#Polar

Je suis le Libanais

Giancarlo De Cataldo

Années 70. Dans la cour aune prison, un garçon de vingt-cinq ans sauve la vie d'un autre jeune homme, objet d'une tentative d'assassinat. La victime est le neveu d'un chef mafieux. Pour le sauveur,"Le Libanais", c'est le départ d'une fructueuse carrière criminelle. Le "boss" lui offre de participer à un trafic de drogue mais, pour cela, le Libanais va devoir trouver de l'argent... Dans sa quête de fonds, il va tomber amoureux d'une belle bourgeoise gauchiste, Giada, à laquelle il cache le buste de Mussolini qui orne son appartement. À la tête de sa bande de toujours, ce groupe d'enfants des rues avec lesquels il a grandi, il se lance dans un enlèvement... Situé, dans la chronologie romanesque, avant Romanzo criminale, ce bref et vigoureux récit permet à ses très nombreux lecteurs de retrouver Dandy, le Buffle et tous les autres personnages de la grande saga du crime à Rome. Le magistrat De Cataldo s'appuie sur une connaissance approfondie du roman vrai de la criminalité romaine et, grâce à ses talents de feuilletoniste hors pair, il en tire de la vraie littérature.

Par Giancarlo De Cataldo
Chez Editions Métailié

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Genre

Policiers

Rome, octobre 1976

 

Adossé contre un mur que chauffait le soleil de cette fin de matinée, il fumait de l’air indolent du gars qui même en prison se sent comme chez lui.

Une bagarre éclata de l’autre côté de la cour. Il ne se précipita pas pour en savoir plus. Il ne se rua pas non plus dans sa cellule, pour éviter les ennuis. C’étaient pas ses oignons, après tout.

Les gardiens arrivèrent en faisant tournoyer leurs matraques. Le son déchirant des sirènes envahit tout l’espace. Il demeura dans son coin, tourmenté par ses rêves que ce temps perdu était cruellement en train de briser.

Le jeune homme ensanglanté s’abattit à ses pieds en gémissant et l’armoire à glace qui le poursuivait leva un morceau de métal pointu, prêt à lui porter le coup de grâce.

Il reconnut le garçon. Le sort lui offrait une belle opportunité, peut-être la dernière, et, d’un geste fulgurant, il immobilisa le bras de l’assaillant.

D’un air interloqué, celui-ci dévisagea cet homme robuste, brun de peau, pas très grand, le visage ourlé d’une barbe hirsute, les yeux froids. Et il tenta alors de le frapper d’un coup de genou.

Mauvaise pioche.

Car l’autre était habile de ses mains, qu’elles soient nues ou armées d’un couteau. Il avait appris ça, enfant, dans une école qui ne pardonne rien : la rue. Là où il suffit d’un regard pour distinguer un mouton d’un lion. Si on doit grandir ou mourir.

Il esquiva le coup et fonça la tête la première. Dans un bruit d’os brisés, la brute hurla, se couvrit le nez de ses mains et lâcha l’arme. Alors il lui lança un coup de pied entre les jambes. Son adversaire s’écroula. Il s’empara de la lame et, à cheval sur son torse, la pointa sur sa gorge.

Le type essayant de le désarçonner, il enfonça légèrement la lame juste pour lui montrer qu’il allait comprendre sa douleur.

– T’es qui, toi ?

– Je suis le Libanais, répondit-il doucement, en chuchotant presque. Ce nom, ne l’oublie pas.

Les gardiens lui tombèrent dessus, il prit un coup, un autre, puis s’évanouit.

Il se réveilla à l’infirmerie.

Des médecins prévenants s’affairaient autour de son lit. Le chef des gardiens s’excusa de l’avoir pris pour le méchant du film. Le directeur le complimenta pour avoir sauvé une précieuse vie humaine.

Il sourit à la ronde, signifia qu’il avait besoin de repos et on lui ficha la paix.

Le Libanais avait vingt-cinq ans, un nom de guerre encore peu connu, pas assez en tout cas, et une idée fixe.

Devenir le roi de Rome.

Tombé pour trafic d’armes, il s’était aussitôt remis au boulot : la taule engendrait parfois des projets d’envergure.

Les camorristes, mafieux de Naples, régentaient tout, et les Romains s’inclinaient. Les Romains dormaient. Son ambition : les réveiller.

Il avait tâté le terrain avec un dealer d’une cité de Tufello, un braqueur de banques de Borgo Pio, un jeune casseur de Borghesiana et un usurier de la piazza del Fico.

Sans résultat.

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trad. Paola de Luca, Gisèle Toulouzan
02/05/2014 127 pages 14,00 €
Scannez le code barre 9782864249573
9782864249573
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