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Philippe Jaccottet. Leçons et "Hameau"

Extraits

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Poésie

D'une lyre à cinq cordes

"Ni par l'élection des poètes traduits ni par le nombre de pages accordé aux uns et aux autres, ce recueil ne représente une anthologie de mes goûts ; moins encore, ne serait-ce qu'un fragment d'un panorama de la poésie européenne. L'absence d'un poète tel que Dante, que je place au plus haut - et c'est bien pourquoi j'ai échoué à en traduire même quelques pages -, le dit assez ; mais aussi bien, à un niveau moins élevé, pour l'époque contemporaine, de Saba, de Sereni ou de Celan. Ce choix qui n'en est pas un tient, en fait, à des circonstances diverses. Certaines traductions sont le résultat d'une commande ; quelques-unes de la présence de ces poèmes cités dans des essais que j'ai eu à traduire. Quelquefois, découvrant un poème qui me touchait dans l'oeuvre d'un auteur méconnu, ou, à l'occasion d'un voyage en Autriche, toute une oeuvre presque ignorée comme celle de Christine Lavant, j'ai eu le désir de rendre sensibles ces heureuses rencontres à d'autres que moi... Reste, bien sûr, que les ensembles plus vastes dont j'ai voulu reprendre ici quelques pages : ceux de Góngora, de Hölderlin, de Rilke, d'Ungaretti et de Mandelstam, représentent vraiment, eux, le fruit de rencontres essentielles dans ma vie de poète, de traducteur et d'homme tout court ; et je remercie les éditeurs qui m'ont permis de les faire figurer ici, dans une perspective nécessairement différente". Philippe Jaccottet.

12/1996

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Poésie

Poésie. 1946-1967

"A l'approche de ces poèmes s'éveille une confiance. Notre regard, passant d'un mot à l'autre, voit se déployer une parole loyale, qui habite le sens, comme la voix juste habite la mélodie. Nulle feinte, nul apprêt, nul masque. Nous pouvons accueillir sans ruse interposée, cette parole qui s'offre à nous sans détour. Un émerveillement, une gratitude nous saisit : la diction poétique, le discours poétique (mais délivré de tout artifice oratoire) sont donc possibles, toujours possibles ! C'est ce dont, à considérer la plupart des productions du jour, il semblait qu'il fallût désespérer, pour ne plus rencontrer que le souvenir brisé de ce que fut la Poésie. . ". Jean Starobinski.

03/2007

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Littérature française

Un calme feu

"Nombre de raisons, dont les meilleures ne sont que trop douloureusement évidentes, m'ont fait hésiter à publier ces pages. Que la menace qui pesait déjà sur le Liban quand nous nous y sommes rendus, sous le prétexte de deux lectures de poésie, en 2004, loin de se dissiper, se soit aggravée depuis au point qu'on ne sait plus où trouver de quoi réveiller en nous ne fût-ce qu'un infime espoir, voilà ce qui nourrit plus que toute autre chose mon scrupule. Il y a tout de même quelque chose qui m'a permis de surmonter d'aussi légitimes scrupules: c'est que ce dont je parle maladroitement ici, fait aussi, après tout, partie de la réalité ; que toutes sortes de formes de beauté persévèrent, que l'amitié sous mille aspects demeure, et l'hospitalité, la générosité, la grâce ; comme surviennent encore des moments de profond calme, d'échanges vrais, et des éclaircies aussi indubitables que les nuages les plus noirs ou orageux ; de sorte que s'entêter à recueillir ces signes et en faire un petit livre, d'ailleurs sans prétention, ce serait moins insulter à l'épreuve de ces pays que leur rendre hommage et, en fin de compte, ne pas ajouter au désespoir vers lequel presque tout, aujourd'hui, nous entraîne", Philippe Jaccottet. En ces pages où il convoque à ses côtés les plus grands poètes du Proche-Orient, Philippe Jaccottet nous entraîne dans un Liban tout intérieur et une Syrie maintenant disparue. Sa voix basse murmurante se faufile entre les apparences et ne demeure que la justesse.

11/2015

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Poésie

Pensées sous les nuages. Poèmes

Un recueil de sept poèmes, ou groupe de poèmes, qui ont pour titres : On voit, Pensées sous les nuages, Le mot joie, A une jeune mère, Plaintes sur un compagnon mort, A Henry Purcell, Le poète tardif... A cette poésie pure et grave, transparente comme la lumière, on pourrait appliquer les mots que la musique de Purcell inspire à Philippe Jaccottet : Ecoute : comment se peut-il que notre voix troublée se mêle ainsi aux étoiles ? Il lui a fait gravir le ciel sur des degrés de verre par la grâce juvénile de son art.

10/1983

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Littérature française

A travers un verger suivi de Les cormorans et de Beauregard

Ces textes de Philippe Jaccottet tirent pour la plupart leur inspiration du thème du voyage, de la promenade. Ce sont des itinéraires de campagne, une rêverie sur des noms de lieux. Certains paysages apportent des moments mêlés d'exaltation et de mélancolie. Il y a aussi des hauts lieux, comme les riches sanctuaires romans du Roussillon, ou un quartier de Florence déjà rencontré dans un poème de Montale. Plus tard, en remontant vers le Nord, la lumière diffuse, voilée, de la Hollande et de ses peintres. "A la poursuite d'images profondes, le voyage avait bien fini par devenir intérieur", dit l'écrivain. Ses descriptions minutieuses, empreintes d'humilité, aboutissent à un émerveillement. Tel est le secret, livré au détour d'une phrase, de cette prose qui se tient au plus près de l'émotion.

10/1984

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Poésie

Après beaucoup d'années

"Les événements du monde, depuis des années, autour de nous, proches ou lointains - mais plus rien n'est vraiment lointain, du moins en un sens, si plus rien n'est proche non plus -, l'Histoire : c'est comme si des montagnes au pied desquelles nous vivrions se fissuraient, étaient ébranlées ; qu'ici ou là, même, nous en ayons vu des pans s'écrouler ; comme si la terre allait sombrer. Or, quand à cela, quant à l'Histoire, nul doute : il s'agit bien - ce qu'on aura vécu - de près d'un siècle de l'Histoire humaine ; une masse considérable, une espèce de montagne, en effet, dont la pensée a du mal à faire le tour, le coeur à soutenir le poids ; et tant de ruines, de cimetières, de camps d'anéantissement qui seraient, de ce siècle, les monuments les plus visibles, d'autres espèces de montagnes, sinistres. Et la pullulation des guerres, la plus ou moins rapide érosion de tout règle, et les conflits acharnés entre règles ennemies. Tout cela multiple, énorme, obsédant, à vous boucher la vue, à rendre l'avenir presque entièrement obscur". Philippe Jaccottet.

03/1994

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Poésie

L'Effraie. Et autres poésies

"La nuit est une grande cité endormie où le vent souffle... Il est venu de loin jusqu'à l'asile de ce lit. C'est la minuit de juin. Tu dors, on m'a mené sur ces bords infinis, le vent secoue le noisetier. Vient cet appel qui se rapproche et se retire, on jurerait une lueur fuyant à travers bois, ou bien les ombres qui tournoient, dit-on, dans les enfers. (Cet appel dans la nuit d'été, combien de choses j'en pourrais dire, et de tes yeux...) Mais ce n'est que l'oiseau nommé l'effraie, qui nous appelle au fond de ces bois de banlieue. Et déjà notre odeur est celle de la pourriture au petit jour, déjà sous notre peau si chaude perce l'os, tandis que sombrent les étoiles au coin des rues".

10/1979

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Poésie

Eléments d'un songe

Les Eléments d'un songe se présentent comme une suite de variations dont le thème initial est emprunté à L'Homme sans qualités de Musil. A la suite de cet écrivain, grand rêveur en quête d'états parfaits où l'on puisse oublier la laideur de la vie et l'horreur de la mort, mystique sans Dieu, passionné de la nature, Jaccottet cherche lui-même patiemment, en philosophe et en poète, les solutions qui permettent de vivre. Des images de femmes, tantôt exaltées, tantôt douces et plus enclines que l'homme à la résignation, s'associent fréquemment à ces méditations. Pour l'une d'elles, qui a tenté de se suicider avec du poison, il écrit " Ce n'était pas le ciel qu'il lui aurait fallu, mais la terre seulement un peu éclairée et l'air plus frais, et pouvoir passer sans horreur dans la boue. " Les remèdes habituels contre cette douleur de vivre et cette crainte de la mort, sagesse, religions, et jusqu'à la psychanalyse, paraissent à l'auteur sans pouvoir. L'amour semble capable d'effacer pour un temps ces angoisses ; mais " si le corps cherche la possession, l'âme n'en veut pas. La chance de Dieu est d'être insaisissable ". En fait, Dieu affleure à toutes ces méditations ; mais l'auteur voudrait redécouvrir " le feu des religions sans passer par la vie étroite d'une piété qu'il n'accepte pas ". Où peut mener cette mystique sans Dieu, cette soif inextinguible de beauté et d'harmonie, ce refus hautain de la réalité quotidienne, qui viennent buter sans cesse contre l'idée de la mort ? On est frappé par la noblesse et la poésie de ces méditations ; par la variété de ces thèmes que l'auteur développe, par son honnêteté foncière. Il s'agit, pour lui, plutôt que de pessimisme, d'une trop grande exigence, d'une ambition trop haute, qui ne désespère pas complètement de s'accomplir.

08/1961

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Poésie

L'ignorant. Poèmes 1952-1956

"Plus je vieillis et plus je croîs en ignorance, plus j'ai vécu, moins je possède et moins je règne". "Comme le feu, l'amour n'établit sa clarté que sur la faute et la beauté des bois en cendres". Ces vers ouvrent et ferment le poème intitulé L'Ignorant qui donne son titre au nouveau recueil de poésies de Philippe Jaccottet. Ils indiquent admirablement la recherche philosophique et poétique qui domine l'oeuvre que nous donne aujourd'hui l'auteur de L'Effraie. Les trois "livres" de ce volume (Dans les rues d'une ville - Paroles dans l'air - Le livre des morts), composés respectivement de 13, 20 et 7 poèmes, prouvent que l'unité profonde d'inspiration, la rigueur et l'originalité d'expression, la sobriété dans la richesse demeurent les qualités maîtresses du poète.

05/2013

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Ouvrages généraux

Rilke. Monographie

"Rilke savait mieux que personne qu'avoir écrit les Elégies et les Sonnets, avoir réussi à célébrer l'espace angélique tel qu'il l'avait pressenti très jeune et entrevu en certains moments décisifs de sa vie, ce n'était pas être devenu soi-même l'ange ou Orphée. /... / Mais sans doute avait-il désiré le grand poème comme Colomb l'Amérique, comme l'amant l'aimée". Dans cet ouvrage, Philippe Jaccottet s'emploie à retrouver un regard plus libre sur le poète et son oeuvre. Il s'écarte, dans la mesure du possible, de la légende et s'appuie sur ces mots de Robert Musil : "Rainer Maria Rilke était mal adapté à ce temps. Ce grand poète lyrique n'a rien fait que porter pour la première fois à sa perfection la poésie allemande... " Une monographie de référence, signée par un poète français parmi les plus importants, traducteur de l'oeuvre de Rilke.

11/2022

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Poésie

La Promenade sous les arbres

Ce nouveau volume de notre collection "Poésie en poche" , qui bénéficiera désormais d'une présentation plus luxueuse, sur un papier de qualité et avec une couverture à rabats, reprend, pour la première fois en France, l'édition originale de La Promenade, publié en 1957 par l'éditeur suisse Mermod, en reproduisant les dessins d'Anne- Marie Haesler-Jaccottet. Ce qui nous a décidés à le passer en poche, c'est qu'à la différence des autres livres majeurs de Jaccottet, celui-ci n'a jamais connu une grande diffusion (sauf dans le volume des Ouvres de la "Bibliothèque de la Pléiade" où il était déjà présenté par notre préfacier, Jean Marc Sourdillon). La Promenade est pourtant le tout premier livre en prose du poète. Commencé à l'automne 1952, repris et complété peu après le mariage de Jaccottet et son établissement à Grignan, il marque dans l'oeuvre un premier mouvement de retour sur une expérience poétique encore à ses débuts, treize ans avant la parution de Paysage avec figures absentes. C'est par La Promenade que Jaccottet inaugure la forme de prose méditative à laquelle on l'associera, découlant tout entière de sa pratique de la note : cette prose toujours à la recherche de la plus grande exactitude (le poète se demande sans cesse si ce qu'il vit, fait ou décide "sonne juste") oscille entre le recueil d'observations, le discours solennel et la confession. Livre à la fois nocturne et matutinal, "le plus lumineux et le plus perméable de tous les arts poétiques [du xxe] siècle" selon Peter Handke, La Promenade est l'Incipit vita nova de Jaccottet, le petit livre blanc des commencements. L'admirable, c'est que la description d'une expérience menée à l'intérieur des mots nous parle en réalité de notre propre vie. Comme le remarque son préfacier, "on y perçoit presque à tout moment la présence d'une discrète jubilation, l'eurêka modeste du poète qui découvre la cohérence de sa propre manière".

11/2022

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Pléiades

Oeuvres

Philippe Jaccottet a lui-même choisi les oeuvres rassemblées dans ce volume, y recueillant tout ce qu'on pourrait qualifier d'écriture "de création" et laissant de côté son travail de critique et de traducteur, ainsi que certains textes de circonstance liés à des voyages ou à des hommages ; il a veillé à ce que ses livres apparaissent selon la chronologie de leur publication initiale, qui était jusqu'alors parfois masquée par des regroupements éditoriaux ultérieurs. Recueils de poèmes et livres de prose alternent d'abord, bientôt ponctués à intervalles plus ou moins réguliers par les notes de carnets qu'égrènent les différentes livraisons de La Semaison. Retrouvant leur titre unique, celles-ci sont ici restaurées dans toute la cohérence de leur projet et complétées par les Observations, 1951-1956, longtemps inédites et qui sont comme l'amorce de ces semences littéraires rassemblant choses vues, choses lues et choses rêvées. L'évolution des poèmes est frappante : des sonnets rimés de L'Effraie (1953) aux pièces brèves et épurées d'Airs (1967) se fait sentir l'influence des révélations majeures que furent les paysages de Grignan et les haïku japonais. Par les chants plus tourmentés des livres de deuil qui se succèdent ensuite, de Leçons (1969) à Pensées sous les nuages (1983), le poète tente de maintenir le flux des mots malgré la mort qui semble faire vaciller jusqu'au langage. À partir de Cahier de verdure (1990), proses poétiques et vers se mêlent au sein d'un même recueil. Une forme éminemment personnelle s'invente, se concentrant sur les éclats de joie épars dont il s'agit de restituer la lumière. Comment embrasser à la fois le clair et le sombre, le grave et le léger, le tout et le rien ? L'ouvre de Jaccottet s'impose par l'exigence de sa quête, la pureté rayonnante et sans affectation de son chant - «L'effacement soit ma façon de resplendir», écrivait-il dès L'Ignorant (1957). Sans céder jamais à l'épanchement, se refusant autant au nihilisme qu'à l'exaltation - à «l'écourant brouillard d'un certain lyrisme» -, elle trouve certes dans la beauté subtile et poignante de la nature - lumière d'hiver, vergers en fleurs - une réponse vitale à la violence du monde et au désenchantement. Mais cette beauté n'a rien d'un refuge éthéré ; elle est comme une lame qui permet de creuser dans l'opaque. Cette poésie, nourrie d'ombre, s'écrit avec le vide et contre lui.

02/2014

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Poésie

Et, néanmoins. Proses et poésies

Sous les coups qui se rapprochent, se multiplient, dans le heurt avec la pierre de plus en plus dure, de plus en plus froide. Dans le sombre désarroi qui vous prive de toute maîtrise et vous dicte quelquefois des paroles discordantes que l'on hésite à reconnaître pour siennes. Et, néanmoins : néanmoins, encore, devant vous, ces dernières " frayeuses de chemin ", si frêles, qu'on aura du moins encore su dire, sinon suivre aussi loin qu'il eût fallu. Ph. J.

05/2001

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Critique littéraire

La semaison. Tome 3, Carnets 1995-1998

Pour présenter, en 1984, sur cette espèce de colonne Morris qu'est une " quatrième de couverture ", la première Semaison, je l'ai définie comme " un recueil de graines légères, pour replanter, essayer de replanter la "forêt spirituelle" ". Il y a encore, heureusement, quelques graines de ce genre, lumineuses, dans ces récents carnets ; des clartés reçues pas seulement du monde, mais aussi d'écrivains fort divers comme La Fontaine, Goethe, Maurice de Guérin, Claudel, et d'autres bien vivants ; mais y pèse aussi, plus large sans doute à cause de l'âge, une part d'ombre surgie des rêves, comme pour être mieux accordé, sans complaisance j'espère, au temps présent. L'essentiel tout de même, je voudrais le voir de préférence en telle brève note comme celle-ci : " Herbe vue à contre-jour, naissante encore, peu dense, fine et droite : presque un filtre, une harpe... ou, tout près de la terre, ma dernière lyre. Pour faire entendre la lumière du soir qui est comme dorée, dans les rafales du vent déjà froid. " Ph. J.

05/2001

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Critique littéraire

De la poésie

"Ecrire ! A quoi bon une oeuvre, disait Marcel Arland, si elle ne peut se confondre avec l'amour, et si le chant qu'elle ébauche, tandis que je vais sur ma fin, ne peut monter d'un coeur plus nu ? " Ces quelques lignes illustrent admirablement le talent de Philippe Jaccottet, l'exigence, la rigueur et l'honnêteté de toute une vie consacrée à la poésie et à la traduction des plus grands. Au cours de cet entretien entre un jeune homme, aujourd'hui professeur agrégé de lettres modernes, et un poète, il nous est permis d'entrevoir les cheminements de l'expérience poétique, la fragile beauté du paysage, les choses et leurs secrets, l'apparente tranquillité des mots, l'inquiétude souveraine et la résistance du monde.

06/2020

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Poésie

L'entretien des muses. Chroniques de poésie

"Ce livre, dont le titre est emprunté à une pièce de clavecin de Rameau, est un recueil de chroniques de poésie publiées en revue ou en journal entre 1955 et 1966. Quelques études et notes inédites les complètent. Elles concernent des oeuvres de poètes français ou suisses-français parues entre 1910 et 1966 (de Claudel à Pierre Oster).Ce livre ne prétend en aucune façon dresser un panorama de ce demi-siècle de poésie. Le fait même de la chronique a voulu que le hasard de l'actualité joue un rôle dans le choix ; le plus souvent, des raisons toutes subjectives en ont décidé. Jamais un livre de poèmes n'aura été pour moi objet de connaissance pure : plutôt une porte ouverte, ou entrouverte, quelquefois trop vite refermée sur plus de réalité. Tout simplement, je n'ai commencé d'écrire des chroniques que pour avoir été attiré, éclairé, nourri, par certaines oeuvres ; pour m'être attristé ou indigné de les voir méconnues ; pour avoir espéré leur gagner quelques lecteurs. Aussi s'agissait-il moins, pour moi, de bâtir une oeuvre critique à leur propos, que d'essayer d'ouvrir un chemin dans leur direction ; en souhaitant que ce chemin, une fois l'oeuvre atteinte, fut oublié" Philippe Jaccottet.

07/2015

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Poésie

Une transaction secrète. Lectures de poésies

Virginia Woolf écrit dans Orlando : "Ecrire de la poésie, n'est-ce pas une transaction secrète, une voix répondant à une autre voix ?" C'est comprendre la poésie comme une attention à ce qui semble une parole dite par le monde, et la recherche de la traduction la plus juste de cette parole, plus ou moins forte et plus ou moins cachée. Dans ce recueil de textes critiques dont le plus ancien remonte à 1954, le plus récent datant de 1986, il y a une écoute, non plus de cette parole du monde, mais de la voix poétique elle-même, telle qu'elle a tenté cette traduction chez Scève ou Gongora, Hölderlin ou Novalis, Ungaretti ou Rilke, chez des prosateurs tels que Senancour, Paulhan ou Dhôtel, ou chez des poètes contemporains, de Ponge à Bonnefoy. De bout en bout, cette écoute est celle d'un poète pour qui écrire de la poésie, en lire ou en faire lire, ne saurait être qu'ouvrir un dialogue aussi vrai que possible dans un monde comme aéré par lui.

07/2015

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Poésie

Cahier de verdure. Suivi de Après beaucoup d'années

Les deux recueils rassemblés ici se tiennent sur un versant apaisé de l'oeuvre de Philippe Jaccottet, et témoignent d'une prise de distance avec les peurs, les douleurs, les alarmes passées. Non que la destinée humaine ait changé de trajectoire et se soit magiquement affranchie de sa finitude, mais des passages, des éclaircies sont ici entrevus qui tentent de déjouer les pièges du temps. Depuis le dessin général des paysages jusqu'à la floraison ascensionnelle de la rose trémière (que le poète nomme la "passe-rose"), la nature se donne pour la médiatrice privilégiée, celle qui, fragmentée, diversifiée, voire chaotique, suggère pourtant l'unité de la création. Et cette unité perceptible en chaque détail s'incarne dans l'écriture de Philippe Jaccottet qui joue ainsi de différentes formes d'expression (poèmes, proses poétiques, notes de carnet) pour, usant de la diversité comme un peintre des couleurs, composer un tableau qui estomperait son cadre et concilierait visible et invisible. Avec une économie de moyens qui lui est propre, Philippe Jaccottet dit l'essentiel : "que la poésie peut infléchir, fléchir un instant, le fer du sort. Le reste, à laisser aux loquaces".

04/2003

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Poésie

Observations et autres notes anciennes. 1947-1962

" Si, aujourd'hui, je compose de ces textes, dont la plupart remontent aux années 1947-1956, un petit livre qui peut passer pour une sorte de prélude aux deux volumes de La Semaison, il ne me semble pas que j'y mette une complaisance sénile (à quoi il sera toujours temps de céder!) On me laisse entendre que j'y serais, déjà, très présent, malgré des maladresses, des raideurs ou des emphases bien juvéniles. Mais ce qui compte seul à mes yeux, c'est que ces pages puissent répondre à l'exigence qui a toujours été la mienne, non pas tant avant d'écrire qu'avant de publier quoi que ce soit : à savoir qu'il y souffle un air assez vif, assez frais, venu des plus lointains livres comme j'aimais alors à en ouvrir, ou d'autres livres plus proches, mes nobles guides déjà (Dante, Hôlderlin, Novalis ... ); venu, mieux encore, d'un visage approché, d'une rue ou d'un jardin traversés, venu de l'aube, de la lune, d'un passage de pluie - un air, donc, assez pur pour vivifier, rafraîchir, le temps au moins de la lecture, l'esprit de qui se promènera dans ces pages. "

09/1998

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Littérature française

A la lumière d'hiver, leçons chants d'en bas

Ce nouveau recueil d'élégies contient trois parties : Leçons et Chants d'en bas qui avaient été publiés en Suisse il y a quelques années, mais que l'auteur a remaniés. La troisième partie, A la lumière d'hiver, vient couronner, comme une clé de voûte, les deux premières parties. La poésie de Jaccottet est faite pour cette mélancolie de l'âge et du deuil. Il émane de ces poèmes une extraordinaire lueur de vérité qui, faute d'espérance, refuse toute fausse joie et tout artifice.

05/1977

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Poésie

La semaison. Carnets 1954-1979

"Beauté : perdue comme une graine livrée aux vents, aux orages, ne faisant nul bruit, souvent perdue, toujours détruite ; mais elle persiste à fleurir, au hasard, ici, là, nourrie par l'ombre, par la terre funèbre, accueillie par la profondeur. Légère, frêle, presque invisible, apparemment sans force, exposée, abandonnée, livrée, obéissante - elle se lie à la chose lourde, immobile ; et une fleur s'ouvre au versant des montagnes. Cela est. Cela persiste contre le bruit, la sottise, tenace parmi le sang et la malédiction, dans la vie impossible à assumer, à vivre ; ainsi, l'esprit circule en dépit de tout, et nécessairement dérisoire, non payé, non probant. Ainsi, ainsi faut-il poursuivre, disséminer, risquer des mots, leur donner juste le poids voulu, ne jamais cesser jusqu'à la fin - contre, toujours contre soi et le monde, avant d'en arriver à dépasser l'opposition, justement à travers les mots - qui passent la limite, le mur, qui traversent, franchissent, ouvrent, et finalement parfois triomphent en parfum, en couleur - un instant, seulement en un instant". Il ne s'agit donc nullement ici d'un journal intime. Plutôt de carnets de croquis où se seraient déposées quelques traces (de promenades, de rencontres, de lectures, de rêves), mais dont l'auteur aurait pris soin, ensuite, d'arracher les feuillets qui lui auraient paru sans vie. Un recueil de graines légères, pour replanter, essayer de replanter "la forêt spirituelle", Philippe Jaccottet.

03/1984

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Littérature française

Une transaction secrète

Virginia Woolf écrit dans Orlando : "Ecrire de la poésie, n'est-ce pas une transaction secrète, une voix répondant à une autre voix ?" C'est comprendre la poésie comme une attention à ce qui semble une parole dite par le monde, et la recherche de la traduction la plus juste de cette parole, plus ou moins forte et plus ou moins cachée. Dans ce recueil de textes critiques dont le plus ancien remonte à 1954, le plus récent datant de 1986, il y a une écoute, non plus de cette parole du monde, mais de la voix poétique elle-même, telle qu'elle a tenté cette traduction chez Scève ou Gongora, Hölderlin ou Novalis, Ungaretti ou Rilke, chez des prosateurs tels que Senancour, Paulhan ou Dhôtel, ou chez des poètes contemporains, de Ponge à Bonnefoy. De bout en bout, cette écoute est celle d'un poète pour qui écrire de la poésie, en lire ou en faire lire, ne saurait être qu'ouvrir un dialogue aussi vrai que possible dans un monde comme aéré par lui.

03/1987

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Littérature française

Paysages avec figures absentes. Edition revue et augmentée

Ce livre de Jaccottet peut servir d'introduction à son oeuvre poétique et littéraire. Cet ensemble de textes sur la campagne contient aussi de très belles méditations sur le travail du poète, sur sa condition d'homme démuni et incertain, privé de tout recours à une foi ou à une idéologie rassurantes. La perception et le sentiment de la nature sont d'une extrême délicatesse et d'une rare ferveur. A travers la description, Jaccottet fait le point sur sa vie de poète, sur sa conception de la poésie.

08/1970

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Critique littéraire

L'entretien des muses

"Ce livre, dont le titre est emprunté à une pièce de clavecin de Rameau, est un recueil de chroniques de poésie publiées en revue ou en journal entre 1955 et 1966. Quelques études et notes inédites les complètent. Elles concernent des oeuvres de poètes français ou suisses-français parues entre 1910 et 1966 (de Claudel à Pierre Oster). Ce livre ne prétend en aucune façon dresser un panorama de ce demi-siècle de poésie. Le fait même de la chronique a voulu que le hasard de l'actualité joue un rôle dans le choix ; le plus souvent, des raisons toutes subjectives en ont décidé. Jamais un livre de poèmes n'aura été pour moi objet de connaissance pure : plutôt une porte ouverte, ou entrouverte, quelquefois trop vite refermée sur plus de réalité. Tout simplement, je n'ai commencé d'écrire des chroniques que pour avoir été attiré, éclairé, nourri, par certaines oeuvres ; pour m'être attristé ou indigné de les voir méconnues ; pour avoir espéré leur gagner quelques lecteurs. Aussi s'agissait-il moins, pour moi, de bâtir une oeuvre critique à leur propos, que d'essayer d'ouvrir un chemin dans leur direction ; en souhaitant que ce chemin, une fois l'oeuvre atteinte, fût oublié. [... ]" Philippe Jaccottet.

04/1968

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Littérature française (poches)

A la lumière d'hiver

Dans Folioplus classiques, le texte intégral, enrichi d'une lecture d'image, écho pictural de l'oeuvre, est suivi de sa mise en perspective organisée en six points. Mouvement littéraire : La poésie française contemporaine. Genre et registre : Aux frontières de la prose et de la poésie : le vers libre. L'écrivain a sa table de travail : L'écriture comme réparation. Groupement de textes : " Ce qui demeure ". Chronologie : Philippe Jaccottet et son temps. Fiche : Des pistes pour rendre compte de sa lecture.

06/2011

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Poésie

Airs. Poèmes, 1961-1964

"Quelque fois la poésie, c'est-à-dire je ne sais quelle lumière, semble mêlée sans effort au mouvement simple des jours (comme la lumière physique aux objets) ; elle reste alors tout près du langage, imperceptiblement transfiguré par elle, et peut-être est-ce là qu'elle a le plus de vérité ; mais aussi, qu'il est le plus difficile de la maintenir. Trop souvent la voilà qui ne brille à nos yeux qu'en d'infimes échappées ; qui se sont ouvertes sans doute, elle aussi, dans la trame de notre vie ordinaire, mais, dirait-on, sur un lointain de moins en moins saisissable : les mots voudraient n'être plus que souffles, chaque poème une goutte d'eau pure".

03/1967

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Littérature française

Le dernier livre de Madrigaux

Dans ce recueil d'une trentaine de poèmes, Philippe Jaccottet livre une version moderne des grands textes qui l'ont inspiré. Nous traversons le royaume des ombres sur les traces d'Orphée, d'Ulysse, célébrons les travaux et les saisons, prenons part à des fêtes chargées de mystère. On perçoit en filigrane des références aux traductions de l'auteur (Homère, Ungaretti, Dante) qui viennent flouter le cadre temporel pour donner toute sa nuance de madrigal au recueil, comme un écho à Claudio Monteverdi. Les Madrigaux apparaissent dans l'oeuvre du poète comme le point d'orgue de son art : sa virtuosité dans l'usage du vers libre, son extrême musicalité, le fil continu du jeu de l'ombre et de la lumière.

03/2021

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Littérature française

La clarté Notre-Dame

Second pilier de son oeuvre, les carnets sont pour Philippe Jaccottet une alternative à la poésie dans son observation et ses réflexions sur le monde. Cet ouvrage réunit les notes de l'auteur rédigées entre 2012 et 2020. Elles explorent les thèmes devenus au fur et à mesure plus présents dans son oeuvre. Ses réflexions d'une grande délicatesse touchent à la fugacité de la vie, le bonheur simple d'en bénéficier encore, la douleur présumée de la fin, les lueurs d'espoir qui la traversent. Ce carnet se compose en deux parties On retrouve le promeneur attentif à l'émerveillement et à la vanité : nous évoluons avec Philippe Jaccottet en pleine nature vaudoise où il saisit la lumière à travers l'ombre, le tintement d'une cloche à travers le silence. Il laisse une grande part aux paysages, mais aussi au silence qui entoure la Clarté Notre Dame, monastère des Soeurs dominicaines de Salernes. La seconde partie laisse place à l'introspection plus importante de Philippe Jaccottet, un retour critique sur son oeuvre et les lectures dont il se nourrit, comme Hölderlin. Il évoque une fin inéluctable, tantôt paisible, tantôt douloureuse, mais ne se départit jamais d'une grande douceur pour l'évoquer, comme un murmure. L'ultime image du recueil réunit les figures de l'eau et de l'oiseau, "les deux messagers privilégiés de la poésie", faisant surgir dans ces derniers mots l'écriture humble et délicate de Philippe Jaccottet.

03/2021

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XIXe siècle

Bonjour, Monsieur Courbet. Artistes, amis, en vrac : 1956-2008

Philippe Jaccottet a réuni dans ce recueil les textes que le hasard des rencontres, voire des commandes, de 1956 à 2008, lui a fait écrire sur quelques chefs-d'oeuvre italiens (Le porche roman de La Basilique San Zeno, à Vérone, Le Baptême du Christ de Piero della Francesca ou les vies silencieuses de Morandi) et sur les oeuvres plastiques (peintures, sculptures, photographies, marionnettes) d'une vingtaine de ses contemporains, d'Alberto Giacometti à Paul Vergier, qu'il eut le privilège de fréquenter.

03/2021

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Poésie

Haïku

"Voici des paroles véritablement fées" écrit Philippe Jaccottet en préface de ce recueil de Haïku qu'il a choisis et traduits, en négligeant pour une fois ses scrupules de traducteur pour agir en "traitre amoureux" , en poète. Et cette recréation par le poète d'A travers un verger nous restitue de manière magique l'univers des saisons et des jours au Japon traditionnel. Une nouvelle édition de ce titre, indisponible depuis trois années, nous semblait indispensable.

04/2022