#Roman jeunesse

Le Manoir, Saison 1 Tome 1 : Liam et la carte d'éternité

Evelyne Brisou-Pellen

Après une grave maladie, Liam, 15 ans, est envoyé en convalescence dans un manoir isolé. Cette maison de repos, où il n’y a ni téléphone ni électricité, semble aussi abriter une section psychiatrique. En effet, l’un des pensionnaires se prend pour Léonidas, roi de Sparte ; un autre pour un pirate ; une jeune fille s’habille comme au Moyen Âge et une autre comme au XIXe siècle. Enfin, Liam apprend que des malades dangereux sont enfermés dans une pièce secrète de la maison. Il cherche à s’enfuir du Manoir, sans succès. Il renonce finalement à ce projet, d’autant qu’il a sympathisé avec Cléa, une jeune fille de son âge, qui semble profondément triste, mais saine d’esprit. Peu à peu, Liam va comprendre que tous ces pensionnaires sont morts, qu’ils sont des fantômes. Chacun doit régler un problème avant de pouvoir partir dans l’au-delà. Un jour, Liam découvre dans le bureau du directeur du Manoir une “carte d’éternité”. Sur cet écran géant, on voit en temps réel ce qui se passe dans le monde des vivants. Liam est le seul à pouvoir remonter le temps en agissant sur cette carte. Il va ainsi aider plusieurs pensionnaires à résoudre le problème qui les retient au Manoir…

Par Evelyne Brisou-Pellen
Chez Bayard

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Editeur

Bayard

Genre

Lecture 9-12 ans

Chapitre 1

 

Quand le taxi s’arrêta enfin, je me sentis à la fois soulagé et oppressé. Le ciel était toujours aussi sombre, avec d’étranges nuages comme de la suie, formant au-dessus de nous un couvercle de plomb.

Nous nous trouvions au milieu de nulle part, sur un espace gravillonné cerné de grands arbres. Ce n’était pas ainsi que j’imaginais une maison de repos. Pas de voitures sur un parking (pas de parking, d’ailleurs), pas de malades en robe de chambre prenant l’air sur des bancs, pas de grandes baies vitrées donnant sur une pelouse. C’est le mot « manoir » qui me vint pour désigner ce que j’avais sous les yeux, écrasé par la noirceur du ciel.

Pour lutter contre l’anxiété qui montait, j’examinai la bâtisse et décrétai « xve siècle » – sauf l’escalier, qui avait sans doute été ajouté après. Si je pouvais évaluer à peu près l’époque, c’est que ma mère était prof d’histoire et que j’avais passé mon enfance à visiter vieilles églises et châteaux en ruines.

Ici, on avait des tourelles dans les angles, un toit d’ardoise affaissé par l’âge, de la pierre, du bois et de la terre... Je reconnaissais là le choix de maman. Seulement moi, le style manoir poussiéreux, je le préférais dans les films.

Et puis j’aurais bien aimé qu’elle m’accompagne, ma mère. Ou mon père. Qu’ils ne me laissent pas affronter seul mon entrée en convalescence. C’était sans doute qu’ils avaient trop donné pendant ma maladie, mon séjour interminable à l’hôpital. Nuit et jour, ils s’étaient relayés près de moi, inquiétés pour moi. Maintenant que j’étais sauvé, la fatigue et l’angoisse accumulées avaient dû retomber, et ils relâchaient la pression.

Le chauffeur du taxi, un rouquin large d’épaules, ouvrit le coffre et me tendit ma valise :

– Allez ! Bonne chance !

Oui... Il ne proposait pas, lui non plus, de m’escor­ter. Il lança juste vers le manoir un drôle de regard et m’indiqua d’un geste définitif l’escalier.

Je traversai la cour avec pour seul accompagnement le crissement du gravier sous mes pas. Sinistre. Au-dessus de ma tête, les nuages étaient mouvants, on aurait dit qu’ils voulaient passer à l’attaque. Cela me décida à gravir les marches jusqu’à la grosse porte cloutée.

Je cherchai la sonnette, il n’y en avait pas. Le chauffeur était remonté en voiture, mais continuait à m’observer. Je lui adressai un geste d’impuissance, comme si l’absence de sonnette m’autorisait à repartir. Il me répondit en mimant de frapper.

Je remarquai alors que la patte de lion en fonte, que j’avais d’abord prise pour un ornement, était un heurtoir à la manière d’autrefois. D’une main hésitante, je m’en saisis.

« Boum boum... » Le bois résonna incroyablement, ce qui n’arrangea pas mon stress. Je dus me raisonner pour ne pas m’enfuir en courant.

Le chauffeur du taxi, estimant sans doute qu’il avait largement fait son devoir, redémarra en douceur et disparut dans l’allée. La voiture était un modèle de Porsche que je n’avais encore jamais vu et qui m’avait étonné quand j’y étais monté. Un taxi de grand luxe.

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21/03/2013 450 pages 15,90 €
Scannez le code barre 9782747044974
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