Les opinions divergent, et c'est énorme, probablement parce que l'on parle de Google. En Europe, l'accord préliminaire entre Google et les éditeurs américains, validé en partie par le tribunal, inquiete et divise : si auteurs et éditeurs se disent pour certains favorables, la levée de boucliers se fait surtout du côté des libraires pour l'heure.
Ainsi, Françoise Dubruille, directrice de la Fédération européenne des libraires, expliquait que l'accord Google pourrait être « très, très préjudiciable à la diversité culturelle en Europe » ajoutant que sa mise en place couperait « l'herbe sous le pied des libraires ».
Même son de cloche au Royaume-Uni, où Tim Godfray, directeur de la Booksellers Association, estime que l'on fonce droit vers le monopole avec cet accord. « Nous pensons en outre que, dans les années à venir, Google disposera d'une énorme influence sur les prix de tous les livres épuisés et des contenus d'impression à la demande. Un tel arrangement a ainsi la possibilité de mener de nombreux libraires à la faillite. »
Côté français, les différents acteurs du livre ne se sont pas encore prononcés, bien que l'on nous ait précisé qu'une réaction collective serait prochainement diffusée (SNE et SLF).
Auteurs, éditeurs...
D'autre part, donc, on trouve les éditeurs et auteurs, qui accueillent avec prudence les intentions de Google. Ils se félicitent de cette reconnaissance du droit d'auteur par Google et l'on balaye un peu d'un revers de manche les angoisses des libraires. Ainsi Margaret Drabble, de la Society of Auteurs considère que « les auteurs ne peuvent pas se préoccuper de la situation des autres personnes, nous devons nous soucier de la nôtre ».
Pour Andrew Taylor, auteur et ancien bibliothécaire, les libraires seront clairement les perdants dans cette affaire, eux qui n'auront plus qu'une certitude : la perte de ventes. Probablement pas en ce qui concerne les livres épuisés ou non réédités, en tout cas.
Google n'a toujours pas annoncé de plan concernant l'Europe, mais les libraires redoutent que le Vieux Continent ne soit prochainement à la merci du moteur et de Books, son outil. Cette nouvelle position dans la distribution de contenu numérique placera immanquablement Google en position dominante, mais François Dubruille persiste : « Nous n'allons pas accepter facilement que les droits européens soient piétinés. »