#Essais

Vivre sans violences ? Dans les couples, les institutions, les écoles

Micheline Christen, Charles Heim, Michel Silvestre, Catherine Vasselier-Novelli

Depuis la parution de cet ouvrage en 2004, les violences conjugales ont été mises sur le devant de la scène : affaire Trintignant, campagnes de communication... Ce n'est pas pour autant que les réponses à ces violences ont progressé. Malgré les lois, les circulaires qui peuvent faire penser que les violences (conjugales) sont une cause nationale, l'Etat ne cesse de se désengager - suppression de crédits aux associations de prévention et de traitement, aux centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) augmentation du niveau d'incohérence due au fonctionnement de la Justice... La réédition des travaux menés par une équipe de thérapeutes familiaux de Marseille s'est alors imposée, d'autant qu'elle bénéficie du bilan qu'ils ont tiré de leur expérience. Ils nous incitent à penser la complexité des phénomènes violents pour ne pas céder au manichéisme - qu'il soit individuel, familial, social, politique ou scientifique - qui engendre lui-même les violences.

Par Micheline Christen, Charles Heim, Michel Silvestre, Catherine Vasselier-Novelli
Chez Erès

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Editeur

Erès

Genre

Psychologie, psychanalyse

 

 

 

 

 

 

Préface

 

 

 

Jean-Claude Benoit

 

Il était une fois quatre thérapeutes marseillais, efficaces et humains, qui apportaient... la paix en se plongeant dans les violences quotidiennes d’autrui. À la fois individus et équipe à dimension multiple, ils joignaient une liberté d’agir individuelle à la cohérence d’un travail ensemble. Ils apportaient clairement leur volonté d’aide. Faire le pari qu’ils sauraient traduire en mots l’unité si efficace de leurs actes ? Il fallait demander l’effort d’un livre à ces intervenants. Le fait s’est produit lors de rencontres annuelles, sur la belle presqu’île de Giens, colloques de l’association AERTS (Association européenne de recherche en thérapie systémique, créée par Luc Isebaert et Yves Colas). Ainsi, la collection « Relations » s’enrichit-elle d’une œuvre originale et nécessaire. L’exploration du terrain social de violence/s, physiques et relationnelles à la fois, exige d’être comprise in situ, lors d’un engagement appuyé sur un savoir rénové.

Une fin de printemps 2003 a vu les défilés de la protestation sociale, avec les panneaux de leurs slogans légitimes. Marseille était dans la rue. Bonne occasion pour écrire fortement sur la violence quotidienne dans une société qui assure effacer les différences, et les induit dès que possible dans une confusion couramment agressive.

Violence ? Tout dictionnaire énumère : « abus de force », puis « faire violence, forcer, violer, dénaturer, brutalité, sévices, véhémence », etc. Mais aussi, « intensité, vivacité, ardeur, impétuosité ». Ces derniers termes conviendraient bien à nos auteurs. Chacun/e le ressentira dans leur livre, tout comme la force des relations qu’ils communiquent alentour. Suroccupés, exploités par la lenteur ou la confusion de leurs institutions créditrices, ils ont créé, sur une longue période, leur propre unité d’intervention, chacun à temps partiel mais avec un besoin égal de clarté et d’efficacité. Vous trouverez ici les faits et les modules, la diversité des interventions et des thèmes, la pensée et les résultats, qui soutiennent toute recherche novatrice, au fil des ans. Leur « savoir à plusieurs » donne à ce livre sa rare densité.

Il s’agit d’un travail sur le terrain, en direct, là ou l’échec de l’intervenant peut être pire que le trouble lui-même. Des exemples nous montrent en effet la complexité nécessaire aux réussites vraies, à l’inverse des pseudo-solutions qui accentuent le trouble personnel et social. Il faut avoir le courage de dire que l’hypocrisie en haut ou l’épuisement professionnel – d’en bas… – n’ont qu’une réponse : la pensée systémique, son ouverture et sa cohérence humanistes.

Les efforts pratiques et théoriques de leurs interventions sur le terrain s’inscrivent dans un mouvement qui conteste les modules régulateurs automatisés et les impératifs suspects de grandes forces déshumanisées, profitables à quelques-uns. Le « travail psychosocial » devrait bénéficier de la même reconnaissance que celle à laquelle aspire la distribution égalitaire des soins médicaux. Cela n’apparaît qu’indirectement dans leur texte, mais il semble que cela anime leur effort et leur réflexion en commun, leur unité d’engagement et de recherche. Ce livre ouvre un chemin possible et nécessaire. Il recense et développe à la fois les issues offertes par un travail collectif sur le terrain des faits.

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06/05/2010 228 pages 23,35 €
Scannez le code barre 9782749212166
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