#Essais

Le Persiles décodé. Ou " la Divine Comédie " de Cervantes

Michael Nerlich

En tête de la seconde partie du Quichotte, publiée en 1615, Cervantes annonce qu'il est en train de terminer l'œuvre la plus importante jamais écrite en espagnol : le Persiles. Gravement malade, il le finit quelques jours avant sa mort, en 1616. Publié en 1617, ce livre sera effectivement celui de ses ouvrages qui aura le plus de succès au moment de sa première publication. Mais depuis le début de l'exégèse cervantiste, les interprètes déclarent leur désarroi : Ouvrage difficilement compréhensible selon Mayans (1737), indigne de l'auteur selon Bouterwek (1804), issu " d'une absolue ignorance " quant aux contrées où il place l'histoire selon Sismondi (1813), la condamnation atteint son apogée quand le " pape " de la critique espagnole, Menéndez Pelayo, dénonce, en 1882, le Persiles comme produit de " débilité sénile ". Cette appréciation qui sous-tend les interprétations jusqu'à nos jours incita une exégèse catholique à s'emparer du Persiles pour le déclarer ceuvre d'un Cervantes repenti qui -de ses positions érasmistes détectables dans le Quichotte- serait revenu au sein de l'église tridentine. La lecture précise du texte faite par Michael Nerlich révèle un des cas les plus incroyables de cécité collective devant un texte issu du dialogue avec Dante. Poème en prose d'une extrême précision, condamnation historique-philosophique de l'Église Catholique contre-réformiste et de la monarchie espagnole engagée à ses côtés, précipitant le pays dans l'abîme, le Persiles n'est pas un produit de " débilité sénile ", mais le grand texte dont Cervantes parle en 1615. C'est ce qui explique aussi son succès au moment de sa parution : il faudra donc ré-écrire l'histoire de la littérature.

Par Michael Nerlich
Chez Presses Universitaires Blaise-Pascal

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Critique littéraire

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09/12/2005 697 pages 45,00 €
Scannez le code barre 9782845162945
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