La longue mélancolie des dimanches, quand la vie a un peu passé, et que l’on revient sur ses lieux d’enfance.
Une sororité faite de souvenirs lumineux et de jalousies ancrées et irrémédiables, parce que le destin seul peut en être l’explication.
Une vie de province, dans ses lointaines banlieues qui ne sont plus la ville mais ne seront jamais la campagne.
Quand les heures du dimanche se font longues, et que la seule évidence est de laisser voguer les silences et les souvenirs.
Confidences éparses.
Et soudain, dans sa vie tellement lisse de « femme de docteur », l’irruption de la surprise : « un jour j’ai rencontré un homme »
L’inconnu qui intrigue, qui surprend, qui s’enfuit, qui est là. Les gens du village ; que vont-ils penser ? Y a-t-il même quelque chose à quoi penser ? Qui est-il ? Où est la vérité des êtres et des histoires ?
Des rencontres furtives, des promenades, de la melancolie à l'étrange, puis au sentiment diffus du danger, une inquiétude qui ne se résout pas
Comme dans un film des années cinquante ou un fort Chabrol, des noirs et blancs, de longs plans séquence, soudain l’image se fige sur un visage immobile et illisible dans ses intentions. Le temps en distorsion, les possibles que l’on ne saisira jamais, ceux que l’on saisit et qui nous échappent.
La délicatesse de la plume de Dominique Barbéris, sans que s'élucident les possibles pour son lecteur. Vivacité, densité, une capacité à saisir les instants décisifs. Une économie de mots qui floute les frontières entre la réalité et le romanesque. une acuité aux non-dits et aux implicites de cette relation d’amour éminemment intime
Rien n’est élucidé, tout est dit de ce rien qui peut devenir un monde, d’un épisode de vie qui jamais ne trouvera résolution que dans cette confidence entre sœurs.
Lors d'un dimanche qui plus jamais ne sera comme un autre, transfiguré par cette fuite du secret le plus intime d’une femme sans histoire(s).
Remarquable.