#Imaginaire

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Peter Clines

Avec ce qu'il gagne, Nate n'allait pas laisser passer l'occasion en or d'habiter l'un des plus vieux immeubles de Los Angeles pour un loyer modique. Pourtant il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce bâtiment : portes cadenassées, branchements électriques impossibles, cafards mutants... Intrigué, et n'ayant pas grand-chose d'autre à faire de sa morne vie de trentenaire célibataire, Nate décide de mener l'enquête avec certains de ses voisins. D'anomalies en mystères, ils vont rapidement se rendre compte qu'il s'est passé des choses dans cet immeuble, des choses terribles qui n'appartiennent pas tout à fait au passé...

Par Peter Clines
Chez J'ai lu

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Editeur

J'ai lu

Genre

Science-fiction

 

 

 

 

 

FONDATIONS

 

 

 

 

0.

 

 

Il courait.

Il courait à perdre haleine. Comme s’il avait le diable aux trousses. Comme si sa vie en dépendait.

Ce qui était le cas.

En vérité, il pouvait déjà se considérer comme mort. Il avait vu suffisamment d’hommes se vider de leur sang sur une table d’opération pour déterminer la nature exacte des jets chauds et humides qui s’échappaient entre ses côtes. Le couteau avait accompli son œuvre avec une précision quasi chirurgicale.

Il s’interdisait cependant de penser à son sort. Ce n’était pas le moment. L’enjeu était trop important. Il devait continuer de fuir.

Si les membres de la Famille le rattrapaient, tous seraient condamnés.

 

 

 

 

1.

 

 

Nate Tucker entendit parler de cet appartement comme bien d’autres personnes sont informées de choses qui bouleverseront à tout jamais leur existence… par un pur effet du hasard.

Cela se produisit à l’occasion d’une de ces soirées du jeudi qu’il n’avait pas souhaité honorer de sa présence. Et si parler de « soirée » relevait de l’exagération, dire qu’ils étaient allés « prendre un ou deux verres après le travail » eût été restrictif. Il y avait là une demi-douzaine d’individus qu’il connaissait plus ou moins, et le double de personnes qu’il était censé connaître. Il n’avait pas véritablement prêté attention à leurs noms, lors des présentations, et aucun d’eux n’avait suffisamment d’intérêt à ses yeux pour qu’il les mémorise. Ils s’étaient installés autour des tables pour partager des amuse-gueules auxquels certains refusaient de toucher et siroter des boissons hors de prix qu’ils disaient avoir découvertes dans les restaurants les plus chics de la ville.

Nate avait depuis longtemps remarqué que nul ne discutait vraiment, lors des réunions de ce genre. Tous se relayaient pour échanger des banalités auxquelles personne ne s’intéressait. Il aurait préféré que ses collègues cessent de l’inviter.

Il était présentement la cible d’un individu auquel il avait attribué le sobriquet de Journaliste à la Copine rousse bandante, un homme qui lui avait été présenté lors d’une de ces réunions un ou deux mois plus tôt. Comme tous les autres convives, le Journaliste estimait appartenir au cercle fermé de l’industrie cinématographique, même si – pour autant que Nate pouvait en juger – son travail n’avait en fait aucun lien direct avec le cinéma. Pour l’instant, il se lamentait à cause d’une interview annulée. Le sujet de son article, un scénariste, s’était plongé dans un rewriting de dernière minute réclamé par un producteur. Nate se demanda s’il était ou non du genre à écrire : des remaniements stupides apportés aux scènes les plus marquantes afin de satisfaire l’ego de quelques pontes imbus d’eux-mêmes.

Une brusque interruption du monologue lui fit comprendre qu’il était censé réagir. Il toussota pour gagner du temps et but une gorgée de bière. « Ça craint, commenta-t-il. Vous allez renoncer ? »

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trad. Jean-Pierre Pugi
01/10/2014 542 pages 18,00 €
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