À Jasper
Party
* * *
nom
I. Fête, soirée, réception : Réunion sociale au cours de laquelle les invités mangent, boivent et s’amusent.
II. Parti (Politique) : Groupement politique constitué disputant les élections en vue de former un gouvernement ou d’y prendre part, ex. « faction », ex. « programme du parti ».
III. Partie (Droit) : Personne ou groupe constituant l’un des signataires d’un contrat ou l’un des camps opposés lors d’un procès, ex. « partie civile ».
I
LA SALLE D’INTERROGATOIRE est petite et carrée. Une table, trois chaises en plastique, une grande fenêtre dépolie et crasseuse, un néon qui fait tomber sur nos têtes une lumière jaunâtre atroce.
Deux tasses de thé : une pour l’agent de police, une pour moi. Deux sucres. Il y a trop de lait dans le mien, mais je ne suis pas en position de me plaindre. Le bord de ma tasse en polystyrène est abîmé parce que je l’ai mordillé.
Les murs sont blanc cassé. Ils me rappellent les courts de squash de Pall Mall où, il y a quelques jours à peine, j’ai démoli un adversaire bien mieux classé que moi. Un ancien banquier. Visage rougeaud. Short flottant. Muscles étonnamment longs et fins. Je l’ai battu sans traîner : service, slice, smash. Le claquement sec du caoutchouc contre le béton, la balle verte qui roule hors de portée à la fin de chaque échange. Il s’emportait. Jurait. Et à la fin, il a perdu. Tant d’agressivité contenue entre quatre murs.
Le commissariat dégage une atmosphère assez proche : une sorte de virilité hargneuse, même si un seul des deux agents qui m’interrogent est un homme. La femme, elle, a clairement été désignée pour jouer le « bon flic ». C’est elle qui m’a proposé le thé, en disant qu’il me ferait du bien. Elle m’a aussi apporté les deux sucres.
« Vous savez…, a-t-elle ajouté en croisant mon regard. Après votre choc. »
C’est vrai, je ne m’attendais pas à ce que la police se présente devant ma porte ce matin. Ce n’est que la deuxième fois en trente-neuf ans que je suis interrogé par les autorités. Et la première, c’était déjà à cause de Ben. Ce qui est curieux quand même, étant donné que c’est mon meilleur ami. On pourrait penser que d’aussi bons amis feraient un peu plus attention l’un à l’autre.
L’enquêtrice est petite, avec des épaules arrondies et un visage agréable parsemé de taches de rousseur. Elle a les cheveux teints de cette couleur indéterminée que les femmes entre deux âges adorent de façon inexplicable, ni brun ni blond, quelque part entre les deux. Blondasse. Et elle a les pointes fourchues.
Son collègue, lui, est grand. Il fait partie de ces types dont la taille est la caractéristique principale. Il a dû se pencher pour franchir la porte. Il avait une liasse de papiers rose jambon industriel à la main. Costard gris, avec une tache blanche sur le revers. Du dentifrice, peut-être. Ou des restes du petit-déjeuner du bébé. Petite trentaine, je dirais.
Extraits
Commenter ce livre