Le grand récit historico-épique gaullien échafaudé à la suite de la Seconde Guerre mondiale et de la Libération — et les valeurs, les images, les hauts discours qu'il charroie — se décompose progressivement entre 1958 et 1981 (de la prise de pouvoir du général de Gaulle à la présidence de François Mitterrand). La France connaît alors une période de profonde mutation dont le clash socioculturel de Mai 68 est à la fois l'indice, la conséquence, l'avatar et, très vite, un catalyseur symbolique pour l'avenir. Elle passe d'une société encore archaïque sur bien des points (économie, communication, système d'éducation) à une société plus moderne, plus individualiste, plus ouverte sur l'extérieur, plus multiculturelle. Les villes, dans leur structure géosociale autant que dans la manière dont on y vit, sont au centre géométrique des multiples tensions que connaît la France de ces années-là. Les modifications qui les affectent exigent des artistes et des écrivains qu'ils trouvent de nouveaux moyens de donner sens à ce qui leur advient, à elles et à ce mode de vie qui porte le nom urbanité.Les études rassemblées ici déploient un éventail de lectures et de relectures consacrées à des œuvres de natures diverses qui prennent en écharpe les conflits sociaux, culturels et symboliques des années 1958-1981. Ces œuvres ont été choisies parce qu'elles traitaient avec force cet entre deux mondes qui caractérise l'état de la cité durant la période gaullienne.
Par
Pierre Popovic, Benoît Denis Chez
Nota Bene Editions
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