#Essais

Pour une sociologie de l'environnement. Environnement, société et politique

Bernard Kalaora, Chloé Vlassopoulos

L'environnement est de plus en plus médiatisé dans la société française contemporaine. Pour autant un hiatus existe entre cette présence médiatique et la place qu'il occupe dans les sciences humaines et sociales. Seul un petit nombre de chercheurs, sociologues, politistes, juristes, historiens, pour certains engagés, ont fait de la question environnementale leur thème de prédilection sans jamais toutefois réussir à mobiliser leurs communautés respectives. Cette résistance des sciences sociales à se saisir de cette question apparaît comme une spécificité française liée aux préjugés scientifiques, aux découpages institutionnels et aux conflits disciplinaires. L'environnement y est considéré comme un domaine relevant des sciences biologiques, climatiques, écologiques, géomorphologiques et non des sciences sociales. En partie, ces raisons expliquent sa relégation au rang d'objet périphérique. Rien de tel dans les pays anglo-saxons où l'environnement a dans les sciences sociales une place majeure comme processus dynamique d'interaction entre des facteurs naturels et sociaux Cet ouvrage explore les causes à l'origine de cette relégation de l'environnement en France et les difficultés à faire valoir son existence dans la recherche sociologique et dans l'espace public. Ses auteurs explorent les arcanes de la construction sociale et politique de l'environnement, fouillant les coulisses de la recherche, des ministères et des grands corps d'Etat pour comprendre ce particularisme français et les conséquences tant cognitives que pratiques qui en découlent. Unique en son genre, ce livre est un outil indispensable à tous ceux, étudiants, chercheurs, experts, décideurs, qui s'interrogent sur les relations entre Société, Politique et Environnement.

Par Bernard Kalaora, Chloé Vlassopoulos
Chez Champ Vallon Editions

0 Réactions |

Genre

Développement durable-Ecologie

 

 

 

 

Introduction générale

 

 

Pourquoi un livre « Pour une sociologie de l’environnement : Environnement, société et politique ». D’abord, de nos jours, il est impossible de ne pas penser l’homme dans son environnement et vice-versa. À la fois les accidents industriels et les catastrophes naturelles qui se sont multipliés ces dernières années ont généré des incertitudes quant à notre maîtrise du monde. Par ailleurs, l’évolution des connaissances scientifiques ont mis en défaut les catégories cognitives unidimensionnelles et déterministes des disciplines académiques de plus en plus inadaptées à la complexification. Dans ce contexte il devient urgent de repenser l’action publique qui souffre de la même difficulté à ingérer à la fois les processus sociaux, biologiques et écologiques.

Une autre raison est le retard en France de l’intégration de l’environnement dans les sciences sociales et particulièrement dans l’étude des enjeux sociaux et politiques. L’emprise de la sociologie culturelle, qui survalorise les déterminismes sociaux, et qui voit dans la société une Machine à faire les dieux (selon le titre de l’ouvrage de Serge Moscovici), se confine à l’étude des faits sociaux, ces derniers ne pouvant être expliqués qu’à la lueur d’autres faits sociaux. Cette posture méthodologique conduit ainsi au rejet de l’environnement comme catégorie sociologique. Cet ostracisme empêche la saisie des échanges dynamiques entre humains et non-humains et l’interpénétration des connaissances pour refonder des catégories transversales de pensée et d’action.

Si l’on sait ce qu’est la sociologie en tant que discipline consolidée, sait-on ce qu’est l’environnement ? Le terme est importé de la langue anglaise environment qui renvoie aux conditions à la fois physiques, écologiques et sociales dans une perspective interactionnelle d’intégration. En France ce terme a été traduit à la lettre pour désigner ce qui est extérieur à l’homme (légitimant ainsi la coupure académique entre société et son dehors, l’environnement) et il a été confondu avec les notions plus classiques comme celles de nature, de milieu, de paysage, de cadre de vie. Cet appauvrissement conceptuel se reflète dans les institutions qui gèrent l’environnement en tant qu’objet autonome d’action publique, impuissantes à penser la transectorialité d’un enjeu fluide, mouvant, jamais stabilisé et en interaction constante. Il se reflète aussi dans les travaux sociologiques qui peinent à prendre en compte l’environnement en dehors de leurs cadres conceptuels établis.

Cette question a fait l’objet de multiples colloques et rencontres pour déterminer si l’environnement est un objet autonome et légitime de recherche comme la famille, le travail, les organisations, la ruralité, l’urbanité. A-t-on à faire à une problématique pouvant prendre place dans le cadre analytique existant de ces thématiques sociologiques ou en revanche l’environnement ouvre-t-il sur un nouveau champ nécessitant une autre approche et la construction d’une démarche transdisciplinaire ?

Commenter ce livre

 

18/11/2013 301 pages 24,00 €
Scannez le code barre 9782876739161
9782876739161
© Notice établie par ORB
plus d'informations