Le rire n'est qu'un accident qui ne peut faire l'objet d'une connaissance scientifique, suppose le philosophe Ludovic Dugas après avoir étudié la question de manière encyclopédique. La notion du sujet au sens que lui donne la psychanalyse résonne à l'unisson avec l'éphémère qui rend le penseur français perplexe. Comme le rire, ce sujet ne peut être substantialisé comme l'âme en théologie ou la personnalité en psychologie. En latin subjectus signifie soumis, assujetti. En effet, pas de sujet sans Autre avec une majuscule qui met son altérité foncière en exergue. Dans le présent ouvrage, cette altérité fait son apparition à différents niveaux : 1) politique (la paroisse bergsonienne, la cité d'Aristote ou d'Augustin, la Coucouville-les-Nuées aristophanesque, la lutte idéologique bakhtinienne, l'Histoire joyeuse d'Héraclite et de Nietzsche etc.) ; 2) idéal (les anges et les sauvages) ; 3) érotique (Socrate séducteur, l'Autre lacanien de la demande et du désir) ; 4) absolu (Dieu dans les versions de Platon, d'Augustin et de Descartes, le Maître Absolu hegelien, c'est-à-dire la Mort, la Femme, partenaire du psychotique). L'étrangeté et la diversité de ces Autres empêchent d'encapsuler le rire dans une logique encyclopédique mettant ses variétés dans des cases (voire des cages) bien rangées. En même temps, la clinique du sujet met le rire, chose involontaire par excellence, dans le domaine du choix éthique...
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