Recherche

haiku

Extraits

ActuaLitté

Littérature française

Petit traité du racisme en Amérique

Dans ce livre, le premier qu'il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les Etats-Unis. Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d'habitants au total - plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme. Loin d'organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise : " On doit comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n'est qu'avec les nuances qu'on peut avancer sur un terrain si miné". Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l'on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence semble-t-il inextinguible du racisme américain. " Mépris " , " Rage " , " Ku Klux Klan " alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc : Charles Lynch, l'inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l'auteur de La Case de l'oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce Petit traité du racisme en Amérique s'achève sur une note d'espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. " Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous ! "

01/2023

ActuaLitté

Critique littéraire

Lettres choisies. 1943-1997

Icône de la Beat Generation, poète et intellectuel controversé, Allen Ginsberg est sans aucun doute l'un des écrivains les plus importants de l'Amérique du XXe siècle. Figure de proue d'un cercle littéraire avant-gardiste, référence des beatniks et inspiration des hippies, il a su révolutionner les conventions poétiques en imposant une écriture spontanée, libre et sans tabous. Ce sont ici plus d'une centaine de ses lettres qui ont été soigneusement sélectionnées, et qui révèlent l'écrivain érudit et engagé auteur des chefs-d'oeuvre incontestés que sont Howl et Kaddish, ses deux plus grandes fresques poétiques. Ses lettres avec certains des plus grands esprits et artistes de son temps donnent à voir son combat acharné contre la censure aux Etats-Unis et la guerre au Vietnam, pour la libéralisation des moeurs, l'acceptation de l'homosexualité, la légalisation des drogues et une conscience écologique. On y retrouve les influences marquantes de son oeuvre : jazz et rock, haïkus et mantras, culture pop et foi bouddhiste. Mais on y découvre également un Ginsberg plus intime. Au gré de ses séjours sur la côte Est ou la côte Ouest, en ville ou à la campagne, et de ses voyages au Maroc ou en France, en Amérique latine ou en Inde, le poète parle de ses doutes et de ses émotions, dans ce style à la fois comique et tragique qui lui est propre. C'est un document unique que nous offrent les lettres de ce maître du verbe. Témoignage inestimable de l'émergence d'une contre-culture, la correspondance de Ginsberg retrace plus de cinquante ans d'histoire sociale et culturelle sous une seule et même plume, celle d'un génie rêveur et décomplexé.

11/2013

ActuaLitté

Pléiades

Oeuvres

Philippe Jaccottet a lui-même choisi les oeuvres rassemblées dans ce volume, y recueillant tout ce qu'on pourrait qualifier d'écriture "de création" et laissant de côté son travail de critique et de traducteur, ainsi que certains textes de circonstance liés à des voyages ou à des hommages ; il a veillé à ce que ses livres apparaissent selon la chronologie de leur publication initiale, qui était jusqu'alors parfois masquée par des regroupements éditoriaux ultérieurs. Recueils de poèmes et livres de prose alternent d'abord, bientôt ponctués à intervalles plus ou moins réguliers par les notes de carnets qu'égrènent les différentes livraisons de La Semaison. Retrouvant leur titre unique, celles-ci sont ici restaurées dans toute la cohérence de leur projet et complétées par les Observations, 1951-1956, longtemps inédites et qui sont comme l'amorce de ces semences littéraires rassemblant choses vues, choses lues et choses rêvées. L'évolution des poèmes est frappante : des sonnets rimés de L'Effraie (1953) aux pièces brèves et épurées d'Airs (1967) se fait sentir l'influence des révélations majeures que furent les paysages de Grignan et les haïku japonais. Par les chants plus tourmentés des livres de deuil qui se succèdent ensuite, de Leçons (1969) à Pensées sous les nuages (1983), le poète tente de maintenir le flux des mots malgré la mort qui semble faire vaciller jusqu'au langage. À partir de Cahier de verdure (1990), proses poétiques et vers se mêlent au sein d'un même recueil. Une forme éminemment personnelle s'invente, se concentrant sur les éclats de joie épars dont il s'agit de restituer la lumière. Comment embrasser à la fois le clair et le sombre, le grave et le léger, le tout et le rien ? L'ouvre de Jaccottet s'impose par l'exigence de sa quête, la pureté rayonnante et sans affectation de son chant - «L'effacement soit ma façon de resplendir», écrivait-il dès L'Ignorant (1957). Sans céder jamais à l'épanchement, se refusant autant au nihilisme qu'à l'exaltation - à «l'écourant brouillard d'un certain lyrisme» -, elle trouve certes dans la beauté subtile et poignante de la nature - lumière d'hiver, vergers en fleurs - une réponse vitale à la violence du monde et au désenchantement. Mais cette beauté n'a rien d'un refuge éthéré ; elle est comme une lame qui permet de creuser dans l'opaque. Cette poésie, nourrie d'ombre, s'écrit avec le vide et contre lui.

02/2014

ActuaLitté

Littérature française

Souvenirs d'un Français d'Algérie. De Sidi-Bel-Abbès à Nice et du Cap Falcon au Cap Ferrat

Dans ce livre qui est un livre de mémoires et de réflexions, l'auteur se remémore sa famille, ses amis, et la ville de Sidi-bel-Abbès dans le département d'Oran - bastion bien connu du 1er REI de la Légion étrangère. Il nous décrit ses vacances au village de Falcon avec son cap (près d'Oran) ; les vacances à la ferme nicolas près du village de Baudens (à proximité de Sidi-bel-Abbès), et il nous explique l'exploitation d'une ferme en Algérie. Son séjour à Bordeaux lui a permis de perfectionner sa pratique du Judo à l'école haku michigami. Sa découverte des femmes l'amène à un questionnement sur l'amour. Il côtoie l'association catholique des étudiants ; ses rencontres lui permettent d'approfondir ses réflexions autour du "problème de l'Algérie française" . Il effectue son service militaire parachutiste, et développe ses idées sur la guerre et l'armée. Arrivé à Nice, il exerce comme kinésithérapeute et s'engage dans des actions syndicales. Sa vie familiale lui a permis d'appliquer ses convictions sur l'éducation et l'instruction des enfants. De nombreux passages constituent une documentation riche et intéressante pour des chercheurs qui rédigeraient une thèse sur la vie quotidienne des Français d'Algérie du temps de l'Algérie heureuse, sur "le problème de l'Algérie française" , sur la colonisation. Nous y trouvons des réflexions sur : l'amour et la sexualité, le terrorisme, la torture, le mensonge et la vérité, l'Islam, sur la façon dont les Pieds-Noirs exilés en France ont vécu la période de l'OAS (compilation historique)...

03/2018

ActuaLitté

Poésie

Louange du lieu et autres poèmes (1949-1970)

De Lorine Niedecker (1903-1970) William Carlos Williams disait qu'elle était « l'Emily Dickinson de notre époque ». Il y a en effet des raisons de rapprocher ces deux auteurs, même si les circonstances historiques et sociales les séparent et éloignent la teneur de leurs oeuvres. Mais la vie de Lorine, essentiellement cantonnée dans son Wisconsin natal qui va nourrir tout son travail, la discrétion de sa carrière littéraire et la singularité de sa poésie qui va être tardivement mais puissamment reconnue sont à l'image de ce qui est arrivé à l'oeuvre et à la personne d'Emily Dickinson. Elle fait désormais l'objet d'études et soutiens universitaires, elle est à son tour devenue une figure majeure du paysage poétique américain. Ce livre, le premier en français, a retenu, autour du titre emblématique Louange du Lieu (1968), l'intégralité de sa poésie des 15 dernières années de sa vie ; seule a été écartée une quinzaine de petits poèmes de circonstance dont l'intérêt nous a paru secondaire, ou qui faisaient doublon. Née en 1903, elle a 26 ans quand éclate la grande crise de 29 qui va détruire son premier mariage et emporter toute l'économie familiale. Elle devra souvent accomplir des tâches subalternes pour subvenir à ses besoins. Elle est et restera toujours sensible aux situations d'injustice sociale, en cela proche des luttes démocratiques traditionnellement bien ancrées dans le Wisconsin. Cela correspond également, dans ses premières années de poésie, à une certaine filiation au surréalisme, notamment dans sa veine militante. À cette même époque – les années 30 – elle noue une relation étroite puis longue, épistolaire et complexe avec Louis Zukofsky. Même si elle n'est pas une pure objectiviste, ce lien et cet échange continu jusqu'à la fin de sa vie vont orienter et colorer sa vision et le développement de sa poésie Enfin, et ce n'est pas la moindre marque de sa singularité, sa longue amitié et correspondance avec Cid Corman qui vit au Japon ainsi qu'un attrait stylistique pour les formes brèves vont inscrire au fil des ans son écriture sur une pente souvent « haïkisante ». Ces sources diverses, pas toujours confluentes (surréalisme et objectivisme, politique, histoire et haïku) font toute l'originalité d'une oeuvre par ailleurs dédiée au paysage, à son évolution, à ses effets sur la vie de tous les jours. Ainsi cette écriture noue-t-elle constamment des tensions antinomiques : à la fois lyrique, objective, économique, toujours localisée et souvent d'actualité, elle est une des rares à savoir faire tenir ensemble tant d'élans contraires. Ceux qui aujourd'hui travaillent à sa reconnaissance ont raison de la compter parmi les plus grandes.

11/2012

ActuaLitté

Contes et nouvelles

Stonewall

Un demi-siècle après les émeutes de Stonewall, qui marquèrent l'éclosion du militantisme LGBTQI+, ce livre en retient l'esprit : libre, en lutte contre les discriminations et l'uniformité de la pensée. Stonewall est un recueil collectif de textes en soutien à Urgence Homophobie. 90 auteurs et artistes internationaux se sont mobilisés pour soutenir l'association. Participations exceptionnelles ou plumes inconnues, de toutes générations et de tous pays, parmi lesquelles : Isabelle Adjani, Jonas Ben Ahmed, Franck Balandier, Christophe Beaugrand, Andréas Becker, Philippe Besson, Jean-Denis Bonan, Rémy Bonny, Nina Bouraoui, Laurence Cambin, Norman Casiano, J. D. Casto, Arnaud Cathrine, Fanny Chiarello, Stéphane Corbin, Catherine Corsini, Sébastien Doubinsky, Muriel Douru, Michèle Finck, André Fischer, Joffrey Gabriel, Patxi Garat, Grégory Huck, Alexandre Jollien, Brigitte Kernel, Marc Kiska, Jean-Claude Lardinois, Gilles Leroy, Annie Lulu, Jul' Maroh, Guillaume Mélanie, Marc Alexandre Oho Bambe, Thomas Pourchayre, Nathalie Quintane, Léonor de Récondo, Sylvia Roux, Valérie Rouzeau, James Sacré, Galia Salimo, Eric Sarner, Leïla Slimani, Suzane, Benoit Berthe Siward, Marina de Van, Martha Shelley, Abdellah Taïa, Yu Zhou, etc. Ce recueil réunit une centaine de textes, en majorité inédits : textes en prose, nouvelles, théâtre, poèmes, haïkus, chansons, slams, insérés en cohérence au fil des pages. Un parti pris formel, désiré et assumé, d'être hors des cases pour incarner l'expression même de la diversité. Thématiques LGBTQI+, liberté, résilience, désir, transgression, révolte, amour : Stonewall a été conçu comme un voyage littéraire et artistique où le pouvoir de l'Art se fait l'écho de voix plurielles et uniques. Livre-libre qui dévoile la richesse de ses regards sur chaque page, et invite le lecteur à briser les murs. Tous les bénéfices de ce livre seront reversés à Urgence Homophobie, qui lutte depuis 2017 contre toutes formes de LGBTQIphobies, quelles qu'elles soient et où qu'elles se produisent. Pour ne jamais oublier que "Leur histoire, c'est notre histoire" .

10/2021

ActuaLitté

Beaux arts

Sans lui

Avec cet ouvrage, Sophie Calle nous plonge cette fois dans les annonces matrimoniales publiées dans le magazine Le Chasseur français depuis sa création à l'aube du xxe siècle. Présentées lors de son exposition au musée de la Chasse, à Paris, en 2018, puis ce printemps au Muséum d'histoire naturelle de Marseille, ces petites annonces, d'hommes cherchant des femmes, racontent l'évolution des qualités recherchées chez l'autre sexe depuis plus d'un siècle. Classés par décennies, des années 1910 à aujourd'hui, ces messages montrent les changements dans les critères de sélection. Au début du xxe siècle, les hommes parlent de fortune, de mariage, dans les années 1970, ils évoquent plutôt la crainte des femmes trop cérébrales et indépendantes. Plus on avance avec le temps plus le corps est évoqué, de même que la sexualité. Pour compléter son panorama sociologique des relations homme-femme, Sophie Calle a également puisé dans les annonces du Nouvel Observateur et du site de rencontres Meetic. Elle a repéré pour chaque décennie les qualités principales recherchées chez les deux sexes ; cet ouvrage présentant aussi des annonces de femmes cherchant des hommes. " J'ai toujours trouvé les petites annonces poétiques, j'aime leur langage concis, économique, elles sont comme des haïkus ", souligne l'artiste. Parfois clairement intéressées, telle : " Garçon boucher désire connaître personne ayant boucherie, vue mariage ", ces publications parlent aussi de la solitude à l'oeuvre dans la quête amoureuse, une quête dans laquelle il y a aussi de de l'attente, du silence, des non-dits. Image de la solitude affective, de la quête de l'amour ou au contraire marque de son renoncement, ces petites annonces dressent un catalogue amoureux. Artiste inclassable qui floute en permanence la ligne entre réalité et fiction, Sophie Calle met ici en scène la recherche universelle de l'être aimé chez la femme et chez l'homme. Conçu en collaboration avec la maison d'édition Cent pages, cet ouvrage s'inscrit dans la suite des livres dessinés à quatre mains avec l'artiste.

06/2020

ActuaLitté

Photographie

Lien rouge. Akai Ito

Plusieurs voies s'offrent aux Hommes pour décrire le monde et raconter des histoires. Parce que celle des mots lui faisait défaut, Alain Nahum a choisi la voie des images : animées en tant que réalisateur pour le cinéma et la télévision, fixes comme photographe ou fixes animées pour ses vidéo-graphies. Et elles en racontent des histoires, toutes ces images ! L'oeil photographique de l'artiste est à l'affût du fragment le plus discret, de la moindre trace de notre existence et de notre passage sur Terre. La ville est son champ d'investigation, son "atelier à ciel ouvert" ainsi qu'il le dit lui-même. Et quel vestige plus modeste peut-on trouver dans nos rues, qu'un mouchoir en papier abandonné la nuit sous la pluie ? Pour Alain Nahum, c'est une prise de choix : il en fait plusieurs fois le tour, le photographie, le triture du bout du pied, le re-photographie... Et la magie opère, le sujet apparaît, le fantôme prend corps ! Ainsi naissent les "Papiers de nuit" . Plus tard à l'atelier, les images seront retravaillées, un trait rouge viendra structurer l'espace, réunir ou diriger les personnages, comme autant d'acteurs flottants et silencieux, évoquant à l'artiste Beckett et le théâtre Nô... Conçues comme des haïkus photographiques, ces images métamorphosées feront enfin apparaître le "Lien rouge" ou Akai ito, le fil rouge du destin en japonais. L'ouvrage présente les deux actes de ce petit théâtre imaginaire, conte poétique et féerique : les Papiers de nuit sont introduits par un texte de Philippe Charlier (du Musée du Quai Branly-Jacques Chirac et auteur de Comment faire l'amour avec un fantôme) ; une "gerbe de textes courts" d'Ikezawa Natsuki (écrivain et critique littéraire japonais) accompagne Lien Rouge-Akai Ito. L'ensemble est préfacé par Corinne Atlan, traductrice de japonais. Et s'ils viennent visiter vos rêves, n'ayez donc plus peur des fantômes...

04/2023

ActuaLitté

Photographes

Me Kaksi

Inspiré du titre d'un poème de l'écrivain finlandais Aaro Hellaakoski, Me Kaksi (qui se traduit par " nous deux " en français) célèbre la rencontre fortuite, l'étrange proximité, la présence au monde de deux êtres. Inspiré du titre d'un poème de l'écrivain finlandais Aaro Hellaakoski, Me Kaksi (qui se traduit par " nous deux " en français) célèbre la rencontre fortuite, l'étrange proximité, la présence au monde de deux êtres. L'oeuvre littéraire d'Hellaakoski exalte l'expérience de la nature, une naturphilosophie inspirée du romantisme allemand qui tente de saisir l'indicible, la fragilité de notre relation au monde. Cette tentative de restituer des instants fugaces se retrouve dans les images de Pentti Sammallahti. L'idée du duo, du couple, de complices en tout genre apparaît de manière récurrente dans l'oeuvre du photographe. Qu'il s'agisse d'amoureux, d'amis, d'enfants, de passants, de voyageurs, de voisins mais aussi d'un homme et son chien, de deux oiseaux... les images de Sammallahti saisissent des moments singuliers, elles racontent l'attachement, la tendresse, le lien affectif. Regard sur plus de quarante ans de pérégrinations, les photographies de cet ouvrage sont autant de petites saynètes : elles matérialisent l'expérience de la dualité. Souvent immergés dans une nature majestueuse, des landes irlandaises ou steppes mongoles, enfants, femmes, hommes et animaux se regardent, s'accompagnent, s'enlacent, marchent côte à côte : l'être au monde devient évidence. Telles un rêve éveillé, ces images offrent une perception aigue du réel. Chez Sammallahti, la nature est vécue comme une expérience esthétique, sa puissance évocatrice confère aux images le sens du merveilleux. Instants éphémères saisis avec poésie, les images de Me Kaksi s'appréhendent comme des haïkus, elles célèbrent l'évanescence des choses, des fragments de rencontres, l'intimité inattendue, fortuite, exceptionnelle mais aussi parfois d'une puissante évidence. Elles racontent aussi l'universalité du lien affectif, " l'être-au-monde " ensemble.

10/2021

ActuaLitté

Photographes

Son oeil dans ma main. Algérie 1961-2019

1961 Alger - Entre le printemps et l'automne de cette année charnière, Raymond Depardon, jeune reporter de 19 ans à l'agence de presse Dalmas, est envoyé à plusieurs reprises en Algérie. Lors de ses séjours dans la capitale, il saisit des scènes de la vie quotidienne, montrant deux mondes où se côtoient "Musulmans" et Européens d'Algérie, et capte la tension qui monte dans une ville où la présence de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) se fait de plus en plus menaçante. Evian - Le premier round des négociations entre la France et les représentants du Front de libération nationale (FLN) pour mettre fin à la guerre d'Algérie a lieu à Evian, du 20 mai au 13 juin 1961. L'un des rares journalistes français à être accrédités auprès de la délégation algérienne, dans la villa du Bois d'Avault, au bord du Lac Léman (côté Suisse), le jeune Depardon saisit les "temps morts" qui lui sont si chers. L'Oranie - Durant les négociations, il fait partie d'un voyage de presse organisé en Oranie, pour y mener un reportage à Magra et Oued El Kheir (région natale de Kamel Daoud) où se trouve un "village coopérative" . 2019 Toujours en noir et blanc, Raymond Depardon photographie Alger, alors que la ville bat au rythme du Hirak, vaste mouvement de protestation entamé en février 2019. Puis il rejoint Oran par train, où, durant cinq jours, il retrouve Kamel Daoud pour de longues déambulations dans la ville. Ce qui frappe lorsqu'on observe ces photographies de 2019 : l'omniprésence des femmes, voilées ou pas, dans l'espace public. Nul mieux que Raymond Depardon n'a su capter cette évidence. Kamel Daoud, de son côté, imprégné des photographies des deux périodes, a écrit quatre textes très différents : trois pour 1961, un pour 2019. Ce sont des créations libres, s'emparant de l'histoire algéro-française avec le lyrisme, la fougue et l'audace propres au chroniqueur et écrivain algérien. Le livre est par ailleurs zébré de "comètes" , textes courts - haïkus, visions -, fulgurances ricochant sur une photo grâce au graphisme "accoustique" , épuré et élégant de Lili Fleury : elles vibrent, se répercutent, résonnent comme des lignes musicales.

02/2022

ActuaLitté

Littérature anglo-saxonne

Comment je suis devenue duchess goldblatt

Editrice dans une maison d'édition sur le point d'être rachetée, la narratrice de ce livre était au fond du trou le jour où elle a inventé Duchess Goldblatt. Récemment divorcée, elle devait apprendre à ne plus voir son fils qu'une semaine sur deux ; trouver une maison où vivre ; se rendre régulièrement chez son avocate et chez sa psychologue ; devait, aussi, se rendre à l'évidence : elle était seule. Amis et connaissances l'avaient délaissée, préférant se ranger dans le camp de son ex-mari, ou simplement s'épargner le cynisme de cette grande gueule, aussi dévastateur pour les autres que pour elle. C'était à se demander si elle n'avait pas fait exprès de s'entourer de gens dont elle aurait dû se douter, dès le début, qu'ils finiraient par la lâcher. Toujours est-il qu'à ce moment de sa vie, la liberté de l'anonymat, l'univers encore inexploré des réseaux sociaux et l'envie d'échapper à une vie qui se délitait la pousse à se créer un avatar, celui d'une vieille dame de 81 ans, originaire de Klein, au Texas, et résidant à Crooked Path, dans l'Etat de New York, auteure de best-sellers parmi lesquels Quelques comptes à régler (des Mémoires familiales), Pas si je te tue en premier (une contemplation des relations mère-fille), ou encore Festoyer de la carcasse de mes ennemis : Une histoire d'amour. Avatar qui prendra bientôt le pas sur sa créatrice, semblant s'exprimer d'elle-même sur la Toile à travers de délicieux tweets pareils à des haïkus, et répondant avec une bonté nouvelle, une sagesse méconnue, aux messages de ses abonnés toujours plus nombreux. Le cercle d'admirateurs - 55000, quand même ! parmi lesquels le chanteur Lyle Lovett et nombre d'écrivains - qui s'est formé autour de Duchess depuis 10 ans, est en quelque sorte devenu celui de la narratrice, lui redonnant goût à la vie. Leurs deux histoires se mêlent dans ce livre à l'humour décapant, qui célèbre à la fois le pouvoir des mots et la joie d'écrire.

04/2022

ActuaLitté

Poésie

Poèmes d'Edgar Allan Poe, adaptation en vers français par Stellamaris

Poète lui-même, Stellamaris possède cette qualité rare de s'intéresser aux autres : autres poètes, autres humains... C'est ainsi qu'après plusieurs années vouées à l'apprentissage de la prosodie, sa passion pour la poésie et son penchant naturel qui le pousse vers l'autre l'ont amené à devenir éditeur dans le but d'aider à la promotion des auteurs et amis qu'il admire et qui le touchent par leur écriture et leur parcours de vie. Pour notre plus grand plaisir - encore plus pour ceux qui comme moi ne connaissent pas du tout l'anglais - Stellamaris a récemment approfondi son intérêt pour d'autres auteurs en s'attaquant avec enthousiasme à la traduction de la quasi-intégralité des poèmes d'Edgar Poe écrits en anglais. Stellamaris semble d'ailleurs avoir avec cet auteur des affinités particulières... est-ce une attirance pour la féerie et le fantastique ? En tous cas, le résultat de cette fusion, à la fois mystérieuse et résultant d'un travail de titan, est somptueux, magique ! Le style de l'auteur, si personnel, dans lequel s'est moulé Stellamaris ravira, à mon avis, tout autant les amoureux de la prosodie que ceux de la poésie libre, tant s'exprime librement l'inspiration forte qui emporte comme une vague l'auteur, le traducteur, et bien sûr le lecteur. Peut-être est-ce une partialité de ma part, mais je crois discerner dans le style d'Edgar Allan Poe une relation particulière à la musique : refrains, répétitions, jeu de sonorités qui concourent à l'expression d'une "ambiance" , musique et poésie étant ici si manifestement liées. Un grand merci à Stellamaris pour cette découverte qui restera capitale pour moi, et je pense que sans cette originale, géniale et très courageuse initiative, bon nombre de férus de la poésie seraient passés à côté de ce poète extraordinaire. Domi J'ai découvert l'illustrateur qu'est Didier Collobert à l'occasion d'un recueil de Haïkus que j'ai eu la joie de publier, " Un certain vertige ". J'ai aussitôt pensé à lui pour le présent recueil, et ses premières esquisses m'ont conforté dans mon choix... Je trouve que le résultat, remarquable, aide grandement à rentrer dans l'ambiance si particulière qu'Edgar Allan Poe distille au fil de ses poèmes... Merci infiniment, Didier ! Stellamaris

09/2014

ActuaLitté

Littérature française

Un certain art de vivre

Voici l'art de vivre de Dany Laferrière. Sous forme de maximes, de réflexions commentées, de rêveries, cent pages pour devenir soi-même un peu japonais. " J'ai voulu savoir comment les choses s'étaient passées dans cette vie où je n'ai pas cessé de bouger, souvent malgré moi. Toutes ces villes où j'ai vécu (Port-au-Prince, Petit-Goâve, Montréal, New-York, Miami, Paris, Tokyo), assez pour les intégrer en moi sans devenir sédentaire pour autant. Je suis passé, à peine étonné, du sud au nord, du rhum au vin, de l'été à l'hiver, jusqu'à devenir un cerisier en fleurs. J'ai franchi clandestinement les frontières de classes, de races ou encore celles qui séparent un pays d'un autre. J'ai accumulé diverses expériences au fil des jours ensoleillés ou pluvieux, mais je n'avais pas encore évalué ce parcours. L'été dernier, j'ai découvert sous forme de réflexions fulgurantes, de haïkus langoureux, de descriptions hâtives d'un lieu, d'une situation ou d'un état d'esprit, ce qui s'était passé dans ma vie durant ce dernier demi-siècle. Lecteur horizontal, j'ai choisi de vivre dans ma baignoire ou dans mon lit sans quitter l'espoir qu'une inconnue frappe à ma porte. Je note que la plupart des gens veulent savoir ce que l'écrivain cache alors que je me contente de ce qu'il tente de me faire voir. Pour rester dans cette simplicité proche de l'enfance, j'ajouterai que je lis une page les yeux ouverts, pour la repasser dans ma tête les yeux fermés. L'eau chaude de la baignoire me permet de fuguer en regrettant de ne pas l'avoir fait à certains moments comme la fois où j'ai manqué de prendre cette petite route de terre qui m'appelle depuis si longtemps, et cela même si j'ignore où elle me mènera. J'ajouterai que c'est quand on n'a rien à faire que le temps devient précieux. Mais pensant que la vie est linéaire, je tente vainement d'en sortir en prenant le bon chemin au mauvais moment. Pour finalement comprendre que ces petites notes, comme des touches de couleur, me dessinent un portrait naïf. Ce mince livre m'aura pris plus de temps qu'aucun autre. " D. L

10/2023

ActuaLitté

Poésie

Sur la voie abrupte

Jean-Claude Caër a pensé ce recueil durant cet étrange printemps 2020 où le gouvernement nous intimait de nous claquemurer et de limiter nos déplacements à l'essentiel. Plutôt que de rester à Montmartre sans pouvoir n'y rencontrer personne, Caër a décidé de retourner vivre avec sa femme dans la ferme même où il est né, à Plounévez-Lochrist. Ce retour amont sur les terres de son enfance semble l'avoir remis en contact avec tout un pays qu'il avait en partie refoulé lors de ses virées aux bouts du monde, celui, empreint d'une certaine raideur léonarde, de ses parents et grands-parents : "chaque route, chaque talus, chaque sentier / plongent vers les ancêtres" . Ce repaysement forcé est pour l'auteur l'occasion d'une inhabituelle mise à nu, alors même qu'il écrit depuis toujours une sorte de journal de sa vie en poèmes. Entre les ancêtres et lui s'établit un dialogue fait tantôt de connivence tantôt d'effroi : il faut d'ailleurs entendre ce mot d' "ancêtres" dans un sens large, qui recouvre à la fois ceux que la nature lui a donnés pour parents, et ceux qu'il s'est donnés pour maîtres parmi les grands morts : poètes, architectes ou sculpteurs (au cours de ses voyages d'avant et d'après le confinement, Caër se rend par exemple à Saint-Pétersbourg au musée Anna Akhmatova ou au cimetière non catholique de Rome où il se recueille sur les tombes de Shelley et Carlo Emilio Gadda). Reste que ses souvenirs les plus marquants lui sont redonnés en 2020 à travers le paysage immémorial de la Bretagne, où l'intermittent voyageur des confins qu'il est, angoissé par le désert d'hommes alentour, s'attache aux bernaches, ces oiseaux migrateurs en partance pour la Sibérie. Il y a quelque chose d'émouvant à voir Caër faire alors un usage quasi-magique d'objets, au premier rang desquels il y a la machine à écrire étiquetée du Vietnam qui lui vient du grand-père d'une amie, administrateur autrefois sur le territoire des Moï. En voyageant, en écrivant, Caër aura peut- être accompli sous le signe du bonheur ce que ses ancêtres, eux, auront fait, plus ou moins, par nécessité : au séjour contraint de son père en Allemagne pendant la guerre de 40 répond son propre désir - alors empêché - d'une marche en Forêt noire. Le recueil est composé de sept parties ; celle du confinement occupe le centre et donne la tonalité générale au volume qui, s'ouvrant sur une suite de poèmes en hommage discret à sa femme, s'achève, comme dans son précédent opus, sur une évocation de sa mère à l'agonie. Pour autant, ce livre quasi testamentaire, d'adieu au voyage ("Sur la voie abrupte, le monde ne reviendra pas".) n'est pas lugubre ; il est porté par une passion de la vie et un art de la légèreté qui se veut un peu japonais. Cäer évoque, dans l'esprit des haïkus, les sujets les plus graves sans jamais peser : "Après la pluie, les amis. / Après les amis / La neige. / Ah, quel délice ! "

04/2023

ActuaLitté

Critique littéraire

Sur Pierre Michon. Trois chemins dans l'oeuvre

Ce livre du poète Jean-Claude Pinson propose trois études essentielles sur Pierre Michon. Ecrites par un philosophe spécialiste d'esthétique, elles éclairent l'oeuvre de l'auteur de Rimbaud le fils, y dessinent des chemins, sans pourtant l'éblouir ou la crucifier. En abordant successivement la question du sacré chez Michon (à partir de Bataille), celle de l'amour (en référence à Barthes), et enfin en étudiant le lien qui unit Michon et Antonin Artaud, massacreur et grand thuriféraire de la langue-mère. Des os avec du texte autour L'écriture de Pierre Michon, sa tension extatique, son tremblement quasi mystique, est de celles qui répondent à l'ordre que l'avènement d'une raison sans Dieu et d'une histoire exempte de passions, de tragique, semblait pouvoir imposer à la littérature, à la poésie et à l'art en général. Jean-Claude Pinson explore ici les voies par lesquelles l'auteur de Vies Minuscules résiste à un devenir "normal" sinon normalisé de la langue. Sans ressusciter artificiellement une transcendance mais en légendant la fin du monde chrétien et son usure, Pierre Michon fait surgir un sacré plus ancien, comme une sorte de source, ou de socle anthropologique d'un sacré à la fois chtonien, viscéral mais aussi parfois plus apollinien, lumineux, lié au sentiment de continuité avec la nature et le cosmos. Dans l'opposition du pur et de l'impur se glisse parfois une invocation, et cette réconciliation avec le monde non humain prend alors, par le truchement d'une souveraineté de la parole et du chant, le nom ou le visage de la Grâce. Jean-Claude Pinson écrit : "C'est bien, me semble-t-il, une telle langue-reine empreinte de sacralité, qui hante l'écriture de Michon, une langue impossible et souveraine. Une langue alimentée par la tension du néfaste et du faste. Une langue aussi rare que fastueuse". Fragments d'un roman amoureux Il n'y a pas, à proprement parler d'histoires d'amour chez Michon, pas de Werther ni d'Adolphe. D'abord parce que l'auteur n'écrit pas de romans, ses récits brefs restants marqués toujours par la hantise de la poésie, voire du haïku. Ensuite parce que le flamboiement érotique est chez lui le plus souvent celui de la prédation, de la chasse, lié en cela à la dimension brutale du scopique et de la possession et dont l'écho se propage dans la fascination par la frappe énonciative. Ce thème est pourtant, quelques fois, augmenté ou relayé par une autre tonalité, sentimentale. Les deux registres se combinent dans l'opposition entre une soudaineté du visuel, de la "prise" , et une temporalité plus déliée, plus étendue, celle de la tendresse qui se déploie plus rarement. Entre pictural et lyrique. "L'instant sauvage du trait, de l'incision d'une part ; la modulation, le déploiement temporel du chant de l'autre". Artaud fantôme. Cheminements d'Artaud dans Michon. Si la référence explicite à Artaud est chez Michon plutôt discrète, les croisements entre les deux trajectoires sont sensibles, tant dans les parentés que dans les divergences. L'étude de Jean-Claude Pinson explore comme un dialogue secret entretenu avec l'auteur d'Artaud le momo. Si les deux ont en commun d'avoir éprouvé "l'impouvoir d'écrire" , et si l'un et l'autre ont tourné le dos à un art conforme aux règles de la mimesis, de la simple représentation, Artaud s'est confronté à l'expérience de n'être pas au monde, "là où Michon s'adosse encore à l'expérience contrastée d'un monde qui est et n'est pas habitable" ; monde avec lequel il est possible d'établir un lien dans le seul fait de rendre l'oeuvre partageable, audible. Quand Artaud tend à rechercher une parole d'avant les mots, Michon parie encore sur la sorcellerie de la phrase, fût-elle inquiète, incantatoire, opérant par la fulgurance de son surgissement ou de sa profération. Et dans les deux oeuvres, Jean-Claude Pinson identifie le recours à l'insurrection de la couleur comme "faisant signe en direction d'un âge (ou état) naïf, sauvage, fauve, de l'humanité" , sur les traces, on l'aura pressenti, d'un certain Vincent Van Gogh. Jean-Claude Pinson : philosophe, poète et essayiste, il a publié, parmi de nombreux livres livres : J'habite ici, Champ Vallon, 1991 ; Laïus au bord de l'eau, Champ Vallon, 1993 ; Habiter en poète, Essai sur la poésie contemporaine, Champ Vallon, 1995 ; Free Jazz, Joca Seria, 2004 ; Poéthique, Une autothéorie, Champ Vallon, 2013 ; Alphabet cyrillique, Champ Vallon, 2016 ; Autrement le monde : sur l'affinité de la poésie et de l'écologie, Joca Seria, 2016.

03/2020