#Essais

Les destins du développement chez l'enfant. Avenirs d'enfance

Bernard Golse

Peut-on prévoir ou pleure le développement de l'enfant ? En choisissant de parler de " destins " ou d'" avenirs " d'enfance, Bernard Golse réfute très clairement cette assertion dont il dénonce les nombreuses dérives, scientifiques, épistémologiques, éthiques et politiques. Le développement normal de l'enfant se joue toujours à l'exact entrecroisement des facteurs endogènes (la part personnelle du sujet, avec son équipement génétique, biologique, psychologique ou cognitif...) et des facteurs exogènes (l'environnement au sens large, alimentaire, écologique... mais aussi relationnel, avec tous les effets de rencontre et d'après-coup que cela suppose). La place, le rôle et les fonctions de ceux qui prennent soin du bébé et de l'enfant par leur présence, leur attention, leurs gestes, et finalement leur travail psychique, sont essentiels dans le développement. L'auteur soutient ainsi que l'avenir de nos positions infantiles demeure indéfiniment ouvert, ménageant un espace de liberté pour la prévention, aux antipodes la prédiction. Cette position qui s'appuie sur le double sens de la dynamique freudienne de l'après-coup comprendre le présent à partir du passé mais réécrire en permanence notre passé à la lumière de notre présent - a bien sûr des incidences en matière de traitement psychothérapique ou psychanalytique des enfants.

Par Bernard Golse
Chez Erès

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Editeur

Erès

Genre

Psychologie, psychanalyse

 

 

 

 

 

1. Introduction

 

 

 

Les destins du développement

 

– Il va de soi que la perspective de ce travail n’est pas de type prédictif, car le destin est, par essence, imprévisible en tant que lié aux effets de rencontre que l’on ne peut pas – fort heureusement – prévoir !

Prédire, prévoir, pressentir…, prévenir : il y aurait toute une réflexion à mener sur les champs sémantiques différents de ces quelques termes, et le collectif « Pas de 0 de conduite » y a consacré une grande énergie au cours de ces dernières années, notamment grâce à Christiane Bellas-Cabane, François Bourdillon, Sylviane Giampino et Pierre Suesser.

On a vu en effet les multiples dérives (scientifiques, épistémologiques, éthiques et politiques) qui pouvaient surgir de la confusion maléfique entre prévention et prédiction [1] , mais je ne reviendrai pas, ici, sur cette histoire douloureuse qui avait été enclenchée par la publication de l’expertise collective de l’INSERM, en 2005, sur « Le trouble des conduites ».

Je me suis associé énergiquement à cette action, et je ne le regrette aucunement.

Cet ouvrage s’inscrit d’ailleurs, clairement, dans cette même optique, car d’une certaine manière, il se veut être, en effet, un éloge de la place, du rôle et des fonctions de l’autre, de celui qui prend soin du bébé et de l’enfant, par sa présence, son attention, ses gestes et, en dernier ressort, par son travail psychique.

Autrement dit, il n’y a pas de destin et d’avenirs indépendants des effets de rencontre, et c’est là le vif de mon propos.

– L’autre axe de ce travail, mais qui lui est intimement lié, concerne le devenir ultérieur des mécanismes et processus psychiques à l’œuvre dans le champ de la petite enfance.

C’est toute la question des effets d’après-coup qui se trouve ainsi posée, et ceci dans la perspective, par exemple, des colloques Bébés-Ados organisés par Alain Braconnier au nom de l’ISAPP [2]  et par moi-même au nom du groupe WAIMH-Francophone [3] , grâce au soutien enthousiaste et si amical de la revue Le Carnet-PSY et de sa rédactrice Manuelle Missonnier [4] .

Comprendre le présent à la lumière du passé, mais réécrire en permanence notre passé à la lumière de notre présent, tel est le double sens de la dynamique freudienne de l’après-coup, et tel est aussi le point de vue que je souhaite défendre au fil de ces pages.

Effets de rencontre et effets d’après-coup : comme on le voit, c’est beaucoup plus le pourquoi métapsychologique et phénoménologique du développement de l’enfant que le comment biologique qui anime ma démarche, et je prends ainsi le risque de ne pas souscrire à la pseudomodernité pédopsychiatrique actuelle. J’espère que les lecteurs ne m’en feront pas grief, mais, en tout état de cause, je ne peux écrire que ce à quoi j’adhère profondément.

 

 

 

 

La notion de développement

 

 

Destin et développement

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03/06/2010 285 pages 26,00 €
Scannez le code barre 9782749212319
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