#Bande dessinée jeunesse

Nummer

Frédéric Staniland

1er septembre 1939. Toni vient de passer la frontière alsacienne. Son père et les emblèmes nazis sont derrière lui, en Autriche. Mais ici à Algolsheim, c'est l'ordre d'évacuation générale, tout le monde fuit. Et très vite, l'adolescent se sait poursuivi. Espions Allemands puis Anglais semblent rechercher quelqu'un ou quelque chose dans les prémisses d'une guerre annoncée. De nos jours, un octogénaire, Séraphin, découvre chez un vieil ami disparu un mystérieux manuscrit, Nummer, écrit en allemand gothique durant la seconde guerre mondiale, ainsi que d'étranges messages, éparpillés dans sa maison... Quel message a voulu laisser son ami ? Aidé de jeunes voisins un peu envahissants, Pauline et Gabriel, il va tenter de résoudre l'énigme de "NUMMER" qui le mènera, entre autre, sur le chemin de son passé et de celui de Toni...

Par Frédéric Staniland
Chez Scrineo

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Editeur

Scrineo

Genre

12 ans et +

2

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1

 

 

– Voilà la maison, fit l’une des jumelles.

Séraphin scruta ce qu’elle appelait une maison. Ce n’est pas une maison, pensa-t-il, c’est un véritable trou à rat cette baraque. Ils n’étaient encore qu’à une dizaine de mètres de l’entrée, mais le vieil homme pouvait apercevoir l’état de délabrement avancé de l’ensemble. Sur des murs poreux, dont le crépi tombait en plaques, les lierres grimpaient jusqu’aux chéneaux. Une vigne finissait de masquer la pauvreté de la première bâtisse dont le toit était construit en shed1.

– C’est une ancienne usine ? demanda Séraphin en levant le regard vers une haute cheminée de brique dont la base semblait partir d’une cour intérieure.

– Oui, c’était une fabrique de couvertures de coton. Mais elle ne fonctionne plus. Bien avant que grand-père ne l’achète.

Séraphin ne comprit que l’essentiel de la réponse. À quatre-vingt-trois ans, les phrases formaient parfois un code morse difficile à déchiffrer.

– Et Gérard habitait là-dedans ? Ça semble immense.

– Oui, répondit l’une des sœurs. Le terrain, en tout, couvre cinq hectares. L’atelier, devant vous, ne sert qu’à entreposer du matériel, il y a toujours le four à l’intérieur, on ne peut pas en faire grand-chose. La deuxième maison, fit-elle en la montrant du doigt, est la partie habitable. Elle fait 1 700 m2.

Séraphin siffla.

– En réalité, la plupart des bâtiments sont occupés par le matériel de notre grand-père. Les seules pièces, hospitalières devrais-je dire, ne sont pas nombreuses.

Tout en écoutant, l’autre sœur jumelle tournait la clé d’un cadenas fermant une grille de fer rouillée. Une fois celle-ci ouverte, Séraphin resta planté comme un nain de jardin dans sa pelouse. De toutes parts, des objets jonchaient un pré prisonnier de la ferraille.

– Pauvre Gérard. Il est mort du tétanos ? osa-t-il.

Ils venaient de pénétrer dans ce qui semblait être le cœur d’une casse et d’une décharge. Dès l’entrée, un couloir métallique oppressait le visiteur. Au milieu des tôles, Séraphin reconnut d’anciens postes radio désossés, posés en couches successives, qui gravissaient les murs jusqu’à deux mètres de hauteur. Plus loin, comme un mille-feuilles, des caisses de bois empilées les unes sur les autres paraissaient tenir par un frêle équilibre. Entre les monticules d’objets et de tôles rousses à l’abandon, les carcasses de trois ou quatre DS attendaient leur heure. Mais quelle heure ? Tout semblait oublié. Délaissé. La végétation, au cœur de cet amoncellement, livrait une farouche bataille contre les amas de ferraille. Les ronces, insidieuses, avaient déjà fait prisonnières la majeure partie des cages de fer posées au sol. Dans ces dernières, étaient entassées des faces d’objets en tous genres, gueules métalliques, masques oniriques, dont les fils électriques rayés rouge et noir, vert et noir, jaune et vert, contrastaient avec la morosité ambiante. Accompagnant ces maigres coloris, de grandes chélidoines jaunes et de petites fleurs rosées montaient vers le ciel jusqu’à un bon mètre de hauteur.

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02/10/2014 311 pages 16,90 €
Scannez le code barre 9782367401782
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