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Genre
Actualité et médias
À vous trois,
À mes trois,
À eux trois.
«Il va falloir ouvrir les malles », m’avait conseillé Philippe Labro, après l’élection de François Hollande. L’écrivain, homme de médias, est une personne pour laquelle j’ai un immense respect, mais je n’ai pas su lui obéir. Je n’arrivais pas à me résoudre à montrer qui j’étais. Il n’était pas question de dévoiler des éléments sur ma vie, ma famille ou mon histoire avec le Président. J’ai fait l’inverse, j’ai tout verrouillé, tout cadenassé.
Les journalistes devaient pourtant écrire et parler. Souvent par ignorance, parfois aussi par goût du scandale, ils ont commencé à faire le portrait d’une femme qui me ressemblait si peu. Plus d’une vingtaine de livres, des dizaines de unes de magazines, des milliers d’articles ont paru. Autant de miroirs déformants, décalés, construits avec des supputations et des on-dits, quand il ne s’agissait pas de pures affabulations. Cette femme avait mon nom, mon visage et pourtant je ne l’ai pas reconnue. J’ai eu le sentiment que ce n’était pas simplement ma vie privée que l’on me volait, mais la personne que j’étais.
Je croyais pouvoir résister à tout, tellement j’étais barricadée. Mais plus les assauts étaient violents, plus je me fermais. Les Français ont vu mon visage se figer et parfois se crisper. Ils n’ont pas compris. À un moment je n’osais même plus affronter la rue, ni le regard des passants.
Et puis en quelques heures de janvier 2014, ma vie a été dévastée et mon avenir a volé en éclats. Je me suis retrouvée seule, étourdie, secouée de chagrin. Il m’est apparu comme une évidence que la seule manière de reprendre le contrôle de ma vie était de la raconter. J’ai souffert de ne pas avoir été comprise, d’avoir été trop salie.
J’ai donc décidé de briser ces digues que j’avais construites, et de prendre la plume pour raconter mon histoire, la vraie. Alors que je n’ai cessé de combattre pour protéger ma vie privée, il me fallait en livrer une partie, donner quelques clés sans lesquelles rien n’est compréhensible. Dans cette histoire folle, tout se tient. Et j’ai trop besoin de vérité, pour surmonter cette épreuve et aller de l’avant. Je le dois à mes enfants, à ma famille, aux miens. Écrire est devenu vital. Pendant des mois, la nuit et le jour, dans le silence, j’ai « ouvert les malles »…
« Le silence de l’être aimé
est un crime tranquille. »
Tahar Ben Jelloun
Le premier message me parvient le mercredi matin. Une amie journaliste m’alerte : « Closer sortirait vendredi en une des photos de François et de Gayet. » Je réponds laconiquement, à peine contrariée. Cette rumeur m’empoisonne la vie depuis des mois. Elle va, vient, revient et je n’arrive pas à y croire. Je transfère ce message à François, sans commentaire. Il me répond aussitôt :
– Qui te dit ça ?
– Ce n’est pas la question, mais de savoir si tu as quelque chose à te reprocher ou non.
Extraits
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