1915, Bursa, une ville de l'ancien Empire ottoman. Anouch est une enfant parmi tant d'autres, au sein de sa famille, mais aussi au sein d'un peuple qui sera chassé et traqué. L'école, les amis, tout cela disparait avec la déportation, remplacés par la famille, la faim, la survie… Un texte poignant basé sur des témoignages de rescapés qu'une écriture délicate nous transmet de façon respectueuse, sans voyeurisme et détails sordides.
est un roman à la première personne qui raconte le périple d'une jeune fille arménienne dépassée par les évènements politiques. Bien que fictif et empreint d'une pointe de poésie, ce récit revient sur le génocide bien réel du peuple arménien par le gouvernement turc : comment, lorsqu'on a treize ans peut-on quitter sa maison, voir sa famille souffrir et périr ? Comment devenir quelqu'un lorsque toute sa vie on apprend à se cacher d'un ennemi que l'on n'identifie pas ?
Loin de nous développer les atrocités de la guerre et de pointer du doigt l'inhumanité des uns envers les autres, Roland Godel, l'auteur, nous propose de voir à hauteur d'enfant ; voir à travers les yeux d'Anouch la beauté des paysages, la bonté des gens rencontrés, la volonté de vivre et aimer malgré tout, rester humain et grandir tant qu'il y a de l'espoir. Et cet espoir, c'est la jeunesse, celle qui porte les souvenirs des oubliés pour justement veiller à ce qu'aucune erreur du passé ne soit niée et perpétuée.
C'est leur voix qui résonne à présent afin de rendre justice au passé.
Dans les yeux d'Anouch vient de remporter le 5e Prix Gulli de littérature jeunesse…