#Roman étranger

L'invitation

Elizabeth Day

Lutte des classes, ambition politique, désirs refoulés et violence sourde... Une oeuvre originale et parfaitement construite qui allie roman noir à la tension implacable et comédie sociale mordante, quelque part entre le Monsieur Ripley de Patricia Highsmith et Le Dîner de Herman Koch, le tout porté par un humour grinçant tout britannique. Ben Fitzmaurice est devenu le meilleur ami de Martin Gilmour le jour où, dans la cour de leur très chic école, Ben, héritier d'une prestigieuse dynastie, a pris la défense de Martin, petit boursier, fils unique d'une mère célibataire sans le sou. Depuis, Ben s'est fait un nom en politique, Martin est devenu critique d'art ; Ben a épousé la très parfaite Serena, Martin vit avec la très discrète Lucy. Et Ben est toujours le meilleur ami de Martin. Ce soir, Ben fête ses quarante ans. Tout le gratin est présent. Martin aussi. Naturellement... Le lendemain, Serena est dans le coma ; Lucy est internée. Ben est à l'hôpital ; Martin, lui, répond aux questions des policiers : que s'est-il passé durant cette soirée ? Pourquoi un tel déchaînement de violence ? Et si cette amitié en apparence parfaite cachait en réalité des sentiments bien plus troubles ?

Par Elizabeth Day
Chez Belfond

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Editeur

Belfond

Genre

Littérature étrangère

À Jasper

 

 

Party

 


* * *

 

 

nom

 

I. Fête, soirée, réception : Réunion sociale au cours de laquelle les invités mangent, boivent et s’amusent.

II. Parti (Politique) : Groupement politique constitué disputant les élections en vue de former un gouvernement ou d’y prendre part, ex. « faction », ex. « programme du parti ».

III. Partie (Droit) : Personne ou groupe constituant l’un des signataires d’un contrat ou l’un des camps opposés lors d’un procès, ex. « partie civile ».

 

 

I

 

LA SALLE D’INTERROGATOIRE est petite et carrée. Une table, trois chaises en plastique, une grande fenêtre dépolie et crasseuse, un néon qui fait tomber sur nos têtes une lumière jaunâtre atroce.

Deux tasses de thé : une pour l’agent de police, une pour moi. Deux sucres. Il y a trop de lait dans le mien, mais je ne suis pas en position de me plaindre. Le bord de ma tasse en polystyrène est abîmé parce que je l’ai mordillé.

Les murs sont blanc cassé. Ils me rappellent les courts de squash de Pall Mall où, il y a quelques jours à peine, j’ai démoli un adversaire bien mieux classé que moi. Un ancien banquier. Visage rougeaud. Short flottant. Muscles étonnamment longs et fins. Je l’ai battu sans traîner : service, slice, smash. Le claquement sec du caoutchouc contre le béton, la balle verte qui roule hors de portée à la fin de chaque échange. Il s’emportait. Jurait. Et à la fin, il a perdu. Tant d’agressivité contenue entre quatre murs.

Le commissariat dégage une atmosphère assez proche : une sorte de virilité hargneuse, même si un seul des deux agents qui m’interrogent est un homme. La femme, elle, a clairement été désignée pour jouer le « bon flic ». C’est elle qui m’a proposé le thé, en disant qu’il me ferait du bien. Elle m’a aussi apporté les deux sucres.

« Vous savez…, a-t-elle ajouté en croisant mon regard. Après votre choc. »

C’est vrai, je ne m’attendais pas à ce que la police se présente devant ma porte ce matin. Ce n’est que la deuxième fois en trente-neuf ans que je suis interrogé par les autorités. Et la première, c’était déjà à cause de Ben. Ce qui est curieux quand même, étant donné que c’est mon meilleur ami. On pourrait penser que d’aussi bons amis feraient un peu plus attention l’un à l’autre.

L’enquêtrice est petite, avec des épaules arrondies et un visage agréable parsemé de taches de rousseur. Elle a les cheveux teints de cette couleur indéterminée que les femmes entre deux âges adorent de façon inexplicable, ni brun ni blond, quelque part entre les deux. Blondasse. Et elle a les pointes fourchues.

Son collègue, lui, est grand. Il fait partie de ces types dont la taille est la caractéristique principale. Il a dû se pencher pour franchir la porte. Il avait une liasse de papiers rose jambon industriel à la main. Costard gris, avec une tache blanche sur le revers. Du dentifrice, peut-être. Ou des restes du petit-déjeuner du bébé. Petite trentaine, je dirais.

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trad. Maxime Berrée
03/05/2018 334 pages 21,00 €
Scannez le code barre 9782714476135
9782714476135
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