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Carole Saturno

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Matières enseignées

Pratiquer la philosophie au primaire. Conseils, activités thématiques et littérature jeunesse

Pratiquer la philosophie au primaire permet d'acquérir des connaissances et propose des outils pour faire vos premiers pas dans l'animation de dialogues philosophiques avec vos élèves. Cet ouvrage ne vise pas à conduire les élèves à s'approprier les différentes théories philo¬sophiques ni à en faire de "petits philosophes" . Il s'agit plutôt de leur offrir un contexte centré sur un dialogue à l'intérieur duquel ils pourront se poser ensemble des questions centrales de l'existence humaine. Les élèves développent ainsi leurs habiletés de pensée, leur capacité de communication, leur esprit critique, créatif et attentif, ainsi que différentes qualités telles que l'ouverture, l'empathie et l'estime de soi. Par ces dialogues philosophiques, les élèves sont également amenés à développer des aptitudes de collaboration essentielles au vivre-ensemble et à l'exercice d'une citoyenneté participative. Véritable mine d'or d'informations et de conseils pour découvrir et mieux comprendre la philosophie pour enfants, la première partie de l'ouvrage vous offre entre autres : - une brève présentation de l'historique, des méthodes et des principes de cette pratique fondée sur le questionnement ? ; - les sept règles d'or à respecter lors de l'animation d'un dialogue philosophique ? ; - les sept pièges à éviter ainsi que des stratégies pour les surmonter ? ; - des indications précieuses liées à la disposition de la classe ainsi qu'à l'animation, comme la gestion des droits de parole et des silences ? ; - des exercices variés pour développer des habiletés intellectuelles particulières ? ; - des repères utiles pour faciliter l'animation ? ; - des pistes et des grilles pour l'évaluation. La seconde partie propose des outils concrets à utiliser selon vos besoins pour mettre en place cette pratique passionnante ? ! Vous y trouverez par exemple de nombreuses activités thématiques comprenant des suggestions d'ouvrages de littérature jeunesse, des plans de discussion et de nombreuses fiches reproductibles pour alimenter les réflexions.

01/2022

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Cinéma

Fictions nationales. Cinéma, empire et nation en Ouzbékistan (1919-1937)

L’Union des républiques socialistes soviétiques formait-elle un empire ? Comment les États-nations d’Asie centrale – et l’Ouzbékistan en particulier – ont-ils émergé et comment se sont-ils consolidés à la veille de la Seconde Guerre mondiale ? Comment se traduit la violence stalinienne dans la région ? C’est en étudiant le cinéma de fiction produit dans l’entre-deux-guerres en Ouzbékistan que Cloé Drieu répond à ces questions et expose précisément les mécanismes d’assujettissement, tant institutionnels que symboliques, de la périphérie ouzbèque au centre moscovite. En effet, le film, parce qu’il est au coeur d’enjeux politiques et économiques, mais aussi parce qu’il relève de la construction d’imaginaires, tant nationaux qu’impériaux, est un fil conducteur singulier. De 1924, date de naissance politique (création de l’Ouzbékistan soviétique) et cinématographique (réalisation du premier film de fiction), à 1937, date de la terreur stalinienne mais aussi du passage au cinéma parlant, le film suit les circonvolutions de l’histoire tragique des premières élites nationales dans le premier tiers du XXe siècle. Comment les cinéastes ouzbeks se sont-ils emparés de la caméra ? Quels regards ont-ils porté sur l’aventure révolutionnaire ? Comment l’ont-ils traduite cinématographiquement ? Et, finalement, comment ont-ils perdu, temporairement, l’usage de la « parole cinématographique » ? Fruit d’une dizaine d’années de recherches sur des documents filmiques et administratifs consultés dans les archives nationales ouzbèques ou dans divers sites archivistiques à Moscou, cet ouvrage offre un regard neuf sur l’histoire du cinéma soviétique, en s’intéressant à un cinéma national inconnu jusqu’alors. Mais surtout, en privilégiant un regard décentré pour donner la priorité à la périphérie, il permet de saisir la constitution des grandes matrices idéologiques, encore majoritairement à l’oeuvre aujourd’hui. En abordant les questions de domination, d’hégémonie et de violence, d’empire et de nation, de résistance et de consentement, il s’insère pleinement dans les débats actuels des sciences sociales.

07/2013

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Policiers

Le silence des cascades

Laure Reynès conjugue une vie personnelle harmonieuse avec sa fonction de bénévole au sein de l'ASP. Elle est écoutant, elle accompagne par la présence et la parole les malades en fin de vie. Un soir de mai à l'hôpital de Rodez. Une jeune femme qu'on lui a confiée quelques semaines auparavant, Emilie, se meurt d'un cancer. Quand Laure arrive, la malade est déjà inconsciente. Mais son père, puis son mari Guillaume, se relaient à son chevet. De demi-confidences en allusions, Laure acquiert la certitude de ce qui n'était alors qu'un soupçon : quelqu'un, dans l'entourage d'Emilie, a manoeuvré depuis le début pour que Laure ne puisse jamais entrer réellement en contact avec elle. Quelques jours après, Guillaume appelle Laure à la rescousse : sa fille Lucile, six ans, est victime de cauchemars récurrents qui terrorisent ses nuits. Pour éviter le traumatisme de la consultation par un psychiatre, Laure accepte de rencontrer Lucile. Mise en confiance, mais contre la promesse qu'elle gardera le secret, la petite fille raconte le rêve qui vient la tourmenter : il fait nuit, Lucile dort, soudain une lumière brutale la réveille, sa maman s'approche et lui dit : "Ce n'est rien, rendors-toi" . Mais son apparence dément le contenu rassurant de ses paroles : elle est en larmes et semble bouleversée. Laure pense que ce cauchemar est la réactivation d'une situation vécue par la petite fille, restée au stade de l'inconscient. Lucile ne guérira de ce traumatisme que si elle parvient à le faire remonter au niveau du conscient. Commence alors une enquête difficile. Une accumulation de faits étranges, le comportement étrange de l'entourage, la fascination exercée par la rivière qui court sous les terres du domaine, conduisent Laure à penser qu'une tragédie s'est produite sur le Causse Comtal l'année précédente. Guidée par son intuition et sa tendresse pour Lucile, Laure affrontera ses propres peurs pour découvrir la vérité qu'on lui cache. Et rendre la paix à la petite fille.

01/2015

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Littérature française

Entre Salamandre et Phénix

Dans un monde où les humains marchent dans tous les sens comme des fourmis affolées, Alias, une femme d'une cinquantaine d'années rencontre Pratz, l'enfant infirme et silencieux qu'elle seule comprend, puis le trio formé par Zelda la jeune jongleuse, Chuva le chanteur anarchiste, et le vieux Lems au passé un peu trouble d'homme de pouvoir en des temps où les décrets arbitraires avaient commencé à remplacer la démocratie. Personne n'avait rien vu venir. Puis ce fut le chaos, comme si la nature elle même voulait mettre son grain de sel dans les catastrophes inventées par les hommes. C'est un peu plus tard que se situe l'histoire, dans un possible futur né de nos cauchemars d'aujourd'hui, alors que l'avenir redevient menaçant après une période d'espoir , tandis que les séquelles guerrières et écologiques sont encore comme des plaies ouvertes. Les cinq personnages vont former le noyau d'une nouvelle forme de famille choisie, inspirée par d'autres tentatives du passé et par des livres que le groupe s'est mis à lire dans la maison de la vieille Sans Nom, là haut dans la montagne. Plus tard d'autres se joignent à eux . Pas de recettes miracle, on essaie, on se trompe, on réfléchit, on fait des erreurs, on pleure, on rit, on aime, on quitte. A la fin du livre, la société qui s'est remise en place autour de la communauté amène son lot de désillusions et de craintes pour l'avenir. Mais ceux là qui ont essayé de réinventer la vie ne peuvent plus revenir en arrière, et gardent l'espoir, avec lucidité mais détermination. J'ai eu envie d'écrire un récit ou tous les protagonistes auraient la parole, où les points de vue seraient multiples, les voix créant une sorte de chant polyphonique ; le texte est ponctué d'ailleurs d'" Interludes" , de chansons, de slam. L'idée est de s'interroger et de réfléchir. Il n'y a pas de réponse.

10/2013

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Esotérisme

Notions sur le sens de l'Ouïe

On situe l'intérêt d'Antoine Fabre d'Olivet (1767-1825) pour la médecine occulte, entre 1811 et 1819, années qui correspondent aux dates des deux éditions successives de l'ouvrage que nous rééditons, mais aussi à celles de la parution de la Langue Hébraïque Restituée. L'association des deux ouvrages en question n'est pas fortuite : s'y fait jour la même notion curative de "sommeil sympathique" ou "hypnose", du moins telle que la kabbale hébraïque en évoque le mystérieux idiome. Fabre d'Olivet est mis en cause pour ses cures miraculeuses, à Paris, puis dans les Cévennes, à l'époque où la bureaucratie napoléonienne, puis le règne de Louis XVIII demeurent réticents aux médecines parallèles, nées de l'Illuminisme romantique fin XVIIIe, alors même que Mesmer (1734-1815) et son magnétisme animal sont en pleine disgrâce. Fabre d'Olivet qui défend la cause du magnétisme dans son ouvrage, fait les frais de ce nouvel état d'esprit positiviste. Les cures dont le Genevois Rodolphe Grivel, mais aussi le jeune apprenti tailleur de pierre parisien Louis Veillard, seront les heureux bénéficiaires, offriront aux détracteurs de Fabre d'Olivet plus d'un moyen de le discréditer aux yeux du public lettré. Ici, notre auteur, dans sa correspondance fictive à son ami d'enfance Guillaume Servier, protestant natif des Cévennes, plaide sa propre cause. Il plonge le lecteur aux sources même de la vraie thaumaturgie et de la philosophie du langage ; celle héritée de Rousseau (1712-1778) ; mais plus directement encore de Court de Gébelin (1719-1784), qui en serait l'un des pionniers avec son Monde Primitif comparé et analysé avec le Monde Moderne ; sans éluder De La Philosophie de la Nature du maître de notre auteur, Delisle de Salle (1741- 1816). Fabre d'Olivet, enfin, disserte habilement avec un esprit de synthèse peu commun sur les notions de sons à l'étude depuis l'Antiquité, chez les Pythagoriciens, mais aussi d' "ouïe métaphysique" et de parole créative.

02/2014

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Religion

Les Stromates. Stromates III, Edition bilingue français-grec ancien

Le Stromate III, en 18 chapitres et 110 sections, porte sur le mariage, en trois parties principales : exposé des diverses positions adverses (chap. 1-4), synthétisées et réfutées en deux groupes, les licencieux et les encratites (chap. 5-11), réfutées à nouveau par les Ecritures et les arguments de Clément (chap. 12-18). Ce livre est, par son ampleur et sa diversité, une source capitale pour la connaissance des doctrines multiples sur le mariage qui se sont affrontées au IIe siècle chez les chrétiens et de l'émergence d'une orthopraxie. Aux interprétations contrastées de l'enseignement de Paul et des évangiles, viennent s'associer des pratiques et des théories portées par des paroles et des textes, auxquels Clément donne accès, qui relèvent de traditions qu'on appelle aujourd'hui apocryphes. Un tel document n'a pas manqué, dans les décennies récentes, de susciter l'intérêt non seulement des historiens du christianisme et des théologiens, mais aussi des anthropologues et des philosophes, en particulier Michel Foucault dans le récent volume posthume, Les Aveux de la chair. Tout en étant en accord avec les philosophes grecs, platoniciens, aristotéliciens et surtout stoïciens, Clément s'efforce de tout faire remonter aux prescriptions du Logos, qu'elles s'énoncent dans la nature, la raison humaine ou la parole de Dieu, et donne à l'enseignement sur le mariage une portée théologique : la procréation humaine, pour autant qu'elle aura été accomplie selon la loi, est " à la ressemblance " de la Création divine. Rejetant les deux excès (licence ou rejet pur et simple) et soucieux de définir une voie moyenne en promouvant une continence vraiment chrétienne, l'Alexandrin apporte ici la première réflexion approfondie sur les développements du Nouveau Testament et une nouveauté par rapport aux précédents philosophiques : les considérations sur les plaisirs de l'amour et les réflexions sur le mariage, séparées jusque-là, sont réunies dans l'examen des relations entre époux, lequel devient un objet " relativement autonome ".

08/2020

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Histoire ancienne

Préfigurations égyptiennes des dogmes chrétiens

Notre histoire est aussi vieille que le vieux fleuve Nil. Une histoire faite de morts et de résurrections, à l'image d'une terre qui tous les ans se dessèche et renaît sitôt que déferle l'inondation. Mort et vie s'incarnaient dans la passion d'un dieu, Osiris. La déesse avait le pouvoir de guérir de la mort. La passion du Christ sur la croix répète le destin mythique d'Osiris ; sa descente aux Enfers répète celle du soleil dans le monde des ténèbres, du grain d'orge dans la terre, et leur retour à la vie et à la lumière. Hatshepsout, la femme Pharaon a fait représenter sur les murs du temple de Deir-el-Bahari le récit de sa naissance divine, miraculeuse comme celle de Jésus. Elle, Fille de Ra', Lui, Fils de Dieu, sont baptisés, dans l'eau du Nil ou du Jourdain. L'eau est Vie nouvelle donnée à la terre, donnée au soleil. Et l'inondation est déesse, tombeau et berceau de la terre. Quand elle arrive, le peuple chante Neferet iti ; la belle est venue. Là est le sens du nom de la grande épouse royale Nefertiti dont l'époux, Akhenaton, porte un nom de lumière. Akh n Itn Brillance d'Aton. Un soleil nouveau naîtra de leur mariage comme du mariage de l'eau et de la lumière. Nos ancêtres ont inventé un auteur à ce mythe, Thot, dieu de la parole et de l'écriture. Un ibis le représente parce que son bec courbé ressemble à un croissant de lune. Il est cette petite lumière du Verbe créateur qui fait exister le soleil en l'absence de l'astre, comme un bateau qui le porterait au travers des Ténèbres vers la lumière. Thot est devenu l'Esprit Saint. Il était le Créateur des langues, don du Christ aux apôtres un jour de Pentecôte. Son livre, inconnaissable, est demeuré le secret de la déesse. Restait la quête de ce livre.

04/2013

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Sociologie

Quand la violence déplace : mémoires et migrations forcées depuis et vers la Turquie

La mémoire des migrations forcées au XXe siècle de populations depuis ou vers la Turquie n'a été que très peu étudiée excepté pour les Arméniens et les Grecs. Cet ouvrage propose de réparer cet oubli en interrogeant sur la façon dont ces événements traumatiques ont pu être relatés et transmis de génération en génération. A partir d'enquêtes de terrains ou d'enquêtes diachroniques à travers la littérature, il donne la parole aux exilés qui expriment les violences subies et la perte douloureuse de leur "patrie", leur terre d'exil n'étant que leur "nouveau pays". Y a-t-il un retour sur les lieux d'origine après des années d'installation en Europe ou en Turquie, lorsque l'exil est très ancien ? Assiste-t-on à des commémorations en terre d'exil de certains événements importants ? Les associations en terre d'exil contribuent-elles à ce travail de mémoire ? L'identité ethnique et/ou religieuse peut-elle être conservée en terre d'exil ? La langue différente de celle de la région ou de l'Etat-nation d'origine, non enseignée à l'école, comme le kurde en Turquie, participe-t-elle à ce travail de mémoire ? Constitue-t-elle le ciment autour duquel se raccrochent ces réfugiés ? Telles sont les questions auxquelles cet ouvrage s'efforce de répondre, autour de trois axes d'étude : la mémoire des populations échangées en 1923 dans le cadre de la Convention de Lausanne, obligées de quitter leur pays (Grèce ou Anatolie) sur décision administrative ; les migrations forcées des Kurdes dans leur pays, organisées par l'Etat kémaliste et plus récemment les migrations politiques ont poussé hors de leur pays les Kurdes, fuyant la répression et la guerre qui font rage depuis 1984 ; les cas de migrations forcées aux marges du territoire turc, mais qui le concernent car elles impliquent un retour/une installation en territoire turc ou un départ définitif.

06/2013

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Histoire internationale

Ahmed Sékou Touré (1922-1984). Président de la Guinée de 1958 à 1984, Tome 7

Le diplomate français André Lewin, qui était au début des années 1970 porte-parole du secrétaire général de l'ONU, a négocié, comme envoyé spécial des Nations Unies, la normalisation des relations diplomatiques entre la Guinée et la France, intervenue le 14 juillet 1975. Il a ensuite été ambassadeur de France à Conakry jusqu'en 1979, et n'a cessé depuis lors de s'intéresser à ce pays. Il entretenait des relations confiantes et même amicales avec Ahmed Sékou Touré, président de la Guinée de 1958 à 1984. Il lui a consacré une thèse de doctorat d'histoire, soutenue en 2008 à l'Université d'Aix-en-Provence. Le tome 7 de cette biographie traite de la vive controverse qui a opposé en 1977 Sékou Touré et François Mitterrand à propos de la position du Parti socialiste français sur les droits de l'homme en Guinée, du coup sévère pour le leader guinéen qu'a signifié la marche des femmes du 27 août de cette même année, de la réconciliation à Monrovia en mars 1978 entre Sékou Touré, Houphouët-Boigny et Senghor, de l'attentat du KGB contre l'ambassadeur de France, de la visite en Guinée d'Edgar Faure et, un mois plus tard, en décembre 1978, du président Valéry Giscard d'Estaing, de l' " offensive diplomatique " qui a amené Sékou Touré à multiplier après 1978 voyages et médiations en Afrique et ailleurs, de la visite effectuée par Sékou Touré en France en 1982, de sa surprenante invitation à Jacques Foccart, et finalement du voyage du leader guinéen aux États-Unis, où il est mort en mars 1984 au cours d'une opération cardiaque. Le livre se termine par la prise du pouvoir par les militaires le 4 avril 1984, l'avènement de la 2e République et le démantèlement du régime révolutionnaire, l'ouverture du camp Boiro et l'arrestation des dignitaires de l'ancien régime.

08/2010

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Histoire de France

Mémoire d'un juste

Militant de mouvements de jeunesse protestants et non violents à Lyon en 1940, le jeune franco-suisse René Nodot est vite conscient des dangers du nazisme. Dès 1941, avec l’aide du Consul de Suisse et de nombreux appuis chez les protestants et catholiques engagés de la région, René Nodot contribue à organiser des convois d’enfants Juifs pour la Suisse. Alors que s’intensifient les rafles de Juifs en France, René Nodot entre au Service Social des Etrangers un organisme du gouvernement de Vichy, détourné par son directeur, Gilbert Lesage, un quaker, pour en faire un puissant outil de sauvetage des Juifs. Pendant 2 ans, jusqu’à l’arrestation par la Milice de Gilbert Lesage, le SSE va secourir des dizaines de milliers de réfugiés. Sous couvert de son rôle « officiel », René Nodot va, au risque de sa vie, utiliser ses liens familiaux avec la Suisse pour faire échapper à la Shoah des centaines de Juifs. Aidé par un réseau actif de pasteurs, prêtres, militants juifs et chrétiens, René Nodot parviendra à sauver la plupart de ceux qui lui sont confiés, contribuant ainsi à cette grande chaîne de solidarité protestante qui du Chambon sur Lignon à Dieulefit a sauvé, outre des milliers de réfugiés, l’honneur de la France. Toute sa vie René Nodot restera engagé pour la défense des droits de l’homme et la cause de l’éducation. En 1974, il recevra la médaille des Justes de Yad Vashem pour son action pendant la guerre. Ce précieux témoignage est un des rares ouvrages donnant la parole à un Juste français, permettant ainsi de comprendre motivations et expériences de cette dangereuse activité. La préface de Patrick Cabanel, professeur d’Histoire contemporaine à Toulouse le Mirail et auteur de Histoire des Justes aux éditions Armand Colin et spécialiste de cette période, replace l'action de René Nodot dans l'important mouvement de la Résistance Spirituelle protestante.

10/2011

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Littérature française

La Somnolence

À soixante-seize ans, seule, oubliée de tous, à demi-folle, Martha Krühl vit encore, comme les enfants, dans un sommeil enchanté. Sa vie n'est plus qu'un voluptueux ensevelissement dans les eaux magiques du songe, une lente dérive entre cauchemar et féerie : les vivants ne sont pas vivants, il y a des rires inquiétants dans les groseilliers, un pendu dans les jardins d'autrefois, un fantôme neurasthénique qui n'arrive pas à mourir vraiment et que la parole ressuscite sans cesse. Voyageuse de nuit, démon somnambule, Martha Krühl fera en quelques heures d'étranges rencontres. Alice de cauchemar, vieillie, alcoolique, réussira-t-elle comme l'héroïne de Lewis Carroll, à passer de l'autre côté du miroir pour retrouver son amour fou, ce compagnon qui l'a quittée un jour sans dire un mot ? N'aurait-il d'ailleurs jamais habité que dans cette région fabuleuse où vivent les pauvres créatures que nous inventons parfois pour meubler notre solitude et supporter le naufrage de notre vie ? L'histoire de cette vieille petite fille, prisonnière d'une ville étouffante qui se décompose lentement sous un ciel sale et vide, est peut-être avant tout l'histoire d'un refus de la vie qui ne peut déboucher que sur la folie et, au bout du compte, sur l'enfer, au sens où Bernanos dit que l'enfer, c'est de ne plus aimer. La Somnolence est le premier roman de Jean-Pierre Martinet. À sa sortie, en 1975, Pascal Pia, lecteur exigeant s'il en est, avait été saisi par le talent et l'originalité du jeune romancier, auquel il consacra un article conséquent dans Carrefour : "La somnolence de Martha est une somnolence prodigieusement active. La raison de Martha s'égare, mais ne s'engourdit pas. Et la vieille femme s'exprime avec tant de vivacité [que] peu de lecteurs seront tentés de lui fausser compagnie. La composition d'un tel ouvrage implique une intelligence aiguë de la création littéraire. "

01/2010

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Théâtre

Iles de tempête

Après l'autonomie de l'île de Saint-Domingue obtenue par les Noirs malgré la ségrégation raciale et la répression, Toussaint Louverture fait part à Dessalines de son projet d'union de toutes les classes et de toutes les communautés de couleur. Mais Dessalines rétorque que jamais les Blancs n'accepteraient de s'unir aux Nègres et propose la cassure définitive avec la France en proclamant l'Indépendance de Saint-Domingue. Toussaint Louverture refuse, comme il refusera l'appui financier et militaire de l'Angleterre qui l'incitait à l'Indépendance. Pour bien marquer son attachement à la France, il fait interdire le vaudou, suspecté d'être un foyer de troubles ; seule l'Eglise désormais a droit de cité, avec des prières dites en latin. Toussaint Louverture s'interroge par ailleurs sur le silence de Bonaparte à qui il a déjà envoyé plusieurs messages pour l'assurer de sa loyale collaboration ; serait-il, malgré toutes ses concessions, devenu encombrant ? Moyse, l'un de ses compagnons de lutte lui reproche de tenir les mêmes propos que les colons d'hier et lui demande de distribuer les terres aux paysans. Toussaint Louverture refuse. Pendant ce temps, à Paris, Bonaparte s'inquiète de la situation dans l'île et charge le général Leclerc d'aller y rétablir l'ordre. Devant la menace de Bonaparte, Toussaint décide d'alerter toute l'Europe... Mais les consciences européennes restent sourdes. La guerre éclate : c'est un désastre pour Saint-Domingue. Toussaint Louverture décide alors d'arrêter le massacre, d'autant que l'on vient de lui apporter un message du général Brunet l'invitant, en des termes plutôt conciliants, à venir discuter de la situation dans l'île. Malgré les appréhensions de ses proches qui flairent un piège, il décide de s'y rendre : " J'ai confiance en la parole des Français "... Toussaint Louverture est arrêté par quatre policiers. Sur ordre du général Brunet ! Toussaint Louverture emprisonné au Fort de Joux où il meurt.

05/2009

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Psychologie, psychanalyse

La double inscription. Anthropologie et psychanalyse : réflexions

L'idée d'une double inscription est présente dans les mythes d'origine des sociétés africaines, chaque ethnie affirmant que ses ancêtres sont venus d'ailleurs . en général, ils étaient d'une autre ethnie et ont fondé celle-ci en s'établissant au lieu où vit le groupe actuellement. Dans la plupart des cas, ces étrangers, arrivés dans une brousse, nouent des alliances avec les génies tutélaires, qui leur permettent de s'y établir et de fonder des villages. Dans certains cas, des étrangers arrivés dans un lieu, y trouvent des autochtones auxquels ils imposent leur mode de vie et d'organisation sociale et culturelle , ces étrangers accaparent le pouvoir politique et laissent aux premiers occupants les fonctions religieuses. Les étrangers imposent leurs ancêtres aux autochtones qui, eux, plus proches de la nature, s'occupent des cultes réservés aux génies. Certaines vont même jusqu'à dire que leurs ancêtres sont tombés du ciel. On trouve aussi des " mythes de la caverne " : des étrangers civilisés, dotés de culture, arrivent dans un lieu, y trouvent des troglodytes, des hommes primitifs, des êtres mi-animaux, mi-humains, ne possédant pas le langage articulé, avec qui ils réussissent à entrer en communication, et c'est de cet échange que naît le groupe (fécondation par la parole). La première partie de ce livre propose une interprétation symbolique de ces théories de la double origine du groupe. La seconde partie porte sur des " données " - présentes dans les rites et mythes étudiés par les anthropologues et dans les écrits de Lévi-Strauss -, dont on peut déduire une conception de l'identité humaine construite à partir d'une représentation biologique de l'homme. L'être humain apparaît comme étant composé de deux parties sexuellement différentes, animé par un principe double, et les règles matrimoniales semblent animées du souci d'éviter la double inscription du même dans le temps ou dans l'espace.

01/2004

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Religion

Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise

" Transformer la réalité sociale par la force de l'Evangile, témoignée par des femmes et des hommes fidèles à Jésus-Christ, a toujours été un défi et le demeure aujourd'hui encore, au début du troisième millénaire de l'ère chrétienne. L'annonce de Jésus-Christ, "bonne nouvelle de salut, d'amour, de justice et de paix, ne trouve pas facilement accueil dans le monde d'aujourd'hui, encore dévasté par les guerres, la misère et les injustices. C'est précisément pour cela que l'homme de notre temps a plus besoin que jamais de l'Evangile : de la foi qui sauve, de l'espérance qui éclaire et de la charité qui aime. L'Eglise, experte en humanité, dans l'attente à la fois confiante et agissante, continue de regarder vers les "cieux nouveaux et la "terre nouvelle" [2 P 3, 13] et de les indiquer à chaque homme, pour l'aider à vivre sa vie dans la dimension du sens authentique. "Gloria Dei virens homo" : l'homme qui vit en plénitude sa dignité rend gloire à Dieu, qui la lui a donnée. La lecture de ces pages est avant tout proposée pour soutenir et inciter l'action des chrétiens dans le domaine social, en particulier des fidèles laïcs, dont c'est le lieu spécifique ; toute leur vie doit être une œuvre féconde d'évangélisation. Tout croyant doit apprendre avant tout à obéir au Seigneur avec la force de la foi, à l'exemple de saint Pierre : "Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole je vais lâcher les filets" [Lc 5, 5]. Tout lecteur de "bonne volonté" pourra connaître les motifs qui poussent l'Eglise à intervenir avec une doctrine dans le domaine social qui, à première vue, ne semble pas relever de sa compétence, ainsi que les raisons d'une rencontre, d'un dialogue, d'une collaboration, pour servir le bien commun. " Renato Raffaele Card. Martino.

12/2005

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Pléiades

Romanciers libertins du XVIIIe siècle. Tome 2

"On est dédommagé de la perte de son innocence par celle de ses préjugés" écrit Diderot. A l'heure des Lumières, la sexualité est détentrice de vérité et objet d'expérimentation. Les romanciers libertins, quoi qu'il en coûte, disent tout. Tome I : Romans d'éducation, contes, dialogues, les genres sont divers et agrémentés de récits enchâssés, de fantaisies orientales et autres stratégies narratives à destination de lecteurs, et de lectrices, qui pourraient être tentés de confondre fiction et réalité. Rassemblés dans le premier volume, douze textes de la première moitié du siècle s'éloignent autant de la vertu qu'ils connurent le succès. C'est à ce titre qu'ils constituent des classiques de la littérature libertine, souvent clandestine. Ils pourront être ici découverts dans leur version originale, pour autant qu'on a pu démêler les aventures illégales de leur première édition. Ils sont accompagnés, naturellement, de leurs gravures "libres". Tome II : En cette fin de siècle, la réalité se brouille, et le roman libertin enregistre ce dérèglement, à travers celui de l'imagination. Inceste, homosexualité, zoophilie, sodomie, tout se dit, tout s'écrit. En 1771, le Dictionnaire de Trévoux entérinera cette définition du libertin : "Ce terme s'applique à ceux qui prennent trop de liberté, qui haïssent toute sorte de sujétion et de contrainte, et qui se laissent aller au penchant qui les porte au plaisir". Rien d'étonnant alors que le romancier libertin dise le désordre du monde, ni que l'époque révolutionnaire trouve en lui un porte-parole. Dialogues, contes, romans d'initiation, mémoires fictifs et pamphlets : le roman libertin se fait protéiforme pour dénoncer les règles, les conventions, la turpitude des Grands. Les onze textes de la seconde moitié du XVIII ? siècle reproduits ici d'après leur édition originale, et accompagnés de leurs gravures "explicites", permettront de redécouvrir une littérature souvent négligée, mais dans laquelle Stendhal voyait "l'essence de la volupté".

11/2005

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Pléiades

Oeuvres complètes

Toutes les notions qui permettent de penser la littérature - auteur, lecteur, texte, genre, plagiat, parodie, humour, ironie - sont mises à la question par Lautréamont. Il nous requiert d'abord par une révolte majeure. Il nous intrigue non moins par les procédés auxquels il a recouru pour la dire : sa technique de combat. Et il nous aide à concevoir ce qu'est la fiction moderne. Mais combien de lecteurs a-t-il touché en son temps ? Une dizaine peut-être. Ouvrages non diffusés, mort précoce : les conditions d'un oubli définitif étaient réunies. Il y eut pourtant renaissance, grâce à des entremetteurs avisés, et à des rééditions, comme celle des Poésies dont André Breton alla recopier à la Bibliothèque nationale les seuls exemplaires alors connus. Au fil des ans, le nombre des lecteurs s'est accru. Et parmi eux des écrivains, accompagnateurs distants ou prosélytes inconditionnels, ont reconstruit Lautréamont en édifiant leur oeuvre propre. C'est pourquoi ce volume leur fait place : il propose une édition nouvelle de l'oeuvre - parue sous l'anonyme en 1868 (le Chant premier), sous pseudonyme en 1869 (Les Chants de Maldoror par "le comte de Lautréamont"), sous patronyme en 1870 (Poésies I et Poésies II d'Isidore Ducasse) ; puis, dans un dossier de Lectures, il donne la parole aux écrivains : les premiers médiateurs, les surréalistes ensuite, pour qui Lautréamont représente le phénomène littéraire absolu, et enfin tous ceux qui, de Césaire à Le Clézio, de Ponge à Sollers, virent en Ducasse une pierre de touche. D'autres consciences, dans l'avenir, approcheront ces textes. Le mauvais esprit des Chants ne peut que provoquer une riposte. Et le ton formulaire des Poésies en fait un vocabulaire pour le futur. Un tel "Grand Combat" n'a pas de raisons de cesser. L'oeuvre, pourtant, "s'échappe quand même" (Le Clézio). Sa violence, ses blasphèmes, ses perversions, son "cri d'ironie immense" couvrent à jamais Ducasse, irrégulier devenu régulateur, d'une enveloppe d'authentique mystère.

09/2009

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Couple, famille

J'ai tout essayé ! Opposition, pleurs et crises de rage : traverser sans dommage la période de 1 à 5 ans

Opposition, pleurs et crises de rage : traverser sans dommage la période de 1 à 5 ans.« J’ai tout essayé, rien n’y fait, il continue ! » est une phrase récurrente des parents épuisés et démunis face aux excès de leurs enfants. Batailles autour de l’habillement, du rangement, disputes au moment du départ pour l’école ou pour le lit… Les parents autoritaires y voient souvent des manifestations de mauvaise volonté, d’insolence, voire de mauvais penchants. De leur côté, les parents permissifs culpabilisent et se dévalorisent. Et s’il y avait d’autres causes ? En tant que maman, j’ai vécu des moments de grand bonheur mais aussi des instants de grande détresse. Je me suis souvent sentie impuissante, pleine de doutes. J’aurais aimé trouver un livre qui me donne des informations sur ce que pouvait vivre mon enfant dans telle ou telle situation, et des pistes pour savoir quelle attitude adopter. Mon hypothèse de travail est que les comportements des enfants sont d’abord au service de leurs propres besoins de croissance. Les récentes découvertes de la neurophysiologie ainsi que les expériences menées dans les laboratoires de psychologie le confirment. L’imagerie cérébrale, nos connaissances sur les neurones, les hormones du stress, l’intelligence, la mémoire, nous montrent sans équivoque qu’il est urgent de choisir un mode éducatif non-violent. Outre les séquelles affectives, les conséquences physiologiques et neurologiques sont désormais indéniables. Dans cet ouvrage, des dessins campent une situation du quotidien et une réaction parentale classique. Une ampoule, représentant l’éclairage scientifique, nous raconte ce qui se passe alors dans le cerveau de l’enfant. Ce dernier prend parfois aussi la parole pour décrypter ses sentiments, son vécu. Puis, parce que nombre de parents sont perdus, Isabelle propose des mots, des gestes, des attitudes parentales. Un enfant est un être en évolution, voilà une idée simple trop souvent oubliée.Dessins d'Anouk Dubois

03/2011

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Littérature française

Les derniers jours de Charles Baudelaire

Ici, Charles Baudelaire sera le héros bien réel d'un roman aussi fidèle aux exigences de la vérité qu'à celles de l'imagination. Il sera, surtout, cet homme misérable surpris à la fin de sa vie, dans une chambre de l'hôtel du Grand-Miroir, à Bruxelles, pendant les quelques jours où, usé par la syphilis, il va perdre une partie de sa raison et l'usage de sa parole... Pour le romancier, il y avait là un pari et un mystère que s'est-il vraiment passé pendant ces jours qui virent. pour la dernière fois, le poète des Fleurs du Mal confronté à sa mémoire ? Pourquoi a-t-il choisi de s'égarer ainsi, corps puis âme, en maudissant le monde et le ciel ? C'est autour de ce Baudelaire exilé, convaincu de son échec, bientôt aphasique, que Bernard-Henri Lévy a bâti son roman. Sur un mode presque policier, qui conduira le lecteur d'un bordel belge aux cénacles post-romantiques, d'un dîner chez les Hugo aux tourments d'un prêtre défroqué, on suit une enquête dont les témoins sont méthodiquement convoqués ; de Jeanne Duval à un disciple ambigu, de Sainte-Beuve à Madame Aupick, d'une logeuse à l'éditeur Poulet-Malassis, ils vont, chacun à son tour, dans sa langue, et selon la composition à plusieurs voix qui avait déjà fait le style du Diable en tête, nous raconter cette lente agonie. Par-delà leurs récits et leurs mensonges, par-delà les péripéties d'une intrigue pathétique ou cocasse, l'auteur retrouve des thèmes qui lui sont chers : le goût du malentendu et de la gloire, l'éloge de l'artifice, l'art comme vengeance, la tragédie propre aux œuvres inachevées, les ruses de la sainteté et de la chute. Tels sont les enjeux d'un roman qui revendique toutes les libertés - et où il s'agit aussi, dans l'ombre immense de Baudelaire, d'interroger la littérature et son destin.

12/1988

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Romans historiques

Les Aventures de Boro, reporter photographe : La fête à Boro

Fin 1943, Paris vert-de-gris est noyé, rayé, rincé. Tout à l'avenant. Le café est gland. Le beurre margarine. Les lacets en papier. Partout, même refrain, même mauvaise haleine. Les gens se méfient les uns des autres. Ils ne s'aiment pas. Ils marchent à la lettre anonyme. A la dénonciation. Le cuir manque. Le charbon manque. La parole manque. Radio-Paris ment. Pourtant, dans les boxons de Montmartre et de Montparnasse, dans les guinguettes privées d'orchestre des bords de Marne, dans des caves calfeutrées, quelques-uns résistent. Filles de joie, anciens malfrats du Topol, petites frappes et petites gens, certains croient encore au salut du genre humain. A la liberté. A la paix. Au bonheur à venir, à revenir. Leur héros ? Blèmia Borowicz, dit Boro. Toujours prêt à se battre partout où sévit la barbarie. Un pas, une canne... Le reporter boiteux galvanise les patriotes de l'ombre. Il les entraîne à sa suite. Pour les uns, il est Bouvier, le résistant, le chevalier blanc de la photo de reportage. Pour les autres, il est le métèque, le juif, l'Untermensch. Lafont, Bonny, Abel Danos, grosses pointures du banditisme et gestapistes notoires, sont à ses trousses. Tantôt, c'est un ange qui surgit à point nommé (un ange de 16 ans) Tulipe, radieuse apparition dans le ciel de suie. Tantôt, c'est une mystérieuse courtisane japonaise. L'aventure balaye la prudence, le feuilleton s'ébouriffe : le chemin zigzaguant de Boro croise la route sanglante du plus grand assassin de tous les temps, le fameux, l'incontrôlable docteur Petiot ! Début 1944, Paris vert-de-gris est noyé, rayé, rincé. Des trains remplis d'innocents partent chaque jour vers les camps. Les crapules s'enrichissent et les lâches font le dos rond. Pourtant, que Boro apparaisse et la victoire sur le peste brune n'est plus seulement un rêve : jusqu'à Omaha Beach, elle était un projet fou ; après le Débarquement, gaie et triste à la fois, elle devient une fête.

10/2007

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Critique littéraire

Portrait d'une voix. Vingt-trois entretiens (1952-1987)

" Portrait d'une voix ", l'expression est d'elle, appliquée sur le tard à la longue lettre sans réponse d'Alexis, le premier roman. Les " Carnets de notes " de Mémoires d'Hadrien la reprennent, entre autres, au bénéfice de l'impérial monologue. On la retrouve dans ses entretiens. Ceux-ci n'ont pas été des monologues, Dieu merci. Mais davantage une voix irremplaçable. En introduction aux propos échangés avec Patrick de Rosbo, Marguerite Yourcenar définissait à sa guise la position type de l'écrivain qu'on interroge : " le voilà ici parlant tout bonnement et pensant tout haut ". Nous savons qu'il ne fallait pas la prendre totalement au mot. Elle a très vite exigé de revoir les transcriptions de ses entretiens et le fera minutieusement tant que ses forces le lui permettront. Pour les censurer ? Si elle l'a fait parfois, guettant surtout l'inexactitude, le véritable intérêt de son intervention était ailleurs : dans la volonté de préciser sa pensée. Ce que le terme de portrait peut faire entendre, quand il s'applique à l'écriture d'une voix. Il témoigne que, chez Marguerite Yourcenar, l'extraordinaire maîtrise de la parole, si elle ne va pas jusqu'au style " togé " des Mémoires d'Hadrien, est toujours une construction, formée aux disciplines de l'écrit : tout naturellement, pourrait-on dire, elle parle comme un livre. A ceci près que l'art de la conversation, chez elle, comporte bonhomie et humour. Mais elle a accepté d'exposer cette maîtrise, au sens où la soumettre aux questions et aux aléas du contact la manifeste en tant que maîtrise, et l'expose néanmoins à s'éprouver vulnérable. Toute maîtrise a sa fragilité, et on a pris l'habitude aujourd'hui de la dire en cela plus humaine ; mais il n'est pas moins humain de tendre à la raffermir, quand il s'agit de l'essentiel, ou de se borner à la rendre malicieuse ou cinglante, quand il s'agit d'éluder la curiosité ou l'indélicatesse d'autrui. M.D.

01/2002

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Critique littéraire

Cahiers 1894-1914. Tome IX, 1907-1909

S'il faut marquer une étape dans les Cahiers, c'est la période 1908-1910, où s'installe dans l'écriture valéryenne une modification montrant la complexité de la genèse du texte en fragments. Ce volume IX propose, avec le dernier des grands cahiers - registres, un carnet d'écrivain de 1909-1910 et des feuilles volantes de la même époque. Valéry reprend des thèmes déjà traités : le sentiment, le sommeil, l'éveil, la parole intérieure, le langage, l'attente. S'y affirme aussi une ouverture vers le monde artistique, moins sensible dans les cahiers précédents, où dominait la recherche abstraite. Mais surtout, la forte présence de l'Ego est ici perceptible. Souvent, le je n'est plus cette forme presque vide, un je qui est un on, un il, mais le Paul Valéry de 1908-1909, qui a vécu, il l'écrit à Gide, une dure crise intellectuelle. Des notules disant la jalousie, l'orgueil blessé, l'atteinte du " point sensible " prennent l'accent rare d'un journal intime, tel le journal d'Amiel. L'œuvre ennemie n'est pas nommée, même s'il s'agit sans doute d'un livre d'Ernest Mach. Désormais, le travail important, de choix, de réécriture, de synthèse, réside dans les feuilles volantes parallèles, qui ne sont pas de simples " copies ". Inscrit dans le devenir de la réflexion, il répond à un désir d'organisation thématique, sélectionnant dans les registres précédents des fragments touchant à ce qui s'appela un jour " My Psychology ". Les idées les plus propices à la mise au point d'une philosophie personnelle s'y formulent, constituant un ensemble dont la cohérence est plus évidente que dans la démarche chronologique des Cahiers. Le carnet inédit de 1910 éclaire un autre aspect de Valéry : son intérêt pour la Somme théologique de Thomas d 'Aquin, qui, au-delà du problème religieux, touche à une théorie de la connaissance héritée d'Aristote, réhabilitant l'expérience sensible. Ce moment de rencontres intellectuelles fortes, inscrit ici dans la variété de l'écriture, reconduira bientôt à la poésie.

10/2003

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Histoire de France

Guy Mollet. Itinéraire d'un socialiste controversé (1905-1975)

Pour beaucoup, le nom de Guy Mollet résonne comme un rappel de tous les reniements de la gauche : double langage, archaïsme, dogmatisme, Troisième force, guerre à outrance et torture en Algérie, politique de la canonnière à Suez, courte échelle faite au général de Gaulle en 1958... Le secrétaire général de la SFIO (1946-1969) incarne le traître coupable d'avoir mené la politique de ses adversaires. Pourquoi et comment ce fils d'un gazé de 14, syndicaliste de l'enseignement et socialiste parce que la SFIO était le parti de la paix, choisit-il d'entrer en Résistance contrairement à nombre de ceux qui ont été à l'origine de son engagement ? Pourquoi et comment le militant qui n'a jamais exercé de responsabilités notables devient-il à la Libération le porte-parole du courant de mécontentement qui balaie la direction en appelant, contre les amis de Blum, jugés coupables de " confusionnisme [...] inspiré par un faux humanisme ", à un redressement fondé sur " cette réalité fondamentale qu'est la lutte des classes " ? Pourquoi et comment Mollet, lorsque le pays bascula dans l'affrontement Est-Ouest, assuma-t-il le combat pour sauver la démocratie républicaine déstabilisée par le communisme et le gaullisme ? Ce combat conditionna la suite, car la SFIO y perdit une part de son identité, même si elle joua un rôle décisif dans la mise en place de nouvelles relations sociales et si l'on a tort de passer l'ensemble sous silence ? Pourquoi taire son action en tant que constituant de la IV République comme de la Ve et son refus du principe de l'élection du président de la République au suffrage universel dans une opposition résolue au pouvoir personnel ? Comprendre, sans concession ni parti pris, à travers l'ouverture progressive des archives qui autorisent aujourd'hui un autre regard, l'itinéraire d'un leader socialiste controversé, tel est le but que s'est assigné ce livre - et qu'il remplit.

10/2006

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Religion

Avec ceux qui n'ont rien

"Où est Dieu? Il vit en enfer!", conclut un jour de 1994 le père Zanotelli devant les souffrances du monde et le silence de Dieu. Cet homme de foi choisit alors l'enfer ou la plus éprouvante des missions : vivre à Korogocho, l'un des plus terribles bidonvilles d'Afrique, où s'entassent 100000 personnes, à la périphérie de Nairobi (Kenya). Que faire pour sortir les pauvres et les exclus des souterrains de l'Histoire? Que faire là où les gosses sont capables de tuer pour une bouteille de soda, se prostituent dès l'âge de 11 ans, meurent avant d'avoir atteint l'âge adulte? A l'enfer de Korogocho, Alex Zanotelli répond par des actes : il constitue des petites communautés de solidarité, crée des coopératives, des ateliers, pour aider les démunis à trouver du travail, organise l'accompagnement des malades et initie un mouvement de redistribution des terres aux habitants des taudis qui lui vaut beaucoup d'ennuis avec le pouvoir en place. Car " on ne peut annoncer la Bonne Nouvelle dans des situations aussi absurdes que celles de Korogocho sans poser le problème du système politique, économique, structurel, dans lequel les pauvres sont contraints de vivre. Annoncer la Parole et faire sortir le système de ses gonds, c'est tout un ", affirme le père Zanotelli. Pour lui, être missionnaire, c'est faire l'expérience de ce qu'a vécu Jésus en Galilée ; c'est partager de l'intérieur les souffrances des plus démunis, des " crucifiés de la Terre" : le Dieu de la Bible a un rêve pour son peuple, le rêve d'un monde différent, et, dans ce rêve, la politique est fondatrice. Ce livre témoigne d'un parcours spirituel au plus près du message évangélique. En nous parlant d'un Dieu faible auquel il faut venir en aide, le père Alex en appelle à notre responsabilité historique, personnelle et sociale pour répondre aux immenses défis de notre siècle : " L'obéissance n'est plus une vertu... Chacun doit se savoir unique et responsable de tout. "

02/2006

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Philosophie

Le parjure et le pardon. Volume 2, Séminaire (1998-1999)

Jacques Derrida poursuit dans le second volume de son séminaire sa réflexion sur l'inconditionnalité du pardon, une notion qui ne saurait être confondue avec l'excuse, l'amnistie, la prescription ou la grâce. Si le pardon est hérité de diverses traditions (judéo-chrétienne, coranique et grecque), il ne leur est pas réductible : il excède les modalités du " comprendre ", de la mémoire et de l'oubli, d'un certain travail de deuil aussi. Hétérogène à la phénoménalité, à la théâtralisation, voire au langage verbal lui-même, il suspend, comme une " violente tempête ", l'histoire, le droit et le politique. Inconditionnel, le pardon fait l'épreuve de l'impossible : c'est pourquoi il doit rester exceptionnel, sans calcul ni finalité, à l'écart de tout échange et de toute transaction. Se déplaçant du contexte européen d'après-guerre à l'Afrique du Sud et aux Etats-Unis, la dimension politique du pardon prend, au cours de cette seconde année du séminaire, un relief particulier alors que Jacques Derrida analyse la théâtralité des scènes de repentance en faisant comparaître successivement Hegel, Nelson Mandela, Desmond Tutu et Bill Clinton - sans oublier la portée singulière de la parole des femmes. La trajectoire esquissée en 1998-1999 passe ainsi par la lecture de La Cité de Dieu de saint Augustin, des textes de Hegel sur le pardon, de certaines Lectures talmudiques de Levinas, de différents écrits de Mandela et de Tutu au sujet de la Commission Vérité et Réconciliation, notamment, ainsi que par l'analyse de scènes d'actualité - d'aveu ou de repentir - telles qu'elles se sont multipliées dans l'espace public, en France, en Afrique du Sud, au Chili et aux Etats-Unis, en particulier sous la présidence de Bill Clinton au sujet de l'esclavage, de la politique américaine en Amérique latine, ou encore du " Monicagate ". Le texte de ce séminaire a été établi par Ginette Michaud, Nicholas Cotton et Rodrigo Therezo.

11/2020

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Critique littéraire

Théophile Gautier

Théophile Gautier (1811-1872) est le personnage le plus flamboyant de l'histoire littéraire du XIXe siècle. Le gilet rouge qu'il portait lors de la bataille d'Hernani suffit à le rendre célèbre en une soirée. Puis, à vingt-quatre ans, son roman Mademoiselle de Maupin, fut considéré comme un événement par toute une génération. Prodigieusement doué, il aborda tous les genres et collectionna les succès tout au long de sa vie. Son premier ballet, Giselle, se révéla la plus grande réussite de toute l'histoire de la danse. Ses récits de voyage en firent le maître d'un genre à la mode. Le Roman de la momie et Le Capitaine Fracasse ravirent des générations de lecteurs. Mais, pour ses amis, il était d'abord un poète ; Baudelaire lui dédia Les Fleurs du Mal - on connaît la dédicace fameuse : " Au poète impeccable, au parfait magicien ès lettres françaises... ", et Flaubert disait : " On reconnaîtra plus tard que c'était un grand poète. " Le feuilleton du lundi de Théophile Gautier (d'abord dans la Presse, puis dans le Moniteur) fit de lui, pendant plus de trente ans, le critique dramatique et artistique le plus courtisé et le plus redouté de Paris. À cela s'ajoutait un réseau d'influence, car ses amis étaient innombrables. Mais il considérait son travail de journaliste, qui était à la fois son gagne-pain et la source d'un pouvoir considérable sur les arts et les lettres, comme une servitude qui le détournait de son œuvre de poète - cela ne l'empêcha pourtant pas de composer Émaux et Camées. De l'avis des Goncourt sa parole était un enchantement : ses tirades improvisées faisaient la joie des invités de la Présidente, de la princesse Mathilde ou de la Païva, et sa séduction lui valut de nombreuses aventures féminines. C'est une existence d'une richesse exceptionnelle que relate avec minutie et brio Gérard de Senneville.

10/2004

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Sociologie

Libres, insoumises et audacieuses !

Najat Vallaud-Belkacem (ministre), Nadia El Fani (cinéaste), Rachida Dati (maire et députée européenne), Amel Brahim-Djelloul (soprano), Samia Ghali (sénatrice maire), Meriem Chadid (astronome), Zahia Ziouani (chef d’orchestre) Zohra Mahi (avocate) et 9 autres femmes célèbres, arabes ou nées de parents arabes, sont parvenues aux plus hautes marches de la société française. Elles ont osé et n’ont jamais rien lâché. Ces «égéries venues d’orient» n’ont pas accepté de se laisser traiter d’inférieure par quiconque. Elles ont en commun la passion, le courage, l’intelligence, la force de travail, et, avant tout, la capacité à résister aux échecs. Pour elles, la fatalité n’existe pas. Malgré leur situation familiale, leur éducation, leur milieu social, elles ont eu l’audace de vouloir réussir. Les réunir dans ce livre (sans partie pris pour les politiques, puisqu’elles sont de droite comme de gauche) est une façon de leur rendre hommage. Nous donnons la parole à ces dix-sept femmes qui se racontent. Elles nous révèlent leur lutte intérieure pour gérer deux cultures, leurs efforts pour étudier et leurs combats pour parvenir au sommet. A l’évidence il leur a fallu plus de talents que les autres. Suivons pas à pas, depuis leur enfance, les douleurs, les embûches, les états d’âme et les succès de ces «guerrières», qui, la détermination en bandoulière, ont su se réaliser. Elles répondent à la question : comment s’émanciper de son milieu d’origine, et mettre à mal les stéréotypes ambulants pour devenir soi-même et faire partie des élites de notre pays ? Rien de militant dans cet ouvrage. Ce recueil de portraits est un antidote aux clichés occidentaux. Il vient conforter les bienfaits du métissage et de l’ouverture. Il reflète une réalité : l’avenir ne se fera pas sans ces femmes libres, insoumises et audacieuses. Pionnières elles servent de modèles aux plus jeunes. Parcourez ces pages comme «un regard sur le monde.»

02/2015

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Actualité et médias

Soir de fête

Octobre 2017 : l'affaire Weinstein explose et avec elle naît le mouvement MeToo. Quelques semaines plus tard, à la suite d'un enterrement, Mathieu Deslandes apprend un secret de famille : son grand-père était né d'un viol. Zineb Dryef travaille alors à un documentaire sur la "zone grise" entre consentement et viol. Elle et Mathieu sont en couple. Leur dialogue le conduit à s'interroger sur son histoire familiale, tue pendant presque cent ans. Car à Sougy, le village de la Beauce d'où sa famille est originaire, lorsque son grand-père naît au printemps 1923, on ne dénombre pas un, mais trois enfants nés hors mariage, pour quatre grossesses... Neuf mois précisément après le bal annuel, en août 1922. Ce soir-là, toute la jeunesse locale avait dansé. Et les garçons s'étaient mis en tête d'aller plus loin, chacun entraînant une fille dans les chemins alentours. Or d'après la vieille dame qui raconte l'histoire à Mathieu, les filles n'étaient pas consentantes. Mois après mois, Mathieu Deslandes mène l'enquête, questionne, remue les souvenirs et les archives pour comprendre ce qui s'est vraiment passé. Il raconte un village, ses silences, une France qui paraît lointaine et qui a pourtant mis longtemps à évoluer. Il dit les résonnances de l'événement, génération après génération. Son enquête est nourrie du regard de Zineb, de leurs discussions. Elle-même y trouve un écho avec sa propre histoire. Dans ce texte original mêlant les genres et les voix sur les traces d'une mémoire oubliée, Mathieu Deslandes et Zineb Dryef montrent que le consentement, loin d'être un problème nouveau, est une question dont l'histoire reste à écrire. Ils élaborent un récit de ce qui n'a pas été dit, comme une libération rétrospective de la parole : un projet nécessaire et une excellente autopsie de la culture du viol. Combien de jeunes filles, un soir de fête, ont subi le même sort que celles de Sougy - et n'en ont jamais parlé ?

08/2019

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Histoire internationale

Richard Coeur de Lion

L'historien ne peut manquer de s'interroger sur ce paradoxe : angevin par son père Henri II et aquitain par sa mère Aliénor, Richard Ier, roi d'Angleterre de 1189 à 1199, ne résida dans l'île que six mois au total et n'en parla sans doute jamais la langue... Il se consacra beaucoup plus à la lutte contre ses vassaux du continent, contre le roi de France et les Sarrasins qu'au gouvernement de son royaume. Et pourtant il demeure certainement, depuis bientôt huit siècles, le plus aimé des souverains anglais. Cette popularité ne doit rien à la légende : les contemporains, unanimes, nous le décrivent comme le "roi des rois terrestres, nul n'étant allé "plus loin que lui pour l'ardeur, la magnanimité, la chevalerie et toutes autres vertus". N'est-ce pas lui qui enleva Chypre aux Byzantins et la place d'Acre au redoutable Saladin, le vainqueur de Jérusalem ; ne fut-il pas l'un des plus grands troubadours de son temps ? Brave jusqu'à la témérité, fastueux, lettré, il incarne admirablement l'idéal chevaleresque qui était celui du XII siècle ; tout roi qu'il fût, il ne se pardonnait pas même ses écarts (notamment la "sodomie") ou ses manquements de parole (car il était d'un caractère changeant — oc e no, oui et non, l'avait-on surnommé) et s'en accusa publiquement à plusieurs reprises avec force manifestations — sincères — de repentir. Longtemps absent en raison de la croisade et aussi d'une interminable captivité dans les geôles de l'empereur Henri VI, il mourut à quarante et un ans près de Limoges en assiégeant un vassal révolté. Disparition prématurée, infiniment dommageable pour l'Angleterre et pour l'Aquitaine, mais peut-être bénéfique pour sa mémoire. Le monde était en effet en train de changer : aurait-il pu ou su devenir un grand "politique" avec ce que cela requiert de cynisme, de calcul et de dissimulation ?

04/1988

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Droit

Parlementer

Parlements dans les îles britanniques, assemblées d'états dans le royaume de France et sa périphérie, cortes dans la péninsule ibérique ? : les assemblées représentatives apparaissent dans tous les espaces politiques de l'Europe occidentale chrétienne aux derniers siècles du Moyen Age. Convoquées par les rois et les princes territoriaux d'abord dans des cas de nécessité justifiés par la guerre et son financement, elles se posent très vite en instances reconnues d'un processus beaucoup plus large de légitimation de l'échange politique. L'attention scrupuleuse que l'on porte à leur composition, les termes judicieusement choisis des mandats confiés à leurs participants, les instructions conférées aux différentes parties en vue de l'établissement d'un ordre du jour, tout concourt à faire de ces assemblées la manifestation d'un ordre symbolique qu'elles créent en le représentant, celui d'authentiques communautés politiques. Les phases successives de leur célébration, conjuguant diverses modalités de la parole, discours, délibérations et votes, visent à établir des consensus qui, s'ils traduisent un unanimisme parfois convenu, n'en sont pas moins producteurs d'une réelle efficacité performative. Et leurs actes, pétitions et griefs, volumineux procès-verbaux ou humbles antétextes des grandes ordonnances, statuts ou fueros de leur époque, inscrivent dans la durée une forme d'institutionnalité qui, au-delà de sa simple fonctionnalité juridique, projette aussi dans le champ littéraire et culturel une certaine idée de la communauté. Au-delà d'une réflexion sur les chemins de l'inégal développement d'un phénomène qui a pu nourrir dans les historiographies nationales l'idée d'un exceptionnalisme politique, en Angleterre, d'une constitution pactisée, en Espagne, ou d'un échec sous les coups de boutoir de l'absolutisme naissant, en France, cet ouvrage se veut d'abord et avant tout un essai d'anthropologie historique de la représentation parlementaire dans la perspective d'une histoire politique en plein renouvellement.

01/2019

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Critique littéraire

Eloquence et action à la Renaissance

Cicéron oppose dans le De oratore éloquence et rhétorique : c'est en prenant des leçons de ceux qui avaient une éloquence naturelle que l'art de la rhétorique est né. L'éloquence n'est pas une conséquence de la rhétorique, mais la rhétorique l'est de l'éloquence. La rhétorique ne doit jamais oublier son rapport à la nature. Or, aux cours des âges, la rhétorique devenue prescriptive finit par s'isoler du sens, de la création, de l'action humaine et devenir l'exercice stérile d'hommes obscurs, abîmés dans le silence de la vita contemplativa. Lorsque les prêtres donnent plus dans les mots que dans le contenu, chante le fou dans Le Roi Lear (III, 2), le royaume n'est pas loin du pourrissement. Dans cette relation entre éloquence et action à la Renaissance, l'action n'est autre que le concept suggéré par la vita activa, tout ce qui touche la vie sociale et politique et que la période humaniste privilégie. Si l'action se distingue ainsi de l'actio, la cinquième tâche de la rhétorique, qui met en oeuvre le corps même de la parole, la voix et le geste, qu'il soit de la main ou de l'oeil, elle peut aussi l'inclure. A la cour d'Elsinore, les gestes et les regards de l'acteur ont un rôle politique. Ainsi se propose-t-on de comprendre comment la Renaissance a repris le grand débat classique sur la valeur éthique de l'éloquence et de son art, la rhétorique. Comment les oppositions mots/choses, mots/faits et mots/actes se relaient entre elles pour fonder des théories du langage qui peuvent aboutir à un scepticisme sur le pouvoir des mots ou au contraire à sa valorisation, allant jusqu'à faire de l'éloquence une arme contre la violence. L'étude de la vie publique et de la langue, en passant par celle des arts, musique et peinture, fait apparaître l'importance de ce débat à l'âge moderne.

01/2019