Hommage manifeste ou plagiat éhonté, La nuit de mai reste pour les plus fervents amateurs du romantisme un morceau de poésie d'anthologie tiré des oeuvres d'Alfred de Musset que nous vous avons proposé.
«
L'homme n'écrit rien sur le sable
À l'heure où passe l'aquilon. »
dit le poète amer et sombre. Et le lien entre les deux textes dépasse le simple fait d'une coïncidence où les titres se juxtaposent. Car le désir est tout ce qui anime le texte de Musset. Celui insatiable et maladif témoignant du Mal du siècle...
Le désir. Ce tonneau percé des Danaïdes que l'on tentera en vain de remplir, tant il se videra sans cesse. Vaste sujet, auquel se confronte Clément Rosset, au sortir - littéralement - d'un rêve. Mais si le livre tient de la pensée philosophique, il ne se laisse pas raconter comme l'on parlerait du texte de Musset. D'autant que résumer la pensée d'un philosophe, c'est ne pâs manquer de la trahir.
Alors que dire de ce livre ? Qu'il est bien illustré, étayé de références à Girard ou Balzac (entre autres), lequel prêtera ses personnages au jeu d'une analyse un peu trop rapide, mais tout à fait pertinente. « En sorte qu'il y a deux espèces de monstres chez Balzac : les passionnés et les non passionnés, ceux qu'aveuglent le désir et ceux qu'aucun désir ne motive. » Le connaisseur appréciera.
Ce livret est donc une plaisante chose. Concis, jusqu'à l'excès presque, dense et réfléchi voilà un petit manuel de philosophie à l'usage de ceux qui n'ont pas le temps de se plonger trop longuement dans de fastidieuses études. Le désir qui finalement est à la fois moteur et ogre de nos existences se retrouve ici cerné et décortiqué.
N'écoutez que vous : désirez ce livre.
Car définitivement, « Rien de plus étrange, ni de si mal connu, que la nature du désir.»