#Polar

Code 1879

Dan Waddell

Sur la piste d’un tueur en série sadique, un inspecteur londonien assisté d’un enquêteur généalogiste plonge dans un crime du XIXe siècle sur lequel sont calqués les meurtres, sans se douter qu’il figure sur la liste des futures victimes?

Par Dan Waddell
Chez Editions du Rouergue

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Genre

Policiers

Affichant le sourire un peu niais qui distingue les éméchés des sobres, Bertie quitta le Prince Albert sur Pembridge Road. Il sentit immédiatement la morsure du froid sur son visage. Cela le réveilla ; après les rigueurs d’une semaine de travail, le fait de se remplir le ventre de bière et la chaleur agréable du feu du pub l’avaient aidé à oublier à quel point on se gelait à l’extérieur, même si tous ceux qui venaient boire un verre ne parlaient que de ça entre leurs lèvres gercées. « Mars, grommelaient-ils. On se croirait plutôt en janvier. »

Une fois son esprit débarrassé des brumes du pub, il jeta un œil vers le ciel, noir et dégagé. Pas de brouillard ; le vent avait chassé l’habituelle fumée qui, la nuit, recouvrait la ville. Pour une fois, il pourrait utiliser ses yeux, au lieu de son instinct, pour rentrer chez lui.

Sur sa droite, il pouvait entendre le vacarme de la circulation sur Notting Hill Gate. Un homme le dépassa rapidement, la tête baissée, la main gauche posée sur son chapeau, la droite tenant fermement le col de son manteau sur sa gorge. Bertie n’avait même pas pris la peine de fermer le sien. Le froid ne le gênait pas, il avait le sang chaud. « Ma petite bouillotte », comme aimait l’appeler Mary, lorsqu’ils se collaient l’un à l’autre, en croissant, sous les couvertures. Quelquefois, en hiver, lorsqu’il se mettait au lit, elle glissait avec douceur un de ses pieds gelés – elle était très frileuse – entre ses jambes pour le réchauffer. Cela le faisait bondir. « Arrière, femme », lui disait-il. Mais elle en riait et lui aussi. Il était incapable de se fâcher contre elle. Il en allait de même pour elle, comme elle le lui prouverait dans une quinzaine de minutes lorsqu’il débarquerait dans le lit à près de minuit, l’haleine chargée d’alcool.

Penser à cela – penser à elle – le fit sourire tandis qu’il cheminait en suivant Ladbroke Road. Le vent lui fouettait le dos, soufflant en direction du Dale. Bertie était heureux d’avoir quitté cet endroit sinistre. Leur vie s’était nettement améliorée depuis qu’il s’était installé sur Clarendon Road avec Mary et les enfants. Certes, ils étaient encore en bordure du Dale, mais ils avaient vécu cela comme un nouveau départ. Pour la première fois de sa vie, il avait l’impression de pouvoir respirer.

Il traversa la rue, passa devant le Ladbroke Arms et le commissariat situé sur le croisement avec Ladbroke Grove, dont la lanterne diffusait un halo de lumière réconfortant qui enveloppait quelques policiers sortis pour fumer une cigarette. Il leur fit un signe de tête en passant. Le croisement de Ladbroke Grove était désert. Il traversa sans s’arrêter, tourna à droite et commença à gravir la colline. Au sommet, il hésita entre poursuivre sa route et tourner en direction de Lansdowne Crescent, ou couper par le cimetière pour redescendre vers St John’s Gardens. Il opta pour la seconde solution.

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trad. Jean-René Dastugue
06/10/2010 280 pages 20,30 €
Scannez le code barre 9782812601507
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