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Qui l'aurait cru : le président qui se rêvait écrivain va réussir à mettre sur la paille des artistes et des auteurs à foison. Avec la réforme de la CSG, Emmanuel Macron parvient à faire d'une pierre deux coups : diminuer le nombre d'écrivains, et par conséquent, mettre un terme à la surproduction. Astucieux, effectivement. Mais l'ironie n'est pas vraiment du goût der l'ensemble des acteurs.

Certains lui auraient volontiers volé dans les plumes, tant ils ont le sentiment — à très juste titre —de s’être fait plumer. C’est l’époque qui veut ça : dans quelques semaines, à peine, sortiront de terre les décorations de Noël, et il fallait des dindes pour tous : artistes et auteurs seront les dindons de la farce orchestrée par Emmanuel Macron. Le bras armé gouvernemental augmente la CSG, et qui va le payer ?

Ah la belle rentrée littéraire que voici ! Bercée par les frimas de l’automne, les listes tombent, effeuillant les ouvrages les plus divers, concourant dans des sélections plus prestigieuses, les unes que les autres. Les maisons s’observent en chiens de faïence, cherchant là un indice, glanant ici la moindre information... 

La vie d’auteur n’est pas de tout repos : les gouvernements se suivent et les perturbations fiscales avec eux... Mais le lecteur, lui, demeure, fidèle au poste, attendant avec une tendre affection que son auteur favori produise enfin la suite, le prochain, le précieux prochain. À la différence du chien, le lecteur ne supporte en revanche pas la trahison.

Deuxième manche pour le Goncourt et bien d’autres prix littéraires de l’automne : chacun, à son tour, présente sa deuxième sélection de titres retenus. Et chez les éditeurs, c’est le souffle que l’on retient, en découvrant les listes : sera, sera pas, sera... 

Derrière leurs tables et les piles de livres soigneusement alignées, ils ressemblent parfois à ces chevaliers abrités entre créneaux et merlons, toisant l’agresseur venu mettre à sac le fort. Un sac au fort, c’est un comble, pour un écrivain ! Mais en réalité, loin d’être suspicieux, ils attendent qu’un lecteur se manifeste et ose les solliciter… Ah, vendre et dédicacer des livres en salon.

Vous ne connaissez pas Chereau ? Peuchère ! Quel diable d’homme nous avons là. Outre ses méthodiques et désopilantes interventions du vendredi, l’homme publie également des bandes dessinées de très bon goût. Et certaines l’engagent même dans des causes particulièrement noble. Chereau sur son cheval blanc, heaume rabattu et lance au vent, ça en impose.

Mais qu’est-ce qui fait courir les écrivains ? Le public, la reconnaissance, le succès, l’argent, la vente des droits audiovisuels et l’adaptation cinématographique ? Ou plus simplement un prix littéraire ? Un p’tit Goncourt, qu’on mettrait sur la cheminée à côté de la médaille de judo du cadet ? Hmm...

En période de rentrée littéraire, c’est Noël tous les matins ou presque en librairie : on reçoit des cartons, on ouvre des cartons et on découvre plein de surprises. Ne manquent que le papier cadeau et le bolduc, au pied d’un sapin enguirlandé pour l’ambiance. L’euphorie est cependant de courte durée...

Précision : contrairement à une idée reçue, les dessins qu’Antoine Chereau publie chaque semaine dans ActuaLitté ne sont pas que VRAIS, ils sont AUSSI drôles. Et inutile de les chercher dans un prochain album, l’homme les réalise pour nous, juste pour nous – allant jusqu’à brûler la palette graphique qui les a conçus, pour les rendre uniques. 

La rentrée littéraire, c’est le retour prochain des feuilles mortes, qui succéderont finalement aux bonnes feuilles. Les salons, les festivals, les manifestations littéraires relancent la saison, accompagnant les grands prix de l’automne. 

Pour mettre un peu de joie et d’allégresse dans la rentrée littéraire, Antoine Chereau croque l’édition, à pleines dents. Chaque semaine, l’auteur de Du moment qu’on s’aime fera un petit clin d’œil dans les colonnes de ActuaLitté. L’industrie du livre, ses petits travers et ses grands moments de solitude subissent l’humeur de Chereau.

Pour sa quatrième aventure éditoriale, Antoine Chereau voulait parler d’amour. Car rien ne compte finalement plus que ce bel et noble élan qui pousse deux personnes l’une vers l’autre, d’abord à se rouler des galoches, avant de finir par se rouler les pouces en attendant que ça passe. Ah, l’amour...