Naja est une bande dessinée particulière qui vous absorbe dans un univers glacé et quand on arrive à la dernière page on ne sait trop qu'en penser.
Naja est une tueuse à la solde d'un certain Zero. Celui-ci tri ses tueurs sur le volet, si bien qu'il n'en a que trois, mais d'une efficacité surprenante. Naja est le numéro trois des assassins de l'organisation de Zero, et elle fait son travail avec froideur. Elle est implacable. Il faut dire que son absence de sentiments et son insensibilité totale à la douleur sont des atouts non négligeables. Pourtant un jour un homme arrive à approcher Naja et lui révèle que le numéro un veut la tuer. Serait-ce Zero qui aurait lancé un contrat sur elle ? Et pour quelle raison ?
Dans Naja, les dialogues sont rares. Tout au long de la BD une voix off vous raconte, l'histoire et dévoile un peu les pensées de Naja. Quelque part on retrouve un peu l'ambiance du film de Chris Marker La jetée. On sent une grande distance avec le personnage, celle qu'il impose probablement. Il faut savoir que Naja n'aime personne et fait facilement des généralités. Le choix est judicieux et pourtant cette distance, et cette façon de raconter l'histoire, peuvent gêner. On pourrait ressentir cette intervention d'une voix off comme un obstacle entre le lecteur et l'histoire.
Un univers graphique cohérent et efficace
Les dessins de Bengal sont propres, épurés, efficaces. Les couleurs relèvent bien les ambiances. Le dessinateur maîtrise bien les changements de temporalité. Créant des planches en Sépia pour les souvenirs lointains de Naja, avant qu'elle ne soit le serpent venimeux que l'on connaît. Utilisant le noir et blanc pour insérer un flash-back remontant à quelques minutes avant l'action. Bref l'ensemble graphique de la Bd est cohérent, les codes sont simples et soutiennent à merveille le récit.
Un scénario qui en dévoile trop peu
Le problème c'est que Naja tome 1 ne se dévoile pas assez. On fait un peu connaissance avec le personnage principal, on découvre à peine l'ambiance, on ne nous permet que d'entrevoir les capacités de Naja. La fin du tome 1 arrive trop vite et l'on n’a pas assez d'éléments pour ressentir cette impatience de tenir entre les mains le tome 2. Cela dit on est quand même curieux de savoir ce qu'il pourrait se passer ensuite. À plus forte raison quand on connaît le travail du scénariste Jean-David Morvan.
Un avis mitigé
Bref l'ensemble de la BD autant au point de vue des choix de narrations que des dessins est cohérent. Dessins et scénario se répondent bien. Mais le lecteur pourrait se trouver quelque peu frustré par la distance qu'on lui impose, et surtout rester sur sa fin à la dernière page du tome 1. La série devant se dérouler sur 5 tomes bien des surprises nous attendent certainement, mais pour les découvrir, il faudra faire l'effort de passer sur un premier tome qui n'en donne pas assez.
Naja tome 1 de Jean-Claude Morvan et Bengal est publié chez Dargaud. Vous pourrez profiter des 48 pages de cette BD pour environ 13 €