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Elodie Argaud

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SES (Sciences économiques et s

Toutes les matières 1re Spécialités Sciences Eco. Edition 2021-2022

Tous les enseignements communs et les enseignements de spécialité sciences humaines - Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques/SES/Maths - Les cours complets, pour comprendre et mémoriser l'essentiel - Des sujets corrigés et toutes les méthodes des nouveaux sujets du Bac en français - Le descriptif détaillé de l'épreuve anticipée de français et des évaluations communes - Des exercices, tous corrigés, pour s'entraîner en maths

07/2021

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Multi-Matières Général

Enseignement scientifique & Maths Tronc commun 1re générale

Un outil de travail complet et efficace, conforme au nouveau programme de tronc commun en Maths et en Enseignement scientifique, en 1re générale. Dans chaque chapitre : le cours, les méthodes clés, des exercices et sujets corrigés. Pour vous accompagner tout au long de votre Première et vous aider à avoir un bon dossier ParcourSup. Sur chaque thème du programme de Maths et d'Enseignement scientifique 1re générale - Un cours synthétique et visuel - Une grande carte mentale récapitulative - Des fiches de méthode - Des exercices progressifs - Des sujets de contrôle continu - Tous les corrigés détaillés Gratuit, avec l'achat du livre : un abonnement au site de révision (Lien -> http : //www. annabac. com/) - Dans chaque matière, sur chaque thème du programme de 1re, un parcours de révision interactif : avec des fiches, des quiz et des sujets corrigés - Des conseils pour bien s'orienter

10/2023

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Revues de psychologie

Nouvelle revue de psychosociologie N° 35, Printemps 2023 : Le consentement. Clinique, éthique, politiques

La question du consentement s'invite dans notre quotidien, de nos relations amoureuses aux systèmes numériques qui nous demandent quotidiennement notre accord, jusqu'aux candidats qui quêtent nos suffrages. Pourtant, si le mot est courant, la chose est tout sauf simple. L'actualité nous rappelle que le consentement n'est pas simplement psychologique mais aussi social et politique : un peuple consent-il à la guerre ? A quoi consent-on quand nous disons consentir ? Le droit parle d'un consentement libre et éclairé, mais les conditions d'un tel consentement sont-elles souvent réunies ? Dans sa nouvelle Bartleby, Melville met en scène un employé qui, à chaque demande de son employeur, déclare calmement "j'aimerais mieux pas" - (I would prefer not to). Cette résistance passive, non violente, mais qui ne consent jamais, pose le problème de la forme que peut prendre le non-consentement et de ses conditions de possibilité. Qu'est-ce que consentir ? Et à quoi consent-on ? Les dictionnaires nous indiquent que le consentement désigne tout à la fois l'action de donner son accord et le résultat de cet accord. Quelles sont les limites du consentement ? Entre accord, acceptation, autorisation, acquiescement, approbation, quelles sont les spécificités du consentement ? Ce numéro s'intéresse à une approche multidisciplinaire de ces problématiques du consentement. Le phénomène, s'il est psychosocial c'est-à-dire à l'articulation de la vie psychique de l'individu et de son inscription sociale, s'enracine également dans des institutions, des dispositifs, des représentations collectives, des changements de régime de vérité et de sensibilité. A ce titre, il touche de nombreuses autres disciplines : l'histoire, la sociologie, la psychanalyse, la médecine, les études de genre, mais aussi le droit, la gestion ou la philosophie. Et c'est souvent à l'articulation de ces disciplines que se posent les problèmes cruciaux évoqués ici.

06/2023

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Suspense

l’énigme d’Isolabona

Un roman où trois ados sont les héros d'une nouvelle aventure en Ligurie, pleine de mystère et de rebondissements. â¢Ce qui devait être des vacances entre ados se transforme en une palpitante enquête. â¢La découverte d'un village ligure, son histoire, ses coutumes. â¢Le mystère serait-il la mémoire des maisons d'Isolabona ? â¢Un secret les menace et jusqu'au dénouement, les périls seront grands. â¢Des épreuves mais néanmoins leur courage les guidera face à l'ombre qui guette. â¢L'amour, le sens de l'honneur les entraînent dans un labyrinthe d'émotions. â¢Le latin, pour communiquer, remplacera un temps la langue anglaise. Après le formidable dénouement du Mystère du petit manteau bleu, nous retrouvons Lou, Ludovic et Léa Bienaymé, détectives malgré eux, confrontés à une fulgurante enquête menée en Italie où rien ne va se passer comme prévu. Ces ados sont de la trempe des aventuriers ! Pourtant quelle terrible émotion pour Léa, la benjamine, quand ils se retrouvent seuls par une nuit d'hiver dans un pays inconnu, sans en comprendre la langue et n'ayant même plus de connexion internet. Ce ne sont là que les prémices d'une incroyable épopée, où ils seront confrontés à la nature et à un déchaînement de forces incontrôlables. Qu'ils regardent d'un côté ou de l'autre, ils n'aperçoivent que l'écume des torrents de montagne et, sur une île, un village fortifié, désert, situé non loin du pays des sorcières. C'est Isolabona, l'ancien fief de la famille Doria, illustre famille génoise. Ce sera la découverte d'un magnifique village ligure, de son histoire et de ses coutumes. Lou, grâce au latin, espère bien communiquer avec les villageois, s'il en reste ? De hautes maisons de pierre, des ruelles étroites, surmontées d'arches, soutiennent et lient les maisons entre elles. Un secret, à n'en pas douter, hante ce village comme un mauvais sort ? Bien trop fureteurs, ces jeunes devront faire face à des situations inouïes, à des sortilèges ! Ils pénètrent dans une curieuse maison, s'y perdent et, par le plus grand des hasards, franchissent le seuil d'un autre monde où, certaines nuits de pleine lune, s'élève au pied d'une tour la mélodie envoûtante d'une harpe... La sublime Paolina et son frère, l'énigmatique Gianni, donneront une note plus surprenante à leur aventure. Les lumières sont éteintes, seuls les jeunes veillent, emportés dans le labyrinthe d'une enquête pleine de sensations et de rebondissements. Mais seront-ils en mesure d'échapper au danger qui les guette et de résoudre l'énigme qui fit trembler jadis Isolabona ? A propos de l'auteure : Après Le Mystère du petit manteau bleu, Maroushka Dobelé nous livre aux Editions du Volcan son deuxième roman jeunesse, L'Enigme d'Isolabona, où l'on retrouve le trio d'ados détectives malgré eux. Le parcours de Maroushka Dobelé se résume en deux mots : danse et écriture. Pendant toute sa formation de danseuse classique, elle n'a jamais cessé d'écrire. La toute jeune ballerine inventait des contes féeriques qu'ensuite, dans une autre forme d'écriture, elle chorégraphiait. Après une carrière de danseuse et de chorégraphe, elle ne danse plus aujourd'hui qu'avec les mots.

12/2022

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Autres

Philosophie N° 150, juin 2021

La conférence d'Emil Lask "Hegel dans son rapport à la conception du monde des Lumières", traduire et présentée par Emmanuel Chaput, clarifie le rapport ambivalent que Hegel entretint avec les Lumières. Pour Lask, l'idéalisme allemand (dont Hegel fait aussi partie) est l'héritier des Lumières, pour lesquelles la réalité donnée doit être subordonnée à une valeur rationnelle absolue, mais à la différence de Kant et Fichte, Hegel refuse de penser cette valeur comme un simple devoir-être (Sollen) ou un idéal asymptotique. Lask dépeint ainsi Hegel comme un penseur non pas de la Restauration, mais de la valeur contre la simple norme ou le simple devoir-être. En faisant des monades les particuliers de base de son système, Leibniz propose une métaphysique concurrente, rivale de celle défendue par Strawson dans Individuals. Dans "P. F. Strawson et la critique des monades , Paul Rateau montre que les critiques soulevées par Strawson reposent sur deux interprétations contestables : l'assimilation de la notion complète de la substance individuelle à une description exhaustive en termes généraux, et la réduction de la monade à la conscience pure. B répond aussi au reproche qu'il adresse à Leibniz d'introduire des considérations extra-logiques dans son traitement de la question de l'individuation. Dans "Bergson et le schématisme cinématographique de l'intelligence", Arnaud Bouaniche élucide le rôle du cinéma dans le quatrième chapitre de L'Evolution créatrice de Bergson, à la lumière d'un rapprochement précis avec la doctrine kantienne du schématisme des concepts purs de l'entendement. Il dégage la thèse selon laquelle le cinéma n'est pas seulement pour Bergson une machine à produire de l'illusion (l'illusion du mouvement) mais cet "art caché", désormais rendu visible, qui commande notre connaissance spontanée du réel. Dans "Levinas : la sensibilité ou la vie de la raison", Paula Lorelle éclaire l'ambition lévinassienne d'un élargissement de la rationalité. Sous les termes de raison et de rationalité, il est aussi bien question d'une raison suspecte qui ne survit qu'en ant l'altérité, que d'une raison nouvelle qui s'ouvre en son épreuve. B s'agit dans Autrement qu'être de comprendre cette autre rationalité comme une raison sensible, décrite en termes d'éveil dans Entre nous et De Dieu qui vient d l'idée ; l'équivocité du terme raison désigne les deux moments d'un seul et même procès d'endormissement et d'éveil de la raison. Dans "Texte de l'espace — espace du texte", Ai Maeda détermine l'expérience spatiale propre à la littérature à partir d'une analyse phénoménologique de l'acte de lecture, qu'il reformule ensuite selon les axiomes de la topologie, et il replace son analyse de l'espace vécu au sein de la représentation littéraire de la spatialité concrète qu'est l'espace urbain moderne. Ce faisant, sa démarche théorique se double d'une critique culturelle de la modernité japonaise. On peut ainsi lire la spatialité pensée par Maeda comme l'une des premières réponses, de la part de la pensée critique contemporaine japonaise, au basée de Kitarô Nishida et des philosophes de l'école de Kyôto. D. P.

06/2021

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Beaux arts

Balthus. Une biographie

Voici la première biographie complète de l'un des peintres les plus énigmatiques du XXe siècle, né en 1908 et mort en 2001, l'un des plus scandaleux aussi : la thématique sexuelle qui imprègne son œuvre ne valut-elle pas à l'une de ses toiles, La Leçon de guitare (1934), d'être soustraite à la vue du public aux Etats-Unis ? Il faut dire que celui qui n'hésitait pas à poser dans Paris-Match tout en affirmant qu'il détestait afficher sa vie privée, celui qui distillait de savantes interviews dans Le Monde ou Le Figaro tout en récusant la critique, qui se présentait comme le comte Balthus Klossowski de Rola, descendant de Lord Byron, cousin des Romanov et des Poniatowsky, alors qu'il était né à Paris d'émigrés polonais, apparaît au terme de ce récit comme un personnage vraiment hors du commun. Enfant prodige, il illustre à 12 ans une belle histoire de chat, Mitsou, écrite par Rainer Maria Rilke, alors l'amant de sa mère, la tendre Baladine. Son enfance, comme celle de son frère, Pierre Klossowski, est baignée par l'atmosphère intellectuelle de la vieille Europe. Mais sa famille est sortie appauvrie du conflit mondial, et il en souffre. Bientôt, ses amis auront pour nom Antonin Artaud, Pierre Jean Jouve, André Derain, Alberto Giacometti, Pablo Picasso. Commence alors une irrésistible ascension. Son œuvre, exposée pour la première fois en 1934, divise tout de suite la critique tant elle est violente et prend à rebrousse-poil les canons dominants de l'art moderne. Ce qui n'empêchera pas André Malraux, devenu ministre de la Culture du général de Gaulle, de confier à Balthus la direction de la Villa Medicis à Rome en 1961. Une extraordinaire consécration pour l'enfant pauvre et le jeune ambitieux. La biographie s'ouvre sur le récit des premiers contacts de l'auteur avec l'artiste, chez lui, en Suisse. Premiers mensonges, premiers troubles de Nicholas Fox Weber devinant bientôt que si le maître reclus a accepté de le recevoir, c'est pour le convaincre de chanter sa gloire - paroles et musiques composées par lui. Bref, qu'il raconte une vie d'aristocrate dévouée à l'art, commente une œuvre tout entière dédiée à la recherche formelle - loin de toute implication érotique. Le jeu du chat et de la souris commence, ces deux-là ne se perdront plus de vue, et cette intrigue dans l'intrigue n'est pas le moins amusant du récit. L'obstination de Nicholas Fox Weber sera récompensée : avec une habilité consommée, une grande connaissance de l'œuvre et une parfaite maîtrise de la critique formelle, il excelle à faire surgir le non-dit des compositions et de la palette du peintre, confirmant ou anticipant ce que lui diront les témoins et ce que révèlent les documents. S'affirme alors la silhouette d'un despote magnifique, affabulateur de génie, qui passa son temps à brouiller les cartes pour qu'il ne soit pas dit qu'il consacra sa vie et son œuvre au parachèvement de ses passions érotiques et à l'exercice de la toute puissance.

05/2003

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Monographies

Guillaume Pujolle. La peinture, un lieu d'être

Dans Guillaume Pujolle. La peinture, un lieu d'être, Blandine Ponet part sur les traces de Guillaume Pujolle (1893-1971) qui fut menuisier, douanier, mais aussi peintre. Il fut interné une grande partie de sa vie à l'asile de Braqueville, à Toulouse ? ; c'est de ce lieu qu'est partie Blandine Ponet, où elle-même travaille comme infirmière en psychiatrie. De là, elle tire les fils de la complexe destinée de l'artiste, ce qui l'entraîne aussi à se pencher sur l'histoire de la psychiatrie, du surréalisme, de l'art brut ou de la dévastatrice première guerre mondiale. Telle est sa manière de lutter contre "? l'oubli, l'immobilisme, l'absence d'histoire, l'ordre et la routine ? ". Retrouver quelques noms, quelques dates, quelques faits qui composent une inextricable pelote de passé, cela sauve du vertige face à un "? monde illisible ? ". C'est, pour Blandine Ponet, un premier pas pour appréhender l'art déroutant de Guillaume Pujolle, pour parvenir à regarder ses peintures dans toute leur violence acérée et colorée ? : "? La forme et le chemin qui y mène, dit Paul Klee. Apprivoiser les peintures de Pujolle, construire son propre regard et sa manière de les voir et les comprendre. Apprivoiser ce qu'elles contiennent et transmettent de folie et de douleur pour pouvoir les regarder enfin. ? " Retracer l'histoire du peintre et de son oeuvre, c'est apprendre à voir de manière plus juste, plus vibrante. Blandine Ponet cherche ainsi à remonter aux premiers événements qui témoignent d'une reconnaissance naissante de l'artiste. Lorsqu'une exposition d'oeuvres de malades est organisée en 1946 à l'hôpital Sainte-Anne par le docteur Gaston Ferdière, qui s'occupait également d'Antonin Artaud, on pouvait voir, entre autres, La mort du vieux Boers de Guillaume Pujolle. L'année suivante, à l'occasion de l'exposition Le surréalisme en 1947 à la galerie Maeght, on pouvait voir un étrange revolver fabriqué par Guillaume Pujolle. Dans son récit, Blandine Ponet rend également tout leur intensité à des fragments de l'histoire d'un siècle, en évoquant le choc qu'a pu constituer la première guerre pour Guillaume Pujolle, qui fut mobilisé les quatre années qu'elle dura. Choc que l'on peut pressentir dans plusieurs de ses peintures, notamment dans sa série de bateaux ? : "? Sauf un ou deux qui ne sont pas nommés, ils portent pour la plupart des noms précis qui reviennent ? : Lutetia, Provence, Normandie, Sirocco. [... ] Le Provence était un paquebot transatlantique qui fut lancé en 1906. Converti en croiseur, il sert aussi au transport des troupes vers les Dardanelles en janvier 1915. Quant au Lutetia, c'était un croiseur auxiliaire qui fut également affecté au transport des troupes à Salonique de 1915 à 1917. ? " Guillaume Pujolle lui-même passa deux années à Salonique durant la guerre, dont il se souvient sans doute en peignant ces flots "? impétueux et foisonnants ? ". Regarder avec attention les peintures de Guillaume Pujolle revient alors à tirer de l'oubli leur puissance plastique saisissante autant que la violence des tourments du siècle dernier.

01/2024

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Livres 3 ans et +

Fables

Les Fables occupent une place singulière dans notre mémoire : par le souvenir que nous gardons de ces poèmes devant lesquels nous sommes restés enfants, mais aussi par la grâce de tant de vers devenus proverbiaux  et que notre parole quotidienne fait renaître. Et tout se passe comme si une correspondance secrète se maintenait de siècle en siècle entre ces Fables et l'identité de notre pays comme de notre langue. Le premier recueil paraît en 1668, et le second dix ans plus tard. Le succès est immense et les poèmes, alors, appartiennent pleinement à leur temps : la France du règne de Louis XIV. Mais le mystère de leur pouvoir est de s'émanciper très vite de cet environnement immédiat, d'éclairer nos réalités successives, d'allier de manière toujours éclatante le particulier et l'universel. Dans cette "comédie à cent actes divers, / Et dont la scène est  l'Univers" , le texte se dérobe à toute signification définitive. Mais La Fontaine, à chaque page, nous convainc que la poésie, à ses yeux, demeure instrument de connaissance : il existe une beauté du savoir - et nous ne cessons pas de la retrouver en lui. Edition de Jean-Charles Darmon et Sabine Gruffat.

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Poésie anthologies

Poèmes de minuit, inédits 1936-1940

La publication d'un trésor qu'on croyait perdu. Soixante-quinze ans après sa disparition, des dizaines de poèmes inédits de l'écrivain surréaliste, résistant mort dans les camps, ont été retrouvés par miracle dans quatre cahiers exhumés lors d'une vente de livres anciens. Des poèmes inédits de Robert Desnos ont été retrouvés, Desnos, le poète de la liberté et de l'amour, le voyant inspiré, le surréaliste à la fibre populaire ayant joué un rôle si fondamental auprès d'André Breton, le résistant qui trouvera la mort dans le camp de Teresin en Tchécoslovaquie, en 1945. Ces textes ont été composés en 1936-1937. A cette époque Desnos s'était fixé pour contrainte d'en écrire chaque soir vers minuit. Après avoir pratiqué le journalisme, il consacrait alors beaucoup de temps à la radio, media pour lequel il s'était pris de passion (composant des slogans publicitaires pour Radio-Luxembourg et le Poste-Parisien, écrivant une pièce radiophonique avec son comparse Antonin Artaud sur une musique de Kurt Weill). Mais il s'obligeait, pour rester en contact avec la poésie à écrire un poème " forcé " tous les soirs. Parfois " le poème s'imposait, il s'était construit de lui-même au cours de la journée. D'autres fois le cerveau vide, c'était un thème inattendu qui guidait la main plutôt que la pensée ", écrit-il. On y trouve des bandes de gamins parisiens, Napoléon 1er, le " maréchal Ducono ", des " nymphes qui dansent dans des clairières ", un drôle d'animal qui " tient de l'arbre et de l'éponge ", des faisans et des coqs, l'éclat du soleil et des étoiles, les quais de seine, un brouillard matinal en automne, des souvenirs de la grande guerre alors qu'il était adolescent, l'amour et l'amitié, l'histoire d'un pirate affligé d'un chagrin d'amour, une ode à l'aube naissante (" La lumière qui grandit / n'est pas la même que celle qui meurt. "). Beaucoup d'humour aussi chez cet amateur de farce et de calembours, dans des quatrains rimés où il s'en prend aux gradés, aux prêtres et aux juges. Certains de ces poèmes ont rejoint le recueil Fortunes, en 1942 d'autre Etat de veille en 1943. Ceux qui n'ont pas été publiés viennent donc d'être retrouvés dans quatre précieux cahiers reliés datant de 1940, à l'occasion d'une vente et de l'acquisition faite par le bibliophile et collectionneur Jacques Letertre. On y découvre l'écriture régulière de Desnos qui s'était appliqué en vue d'une prochaine parution à recopier, corriger quatre-vingt poèmes, complétés par des dessins de sa main. En 1940, Desnos revient à lui-même et se juge, accompagnant d'une ou deux croix les poèmes qu'il trouvait les meilleurs. A l'époque où il recopie ces poèmes, Desnos rejoint le quotidien Aujourd'hui, qui va bientôt glisser dans la collaboration. De son poste d'observation, il collecte des renseignements pour le réseau de résistance " Agir ". Il mènera ce combat jusque 1944. Dénoncé, arrêté par la Gestapo, Desnos connaîtra la prison de Fresnes, le camp de Compiègne, puis Auschwitz, Buchenwald, Flossenbürg, Floha et Teresin, où, survivant des " marches de la mort ", il succombera au typhus. Il n'avait pas 45 ans.

02/2023

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Grèce classique

Nouvelle histoire d'Athènes. La cité vue de l'Agora, Ve-IVe siècle av. J.-C.

Plongez au coeur de la vie quotidienne athénienne à son apogée. L'histoire de l'Athènes antique semble bien connue : la démocratie prend place à l'Assemblée sur la Pnyx, Athéna est honorée sur l'Acropole, les métèques sont nombreux et inférieurs aux citoyens, etc. Mais les récentes recherches nous invitent à repenser notre vision de la Grèce et de sa capitale. Ce qui implique de changer de perspective en regardant, non pas vers les hauteurs de l'Acropole et de la Pnyx, mais en contrebas, vers la place publique qu'est l'Agora. En effet, partir de l'Agora permet de restituer le bouillonnement de la cité grecque qui, contrairement aux idées reçues, n'est en rien figée et désincarnée. Riche d'activités économiques et industrieuses, la place incarne l'effervescence de la vie quotidienne, mais elle n'en est pas moins un des lieux privilégiés de la politique athénienne. Ainsi, les marchands en tout genre perturbent les débats du Conseil et les cochons à vendre sur le marché côtoient les discussions de Socrate. A travers une série de questions, cet ouvrage bat en brèche tous les poncifs sur l'Athènes classique : les femmes étaient-elles cantonnées à une vie de réserve et de discrétion ? Les informations qui circulaient étaient-elles à l'abri des fake news ? Les lois étaient-elles accessibles à tous ? En une quinzaine de chapitres, Nicolas Siron et son équipe d'historiens nous proposent un récit vivant de l'Athènes antique et, ce faisant, renouvellent profondément notre vision politique, sociale et religieuse de la cité grecque. LA synthèse indispensable. Sommaire 1. Le marché, un espace de non-droit ? Fraude et tromperie dans les échanges marchands // Louise Fauchier 2. Les étrangers étaient-ils inférieurs aux citoyens ? La balade d'Athénogénès l'Egyptien sur l'Agora // Romain Guicharrousse 3. Les femmes à Athènes : une vie de réserve et de discrétion ? Des citoyennes sur la place publique // Violaine Sebillotte Cuchet 4. Les lois étaient-elles accessibles à tous ? L'instruction civique et juridique des citoyens // Antoine Chabod 5. L'activité politique exigeait-elle de faire preuve de bienséance ? Insultes et dérision dans la vie publique athénienne // Jean-Noël Allard 6. Voter les lois, une pratique réservée aux citoyens à l'Assemblée ? L'importance des tribunaux dans la démocratie // Nicolas Siron 7. La politique athénienne était-elle à l'abri des fake news ? La circulation des informations dans l'Athènes classique // Marie Durnerin 8. Les repas, un outil de la démocratie ? A la table des Athéniens // Pauline Schmitt Pantel 9. Athènes était-elle la cité d'Athéna ? Les douze dieux et autres configurations divines // Vinciane Pirenne-Delforge 10. Les statues grecques n'étaient-elles que des oeuvres d'art ? Les Tyrannicides d'Athènes, un lieu de mémoire politique // Vincent Azoulay 11. Les mythes : de simples fables ou des histoires politiques ? La Stoa Poikilè, un lieu de mémoire visuelle // Sonia Darthou 12. Les soldats athéniens étaient-ils tous des hoplites ? L'organisation des forces armées // David M. Pritchard 13. La philosophie était-elle fille de la cité antique ? Socrate, ou l'ennemi intime de la démocratie // Arnaud Macé 14. Dans l'Athènes antique, tout n'était-il que " noble simplicité et grandeur calme " ? Le paysage sensoriel de l'Agora // Adeline Grand-Clément 15. La médecine grecque, une approche purement théorique ? Les pratiques de soin dans l'Athènes classique, entre cabinets médicaux et sanctuaires // Hélène Castelli 16. Athènes, une cité ludique ? L'importance des jeux dans la vie quotidienne // Par Barbara Carè et Véronique Dasen

04/2024

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Thèmes photo

Syrinx

Ecouter/voir : la culture occidentale a depuis longtemps isolé sinon opposé ces deux champs de notre vie perceptive : là où l'oeil objective, met à distance le monde afin de le soumettre aux rigueurs de la raison, l'oreille immerge le sujet dans ce même monde et au besoin conduit à son envoûtement. Alors que la vue dispose du temps, l'écoute doit se saisir de l'instant dans lequel ce qui lui est dû surgit pour disparaître. Nous aurions tort de croire cette typologie inébranlable. Ce que l'on peut appréhender de l'ouïe des oiseaux bouleverse la rigidité d'un tel modèle : leur usage de l'écoute semble allier une dimension active et directionnelle de l'ouïe, à l'instar de la vue, et une relative indifférence aux traits de rythme et de mélodie portés par ce que nous appelons peut-être un peu lestement leur chant. Celui-ci se caractérisant davantage par la présence de motifs dont l'ordre temporel importe peu. C'est peut-être cette énigme du chant et du monde sonore en général, celui qui nous envahit et nous pénètre comme pour nous animer, que les images de Joséphine Michel déploient dans le registre en apparence si hétérogène du visuel. Ses photographies d'oiseaux le plus souvent écartent d'emblée la figure ou les grâces du corps entier, et le mythe du défi lancé à la pesanteur. Elles se consacrent à une forme de révélation de ces motifs qu'une saisie intime et singulière conduit aux confins de l'abstraction. Ce sont des yeux et des plumes que l'on ne peut se contenter de regarder mais au sein desquels nous sommes soudain plongés, comme si le regard pouvait perdre un temps de sa faconde et rejoindre, à travers l'observation aimantée, la passion de l'écoute. Comme s'il n'y avait plus seulement à déchiffrer, à lire, mais aussi à capter, et à se laisser capter. A rejoindre tout ensemble la saisie et le saisissement. Dans un texte remarquable et audacieux, l'anthropologue Tim Ingold nous entraîne dans un questionnement de cette trop évidente dualité entre la vue et l'ouïe, dualité sans doute inféodée aux techniques issues de l'écriture. A partir de l'étude des sons des oiseaux, il interroge des pratiques chamaniques de guérison, chez les Shipibo-Conibo, à l'est du Pérou, dans lesquelles une conception aérienne de l'être se substitue à l'approche corporelle, et où lumière et chant échangent leurs formes et leurs voies : éphémères et irradiantes figures qu'il ne s'agit pas non plus de lire mais d'entendre. "Lorsque le motif est libéré dans le chant, la lumière se transforme en son. Serait-ce la clé du mystère de la façon dont l'oiseau perçoit son chant ? En tant que composition de lumière, de couleur et de son, l'oiseau est en effet un esprit. Lorsque le chaman entend le choeur de ses assistants spirituels, il pourrait tout aussi bien écouter le choeur du chant des oiseaux, puisque pour lui, les oiseaux sont des esprits, et les esprits des oiseaux. Est-ce trop demander que d'imaginer que lorsque nous entendons l'oiseau chanter, l'oiseau lui-même - avec son oeil dans l'oreille - "voie" son propre son comme un motif dans la lumière ? Ou que c'est ainsi que les autres oiseaux de son espèce, dans les environs, le "voient" également ? Ces visions audibles sont peut-être hors de portée des humains ordinaires qui, comme les patients des cérémonies de guérison Shipibo-Conibo, n'entendent que le chant. Pour nous, l'interchangeabilité de la lumière et du son est difficile à saisir. Mais pour l'oiseau, c'est parfaitement évident. Comment, veut-il savoir, pouvons-nous prétendre entendre des sons sans les voir ? " T. I.

10/2023

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Multi-Matières Général

Objectif BAC 2024 - 1re Tous les enseignements communs

Cet ouvrage propose : L'essentiel sur les 12 oeuvres et parcours littéraires au programme du Bac de français 2024Les connaissances et les méthodes indispensables pour réussir les épreuves écrite et orale du Bac de françaisDes sujets-types du Bac de français, entièrement corrigésLes cours complets en histoire-géographie, enseignement scientifique-mathématiques et langues vivantes pour réviser et réussir vos contrôles continus dans ces matièresToutes les informations sur la réforme du lycée, le nouveau BAC expliqué et le contrôle continu comptant pour le BAC.

07/2023

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Lycée parascolaire

Sciences de la vie et de la Terre Tle S spécifique & spécialité. Edition 2018

Un ouvrage synthétique et méthodique, comprenant fiches de cours et sujets de bac corrigés. Pour vous préparer efficacement à l'épreuve de SVT (spécifique et de spécialité). - Des ressources 100 % efficaces Sur chaque thème du programme : - des fiches de cours synthétiques, pour mémoriser l'essentiel - un quiz, pour faire un bilan rapide de vos connaissances - des exercices de bac types, corrigés pas à pas, pour vous entraîner dans les conditions de l'examen - L'accès gratuit au site annabac. com Notez qu'avec ce livre, vous pouvez également bénéficier d'un accès gratuit aux ressources du site annabac : fiches et podcasts de cours, quiz, exercices et sujets corrigés...

09/2018

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Littérature française

Elle, Adrienne

Et d'abord, Elle, Adrienne, qui est-ce ? Vivant mystère qui se donne, se reprend à travers ses vérités et ses mensonges, l'homme qui l'a aimée, le capitaine Ulric Muhlen, se le demandera tout au long de sa vie, tout au long de ce livre. Derrière ses aveux successifs et contradictoires, quelle enfance cache-t-elle, quels secrets ? Comment est-elle devenue cette femme d'exception qui a fait de son seul prénom une griffe d'élégance et de beauté, quels troubles liens l'attachent à l'énigmatique Licia, quelle a été son existence avant que ne la rencontre Ulric, jeune aristocrate originaire de Bohême, que le hasard des événements et la guerre ont transformé en officier de l'armée allemande d'occupation, à Paris ? L'amour se nourrit de toutes les incertitudes, y compris celles du coeur, et c'est peut-être parce qu'il la connaît de moins en moins bien à mesure qu'il l'aime davantage qu'Ulric ressent pour Adrienne l'obscure, la violente, Adrienne la changeante, l'imprévisible, une de ces passions qui marquent un homme pour toujours. Issu de ces grandes tribus nobles de l'Europe Centrale où seuls comptaient les immenses domaines, la chasse, les forêts, la caste et les chevaux, où l'on vivait encore, à la veille de la guerre, dans le faste désuet de l'ancienne monarchie austro-hongroise, où la politique, les intérêts et le Gotha se confondaient dans une étrange arithmétique de cousinage et de tradition qui ne respectait guère des frontières plus récentes que les familles, Ulric arrive d'un autre univers dans le Paris chuchoteur, encore frivole mais inquiet, des années 40. Tandis que s'agitent autour d'eux les petits comploteurs et que se préparent au loin les grands bouleversements du monde, qui les sépareront, le jeune officier et elle, Adrienne, bravent les préjugés, parce qu'ils s'aiment. Pendant ce temps, seul à Marseille où l'a conduit l'exode, un adolescent français rêve aussi de cette femme qui le fascine ; il s'appelle Serge et il est son neveu. Livré à lui-même, il fait là-bas son apprentissage d'homme, et c'est Miguel, un républicain espagnol en exil, qui lui révélera l'enthousiasme de l'engagement, l'idéal de la résistance, les combats, l'héroïsme quotidien, puis la mort, simple et presque facile, comme un dernier don de soi. Histoire parallèle de trois destins qu'emportent le fracas et les cruautés de la guerre, ce roman n'est pas seulement l'aventure d'une passion et la découverte d'une cause : on y trouve aussi, et surtout, foisonnant, fidèle, minutieux, singulier, et d'une extraordinaire richesse d'expérience et d'évocation, le portrait d'une Europe qui s'écroule en mille morceaux. Avec le père d'Ulric, le Comte Norbert, qui finira ses jours dans la Vienne divisée de l'après-guerre, c'est toute une société qui disparaît, un art de vivre, un ton où le détachement a l'élégance du tragique. Avec son frère Matyas, qui fondera les maquis de Slovaquie, c'est un ordre nouveau qui naît de l'ancien, une forme neuve de l'espoir, et le même amour, tenace, d'une patrie déchirée. Avec Miguel, c'est la violence exaltante des luttes clandestines, l'irruption de l'Histoire dans le train des jours, le sabordage de la flotte à Toulon, la révolte et la libération de Marseille en 1944 et là aussi, peut-être l'aube, tôt couchée, d'une grande espérance. Construit comme un constant contrepoint qui entremêle, autour d'Adrienne, le sort d'Ulric et celui de Serge, le livre d'Edmonde Charles-Roux nous propose une symphonie d'un lyrisme exceptionnel : l'inoubliable mélodie d'un chant d'amour s'y détache sur l'ample accompagnement d'une musique de combats, de tumultes, et de passions. On y retrouve, approfondi, magnifié, le superbe talent de l'auteur d'Oublier Palerme, qui sera désormais plus encore peut-être celui d'Elle, Adrienne.

05/1971

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Essais

La psychanalyse : l'indifférence en matière de politique ?

Après "La méthode clinique", publié en 2019 et qui a déjà donné lieu à plusieurs rééditions, La Petite Librairie fait le choix de proposer un recueil de textes inédits de Michel Lapeyre, prononcés ici ou là en France lors de "vraies" rencontres, ce qui n'est pas si courant, avec un homme témoignant de son rapport à la psychanalyse et de la subjectivité de notre époque à travers une ouverture éthique permettant de penser le monde : ceux qui l'ont rencontré se souviennent de son style. Michel LAPEYRE est un passeur. Psychanalyse, politique et création étaient ses domaines privilégiés : il pouvait à l'occasion envisager une psychanalyse comme une écriture et les écrivains comme des précurseurs. Sous ce titre provocateur, il nous montre encore et toujours qu'on peut avoir un rapport à la psychanalyse suffisamment libre pour pouvoir penser avec elle et au-delà d'elle la "substance humaine" tout en nous invitant à ne pas nous couper du monde. Le psychanalyste avec Michel LAPEYRE est tout sauf indifférent, notamment en matière de politique, lorsqu'il le définit comme celui qui aurait à organiser la perte du pouvoir, de tout pouvoir sur l'autre ! Sont abordés dans ce recueil les thèmes très actuels de la honte de vivre, de la question du mal, de la fraternité, de la logique collective et du féminin, en passant par Mauss, Marx, Freud et Lacan. Dans la première conférence, qui donne le La de ce recueil, il nous montre un Freud politique lorsqu'il indique qu'il n'y a pas de reconnaissance de l'inconscient qui ne vienne se heurter à ce qui ne cesse de la remettre en cause soit l'irréductibilité de la pulsion de mort. Une psychanalyse doit permettre au sujet de prendre position dans ce conflit ! Dans la dernière intervention, il prend à bras le corps la question du mal, non seulement pour mettre à jour ce qui, du mal, est toujours dénié, mais pour en remonter le fil. Si la science permet l'extension du mal, et que la religion traite le mal essentiellement par la culpabilité, la psychanalyse doit permettre au sujet de savoir de quoi son mal est fait, ce qui, de lui, il veut tuer dans l'autre ; ce qui est notre lot à tous : sur cet universel Michel LAPEYRE en appelle à Antonin ARTAUD et Bertolt BRECHT comme éclaireurs. Entre ces deux textes phares nous trouvons entre-autres un formidable coup de gueule anticapitaliste dans lequel il revendique avec Lacan le respect dû à tout homme, dans sa singularité, un questionnement qui fut le sien sur le lien social et la fraternité, et un texte fondamental sur la honte de vivre qu'il replace à coté de l'angoisse, cet affect qui ne trompe pas. Michel LAPEYRE envisage l'avenir de la psychanalyse avec lucidité : elle disparaitra peut-être mais rien ne doit nous faire renoncer à nous appliquer à rejoindre la subjectivité de notre époque, en participant aux solutions et conclusions que la psychanalyse est amenée à (se) forger, quitte à payer de notre personne en faisant valoir sans relâche, à son instar, le discours de l'analyste comme celui de la singularité. "Il s'agit de faire valoir ce que la psychanalyse apporte mais par quoi elle est aussi traversée, voire dépassée, de part en part : le lien humain ou interhumain (où subjectif et social sont et demeurent indissociables) n'est fait et refait que de désir et de symptôme" (p. 132). D'où son voeu sur une association possible "entre frères humains", par le symptôme de chacun, "un entre autres"...

11/2021

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Droit pénal des affaires

Droit pénal des affaires

Le droit pénal des affaires, ou droit pénal de l'entreprise, a connu récemment des développements considérables. Les frontières de la répression ont été modifiées dans le sens d'une sévérité accrue. Bon nombre de comportements, qui jusqu'alors n'étaient régis que par le droit privé, voire par la seule éthique, ont été incriminés. La grande criminalité économique et financière organisée figure au centre des préoccupations des Etats. Les affaires politico-financières défrayent la chronique. Cette matière en expansion est devenue un ensemble complexe et hétéroclite et la cascade des législations, s'abrogeant ou se modifiant en un temps record, en rend toute synthèse malaisée. Fruit des enseignements et expériences professionnelles de ses auteurs, l'ouvrage est destiné à donner une vue d'ensemble du phénomène. Il s'adresse autant aux étudiants qu'aux praticiens de cette discipline, magistrats, avocats, fonctionnaires, policiers, contrôleurs bancaires ou financiers, réviseurs, expertscomptables, conseils fiscaux et cadres d'entreprises, juristes ou "compliance officers" . Les principaux textes législatifs coordonnés ont été reproduits. Chaque sujet est accompagné d'indications bibliographiques. Certains aspects internationaux ou de procédure ont également été traités. Dans un premier temps, la notion de droit pénal des affaires et ses évolutions récentes sont esquissées. Ensuite est envisagée l'application de certaines règles du droit pénal général, comme celles relatives à l'imputabilité, à la responsabilité des personnes morales, aux confiscations ou aux interdictions professionnelles. Mais le droit pénal des affaires étant essentiellement du droit pénal spécial, c'est l'étude des infractions qui constitue la partie substantielle de l'ouvrage, qu'elles trouvent leur origine dans le Code pénal ou dans des lois particulières. Elles sont abordées en suivant le parcours théorique d'une entreprise : création, vie et fin. Les infractions liées à la vie des entreprises sont rangées en fonction des valeurs qu'elles protègent : foi publique, ordre public, sécurité publique, propriété, ordre public économique et financier et ordre fiscal.

04/2021

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BD tout public

Les aventures de Blake et Mortimer Oeuvres complètes Tome 2 : L'énigme de l'Atlandide ; SOS météores ; Le piège diabolique ; L'affaire du collier ; Les 3 formules du professeur Sato, Tomes 1 et 2. Avec un ex-libris, Edition de luxe

Quatrième aventure de la série, L'Enigme de l'Atlantide est prépubliée dans le journal Tintin entre octobre 1955 et décembre 1956 au rythme d'une seule planche par semaine, ce qui explique la nécessité pour l'auteur de créer un suspense à la fin de chaque planche. Jacobs aborde cette fois le domaine de la science-fiction, mais avec une base historique : "J'ai délibérément adopté le style "space opera" car l'Atlantide fait partie de ces thèmes à grand spectacle que j'affectionne particulièrement. J'ai commencé par relire les Dialogues de Platon, le Critias et le Timée. On a situé l'Atlantide un peu partout, mais je m'en suis tenu au récit de Platon qui situe le continent disparu à l'ouest de Gibraltar". Un an plus tard, entre janvier 1958 et avril 1959, Jacobs publie SOS Météores, avec le surtitre "Mortimer à Paris" : "Cette histoire m'a été inspirée par l'état fantastique du temps : nous avions eu une saison épouvantable, l'été était pourri, l'hiver lui-même était abominable, et partout dans la presse on ne parlait que des catastrophes météorologiques. J'étais très frappé par ça. Comme on faisait à ce moment-là de timides essais de changement de temps en saupoudrant les nuages avec de l'acide carbonique pour faire pleuvoir, j'ai extrapolé là-dessus. J'ai donc prospecté très sérieusement les environs de Paris pour trouver les lieux où situer l'action". Cette aventure sera adaptée en 26 épisodes radiophoniques d'une durée totale de 4h43 sur l'ex-ORTF (France 2). Avec un rythme de parution jusqu'ici très constant, Jacobs publie Le Piège diabolique entre septembre 196o et novembre 1961 : "Le thème de cette histoire est fondé sur une extrapolation romancée de l'expression "c'était le bon temps", essayant de démontrer aux nostalgiques du passé et aux utopistes du futur que le bon temps, tel qu'ils l'entendent, n'existe pas et n'existera jamais. Certains pourraient estimer la séquence du futur exagérément pessimiste. Pourtant, la fin d'une civilisation n'est pas un événement exceptionnel dans l'histoire de l'humanité. L'ennui, cette fois, étant donné les moyens modernes de destruction, notre disparition pourrait fort bien faire basculer la planète entière dans la préhistoire !... Ce récit devait cette fois m'attirer les foudres de la censure officielle ! Par un avis daté du 25 juin 1962, émanant du secrétariat d'Etat à l'Information, on avisait les éditions Dargaud que Le Piège diabolique était interdit d'importation en France par la Commission de surveillance et de contrôle de la presse enfantine "... en raison des nombreuses violences qu'il comporte et de la hideur des images illustrant ce récit..." Quatre années s'écouleront avant de découvrir dans Tintin la nouvelle aventure de Blake et Mortimer : L'Affaire du collier y sera prépubliée entre août 1965 et juillet 1966. Une histoire purement policière pour laquelle Jacobs, comme à son habitude, s'est fortement documenté : "Ca se passe dans les catacombes, les carrières et les égouts de Paris. Là aussi, j'ai commencé par éplucher les bouquins qui parlent de ces endroits, et puis je suis descendu moi-même dans ces lieux pour me rendre compte". L'album paraîtra en septembre 1967. Il faudra attendre trois nouvelles années pour découvrir dans Tintin ce qui sera la dernière aventure de Blake et Mortimer réalisée par Jacobs : Les 3 Formules du Professeur Saki. Passionné par la culture japonaise, et plus que jamais soucieux du détail, Jacobs passera un temps considérable dans ses recherches : "La forme des poubelles japonaises m'immobilisèrent plus de trois semaines, gag qui divertit fort mes petits camarades, surtout lorsque j'appris finalement qu'elles étaient pareilles aux poubelles américaines". Curieusement, alors que la prépublication dans Tintin de la première partie se termine en mai 1972, l'album ne paraîtra qu'en août 1977. Freiné par des ennuis de santé et une suite ininterrompue de problèmes personnels, ainsi que par l'écriture de son autobiographie en 1979, Jacobs n'arrivera jamais à terminer la seconde partie de Satô. A sa mort en 1987, seuls les scénarios, découpages et textes sont entièrement terminés. Deux ans plus tard, les Editions Blake & Mortimer confieront à Bob De Moor, son ancien complice du studio Hergé, le dessin de la suite tant attendue, "Mortimer contre Mortimer", dont l'album paraîtra en mars 1990.

11/2017

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Collège parascolaire

Maxi Annales 3e. Sujets & corrigés. Avec 100 sujets, Edition 2021

Les Annales ABC du Brevet pour réviser et préparer toutes les épreuves du Brevet 2021. Toutes les matières 3e : - MATHS - FRANCAIS - HISTOIRE-GEO-EMC - PHYSIQUE-CHIMIE-SVT-TECHNO - ORAL + Rédigé par des enseignants ! + Maxi-Annales ABC du Brevet 2021 - Toutes les matières Conforme aux programmes du Brevet Des sujets sur tout le programme - Les sujets complets pour s'entraîner sur toutes les matières du Brevet 2021. - Pour l'épreuve orale, des sujets conçus par nos auteurs pour mieux se préparer. - Tous les corrigés détaillés avec des rubriques d'aide. - Un minutage pour se mettre dans les conditions de l'épreuve. La méthode gagnante pour préparer le Brevet - Les épreuves expliquées et les critères d'évaluation. - Les conseils pratiques des correcteurs.

07/2020

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Mélanges

Mélanges en l'honneur de Pierre-Yves Verkindt

Ces Mélanges en l'honneur de Pierre-Yves Verkindt se veulent à l'image des enseignements et des écrits de l'homme et de l'universitaire, inclassable et inlassablement curieux. Il serait réducteur de leur donner un intitulé. Certes, Pierre-Yves Verkindt est surtout connu dans le champ du droit social. Et nombre de ses travaux sont consacrés aux questions relatives à la santé et à la sécurité. Mais il n'en a pas fait un domaine de spécialité. C'est la dimension pluridisciplinaire de ces questions qui l'a conduit à s'y intéresser et à livrer des analyses et des pensées qui ne sont pas que d'ordre juridique. Pierre-Yves Verkindt a aussi aimé enseigner et écrire en droit civil, notamment en droit des obligations. Le numérique et l'intelligence artificielle ont également attiré son regard et suscité ses réflexions sous l'angle du droit du travail. Cette curiosité, Pierre-Yves Verkindt l'a partagée avec enthousiasme avec ses étudiants, dont quelques-uns sont devenus ses doctorants. Après avoir beaucoup donné et partagé, c'est au tour de ses collègues de le fêter en composant ces Mélanges dédiés à l'universitaire et à l'homme dont chacun a à coeur de louer l'humanité. Liste des contributions I. Santé et sécurité au travail Patrice Adam Intelligence artificielle et santé au travail - Marche de nuit Nathalie Dedessus-Le-Moustier La santé au travail à la recherche d'un nouvel équilibre Marion Del Sol Prévoyance collective et prévention en santé-travail : des synergies qui restent à construire ? Sophie Fantoni Quinton Les pouvoirs du médecin du travail, quels enjeux en santé au travail ? Franck Héas La jeunesse au prisme du droit de la santé au travail Morane Keim-Bagot Distinguer dommage et préjudice moral en droit social ? Les exemples du préjudice d'anxiété et des circonstances vexatoires entourant le licenciement Laurence Pécaut-Rivolier Vie et mort du CHSCT, retour sur une histoire à rebondissements. A propos du rapport Verkindt Gérard Vachet Naissance, mort et résurrection d'une notion : l'obligation de sécurité Marc Vericel La protection de la santé des travailleurs demeure en question II. Variations Paul-Henri Antonmattei A propos du télétravail imposé Gilles Auzero Le mécénat de compétences saisi par le droit du travail Florence Bergeron-Canut et Michel Morand Accord collectif et contrat de travail Michel Borgetto Brèves réflexions sur les antécédents doctrinaux de l'idée de "dette sociale" Mathilde Caron De quelques aspects du partage du savoir en droit social Lise Casaux-Labrunée Prévention de la violence au travail et médiation Jean-François Cesaro Droit civil, droit social et justice : un Odipe normatif ? Olivier Debat De l'absence de principe d'unicité de l'allocataire pour les enfants en résidence alternée François Dumont Réflexions sur la négociation collective dans l'axe OIT/France François Duquesne La représentation du comité social et économique Alexandre Fabre Le code du travail numérique, une autre codification ? Françoise Favennec-Héry Le lieu de travail Frédéric Géa Pour une théorie des acteurs (du droit) du travail Anne-Sophie Ginon Le travailleur pauvre : figure d'une recomposition instrumentale des protections sociales ? Emmanuel Jeuland et Camille Porodou La sérénité de la justice, une notion paradoxale ? Jean-Pierre Laborde Droit international privé du travail, droit international du travail, droit européen du travail, droit comparé du travail, droit générique du travail. Quelques observations en variations libres Jean-Pierre Le Crom L'influence de la conférence de Brazzaville (1944) sur l'amélioration de la réglementation du travail dans les colonies : légende ou réalité ? Farid Lekéal Du bon usage des conseils et consultations juridiques à l'attention des ouvriers sous le Second Empire Grégoire Loiseau La norme en droit du travail Pascal Lokiec Les contours récents du pouvoir de direction Arnaud Martinon Les zones grises du motif de licenciement - A la recherche d'une nouvelle architecture Nicolas Moizard Les référents harcèlement sexuel et agissements sexistes, un premier regard Christine Neau-Leduc Brève réflexion sur la gouvernance, la participation et le dialogue social Etienne Pataut Les limites de l'accord collectif européen : A propos de l'affaire EPSU Elsa Peskine Trouble dans le fonctionnement de l'entreprise - Propos sur la redéfinition des motifs de licenciement Geneviève Pignarre Des noms et des mots... Christophe Radé L'égal et le juste : retour sur la justification des différences de traitement Jean-Emmanuel Ray Subordination vraiment permanente, et déconnexion choisie (Sortir de la Toile, au sens arachnéen) Judith Rochfeld Les émotions du salarié - Traitements et décisions : quelles limites ? Juliette Sénéchal Les services numériques et systèmes d'intelligence artificielle sont-ils porteurs d'un risque de rupture anthropologique ? Dorothée Simonneau Ravage du travail - Essai sur une lecture de Barjavel Bernard Teyssié La morale, l'éthique et le décalogue Cyril Wolmark Cartographie de la représentation syndicale dans l'entreprise

10/2022

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Histoire régionale

Angoulême BD. Une contre-histoire (1974-2024)

La thématique : Angoulême / la bande dessinée comme enjeu de pouvoir Le salon d'Angoulême est la queue de comète d'une longue campagne de valorisation de la bande dessinée en Europe francophone, amorcée en 1962 avec le Club des Bandes Dessinées. Le Club était une association Loi de 1901 née des lecteurs de la revue FICTION, composée de nombreuses sommités comme Alain Resnais, Francis Lacassin ou Evelyne Sullerot et ayant des antennes en Suisse, Belgique et Espagne. Par "valorisation" , il faut entendre la dimension immatérielle et matérielle, culturelle et commerciale, de ce moyen d'expression artistique. En janvier 1974, la bande dessinée est déjà reconnue comme un art à part entière, le 9ème, et elle représente un important marché dans le domaine du livre. Le salon d'Angoulême émerge en fin de ce long cycle. Malgré l'adjectif "international" affiché par les organisateurs dès sa naissance, il s'agit en réalité d'une version francophone du Salon italien de Lucca, qui préexistait depuis déjà huit années et dont les organisateurs avaient servi de parrains. C'est aussi la dernière action promotionnelle de la SOCERLID du Parisien d'origine corse Claude Moliterni. Cette société avait doublé puis enterré le Club des Bandes Dessinées. Moliterni, en charge de la Convention de (bande dessinée de) Paris depuis 1969, livre son carnet d'adresses à l'équipe du nouvel événement réunie autour de l'attaché culturel d'Angoulême, sans regret car il a perdu toute apparence de neutralité en vendant sa revue PHENIX à l'éditeur Georges Dargaud et en devenant son salarié. - "Est-ce que le terme de "Salon" utilisé pour la bande dessinée ne fait pas un peu trop "installé" ? ... Dans quel esprit avez-vous organisé ce salon ? " - "Le nom ? ! Vous savez, c'est toujours un peu pareil quand il s'agit de désigner quelque chose... Convention était déjà pris (nda : la Convention de Paris), Congrès et tout... on a pris Salon parce que ça ne veut rien dire et c'est parfait ! " Francis Groux au micro de la télévision nationale française (ORTF), lors du Salon d'Angoulême 1, Janvier 1974. "Aujourd'hui, le groupe ICON (International Comics Organisation) est devenu une maffia, rien ne peut se faire sans nous. Ce n'était pas du tout l'objectif de départ, mais ce sont les faits, certains l'ont compris à leurs dépends. . ". Claude Moliterni, extrait de LA CHARENTE LIBRE du 28 janvier 1974, au lendemain du salon Angoulême1. Si une équipe de bénévoles, chapeautée par Francis Groux, a bien attiré cet événement public au sein de sa ville, le terreau politique local était propice. La cité souffrait en effet d'un long complexe d'enclavement : isolée dans les terres loin du littoral, coincée sur son plateau entre ses murailles, sans autoroute et hors des circuits touristiques. Les élus d'Angoulême n'ont eu de cesse, année après année, de revendiquer une place à l'échelle nationale. Ils vont s'agripper à la campagne de régionalisation qui, à la fin des années soixante, marque la fin du gaullisme : Angoulême sera nommée "ville moyenne pilote" . C'est dans le cadre de cette dynamique que s'inscrit la campagne "Angoulême Art Vivant" dont sont issus les rencontres liées à la bd en 1972. Angoulême bénéficiera ensuite de la montée en puissance d'un natif du cru : le Charentais François Mitterrand... Un demi-siècle plus tard, comme toutes les institutions tentées de maîtriser le récit de leur propre histoire, le Salon devenu Festival international de la bande dessinée (FIBD) d'Angoulême a entrepris de réécrire son narratif, son "storytelling" , pour être plus conforme à la légende qu'il a entrepris d'édifier. Maintes fois retouchée, aménagée, tronquée, embellie, caviardée, l'histoire "officielle" de cet événement tel qu'il cherche à se raconter de la main même de ses promoteurs, le FIBD et son opérateur privé 9eArt+, est pleine d'oublis, de trous, de vides, d'escamotages et d'absences. Et il ne faut guère compter sur les médiateurs et les médias, majoritairement complaisants, amnésiques, approximatifs ou en affaires avec la manifestation - quand ils ne sont pas d'une servilité qui elle aussi interroge - pour poser les questions qui gênent, ou qui fâchent. Pourtant, le fil rouge qui traverse toute l'histoire de l'événement est éminemment politique - au sens le plus large et le plus générique du terme. Car ce qui se noue à Angoulême depuis un demi-siècle, autour d'un thème en apparence dénué d'enjeux d'envergure, c'est une intense, féroce et perpétuelle comédie du pouvoir - toutes les formes de pouvoir. Les personnes intéressées par la bande dessinée, donc par les politiques éditoriales des maisons d'édition, ne peuvent faire l'impasse sur ces cycles de rencontres entre amateurs et professionnels. Pour illustrer les propos de cet ouvrage, les auteurs iront puiser dans la riche iconographie de l'artiste Alain Saint-Ogan (1895-1974). Un homme qui a longtemps symbolisé "le dessin français" et qui ne s'est jamais reconnu comme un auteur de bande dessinée mais bien comme un homme de presse. Il a oeuvré dans la presse pour enfants et pour adultes. Son personnage de manchot, Alfred, l'ami de gamins Zig et Puce, a longtemps personnifié les prix délivrés aux salons de bande dessinée d'Angoulême.

02/2024

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Grands textes illustrés

Les fables de La Fontaine

Impression en "gros caractères" . Extrait : "LE CORBEAU ET LE RENARD - Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : "Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! "

06/1998

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Critique littéraire

Études anglaises - N°1/2015

Agnès DERAIL-IMBERT Eros et Arès : les enfants de la guerre dans Billy Budd, Sailor de Melville Cette étude se propose de lire Billy Budd, Sailor comme une fable juridique qui dramatise, dans un double contexte de guerre et de mutinerie, le conflit entre la violence d'une innocence exceptionnelle (Billy) et celle du mal absolu (Claggart). L'une et l'autre, hors la loi, recèle une menace insurrectionnelle que la souveraineté politique (celle du capitaine Vere), pour se maintenir, doit réprimer. Le jugement de Vere - l'exécution de Budd -, s'exerçant au nom de la violence légale, met en oeuvre une stratégie qui enrôle la puissance cohésive d'Eros au service de la loi mar- tiale, dans une opération qui vise à naturaliser et à sublimer la violence arbitraire de l'état d'exception. Against a backdrop of war and mutiny, Billy Budd, Sailor can be read as a juridical drama staging the conflict between the exceptional violence of utmost innocence (Billy's) and that of absolute evil (Claggart's). Both infringe the law and both are pregnant with a threat of insurrection which political sovereignty (captain Vere's) must eradicate for the sake of its own integrity. Vere's sentence condemning Budd to death in the name of legal violence partakes of a complex strategy whose aim is to summon Eros's cohesive power in order to buttress martial law and to naturalize and sublimate the arbitrary violence of the state of exception. Michael GILLESPIE The Picture of Dorian Gray as a Postmodern Work Despite the wide range of interpretative approaches to The Picture of Dorian Gray that have appeared since its publication, all seem to assume that a particular set of values or beliefs-traditional Judeo-Christian morality, cultural attitudes, nationa- list dispositions, or queer inclinations-is integral to Wilde's narrative. This essay challenges the value of any metaphysical reading by asserting that the world of The Picture of Dorian Gray is delineated in strictly physical terms and so is best as a Post-Modern work. Through close reading, this essay shows key points in the narrative that highlight the absence of all values and that underscore the view that characters behave according to strictly material considerations. In the end the essay concludes that Wilde presents a world as grim and bleak as anything found in the works of Samuel Beckett. Malgré les nombreuses interprétations dont a fait l'objet The Picture of Dorian Gray depuis sa publication, tous les critiques semblent penser qu'un ensemble de valeurs ou de croyances-qu'il s'agisse de la morale judéo-chrétienne, de positions culturelles, de dispositions nationalistes ou de l'homosexualité-fait partie inté- grante du roman de Wilde. Cet essai remet en question la pertinence de toute lec- ture métaphysique en affirmant que le monde de The Picture of Dorian Gray est délimité en termes strictement physiques et que l'on ici affaire plutôt à une oeuvre post-moderne. En se fondant sur une lecture détaillée, cet essai montre que des points-clés dans le récit mettent en évidence l'absence de toute valeur et soulignent l'idée que les personnages se comportent en fonction de considérations purement matérielles. En conclusion, cet article souligne que Wilde donne à voir un monde aussi sombre que celui de Samuel Beckett. Christopher S. NASSAAR Hidden Meanings and the Failure of Art : Wilde's A Woman of No Importance Complexity is the hallmark of Oscar Wilde's mature works. From "Lord Arthur Savile's Crime" through The Picture of Dorian Gray and Salome, there is an incre- dible amount of complexity wherever we look. When we reach A Woman of No Importance, however, the complexity apparently disappears, and the play is usually read as a conventional Victorian melodrama. A deeper look at the play reveals veiled references to Farquhar, Hawthorne, Arbuthnot and Baudelaire. The refe- rences point to a deep hidden meaning in the play. Traced carefully, they reveal Mrs. Arbuthnot as a deeply corrupt woman who is unaware of the dark recesses of evil within herself. Unfortunately, this suppressed undercurrent of meaning is too dee- ply buried and very difficult to detect, which has led people in general to accept the surface meaning as the true one. The play is thus a stylistic failure, although its veiled thematic content is quite profound. La complexité caractérise les oeuvres d'Oscar Wilde, de "Lord Arthur Savile's Crime" jusqu'à The Picture of Dorian Gray et Salome, alors que, dans A Woman of No Importance, celle-ci paraît moins évidente, la pièce étant le plus souvent lue comme un mélodrame victorien conventionnel. Cependant, si on analyse la pièce de plus près, on y décèle des références voilées à Farquhar, Hawthorne, Arbuthnot et Baudelaire. Celles-ci soulignent qu'il y a dans la pièce un sens caché, et une analyse détaillée révèle que Mrs Arbuthnot est en fait une femme corrompue et inconsciente du mal tapi en elle. Malheureusement, parce que celui-ci est profondément enfoui, on s'en est souvent tenu à une lecture superficielle de la pièce. Celle-ci est donc, en un sens, un échec stylistique en dépit de sa profondeur thématique. Nathalie SAUDO-WELBY Narratorial authority in Sarah Grand's Beth Book (1897) The Beth Book, a partly autobiographical narrative, is a feminist Bildungsroman told in the third person. Historical, religious and scientifc discourses combine to give authority to the narrator's vision of Beth, so that the narrator is fnally in a position to award Beth the title of female genius. Yet, very little is said of the con- tent of Beth's "art for man's sake ;" the title and the content of her non-fction book are not described ; and the novel's last words are the name of her "Knight, " a writer who believes in woman's genius to reveal man's own. Avoiding the most direct form of didacticism, Sarah Grand has shifted the emphasis away from Beth's message to women to the narrator's work of authorizing Beth to progress to her position of public speaker. In the process, this narrator is given a historical consciousness and a sex. The Beth Book est un roman d'apprentissage féministe au contenu en partie auto- biographique. Fondant son autorité sur une analyse historique et un discours reli- gieux et scientifque, l'instance narrative fnit par octroyer à Beth le titre de génie féminin. Pourtant, un vide entoure le contenu de "l'art pour l'homme" de Beth ; de son ouvrage, on ne sait ni le titre ni le contenu mais seulement qu'il ne s'agit pas de fction ; les derniers mots du roman sont le nom de son "Chevalier" , un écri- vain qui croit que le génie des femmes consiste à susciter celui des hommes. Tout en évitant les formes de didactisme les plus directes, Sarah Grand a placé au centre de son roman engagé la tâche de la narratrice omnisciente qui va faire progresser Beth en position d'orateur de génie. Au cours de ce processus, la narratrice acquiert une conscience historique et un sexe. Pierre LONGUENESSE Yeats et le mélange des genres : du texte à la scène Dans le projet de "théâtre de l'imagination" formulé par Yeats dès 1890, le Verbe poétique est porteur d'un pouvoir visionnaire, par la performativité de son énoncia- tion concrète portée par le corps de ce que l'on n'appelle pas encore, avec Georges Banu, un "acteur-poète" . Ce projet fait de l'écriture dramatique un objet multi- forme, où le drame n'a de sens que mis en tension par ce qui le "menace" dans sa pureté générique : la narration, le chant, la danse. ll conduit le dramaturge vers des collaborations audacieuses sur les scènes de ses créations, entre musiciens, compo- siteurs, et danseurs. En somme, loin de "menacer" son théâtre, ces figures d'un "hors-champ" artistique sont ce qui en constitue l'expression par excellence, puisque, par le théâtre, est dévolu au verbe le pouvoir extra-ordinaire de faire sur- gir, par sa physicalité propre, aussi bien le souffle du chant que le rythme du corps dansant. In the "Theatre of Imagination" conceived by Yeats in the 1890s, the poetic Verb is given the power to create visions through the concrete physicality of its uttering by the performing body of what Georges Banu will later call an "acteur-poète". This project transforms dramatic writing process into the creation of a multiform object, in which the issue of the drama is brought out by the tension between oppo- site mediums : theatre on the one hand, singing, dance, tale on the other hand... This exploration involves Yeats in original collaborations on stage with composers, musicians, and dancers. In short, these manifestations of an artistic "hors-champ, " far from threatening the drama, become on the contrary the core of its expression, as a new power is, on stage, devoted to the Verb : the extra-ordinary power to arise the pneuma of singing as well as the rhythm of the dancing body. Anne MOUNIC "To tell and be told" : war poetry as the "transmission of sympathy" War poetry raises a paradox : the destructive collective imposition which weighed upon each soldier during the Great War triggered off new individual awareness and led to a questioning of the values that had prevailed until then, and notably idealis- tic philosophy. Discussing the paradox, we shall oppose tragedy and the individual epic, catharsis and empathy, the choice of death and the choice of life. The Great War writings will be placed in their literary and philosophical context, before and after. La poésie de guerre soulève un paradoxe : la contrainte collective de destruction qui pesa sur chaque soldat durant la Grande Guerre suscita une nouvelle conscience singulière, menant à un questionnement des valeurs et, notamment, de la philoso- phie idéaliste. Discutant ce paradoxe, nous opposerons la tragédie à l'épopée indi- viduelle, la catharsis à l'empathie, le choix de la mort à celui de la vie. Les écrits de la Grande Guerre seront placés dans leur contexte littéraire et philosophique, avant et après. Olivier HERCEND Cinema, the mind and the reader in Virginia Woolf's The Mark On the Wall Taking up David Trotter's Cinema and Modernism, this article emphasises the strong links that exist between Virginia Woolf's thoughts on cinema and the new techniques and notions that she develops in "The Mark on the Wall. " Indeed, her depiction of the mind's process fosters the image of a fragmented world, a succes- sion of images that come under no authoritative order or meaning : a mere mon- tage. But cinema also contains the promise of an artistic answer to the fragmentation of the modern condition. Through a renewal of textual co-operation, Woolf opens her reader to the possibilities of what I choose to call an "aesthetics of juxtaposi- tion. " Reprenant les idées exprimées dans Cinema and Modernism, de David Trotter, cet article relie la pensée de Virginia Woolf sur le cinéma aux techniques et aux notions nouvelles qu'elle développe dans "The Mark on the Wall" . De fait, en tentant de décrire le fonctionnement de l'esprit, elle fait naître l'image d'un monde fragmenté, une succession d'images qui ne tombent sous l'autorité d'aucun ordre ni d'aucune signification essentiels : en un mot, un montage. Mais le cinéma est également la source d'une réponse artistique à la fragmentation de la condition moderne. En renouvelant les modalités de la coopération textuelle, Woolf ouvre son lecteur aux possibilités d'une "esthétique de la juxtaposition" . Antonia RIGAUD Les Europeras de John Cage : de l'opéra au cirque Cet article interroge le rapport ambigu qu'entretint John Cage avec le théâtre tout au long de sa carrière. Influencé très tôt par Artaud et Stein, il ne cesse de faire référence au théâtre et conçoit son art comme une réflexion sur la théâtralité et la notion de performance. Ses Europeras, à la fin de sa carrière, permettent de mettre en avant la manière dont il a cherché à la fois à inscrire ses expérimentations artis- tiques dans le champ théâtral tout en faisant sortir le théâtre des codes mêmes de la scène. La place centrale que Cage donne au théâtre, bien qu'il ne produise que de très rares oeuvres théâtrales, témoigne de son désir de penser le théâtre non pas en tant que médium mais en tant que lieu d'expérimentation. This article addresses John Cage's ambiguous relationship with theatre throughout his career. Influenced early by Artaud and Stein, he often referred to theatre and understood his own art project as a reflection on theatricality and performance. The Europeras, written late in his career, testify to his attempt to associate his artistic experimentation with theater while pushing on the limits of theatre. The prominent position Cage gave to the theatre in contrast to the rarity of his theatrical work pieces is emblematic of his ambition to re-think the theatre as a locus of experimentation.

09/2015

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Livres 3 ans et +

La chèvre de monsieur Seguin. Avec 1 CD audio

Monsieur Seguin n'avait jamais eu de chance avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et là-haut, le loup les mangeait. La plus célèbre des Lettres de mon moulin dans une version audio aux accents de Provence. Livre CD/AUDIO dès 6 ans, avec un lien pour écouter l'histoire en ligne. Raconté par Y. Barsacq, F. Di Rienzo et M. Perrin. Musique originale de Christian Chevallier. Durée : 14 min 50.

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Livres 3 ans et +

La chèvre de Monsieur Seguin

Après avoir perdu six chèvres de la même manière, Monsieur Seguin en achète une septième. Il s'en occupe si bien qu'il pense cette fois pouvoir la protéger du loup. Mais Blanquette résistera-t-elle à l'appel de la montagne ? Une version moderne de la célèbre nouvelle d'Alphonse Daudet, bien adaptée aux jeunes lecteurs. Ce livre de jeunesse est exploité dans le guide pédagogique AUTOUR DES LIVRES GS

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Physique, Chimie

Objectif Bac 2024 - Term Spécialités scientifiques Toutes les matières

Tout pour préparer et réussir le Bac ! Spécialités Maths - Physique-Chimie - SVT + Philosophie - Histoire-Géographie - Anglais-Espagnol-Allemand - Enseignement scientifique + L'option Maths expertes Cet ouvrage vous propose, dans chaque matière : le COURS COMPLET, pour comprendre et retenir l'essentiel ; de nombreux EXERCICES et leurs CORRIGES, pour bien s'entraîner ; des SUJETS TYPE BAC et TYPE CONTRÔLE CONTINU pour se préparer aux épreuves ; tout pour réussir l'épreuve du GRAND ORAL : des conseils et des exemples de question.

07/2023

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Contes de toujours

Miniconte la chevre de m. segu

Monsieur Seguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne et, là-haut, le loup les mangeait... Blanchette, la nouvelle chèvre de monsieur Seguin, restera-t-elle à brouter l'herbe du clos ?

11/2022

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Israël

Interdictions israélites. Recherches économico-juridiques sur l'interdiction de la propriété aux Israélites, Edition

L'ouvrage de Cattaneo, les Ricerche economiche sulle Interdizioni imposte dalla legge civile agli Israeliti, fut composé entre novembre 1835 et mars 1836 ; amputé d'un paragraphe par la censure, il parut en 1837. La traduction est due à Arnaud Clément, agrégé de philosophie, traducteur de La philosophie de Leopardi d'Adriano Tilgher (Editions Conférence, 2016) ; elle est précédée d'un essai introductif de Pierre Savy, maître de conférences en histoire du Moyen âge à l'université Gustave Eiffel et directeur des études pour le Moyen Age à l'Ecole française de Rome, dont les recherches portent sur l'histoire des communautés juives en Italie du Nord à la fin du Moyen Age, co-éditeur, avec A. Guetta de The Question of the Jewish Minority in Early Modern Italy (Viella, 2020) et avec Katell Berthelot d'une Histoire des Juifs. En voyage en 80 dates, de l'Antiquité à nos jours (Paris PUF, 2020). L'ouvrage contient également trois appendices : l'appendice I contient les pages vi-viii de la Préface aux Memorie di economia publica (Milan, 1860), pages qui relatent l'accueil réservé aux Interdizioni, dont l'argument se voit résumé ; l'appendice II donne la refonte du chap. des Interdictions des Israélites, etc. , rejeté par la censure ; enfin l'appendice III propose un texte de Giuseppe Mazzini qui fait état du " Différend entre Bâle-Campagne et la France ", reprenant le problème de Cattaneo du point de vue du rapport entre les deux législations. Quel est le point de départ de l'ouvrage de Cattaneo (voir la " Question de droit public ", § 5) ? L'achat par deux frères juifs, les frères Wahl, d'un terrain dans le canton de Bâle-Campagne avait été annulé par les autorités municipales au motif que la législation locale interdisait aux Israélites de posséder des terres, alors même que les frères Wahl avaient agi comme citoyens français et que la république suisse avait conclu des traités avec la France. Prenant la défense des Israélites et après avoir exposé " L'occasion de ce mémoire " (chap. I) et les " Origines des interdictions israélites " (chap. II), Cattaneo expose les effets économiques (chap. III) de l'interdiction de la propriété comme des autres interdictions (chap. IV), ainsi que les effets de l'interdiction de la propriété sur la population (chap. V) et sur la morale (chap. VI), puis achève d'exposer les " causes de la décadence des interdictions israélites " (chap. VII) avant de conclure. On ne résumera pas ici l'intégralité de l'argumentation ; on insistera plutôt sur quatre points. Convergence disciplinaire. - L'argumentation de Cattaneo se fonde essentiellement sur l'histoire (l'auteur remonte le fil des interdictions et en dresse une assez précise histoire), l'économie (avec l'exposition des conséquences économiques et sociales des interdictions des israélites, y compris au moyen de lois nettement formalisés, § 9, p. 88, par ex. , ou la comparaison des richesses marchandes et des richesses foncières, § 11, p. 97 sqq.) et le droit (puisqu'il s'agit de montrer comment les mentalités se sont traduites dans le droit). Voilà pourquoi de ce mémoire pourrait être tiré " un chapitre qui aurait valeur d'appendice aux habituels traités d'économie sociale " (p. 32). On ajoutera à ces disciplines la statistique (§ 25), établissant le " nombre probable des Israélites vivants ". Cet essai constitue donc un échantillon de l'entreprise, définie par Romagnosi, d'unification du droit et de l'économie " en soumettant les prétentions de l'intérêt au frein du droit, et les assertions du droit aux sanctions de l'intérêt " (p. 29-30) : il ne s'agit que de mener un " travail particulier ", et donc de " préparer " l'entreprise ainsi définie (p. 30). Le fondement de l'argumentation : l'intérêt - C'est la convergence de ces disciplines qui permet à Cattaneo de faire fond moins sur les principes abstraits ou transcendants de tolérance et d'humanité, principes jugés " inopportuns " (§ 7, p. 53), que sur l'intérêt de la société tout entière. Loin des généralités liées à la fraternité entre les hommes, Cattaneo mesure le profit que la communauté pourrait tirer d'une levée des interdictions des israélites : " Laissez faire l'Israélite, et il saura aussi nourrir la fécondité et l'aménité de la terre de son industrie qui a amassé des millions " (§7, p. 51) Comme l'énonce le dernier chapitre avant la conclusion, " Les conseils de la bonne économie auraient tout sauvé " (§ 32, p. 200) : il s'agit donc de traiter la question comme un " problème d'économie politique " (p. 201). Le paradoxe. - Le nerf de l'argumentation est éminemment paradoxal : Cattaneo fait voir la contradiction fondamentale des interdictions faites aux israélites : ce qui devait nuire à ces derniers est précisément ce qui les a fait prospérer alors que ce qui devait favoriser les non-Juifs les mit à la botte des Juifs : " en déclarant illicite l'intérêt légal et en terrorisant l'homme consciencieux de mettre son argent à profit, on favorisa sans le savoir l'afflux des infortunés à la porte de l'usurier " : les juifs " furent poussés vers les richesses mobilières qui devenaient de plus en plus fructueuses " (§ 8, p. 64 ; voir aussi § 17, p. 126 ; § 24, p. 157). La logique de ce paradoxe est déployée dans toute sa rigueur, notamment au moyen de comparaisons entre l'intérêt des biens mobiliers et immobiliers (chap. III, voir par ex. p. 84 sqq. ; p. 91), entre les taxes dont font l'objet les uns et les autres (§ 12, p. 109 sqq.), entre les litiges auxquels ils donnent lieu (§ 14), enfin entre les inconvénients moraux dont pâtit une jeunesse dorée peu habituée aux affaires et seulement soucieuses des rang (§ 15, p. 118) et les bénéfices moraux et sociaux qu'en tirent les juifs en terme de solidarité et de loyauté (§ 20). Non seulement les interdictions ont nui à l'économie, mais elles ont en réalité profité aux seuls Juifs. On voit la nécessité d'associer intérêt collectif et tolérance pour offrir aux Juifs les possibilités communes à tous les hommes. Un homme des Lumières. - On comprend dès lors que Cattaneo se montre ici un homme des Lumières (dans la lignée d'un Beccaria ou d'un Verri). D'abord parce que, l'appel à la levée des interdictions faites aux juifs de posséder du foncier ne revient pas tant à projeter une société idéale qu'à établir les conditions concrètes d'une société libérale dans laquelle le profit de chacun puisse contribuer au bonheur de tous. Ensuite, parce que le conflit entre les différents traités doit être tranché selon le critère de la liberté : " Il y a ici, entre les statuts antérieurs et les traités récents, un conflit [... ]. Dans un tel cas, c'est toujours l'alternative de la plus grande liberté qui doit prévaloir " (§ 6, p. 47). - Du point de vue économique, on remarquera la différence marquée entre capital et argent (p. 60, § 40), la promotion de l'agriculture (" mure des autres industries ", § 9, p. 81) qui le rapproche des physiocrates. - Le lecteur français ne pourra pas ne pas entendre Voltaire derrière les moqueries des " hobereaux à moitié sauvages " toisant les " hommes d'affaires de très grande importance sociale " (p. § 15, p. 115 ; voir Voltaire, Lettres philosophiques, lettre X). - Plus fondamentalement, on reconnaîtra à l'anthropologie de Cattaneo un caractère profondément historique : aucun trait n'est donné à un groupe humain par la nature, tout se construit par l'histoire et par les décisions économiques. D'où l'intérêt d'une reconstitution des raisons qui conduisirent les Juifs à s'adonner à l'usure (§ 8) ; d'où aussi les perspectives ouvertes sur l'avenir : " si l'on ne veut pas qu'il [le Juif] soit usurier, qu'on en fasse un propriétaire et notre honnête désir sera satisfait " (§ 28, p. 174), sur l'éducation : " L'art de l'usure n'est pas une affaire de sang, mais d'éducation et de position : et les juifs sont capables d'autres sortes de biens et d'autres sortes de maux " (p. 29, 176), sur l'honneur : " cet honneur devient inaccessible à ceux que la loi place dans un état permanent de dégradation " (p. 177, § 30 ; voir aussi p. 178). Parce que l'humanité est ouverte à l'histoire, aucune fatalité ne s'abat sur les hommes et le meilleur est à attendre d'une intégration des Juifs aux communautés politiques. On ne s'indignera donc pas de quelques lignes d'apparence sévère avec les Juifs (sur " l'amour du gain ", p. 77-79, sur le peu d'intérêt des juifs pour les sciences et les lettres, § 21) : ces lignes semblent bien destinées à accréditer au contraire un regard de forte compassion à l'égard des Juifs : Cattaneo souligne leur profonde et antique moralité (§ 8, p. 77), l'ampleur des massacres qui les frappèrent (§ 8, p. 71), les " exclusions ignominieuses " dont ils firent l'objet (§ 8, p. 77), les massacres " continus et quotidiens " (§ 27, p. 167) montrant par là que si ces vexations multiples purent un temps triompher de leur âme " généreuses par nature " (§ 21, p. 143 ; voir également p. 147-148 ; p. 181), ces dernières y trouvèrent grande occasion de vertu (voir l'émouvante p. 189, § 31). La sensibilité de Cattaneo au sort des Juifs frappe par son intensité, même si son expression demeure maîtrisée et intégrée à une argumentation de facture parfaitement classique. Insistons enfin sur l'intérêt de publier une traduction française de cet ouvrage de Cattaneo. D'abord, parce qu'il y va de l'histoire des juifs d'Europe. A un moment où l'Europe se constitue comme entité politique, il paraît indispensable de prendre en vue l'histoire des peuples à l'échelle du continent tout entier, et pour cela même de se tourner vers celui qui, le premier, usa de l'expression des " Etats-Unis d'Europe ". Une seconde raison tient au fait que Cattaneo avait avec la France un rapport tout à fait singulier, et que cet ouvrage même prend longuement appui sur la France (voir par ex. la mise au point sur l'" Etat civil des Israélites en France après 1791 ", § 3 ; ou l'histoire du décret impérial de mai 1806, § 31, p. 181 sqq.). C'est donc bien une figure capitale de l'Europe en voie de constitution qu'il s'agit de faire connaître au lectorat français. Dans une traduction élégante, ce beau livre - on sait la qualité matérielle des ouvrages publiés par les Editions Conférence - prend la suite du premier volume des oeuvres de Cattaneo, Inde. Chine. Mexique. Philosophie de l'histoire (tr. C. Carraud, 2021). Il illustre le combat magistral d'un intellectuel européen, de première importance bien que méconnu en France, contre les vexations infligées aux juifs : il est beau et hautement significatif que l'Europe ait pris conscience d'elle-même chez un auteur qui a pris au sort des communautés juives un intérêt aigu. Le lectorat du xxie siècle, juif comme non-juif, ne peut pas l'ignorer.

03/2023

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Livres 3 ans et +

Le vilain petit canard

La mère cane est étonnée : parmi ses petits canetons jaunes, il y en a un tout gris et très gros... Ses frères se moquent tellement de lui que le vilain petit canard s'enfuit. Les canards le rejettent. Le chien le chasse. Tous les animaux le dédaignent à cause de sa laideur ! Heureusement, une famille de paysans le recueille durant l'hiver. Et quand vient le printemps, le vilain petit canard déploie ses ailes et rejoint deux cygnes sur un petit lac, qui l'acceptent et le saluent. Car l'oiseau gris, mal fait et laid, est devenu un magnifique cygne blanc !

09/2020