, au final, quelques savoureux tableaux.

06/2014

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Histoire internationale

Commandant Si Lakhdhar Bouchema, 1931-1960. Armée de Libération Nationale (Wilaya IV-Algérie)

Dès 1957, Si Lakhdhar Bouchema. alors jeune lieutenant, nous disait que le temps des armes était terminé et qu'il fallait passer au dialogue, afin d'arrêter au plus vite les massacres : " Les meilleurs d'entre nous sont déjà tombés au combat ! ". nous disait Si Lakhdhar. Quand, en 1959-1960, le général de Gaulle a parlé de " la paix des braves ". Si Lakhdhar, comme la grande majorité des " jounoud " de l'Armée de Libération Nationale (A.L.N.), ces termes " Paix des braves ", il les a reçus comme une insulte. Lorsque le général de Gaulle a lancé l'idée d'une " autodétermination ". la réaction fut tout autre. Il fallait tout faire afin de savoir ce que le chef de l'Etat français entendait par " autodétermination ". Serait-ce un premier pas vers l'indépendance, ou alors cette formule cacherait-elle un nouveau piège ? Il fallait tout faire pour voir clair et essayer d'avancer vers la Paix. Ainsi des officiers de l'état-major de la Wilaya IV allaient-ils risquer leur vie pour construire une paix véritable dans l'indépendance de leur patrie. Ainsi le capitaine Si Ahd-el-Latif. les commandants Si Halim, Si Lakhdhar, Si Mohammed et le colonel Si Salah chercheront-ils à connaître la pensée du général de Gaulle. Trois d'entre eux, Si Salah, Si Lakhdhar et Si Mohammed iront le rencontrer à Pans. A leur retour, ils seront exécutés par des militaristes sans formation politique. Le colonel Si Salah, à cause de son grade et en tant que responsable de toute la Wilaya IV, sera envoyé à Tunis. en principe pour être jugé par le GPRA. en réalité pour être protégé par ses amis du massacre déjà commencé en Wilaya IV. En chemin, il mourra au combat.

09/2010

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Histoire internationale

Naples, 1343. Aux origines médiévales d'un système criminel

En 1343, un navire génois, empli de vivres, est intercepté dans le port de Naples par une population affamée agissant sous la conduite de membres de familles nobles. Le capitaine est sauvagement assassiné et la cargaison du navire est détournée. En 2005, dans la province de Naples, trois jeunes hommes menottés sont tués d'un coup de revolver dans la tête devant les portes d'un collège. Quels sont les liens entre ces deux faits divers, l'un et l'autre tristement banals rapportés à leur époque (dans un cas une révolte de la faim, dans l'autre un crime de la Camorra) ? Y en a-t-il même au-delà de leur localisation - mais n'est-ce déjà pas beaucoup quand le lieu en question, Naples, est connu pour être celui du crime organisé et de l'épanouissement d'un système clientéliste mafieux ? Amedeo Feniello invite le lecteur à revisiter l'épisode de 1343 comme étant révélateur de l'identité même de la ville, de la conception d'une "nation napolitaine" spécifique dont les origines sont à rechercher au XIIe siècle, lors de l'annexion de Naples par les Normands. L'intégration au royaume normand de Sicile s'est faite en effet au prix de la concession de larges pans du pouvoir souverain aux cinquante-sept grandes familles napolitaines, créant ainsi une structure politique divisée en parcelles rattachées à un territoire et marquées par une solidarité et un honneur propres. Cette appropriation clanique de la ville, devenue structure mentale, est liée à la vie la plus profonde de cette cité, à son imaginaire le plus archaïque, à sa part maudite, qui s'exprime aujourd'hui comme hier, en 2005 comme en 1343...

05/2019

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Littérature étrangère

Perlefter, histoire d'un bourgeois

Il est aussi rare de trouver des inédits de grands écrivains disparus que des textes de grands auteurs étrangers qui ne soient pas encore traduits. Ces deux éléments sont exceptionnellement réunis dans ce volume qui rassemble un roman inachevé de Joseph Roth, exhumé en 1978, soit près de quarante ans après sa mort, et huit nouvelles qui n'ont encore jamais paru en français. C'est dire l'importance de cet ensemble, qui vient enrichir l'oeuvre de l'un des romanciers majeurs du XXe siècle. Perlefter, histoire d'un bourgeois est le portrait éblouissant d'un conformiste. Homme tiède, hypocrite, incapable d'aimer ou de haïr, égoïste, pingre et pétri de peurs, cet affairiste se montre prêt à toutes les compromissions dès lors qu'elles servent ses intérêts. Il sait s'adapter à tous les régimes, la monarchie comme la république, mais redoute la révolution et toute forme de désordre susceptible de nuire à sa réussite. Perlefter est le prototype de ces opportunistes qui, le moment venu, soutiendront sans scrupules Hitler et son régime. Roman politique et social, Perlefter, histoire d'un bourgeois offre une fascinante étude de caractères, comme chacune des nouvelles ici magnifiquement restituées par Pierre Deshusses. On y retrouve l'une des caractéristiques de Joseph Roth : la nostalgie d'un monde perdu, avec cette tension constante entre le passé et le présent. Mais si l'auteur de La Marche de Radetzky refuse l'exaltation du progrès et de la modernité, il n'idéalise pas pour autant cet univers disparu et fait preuve à son égard d'une grande lucidité critique, y décelant des germes de violence et de brutalité annonciateurs du pire. La force de ces récits tient aussi à l'écriture de Roth : ce style si particulier et si bien rythmé où alternent évocations sensorielles et pointes philosophiques, satire et paradoxes.

09/2020

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Histoire internationale

Les Républicains espagnols à Rivesaltes. D'un camp à l'autre, leurs enfants témoignent (janvier 1941 - novembre 1942)

A partir de janvier 1941, des familles de républicains espagnols arrivent au camp de Rivesaltes. Un camp de plus sur leur long parcours d'indésirables. Pendant toute l'existence du camp, les Espagnols représentent toujours plus de la moitié des effectifs des internés. Longtemps passé sous silence, cet enfermement de familles entières resurgit ici dans les mémoires et dans l'histoire. Si les hommes sont incorporés dans les groupements de travailleurs étrangers (GTE) mis en place par le régime de Vichy, femmes et enfants restent confinés dans ce lieu inhospitalier, glacial en hiver et torride en été, où règnent la promiscuité, l'insalubrité et la faim. Où la mort rôde, notamment autour des enfants les plus jeunes, malgré l'aide apportée par des oeuvres d'assistance dépassées par l'ampleur de la tâche. Sur les chemins de l'exil depuis 1939, parfois depuis plus longtemps, ces familles espagnoles ont connu les aléas de centres d'hébergement répartis sur tout le territoire puis les camps lorsque ces refuges ferment. Ces femmes et ces enfants sont alors transférés à Rivesaltes, surtout lorsque le camp d'Argelès est évacué suite aux inondations de l'automne 1940. Si le camp de Rivesaltes n'est pas le premier pour les réfugiés espagnols, il n'est pas non plus le dernier, puisqu'ils seront pour beaucoup transférés à Gurs en novembre 1942. Certains connaissent ainsi de multiples camps entre 1939 et 1944, transférés sans cesse de l'un à l'autre. Douze témoignages émanant de cinq femmes et de sept hommes, nés entre 1924 et 1939, évoquent cet univers d'enfermement et d'arbitraire. Ils sont présentés, contextualisés et mis en perspective par une historienne spécialiste de l'exil républicain espagnol.

08/2020

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Religion

Une famille juive du temps de l'exode

L'exode, juin 1940. Yvonne Dockès n'a pas vingt ans. Avec ses parents, elle quitte les Vosges pour rejoindre Nîmes dans le Sud de la France. Tous trois voyagent deux jours durant dans leur Citroën, atteignent la Haute Loire et s'arrêtent à Saugues. Pour Yvonne et sa famille, cet arrêt dû au hasard, imposé par la débâcle, dure quatre mois, de juin à octobre 1940. Yvonne écrit alors 150 recettes d'une écriture dense et régulière dans un petit carnet. Celui-ci va l'accompagner tout au long de son existence, un repère, un guide. Que s'est-il passé pour qu'Yvonne ait été prise par l'envie d'écrire ? Est-ce pour ne pas oublier, conserver un héritage menacé de disparaître. Fragments de récits d'une famille juive alsacienne, lorraine. Dans l'exil, la mémoire des nourritures familiales reste un ancrage face au désarroi et à la faim. La cuisine, héritage transmis cahin-caha sur plusieurs générations devient matrimoine, une langue mémoire, un grenier à souvenirs pour faire face au chaos du présent. Entre cuisine juive et autres inspirations, nous entrons dans le récit de familles juives ouvertes sur le monde, transportant leur histoire sans dénégation, ni enfermement. Cet ouvrage raconte l'histoire d'une famille juive alsacienne, lorraine patriote qui doit quitter sa région, est soumise aux lois de Vichy et survit en se réfugiant dans un village cévenol. A travers le chaos, la guerre et la Résistance, cet essai transmet un témoignage et un message pour les générations futures. Il traduit les mutations du judaïsme français à travers trois guerres, les déambulations à la suite de la spoliation de biens et du déracinement. La transmission de la mémoire familiale, des rituels et des savoir-faire au féminin contribuent à cette attention à la vie et jouent une large place dans cette destinée familiale.

02/2017

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Actualité et médias

Volonté de changement au Zaïre. Tome 1

Depuis le 24 avril 1990, quelque chose a changé au Zaïre. Le monolithisme du MPR, Parti-Etat, a volé en éclats, faisant place à une myriade de vrais et faux partis d'opposition dont quelques-uns plus "durs" posent le départ du Président-Maréchal Mobutu Sese Seko comme préalable à une ouverture démocratique véritable. En fait, tout a commencé avec les Consultations Populaires — cahiers de doléances recueillies de janvier à mars 1990 — qui ont proclamé le rejet massif du mobutisme. Attaqué dans ses fondements, le régime a opéré une de ses volte-face dont il a l'habitude : ce sera le Discours du 24 avril, neutralisé aussitôt par les "clarifications" du 3 mai 1990. Multipartisme à 3 puis intégral, "Mobutu se retire ! " puis "Mobutu revient ! " puis disparaît encore, "Conférence Constitutionnelle" puis "Conférence Nationale", cette "progression" par à-coups est aussi le résultat de la pression tant intérieure qu'extérieure sur le régime autocrate. Toute cette année 1990-91 parcourue de tergiversations et de manoeuvres dilatoires va être tachée de sang : Lubumbashi, Kinshasa, Mbuji Mayi, Lueno, où périssent étudiants, émeutiers de la faim, "combattants" des partis UBPS et UFERI... L'économie du pays est "sinistrée" ; les 2 gouvernements de transition successifs sont incapables de juguler l'inflation de... 700%! Les alliés traditionnels marquent le pas : pas de démocratisation, pas d'argent ! La "Conférence Nationale" entre les parties est d'ores et déjà, dans sa majorité, acquise au régime grâce à une corruption généralisée à tout le pays. Repoussée à plusieurs reprises, n'est-elle pas l'un de ses pièges renouvelés dans lesquels le Congo-Zaïre a été précipité sans cesse depuis 1960 ? De l'indépendance piégée, va-t-on à la démocratie piégée que la rue désigne déjà comme la "démocrature"?

04/1991

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Techniques d'écriture

Ecrire, écrire, écrire

Je me retourne et parcours la distance qui me sépare de cette enfant à la frange blonde. Je la vois qui écrit. Elle forme des lettres. Sa chaise est serrée contre la table ronde de la salle de classe, non loin de la fenêtre qui donne sur la cour de l'école entourée d'une haie et d'une grille et remplie d'enfants qui jouent. Elle est seule assise dans la salle commune, elle se rapproche encore de la table en tirant sa chaise. Les avant-bras posés. Le corps penché, le dos rond. Elle forme des lettres, lentement. Où commence l'écriture ? Dans quel endroit de l'enfance, dans quelle partie du corps (est-ce la main crispée sur le stylo ou le cou penché sur le cahier ? ) ou de l'espace (contre la table ? dans la lumière ? dans la pénombre ? ), dans quel lieu de l'imaginaire, dans quelles histoires, quels personnages ? Et de quoi se nourrit-elle ? de souvenirs, de mémoire, de rencontres, des autres, des oeuvres anciennes ou contemporaines, des livres ? L'écriture est d'abord un geste par lequel on tente de saisir le réel qui parfois se dérobe ou se brouille ? Ou bien tente-t-on de le fuir ? C'est un souffle qui emporte, un élan ? ou le retrait en soi le plus profond ? En une série de courts chapitres, Sally Bonn décrit des pratiques concrètes et les objets de l'écriture, visite des musées ou des pièces d'écrivains (Proust, Walser, Mallarmé) et regarde des images ou des graffs à la recherche de ce qu'elle pense être le secret de l'écrit. Et ainsi nous donne-t-elle à son tour la trace la plus fragile et la plus sensible qui soit : le livre.

02/2022

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Couple, famille

Dîners en ville, mode d'emploi. L'art de se passer les plats

"Je hais les dîners, je n'y vais jamais" , assure Jean d'Ormesson, un des invités les plus courus de Paris. C'est un classique : grands dirigeants ou artistes en vue, tous se défendent d'en être. Quand on veut torpiller un adversaire, on lui reproche de trop les fréquenter. "Alain Juppé, c'est la politique des dîners en ville" , a dit Henri Guaino. Dîner en ville, ce serait dîner utile. Alors les dîners en ville, ce sont ceux des autres, les nôtres seraient de simples "dîners de copains" . Ne pas dîner fait partie des règles des dîneurs. Non sans humour, cet ouvrage recense les codes non écrits des dîners parisiens (ne pas dîner avec des gens avec qui on pourrait déjeuner, ne pas parler business même si on est là pour ça, mélanger "un peu tout le monde" à sa table...), les faux-pas des débutants (inviter des gens qui font le même métier, apporter du vin...) et les formules magiques ("appelle-le de ma part" , "ça ne sort pas de cette table... "). Moitié anthropologie divertissante, moitié guide pratique, Diners en ville s'appuie sur une soixantaine d'entretiens (dîneurs en vue, sociologues, observateurs étrangers...) et sur des reconstitutions de dîners mémorables - de celui où Carla Bruni rencontra Nicolas Sarkozy à ceux qui jalonnèrent l'ascension d'un Emmanuel Macron qui "ne mangeait jamais seul" . On y croise cet auteur de best-sellers qui comptabilise le nombre de couverts qu'il sert chaque saison ou cet escroc sorti de prison resté un invité très prisé. On en retient que la clé d'un dîner réussi est une question de réseau, pas d'assiette. Et que si les codes ont changé, le dîner en ville est loin d'être une pratique vieillotte et dépassée.

10/2017

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Psychologie, psychanalyse

Une vie à soi

Ce livre a été écrit, il y a plus de cinquante ans, par une jeune femme qui le publia sous le pseudonyme de Joanna Field. Marion Milner qui n'était pas encore la grande psychanalyste qu'elle est devenue, auteur de ce beau livre qu'est Les mains du dieu vivant, tenait depuis l'âge de vingt-six ans son diary où elle consignait ce qu'elle croyait être "la meilleure chose de la journée" et entretenait l'espoir d'y découvrir "ce qu'elle désirait vraiment" . Curieuse tentative que ce journal et le livre qu'il inspira ensuite. L'auteur jouit d'une bonne santé, à des amis et un métier intéressant. A peine souffre-t-elle de difficultés de concentration. Elle est bien dans la vie, mais voilà, ce n'est pas la sienne. Elle se sent à côté d'elle-même. Alors elle établit des listes - ce que j'aime, ce que je hais, ce qui me fait peur...; elle écrit ses pensées sans contrôler leur direction; elle explore les moments où le plaisir vient et disparaît; parfois elle part d'un mot qu'elle laisse dériver selon la phonétique. Le lecteur accompagne la jeune femme dans sa quête incertaine et son enquête attentive, obstinée. Il est rare de voir quelqu'un rapporter pas à pas comment il a découvert l'existence de l'inconscient, ici partout à l'oeuvre sans être nommé, ou de la bisexualité, ou encore de ce que Conrad appelait l'élément destructeur. C'est une personne bien attachante qui se profile dans ce journal d'une âme, fraîche et franche. Comme on dit familièrement, Marion Milner, c'est quelqu'un. Et, pour paraphraser Freud, quand quelqu'un écrit, sans se cacher derrière les mots, et seul dans sa nuit, il fait clair.

04/1988

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Sociologie

Nous, Noirs américains évadés du ghetto

Le 30 juillet 1972, un avion américain qui allait de Detroit à Miami fut détourné par cinq américains (trois hommes et deux femmes) accompagnés de leurs enfants. L'avion fut détourné sur Alger où ils débarquèrent avec le million de dollars qu'ils avaient obtenu de la compagnie aérienne pour le donner aux Panthères noires. A l'automne 1978, va s'ouvrir à Paris le procès de quatre d'entre eux, arrêtés en France où ils avaient cherché refuge.
Ils se sont mis à écrire, en prison, le quadruple récit d'une jeunesse humiliée : la misère du ghetto, les couples qui se défont, l'alcoolisme, les taudis où courent les rats, la faim, les chapardages et l'engrenage de la délinquance. Partout à l'école, au pénitencier, au service militaire, au travail (quand ils en ont), ils se heurtent au mépris, au harcèlement policier, à l'injustice. Ces Noirs américains se sont rencontrés dans un même refus de vivre à genoux et ils ont décidé de s'évader ensemble du ghetto vers l'Afrique dont ils rêvent.
Mais les Panthères noires sont en pleine crise. Ils quittent l'Algérie pour la France. Ils commençaient à y être heureux... En prison maintenant, inculpés pour avoir détourné un avion aux Etats-Unis, chacun d'entre eux témoigne avec ses souvenirs. Et ils espèrent, car, s'ils ont recouru au chantage, c'est parce qu'ils n'en pouvaient plus de vivre dans la violence et le mépris. Ils ne justifient pas leur acte.
Mais ce qu'ils ont vécu est leur meilleure défense, et le plus terrible des réquisitoires contre le racisme aux Etats-Unis, cette honte que d'autres hontes ne doivent pas faire oublier.

11/2020

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Religion

L'histoire de toute ma vie. Autobiographie d'un potier d'étain calviniste du XVIIe siècle

Né à Obernai (Alsace), en 1596, dans une famille d’artisans aisée et en vue, Augustin Güntzer est éduqué dans la confession calviniste. À 19 ans, après un apprentissage chez son père, potier d’étain, il entreprend à pied un premier voyage de compagnon. Pendant quatre ans, il parcourt l’Allemagne et l’Italie, poussant jusqu’à Sienne et Rome où il découvre les moeurs des «papistes ». Un second voyage d’un an et demi le conduit en Lettonie, au Danemark, en Angleterre et en France. Ces pérégrinations l’exposent à la faim et au froid, aux bonnes et aux mauvaises rencontres. À son retour, refusant d’abjurer sa foi, il quitte Obernai, se fixe à Colmar où il épouse une veuve fortunée de l’élite protestante. Mais la guerre de Trente Ans fait rage, Colmar est pris par les impériaux, catholiques, et seul l’exil sauve les protestants de la conversion. Augustin Güntzer émigre alors à Strasbourg, où il se débat dans les difficultés matérielles, s’engage comme artilleur et voit mourir sa femme et son fils. Une fois Colmar repris par les armées protestantes, il s’y réinstalle, mais souffre du cantonnement des soldats dans sa maison, du manque de pain, des violences faites à ses filles et du mépris de ses congénères luthériens. À bout de forces, il se réfugie à Bâle, où il survit comme confiseur et marchand ambulant. Supplicié par des maux physiques qui se succèdent depuis l’enfance, il endure de surcroît l’effondrement de ses biens, de son statut social et de ses réseaux de parentèle pour n’avoir jamais renoncé à sa foi, ferment de son existence. Il écrit alors l’histoire de sa vie, où il rend compte à ses enfants de ces déclins et proclame son indéfectible croyance.

06/2010

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Beaux arts

Karem Arrieta. Edition bilingue français-anglais

Le temps ne s'égrène pas linéairement dans les toiles de Karem Arrieta. Il est cyclique ou revient comme un boomerang. Les époques se mêlent et s'effacent. Des spectres de l'Histoire de l'art passent, tout droit sortis de la Renaissance italienne ou flamande. Chérubins joufflus et moqueurs et autres putti à l'air goguenard. Femmes à la chevelure flamboyante et aux robes de velours échappées d'un Cranach. Ils sont les anges gardiens qui auréolent les bambins. Avec ces références, Karem Arrieta brise la chronologie et se place dans l'Histoire de l'art. Une histoire écrite par et pour l'Europe, dont les références ont infusé les cultures autochtones de l'Amérique latine, dans un syncrétisme parfois anachronique. "Notre appartenance au monde des images est plus forte, plus constitutive de notre être que notre appartenance au monde des idées." (Gaston Bachelard) / Time does not pass linearily in Karem Arrieta's artwork. It works in cycles, or comes back like a boomerang. Eras mingle and fade. Ghosts from the history of Art are passing by, coming straight out of the Italian or Flemish Renaissance. Chubby cherubins and classical "putti" with mocking eyes. Women with flamboyant hair in their velvet dresses, coming out of a Cranach. They're the guardian angels that crown their children. With these references, Karem Arrieta breaks free from the chronology and places herself in the history of Art—history written by and for Europe, and whose references influenced native cultures in Latin America, in a syncretism that can sometimes be anachronical. "Our belonging to the world of Images is stronger, more constituent to our being, than our belonging to the world of Ideas." (Gaston Bachelard) Barbara Tissier.

11/2019

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Histoire de la philosophie

Avoir. Sur la nature de l'animal parlant

Le verbe 'Avoir' est au coeur de notre langage. Nous disons continuellement que les êtres humains ont des pensées, des désirs, des douleurs, des expériences, des biens ou encore qu'ils ont peur ou faim ou soif. Qu'entendons-nous par là ? Quelles implications se cachent derrière ces phrases si familières ? En suivant les aventures de l'avoir, Paolo Virno nous entraîne dans un voyage dense et suggestif à l'intérieur de la nature du langage, à travers laquelle transparaît celle de l'humain. Celui qui a quelque chose ne se confond jamais avec la chose qu'il a. Et si nous avons la chose c'est parce que nous ne sommes pas cette chose-là. L'animal parlant ne coïncide pas avec l'ensemble des facultés, dispositions et expériences qu'il a et qui pourtant le distingue des autres êtres vivants. Cet écart, ce détachement, cette distance entre ce que l'on a et ce que l'on est nous fait réfléchir sur nous-mêmes, sur ce que nous pensons et ce que nous faisons et dont nous avons conscience. Mais c'est aussi par là que nous sommes libres d'abandonner ce dans quoi nous ne nous reconnaissons plus, et de désirer ce que nous n'avons pas encore : un ami intime, une vie plus gratifiante, une communauté à laquelle on appartient. Paolo Virno enseigne la philosophie du langage à l'Université Rome 3. Outre ses récents écrits sur la négation (Essai sur la négation, 2016) ou sur la régression à l'infini (Et ainsi de suite, 2014), un ensemble de ses textes écrits sur près de quarante années a été rassemblé sous le titre L'Usage de la vie et autres sujets d'inquiétude, aux ¬Editions de l'éclat en 2016.

09/2021

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Littérature française

J'étais un jeune homme étranger…

En 1984, Ugo Ferraris-Pesci, mon père, alors dans sa soixante-quinzième année, entreprend d'écrire son histoire de jeune immigré italien. Il tient à laisser le témoignage de ce qu'ont été les vicissitudes de sa vie et les combats qu'il lui a fallu mener. Pour survivre d'abord. Car il a traversé deux guerres mondiales, et a été très pauvre, à l'époque où la protection sociale n'existait pas. Il a eu faim, il a eu froid, et il a été humilié. Et puis pour parvenir à se hisser, à force de courage et de persévérance, de sa condition d'enfant de treize ans brusquement arraché à son sol natal, à l'école, et propulsé dans le monde du travail en pays étranger, sans aucune formation, sans même parler français, jusqu'à son statut d'ingénieur, polyglotte et très cultivé, tant d'arts et lettres que de sciences. Il a été aidé par quelques bonnes rencontres, des tuteurs de résilience, comme le dit Boris Cyrulnik, mais surtout par le Conservatoire National des Arts et Métiers, dont il a suivi avec assiduité les cours du soir pendant les années de guerre, parfois dans les pires conditions. Son témoignage montre l'ampleur des progrès accomplis, entre sa jeunesse et celles d'aujourd'hui, tant par le développement des sciences et des techniques que par celui de ce qu'il est convenu d'appeler l'Etat-providence. Mais il met aussi en relief tout ce qui manque encore à notre société, "? restée très inégalitaire ? ", disait-il, pour que chacun de ses enfants, natif ou d'adoption, puisse exprimer, comme il l'a fait lui-même, les talents dont il est porteur.

08/2021

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Littérature étrangère

La guerre dans le sang

Vingt ans après la conquête du Mexique, Hernan Cortès, écarté du pouvoir, a été remplacé par un vice-roi. Les "conquistadores" ont épousé des Indiennes et ces unions ont porté leurs premiers fruits. Mais les métis sont tiraillés entre leur double origine, la guerre est dans leur sang : il faut choisir d'être Indiens ou Espagnols. Tel est le drame de Rodrigo, fils d'un compagnon de Cortès et d'une princesse indienne, petite-nièce de Montezuma. Affecté d'un violent complexe d'Oedipe, c'est le sang de sa mère que choisit Rodrigo. Il participe à la "résistance" indienne contre le conquérant, fréquente les réunions du culte des dieux aztèques, épouse secrètement une Indienne et va jusqu'à sacrifier une victime sur l'autel du dieu barbare avec le couteau d'obsidienne. Passé aux insurgés au cours d'une révolte, il finit par tuer son propre père. A ce drame principal se mêlent d'autres intrigues tout aussi riches de signification : le mariage d'un Juif avec une fille du grand Cortès ; le drame de la soeur de Rodrigo, qui, elle, ressemble à son père ; le supplice de l'oncle des deux métis, qui meurt brûlé vif pour être retourné au culte des ancêtres. C'est une fresque magistrale, aux couleurs violentes, que l'auteur a brossée, en s'appuyant sur une information historique considérable. Nous voyons vivre, s'aimer, s'affronter, se haïr et se tuer deux races qui n'ont pas réussi, en mêlant leur sang, à unir leurs coeurs et leurs croyances. Ceux qui ont aimé Coeur de jade retrouveront dans ce nouvel ouvrage la maîtrise de Salvador de Madariaga, qui sait faire revivre les premières années de la domination espagnole et nous introduire au coeur des difficultés politiques et humaines qu'elle a tout de suite connues.

06/1958

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Littérature française

Le dompteur du temps

"Fuir, fuir ce bâtiment gris. Silence dehors, dedans, partout. Nuit de lune. M'évader, courir dans les bois pour que les branches me giflent les joues, que mes pieds trébuchent dans les trous et que je saute par-dessus les troncs morts. Traverser le ruisseau, les pieds dans l'eau jusqu'aux mollets. M'arrêter pour écouter l'eau chuchoter, sentir le froid conquérir mes jambes. Avoir mal d'écorchures, avoir soif, avoir faim. Bouger, courir vers le carrefour des herbes et du ciel. Me sentir vivre. Me retrouver". A travers les tribulations d'un amnésique échappé d'un hôpital, en quête de lui-même, c'est un questionnement sur l'identité, sur le temps qui passe que propose ce livre. Par les chemins, en bateau, à cheval et au travers de rencontres improbables mêlées à une histoire d'espionnage, le personnage de ce roman, volontaire et facétieux, s'interroge sur le sens de la vie, de l'amour, de la mort. Entre le Berry et les montagnes du Grand Caucase, en passant par les ports de Porto au Portugal et de Sczeczin en Pologne, ce héros aux quatre noms nous entraîne dans une aventure pleine de rebondissements, de rencontres, d'évènements imprévus. Un roman où l'action est soeur de la pensée. Ce sont ses différentes situations professionnelles au sein d'institutions françaises et internationales qui ont conduit Hervé Barré à fréquenter les milieux interlopes et à découvrir les arcanes de la géopolitique. Alain Fournier, Patrick Modiano, Fernando Pessoa ou encore Arthur Rimbaud et Hugo Pratt, sont parmi les auteurs et poète qui ont compté dans sa formation littéraire. Il est aussi l'auteur de nouvelles non publiées qui révèlent un humaniste universaliste.

06/2021