#Polar

Lumière noire

Lisa Gardner

472 jours : c'est le temps qu'a passé Flora aux mains de son bourreau. 472 jours plongée dans un abîme de ténèbres, à n'espérer qu'une chose : survivre. Sortie miraculeusement de cette épreuve, elle cherche depuis à retrouver une existence normale. Pourtant, les murs de sa chambre sont tapissés de photos de filles disparues. Quand, à la recherche de l'une d'elles, Flora se fait de nouveau kidnapper, le commandant D.D. Warren comprend qu'un prédateur court les rues de Boston, qui s'assurera cette fois que Flora ne revoie jamais la lumière... Après le succès du Saut de l'ange, Lisa Gardner, l'un des grands noms du thriller psychologique, se met dans la peau d'une femme pourchassée par son passé, dans une enquête qui nous confronte aux plus insoupçonnables déviances humaines. " A ne manquer sous aucun prétexte. " Harlan Coben

Par Lisa Gardner
Chez Albin Michel

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Genre

Policiers

Aux survivants du monde entier

 

 

1

 

Voici ce que j’ignorais :

Quand on se réveille pour la première fois enfermée dans une caisse, dans le noir complet, on se dit que ce n’est pas possible. On essaie de repousser le couvercle, bien sûr. Normal. On frappe les côtés avec ses poings, on martèle le fond avec ses talons. On donne des coups de tête, encore et encore, même si ça fait mal. Et on hurle. On hurle, on hurle, on hurle, indéfiniment. Nez qui coule. Torrents de larmes. Jusqu’à ce que les cris s’enrouent, se réduisent à des hoquets. Alors on entend des bruits étranges, tristes, pitoyables, et c’est au moment où l’on réalise que ces bruits viennent de soi qu’on comprend la situation, qu’on comprend vraiment ce qui se passe : hé, je suis enfermée dans une caisse.

Les parois des caisses en pin ne sont pas tout à fait lisses. Par exemple, il se peut qu’on y ait grossièrement percé des trous pour l’aération. Et quand on suit les contours de ces trous du bout du doigt, quand on les y enfonce en cherchant désespérément… n’importe quoi… on se plante des échardes. On les retire comme on peut avec les dents et ensuite on se lèche le doigt, on suce le sang qui perle en poussant encore des gémissements de chiot blessé.

Être seule là-dedans. C’est terrifiant. Oppressant. Effroyable. Surtout qu’on ne sait pas encore à quel point on devrait avoir peur.

On apprend à bien la connaître, cette caisse, son nouveau chez-soi. On tortille des épaules pour en évaluer la largeur. On en mesure la longueur avec les mains, on essaie de remonter les pieds. Pas assez de place pour plier les genoux. Ni pour se retourner. La caisse fait exactement votre taille. Comme si elle avait été fabriquée tout spécialement à votre intention. Un cercueil rien que pour vous, qui vous étire les reins, qui vous meurtrit les omoplates, qui vous fait mal à la nuque.

Seul et unique élément de confort : le papier journal qui tapisse le fond de la caisse. Détail qu’au début on ne remarque pas, et qu’ensuite on ne comprend pas. Jusqu’au moment où on se fait dessus pour la première fois. Avant de passer des jours dans ses propres immondices. Comme un animal, direz-vous. Sauf que la plupart des animaux sont mieux traités que ça.

La bouche se dessèche, les lèvres gercent. On commence à fourrer ses doigts dans ces fameux trous d’aération, à se lacérer la peau juste pour avoir un goût dans la bouche, quelque chose à avaler, à téter. On se découvre comme on ne s’était jamais vue : une femme brisée. Ramenée à une vie primitive. La puanteur de son urine. Le sel de son sang.

Mais on n’a encore rien vu.

Quand enfin on entend des bruits de pas, on n’y croit pas. On se dit qu’on délire. Qu’on rêve. On n’est qu’une pauvre loque, une minable. La dernière des imbéciles, qui ne peut s’en prendre qu’à elle-même, mais regarde-toi un peu. Et pourtant, le cliquetis d’un cadenas de l’autre côté de la paroi, à quelques centimètres de son oreille…

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trad. Cécile Deniard
03/01/2018 503 pages 22,50 €
Scannez le code barre 9782226391933
9782226391933
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