#Essais

Le sport ne sert pas qu'à faire des champions !

Jean-Philippe Acensi, Gilles Vieille-Marchiset

Le sport éducatif est aujourd'hui délaissé au profit d"une vision médiatique et économique du monde sportif. S'adressant à tous les acteurs privés et publics, les services sportifs des collectivités locales, les clubs, les associations, les élus, etc., cet ouvrage propose de défendre une autre idée du sport, basée prioritairement sur l"éducation, sur l'engagement associatif et sur la qualité de l'encadrement à tous les niveaux. Il s'agit de décrire les conditions de renouvellement du sport pour en faire un acteur social majeur, indépendant et émancipateur. La pratique sportive est en quête de sens : quel sport pour quelle société ? Comment mesurer l'impact sur la population et les territoires ? Quel est le rôle des collectivités ? de l'État ?

Par Jean-Philippe Acensi, Gilles Vieille-Marchiset
Chez Carnets de l'Info/Scrinéo

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Genre

Sociologie

Préface

 

L’action, ancienne et actuelle, de Jean-Philippe Acensi est bien l’expression de notre rencontre.

Animateur d’une émission de radio et directeur d’une maison des jeunes et de la culture, mais également entraîneur de rugby, il souhaitait, après la victoire en coupe Davis, rencontrer des acteurs sportifs pour ses émissions.

Il prit contact avec moi à Colombes et, fidèle à son personnage, arriva en deux roues dans la salle de perche. Il y découvrit avec stupeur la liaison entre des jeunes de toute race, des champions de classe mondiale et des animateurs tout-terrain.

Immédiatement, il fut intéressé, intrigué, captivé par ce bouillonnement ; c’est ce qui m’a plu en lui, et c’est ce qui continue de guider ses pas et ceux de notre association. Il est, pour les différentes actions de jeunesse, une référence dans sa réussite et ses initiatives.

Il n’est pas le seul à porter un regard neuf sur la société, mais il sait avant tout apporter, pour l’éducation par le sport, un modèle de réponse actuelle et future fort utile à notre société en difficulté.

L’éducateur, pour nous, est le phare de notre action, et il doit être valorisé à son poste.

Cet ouvrage coécrit avec Gilles Vieille-Marchiset est considérable ; c’est le fruit de ces treize années de travail passées à rencontrer, accompagner et suivre des acteurs de terrain. Ce sont eux qui, réellement, changent la vie des autres.

J’ai tenu, tout au long de ces années, à marteler ce discours de proximité en direction des acteurs.

Cet essai fera sans doute date dans ses propositions innovantes et nécessaires pour redonner au sport un projet social indispensable.

 

Jean-Claude Perrin

Cofondateur de l’association « Fais-nous rêver »,

l’Agence pour l’éducation par le sport1

Entraîneur

 

1. Association créée en 1997 par Jean-Philippe Acensi et Jean-Claude Perrin.

Introduction

 

L’été sportif de cette année 2010 a été fortement marqué par les émotions allant de la déception lors du Mondial de football en Afrique du Sud à l’enthousiasme excessif des succès français, lors des championnats d’Europe d’athlétisme et de natation. Cette surmédiatisation du sport d’élite dénote une restriction du sens attribué au sport dans la société contemporaine. Cette pratique culturelle est cantonnée à l’émotion, au sensationnel et à l’apparat. Le sport de haut niveau est entré dans une phase de peopolisation qui met en avant les à-côtés du sport au détriment des valeurs morales d’effort, de solidarité et d’abnégation. Les attributs esthétiques, les frasques sexuelles, les insultes, l’attrait de l’argent prennent le pas sur les exploits sportifs à tel point que l’amalgame est parfois fait dans la tête des jeunes entre sport et réussite à tout prix. Ces faits appartenant à la sphère privée prennent des proportions telles que les pouvoirs économiques et politiques sont influencés et obligés de se positionner face à la pression médiatique. Ces excès en tous genres signent-ils la fin du modèle sportif comme emblème à la fois moral, politique et culturel ? Pourtant, parallèlement, les initiatives associatives dans le sport font l’objet de commentaires flatteurs de la part des citoyens, des politiques, etc. Tous les arguments sont bons : c’est un outil de cohésion sociale, un pilier de la fraternité, une voie d’innovation, etc. On a le sentiment que plus on parle des vertus des associations, moins on les soutient. De la même manière, le sport est encensé comme une voie majeure pour (re)créer un lien social, pour (re)structurer la jeunesse, pour préserver un mode de vie sain, etc. En revanche, tout le monde s’accorde sur un constat : le secteur associatif sportif éprouve des difficultés à se développer, à renouveler ses pratiques et son organisation. La sauvegarde du milieu associatif passe-t-elle par un investissement plus grand des institutions publiques ? Le fonctionnement parapublic semble avoir des limites. Le secteur associatif devrait prendre son énergie dans l’innovation, dans la générosité et dans l’engagement des acteurs. La collectivité devrait seulement prendre le relais, donner les moyens de développement quand le projet associatif participe ou remplace des missions de service public. Le secteur associatif sportif est un secteur particulier parmi les associations. En effet, il correspond bien au caractère bénévole couvert par la loi de 1901. Il est beaucoup moins professionnalisé que d’autres secteurs : jeunesse, social, etc. Il assure avec enthousiasme et sérieux l’organisation de milliers d’entraînements et de compétitions hebdomadaires. Mais ce qui est beaucoup moins connu, c’est sa capacité à participer à des missions d’intérêt général de cohésion sociale, de solidarité, de fraternité, mais aussi d’insertion des personnes, de santé publique, d’éducation des jeunes, etc. Moins connu du grand public, mais aussi des institutions publiques qui, malgré les beaux discours, peinent à accompagner ces nouvelles dynamiques sportives innovantes et socialement utiles. Il s’agit ici d’explorer ce monde sportif solidaire : ses logiques, ses atouts, ses limites et ses contradictions. Mais notre propos vise à proposer des solutions, des idées, des ficelles pour que le sport ne serve pas seulement à former des champions.

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25/11/2010 200 pages 17,00 €
Scannez le code barre 9782916628912
9782916628912
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