Le temps d'un singulier voyage, l'auteur rend hommage à son
grand-père maternel, Eugène Ménétrey, émigré bien
involontaire de sa Suisse natale vers la France voisine. Il nous
entraîne dans le combat intime de cet homme déchiré en
esquissant les réalités quotidiennes et les traits culturels de la
vie paysanne du début du XXe siècle... "Surtout ne pas
retarder en bas. Ne pas voir la maison à la vaste toiture, tapie
dans l'écrin de prés et de futaies qui l'enserrent. Cacher la
tempête qui le secoue du dedans, bloquer à l'intérieur la
soufrance, la colère, la révolte, les larmes qui brouillent le
regard. Large chapeau enfoncé sur la tête, dos voûté sous sa
glande cape, les yeux fixés au sol, Eugène marche, la main
serrée sur le licol de sa vache... Dans le matin glacial de ce
vendredi 26 février 1915, seul le modeste char à banc casse le
silence. Au cahotement répétitif des roues s'ajoutent le
crissement des cailloux et les soubresauts du chargement de
misère. Trois fois rien. Les restes après le passage des
huissiers."
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