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Origine de la peinture. Sur Rembrandt, Cézanne et l'immémorial

Michel Guérin

Alors que disparaissent nombre d'espèces vivantes et que se brouille l'idée de Nature, que s'étend l'empire du virtuel et de l'immatériel loin des flagrances esthétiques traditionnelles, n'est-il pas déplacé d'appeler la peinture, non pas à relever son histoire, mais à descendre dans sa mémoire ? Le paradoxe serait de découvrir qui a toujours été là, mais que les yeux voyaient sans la regarder, une inactualité de la peinture, une certaine inadaptation au temps historique ; et cette incommensurabilité traduirait bien moins l'infirmité d'un art "dépassé par les événements", arc-bouté sur ses recettes et ses rites, que sa faculté renouvelée de se faire, à tout instant de la durée, contemporain de sa naissance. Sous cet angle, qui restaure une violente espérance dans le devenir sauvage, la peinture retrouverait, au présent perpétuel, les gestes de son origine. Elle relèverait alors, non plus de Clio, muse terrible et sans pitié, non d'une soi-disant mémoire réquisitionnée par l'histoire et tombée sous sa coupe, mais d'un immémorial : d'une mémoire si profondément lointaine qu'elle a fini par s'oublier elle-même pour mieux refaire de la présence. Les trois essais, aussi bien, qui composent cet ouvrage, témoignent chacun de façon singulière de la vérité de l'immémorial. La relation de Rembrandt à l'autoportrait, l'intuition d'une parenté de la peinture avec la bête, le sentiment enfin d'un possible âge d'or hantant la "réalisation" cézannienne débouchent sur trois visions : l'individu, l'animal, l'espace révélé Temps.

Par Michel Guérin
Chez Editions Les Belles Lettres

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Genre

Beaux arts

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13/09/2013 141 pages 25,00 €
Scannez le code barre 9782350880716
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