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Critique littéraire

D'un siècle l'autre, André Malraux. Actes du colloque de Cerisy-la-Salle

Le centenaire de la naissance d'André Malraux nous a offert l'occasion de l'évoquer à Cerisy-la-Salle, dans ces lieux où s'épanouirent toutes les audaces intellectuelles et littéraires du second demi-siècle et où flotte encore le souvenir de l'abbaye de Pontigny, quand André et Clara Malraux venaient y incarner, aux yeux des khâgneux et de leurs professeurs, le " bolchevisme " des années vingt. Ce fut donc un colloque, et non une célébration. Sous cet apparent désordre nous voudrions cependant manifester une conviction profonde : la pensée de Malraux restera certainement une des plus sérieuses, des plus libres et des plus originales de son siècle parce qu'elle fut constamment animée par le refus de ce qu'il appelait " la comédie ". Malraux, osons l'affirmer, n'a jamais cherché à séduire, à être fêté, comme on disait alors. Même les mythes ou mensonges dont il s'est entouré (et dont on n'a pas fini de lui faire grief) n'étaient guère conçus pour s'attirer la sympathie ou l'admiration frivoles des gens à la mode ; ils étaient tous des défis, lancés bien plus dans le souci d'exercer une vraie influence que dans celui de faire de l'effet. Il a été, dans sa vie, la proie de quelques obsessions de même nature que celles qu'il prête aux écrivains dostoïevskiens qu'il a aimés (Bernanos, Louis Guilloux...), c'est-à-dire d'obsessions qui le rendaient indifférent à la construction d'un moi mondain sur la scène de la comédie sociale. Malraux politique n'a pas non plus cherché - c'est le moins qu'on puisse dire - à flatter l'opinion publique ; il faut voir là l'une des raisons de son admiration pour le général de Gaulle, auquel il prêtait la même indifférence. Et c'est encore avec cette indifférence qu'il a accueilli la pluie de sarcasmes qui a accompagné ses essais sur l'art. Car c'est avec son observation personnelle des êtres et du monde, avec ses connaissances (plus étendues et surtout plus précises qu'on ne l'a dit) et ses idées propres qu'il se battait. Sa séduction (puisqu'il n'y a pas de meilleur terme) était de celles que Freud prête aux oiseaux de proie, aux chats et aux femmes narcissiques - ces êtres autonomes, qui semblent porter en eux le principe nécessaire et suffisant de leur existence. On pardonnera peut-être à tous les intervenants de ce colloque d'avoir été sensibles - une fois au moins dans leur vie - à cette séduction-là.

11/2002

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Littérature érotique et sentim

Les Louves de Rome - Tome 1. La beauté de Tiberius

Dans un monde où règnent le pouvoir et l'honneur, il n'y a guère de place pour l'amour... 34 après J. -C. Fille d'un puissant sénateur romain, Laelia voit son destin étroitement lié à celui de sa famille. Elle devra suivre les directives de ses aînés dans une Rome peuplée par l'ambition, où la trahison et les complots sont monnaie courante. Toutes ses actions seront guidées par l'honneur familial. Mais son monde s'écroule lors de sa rencontre avec Kaeso Tellus Aquila, guerrier romain assurant la sécurité de l'empereur. Dès leur premier regard, un amour sans précédent se déclare. Une passion tragique, puisqu'ils ne pourront la vivre au grand jour, sous peine de mort... Des personnages hauts en couleur, une intrigue romanesque maîtrisée avec brio, une précision historique surprenante... Un premier tome passionnant qui fait rêver ! CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE ''Le meilleur livre de l'auteure" - Les plumes ensorceleuses sur Instagram"Ce roman est un appel au voyage, une petite bulle spatio-temporelle divertissante". - Marine Bookine sur Instagram "Sans surprise, je vous conseille fortement cette histoire. Ce titre est mon préféré de l'auteure pour l'instant. Dépêchez-vous de succomber aux charmes du guerrier romain". Alaïne sur Goodreads EXTRAIT Aurait-elle le courage de lui dire maintenant que son destin était scellé à un autre depuis la veille ? Qu'elle ne devrait pas être ici, blottie contre lui à six heures de la matinée, mais sagement confinée chez elle en attendant la célébration des noces ? Non, elle n'en avait pas le courage. Elle ne pouvait se résoudre à briser d'une seule révélation la cage de bonheur flottante qu'ils construisaient ensemble, à chaque rendez-vous secret. - Kaeso ? - Oui ? Elle hésita un instant, se troubla devant sa beauté sauvage et balaya toutes ses honnêtes résolutions. L'annonce de son mariage prochain éclaterait un jour autre, dans un contexte où les beautés de cet homme et du paysage environnant seraient moins aveuglantes. - Le bonheur m'étouffe quand je suis avec toi. Un sourire ravageur retroussa les lèvres sensuelles du garde impérial. A PROPOS DE L'AUTEURE Arria Romano étudie l'histoire militaire à la Sorbonne et est passionnée de littérature et d'art. Elle écrit depuis quelques années des romans historiques et des romances, qu'elles se vivent au passé, au présent ou même nimbées d'un voile de magie... Tant que l'amour et la passion restent le fil rouge de l'intrigue. Elle est l'auteure des sagas U. S. Marines, Autumn et L'amant de Pénélope.

06/2020

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Spécialités médicales

Médecine tropicale . 6e édition

Depuis sa première parution il y a 40 ans, sous la direction de Marc Gentilini, Médecine tropicale a acquis une renommée internationale. Cette 6e édition, entièrement réactualisée et en couleurs, reste fidèle au concept original : offrir au lecteur le maximum de renseignements dans un style direct et didactique, reflet de la riche expérience des auteurs. La médecine tropicale se définit comme la prise en charge et le traitement des maladies survenant dans un environnement tropical ou subtropical. Cette pathologie, géographiquement déterminée, n'est pas limitée au Sud et se rencontre également au Nord du fait des migrations humaines, mais elle atteint avant tout les populations pauvres des pays en développement. La première partie du livre dresse le panorama dans lequel elle s'inscrit à travers la géographie, la population mondiale, le développement de celle-ci, les aides internationales ou régionales. Cette vision globale est la condition indispensable pour comprendre les enjeux de santé des pays du Sud. Les parties suivantes sont consacrées à l'ensemble des maladies transmissibles, parasitoses, mycoses, maladies bactériennes et maladies virales rencontrées dans l'hémisphère austral. Mais aujourd'hui, les maladies non transmissibles prennent une place de plus en plus importante dans les pays en voie de développement où cancers, diabète, maladies respiratoires, affections cardiovasculaires, tendent à devenir, ensemble, les principales causes de mortalité. L'émergence de ces maladies s'ajoute aux affections traditionnelles qui diminuent en pourcentage mais guère en valeur absolue compte tenu de la poussée démographique. Elles revêtent souvent, à cause de l'environnement, des aspects originaux exposés pour chaque discipline (hématologie, cardiologie, pneumologie, etc.) : la symptomatologie, les traitements des maladies cosmopolites diffèrent non seulement du fait de leur localisation en zone tropicale mais aussi des difficultés d'accès aux traitements de qualité. Il en est de même pour la chirurgie, dont les singularités et les carences sont le reflet de la précarité en moyens matériels et humains. Une partie entière est consacrée à la pédiatrie : la population infantile, qui représente la moitié de la population des pays tropicaux, est prioritairement touchée par les conditions socio-économiques et environnementales défectueuses. La prévention des maladies tropicales est exposée à travers la vaccination, la lutte antivectorielle, l'assainissement, l'éducation sanitaire, les conseils aux voyageurs se rendant dans les pays tropicaux. L'ouvrage s'achève par une présentation de l'épidémiologie adaptée à la zone tropicale. Les études épidémiologiques permettent de planifier rigoureusement les actions de santé communautaire et de rentabiliser au mieux les moyens disponibles, mais elles se heurtent à des difficultés logistiques imposant des méthodes originales et tenant compte de ressources humaines insuffisantes.

10/2012

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Musique, danse

Mouvance punk 1976-1978. 100 des meilleurs albums

Cela pourrait presque prêter à rire mais le Punk en tant que mouvement artistique a laissé des traces inaltérables dans tous les domaines de la société. A l'heure où les footballeurs du mondial et les gamins dans les rues s'en sont approprié la coupe de cheveux et où les filles à papa s'affichent avec des vêtements déchirés de marque, il ne nous reste guère plus que les épingles à nourrice pour accrocher nos souvenirs. Au niveau musical, il y a clairement un avant et un après-Punk. Réfléchissez-y bien : quels sont parmi les groupes des 70's, ceux qui ont encore réussi à sortir un album culte après le coup de balai donné par les Sex Pistols ? Avec le Punk, la seule chose qui importait, c'était de revenir à ce qui faisait l'essence même du Rock : l'urgence, l'énergie et une certaine dose d'irrévérence que les dinosaures qui paissaient dans les vastes plaines des charts avaient depuis longtemps perdue en chemin ! Quant au nihilisme propre à la révolution punk, il va malheureusement donner naissance à une société où l'individualisme est glorifié. En découlera une profonde crise de société à travers le monde entier dont le moins que l'on puisse dire est que l'on n'en voit pas l'issue. No Future... Tiens, No Future, ça ne vous dit rien ? Voici l'histoire de cette formidable explosion punk et de groupes tels les Ramones, Television, les Hearbreakers, Richard Hell & The Voidoids en Amérique, les Damned, Clash, les Stranglers, les Sex Pistols en Angleterre, les Saints, Radio Birdman en Australie, les Stinky Toys, Starshooter en France, les Kids, Hubble Bubble en Belgique ; de noms connus plus surprenants tels que Patti Smith, Blondie, Ultravox !, Talking Heads, Elvis Costello, Wire, Devo, Police, Siouxsie & The Banshees, Pere Ubu ou Motörhead ; mais aussi de groupes moins célèbres tels que Eater, Johnny Moped, les Lurkers ou Alternative TV qui vont balayer en quelques mois toutes les certitudes sclérosées du monde de la musique. Même si le mouvement punk et son sentiment d'urgence se conjuguaient surtout en singles, c'est à travers ses albums que nous allons nous replonger dans ces photos d'époque et tenter de faire revivre ces instantanés. Voici une sélection d'une centaine des meilleurs disques assimilés au mouvement punk. Ces disques sont sortis entre 1976 et fin 1978. 77 d'entre eux peuvent être considérés comme réellement essentiels. Pour le fun, puisque c'était alors tout ce qui importait...

09/2014

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Critique littéraire

Hymnes orphiques

Le recueil des Hymnes orphiques, livre de prières du IIIe siècle de notre ère, nous donne à travers ses quatre-vingt-huit textes un accès direct, et unique, à la fois à des conceptions religieuses complexes et originales et aux préoccupations quotidiennes d'un petit groupe de fidèles se réclamant de l'orphisme dans la région de Pergame en Asie Mineure. Bien que transmis intégralement, et non en miettes comme l'essentiel du corpus dit orphique, il n'a guère retenu l'attention ni des philosophes ni des historiens de la religion ni des spécialistes de poésie. Trop peu orphiques pour les uns, trop peu poétiques pour les autres, ces incantations ont pourtant révélé peu à peu, depuis environ vingt-cinq ans, les secrets de leur architecture mais les deux grands savants francophones, Jean Rudhardt puis Francis Vian, qui avaient (séparément) conçu le projet de les éditer, n'ont pu le mener à bien. De ce recueil méconnu la Collection des Universités de France offre donc la première édition scientifique française qui a bénéficié des ultimes réflexions de F. Vian - il avait confié à Marie-Christine Fayant des notes et brouillons rassemblés en vue de l'édition - et des relectures conjointes de Pierre Chuvin, disciple de longue date de F. Vian. Ce volume vient enrichir notre connaissance de la poésie hymnique des Anciens : les Hymnes orphiques nous ont été transmis dans les mêmes manuscrits que les Hymnes homériques, les Hymnes de Callimaque et ceux de Proclus, mais ils manifestent une grande originalité par rapport à ceux-ci, nous faisant goûter, derrière leur formalisme de surface, la saveur d'une piété au ras de la vie, de la naissance à la mort. Prières ferventes ou moments d'exaltation dionysiaque, dans ces litanies passe le souffle des grands courants de pensée de l'époque. Leur publication veut permettre une plus juste appréciation de leur valeur et fournir à tous ceux qu'intéresse la religiosité de l'Antiquité tardive les clés, linguistiques et conceptuelles, nécessaires pour entrer dans ce monde où s'est forgée une partie du nôtre. Marie-Christine Fayant et Pierre Chuvin ont contribué à l'édition en 18 volumes des Dionysiaques de Nonnos de Panopolis (Collection des Universités de France) ; ils ont traduit et commenté la Description de Sainte-Sophie par Paul le Silentiaire (Die 1997 ; nouvelle édition en préparation aux Belles Lettres). Pierre Chuvin est notamment l'auteur de Chronique des derniers païens (Belles Lettres / Fayard 1990 ; dernière éd. revue et augmentée, 2009).

11/2014

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Sciences politiques

Israêl et la France

En perspicace observateur du chaos actuel de la France, Michaël Bar-Zvi montre comment la relation de ce pays avec Israël et le sionisme s´avère au fond un rendez-vous manqué. Les origines de ce hiatus remontent aux paradoxes de la Révolution française, qui prétendit «tout refuser aux Juifs comme nation, et tout leur accorder comme individus», selon le député Clermont-Tonnerre en 1789. Il se creuse donc et se révèle avec l'affaire Dreyfus, quand Herzl, après avoir assisté à la dégradation, écrit les textes les plus marquants de son Journal et donne l´élan à un nouvel Etat des Juifs. Si les plus authentiques dreyfusards furent bien le patriote Péguy - «toute la mystique d´Israël est qu´Israël poursuive dans le monde sa retentissante et douloureuse mission» - et son très cher ami le sioniste Bernard Lazare - le malentendu s´est étendu malgré cela avec ce que Simon Epstein a appelé le paradoxe français de l´entre-deux guerres et les errements de l'antisémitisme (de droite et de gauche) jusqu´à nos jours qui ont méjuger l´histoire du peuple juif. Ainsi le théoricien politique catholique et nationaliste Pierre Boutang demeura bien isolé lorsqu´il renversa radicalement sa position à l´égard d´Israël et demandait que la France travaille vraiment à «rendre ce fait énorme et mystérieux du retour des Juifs, compatible avec les autres traditions et les autres droits sacrés par l´histoire». Ainsi la pensée juive française, notamment celle d´Emmanuel Levinas, André Neher et Manitou n'aura finalement guère d'impact en Israël. Pourtant la relation entre la France et le peuple juif fut ancienne et souvent passionnelle : c´est le pays de Rachi, des kabbalistes provençaux, des Juifs du Pape à Avignon et dans le Comtat Venaissin, le point de contact entre ashkénazes et séfarades, mais c´est aussi le pays de Montaigne, Pascal, Racine, Bonald, Joseph de Maistre, et bien sûr de ce «précurseur du sionisme politique» - Napoléon Bonaparte. Mais la dégradation progressive de cette relation à travers la politique coloniale de la France au Proche-Orient après la première guerre mondiale, puis les problèmes et les conséquences de la décolonisation après la seconde ont conduit à la situation chaotique de la France (vue d'Israël) aujourd´hui. Israël montre la nécessité pour une nation moderne de se rattacher à ses rites ancestraux pour exister et se projeter dans l’avenir , la France partage avec le nouvel/vieil Etat la singularité d´une ambition universelle, mais l'élection reste concept problématique.

10/2014

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Musique, danse

Blues, féminisme et société. Le cas Lucille Bogan

Le nom de Lucille Bogan est longtemps resté absent des études consacrées au blues ou à la culture afro-américaine, et la chanteuses reste encore grandement sous-estimée. Cela tient, sans doute, à trois facteurs. D'abord la biographie de Lucille Bogan reste extrêmement lacunaire, son propre fils semble peu au fait de la vie de sa mère ; ensuite, contrairement à ses consoeurs, nous n'avons pas de traces matérielles concernant ses éventuelles prestations publiques, manifestement la chanteuse n'appréciait guère la scène ; enfin la crudité sans équivoque de ses blues a longtemps effarouché l'industrie culturelle : jusqu'à la fin des années 1990, seule une poignée d'initiés avait accès à son oeuvre. Les choses ont changé depuis qu'avec les rappeurs les "explicit lyrics" sont devenus à la mode, à ce titre l'oeuvre de Lucille Bogan constitue un chaînon manquant entre le blues et le rap. En effet, les paroles de ses blues dévoilent une obscénité souterraine à l'oeuvre dans la culture afro-américaine que le rap a désormais placée sur le devant de la scène. Mais, dans leur style formulaire qui puise aux racines de la tradition, et par-delà le côté salace de leurs propos, les blues de Lucille Bogan, toujours finement observés, proposent un témoignage saisissant sur la vie quotidienne des afro-américain(e)s (en particulier à Birmingham, véritable poumon industriel de l'Alabama), sur la grande dépression de 1929, sur les chemins de fer américains ou sur le trafic et la consommation d'alcool à l'heure de la prohibition etc. Mais c'est sans doute sur la condition et sur les aspirations des femmes issues du prolétariat Noir que Lucille Bogan se montre la plus percutante. Ses revendications féministes diffèrent sensiblement des mots d'ordre des très bourgeoises et très moralisantes ligues féministes Noires comme la NACW. Ouvre de Lucille Bogan nous fait découvrir un féminisme sans concession à l'idéologie dominante. Du fait d'une documentation biographique quasi inexistante, seule une étude minutieuse des quelque 67 morceaux enregistrés qui subsistent (Lucille Bogan en a sans doute gravé plus d'une centaine) aura permis de cerner l'art de la chanteuse. Ce n'est donc pas la vie de l'artiste qui éclaire son oeuvre, mais l'oeuvre qui s'élucide par elle-même. Cette démarche semble d'autant plus appropriée que, contrairement aux divas du blues classique, Lucille Bogan est l'auteure de quasiment tous les titres qu'elle a enregistrés, passant, aux dires de son fils, beaucoup de temps à les peaufiner chez elle, à Birmingham, avant chaque séance dans les studios des compagnies du Nord.

09/2018

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Critique littéraire

Les héros et la mort dans les traditions épiques

Le présent recueil propose un long voyage à travers les récits épiques du monde, que l'on peut suivre à travers deux perspectives, africaine et antillaise d'une part, européenne et asiatique d'autre part. Les contributions montrent la pertinence du récit épique dans ces différentes aires culturelles et donnent une idée assez précise de sa richesse indéniable sur tous les continents et à toutes les époques. Entre Afrique et Amérique, entre Asie et Europe, ces textes permettent de jeter plus d'un pont littéraire. Homère et le Mah-abh-arata, Soundjata et les épopées de l'Ouest africain et d'Afrique centrale, les chansons de geste françaises du Moyen Age et les épopées irlandaises médiévales, les poéticiens français classiques et les poètes arabes sont tous au rendez-vous devant ce " tribunal " de l'histoire et de la critique pour livrer leurs secrets sur le héros et la mort. Le récit épique est traditionnellement lié au genre de l'épopée, mais il ne s'y résume guère. Il est porté aussi bien par le poème ou le conte que par le roman contemporain de langue française (Tierno Monénembo ou Edouard Glissant). Si le sujet de la mort est de ceux que la critique a longtemps traités dans les littératures européennes, il apparaît aussi comme l'un des épisodes obligés dans d'autres récits épiques (ou à valeur épique) du monde. Ce sont ces deux leçons, diversité du genre et pertinence du sujet, qui se dégagent d'emblée de la mise en commun de tous ces textes. Les articles qui sont donnés à lire ici proviennent d'une sélection des travaux du sixième Congrès du REARE (Réseau euro-africain de recherches sur les épopées) organisé à l'Université de Strasbourg du 27 au 29 novembre 2012, avec le soutien de l'Agence universitaire de la Francophonie, du Conseil scientifique de l'Université de Strasbourg, de la Faculté des Lettres, des Equipes d'Accueil 1337 (Strasbourg) et 3013 (Grenoble 3) ainsi que de la mairie de Strasbourg. Romuald Fonkoua, professeur des Universités, enseigne les littératures francophones à l'université Paris-Sorbonne (Paris IV) où il dirige depuis 2012 le Centre international d'études francophones (CIEF). Il a été successivement maître de conférences de Littérature générale et comparée à l'Université de Cergy-Pontoise, puis professeur de Littérature française et francophone à l'Université de Strasbourg. Muriel Ott, professeure de Littérature française du Moyen Age à l'Université de Strasbourg, est présidente de la Société internationale Rencesvals pour l'étude des épopées romanes.

10/2018

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Religion

Livre d'heures du maître

Les maîtres chrétiens de tous les temps ont eu la conviction que l'éducation des enfants, plus qu'aucune autre oeuvre humaine, était avant tout l'oeuvre de Dieu. Nous parlons en vain aux oreilles si Dieu ne parle au coeur de ceux qui nous écoutent. Or rien ne nous concilie l'aide de Dieu, et l'attire sur eux, comme la prière. Aussi n'est-ce pas seulement parce qu'ils sont prêtres, religieux, chrétiens, mais parce qu'ils sont maîtres, que les maîtres ont besoin d'être des âmes de prière. La prière leur obtiendra la sagesse, l'esprit d'intelligence pour instruire, la prudence, la patience et les forces nécessaires pour s'acquitter exactement de leur fonction, en même temps qu'elle préparera leurs élèves à bien recevoir leurs enseignements. Il était naturel que, pour solliciter les grâces propres de leur état, les maîtres élaborent des formules particulières. Ainsi Saint Thomas inventa, à son usage, des prières pour dire avant d'étudier, d'écrire ou de prêcher, qui ont été récitées pendant des siècles par beaucoup de maîtres. A vrai dire, les progrès de cette spiritualisation du métier remontent surtout à la Renaissance, Il faut les attribuer à la double influence de l'humanisme chrétien et de la spiritualité da Pays-Bas, enclins à une dévotion plus individuelle, à une piété plus biblique et à une vie plus selon le Christ, Erasme composa dans cet esprit plusieurs oraisons particulières pour le maître et son écolier, qui sont parfois de vrais centons bibliques, Il eut des émules. Désormais, il n'y eut guère de recueils de prières qui ne comportent des oraisons pour les conditions, états de vie et professions, plusieurs allaient à spiritualiser la vie scolaire. La sécularisation de l'école, jusque-là réservée principalement aux futurs clercs et régentée par des moines, dorénavant largement ouverte aux jeunes chrétiens qui se destinaient aux professions du monde et tenue souvent par des régents laïcs, a favorisé une telle évolution, Dès lors que maîtres et élèves ne participaient plus à l'office liturgique, il convenait, pour élever leurs âmes vers Dieu, de leur offrir des oraisons privées et d'instaurer une liturgie scolaire de prières publiques, Au Colloque érasmien de la Pietas puerilis, le petit Gaspard s'arrête à l'église, sur le chemin du collège, pour supplier l'Enfant Jésus de daigner éclairer son intelligence pour l'étude des lettres, qu'il veut faire servir à sa gloire : "J'implore l'aide du Christ dans la conviction qu'il est vain d'étudier s'il ne vient à votre secours" .

04/1956

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Roman d'amour, roman sentiment

Gatsby le magnifique

Raconté par un voisin devenu son ami, le roman tourne autour du personnage de Gatsby, jeune millionnaire charmant au passé trouble qui vit luxueusement dans une villa toujours pleine d'invités. Par certains aspects, le livre peut paraître une critique complexe de la bourgeoisie, de son opulence et de sa superficialité, où chaque personnage est prêt à tout pour parvenir à ses fins. Nick Carraway, un jeune homme américain du Middle West atteignant la trentaine, se rend à New York pour travailler dans la finance comme agent de change. Par hasard, il trouve à louer une petite bicoque à Long Island, zone résidentielle très huppée et snob de la banlieue new-yorkaise. Sa demeure, presque invisible, est située dans West Egg entre deux énormes et luxueuses villas. De là, la vue est imprenable sur East Egg, l'endroit le plus cossu et sélect de toute la zone. C'est là qu'habitent Daisy, sa cousine germaine et Tom Buchanan, son mari, issu de la même promotion que Nick à l'université Yale. Nick se rend un soir chez les Buchanan, qu'il connaît à peine, sur invitation de Daisy. Tom, beau et riche colosse, mais quelque peu bourru paraît végéter auprès de Daisy, laquelle semble tout autant s'ennuyer ferme avec son mari. Elle passe le plus clair de son temps avec son amie Jordan Baker, joueuse de golf professionnelle. Tom, peu de temps après, demande à Nick de l'accompagner pour lui présenter sa maîtresse, Myrtle Wilson, la femme d'un garagiste sur la route qui relie New York à Long Island. Nick, témoin de l'inconstance de Tom, de l'enlisement du couple qu'il forme avec Daisy, n'aurait guère d'intérêt à fréquenter les Buchanan s'il n'y avait le rapprochement de plus en plus sensible avec la belle Jordan. Celle-ci s'étonne qu'il ne connaisse pas Gatsby puisqu'il habite West Egg, comme lui, et qu'on ne parle que de cet homme à la richesse fabuleuse. Gatsby, justement, c'est son voisin. C'est lui qui possède l'immense maison très animée qui occulte celle misérable de Nick. Gatsby donne fréquemment des réceptions somptueuses qui accueillent des centaines de convives. Mais qui est Jay Gatsby ? D'où vient-il ? Que fait-il ? Les rumeurs les plus folles circulent sur son passé et sa fortune, même au sein de sa propre maison. C'est ce que Nick brûle de découvrir lorsqu'un jour il reçoit une invitation pour passer la soirée chez Gatsby. Une incroyable histoire va lier Nick, Tom, Gatsby, Jordan, Myrtle et Daisy pendant cet été 1922...

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Généralités

Le roman des damnés. Ces nazis au service des vainqueurs après 1945

Tout a été dit sur les complices d'Hitler jugés à Nuremberg (Göring...), rattrapés dans leur fuite (Eichmann, Barbie...) ou morts dans la clandestinité (Mengele). Mais on ne s'est guère intéressé à ceux qui, non content d'avoir échappé à la corde, ont entamé, à l'ombre des vainqueurs, une seconde carrière d'envergure. La plus spectaculaire est celle de Kurt-Georg Kiesinger, devenu chancelier de la République fédérale d'Allemagne de 1966 à 1969 après avoir été surnommé, entre 1940 et 1945, le " Goebbels de l'étranger ". Et les plus honteuses celles de Reinhard Gehlen, Adolf Heusinger et Ernst Achenbach. Le premier prit la tête, en 1956, des services secrets ouest-allemands et le second, de 1960 à 1964, du comité militaire de l'Otan. Sous les ordres d'Hitler, ils avaient pourtant planifié l'invasion de la Russie et son cortège de massacres. Quant au troisième, il fut le principal collecteur de fonds du NSDAP avant d'organiser le pillage de l'économie française, ce qui ne l'empêcha nullement de devenir président de la Commission des Affaires étrangères du Bundestag... puis candidat de l'Allemagne à la Commission de Bruxelles en 1970 ! A leurs côtés, voici le SS Walter Schellenberg, principal collaborateur d'Heydrich puis d'Himmler, cité à Nuremberg comme simple ''témoin'', alors qu'il jeta les bases de la Shoah par balles en Union soviétique ; Friedrich Paulus, le vaincu de Stalingrad, devenu un ardent propagandiste soviétique... ; Rudolf Diels, le premier chef de la Gestapo (1933-34), qui se transforma en chasseur de communistes pour le compte de l'armée américaine. Voici encore Albert Speer et Wernher von Braun, deux assassins aux mains propres qui ne réussirent respectivement comme ministre de l'armement d'Hitler et concepteur des premiers missiles balistiques de l'histoire, que grâce aux dizaines de milliers d'esclaves sacrifiés dans les usines du Reich ; et aussi " le sorcier " Hjalmar Schacht, qui mobilisa l'industrie et la finance en faveur du IIIe Reich avant de se reconvertir en conférencier international... Sans oublier Otto Skorzeny, le ''James Bond du Führer'', qu'on retrouve dans tous les coups tordus de l'Après-guerre, au service de la CIA comme du Mossad ! Et voici l'exception qui confirme la règle : Hanna Reitsch, héroïne de l'aviation, dont l'erreur fatale fut de croire en Hitler et de mettre son prestige de pilote d'essai au service d'un régime criminel. Continuant, jusqu'en 1977, à battre records sur records, elle osa regarder en face les horreurs qu'elle avait provoquée. Une galerie passionnante de portraits portée par un rare sens du récit.

05/2021

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Mélanges

Grandeur et servitudes du bien commun. Mélanges en l'honneur de Jean-Claude Ricci

Pour le Professeur Jean-Claude Ricci, l'étude et l'enseignement du droit public ne se sont jamais résumés à une entreprise de pure analyse technique. Il a su, tout au long de sa carrière, situer son enseignement et sa réflexion dans un contexte bien plus vaste qui l'a conduit à confronter en permanence le droit positif aux principes qui l'inspirent et à la réalisation desquels il doit tendre. En tant qu'administrativiste " de l'ère classique ", l'éminent juriste ne doutait pas que l'administration et ses règles n'ont qu'une raison d'être : le service de l'intérêt général mais aussi du Bien commun, une notion qui mérite d'être restaurée dans le raisonnement du juriste contemporain. L'étude du droit public se doit de le mettre en exergue. Le droit administratif - plus globalement le droit public - n'est pas une fin ni un but, mais un simple instrument, un moyen au service d'un but qui lui est radicalement extérieur. Les nombreux cours ou écrits de notre prolifique publiciste - y compris sur des sujets aussi ardus que parfois austères qui ne se prêtent guère, en apparence, à ce type de questionnement - l'ont amené à mettre en évidence la noblesse de la mission des pouvoirs publics et des règles qui l'encadrent, tout comme les considérations morales qui se nichent dans la règle de droit. Chaque règle, chaque principe du droit public doit être confronté à sa raison d'être, à cet objectif de Bien commun. Le Professeur Ricci n'a jamais été dupe, néanmoins, des limites tant intellectuelles que contextuelles qui briment souvent la puissance publique, ni des servitudes qui peuvent peser sur le Bien commun et son serviteur, le droit. Ses amis, ses collègues, ses élèves, tous ceux qui ont lu et surtout entendu ce maître de l'art juridique, lors de ses mémorables cours marqués par son érudition mais aussi par son humour, ont souhaité rendre hommage à sa vision du droit en étudiant les facettes de ce Bien commun que le droit public, auquel il a consacré sa carrière universitaire, tâche de perfectionner - ou d'atteindre - et d'approfondir avec plus ou moins de bonheur. La richesse et la variété des articles composant ses Mélanges témoignent de l'affection teintée d'admiration et de gratitude que lui vouent les auteurs de cet ouvrage. Elles portent aussi le témoignage de la pensée d'un professeur qui a su, avec un talent rarement égalé, marier la rigueur de l'analyse juridique avec la profondeur de la réflexion.

04/2023

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BD tout public

Hergé archéologue

Alors qu’il réinhume la momie d’une jeune chamane, Kyys, quelque part en Iakoutie, Eric Crubézy est frappé de la similitude de sa situation avec celle des savants de l’expédition Sanders-Hardmuth, qui eux, osèrent rapporter en Occident la momie de Rascar Capac. Ce thème bien connu, celui des Sept boules de cristal, sert de base à la réflexion de l’auteur. Dans un cas, celui imaginé par Hergé, les savants « volent » les restes (et le payent très cher). C’est ainsi que les archéologue opéraient autrefois. Dans l’autre cas, aujourd’hui, les chercheurs réinhument la momie une fois celle-ci étudiée. Différence de traitement. Respect et sauvegarde de l’objet dans l’un, respect de la culture et des rites dans l’autre. A partir de ce thème, Eric Crubézy, en tintinophile averti qu’il est, réinvestit l’oeuvre d’Hergé et tente de cerner sa vision de l’archéologie. Les cigares du Pharaon, Les sept boules de cristal, Le Temple du Soleil, mais aussi Le secret de la Licorne, Le Trésor de Rackham le Rouge sont bien sûrs analysés. Si l’archéologie évoque l’exotisme et l’aventure, les archéologues ne se sont guère souciés de Tintin jusqu’à présent. Poursuivis par des clichés de rêveurs reconstituant un passé à partir de bribes, d’aventuriers pilleurs d’épaves ou de tombeaux, de découvreurs de pyramides ou de cités perdues, ils ont regardé de loin, de très loin l’oeuvre, n’y voyant qu’une reprise de clichés ou mieux l’occasion de s’ouvrir aux cultures. Et pourtant, si l’oeuvre reflète l’évolution du monde ne révélerait-elle pas celle de l’archéologie ? Mieux, si elle introduit du sacré dans le profane, de l’humain dans la science et si Tintin a su accepter d’écouter Tchang, alors ne pourrait-elle pas être sujet de réflexion pour ces archéologues qui attribuent tout geste intelligible au cultuel ou au sacré ou pour les autres dont les explications matérialistes éliminent tout fait étrange, tout détail qui échappe à une logique concrète ? En retour, la vision qu’ont nos contemporains de l’archéologie n’est-elle pas inspirée en partie de Tintin ? Mais Tintin, en nous montrant que le contemporain c’est l’occidental mais c’est aussi l’autre, l’autochtone, celui de là-bas mais aussi celui d’ici, ne pourrait-il pas nous offrir une réflexion sur l’archéologie vue par les autres, les Chiquito d’Amérique, les faucheurs de Sibérie, les religieux de chez nous ? L’archéologue de demain à la charnière d’univers différents pourrait alors lire le passé comme un objet de science mais lui donner un avenir, le gérer dans un univers de valeur différent.

06/2011

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Histoire internationale

Le Malheur russe. Essai sur le meurtre politique

A qui tente d'établir un atlas et une chronologie des meurtres politiques, trois évidences s'imposent. Nulle société n'a été continûment à l'abri du meurtre politique sous ses aspects divers. Mais il est des temps historiques où le meurtre connaît une fortune remarquable : le XVIe siècle européen, par exemple ; ou encore le XXe, où, sous la forme de la terreur de masse et des mouvements terroristes, il gagne plus ou moins tous les continents. Il est aussi des moments où le meurtre politique régresse et apparaît plutôt comme un moyen exceptionnel de résoudre des conflits de pouvoir. Pourtant, à cette conception qui met à un moment ou à un autre toutes les cités sur le même plan et qui fait du meurtre politique la clé des épisodes tragiques de leur histoire, un pays _ peut-être pas le seul, mais son exemple est le plus éclatant, s'agissant d'un grand pays d'Europe _ fait exception : la Russie. L'histoire de ce pays dans lequel Tocqueville, lorsqu'il scrute l'avenir, discerne qu'il est appelé " par un dessein secret de la Providence à tenir un jour dans ses mains la moitié du monde " à égalité avec les seuls Etats-Unis, dont il dit que le monde " découvrira tout à la fois la naissance et la grandeur ", est avant tout une histoire continue du meurtre politique. Du moment où se fonde la Russie, au IXe siècle, et où commence sa christianisation, jusqu'à l'apogée prévue par Tocqueville, il n'est guère de génération qui n'y ait assisté, pétrifiée, à l'éternelle liaison entre meurtre et politique. Les temps de répit, dans ce pays, ce sont les guerres et les invasions qui les ont apportés, autres formes de violence et de mort, mais dont l'avantage est qu'agissant de l'extérieur, elles unissent pour un temps pouvoir et société contre l'ennemi porteur de mort. Cette longue tradition meurtrière a sans nul doute façonné une conscience collective où l'attente d'un univers politique pacifié tient peu de place, tandis que la violence ou sa crainte y sont profondément ancrées. De ce malheur si profondément ressenti à tous les âges, que les esprits superficiels nomment l'âme russe, l'on peut se demander où est la cause, où est l'effet. Est-ce le meurtre politique trop longtemps utilisé qui a produit une conscience sociale malheureuse et soumise, et, par là, incapable d'imposer, comme ailleurs, un autre cours au politique ? Ou bien est-ce cette conscience malheureuse, épouvantée, qui appelle sur elle, sinon la colère des dieux, du moins le déchaînement des meurtriers. Hélène Carrère d'Encausse

12/1988

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Pléiades

MEMOIRES. Tome 8, 1721-1723, Additions au journal de Dangeau

Avec la parution du tome VIII des Mémoires de Saint-Simon, cette édition est complète. Elle offre le texte intégral des Mémoires sur plus de huit mille pages et sur deux mille, réparties dans chaque volume, les additions au Journal de Dangeau ; l’appareil critique, aussi nécessaire pour la langue que pour l’histoire, occupe une place importante dans chaque tome. Le dernier volume contient, outre les six cents dernières page s du texte proprement dit, le reliquat des additions au Journal de Dangeau, une note bibliographique, un index général des Mémoires, une table alphabétique des appendices et un tableau de concordance entre la présente édition et les précédentes. Proust disait qu’ «une tragédie de Racine, un volume des Mémoires de Saint-Simon ressemblent à de belles choses qui ne se font plus». Au vrai, de même que la langue du petit duc est riche de formes abolies, ses Mémoires sont composés de vestiges d’usages et de façons de sentir qui n’existent plus et à quoi rien de ce qui aujourd’hui existe ne ressemble. Il n’est guère aisé de rendre compte en une définition de tous les aspects de ce livre. Porte-t-il témoignage sur son auteur ? Sur l’Histoire ? Contre l’Histoire peut-être ? Quoi qu’il en soit, il est assurément un fabuleux spectacle, offert par l’auteur à lui-même et, bien plus tard, aux autres : il est le spectacle noir et or du «néant du monde». Qu’on lise, pour s’en assurer, les phrases ultimes de l’ouvre, où apparaît une dernière fois le motif de l’avilissement de toutes choses, alors même que vient d’être atteint le terme jusqu’auquel l’écrivain s’était proposé de conduire son ouvrage : «On est charmé des gens droits et vrais ; on est irrité contre les fripons dont les cours fourmillent ; on l’est plus encore contre ceux dont on a reçu du mal. Le stoïque est une belle et noble chimère. Je ne me pique donc pas d’impartialité. Je le ferais vainement. Comme je n’en verrai rien, peu m’importe ; mais si ces Mémoires voient jamais le jour, je ne doute pas qu’ils n’excitent une prodigieuse révolte. [...] comme, au temps où j’ai écrit, surtout vers la fin, tout tournait à la décadence, à la confusion, au chaos, qui depuis n’a fait que croître, et que ces Mémoires ne respirent qu’ordre, règle, vérité, principes certains, et montrant à découvert tout ce qui y est contraire, qui règne de plus en plus avec le plus ignorant, mais le plus entier empire, la convulsion doit être générale contre ce miroir de vérité.»

01/1988

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Beaux arts

Rembrandt. Tout l'oeuvre peint

Rembrandt - Un virtuose de la narration et de l'interprétation des passions humaines. Il n'est guère d'artiste sur lequel on ait davantage écrit et spéculé que sur Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606-1669). Un déluge de publications se consacre à l'improbable histoire du fils d'un meunier de Leyde qui devint un maître célébré et admiré. Rembrandt grandit dans un pays jeune qui, malgré une guerre d'indépendance politique et religieuse, connut un épanouissement économique et culturel que l'on qualifie aujourd'hui de Siècle d'or néerlandais. 310 ans après sa mort, l'intérêt suscité par ses oeuvres ne faiblit pas : des expositions spectaculaires attirent des millions de visiteurs du monde entier et ses oeuvres atteignent des prix records. L'oeuvre de Rembrandt est non seulement extraordinairement vaste, mais aussi particulièrement divers : Rembrandt ne s'est pas cantonné dans un genre précis, mais a expérimenté sa vie durant toutes sortes de techniques, matériaux, couleurs et sujets. Une extrême concentration sur les détails picturaux y côtoie un renoncement aux aspects secondaires, une peinture détailliste une facture esquissée, des accents de couleur vifs une subtile quasi-monochromie, tandis qu'une touche en pleine pâte vient servir une imitation perfectionnée de la réalité - tous ces aspects ont subjugué ses collègues peintres aussi bien que les amateurs d'art. Pendant ses 20 dernières années d'activité, Rembrandt développe son légendaire style tardif, caractérisé par une facture sommaire et une apparente nonchalance. Les peintures de jeunesse parfois chargées d'émotion cèdent la place à des compositions dans lesquelles une intimité apaisée devient le thème central de son oeuvre. Rembrandt, dans le même temps, continue de s'intéresser aux effets de la lumière ainsi qu'à la représentation des forces et des faiblesses humaines. La vie et l'oeuvre de Rembrandt étaient très étroitement liés, ce dont témoignent ses nombreux autoportraits - aucun peintre avant lui ne s'était aussi souvent représenté et seul un petit nombre d'artistes le firent après lui. Le thème principal de l'introduction du présent volume est la vie de Rembrandt au service de son art. En même temps, le mythe qui s'est formé autour de sa personne est relativisé à la lumière d'un éclairage critique. Les entrées du catalogue livrent une synthèse de l'état de la recherche, sachant que l'accent n'a pas été mis sur la problématique de l'attribution. Le cas échéant, de nouvelles datations et de nouveaux titres de tableaux sont donnés. Les 330 peintures sont souvent reproduites au format original et présentées sous forme de pages dépliantes, les nombreux détails permettent de se tendre compte de la virtuosité technique de Rembrandt.

08/2019

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Actualité politique internatio

Politique et ethique dans un monde en mutation

Le monde a changé ; la manière de faire de la politique aussi. Ce qui pourrait être un constat de temps long est ici celui d'une évolution qui s'est produite, ou accélérée, en l'espace de quelques années. Toutes les barrières sont tombées, et les lignes politiques ne semblent plus guère avoir de sens ou être des éléments structurants des opinions des individus, pour le meilleur ou pour le pire. Pour le meilleur, car cela laisse présager d'une plus grande facilité que par le passé à dépasser les clivages partisans traditionnels, en particulier sur les sujets d'intérêt général. Pour le pire, car comment trouver un consensus politique, social ou moral dans une société désormais si fragmentée qu'il y existe pour ainsi dire autant de points de vue que d'individus, à force d'avoir laissé se déliter les valeurs communes qui maintenaient la Nation comme un tout, avec une communauté d'aspirations et de destins, et quelques légitimes courants de débats sur les priorités et la manière d'y répondre au mieux. Ce constat commun d'une évolution délétère de l'éthique au cours des dernières années, chacun des co-auteurs de ce livre l'a décliné en fonction de son parcours personnel, de sa personnalité, de sa sensibilité politique et philosophique. Cet ouvrage ne prétend pas à l'exhaustivité, impossible sur un tel sujet, indépendamment du nombre de coauteurs et de la diversité des profils. Mais ces neuf approches différentes ont du moins la vertu singulière de montrer que l'éthique, en politique et ailleurs, demeure un sujet central, que l'on ne peut réduire, comme cela est trop souvent le cas désormais, à la volonté de transparence financière. L'éthique nous parle de valeurs partagées, elle nous parle de morale, de déontologie. Elle est tout cela et elle est plus que cela. Elle est, en politique, le reflet de l'image qu'une société a d'elle-même et de l'honneur qu'elle attend de ses représentants, qu'elle met dans ses décisions collectives. Dans une société au paradigme dominant en forme de "tout vaut tout", souvent entretenu par des élites dont l'universalisme sans port d'attache se voudrait la dernière trace d'humanisme, l'investissement des différents co-auteurs dans cet ouvrage, la richesse de leur réflexion et la diversité de leurs points de vue sont autant de signes positifs, de raisons d'espérer que la chose publique et sa déclinaison à la française autour de nos valeurs communes de toujours suscitent encore un intérêt suffisamment partagé au sein de notre société pour pouvoir reconstruire ensemble ce que tous ont laissé aller à vau-l'eau depuis des décennies.

09/2023

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Littérature française

ELERELT : L'improbable coalition. Tome 1

Tout à l'heure, Kallimon a voté à distance par l'intermédiaire de son implant civique. Encore une fois, en zilz soucieux de l'intérêt de l'Arkokrasie et des siens, il a voulu reconduire le vieux et vénérable Anzdakremm Pileraz au poste d'Arkokrate, la magistrature suprême et morale de l'Arkokrasie. Mais au cours de cette joute électorale, Anzdakremm risque grandement de ne pas être reconduit. En effet, de manière inédite, inattendue, un volontaire aussi déterminé qu'ambitieux, un candidat protestataire humain s'est présenté, réunissant sur son seul nom, Lomir Dirffel, la quasi-totalité des aspirations humaines, du moins comme le laisse présager les sondages. Si une telle prévision s'avérait juste, Dirffel serait le premier humain titulaire de ce mandat. En effet, suite à la submersion d'Etal-Kontei, deux mouvements populaires antagonistes sont apparus : l'un exigeait le retour, au besoin par la force, des habitants de cette région malheureuse dans le giron de l'Arkokrasie afin de leur permettre de bénéficier au plus vite des bienfaits de la civilisation d'Atelaino. L'autre, recommandait, après les traumatismes de la submersion catastrophique d'Etal-Kontei, de leur en épargner de nouveaux et donc de respecter leurs indépendances, cultures et traditions quand bien même ces us et coutumes pouvaient revêtir quelques atours barbares et primitifs. Si ces deux mouvements idéologiques réunissaient à leurs naissances des citoyens des deux races à parts presque égales, l'inexorable écoulement du temps et la décision brutale de mettre un terme à cette situation inadmissible, fauteuse de guerres, de génocides et autres troubles locaux, les positions se sont lentement radicalisées et malencontreusement ethnicisées. Les humains ont eu une tendance de plus en plus nette à rendre leurs compatriotes zilzo co-responsables collectivement de cette erreur monstrueuse, pourtant objectivement partagée. Lentement, les zilzo solidaires des humains se virent évincés, chassés de ces associations militantes et renvoyés, réduits à leur seule origine raciale, forcément déterminante, coupable collectivement de tous les maux de l'humanité. Au soir de cette journée électorale, Kallimon ne se fait guère d'illusion sur le résultat des scrutins. Assurément, la chambre des députés va changer d'orientation. Quant au mandat d'Arkokrate, soumis au suffrage universel direct, il semble très probable qu'il basculera lui aussi. Comme il advient souvent, le transit de quelques pourcentages autour de la fatidique barre médiane suffira à former une majorité solide et à transformer complètement une ligne politique, un événement susceptible de modifier de fond en comble la vie d'une société pourtant pluriséculaire. Kallimon émerge lentement de ses pensées inquiètes, déprimantes. A quoi bon anticiper un avenir qui s'annonce de toute façon imprévisible et de toute manière compromis ? Que peut-il faire pour en changer le cours ? Est-ce seulement possible ? C'est ce que je me propose de v

07/2015

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Sciences politiques

Boys Don't Cry! Les coûts de la domination masculine

"Les féministes en font trop ! " Les hommes seraient devenus sinon le sexe "faible", ou du moins stigmatisé. Les moindres performances scolaires des garçons viendraient d'une perte d'estime de soi du masculin. La plus discrète avance sexuelle serait recodée en harcèlement, le goût de la compétition en agressivité. Voici quelques aspects d'un discours de la plainte, de la hargne parfois, par lesquels des groupes d'hommes s'emploient à inverser la rhétorique féministe pour se poser en victimes, revendiquer des droits dont ils seraient privés. Le présent ouvrage se propose d'analyser ces discours, notamment en portant attention aux propos "masculinistes", tels qu'ils s'affirment par exemple dans certaines organisations de pères divorcés. Quels sont les arguments de ces groupes ? En quoi sont-ils symptômatiques des évolutions et des perceptions des rapports de genre ? Peut-on évaluer leur impact, qui varie entre Amérique du Nord et Europe ? Quels enjeux inséparablement politiques et scientifiques portent des notions comme "coûts de la masculinité" ou "rôles de sexe" ? Côté scientifique, l'enjeu est clair : il s'agit de poursuivre le travail de déconstruction de la domination masculine en montrant que celle-ci n'a rien de naturel. Elle suppose des investissements et implique des coûts, pour les femmes bien sûr, mais également pour les hommes, comme le montrent des contributions sur la santé au travail, sur les effets de l'association virilité-alcool, sur le double-jeu identitaire auxquels sont contraints certains gays affirmant "homosexuels, oui, mais virils avant tout" ! Combinant prudence, rigueur et refus des tabous, ce livre revendique donc la vertu de l'insolence scientifique en posant la question des coûts des masculinités. Le radicalisme qui consiste à refuser de parler d'une thématique sous prétexte qu'elle a été inaugurée par des mouvements étymologiquement réactionnaires n'est en effet guère satisfaisant. Les sciences sociales doivent reconquérir ce terrain miné par les conflits socio-politiques et prendre au sérieux le question des coûts par une objectivation sociologique : qui veut lutter efficacement contre un processus de domination doit apprendre à mieux le connaître sous toutes ses facettes, sans questions tabous. Les textes rassemblés ici ont en commun le double souci de ne jamais oublier qu'une domination suppose des cibles, qui restent ici les femmes, mais qu'elle ne s'exerce par ailleurs jamais sur le mode passif de la rente, d'un solde où les profits ne supposeraient ni investissement, ni contrepartie. Outre de nombreuses études de terrain inédites, l'ouvrage propose trois traductions de textes anglophones classiques et novateurs, jusque-là indisponibles aux lecteurs francophones. Les garçons, ça ne pleure pas ! ", mais sauver la face n'est pas toujours indolore pour autant...

04/2012

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Littérature française

Du foin sur le green - collection le net au pré

Du foin sur le green Extrait 1 - Le doute n'était plus permis, à moins de cent cinquante mètres de la source, les bulldozers avaient effectivement entrepris de construire la base de la digue. Mais un fossé avait été creusé et un maigre filet s'écoulait toujours vers l'Automne. S'il arrivait à ses fins, l'Américain pourrait disposer d'un étang de plus d'un hectare. En remontant vers le Moulin, je constatai l'ampleur des travaux, sur environ trois hectares les engins avaient fait place nette. Plus bas en aval de la source, se trouvaient les parcelles de papa et le chemin communal. Il lui serait maintenant impossible d'aller plus loin. Je n'entendais plus Ripp, et Lascar, ils devaient être à ma recherche... - Alors monsieur Beaumont Junior, on vient vérifier mes travaux ! Surpris, je tournai la tête. Austin Alexander Abbott était là, à moins d'une vingtaine de mètres, encadré par deux molosses noirs, des dobermans. - Vous savez jeune homme, quoi qu'on puisse en dire, faire fortune aux States n'est pas si facile. Je peux vous assurer une chose, j'ai décidé de faire un golf ici, et je le ferai. Ce n'est pas une poignée de paysans frenchies qui se mettra en travers de ma route. - Vous le ferez peut-être, mais il ne dépassera guère les trois ou quatre hectares. Pas facile de faire un dix-huit trous sur une surface aussi petite. Vous pourrez le baptiser le grand mini-golf de Saint-Jean. En ce qui concerne les travaux de la digue, jamais vous ne les achèverez. Vous n'avez pas obtenu d'autorisation de faire cette retenue d'eau et vous ne l'obtiendrez jamais. Vous n'êtes pas aux States monsieur Abbott, ici l'argent n'achète pas tout. - Détrompez-vous l'ami, ici comme partout dans le monde, l'argent est roi, il suffit simplement d'en posséder suffisamment, et personnellement j'en possède suffisamment. Mais l'argent n'est pas mon seul atout dans ce jeu, vous allez vite vous en rendre compte. - Vous êtes un joueur de poker monsieur Austin Alexander Abbott, juste un joueur de poker. Même l'eau pour arroser le grand mini-golf de Saint-Jean vous ne la trouverez pas. Dès la fin juin votre "mini-green" ressemblera à un champ chaume, les joueurs n'y retrouveront même pas leur balle. C'est à cet instant que Ripp, et Lascar me retrouvèrent. A peine arrivés, ils repérèrent leurs congénères noirs encadrant l'Américain. Là ce n'était plus des culs blancs joueurs, ça devenait du sérieux. Babines retroussées ils commencèrent à grogner.

04/2013

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Sciences politiques

La Belgique et la France. Amitiés et rivalités

Mus par leurs intérêts économiques, mais aussi par des considérations visant à accroître la sécurité de leurs possessions territoriales, les rois de France pratiquèrent avec persévérance, à travers les siècles, une politique annexionniste des territoires belges. Elle se heurta à la résistance des populations de la Flandre, et provoqua l'opposition des puissances, surtout de la Grande-Bretagne, laquelle n'admettait guère que le port d'Anvers puisse tomber un jour sous l'obédience des autorités de Paris. Consécutivement à la Révolution française qui souleva l'enthousiasme des Liégeois, la Belgique fut annexée pendant une vingtaine d'années à la République française, mais lors de son accession à l'indépendance, Louis-Philippe refusa la couronne royale que les Belges auraient voulu offrir à son fils, le duc de Nemours : le gouvernement de Londres y était opposé. La francisation du pays fut néanmoins activement poursuivie : toute l'administration de l'Etat fut française, alors qu'en Flandre même, la langue et la culture françaises restèrent prédominantes. On soulignait volontiers, à Paris et à Bruxelles, qu'il n'existait pas au monde deux pays qui fussent plus rapprochés que la Belgique et la France par la géographie, par l'activité, par la parenté et par l'amitié. Elles ont pratiqué une politique commune en matière de décolonisation et d'intégration européenne, mais les Belges ont regretté que l'opposition française au transfert de souveraineté ait entraîné un certain retard dans la construction de l'Europe. Entre-temps, la prédominance française engendra la prise de conscience de l'identité néerlandophone qui fut à l'origine d'un vaste mouvement de flamandisation. Alors que l'économie wallonne perdait ses charbonnages et sa sidérurgie, l'économie des Flandres s'engagea dans une vaste expansion, et peu à peu les Flamands réclamèrent la réforme des structures fédérales adoptées en 1970 et l'accroissement substantiel des attributions communautaires au détriment de l'Etat fédéral. Ira-t-on vers un confédéralisme ? L'impact politique du nord du pays s'est considérablement accru : depuis 1979, tous les Premiers ministres de l'Etat belge sont des Flamands. Certains nationalistes flamands prônent carrément la dissolution de l'Etat belge et l'indépendance de la Flandre ; à quoi les extrémistes wallons - très minoritaires - opposent l'idée d'un rattachement de la Wallonie à la France. Capitale de l'Europe, Bruxelles, francophone, freine cet extrémisme et plaide pour le maintien de l'Etat belge. Les autorités françaises ont plus d'une fois assuré qu'elles n'avaient pas la moindre intention d'intervenir dans les affaires politiques internes belges, mais on a noté ces dernières années une très forte pénétration des intérêts économiques français en Belgique.

08/2010

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Histoire de France

La croix, la tiare et l'épée. La croisade confisquée

Le mot de croisade est, de nos jours, plus souvent galvaudé qu’à son tour, de G.W. Bush qui le brandit au lendemain de l’attentat du 11 septembre 2001, comme une menace contre les terroristes à tel gouvernement qui déclare lancer une « croisade contre la fraude fiscale » ou « contre la grippe ». Il a bien évidemment une toute autre résonance dans le monde musulman où il est perçu comme le début d’une lutte armée impitoyable menée par les États chrétiens d’Europe contre l’Islam et où il préfigure l’impérialisme de l’Occident sur la planète et son corollaire, le colonialisme, que l’Europe n’en finit plus d’expier.Pour bien comprendre les enjeux de la question, il faut, selon Jean Flori, revenir à l’origine du mot. Qu'est-ce en réalité qu'une croisade ? Un pèlerinage armé ou une expédition purement militaire de reconquête chrétienne ? L’effet d’un élan populaire spontané et anarchique, ou au contraire une entreprise pontificale mûrement conçue destinée à assurer le triomphe du catholicisme ? Faut-il définir la croisade à partir de ses objectifs initiaux ou de ses transformations ultérieures ?Avec son brio habituel et sa verve jubilatoire, teintés d’une bonne dose d’ironie, Flori bouscule le « politiquement correct ». La croisade serait en fait le produit d’une évolution des idées qui, dans l’Occident chrétien, a peu à peu justifié puis sacralisé certaines guerres et par là-même valorisé moralement et spirituellement ceux qui les menaient. Né en 1095, son concept est directement issu de celui de guerre sainte qui se poursuit indépendamment de lui jusqu’à ce que l’Église romaine tente - et dans une très large mesure réussisse - à « confisquer » la croisade en l’institutionnalisant et à l'utiliser contre des objectifs qui n’ont alors plus guère de rapports avec ses traits constitutifs majeurs. En témoignent cette croisade avant la croisade qu’est la Reconquista espagnole ou ces expéditions des XIIIe-XVe siècles contre les païens des régions baltiques, les « hérétiques » du Languedoc ou les rois et princes chrétiens réfractaires aux décisions pontificales.Un essai d’histoire des idées volontiers polémique en ces temps où éclatent de nouvelles confrontations entre Orient et Occident.Spécialiste internationalement reconnu des croisades et de la chevalerie, directeur de recherche au Centre d'études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers, Jean Flori compte à son actif une vingtaine d'ouvrages fondamentaux (Pierre l'Ermite, Fayard, 1999 ; Guerre sainte, jihad et croisade, Seuil, 2002; L'Islam et la fin des temps, Seuil, 2007). Ses trois précédentes biographies chez Payot (Richard Coeur de Lion, 1999; Aliénor d'Aquitaine, 2004 ; Bohémond d’Antioche, 2007) ont été saluées par la critique comme des incontournables.

05/2010

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Histoire ancienne

Eustache du Caurroy. Meslanges

Réputation " Ce qui peut vous tromper, c'est que de nouveau tout est beau, mais n'est pas pour cela meilleur. [...] La nouveauté est le guide des curieux qui leur fait mespriser leur propre Ciel et terre [...]. De quoy est venu ce Proverbe : De trois Phisiciens un Atheiste, et de cinq Musiciens quatre fous, pour rechercher de nouvelles inventions et des mouvements à la mode au lieu de nous tenir dans les bons et proffonds preceptes de nos Anciens, comme Du Caurroy, Intermet et Claudin, et parmy ceux de nostre tems, Fremat, Hauxcousteaux et Cosset. " Annibal Gantez, L'entretien des musiciens (Auxerre, Jacques Bouquet, 1643), lettre XXIX A. Gantez (c. 1600-1668) n'est pas le seul à voir en Du Caurroy l'un des chefs de file des compositeurs académiques, apôtres (au moins en partie) d'un contrepoint savant. Dans son traité publié en 1639, Antoine Parran (1587-1650) ayant, d'après sa propre expérience, classé la musique en quatre catégories, ne décrit-il pas " la quatriesme sorte [...] une Musique grandement observée, toute pleine d'industrie et de doctrine [...] comme pourroit estre celle de Claudin, du Caurroy, et plusieurs autres Maistres de ce temps comme l'on peut voir au Puy de Saincte Cecile. " ? Occupés à servir les chapelles privées ou les institutions ecclésiastiques, ces compositeurs, parfois récompensés lors de joutes musicales, ne pratiquent guère l'air de cour, genre en plein épanouissement qui ravit les salons de Louis XIII comme les demeures plus modestes, pour le plus grand bénéfice de l'imprimeur parisien Pierre Ballard – celui-là même qui imprime l'essentiel de la musique que nous connaissons de Du Caurroy. Ces musiciens – au nombre desquels figurent Nicolas Formé (1567-1638), qui succède à Du Caurroy comme responsable de la musique de la chapelle royale, Jean de Bournonville (c. 1585-1632), Artus Aux-Cousteaux (c. 1590- c.1656) pratiquent une musique dont le style s'apparente à celui que Du Caurroy a indirectement hérité de Josquin des Prez (c. 1450-1521) et d'Adrian Willaert (c. 1490-1562), entre autres ; cette manière, apparue comme désuète dès le dernier quart du 16e siècle, s'accorde difficilement avec la simplicité de l'air de cour (simplicité exprimée tant dans le sujet et la forme littéraires, que dans le profil mélodique, les procédés de composition et la forme strophique). Ainsi, en marge de certains écrits de théoriciens contemporains - par Salomon de Caus (c.1576-1626), Antoine Du Cousu (c.1600-1658), Marin Mersenne (1588-1648), Antoine Parran (1587-1650) - qui louent en Du Caurroy l'héritier français de Gioseffo Zarlino, les adeptes du stile antico pratiqué en France durant la première moitié du 17e siècle rendent à leur manière hommage au compositeur.

01/2010

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Histoire ancienne

Histoire de la Gaule. Une confrontation culturelle, VIème siècle avant J.-C. - Ier siècle après J.-C.

L'historien d'aujourd'hui ne peut envisager la Gaule et les Gaulois de la même manière que ses prédécesseurs : la génération de Jullian fut marquée par la revanche sur l'Allemagne, celle de Carcopino par la colonisation et celle de Hatt par la décolonisation. De plus, l'éventail méthodologique, qui s'est élargi et affiné (de l'épigraphie latine à la photographie satellitaire) depuis un siècle, permet de considérer cette histoire sur la longue durée, c'est-à-dire sur le large demi-millénaire qui s'ouvre au début du vil siècle av. J.-C. (fondation de Marseille). Bien avant la première intervention militaire romaine (125 av. J.- C.), le commerce étrusque puis grec eut une incidence considérable sur la vie même des habitants de la Gaule. Le vin eut ainsi une fonction beaucoup plus large que celle que lui assignent les sources grecques et latines - étancher la " soif celtique " - et modifia en profondeur, avec d'autres produits et objets du monde méditerranéen, les sociétés celtiques. Le commerce joua donc un rôle majeur dans la confrontation de deux civilisations, celle des Grecs et des Romains - fondée sur la pierre -, celle des Celtes - caractérisée par le bois et le torchis. Il n'importe guère finalement qu'un jour les Italiens aient, dès le milieu du IIe siècle au sud, pris le relais des Grecs, qui eux-mêmes avaient évincé les Étrusques : les échanges avaient dépassé l'ajustement de l'offre et de la demande pour remplir un véritable rôle culturel. Rome prit le problème autrement, imposant armées, colons et provinces. Cette brutalité ne constitua pourtant pas en soi une rupture et se borna à donner de tout autres dimensions aux relations économiques et aux contacts culturels. Une fois la saignée césarienne opérée, les Romains cherchèrent en outre à séduire, et de leur côté les Gaulois ne furent ni ces hommes falots faits de sable et de vent que décrit Mommsen ni des vaincus acculturés prêts à s'incliner devant la splendeur des décors urbains ou des autres formes de la civilisation méditerranéenne. La romanisation passa ainsi par un demi-millénaire de commerce, par de subtils accords politiques symbolisés par les cérémonies du culte impérial au Confluent des Gaules (Lyon), et par un élargissement du droit de cité (au milieu du Ier siècle ap. J.-C., les citoyens romains de Gaule étaient les égaux de ceux nés sur les bords du Tibre). Tout fut dit au concile de Reims (70 ap. J.- C.) où les notables assemblés refusèrent les chemins de la rébellion : ils étaient devenus non pas des Gallo-Romains - le terme est une invention contemporaine -, mais des Romains des provinces des Gaules.

04/1997

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Musique, danse

Ode (conducteur A4). sur un poème de Jean-Baptiste Rousseau

Bien loin de constituer un ouvrage isolé dans l'oeuvre de Camille Saint-Saëns, Ode appartient à un petit ensemble réalisé au début de sa carrière dans le contexte particulier du concours pour le prix de Rome. Institué en 1803, supprimé dans la foulée des événements de mai 1968, ce dernier fut pendant longtemps le plus convoité des prix français de composition musicale. Organisé par l'Institut, il garantissait à ses lauréats, à défaut de l'assurance d'une future carrière sans embûches, du moins l'entrée par la grande porte dans le monde artistique et quelques années de pension en Italie, à la villa Médicis. De fait, bien peu résistèrent à l'attrait de cette récompense susceptible de marquer avec éclat l'aboutissement de longues années d'études. Que l'auteur de la Danse macabre s'y soit présenté n'a finalement rien d'étonnant. Mais bien qu'appelé à devenir au tournant du siècle l'un des plus illustres représentants de l'art académique, il n'obtint jamais le fameux premier grand prix. Certes, il serait aisé de mettre son premier échec, en 1852, sur le compte de l'inexpérience, mais son second et dernier, douze ans plus tard, demeure plus surprenant ? : ayant presque atteint la limite d'âge, le musicien n'est alors plus un novice. Ses fonctions à l'orgue de la Madeleine lui avaient même permis d'acquérir une certaine réputation. Est-ce cette situation d'artiste établi qui lui valut d'être écarté? ? Si rien ne permet de l'affirmer, il n'en reste pas moins que ses ouvrages de l'époque témoignent déjà d'une grande maîtrise. Il en est ainsi de cette Ode avec accompagnement d'orchestre composée pour les premières épreuves du concours, entre le 28 mai et le 3 juin 1864. Pourtant placé en tête des six candidats admis à l'épreuve finale - une cantate pour trois voix solistes sur le thème d'Ivanhoé -, il devait échouer au profit d'un certain Victor Sieg, camarade appelé à un destin autrement plus modeste. Au-delà de ces circonstances que d'aucuns pourraient qualifier d'anecdotiques, Ode revêt une dimension particulière en ce qu'elle laisse clairement entrevoir les principales préoccupations esthétiques de Saint-Saëns dans ses premières années. Depuis longtemps familier du répertoire religieux, il ne fut guère décontenancé face à ce poème de Jean-Baptiste Rousseau, certes un peu vieilli mais non moins propice à de belles démonstrations chorales. Dans un même temps, il su éviter le dangereux écueil d'un traitement trop terne par l'aménagement de forts contrastes trahissant son intérêt pour l'opéra. A travers ces quelques pages, entre recueillement et grands gestes dramatiques, le compositeur s'attache à montrer toute l'étendue de son talent. Cyril Bongers

07/2019

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Théâtre

Le cimetière des voitures ; La cage ; Les batteurs du temps ; God'Ass ; Tranche 85

" Un spectacle original (ou une pensée singulière) n'est que le produit de tous les mois de l'humanité." Cette remarque de Fernando Arrabal vient éclairer l'approche des pièces présentées dans ce numéro 11. Dans Le cimetière des voitures, après une catastrophe nucléaire, Milos-Ponce Pilate, un ancien proxénète, héberge sur son terrain vague - un cimetière de voitures - une bande de rockers et de punks poursuivie par des policiers. Ceux-ci recherchent Emanou, considéré comme un dangereux agitateur qui, à ses heures perdues, guérit les paralytiques, ressuscite les morts, déplace les montagnes et marche sur les eaux... Fernando Arrabal, dont l'oeuvre s'inscrit dans une tradition contestataire et iconoclaste proche de celle des surréalistes, a réalisé en 1983 un film de cette transposition moderne de l'histoire de Jésus, avec Alain Bashung dans le rôle d'Emanou. La Cage d'Yves Carchon raconte l'histoire d'un détenu en lutte contre une oligarchie liberticide. Encagé pour avoir échappé au Programme, ce parasite n'a qu'un seul but: gagner son gardien à sa cause et l'inciter à renverser l'ordre des choses. Il y parvient, non sans rouerie ni ruse. Que ne ferait-on pas pour recouvrer sa liberté ? C'est oublier pourtant la soif de pouvoir et la folie des hommes... Les batteurs du temps d'André Chauchat se passe de nos jours. Une grande entreprise, l'Horloge, est devenue entièrement automatisée. Deux mécaniciens Loïc et Abdoul (un Peul) doivent maintenant " battre le temps ", c'est à dire taper sur des gongs pour annoncer l'arrivée et le départ du personnel, les pauses, les réunions, les discours du PDG, etc ... Confrontés à ce travail idiot les deux amis résistent avec un humour corrosif à toutes les pressions (du DRH, de la spécialiste en marketing, des décideurs de tout poil). Petit à petit la musique de percussions qu'ils font avec leurs gongs et qui les sauve du désespoir devient extraordinaire. L'horloge décide de la vendre. God'Ass est une pièce en trois actes et en " Fourire " écrite par Marie Delvigne et Raymond Federman en 2005. Les deux personnages principaux Mimi (fado pinky punky) et Didi (le vieil écrivain pantouflard) s'attachent à écrire une pièce de théâtre ; ils s'emmêlent à ce jeu créatif comme Mimi s'emmêle à vouloir nouer ses lacets, elle qui préfère jouer à la marelle ou faire de la trottinette en perturbant sans cesse le pauvre Didi qui lui, désire absolument devenir dramaturge. Cette pièce passe du comique au tragique pour se terminer par le drame annonçé par Mimi : " Il ne fallait pas écrire cette pièce"... Dans Tranche 85, confinés dans un tunnel, cinq personnages étranges aux préoccupations étonnantes, parlent un curieux langage : nous sommes dans un autre temps, dans un autre univers. Malgré leur situation très sombre, ils s'entr'aident pour survivre et exister malgré tout...

07/2010

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Sociologie

Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 93-1. Fascicule 1

RESUMES Julien Bocholier. - Le "petit Homère" de Chateaubriand Cet article propose une première édition des essais de traduction de Chateaubriand contenus dans son exemplaire de l'Iliade (chants IX à XII) conservé à la Bibliothèque nationale de France (Smith-Lesouëf, 135). Après avoir proposé une datation de ces fragments, autour de 1805, et indiqué leur probable contexte de rédaction, nous examinons d'abord le rapport de Chateaubriand au texte grec, et notamment l'intermédiaire que constituait pour lui la traduction latine contenue dans son volume ; puis, nous étudions, dans Les Martyrs et Les Natchez, les passages susceptibles d'avoir été influencés par les extraits d'Homère traduits par l'auteur. Bénédicte Chachuat. - Note à Lucain, Bellum Ciuile Le vers 43 du chant 7 du Bellum Ciuile est l'un des vers les plus discutés du poème de Lucain : les éditeurs ne s'accordent pas sur le texte à éditer et nombreux sont ceux à avoir tenté de le corriger. Il s'agira dans cet article de montrer d'abord pour quelles raisons le texte transmis par les manuscrits doit être considéré comme corrompu, ce qui aujourd'hui n'est pas admis par tous les philologues. Après avoir localisé et expliqué l'erreur, nous envisagerons ensuite les différentes solutions, jusque-là insatisfaisantes, qui ont été proposées pour remédier à cette corruption. L'étude d'une conjecture inédite permettra enfin de dégager le sens attendu du passage à défaut de pouvoir reconstituer avec certitude le texte de Lucain. Catherine Dobias-Lalou. - Retour sur les contractions e+e du dialecte cyrénéen Dans sa synthèse sur le dialecte cyrénéen publiée en 2000, l'auteur proposait pour la contraction des voyelles brèves moyennes antérieures une explication grapho-phonétique originale qui n'a guère convaincu. Il semble opportun de rouvrir le dossier avec le recul du temps, bien que la documentation nouvelle ait fourni peu d'éléments discriminants. Les exemples les plus nombreux appartiennent à deux types morphologiques, les nominatifs pluriels comme ??? ? ? et les infinitifs actifs comme ??? ? ??? . En réexaminant la place de ces formes dans leurs systèmes flexionnels respectifs, on peut finalement expliquer les uns et les autres par des remaniements morphologiques, phénomène particulièrement développé dans les présents contractes en -? ? . Le dialecte cyrénéen appartient bien au dorien "sévère" . Antoine Foucher. - Les uersus aurei chez Virgile, des Bucoliques à l'Enéide En nous appuyant sur une définition stricte du uersus aureus, nous analyserons dans cet article les structures verbales, phoniques et métriques de ce type de vers dans les trois oeuvres majeures de Virgile pour y montrer l'influence de Catulle, mais aussi les évolutions en fonction des genres pratiqués par Virgile. Nous nous intéresserons aussi aux emplois du uersus aureus dans les oeuvres de Virgile : s'il est vrai qu'il apparaît souvent devant ponctuation forte, plus largement, il contribue à la colométrie virgilienne en s'associant à des structures syntaxiques déterminées, tout comme il est indubitablement associé à des structures ou à des thèmes particuliers, tels que la description. Bruno Helly. - Les datifs en et dans les dédicaces et épitaphes thessaliennes en alphabet épichorique (VIe-Ve s. av. J. -C.) Il est connu que dans les inscriptions thessaliennes des vie et ve s. av. J. -C. en alphabet épichorique, on trouve un datif singulier -? ?? , souvent simplifié en -? ? pour les noms féminins et masculins en /-a/, et un datif singulier -o ? simplifié en -o pour les noms en /-? /. Cependant, dans de nombreuses inscriptions de cette période, en particulier dans les épitaphes, ces datifs ont souvent été interprétés comme des génitifs de substantifs masculins, Un recensement exhaustif de ces inscriptions montre que ce sont bien des datifs qui sont utilisés dans les formules funéraires, associés aux substantifs ??? ? ? , ??? ? ? , ??? ? ??? ? , ??? ? et avec des verbes comme ??? ? ??? , ??? ? ??? ? ou même le simple ??? ? . On peut tirer de l'utilisation de ces datifs en -? ?? /? ? et -o ? /-o des informations non seulement pour l'histoire du dialecte, mais aussi sur la manière dont on exprimait à cette époque le rapport des vivants et des défunts au monument funéraire. Dimitri Maillard. - César et l'apparat royal Quand le 15 février 44, à l'occasion des Lupercales, César se présente vêtu de la toge pourpre et s'assoit sur une chaise curule dorée, le dictateur réactive une tradition selon laquelle ces deux éléments n'étaient associés que pour les anciens rois. Un point vient appuyer cette hypothèse : toge pourpre et chaise curule font partie des insignes de pouvoir offerts par le Sénat aux souverains alliés. Le propos s'attache à démontrer la nature royale de ces dons, qui pourraient se fonder sur un costume antérieur à l'apparat républicain. L'incompatibilité entre la chaise curule et la pourpre est levée par César aux Lupercales ; l'ensemble n'est pas commenté par ses contemporains, du fait du diadème tendu par Antoine ce jour-là, mais César réactivait en fait l'ancien apparat royal. Sophie Minon. - Dérivation en -? ? - ou en -o ? - : critères distributionnels. Le cas des anthroponymes en ??? ? ?? - vs - ??? ? ??? ? , -? ??? ? ? L'objet de cette étude était de vérifier, en prenant l'exemple des anthroponymes composés faits par dérivation en -? ? - ou en -? -, à partir du radical ??? ? °, si les échanges, abondamment représentés dans les composés lexicaux et anthroponymiques, entre les deux voyelles, en position soit de voyelle de jonction entre leurs deux membres, soit de voyelle prédésinentielle, prouvent un caractère interchangeable qui s'expliquerait morphologiquement par différentes formes d'analogies ou bien si d'autres motivations ont pu jouer, voire interférer avec la précédente. S'il est impossible de tirer de conclusions qui vaillent pour la série de noms dans sa totalité (trop de critères interfèrent, y compris celui de la mode, parfois induite par l'existence de tel porteur prestigieux du nom), il n'est du moins guère apparu que le critère aréal/dialectal, dont on a montré qu'il avait joué par exemple dans la distribution de /a : / et de /o/ prédésinentiels pour les composés du lexique, doive être, en revanche, invoqué pour leur distribution dans les anthroponymes en -? ??? ? ? /? ? et -? ? /? ??? ? ? de l'époque alphabétique. Dans la hiérarchisation de ceux qui ont véritablement contribué à la configuration de cette famille de noms, sémantique et pragmatique viennent en premier, et l'accent pourrait avoir parfois contribué au marquage du sens, tandis que certains choix morphologiques sont apparus comme infléchis par le rythme.

02/2021

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Religion

Initiation à la psychanalyse

Quel mystère n'a cessé d'entourer la psychanalyse dans l'esprit du profane ? Quelle méfiance n'a-t-elle pas suscité à mi-chemin de la curiosité et de l'angoisse ? Echec ou défaillance dans la communication des connaissances psychanalytiques, ou difficulté inhérente à une doctrine qui, par la richesse de sa teneur, se veut celle de quelques-uns ? Les tentatives entreprises pourraient nous en convaincre qui, tantôt s'égarent dans une imagerie facile et inexacte, provoquant l'enthousiasme puéril d'une foule plus avide d'occultisme que de science, de magie que de médecine, tantôt se ramassent en des formules lapidaires, prenant place au milieu des "idées reçues" pour être abandonnées aux commentaires autodidactes. Et lorsque les essais sont plus sérieux, ne se partagent-ils pas entre l'obscurité d'un langage hermétique, la clarté de notations psychologiques quasi anecdotiques, source d'un étonnement amusé qui ne conduit pas aux grandes questions, ou encore une rigueur didactique dont l'ordre et la densité satisfont la pensée par des définitions bien situées mais sans résonance affective ? Sans doute, dans l'exposé d'un domaine aussi vaste que la psychanalyse, convient-il d'accepter de n'être pas complet. N'est-ce pas d'ailleurs ce caractère incomplet qui définit toute initiation, si lui est donné son sens étymologique de commencement, d'introduction dans les voies préférentielles pour parvenir le plus directement possible au coeur même de l'étude proposée ? Tel est le but de cet ouvrage, modeste et ambitieux tout à la fois, qui ne vise ni à l'ampleur exhaustive, car il n'est pas un traité, ni à la concision exacte, car il n'est pas un précis, mais à éveiller cette inquiétude intérieure d'où naît l'interrogation ou l'angoisse que chacun, suivant ce qu'il est, pourra négliger, fuir... ou poursuivre dans l'une ou l'autre science de l'homme où la psychanalyse, sous des formes différentes, pose et éclaire les mêmes questions. Il ne sera guère évitable de rechercher dans le pathologique ce qui, sans être moins présent, demeure dissimulé ou terne derrière la banalité quotidienne. Aucun terme médical ne sera toutefois employé, malgré l'évocation diagnostique possible à certaines descriptions cliniques, car cet ouvrage n'est pas non plus un livre médical. - Aussi bien, est-ce à travers les données de la psychologie que nous chercherons l'angle d'observation le plus évocateur des notions psychanalytiques (1), - Qui nous conduiront, de proche en proche, aux grandes lois de la biologie (II), - Et aux prolongements des dimensions individuelles dans la sociologie (III). - Un retour à la thérapeutique psychanalytique, à son esprit plus qu'à sa technique (IV), - Achèvera de donner aux origines historiques des idées psychanalytiques un caractère moins anecdotique, mais plus prodigieux (V). Quelques courtes indications bibliographiques termineront ces pages dont ce serait, en effet, le succès de laisser leur lecteur insatisfait.

01/1965

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Critique littéraire

La silve. Histoire d'une écriture libérée en Europe, de l'Antiquité au XVIIIe siècle

Stace (c. 40-96) a conçu avec ses Silvae (" poèmes-forêts ") un genre d'écriture nouveau, qui doit beaucoup à Horace. Mais la perspective n'est pas celle du moraliste et Stace y déploie une inspiration du coeur, calor subitus, liée à une virtuosité improvisatrice. Dégagées de la fureur platonicienne, soumises à une inspiration humorale et mystérieuse, étayées par une culture profonde et multiple devenue seconde nature, les Silves, après les oeuvres ovidiennes, se jouent des tabous génériques, tâchent d'embrasser la variété du monde humain, au risque de se perdre dans les détails. L'écriture désormais ne connaît plus d'autre convenance que celle qu'imposent les mille facettes de la vie et de l'humeur de l'écrivain. L'exemple de Stace influencera profondément la latinité tardive, dont maints auteurs comme Ausone, Ambroise, Prudence, Claudien ou Sidoine Apollinaire reproduisent cet engouement pour une écriture " biographique ", éthiquement et scientifiquement cautionnée par sa spontanéité, liée à la varietas. Le Moyen Age n'a pas ou guère connu les Silves de Stace, mais il a connu ses imitateurs, notamment Sidoine Apollinaire. L'appellation " dit ", d'abord appliquée à des descriptions-digressions à la manière sidonienne, finit par désigner en particulier un type d'oeuvres poétiques très souple, un " mode de dire " caractérisé à la fois par la diffusion d'un certain savoir et/ou d'une morale de vie et la prise en charge explicite de ce savoir ou de cette morale par le " je " qui écrit. Cette nouvelle écriture s'épanouit au XIIIe siècle, grande époque de l'avènement de la subjectivité littéraire. Comme la silve, le dit, héritier indirect de la silva, représente donc au Moyen Age une forme d'écriture libérée. A la Renaissance, bien après la redécouverte des Silves par Poggio Bracciolini en 1417, l'humaniste florentin Ange Politien (1454-1494), relance la mode de l'écriture " silvaine ". Après lui, l'Italie puis l'Europe entière vont produire en abondance des oeuvres variées sous le titre de silves, ou sous d'autres titres connotant une écriture de la variété mêlée, de l'apparente spontanéité fondée sur une singulière érudition. Ces oeuvres, la plupart du temps inclassables dans les genres canoniques, touchent à tous les domaines intellectuels : poésie lyrique de circonstance, poésie épico-héroïque, poésie didactique, miscellanées encyclopédiques, traités philosophiques et scientifiques, arts plastiques, musique. L'écriture de la silve dépasse la chronologie traditionnellement attribuée à la Renaissance pour fleurir aux XVIIe et au XVIIIe siècles. Les auteurs de silves tendent généralement à souligner le caractère hors-norme, voire anti-normatif, de leur écriture, sa profonde individualité – une manière d'essai –, son plaisir spécifique : un rapport particulier au matériau traité, une dégustation vertigineuse du détail savant ou esthétique, que souligne d'ordinaire un style souvent paratactique simulant une certaine oralité. Le présent volume essaie de rendre compte, dans la diachronie, de ce phénomène protéiforme, commun à toute l'Europe du début des temps modernes.

10/2013

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Musique, danse

Pratique de la musica ficta au XVIe siècle dans les tablatures de luth. Edition en 2 volumes

Les tablatures de luth ont l'immense avantage sur les autres sources musicales, qu'elles soient vocales ou instrumentales, de noter non pas les notes de musique, mais les lieux où placer les doigts de la main gauche sur la touche. Par conséquent, les altérations y sont précisément indiquées. Grâce à leur analyse, nous obtenons une sorte de photographie des pratiques des instrumentistes du XVIe siècle. Le répertoire étudié se concentre sur les transcriptions de chansons, de motets et, dans une moindre mesure, de danses de Francesco da Milano, Albert de Rippe, Jean-Paul Paladin, Guillaume Morlaye et Adrian le Roy, sans exclure les compositions originales que sont les fantaisies. L'original a été reproduit à chaque fois que cela était possible. La transcription diplomatique en notation musicale permettra aux lectrices et lecteurs qui ne sont pas luthistes de les décrypter. Avant d'aborder un tel répertoire, il est absolument nécessaire d'exposer quelques principes essentiels sans lesquels il ne serait guère possible de tirer des conclusions utiles sur les pratiques des musiciens du XVIe siècle. Cela fait l'objet des trois premiers chapitres. Les six chapitres suivants abordent la question de l'emploi des tons anciens et de leurs altérations accidentelles dans les tablatures de luth, pratique désignée aujourd'hui - d'une manière quelque peu réductrice puisque certains accidents appartiennent à la musica recta -, par l'expression musica ficta, d'où le titre de cet ouvrage. Enfin, les trois derniers chapitres sont consacrés à des questions particulières : emploi des intervalles augmentés et diminués ; altérations dans la figuration et les tons ambigus. Ce volume a été conçu de manière à ce qu'il soit possible de consulter un chapitre indépendamment des autres en fonction de ses propres recherches d'où la présence de nombreux renvois permettant soit d'effectuer des comparaisons soit de retrouver une notion nécessaire à la compréhension du propos. La table des matières, l'index des termes techniques et celui des noms propres permettent aussi de s'orienter dans l'ouvrage. Les bibliographies donnent aussi bien les références des sources musicales et théoriques que celles des éditions modernes et de la littérature musicologique. Grâce aux pratiques exposées dans le présent volume, les interprètes pourront (ré)introduire les altérations, lacunaires dans les tablatures de clavier ou les danseries, avec le plus haut degré possible de vraisemblance. En effet, si l'interprétation authentique de la musique ancienne demeure une utopie, l'observation rigoureuse des pratiques du temps permet au moins d'étayer nos choix. Cette recherche sera aussi profitable aux chanteurs. Certes, la pratique des altérations est parfois fort différente dans le répertoire instrumental, particulièrement en ce qui concerne la figuration. Cependant, nous y retrouvons également nombre d'altérations attestées non seulement dans les sources vocales, mais aussi dans les traités du XVIe siècle. Une bibliographie des sources de l'original vocal de chaque tablature étudiée a donc été établie.

05/2018