#Roman francophone

Alger, ombres et lumières. Une biographie

Alain Vircondelet

De la Casbah à la ville européenne, entre ombres et lumières, Alger apparaît comme un lieu de contrastes que la proximité de la mer ne parvient pas à apaiser. Quels mystères l'entourent, quels sortilèges l'animent, quels déchirements la travaillent ? Alain Vircondelet nous livre ici une " biographie " d'Alger, racontant son évolution, ses épreuves et ses blessures, mais aussi la grâce souveraine qui fait d'elle et depuis toujours une ville mythique. A lire comme on lit un témoignage historique, un récit de voyage, un roman d'amour.

Par Alain Vircondelet
Chez Flammarion

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Editeur

Flammarion

Genre

Littérature française

 

 

 

 

 

 

1

 

L'apparition d'Alger

 

 

 

C'est par la mer qu'il faut comprendre Alger. La comprendre et la voir. Plus que la voir : la découvrir dans son surgissement. Être témoin de son apparition. Le paquebot de ligne n'a que l'horizon sans terre et puis soudain, au petit matin, des côtes se dessinent, d'abord opaques, puis de plus en plus précises. Les voyageurs sortent de leurs cabines, ceux qui voyagent en classe économique et sur le pont sont les premiers à les voir, ils s'accoudent au bastingage et voient venir vers eux les terres et puis la ville dans toute sa splendeur immaculée. La ville ? Un triangle, plutôt, qu'attestent les premières cartes connues d'Alger. Un triangle dont la pointe s'élève haut sur les collines où s'accrochent les maisons, cubiques et blanches. C'est d'abord cette vision verticale qui saute au regard. La ville arabe, la Casbah. La ville européenne, horizontale, longe la baie, dans son alignement impeccable d'immeubles et d'édifices imposants. Mais la ville arabe d'abord. Comme un drapeau jeté au visage de ceux qui entrent dans la baie. Après, ce sont les deux bras de la ville qui embrassent le regard, l'accueillent, Belcourt à gauche en regardant la Casbah et à droite Bab-el-Oued, au centre la ville des affaires commerciales, politiques, municipales.

La baie étreint le visiteur, elle le reçoit. L'exilé, l'immigré sont tous les deux dans une situation d'attente et de retour. Quelque chose en eux d'intime et de secret leur dit qu'ils sont ici revenus chez eux ; la ville a cette longue histoire d'attachement et de séparation, de lien et de délien, de perte et de retrouvailles. Chaque fois, c'est le même émerveillement dans la lumière. Autrefois déjà, l'on disait qu'entre les récifs et la mer illimitée il y avait « un très bon et sûr mouillage d'hiver ». C'était Alger, au sein de laquelle venaient se réfugier les bateaux. Peu de villes au monde détiennent ce privilège. New York, Rio de Janeiro… Mais Alger a un secret de plus. Elle est une baie dont les bras n'étreignent pas ni ne retiennent, au-delà de ses collines, c'est une porte qui ouvre sur d'autres mondes, d'autres senteurs, d'autres usages.

La colline blanche au pied de laquelle s'est construite la ville européenne a quelque chose de surnaturel quand, au petit matin, le paquebot de ligne laisse enfin apparaître les côtes. Elle surgit de l'horizon, de la ligne bleue, presque noire, et s'impose dans toute sa hardiesse et sa force. Si ses visiteurs pressés préfèrent aujourd'hui l'avion pour la rejoindre, les vrais privilégiés sont ceux qui arrivent par la mer et l'appréhendent dans sa splendeur naturelle. Ceux-là connaissent le surgissement des merveilles, Venise, New York, Rio, quand les bateaux font lentement leurs manœuvres, pour accoster, et que le littoral se dessine peu à peu, d'abord imprécis puis de plus en plus nettement, des lignes, des maisons, des bâtiments, des voitures, des gens enfin. Mais il n'y a pas que l'accueil et l'enlacement, à quoi la configuration de la baie invite. Il y eut aussi l'arrachement d'Alger.

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16/04/2014 223 pages 18,00 €
Scannez le code barre 9782081222939
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