Le choix du lieu pour le dernier évènement majeur en date de Foyles semble ironique si l'on regarde en arrière, étant donné la vague de départ des dernières semaines annoncée dans la célèbre bouquinerie indépendante. À bien regarder, l’ouverture officielle du nouveau magasin St Pancras aura été la dernière embardée pour beaucoup d’employés responsables de la transformation de la bouquinerie, d’une situation financière chaotique à une affaire dynamique et en expansion.
L’industrie fut étonnée quand Vivienne Wordley, la dynamique directrice commerciale du magasin fut remerciée il y a deux semaines. Et aujourd’hui, il a été annoncé que Christopher Foyle et Bill Samuel, les deux cousins respectivement patron et sous patron vont prendre de la distance par rapport à la gestion de l’entreprise. Foyle restera patron, mais sans le pouvoir exécutif. Samuel gardera sa place au conseil, mais en tant que directeur non exécutif.
Ce changement n’était toutefois pas une grande surprise. Ils avaient annoncé depuis des mois qu’ils lâchaient du leste dans la gestion des affaires au moment où Sam Husein était nommé PDG en mai dernier. Cependant, en sachant que Foyles était une affaire de famille symbolique à Londres et une bouquinerie mondialement célèbre, le départ des deux derniers membres de la famille fondatrice de la gestion opérationnelle de la société annonce bel et bien la fin d’une ère. Husain, ancien gérant de Ascent Media, société de production de divertissement, répétait que Foyle serait toujours impliqué dans l’entreprise.
La crise de goutte ou la crise dégoûte ?
« Cela fait quelque temps que cela dure, déclare-t-il. Christopher s’efface et délègue ses responsabilités à son PDG, moi. Il reste impliqué dans l’affaire. Toutefois, au quotidien, il a été décidé de laisser la gestion à un PDG. » Hussain expliquait qu’en tant qu’actionnaire majoritaire, Foyle aura un rôle important dans les décisions futures. « Il restera globalement impliqué dans les décisions stratégiques futures, tout comme le reste du conseil d’administration. »
La société doit beaucoup à Foyle, Samuel et Wordley qui l’ont remis sur de bons rails. Foyle a pris le contrôle de la bouquinerie en 1999, six jours avant que sa tante Christina décède. Christina Foyle était la force motrice du magasin et la cause de peu d’avancées. Avant sa reprise, on y trouvait encore de vieilles étagères décrépies et un déroutant système de queue avec tickets. L’entreprise était en difficultés financières, perdant 20% de chiffre par an et avec un chiffre d’affaires en dessous des 10 millions de livres.
Toujours plus moderne
Avec de nouveaux systèmes de paiement, le magasin s’est modernisé. De même, une remise en état du magasin mère de plusieurs millions de livre par la nouvelle équipe a retourné la situation. Les attentats de Londres de 2005 ont affecté les ventes, mais la société espère engranger 22 millions de livres de chiffre d’affaires et atteindre le seuil de rentabilité.
Ces améliorations ont été accompagnées par une politique d’expansion bien pensée. Tout d’abord, installé un magasin au Royal Festival Hall en 2005 a établi la base pour l’expansion de Foyles qui vise des régions enclines à accueillir des magasins indépendants. Et l’ouverture en décembre de la succursale de White City créera de nouvelles opportunités pour les enclaves voisines de Holland Park et Chiswick
Suite aux activités de ces dernières semaines, Husain affirme qu’il n’y a pas à ce jour de remaniement dans l’équipe prévue. « C’est une équipe jeune avec beaucoup d’expérience et de connaissance, » explique-t-il.