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Virginia Woolf, Cécile Wajsbrot

Extraits

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Littérature anglo-saxonne

Les vagues

Six personnes, trois hommes et trois femmes, se quittent au sortir du collège et se retrouvent à différentes étapes de leur vie, sans jamais véritablement se rencontrer. Perceval, dont la figure mystérieuse se précise au fil des pages, constitue le lien qui les rattache progressivement l'un à l'autre. Dans ce récit ponctué par la course du soleil, le flux et le reflux des vagues, Virginia Woolf suit les cheminements tortueux de la pensée humaine. Imposant un rythme qui conduit parfois au vertige, elle donne une stupéfiante démonstration de la solitude de l'être, ses illusions et désillusions, sa tendresse et sa cruauté. Malgré les tiraillements de chacun, un intense chant d'amour de la vie se dégage de ce texte unique servi par une traduction revue avec soin par Cécile Waisbrot.

05/2008

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Littérature anglo-saxonne

Trois Guinées

Dans cet essai paru en 1938 mais conçu dès 1931 comme une suite plus radicale à "Une chambre à soi", Virginia Woolf, prenant prétexte de la lettre fictive d'un homme qui lui demande comment empêcher la guerre, se livre à une analyse décapante de la situation des femmes en Angleterre, qui n'a rien perdu de son acuité ni de son actualité. "De quoi faire sauter la cathédrale Saint Paul", confiait-elle à son Journal.

11/2024

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Les vagues

La récréation que fut pour elles l'écriture d'Orlando n'était pas même commencé que Virginia Woolf, au printemps 1927, songeait déjà à l'oeuvre "très sérieuse, mystique, poétique", qu'elle souhaitait écrire ensuite. Le livre, dans son esprit, s'est d'abord intitulé "Les Phalènes". Elle a alors "l'idée d'un poème-pièce : l'idée d'un courant continu [... ], d'une histoire d'amour". Elle y pense en écoutant sur son gramophone les dernières sonates pour piano de Beethoven. Mais elle ne l'écrira vraiment que deux ans plus tard, lorsqu'elle aura trouvé le titre définitif. Et, le livre achevé, tel qu'il se présente et comme le montre magistralement la préface de la traductrice est moins un roman qu'une élégie, une composition musicale, où le rythme est premier. Du dehors, Les Vagues se présentent ainsi : neuf interludes annoncent neuf épisodes. Les interludes suivent la course du soleil, de l'aube au soir, les variations de la lumière, le rythme des vagues, l'état d'un jardin, d'une maison, le chant des oiseaux. Dans les épisodes, six personnages qui sont plutôt des voix, des fantômes qui hantent la romancière, comme ces phalènes venus battre contre la vitre dont l'image l'a tellement marquée : Bernard, Susan, Rhoda, Neville, Jinny, Louis, dans l'ordre de leur apparition. Chaque épisode marque un moment important de leur vie - enfance, école, université, dîner d'adieu, mort de Perceval (figure centrale dont le modèle est Thoby, le frère de Virginia, trop tôt disparu), vie, maturité, Hampton Court, monologue de Bernard. Comme l'écrit, Mona Ozouf : "l'un des charmes du livre - au sens fort est magique du terme - tient à l'investigation, sans cesse déçue, sans cesse relancée, où il précipite son lecteur. Avec les indications fugitives de Virginia, nous nous ingénions à recomposer l'identité de chacun : l'éclat sensuel de Jinny, l'évanescence tragique de Rhoda, la plénitude maternelle de Susan, la solitude de Louis, l'homosexualité de Neville, le détachement de Bernard". Mais il tient aussi au fait que ces "personnages" n'en sont pas, et que la fleur à sept pétales qu'ils composent avec Perceval n'est autre que la romancière elle-même dont ils sont aussi les reflets, chacun représentant une part d'elle-même. Le livre peut donc être lu aussi comme une autobiographie de l'écrivain, où la littérature est constamment présente, à travers chacune des six voix, à chaque âge de la vie. Ecrire, pour Virginia Woolf, c'est "s'insérer dans une lignée littéraire [... ] et se placer aux côtés de Shakespeare, de Shelley, en explorant d'autres territoires, de brume et d'interdit, car les maîtres sont des aventuriers. C'est le pari des Vagues, ambitieux et secret, une autobiographie, une élégie, mais une autobiographie mystique - mystique de la littérature". La Traduction Cécile Wajsbrot, avant de traduire pour le Bruit du temps le choix d'essais intitulé Des phrases ailées, avait traduit Les Vagues, pour les éditions Calmann-Lévy, en 1993. Cette édition était dotée d'une préface où, après une belle analyse de l'oeuvre et de sa genèse, Cécile Wajsbrot expliquait la nécessité d'une retraduction, malgré (ou à cause de) l'existence de celle de Marguerite Yourcenar, excessivement personnelle. Son travail, alors violemment éreinté dans Le Monde par Viviane Forrester, avait été salué dans le Nouvel Observateur par Mona Ozouf, qui écrivait : "en se tenant au plus près du texte, attentive à ses cassures et à ses dissonances, Cécile Wajsbrot propose, paradoxalement, une version bien plus claire. Car si Yourcenar s'appliquait à suppléer au caractère volatil des figures de Virginia, elle manquait l'extraordinaire netteté du monde sur lequel elle se détache". Tandis que Michel Volko- vitch, avec l'oeil du traducteur de métier, écrivait : "Le talent de Cécile Wajsbrot (également écrivain) crève les yeux [... ]. A côté de ces nouvelles Vagues, si jeunes et fraîches, si vivantes, celles de Mme Yourcenar semblent soudain académiques et poussives".

09/2020

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Littérature française

Nevermore

La narratrice de ce nouveau roman de Cécile Wajsbrot, une femme, traductrice, s'isole à Dresde pour traduire "Le temps passe" , partie centrale de La Promenade au phare, de Virginia Woolf, dans laquelle la romancière anglaise tentait d'écrire le temps pur en évoquant ses effets : la dévastation progressive d'une maison devenue inhabi- tée. Tandis que nous la voyons habiter peu à peu le texte et les lieux, et s'immerger dans les arcanes de la traduction, les fantômes qui peuplent la ville étrangère et ses propres fantômes intérieurs ne tardent pas à resurgir et à se mêler à son travail. Ainsi le thème de la dispari- tion récente d'une amie écrivain dont le souvenir la hante s'entretisse au journal dans lequel elle note au jour le jour - comme on ne l'avait sans doute jamais fait jusqu'ici dans une fiction-, les réflexions qui naissent des tâtonnements, des doutes suscités par la progression de son travail et par la tentative de s'approcher au plus près de la créa- tion d'un écrivain d'une autre époque, dans une langue autre. La lecture-commentaire de ce texte sur la dévastation du temps et la vie de la traductrice dans une ville jadis dévastée de la guerre ne font qu'un, sont intimement liés, retentissent sans cesse l'un sur l'autre. Un peu comme dans Mémorial, où, relatant un voyage en Pologne sur les traces de sa famille, elle parvenait à rendre une voix aux âmes des disparus, Cécile Wajsbrot réussit ici à rendre parfaitement justes, naturelles, les soudaines apparitions de l'amie disparue : on est trou- blé, ému, la grande réussite du roman est qu'à aucun moment cela ne paraisse forcé. Comme souvent, dans cette oeuvre, des thèmes secon- daires viennent s'intercaler en contrepoint ou même au sein du récit principal et en accroître la résonance. Il en va ainsi des pages qui évoquent la High Line, à New York, pour évoquer un autre type de métamorphose engendrée par le passage du temps. Mais il faudrait citer aussi d'autres leitmotive : ainsi la catastrophe de Tchernobyl, qui est comme une accélération à plus grande échelle de la dévastation décrite dans "Le temps passe" ; ou, a contrario, un thème qui tra- verse tout le récit comme l'image même du rôle de l'écrivain, ou de sa traductrice : celui des cloches (et, plus généralement, de la musique) qui avertissent de l'imminence du désastre ou, après que celui-ci a eu lieu, subsistent comme les derniers vestiges d'une vie humaine dans les villes englouties.

02/2021

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