Editeur
Genre
Littérature érotique et sentim
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Le hall de l’hôtel Vendôme, situé sur la 69e Rue à New York, respirait l’élégance et le souci du détail. Dallage de marbre noir et blanc immaculé, tapis rouges déroulés à la première goutte de pluie, stucs splendides, sans oublier un imposant lustre de cristal : tout était digne des palaces européens. À dire vrai, la ressemblance du Vendôme avec le Ritz de Paris était presque parfaite, malgré des dimensions bien plus réduites. Aussi la clientèle cosmopolite n’était-elle pas surprise d’apprendre que le propriétaire des lieux, formé dans les plus beaux hôtels du Vieux Continent, avait été directeur adjoint du célèbre établissement parisien pendant deux ans.
Hugues Martin, la quarantaine, diplômé de la prestigieuse École hôtelière de Lausanne, avait réalisé son rêve en s’installant à Manhattan, dans l’Upper East Side. Quelle chance il avait eue, cinq ans plus tôt ! Pourtant, à l’annonce de ses ambitions professionnelles, ses parents avaient été catastrophés. Son père, un banquier suisse, estimait dégradant de travailler dans un hôtel, ou même d’en diriger un. Sa mère, une femme conservatrice, n’en pensait pas moins, et tous deux avaient vivement désapprouvé son choix. Leurs objections s’étaient révélées vaines : après quatre ans à Lausanne, Hugues avait effectué des stages, puis endossé des fonctions importantes à l’hôtel du Cap à Antibes, au Ritz à Paris, au Claridge de Londres et même, pour quelque temps, au célèbre Peninsula de Hong Kong. Il s’était alors promis de s’établir aux États-Unis et de se mettre un jour à son compte.
Hugues travaillait au Plaza de New York et se croyait à des lieues de pouvoir réaliser son projet, quand les événements se précipitèrent. Il apprit la mise en vente du Mulberry, un petit hôtel en décrépitude depuis des années. En dépit de sa localisation privilégiée, personne ne l’aurait qualifié de chic, ce qui n’empêcha pas Hugues de rassembler ses économies, de contracter tous les emprunts que l’on voulut bien lui accorder en Suisse comme en Amérique, et d’engager la totalité du modeste héritage laissé par ses parents, qu’il avait investi jusque-là dans des placements fiables. Sou après sou, il parvint à réunir la somme nécessaire pour racheter les murs. Il entreprit aussitôt les rénovations et, deux ans plus tard, le Vendôme voyait le jour, sous les yeux ébahis des New-Yorkais. La plupart d’entre eux ne s’étaient jamais aperçus de la présence d’un hôtel à cet endroit.
Dans les années 1920, le bâtiment avait abrité une clinique privée, puis avait été transformé avec beaucoup de mauvais goût en hôtel vingt ans plus tard. À présent, le lieu était méconnaissable : chaque centimètre carré était grandiose et les prestations étaient exceptionnelles. Des chefs de renommée internationale avaient été recrutés pour le restaurant, et la responsable des banquets et séminaires était une référence dans son domaine. Même les en-cas commandés au service d’étage faisaient l’unanimité.
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