1. Introduction
Les destins du développement
– Il va de soi que la perspective de ce travail n’est pas de type prédictif, car le destin est, par essence, imprévisible en tant que lié aux effets de rencontre que l’on ne peut pas – fort heureusement – prévoir !
Prédire, prévoir, pressentir…, prévenir : il y aurait toute une réflexion à mener sur les champs sémantiques différents de ces quelques termes, et le collectif « Pas de 0 de conduite » y a consacré une grande énergie au cours de ces dernières années, notamment grâce à Christiane Bellas-Cabane, François Bourdillon, Sylviane Giampino et Pierre Suesser.
On a vu en effet les multiples dérives (scientifiques, épistémologiques, éthiques et politiques) qui pouvaient surgir de la confusion maléfique entre prévention et prédiction [1] , mais je ne reviendrai pas, ici, sur cette histoire douloureuse qui avait été enclenchée par la publication de l’expertise collective de l’INSERM, en 2005, sur « Le trouble des conduites ».
Je me suis associé énergiquement à cette action, et je ne le regrette aucunement.
Cet ouvrage s’inscrit d’ailleurs, clairement, dans cette même optique, car d’une certaine manière, il se veut être, en effet, un éloge de la place, du rôle et des fonctions de l’autre, de celui qui prend soin du bébé et de l’enfant, par sa présence, son attention, ses gestes et, en dernier ressort, par son travail psychique.
Autrement dit, il n’y a pas de destin et d’avenirs indépendants des effets de rencontre, et c’est là le vif de mon propos.
– L’autre axe de ce travail, mais qui lui est intimement lié, concerne le devenir ultérieur des mécanismes et processus psychiques à l’œuvre dans le champ de la petite enfance.
C’est toute la question des effets d’après-coup qui se trouve ainsi posée, et ceci dans la perspective, par exemple, des colloques Bébés-Ados organisés par Alain Braconnier au nom de l’ISAPP [2] et par moi-même au nom du groupe WAIMH-Francophone [3] , grâce au soutien enthousiaste et si amical de la revue Le Carnet-PSY et de sa rédactrice Manuelle Missonnier [4] .
Comprendre le présent à la lumière du passé, mais réécrire en permanence notre passé à la lumière de notre présent, tel est le double sens de la dynamique freudienne de l’après-coup, et tel est aussi le point de vue que je souhaite défendre au fil de ces pages.
– Effets de rencontre et effets d’après-coup : comme on le voit, c’est beaucoup plus le pourquoi métapsychologique et phénoménologique du développement de l’enfant que le comment biologique qui anime ma démarche, et je prends ainsi le risque de ne pas souscrire à la pseudomodernité pédopsychiatrique actuelle. J’espère que les lecteurs ne m’en feront pas grief, mais, en tout état de cause, je ne peux écrire que ce à quoi j’adhère profondément.
La notion de développement
Destin et développement
Extraits
Commenter ce livre