POUR UNE RÉPUBLIQUE CULTURELLE
« La culture est le début et la fin de tout développement » a dit Senghor.
Je souhaite qu’avec l’arrivée du prochain président de la République et l’élection d’une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale en 2012, la culture revienne au centre du débat politique.
L’histoire de notre pays s’est construite avec les artistes. Mais, face à une droite plus encline au divertissement culturel, aux coups médiatiques et aux conservatismes, la gauche a le devoir d’aller à l’encontre du courant dominant – la seule loi du marché – et de se réapproprier la culture comme enjeu de civilisation.
Je plaide pour un nouveau pacte culturel. Face à une situation de crise économique, sociale et morale, de repli identitaire et de tentations populistes, je forme le vœu que la gauche élue sache affronter les difficultés que traverse notre pays pour mener une politique où la culture s’affirmera comme un vecteur d’émancipation, d’égalité et de valeurs collectives. En un mot, le socle de notre République.
La culture n’est ni un privilège ni un supplément d’âme. Elle ne se réduit pas au loisir ou au divertissement. Elle constitue certes un levier économique, social et éducatif, mais elle est surtout indispensable à notre intelligence, a fortiori en pleine période de crise économique et de perte de repères. Les Français sont inquiets pour leur emploi, leur pouvoir d’achat, inquiets face à la dégradation de l’environnement, inquiets pour l’avenir de leurs enfants. Il est temps que la gauche, une fois arrivée au pouvoir, mette en place à l’échelle nationale une politique culturelle du XXIe siècle, comme elle l’a déjà entrepris dans les collectivités locales qu’elle dirige. Une politique généreuse, en phase avec son temps, ouverte à tous les citoyens.
L’enjeu fondamental est de construire une démocratie culturelle, plus qu’une démocratisation culturelle, souvent galvaudée ; d’inventer de nouvelles relations entre l’art et la société ; de resserrer les liens entre artistes, citoyens et territoires ; de faire participer une plus large partie de la population aux processus de création artistique. Cela suppose que l’éducation joue à plein son rôle de transmission et d’éveil à l’art. Cela passe aussi par un prolongement de la culture hors des murs des institutions qui lui sont dédiées, dans l’espace public, au plus près du citoyen. Je rêve que, dès demain, grâce aux nouvelles technologies, chacun ait accès à toutes les formes de la création. Que chacun puisse aussi, dans des lieux adaptés, développer ses propres talents artistiques dans les meilleures conditions. Les artistes sont rares et précieux, il est essentiel de les accompagner dans leur travail, mais la gauche au pouvoir devra, dans un même mouvement, favoriser les pratiques culturelles de tout amateur – dans son sens initial : celui qui aime l’art. En tant qu’élu de terrain, j’ai pu constater la vitalité que ces expressions artistiques apportent à la collectivité.
Extraits
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