Rodolphe Burger et Olivier Chaudenson recevaient hier soir des mains de Christiane Taubira, les insignes de Chevaliers de l’ordre des Arts et des Lettres. Une cérémonie qui se déroulait à la Maison de la poésie, que dirige le second chevalier. La Garde des Sceaux, venue au nom de la ministre de la Culture, s’est amusée de l’exercice, avec aisance et humour : presque une ambiance de camaraderie...
Le 19/12/2015 à 11:41 par Nicolas Gary
Publié le :
19/12/2015 à 11:41
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
« Musicien de qualité, je peux en attester : je fréquente les lieux où il se produit », assure Christiane Taubira en évoquant le travail de Rodolphe Burger, avant d’entamer la biographie de l’artiste. Un exercice obligatoire : « Je n’ai pas le choix, je vous ai prévenus » plaisante-t-elle, s’adressant au public. Et de se découvrir un point commun peu commun avec le musicien : Jimi Hendrix. « Je m’y suis encanaillée, mais j’étais plus vieille que vous. »
Saluant la passion pour la guitare et l’engagement dans le monde musical, « une histoire d’amour qui n’en finit pas », elle rappelle son parcours en philosophie et littérature, qui auront « nourri votre musique ». Fondateur du label Dernière bande, référence à son premier groupe créé à Strasbourg, Rodolphe Burger s’est illustré dans une multitude d’expérimentations musicales. Ses connexions avec la poésie ne manquent d’ailleurs pas – ce qui explique aussi la place qu’il a pu prendre au sein de la Maison de la poésie.
Le monde du livre connaît pour sa part très bien Olivier Chaudenson, qui monta en 1999, avec l’écrivain Olivier Adam Le Festival des Correspondances de Manosque, « privilégiant les lectures et les croisements ». L’invention d’un nouveau « mode de rencontres, avec le texte, à travers des exercices inédits », indique la ministre. Ce concept sera par la suite décliné ailleurs dans le monde, à Québec ou Alger.
En 2009, Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, lui confia le rôle de directeur artistique de Paris en toutes lettres, pour trois années. Depuis 2012, à la tête de la Maison de la poésie, renforçant la place de « ceux qui l’écrivent, la lisent, la défendent ».
La Maison de la poésie porte, avec son directeur, une ambition forte : « C’est une maison que j’ai voulue la plus ouverte possible, basée sur les hybridations. On parle de poésie, mais j’ai souhaité mélanger les registres et les écritures, que dialoguent la littérature et les autres formes de création, pour faire d’ici un lieu d’expérimentation. »
Monter un lieu « qui rebatte les snobismes culturels », et soit également celui qui ouvre l’esprit, pour combattre les intolérances, les fanatismes. « Cela rappelle l’histoire que l’on entend beaucoup en ce moment, de l’incendie et du colibri : il prend dans son bec des gouttes d’eau et sait pertinemment qu’il n’éteindra pas l’incendie, mais il fait sa part. Je me dis qu’ici, il faut que l’on fasse notre part, le mieux possible. Et que l’on fasse grandir le colibri : le faire devenir pélican, ce serait plus conséquent... [sourire] »
« On rêvait que ce soit Christiane Taubira qui nous remette cette distinction », avouera Olivier Chaudenson. « C’est un honneur qui fait vieillir... et réfléchir. »
Et les deux Chevaliers n'auront pas été déçus. Rodolphe Burger donnera le ton : « Je remercie mon fidèle écuyer, Léo : je suis maintenant chevalier. Ma mère ici présente peut témoigner du fait que depuis que je suis tout petit, je ne rêve que d’une chose, c’est d’être chevalier. Cavalier, disons. Avant même de parler, je me baladais avec un petit cheval. Et je me rêvais en chevalier. Merci d’exaucer ce rêve. » [rires]
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