#Roman jeunesse

SHOLA ET LES SANGLIERS

Bernardo Atxaga

Shola aime beaucoup son fauteuil et... les frites ; elle aime également l'idée que des sangliers (animaux terribles mais moins courageux qu'elle) pourraient lui demander pitié. Entre le salon confortable et la forêt très, très noire, le monde se divise en deux...

Par Bernardo Atxaga
Chez La Joie de Lire

0 Réactions |

Genre

Lecture 6-9 ans

 

 

 

 

 

 

Un jour, monsieur Grogó rentra à la maison, l’air très inquiet. Il s’assit dans le fauteuil de rotin et soupira profondément. Il était dans un état lamentable, déplorable, intolérable et insupportable.

– Qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi t’es-tu si pesamment écroulé dans ton fauteuil ? Pour tout dire, tu t’es écroulé comme un sac ! lui dit Shola, la petite chienne. En effet, normalement, monsieur Grogó ne s’asseyait, bien sûr, pas comme ça. Normalement, monsieur Grogó s’asseyait très bien, très calmement et très élégamment.

 

 

– Vois-tu, Shola, je vais te dire deux choses, lui dit monsieur Grogó un peu irrité. Tout d’abord, je ne me suis pas écroulé dans le fauteuil, et encore moins comme un sac. Pour que tu sois au courant, Shola, je vais te dire que je me suis laissé tomber parce que mon corps se sentait très fatigué et ne désirait pas autre chose que se laisser tomber.

– Ta façon de parler m’étonne. Tu parles comme les anges en personne, lui dit Shola pour détendre la situation.

 

 

– Ensuite, poursuivit monsieur Grogó sans faire attention au compliment de Shola, tu dois savoir que j’ai laissé tomber mon corps sur ce siège si désagréable pour la très simple raison que tu as décidé d’occuper le fauteuil le plus confortable de ce salon. Sors de là et tu verras avec quelle agilité je suis capable de m’asseoir. Qu’as-tu à en dire ? J’ai répondu à ta question ?

– Non, tu ne m’as pas répondu, dit Shola sans bouger d’un iota. Tu ne m’as pas encore dit ce qui t’arrive.

Comme avait dit monsieur Grogó, elle était affalée de tout son long dans le meilleur fauteuil du salon.

Cette fois, il n’y eut pas de réponse, parce qu’au lieu de répondre, monsieur Grogó attrapa le journal et se mit à lire un article long et profond. Il avait l’air vraiment inquiet, et assez fâché. Mais, au bout d’un moment, quand il eut fini l’article et se mit à préparer le dîner, il oublia qu’il était fâché et avoua à Shola toute la vérité : ce qui lui arrivait, pourquoi il était dans un état aussi lamentable, déplorable, intolérable et insupportable.

– Je dois aller chasser le sanglier, on m’a invité ! dit-il en poussant de grands soupirs et en mettant dans la poêle les pommes de terre épluchées et coupées en morceaux.

– Chasser le sanglier, dit Shola en descendant du fauteuil et en s’approchant de la cuisine. Elle aimait beaucoup l’odeur des frites et les frites encore plus.

– En effet, chasser le sanglier ! précisa monsieur Grogó. Et moi, je n’aime pas du tout la chasse ! Ni les sangliers !

 

 

Cette fois, Shola décida de se taire, parce qu’elle ne voulait pas que monsieur Grogó se laisse distraire. Réussir les frites n’est pas une tâche facile et le cuisinier doit se concentrer. À la fin, alors que les frites et le reste du dîner étaient déjà sur la table, Shola remit sur le tapis le sujet qui la préoccupait. Elles’était stratégiquement mise sous la table.

Commenter ce livre

 

22/05/1999 57 pages 6,70 €
Scannez le code barre 9782882581426
9782882581426
© Notice établie par ORB
plus d'informations