Il y a des jours, c’est le ratage intégral. On pourrait les résumer en une phrase : « J’aurais mieux fait de rester au lit ce matin. » Parfois, on traîne cette sensation pendant des semaines entières. Enfants, ados, adultes… on a tous connu des périodes de galère qui durent une éternité.
Ce vendredi-là était bien parti pour entrer dans cette catégorie. J’ai poussé un énorme soupir en voyant toutes mes affaires étalées par terre dans le couloir. Le prof d’histoire venait de nous rallonger son cours d’un quart d’heure. Le dernier cours de la dernière journée de la semaine ! Après ce supplice, je n’avais pas trouvé les réflexes pour freiner l’avalanche de feuilles et de livres qui avaient dégringolé de mon casier. Au bout de cette longue journée, je n’avais qu’une envie : me noyer dans un seau de pop-corn devant la télé… Sauf qu’à tous les coups, mon pote Mason ne m’aurait pas attendue, ce qui allait m’obliger à rentrer chez moi à pied.
Pour commencer en beauté, j’avais dû me réveiller à une heure inhumaine pour assister à la réunion du club de presse. Présenté comme ça, ça fait sans doute hyperclasse, mais en fait, notre seule occupation, c’était d’écrire des articles ridicules pour le journal mensuel du lycée. Non, surtout rien d’intéressant. À moins de se passionner pour l’impact du tabagisme sur le travail scolaire ou, encore plus captivant, les résultats du questionnaire distribué aux élèves sur le thème du bal de fin d’année. Manque de bol, c’est moi qui ai eu droit à celui-là.
Pourquoi je m’étais laissé entraîner là-dedans, déjà ? Mason, sans doute. Il s’était mis en tête que j’avais besoin d’une activité pour faire bonne impression dans les dossiers d’inscription aux universités. Comme il me voyait toujours en train de remplir mon carnet, il s’était imaginé que je pourrais être journaliste. Seul problème : entre dresser des listes pour organiser la survie au jour le jour et rédiger des articles soporifiques sur des sujets d’un ennui mortel, il y a un monde.
Sans cesser de me lamenter à voix basse, je me suis accroupie pour empiler à l’arrache les feuilles volantes, les cahiers, les manuels… Un rideau de cheveux châtain m’est tombé devant les yeux. Je l’ai dégagé en vitesse pendant que Jane Tyler et une copine se chuchotaient à l’oreille en ricanant. C’est qu’elles se fichaient de moi ouvertement, ces sales vipères !
Je ne supportais pas les gens comme Jane et sa bande. Une fois, elles avaient réussi à faire pleurer une élève qui s’était présentée aux essais pour l’équipe de pom-pom-girls, tout ça parce qu’elle était un peu plus ronde qu’elles. Ces filles-là sont odieuses, tout en étant jolies à un point insultant. Là-dessus, j’étais jalouse malgré moi.
J’ai balancé en vitesse mes affaires dans mon casier. Ça ne m’enchantait pas de tout laisser en vrac, mais vu mon retard, je n’avais pas le choix. En dernier, j’ai repris le cahier où je note mes listes pour le mettre dans mon sac à dos.
Extraits
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