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Katja Lasan

Extraits

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Littérature française

Si le soleil s'en souvient

Dans ce roman vrai, un narrateur revisite son adolescence pendant les derniers jours d'une Algérie encore française quand, sous un soleil trompeur, la violence, la haine et la folie des hommes s'y déchaînaient. Tout commence en 1960, dans une petite ville des hauts plateaux, avec l'inauguration d'un cinéma trop luxueux pour ce monde en sursis. On doit y projeter Moby Dick, le film de John Huston tiré du chef-d'oeuvre de Herman Melville, mais le racisme local, peu familier des baleines blanches, aura vite fait de transformer ce titre à la faveur d'un lamentable jeu de mots aux sanglantes conséquences. A partir de cette scène primitive, tout se tisse ici d'allers-retours entre hier et aujourd'hui. Sur ce manège de mémoire, on rencontrera Churchill et un certain Omar-le-fou, Camus et Assuérus, de Gaulle et Giono, Sartre et des djinns, Lacan et un Berbère bientôt islamiste, un légionnaire hollandais et, bien sûr, Herman Melville — qui ne se prive pas de rendre quelques visites oniriques au narrateur afin d'en savoir davantage sur cette étrange guerre d'Algérie. Ce roman n'est pas l'évocation d'un paradis perdu. Il convoque plutôt un enfer lumineux, un concentré d'injustices, d'aveuglements, de fausses allégresses, d'exils imminents. C'est l'éducation sentimentale, érotique, littéraire et politique, d'un adolescent qui s'égare et se retrouve en parcourant en tous sens le chemin qui le sépare de l'adulte qu'il va devenir.

03/2024

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Littérature anglo-saxonne

Le magicien

Une existence hors du commun adossée à une histoire familiale extraordinaire, une oeuvre littéraire majeure couronnée par le Prix Nobel, et la traversée de toutes les tragédies politiques de la première moitié du XXème siècle - voilà comment on pourrait résumer la vie de Thomas Mann en quelques mots. La prouesse du Magicien consiste à nous faire vivre de l'intérieur - comme seul le roman peut le faire - cette vie exceptionnelle. Thomas Mann naît dans une famille de riches bourgeois hanséatiques dont il fera le portrait dans Les Buddenbrook, son premier roman qui fut aussi son premier succès. Mais le déclin de sa famille tout autant que sa quête d'un ailleurs le mène à Munich, où il épouse la riche et fascinante Katia Pringsheim. Avec et grâce à elle, il construit patiemment une oeuvre protéiforme en même temps qu'un paravent de vie confortable qui le protège de ses démons : son attirance pour les hommes. Pour ses six enfants nés entre un voyage à Venise et un séjour dans un sanatorium - qui seront transposés dans La Mort à Venise et La Montagne magique - il restera à jamais ce magicien enfermé dans son bureau qu'il est interdit de déranger. Colm Tóibín raconte avec le même bonheur la naissance de quelques chefs-d'oeuvre de la littérature européenne que l'existence d'abord agitée, puis tragique, d'une grande famille, mais il excelle surtout dans l'évocation de la vie intérieure du romancier. Sa mue de grand bourgeois conservateur en intellectuel engagé face à la montée du nazisme, puis dans la douleur de l'exil, est dépeinte avec la même intensité que sa solitude et sa difficulté à être aimé. Heinrich, Klaus et Erika Mann, Christopher Isherwood, Bruno Walter, Alma Mahler et Franklin Delano Roosevelt peuplent la vie du grand écrivain et deviennent ici autant de personnages romanesques. Colm Tóibín entretisse tous ces fils littéraires, intimes, historiques et politiques dans une grande fresque qui se confond avec l'émouvant roman d'une vie : celle d'un génie littéraire et d'un homme seul qu'on appelait le magicien. Traduit de l'anglais (Irlande) par Anna Gibson

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Géopolitique

L'Ukraine en toutes lettres

Sur chaque sujet, un éclairage court et précis : événements, villes, personnages, sujets de société, etc. Les notices nous emmènent des deux côtés du front, en Ukraine bien entendu, mais aussi en Russie et au Bélarus et nous font découvrir des sujets, présentés parfois sous des aspects inattendus ou originaux. Un parcours au travers d'une guerre dévastatrice qui n'en finit pas. Une galerie de portraits d'Ukrainien·nes engagé·es dans la défense de leur pays. L'Ukraine en toutes lettres apporte un éclairage senseible sur la réalité humaine de la résistance ukrainienne. Cette résistance qui fait l'objet également de notices qui l'abordent sous différents aspects : résistance militaire et résistance civile. Les acteurs sociaux sont également présents : mouvements syndicaux, féministes, LGBT+, culturels... Du côté de l'agresseur, la Russie, ses sanglants méfaits sont mis en accusation. Ses massacreurs y sont montrés du doigt, ainsi que ses hommes de pouvoir. Leur idéologie donne lieu à plusieurs entrées. En ce qui concerne la solidarité internationale avec l'Ukraine, plusieurs exemples sont mis en avant, notamment les convois syndicaux qui se sont rendus en Ukraine pour apporter une aide matérielle aux syndicats ukrainiens. L'ouvrage est illustré de couvertures de livres ukrainiens parus entre ? 1910 et ? 1930. L'histoire de l'édition ukrainienne est douloureuse car elle se mêle à l'histoire de l'oppression nationale du pays. Cependant, pendant une brève période, l'édition ukrainienne a connu un âge d'or où les titres en ukrainien se sont multipliés. Au cours de cette période, "l'art du livre a commencé à se développer comme un ensemble artistique unique" , explique Marcela Mozhina, spécialiste de la typographie ukrainienne. Outre les couvertures, les artistes créaient le ­lettrage : "Ce sont les lettres - qui étaient, le plus souvent, créées par le même artiste qui s'occupait du dessin de couverture - qui permettaient d'atteindre une unité souhaitée de la couverture. Un nouveau champ d'expérimentations créatives s'est alors ouvert aux graphistes ukrainiens" ajoute Marcela Mozhina. La couverture de l'ouvrage est une oeuvre de Katya Gritseva, artiste ukrainienne à laquelle le magazine Elle a consacré une page.

02/2023

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Histoire de la philosophie

La vie facile. Une lecture du cynisme ancien

Le cynisme est un mouvement philosophique qui s'est développé en Grèce à partir du IVe siècle av. J. -C. , principalement autour de la figure de Diogène de Sinope, le cynique par antonomase. Souvent perçu comme l'expression d'un naturalisme foncier, ce mouvement a même été défini comme un courant antiprométhéen qui a vu dans le feu civilisateur l'origine des malheurs et des vices des hommes. Forts de ce constat, les cyniques auraient donc proposé un retour à la nature ou une vie selon la nature - une vie kata phusin, pour le dire en grec -, inspirée par le modus vivendi de l'homme primitif et par l'exemple des animaux. Le présent ouvrage soumet à l'épreuve des textes antiques cette interprétation d'ensemble largement répandue du cynisme. Contre l'idée d'une vie selon la nature, il avance l'hypothèse d'une vie selon la facilité comme axe majeur de la pensée cynique : plutôt qu'un naturalisme, la voie cynique constituerait au fond une forme radicale de pragmatisme au sein duquel les dichotomies constitutives de notre pensée - nomos-phusis au premier chef - tendent à se dissoudre en faveur d'une adaptation active aux circonstances. A l'appui de sa démonstration et en amont des textes normalement utilisés dans les études sur le cynisme, notamment les Vies de Diogène Laërce et les Lettres pseudépigraphes des cyniques, cette étude met à profit deux titres de la littérature antique que l'on ne prend pas toujours en considération dans les approches philosophiques de cette " école ", à savoir le Discours VI de Dion Chrysostome et le petit dialogue Le cynique attribué à Lucien de Samosate. Le lecteur trouvera dans ces pages une nouvelle fenêtre entrouverte sur ce phénomène complexe et paradoxal qu'a été le cynisme ancien, à travers laquelle il pourra découvrir que les cyniques, en déjouant les étiquettes d'un système binaire et au-delà de tout dogmatisme, ont appris à vivre une vie facile.

#CultureAntique

11/2021

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Philosophie

L'INCONSCIENT DES MODERNES. Essai sur l'origine métaphysique de la psychanalyse

Cela passe aujourd'hui pour une évidence : Freud a découvert l'inconscient ; à la psychanalyse revient le privilège d'avoir su en explorer les mécanismes de manière inédite. La révolution psychanalytique aurait ainsi inauguré un nouvel âge, tels autrefois Copernic bouleversant la hiérarchie des astres et Darwin redessinant l'ascendance de l'homme. Or la psychanalyse plonge ses racines dans la métaphysique moderne qui, de Descartes à Husserl, entreprend de penser la subjectivité du sujet comme l'instance fondatrice du savoir et de l'agir. Car l'inconscient, ce mot que la métaphysique impliquait mais qu'elle ne prononça jamais, est la hantise de la philosophie, depuis Descartes et son cogito : Spinoza, Leibniz, Kant, Fichte, Schelling, Schopenhauer, Nietzsche, Husserl ou Heidegger ont tous buté sur la part nocturne ou secrète de l'homme dès lors, que celui-ci se pose comme sujet souverain. L'inconscient, c'est, pour la métaphysique, toute cette nuit du monde que l'on perçoit, au dire de Hegel, lorsque l'on regarde un homme au fond des yeux. Il n'est en définitive rien d'autre que ce non-dit de la métaphysique moderne qui ne devient explicite dans la psychanalyse qu'au prix du refoulement de son origine métaphysique. C'est sans doute ce qui explique le rapport ambigu - particulièrement patent chez Lacan - de la psychanalyse à la philosophie, qu'elle rejette et revendique à la fois. Si la philosophie moderne a parlé de l'inconscient sans le savoir, la psychanalyse a fait de la philosophie sans le vouloir. Là où était le sujet moderne, l'inconscient devait advenir; là où est advenu l'inconscient, la philosophie doit revenir.

01/1999

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Religion

VARIATIONS SUR LE CANTIQUE DES CANTIQUES. Essai sur l'éros

Dans cet ouvrage d'une génialité à la fois tragique et pacifiée, le plus grand penseur de la Grèce contemporaine a composé un hymne à la puissance amoureuse de la femme - l'éternelle Sulamite - et de l'homme qui cherche en elle le paradis. L'inspiration " orientale ", " orthodoxe " (au sens de l'Eglise indivise) lui permet d'échapper au moralisme et au piétisme qui ont fait si longtemps, dans une société retranchée des sources de la vie, deux ennemis irréductibles du christianisme et de l'éros. Christos Yannaras témoigne d'une connaissance approfondie, nullement répétitive mais créatrice, de l'esprit des Pères grecs et des grands auteurs ascétiques, tous témoins de la " folie d'amour " de Dieu pour l'homme. Il joint à cette connaissance celle des recherches les plus décapantes de la psychologie contemporaine, la plus " gnostique " surtout, celle de Lacan, en attente, semble-t-il, d'être reprise dans une tout autre synthèse. Il sait joindre les " variations " de la grande musique occidentale et le chant viril et doux de l'hymnographie byzantine. Ainsi peut-il célébrer, sur le fond, le ison (la note tenue) de l'interprétation traditionnelle du Cantique, celle des noces ecclésiales du ciel et de la terre, les intuitions et les illusions de la passion, la splendeur des corps devenant peut-être visages, et cette patience et ce respect crucifiés qu'une autre Passion fonde dans l'éros trinitaire. De même que l'abrupte vocation des moines qui, " séparés de tous et unis à tous ", anticipent la Résurrection, cette Résurrection dont l'amour d'un homme et d'une femme est parfois la parabole.

04/1992

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Philosophie

La saga des intellectuels français. Tome 1, A l'épreuve de l'histoire (1944-1968)

Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin. Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure. Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi. Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la "nouvelle philosophie", l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines. Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan. Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.

09/2018

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Philosophie

La saga des intellectuels français. Tome 2, L'avenir en miettes (1968-1989)

Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin. Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure. Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi. Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la "nouvelle philosophie", l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines. Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan. Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.

09/2018

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Littérature française

Tutoyer l'essentiel jusqu'aux poésies du monde

L'essentiel, ce sont tous ces moments que l'on n'oublie pas, le reste n'est que dérision. Que serait le poète esseulé sans sa fidèle muse, indispensable désir de son éternelle inspiration ? Même pétri d'amour sincère " Il n'y a pas de rapport sexuel " laisse entendre Jacques Lacan (via Sigmund Freud) " il n'y a qu'un acte sexuel " ... ni même avec sa muse, ajouterai-je empli de tendresse envers les femmes et envers les muses, mais qui n'a connu cette sublimation immaculée ne peut imaginer ce qu'offre l'abandon du corps et de l'esprit à l'indicible bonheur de se livrer, exempt de toute salissure, à la suprématie des poésies du monde. La muse est là, puis disparait, puis revient à sa guise, et s'approprie le coeur et l'esprit du poète alors inspiré. Sa plume glisse comme une danseuse légère sur la surface lisse d'un lac symphonique qui le soustrait, un temps, à l'insignifiance. Ainsi les mots, la musique, les images se chevauchent, s'entrelacent, s'épousent, de l'océan tumultueux de l'Ile d'Oléron aux fascinants rochers rouges de la Côte d'Armor, des Pins Penchés témoins muets de la naissance d'un fil de soie intemporel à l'étonnante révélation du chemin de Compostelle, d'un littoral méditerranéen suave aux montagnes bleues de l'insondable Cévenne, la muse apparait, riante et victorieuse, dans une ample robe verte qui libère de ses plis ondoyants la grande espérance de vie vers les vagues insoumises de ces poésies du monde qui répandent sur les rivages humains assainis le message d'une paix universelle.Daniel Bernabé - 18 avril 2019.

02/2019

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Psychologie, psychanalyse

La loi de la mère. Essai sur le sinthome sexuel

La loi de la mère vient des mots chargés de plaisir et de souffrance qui s'impriment dans l'inconscient de l'enfant, dès son plus jeune âge. Comme la langue maternelle, cette loi est constituée d'équivoques qui font le lit d'une certaine ambiguïté sexuelle et modèlent fantasmes et symptômes. Il s'agit alors de savoir s'il est possible (et comment ?) de sortir de cet assujettissement tant à la loi maternelle qu'à l'ambiguïté sexuelle qu'elle secrète, pour parvenir à ce que l'on appelle identité sexuelle. Dans cet ouvrage, j'étudie comment un enfant peut se séparer de sa mère et se soustraire à sa loi qui l'enchaîne parfois pour la vie et, en tout cas, le marque décisivement. Le " sinthome " - cette ultime conception du symptôme grâce à laquelle Lacan voulait supplanter l'œdipe - est souvent méconnu. Or, dès qu'on l'éclaire précisément, grâce à l'exemple clinique et au commentaire théorique, on aperçoit sa puissance et sa grande portée pratique. Le sinthome peut séparer l'enfant de sa mère, éventuellement sans le père, et mieux que lui parfois. De plus, il est une réponse possible à l'ambiguïté sexuelle. D'où mon sous-titre : Essai sur le sinthome sexuel. Grâce à ce point de vue novateur, on peut s'éviter bien des préjugés moraux et politiques qui parasitent certaines questions de société brûlantes se posant à l'orée du XXIe siècle, qu'elles soient relatives aux législations sur le mariage, la filiation ou l'adoption, au statut de la " santé mentale ", ou encore aux limites de la propriété revendiquée sur son corps.

01/2008

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Philosophie

Le perçu

Chacun convient de la consistance du monde objectif - ou être-là - dans la coexistence en devenir de ses éléments multiples. Mais l'être-là, c'est dans son apparaître que nous le saisissons. Et il est stupéfiant que la tradition philosophique s'accorde pour dénier toute une consistance à l'apparaître, requalifié pure apparence. L'ambition du Perçu, dûment distingué du psychologique de la perception, est de restituer à l'apparaître sa consistance, non pas seulement factuelle mais telle que de part en part prescrite par une série d'axiomes emboîtés. Parce que la Phénoménologie domine depuis un siècle le champ de la réflexion sur l'apparaître, la démonstration devait prendre en compte ce qui a empêché Husserl d'en reconnaître la consistance propre, ce qui a fait Merleau-Ponty prendre celle-ci à contre-sens, et ce qu'il y a d'anti-philosophie dans la réduction heideggérienne du problème à la compréhension de l'être-au-monde. Et puisque tant Lacan qu'Alain Badiou ont repris à leur compte, en la renouvelant chacun profondément, la doctrine d'une essentielle inconsistance de l'apparaissant, il était exigible qu'un âgon soit ouvert entre eux et le Perçu. Mais il ne s'agissait pas de faire l'histoire philosophique d'un problème. Et le bâti critique n'aura eu d'autre fin que de dégager, à travers ses moments successifs, l'appareil et l'articulation de la preuve : preuve qu'il existe une axiomatico-logique du perçu, et qui ne va pas sans conséquences tant pour l'ontologie que pour la théorie du sujet.

09/2007

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Philosophie

On achève bien les hommes. De quelques conséquences actuelles et futures de la mort de Dieu

D'où vient cet extraordinaire besoin de croyance qu'on retrouve toujours et partout chez les hommes ? L'auteur s'interroge en examinant ces figures historiques du divin qui vont du Totem au Peuple et au Prolétariat en passant par la Physis des Grecs et bien sûr, le Dieu des monothéismes. II trouve une raison dans le " réel " à cette propension irrésistible à s'aliéner à l'Autre. L'homme, en effet, est un être inachevé. De ce manque dans sa nature, évoqué par tant de penseurs de Platon à Lacan, la science apporte aujourd'hui la confirmation avec la théorie de la néoténie, qui montre que l'homme, à la naissance, est un prématuré. Voilà pourquoi, pour opérer sa subjectivation, il a besoin d'inventer des êtres surnaturels auxquels il veut croire comme s'ils existaient vraiment. Mais que se passe-t-il quand, comme aujourd'hui, on assiste à la " mort de Dieu ", annoncée par Nietzsche il y a un siècle. L'être humain, s'il n'est plus aliéné à un Autre, est-il désormais condamné à la surenchère désespérée et désespérante des fondamentalismes, à la dépression face à un monde désymbolisé ou encore à la tentation de se recréer, mieux achevé, avec l'appui des technosciences ? Sommes-nous ainsi en marche, au milieu du chaos religieux et de la déprime galopante, vers une post-humanité ? L'espèce humaine est-elle même radicalement menacée ? Des questions cruciales qu'on ne saurait examiner sans parcourir des champs de connaissance très divers : l'anthropologie, l'histoire, la philosophie politique, mais aussi l'esthétique et la psychanalyse.

03/2005

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Autres

Cités N° 91/2022 : La causalité diabolique. Nouvelles figures

Editorial par Yves Charles ZARKA I – Dossier : La causalité diabolique : nouvelles figures Virginie TOURNAY, Présentation : Le marquage diabolique dans nos sociétés contemporaines Gérald BRONNER, L'anthropophobie : l'humain comme figure du mal contemporain Jacques MAURY DE SAINT VICTOR, Le mal blasphémateur et le retour de l'éloge de la censure Guy SAEZ, Diabolisation et dédiabolisation des cultures populaires Virginie TOURNAY, La plume du diable et les écarts de la nature Janine MOSSUZ, Le diable au corps Virginie TOURNAY, Entretien avec un prêtre exorciste (diocèse du sud-est de la France) Renée FREGOSI, Ces réactionnaires du diable ou le retour des religions séculières Pascal PERRINEAU, Les logiques du bouc émissaire en politique : usages et mésusages de l'anti-fascisme Avishag ZAFRANI, La diabolisation du juif : à partir du sentiment de dépossession II – Vie politique Valérie KOKOSZKA, Les deux sens du califat et la conversion du monde III – Vie intellectuelle Eric MARTY, Jacques Lacan et la question de l'écriture Michel MESSU, Les Studies ou le renoncement aux sciences sociales IV – Varia Romina PERNI, République, usage public de la raison et éducation chez Kant V – Recensions Patrick Desbois, La Shoah par balles, Paris, Plon, 2019, par Marc SAGNOL Thibaud Gibelin, Pourquoi Viktor Orbán joue et gagne. Résurgence de l'Europe centrale, Paris, Fauves Editions, 2020, par Philippe BOULANGER D. Monneron et R.-P. Droit (dir.), Ethique du grand âge et de la dépendance, Paris, Puf, 2020, par Jean-Pierre CLERO R.-P. Droit et C. Jeandel (dir.), Vie bonne et grand âge, Paris, Puf, 2021, par Jean-Pierre CLERO Hans Joas, La Foi comme option, Paris, Salvator, 2020, par Marie-Anne LESCOURRET

10/2022

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Littérature française

Le Pas aveugle. Une femme, l'amour, la psychanalyse

Elle est écartelée entre deux villes, Paris et Bruxelles. Et entre deux hommes, son mari et son amant, qui vivent l'un dans la capitale belge et l'autre dans la capitale française. La jeune femme ne cesse de faire des allers et retours entre ces deux villes, ces deux amours, incapable aussi bien de supporter cette situation que d'y mettre un terme. L'histoire se passe au début des années 60, alors que s'amorce la libération des mœurs qui culminera à la fin de la décennie et pendant que la guerre d'Algérie se dirige péniblement vers son terme. Alors aussi que l'effervescence intellectuelle bat son plein, en particulier dans le Paris de Claude Lévi-Strauss, Louis Althusser, Jacques Lacan et leurs disciples, que croisent, au hasard des rencontres, des amitiés et des réunions de travail, l'héroïne du livre et ses proches. Un récit intime qui a pour cadre le monde intellectuel d'une époque fort bien reconstituée ? Pas seulement. Le Pas aveugle relate - et c'est une première - ce qui s'est dit séance après séance, quasiment au mot près, pendant toute la cure psychanalytique de l'auteur avec un praticien alors fort connu sur la place de Paris. Ce qui se disait côté divan comme côté fauteuil au cours de ces séances était noté en effet quasiment " en temps réel " par la patiente, au cours de ses voyages Paris-Bruxelles. Ayant retrouvé il y a peu ces textes profondément enfouis depuis un demi-siècle, Marie-Claire Grafé a décidé de les publier. Ce qui nous vaut ce document exceptionnel qui témoigne de l'intérieur et sans tabou d'une analyse.

02/2008

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Psychologie, psychanalyse

Les âmes blessées

"A cause de la guerre, du fracas de mon enfance, j'ai été, très jeune, atteint par la rage de comprendre. J'ai cru que la psychiatrie, science de l'âme, pouvait expliquer la folie du nazisme. J'ai pensé que le diable était un ange devenu fou et qu'il fallait le soigner pour ramener la paix. Cette idée enfantine m'a engagé dans un voyage de cinquante ans, passionnant, logique et insensé à la fois. Ce livre en est le journal de bord. Pour maîtriser ce monde et ne pas y mourir, il fallait comprendre ; c'était ma seule liberté. La nécessité de rendre cohérent ce chaos affectif, social et intellectuel m'a rendu complètement psychiatre dès mon enfance. Cinquante ans d'aventure psychiatrique m'ont donné des moments de bonheur, quelques épreuves difficiles, le sentiment d'avoir été utile et le bilan de quelques méprises. Mon goût pour cette spécialité est un aveu autobiographique. L'histoire de ces cinquante années raconte aussi comment j'ai traversé la naissance de la psychiatrie moderne, depuis la criminelle lobotomie, l'humiliante paille dans les hôpitaux, Lacan le précieux, la noble psychanalyse malgré ses dérives dogmatiques, l'utile pharmacologie devenue abusive quand elle a prétendu expliquer tout le psychisme, et l'apaisement que m'a apporté la théorie de l'attachement, dont la résilience, mon chapitre préféré, étudie une nouvelle manière de comprendre et de soulager les souffrances psychiques. Ce long chemin m'a conduit à tenter d'expliquer, de soulager et parfois de guérir les souffrances psychiques. Il m'a donné le plaisir de comprendre et le bonheur de soigner les âmes blessées." B.C.

09/2014

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Photographie

Nature humaine. Le futur de l'environnement à travers l'objectif de douze photographes primés de National Geographic

Vous avez entre vos mains un ouvrage de photographes parmi les plus doués de notre siècle. Chaque jour, elles et ils prennent des risques, loin de leur famille, pour recréer ces liens que notre culture a délibérément rompus. Page après page, vous vous laisserez surprendre par les innombrables formes que peut prendre la beauté. De l'horreur rationalisée des élevages américains capturée par George Steinmetz aux irréversibles cicatrices que nos industries infligent encore aux écosystèmes dévoilées par Henry Fair, vous ne pourrez en sortir indemnes. - CÔME GIRSCHIG L'humanité est à un moment charnière de son histoire. Face à la menace d'extinction qui pèse sur plus d'un million d'espèces végétales et animales, les Nations Unies ont affirmé que dans toute l'histoire de l'humanité, jamais la nature n'avait été aussi fragilisée. A la lumière du nombre croissant de catastrophes naturelles et d'environnements pollués, ainsi que de la montée du niveau des eaux, l'époque géologique actuelle est désignée sous le nom d'Anthropocène, qui reflète l'influence indélébile et irréversible des activités humaines sur la surface terrestre. Dans cet ouvrage essentiel et pertinent, ces problèmes majeurs de notre époque sont abordés par douze photographes contemporains parmi les plus influents de planète : Joel Sartore, Paul Nicklen, Ami Vitale, Brent Stirton, Frans Lanting, Brian Skerry, Tim Laman, J Henry Fair, Cristina Mittermeier, Richard John Seymour, Georges Steinmetz, et Steve Winter. C'est avec bienveillance, lucidité et des détails captivé et des détails captivants qu'ils nous content l'histoire à l'origine de leurs images exceptionnelles et analysent les enjeux imminents pour notre planète et pour l'humanité.

09/2020

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Psychologie, psychanalyse

Frantz Fanon, portrait

L'itinéraire de Frantz Fanon, né antillais, mort algérien, et son témoignage de psychiatre, d'écrivain, de penseur politiquement engagé reviennent éclairer les désordres et les violences d'aujourd'hui. Fanon est mort à 36 ans, à un âge où souvent une vie d'homme ne fait que commencer. Mais toutes ses mises en garde aux pays colonisés en voie d'indépendance se sont révélées prophétiques. De même, ses rélexions sur la folie, le racisme et sur un universalisme confisqué par les puissants, à peine audibles en son temps, ne cessent de nous atteindre et de nous concerner. L'auteur des Damnés de la terre a produit une oeuvre "irrecevable". Son propre parcours ne l'était pas moins et la manière dont il s'interrogeait sur "la culture dite d'origine", sur le regard de l'autre et sur la honte n'a pas toujours été reconnue. Particulièrement qualifiée pour dresser ce portrait biographique et intellectuel, Alice Cherki a bien connu Frantz Fanon, travaillé à ses côtés, en Algérie et en Tunisie, dans son service psychiatrique, et partagé son engagement politique durant la guerre d'Algérie. Elle nous apporte son témoignage distancié sur un Fanon éveilleur de consciences, généreux sans concessions, habité par le sentiment tragique de la vie et par un espoire obstiné en l'Homme. Alice Cherki est née à Alger d'une famille juive, elle a participé activement à la lutte pour l'indépendance. Psychiatre et psychanalyste, elle est coauteur de deux ouvrages, Retour à Lacan ? (Fayard, 1981) et Les Juifs d'Algérie (Editions du Scribe, 1987). Elle a publié plusieurs articles portant sur les enjeux psychiques des silences de l'Histoire.

01/2011

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Psychologie, psychanalyse

A propos de la psychanalyse et de la pédagogie. Variations sur l'Autre

L'enfant ne peut pas vivre sans l'amour, sans l'entourage, et sans l'Autre. Cette approche s'oppose à une théorie qui tiendrait compte uniquement de la partie saine du moi du sujet enfant, "libre de conflit", et qui prône l'unification des pulsions préalable à la possibilité d'un traitement psychanalytique. En revanche, elle pose la question fondamentale de l'altérité chez l'enfant, dans la pratique de la psychanalyse et de la pédagogie. Nous nous démarquons de l'abord purement éducatif visant la conduite de l'enfant à travers les idéaux dans un but normatif. A cet effet, nous reprenons les apports de Lacan, notamment ceux des années 68-69, et ne perdons pas de vue ceux qui ont introduit la question, dans les années 55, en dialogue avec la philosophie. Il n'existe pas un clivage entre l'Autre et l'autre, mais une proximité entre l'Autre (A) et l'autre (a) ; car l'Autre est extérieur au sujet, mais aussi proche et intime. L'importance de l'objet a dans l'expérience psychanalytique et d'autres statuts de l'objet, soit transitionnel, autistique, ou de la perception, amène le clinicien à prendre en compte les trois dimensions limites de l'impossible : le sens, le sexe, et la signification. Est-ce cela le fondement du métier impossible du psychanalyste ? Eduquer et guérir sont deux champs très différents, pour- tant, le débat reste toujours ouvert quoique, à notre avis, il soit presque oublié aujourd'hui. Les enjeux actuels, ainsi que notre travail en institution, exigent de nous un engagement et une réflexion approfondie sur notre pratique : c'est l'objet principal de ce livre.

01/2016

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Philosophie

Hérésies. Essais sur la théorie de la sexualité

La littérature et les différents domaines de la réflexion théorique ont souvent été des champs de bataille où les dissidents de l'ordre sexuel ont cherché à faire entendre leurs voix. Ce sont quelques-uns des moments de ce grand affrontement que Didier Eribon entend restituer ici, à travers des lectures de Gide et de Jouhandeau, de Foucault et de Dumézil notamment. Mais il décrit également comment les pensées novatrices ou hérétiques peuvent rester engluées dans les valeurs dominantes (comme chez Gide) et même, parfois, cohabiter chez un même auteur avec un discours réactionnaire voire raciste (comme chez Jouhandeau). C'est de cette complexité qu'il s'agit de rendre compte dans ce livre. Ces discours " hérétiques " doivent bien sûr affronter la résistance acharnée des tenants de l'orthodoxie sociale et des défenseurs de l'ordre sexuel, toujours prompts à les renvoyer à la " folie " ou à la " perversion ", à les accuser de " mettre en péril les fondements de la civilisation ", comme on le voit, de manière quasi caricaturale, chez des idéologues comme Lacan et Mounier, et chez leurs héritiers. Il faut alors donner toute sa force à l'affirmation de Barthes selon laquelle " dans ce qu'il écrit, chacun défend sa sexualité ". Ce livre se veut un plaidoyer en faveur de la pensée critique, de l'" hérésie ", une incitation à élargir l'espace de la liberté et des modes de vie possibles face à tous les conformismes, à toutes les pensées rétrogrades et répressives, qu'elles s'avancent sous le masque de la morale, celui de la Raison ou celui de la Science.

11/2003

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Psychologie, psychanalyse

Enigmes du corps féminin et désir d’enfant. De la gynécologie à la psychanalyse, vers la PMA

Quel lien établir entre médecine et psychanalyse ? Quelle part prend l'inconscient dans la problématique du corps tel qu'il est conçu en médecine et comment la psychanalyse peut-elle y faire entendre sa pertinence ? L'auteur répond en décryptant les énigmes du corps et de la sexualité féminine dans sa pratique de gynécologue orientée par la psychanalyse. Quand le désir d'enfant se fait entendre le corps peut faire barrage et le symptôme infertilité vient alors redoubler le mystère du corps féminin qui ne répond pas là où il est attendu. Comment un sujet féminin se débrouille-t-il des bouleversements techniques des modes de procréation ? Déplaçant l'universel des protocoles médicaux, l'auteur montre comment l'approche psychanalytique permet à chaque sujet pris un par un, de trouver une réponse au plus près de son désir lors de sa demande adressée à un centre d'AMP. Ce livre est issu d'une réflexion à partir de l'expérience clinique de gynécologue et de psychanalyste de l'auteur. Il explore les liens entre médecine et psychanalyse dans lesquels la question du corps est prise. S'appuyant sur les travaux de Freud et de Lacan qui étayent sa pratique de gynécologue orientée par la psychanalyse, l'auteur décrypte les énigmes du corps et de la sexualité féminine. Ce livre s'adresse aux médecins praticiens ou pas en AMP et aux psychanalystes. Il s'adresse aussi aux étudiants en médecine ou en psychologie et à un plus large public, celui des parents, futurs parents confrontés à l'épreuve de l'infertilité et des procréations médicalement assistées.

02/2018

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Beaux arts

La Ruse du tableau. La peinture ou ce qu'il en reste

"La forme "tableau" correspondrait à un moment déterminé dans l'histoire de la peinture et de l'art en général. Un moment chronologique : l'apparition du tableau dit de chevalet est assez précisément datée, ainsi que le serait l'annonce de sa fin. Un moment historique : le tableau semble être venu à son heure, laquelle a coïncidé avec le développement du commerce au long cours, l'accumulation du capital et la domination de la marchandise sous son espèce indépendante et fétichisée. [...] Telle est la ruse du tableau qu'aujourd'hui encore, toute proposition picturale de quelque conséquence puisse être comme traversée par lui. Le tableau n'en a pas fini de fonctionner tout ensemble comme modèle et comme norme idéale, alors même que la notion en aurait été, non pas tant récusée, que radicalement déplacée. [...] Le tableau, chose du passé ? Mais quel tableau, ou le tableau en quel sens du mot ? Le tableau en tant qu'objet ? Le tableau en tant qu'activité, et qui en appellerait à ce titre à une conception élargie du travail de peinture ? Le tableau en tant que fonction, comme l'a voulu Lacan, et qui pourrait s'exercer hors contexte, sinon hors-cadre ? Le tableau en tant que forme, sur laquelle la pensée puisse tabler, au moins par métaphore, dans sa propre activité, ses propres opérations, son propre travail, et jusqu'à en venir à jouer elle-même sur plusieurs tableaux ? La question qui est celle du tableau en appelle ainsi à quelques détours, sinon à quelques déplacements auxquels est exposé tout un chacun qui s'intéresse à l'art. " Hubert Damisch

09/2016

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Revues de psychanalyse

Figures de la psychanalyse N° 42 : Destins actuels de la pulsion

Au fur et à mesure que ses institutions et ses logiques évoluent, notre époque montre plus encore combien le désir humain ne peut s'articuler sans la force et l'organisation pulsionnelle, qui peuvent aller jusqu'à le submerger. Moins masquée par les interdits et les croyances religieuses, la pulsion se manifeste toujours plus dans les symptômes qu'elle produit, dans la logique qu'elle répète, les destins multiples qu'elle connaît, qui sont autant de substituts aux excitations qu'elle crée. Boulimies, addictions, SM, exhibitions, et bien d'autres formes la mettent ouvertement en scène. L'expérience freudienne en a épelé la clinique, la source, l'objet, le but, a montré en quoi la pulsion relaie l'organique dans le psychisme sous la forme d'une poussée constante. Les pulsions sont nos mythes, disait Freud, et en effet elles poussent selon une grammaire alors qu'elles sont ancrées dans les orifices et organes du corps, elles manifestent l'appareillage des zones érogènes du corps par le langage. Qu'il s'agisse des pulsions dites de vie, dans leurs formes orales, anales, sexuelles et autres, de la pulsion de mort dont l'introduction est centenaire, chacune plonge au coeur de l'économie psychique tout en étant concernée par les sciences du vivant. Prolongeant cet abord, Lacan montre en outre que les logiques du désir à leur tour s'appuient sur ces objets du corps, leur empruntent aussi certaines particularités physiologiques. L'objet pulsionnel se complète des objets a, comme opérateurs logiques entre le sujet et l'Autre. Ce numéro mettra au travail l'actualité de ce concept nécessaire.

04/2022

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Littérature française

Sens d'ssus d'ssous. Oeuvres romanesques (2010-2020)

Sens d'ssus d'ssous peut être considéré comme un autoportrait masqué de l'auteur qui se glisse tour à tour dans la peau d'Artaud, Roussel, Jarry, Crevel et d'un esthète maniaque pour décrire par procuration sa passion pour l'art, ses obsessions, ses doutes, ses contradictions, son intimité, ses excès, ses empêchements... mais c'est aussi l'occasion de manifester une opposition aux valeurs surannées du vieux monde. Ainsi, Patrice Trigano fait dire à ses héros, l'urgence à régénérer les structures profondes d' "un monde qui glisse" , comme le disait Antonin Artaud. La Canne de saint Patrick, Le Miroir à sons, L'Oreille de Lacan, Uburébus et L'Amour égorgé forment un ensemble traversé par des personnalités éblouissantes qui, flirtant parfois avec la folie, ont annoncé ou créé le mouvement dada et le surréalisme. Dans sa préface Sarah Chiche précise que "mettre tout Sens d'ssus d'ssous, c'est tordre le langage jusqu'à l'embraser, abolir les cadres traditionnels du récit jusqu'à la brûlure, ausculter son époque... et préférer au confort et à la fadeur de la norme, les braises du désordre, seul moyen d'en découdre avec la contrainte sociale, la religion et la morale". Sens d'ssus d'ssous est une invitation à ré-enchanter le monde en donnant la parole aux Poètes. Patrice Trigano a fait des études de philosophie et de droit avant de consacrer sa vie à l'art. Ses préoccupations centrées sur l'art et la révolte l'ont mené à s'engager en littérature dans une oeuvre romanesque où plusieurs des grandes figures qui les ont incarnées illustrent ce recueil.

03/2022

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Essais

Et si nos vies n'étaient qu'énigme ? Actes du colloque organisé par le Collège des humanités, Montpellier les 24 et 25 septembre 2016

L'homme parle et ne sait pas ce qu'il dit. Il désire mais ne sait pas quoi. Il jouit mais ne s'en satisfait pas... Il y a chez l'être humain - parlêtre dirait Lacan - cette vibration intime et secrète de la chair depuis que le Verbe l'a percuté et cette vibration, cette pulsation, c'est le vivant. Depuis toujours, l'homme a été intrigué par ce vivant mystérieux. Il a voulu le comprendre, l'expliquer, le maîtriser, l'évaluer, etc. Il en appelle à l'écriture, à l'image, à la philosophie, aux mathématiques, à l'art, aux religions, et plus que jamais à la science. Ainsi sommes-nous passés de Thalès calculant la hauteur de la pyramide de Khéops en mesurant l'ombre portée de son corps, à Armstrong marchant sur la lune... La science dont la fonction est d'établir des rapports n'avait pas, jusqu'à il y quelques décennies, répondu aux "origines" et aux "fins". Désormais, elle le veut. Et le prouve en dissociant, par exemple, la parentalité de la reproduction ou en nous promettant l'éternité ! Naguère, la puissance du réel était dévolue au divin. Désormais, le discours scientifique s'en empare prouvant une fois de plus que rien n'est plus insupportable que le réel, rien n'est plus déconcertant que l'impossible à dire et à se représenter. Alors, autant le confondre, ce réel, avec la réalité ! Mais, paradoxalement, plus ce discours se veut riche de promesses et plus notre errance s'accroît, ne sachant pas davantage d'où nous venons ni même où nous allons.

09/2017

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Essais

La psychanalyse : l'indifférence en matière de politique ?

Après "La méthode clinique", publié en 2019 et qui a déjà donné lieu à plusieurs rééditions, La Petite Librairie fait le choix de proposer un recueil de textes inédits de Michel Lapeyre, prononcés ici ou là en France lors de "vraies" rencontres, ce qui n'est pas si courant, avec un homme témoignant de son rapport à la psychanalyse et de la subjectivité de notre époque à travers une ouverture éthique permettant de penser le monde : ceux qui l'ont rencontré se souviennent de son style. Michel LAPEYRE est un passeur. Psychanalyse, politique et création étaient ses domaines privilégiés : il pouvait à l'occasion envisager une psychanalyse comme une écriture et les écrivains comme des précurseurs. Sous ce titre provocateur, il nous montre encore et toujours qu'on peut avoir un rapport à la psychanalyse suffisamment libre pour pouvoir penser avec elle et au-delà d'elle la "substance humaine" tout en nous invitant à ne pas nous couper du monde. Le psychanalyste avec Michel LAPEYRE est tout sauf indifférent, notamment en matière de politique, lorsqu'il le définit comme celui qui aurait à organiser la perte du pouvoir, de tout pouvoir sur l'autre ! Sont abordés dans ce recueil les thèmes très actuels de la honte de vivre, de la question du mal, de la fraternité, de la logique collective et du féminin, en passant par Mauss, Marx, Freud et Lacan. Dans la première conférence, qui donne le La de ce recueil, il nous montre un Freud politique lorsqu'il indique qu'il n'y a pas de reconnaissance de l'inconscient qui ne vienne se heurter à ce qui ne cesse de la remettre en cause soit l'irréductibilité de la pulsion de mort. Une psychanalyse doit permettre au sujet de prendre position dans ce conflit ! Dans la dernière intervention, il prend à bras le corps la question du mal, non seulement pour mettre à jour ce qui, du mal, est toujours dénié, mais pour en remonter le fil. Si la science permet l'extension du mal, et que la religion traite le mal essentiellement par la culpabilité, la psychanalyse doit permettre au sujet de savoir de quoi son mal est fait, ce qui, de lui, il veut tuer dans l'autre ; ce qui est notre lot à tous : sur cet universel Michel LAPEYRE en appelle à Antonin ARTAUD et Bertolt BRECHT comme éclaireurs. Entre ces deux textes phares nous trouvons entre-autres un formidable coup de gueule anticapitaliste dans lequel il revendique avec Lacan le respect dû à tout homme, dans sa singularité, un questionnement qui fut le sien sur le lien social et la fraternité, et un texte fondamental sur la honte de vivre qu'il replace à coté de l'angoisse, cet affect qui ne trompe pas. Michel LAPEYRE envisage l'avenir de la psychanalyse avec lucidité : elle disparaitra peut-être mais rien ne doit nous faire renoncer à nous appliquer à rejoindre la subjectivité de notre époque, en participant aux solutions et conclusions que la psychanalyse est amenée à (se) forger, quitte à payer de notre personne en faisant valoir sans relâche, à son instar, le discours de l'analyste comme celui de la singularité. "Il s'agit de faire valoir ce que la psychanalyse apporte mais par quoi elle est aussi traversée, voire dépassée, de part en part : le lien humain ou interhumain (où subjectif et social sont et demeurent indissociables) n'est fait et refait que de désir et de symptôme" (p. 132). D'où son voeu sur une association possible "entre frères humains", par le symptôme de chacun, "un entre autres"...

11/2021

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Finances publiques

Revue française de finances publiques N° 155, septembre 2021

SOMMAIRE - RFFP N°155 - Septembre 2021 . Editorial : Pour une institution de régulation des finances publiques, par Michel Bouvier SOUVERAINETE DE L'ETAT ET FINANCIARISATION DU DROIT La souveraineté de l'Etat à l'épreuve de la financiarisation du droit, par Katia Blairon La souveraineté monétaire au fondement de la souveraineté financière, par Sébastien Evrard Souveraineté monétaire et financiarisation, par Yamina Tadjeddine La financiarisation de la comptabilité publique : déconstruction d'une idée reçue, par Sébastien Kott La financiarisation du droit, la dette publique et la souveraineté de l'Etat, par Christophe Pierucci Succession d'Etats et dettes souveraines : entre respect de la souveraineté étatique et préservation de la souveraineté du peuple, par Mélanie Dubuy Les contournements du droit fiscal national. Un souverain sans pouvoir fiscal ? par Céline Viessant Solidarité budgétaire des Etats et métamorphose de la souveraineté politique, par Michel Bouvier Le concept britannique de souveraineté : un modèle transposable ? par Alexandre Guigue . DOSSIER : TIERS-LIEUX Le co-working à l'épreuve du home working. Quel avenir pour les tiers-lieux après la crise sanitaire ? par Fabien Bottini Les expériences Ville de Paris - Région Ile-de-France, par Marie-Christine Baranger Tiers-lieux à l'ère du numérique : Vers la mise en place de "tiers lieux" de la télémédecine ? par Amandine Cayol L'insaisissable fiscalité des tiers-lieux, par Jean-Raphaël Pellas . CHRONIQUE DE GOUVERNANCE BUDGETAIRE Chiffre(s), finances publiques et protection de l'environnement, par Christelle Ballandras-Rozet et Rémy Dufal Le droit public financier allemand. Un aperçu comparatiste, par Hugues Rabault . CHRONIQUE FISCALE CONSENTEMENT A L'IMPÔT : COMMENT LE REACTIVER ? . Quelle réalité du consentement à l'impôt dans le cas des pays en développement ? par Noureddine Bensouda Le recours à l'impôt est inévitable : mais avec quelle légitimité ? par Michel Bouvier La complexité fiscale, obstacle au consentement à l'impôt, par Alain Lambert Consentement à l'impôt et lutte contre la fraude fiscale, par Romain Grau Le Parlement et le consentement à l'impôt, par Charles Guené FISCALITE DES NON-RESIDENTS La fiscalité appliquée aux revenus de source française des contribuables domiciliés hors de France. Vers des aménagements de la réforme consacrée par la loi de finances pour 2019 ? par Simon Daragon . CHRONIQUE DE GOUVERNANCE FINANCIERE LOCALE L'ambivalence de la réforme de la fiscalité locale pour l'échelon départemental, par Camille Cubaynes . CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE Vient de paraître

08/2021

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Histoire de l'art

Some of us. Artistes contemporain.es, une anthologie, Edition bilingue français-anglais

Some of Us est une anthologie des artistes contemporain. es réunissant plus de 1000 images (visuels d'oeuvres, vues d'expositions) depuis le début des années 2000 jusqu'à nos jours en France. Dressant un panorama, à la fois rétrospectif et prospectif, de la diversité des scènes françaises, cette anthologie participe à la visibilité de plus de 400 artistes à travers une sélection de leurs oeuvres et expositions. Créée en 2019, la plateforme curatoriale et éditoriale Some of Us pose la question de la sous-représentation des artistes femmes dans les arts visuels. Si la place des femmes dans l'art est aujourd'hui reconsidérée, la situation est loin d'être équitable : leur visibilité continue d'être minoritaire. Aussi avons nous engagé une collaboration étroite avec des artistes, commissaires d'expositions, critiques d'art, institutions, galeristes, collectionneur. se. s afin de faire émerger un premier récit dédié aux artistes contemporaines - les femmes, les artistes de couleur, les non-américaines et/ou les artistes queer, trans et non binaires - en France depuis ces 20 dernières années. Pour parfaire cette recherche en histoire de l'art contemporain, un comité éditorial s'est constitué aux côtés de la direction artistique et scientifique de l'anthologie : deux artistes Katia Kameli et Claude Closky, Marie Chênel& Matylda Taszycka - pour l'association AWARE, Guillaume Mansart - Directeur du réseau Documents d'artistes PACA, Julie Crenn - Critique d'art & commissaire indépendante, Cédric Fauq - Commissaire en chef / Capc Bordeaux et Sarah Ihler-Meyer - Critique d'art & commissaire indépendante. Ces archives visuelles sont précédées d'un texte documenté qui retrace une multiplicité d'histoires, celles des scènes artistiques et curatoriales en France ainsi que de nombreux enjeux artistiques, théoriques, esthétiques et philosophiques qui s'y rattachent. Ce texte met en perspective plusieurs ouvrages, recherches et expositions marquantes de ces vingt dernières années. Complétée de plusieurs index, cette anthologie est conçue comme un ouvrage de référence et un outil de travail pour les artistes, les historien. nes d'art, les chercheur. es, les amateur. ices, ainsi que pour tous. tes celles et ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'art contemporain et à la visibilité de ces artistes contemporain. es. Grâce aux choix graphiques opérés, l'anthologie peut être parcourue par les lecteur. ices de façon non linéaire, en mettant en évidence le parcours de ces plus de 400 artistes. Cet acte éditorial constitue une forme d'exposition à part entière.

04/2024

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Littérature française

Mon après-guerre à Paris. Chronique des années retrouvées

"Dans le Paris d'après-1945, un étranger était considéré comme un être potentiellement suspect. J'avais choisi la France, mais la France, elle, ne m'avait pas choisi et s'occuper d'un réfugié de l'Est qui venait de recevoir six millions de morts en héritage n'était alors l'affaire de personne. Il est dit : "A la sueur de ton front, tu gagneras ton pain" : J'ai travaillé jusqu'en 1950 dans la confection et la chaussure. Misérable condition. Aujourd'hui, les gens trouvent ces débuts presque amusants : la vie d'hôtel en garnis, les ateliers du Marais, le froid pire que la faim, la pauvreté, le prolétariat des cantines, le statut de "métèque"... Ils ne mesurent plus combien notre confiance dans le monde était ébranlée. Un exil se terminait, un autre commençait Mais l'exil est un art qui s'apprend." Après sa superbe Chronique des années égarées (1997), qui relatait son adolescence roumaine marquée par la Shoah, le grand psychosociologue Serge Moscovici, arrivé à Paris en 1948 à 22 ans, nous offre ici la suite française de ses Mémoires, reconstituée de façon posthume par Alexandra Laignel-Lavastine à partir de ses fragments manuscrits. Avec ses compagnons d'exil - Paul Celan, Isac Chiva ou André Schwarz-Bart - ils forment une petite troupe de sans-patrie issue de toute l'Europe. Au fil de souvenirs très vivants et souvent drôles, d'anecdotes et de portraits, ce témoignage offre une plongée inédite dans l'univers de ces jeunes intellectuels juifs à leurs débuts. On mesure ici à quel prix a pu éclore - au contact des Daniel Làgache, Alexandre Koyré, Lacan, Lévi-Strauss - une des plus éblouissantes générations de la seconde moitié du XXe siècle. Un livre rare et merveilleux.

10/2019

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Psychologie, psychanalyse

Oedipe aux îles Borromées. "Absalon, Absalon !" de William Faulkner

Serge Sabinus, avec Oedipe le Salon, poursuit son exploration psychanalytique des grands textes. Après "Don Quichotte", "La Divine Comédie" et "Moby-Dick", ce collectif de psychanalystes s'est approché de "Absalon, Absalon ! " de William Faulkner. Faulkner, maître d'oeuvre de la traversée des origines sudistes par la Civil War, trouve avec son héros, Thomas Sutpen, les accents terribles et destructeurs de l'Histoire. " Absalon, Absalon ! ", grand titre biblique, fait vibrer dans le texte analytique la violence, la haine, la passion qui dévorent jusqu'à la folie chacun des personnages : Thomas Sutpen qui bâtit son Sutpen' Hundred en un château de cartes flamboyant et écroulé, Rosa Coldfield, confite dans sa haine et ses regrets, et puis Henry, Quentin, Judith et Charles Bon, jusqu'au final dans les froides contrées du Nord qui ne trouve comme ressource que le cri du désespoir : "Non le Sud, je ne le hais point". Chacun des personnages, au grand ton faulknérien, est traversé de part en part par la négritude de Clytie, magique esclave silencieuse et puissante qui représente l'ultime reste. Reste sublime et infect, comme l'est l'enfant perdu – Jim Bond – qui hurle la fin du monde en un cri où chacun se reconnaîtra. Ainsi va le monde du Sud. Thomas Sutpen n'aura pas de filiation pure, blanche. Tout est perverti, faussé, jusqu'à l'infâme normalité qui envahit la fin du roman. A Baveno, des psychanalystes sont à l'oeuvre. Il faut lire leurs interventions brillantes et captivantes. Que disent-ils de ces pages tragiques ? Comment trouver avec Lacan, armé des noeuds borroméens, une lecture différente, d'une autre complexité ? C'est le pari lancé dans ces pages : Ca nous parle !

07/2019

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Spécialités médicales

L'éclipse du symptôme. L'observation clinique en psychiatrie 1800-1950

Qu'appelle-t-on "symptôme" en psychiatrie ? Et de quel talent d'observateur faut-il créditer le clinicien qui essaie de regrouper les symptômes en syndromes, voire en maladies mentales ? Steeves Demazeux, après son enquête sur les classifications contemporaines (Qu'est-ce que le DSM ? , Ithaque, 2013), continue ici sa remontée dans le temps, en examinant l'émergence de la clinique psychiatrique, de ses origines chez Pinel à la crise qui la secoue au tournant des années 1950. A cette fin, il fouille le sol de la relation clinique, en amont du diagnostic, quand, au plus proche du patient, le psychiatre se met en quête des "signes" de la maladie. Les aliénistes ont longtemps cherché à constituer une "sémiologie" de la folie aussi respectable que celle des autres branches de la médecine. Très vite, cependant, ils ont hésité. Fallait-il voir dans ces signes et ces symptômes les éléments formels d'un tableau, les indices d'un trouble sous-jacent qui en serait la cause, ou les lettres d'un texte dont le sens nous échappe ? Une sémiologie psychiatrique n'est-elle pas au fond une chimère ? La psychanalyse n'a-t-elle pas hérité de ses impasses ? Et si c'était à des auteurs méconnus, voire méprisés, "numéristes" et modestes statisticiens d'asile, qu'il fallait enfin accorder la palme de l'objectivité ? L'histoire et la philosophie des sciences croisent ici des personnages inattendus, et pourtant tous nécessaires : Edgar Poe et Jacques Lacan, Carlo Ginzburg et Michel Foucault, les habitants de Manhattan, un photographe victorien spécialisé dans les gouttelettes, et plusieurs neurologues le marteau à la main. Au terme de ce parcours, Steeves Demazeux propose une refondation vigoureuse de notre épistémologie de la psychiatrie, qui doit changer et d'objet et de but

10/2019