Un si joli monde

Aux , nous aimons profondément les petits éditeurs et nouveaux labels.

C'est toujours un réel bonheur de rencontrer des passionnés du livre jeunesse qui arrivent en librairie avec de magnifiques projets pour enchanter notre quotidien.

Dernier en date, le label Marmaille et compagnie (label appartenant à Geste éditions). Nous avions rendez-vous il y a quelques semaines à la Librairie du 104 (5 rue Curial 75019 Paris) pour la présentation des trois premiers albums qui devraient paraître aux alentours du 28 mai.

Marmaille & compagnie […] a été pensé comme un atelier indépendant au sein duquel se croisent les jeunes talents de l'illustration et du texte. Chaque année, seule une dizaine de leurs créations voient le jour parmi des milliers d'ébauche, de croquis et d'essais.

Le directeur éditorial, Romain Naudin ainsi que Catarina Zandonella et Barbara Brun, respectivement les illustratrices, de La Fille du Calligraphe et de l'album Les Chemins de Bohème (écrit par Pascal Brissy) ont présenté les premières planches de leurs albums.

La Fille du Calligraphe, raconte comment la jeune Menglu qui ne sait pas écrire va découvrir grâce à un magnifique pinceau magique des talents qu'elle ne se connaissait pas.

Caterina Zandonella,  illustratrice italienne, vit en France depuis maintenant six ans. Elle a déjà publié cinq albums en France, celui-ci est son sixième :

« Marmaille et compagnie m'ont contacté via Facebook.

Ils m'ont demandé si j'avais des projets à leur proposer et si j'étais disponible pour un rendez-vous. Nous nous sommes rencontrés sur Paris et il y a rapidement eu un «feeling» entre nous. On a donc commencé à travailler sur plusieurs projets. »

La Fille du Calligraphe est son premier album où elle signe l'illustration mais aussi le texte :

« J'invente tout le temps de nouvelles histoires et des personnages. Le fait de me mettre à l'écriture est venu naturellement après mes premières expériences comme illustratrice. Quand je crée une histoire, souvent je pars d'un dessin, je crée un personnage et j'invente l'histoire par la suite. Pour La fille du calligraphe, je voulais surtout créer une histoire qui me donne la possibilité de mélanger des images en couleur à des images en noir et blanc. »

Les Chemins de Bohème, illustré par Barbara Brun, nous plonge dans le Paris de 1900. Un nouveau cirque arrive dans les rues de la capitale, les enfants des quartiers vont le suivre…

Pour terminer, Ça penche, de Daniela Volpari, où un oiseau tombé du nid va entraîner dans sa chute un cycliste, une vieille dame, un gros chien etc…
L'album, en tant que livre, est découpé et forcément… ça penche !

Beaucoup d'auteurs et d'illustrateurs rejoignent les rangs de la Marmaille, nous allons suivre la production de ce tout nouveau label avec un grand plaisir…

Découvrez les bandes annonces des deux premiers albums :

Voilà un mois très apprécié pour son nombre de jours fériés. Un mois qui voit fleurir les jardins et les balcons ... mais pas seulement. C'est aussi l'éclosion de nombreux festivals et salons du livre, de quoi s'en donner à coeur joie pour parcourir toute l'actualité du .

Pour Les Histoires Sans Fin, se sera l'occasion d'un premier rendez-vous à Epinal, pour les Imaginales 2009. Alors, à très bientôt sur les pages du site, pour un plein d'images et d'interviews de vos auteurs, véritable foisonnement de la littérature de l'imaginaire.

C'est un monde de tranquillité absolue. C'est un monde où plus personne ne s'angoisse pour rien, c'est un monde où même la guerre a disparu, c'est un monde où finalement il ne se passe pas grand-chose mais où tout le monde semble s'en contenter… Et si par hasard, quelque chose vous perturbe, hop ! une petite dose de m.a.p ou Modification de l'Amélioration de la Personnalité et tout de suite ça va beaucoup mieux…
Bon, ça, c'est la cité où l'ensemble de la population vit et n'en demande pas plus…
À quelques kilomètres de là vivent les Exclus, ceux qui dès la naissance se sont révélés incompatibles avec cette vie « idyllique » et encore un peu loin vivent Livia, Marcus et Tavius, nos trois héros agés d'une quinzaine d'année. Protégés par le Poète, ils vont se lancer dans la plus grande aventure de leur vie et essayer de redonner un semblant d'humanité à cette société aseptisée et injuste.

Bien sûr, Nicola Morgan va utiliser les références aux livres de ce genre, telle 1984 de Georges Orwell ou Le meilleur des Mondes d'Aldous Huxley, mais il va le faire avec talent certain pour nous emmener à découvrir ses deux monuments de la littérature d'anticipation.
Aussi, malgré quelques facilités dans le déroulement du livre, fait partie de ses récits qui éveillent les consciences et l'on aurait apprécié qu'il soit un peu plus long pour vraiment nous laisser le temps de nous installer dans l'ambiance. Dans l'ensemble, Un Monde sans rêves est une très bonne lecture à mettre dans toutes les mains…

Imaginez pouvoir vivre dans une gigantesque maison ! Trois cuisines, quatorze bibliothèques et quatre-vingts salles de jeux ! Ce serait plutôt sympathique. Sauf si vous y rencontrez le diable. Dans ce cas, cela devient problématique... Voici ce qui arrive à un bonhomme vivant dans une immense demeure. « C'est un monde ! » s'écrit-il à chaque fois que le diable apparaît. Et les phénomènes qui se produisent dans sa maison sont de plus en plus étranges. Ce sont même de véritables catastrophes ! À moins qu'ils ne soient la solution pour s'ouvrir, enfin, au monde.

Avec de subtils collages et superpositions de matière, crée un album riche de sens et d'interprétations. Les illustrations regorgent de détails et, comme l'histoire, elles partent dans différentes directions. Coup de crayon sur la page du texte, inversion des pages, phrase tarabiscotée : tout dans cet album symbolise l'anarchie... pourtant bien maîtrisée par l'auteur-illustrateur. Et quelle récompense, à la fin, de comprendre le titre entier ! Avec C'est un monde, vous partirez loin. Qui sait si vous reviendrez ?

Déborah Durand

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 manque à tous. Aussi lorsqu'un nouveau roman de Mankell paraît en France, même sans commissaire, l'attirance est immédiate et la lecture, une évidence. Mais de plus en plus souvent maintenant, sitôt le livre refermé, une  pointe de déception  s'installe. Le plaisir n'est plus le même. Si le charme opère, ça et là, un vague sentiment de désintérêt émerge aussi, une certaine lassitude imprègne le lecteur, au fil des pages et lui fait regretter plus amèrement encore son commissaire « hors-service » mais décidemment irremplaçable.

Et pourtant, Ce paradis trompeur avait de quoi séduire et envoûter, susciter l'imaginaire du lecteur et l'emmener très loin,  bien au-delà des murs gris du commissariat d'Ystad, jusque sur les côtes africaines du Mozambique, encore appelé Afrique orientale portugaise au début du XXème siècle.

 Henning Mankell est un admirable conteur et la 1ère partie de ce roman l'atteste sans difficulté.  La lecture est un plaisir, se déploie avec bonheur, file sans obstacle, invite au voyage et à la découverte.

Lorsque l'héroïne, Hanna embarque à bord du Lovisa, elle a juste 18 ans, a quitté quelques mois plus tôt sa famille, tout au nord de la Suède. Fuyant la pauvreté et la famine, recueillie par Jonathan Forsman,  un armateur à Sunsdvall, elle ignore alors tout de la mer. Mais le lecteur est déjà disposé à la suivre jusqu'en Australie, à affronter les violences de l'océan, à partager la vie de l'équipage.

Une histoire qui débute comme une saga nordique passionnante  (on pense même à Moberg).   Le lecteur monte à bord avec enthousiasme, partage émotions et tragédies, emporté par le talent de l'écrivain. Puis lorsque la jeune femme,   consumée par le chagrin, douloureusement éprouvée par le destin, fait escale en Afrique, à Lourenço Marques (Maputo aujourd'hui) et échappe à la vigilance de l'équipage, le lecteur la suit sans effort. Lorsqu'elle tombe malade puis finit par demeurer dans cette ville, le lecteur n'hésite pas, non plus, à s'arrêter là, dans ce pays méconnu, qui ne ressemble en rien pourtant à un paradis (La ville est en proie à des crues importantes, la moiteur est parfois insoutenable, la chaleur étouffante les serpents rôdent, les sauterelles arrivent par nuées…),  à l'accompagner et à s'interroger à ses côtés sur ce lieu qu'elle a du mal à comprendre, alors sous le jour d'un fort pouvoir colonial et ségrégationniste (qu'elle ne condamne ni ne défend).

Quand ensuite elle se retrouve assez rapidement à la tête d'un bordel florissant et fréquenté par l'ensemble d'une population dirigeante, de manière progressive alors, l'intérêt pour l'héroïne commence peu à peu à faiblir. Sans trop comprendre pourquoi, le lecteur tourne les pages moins vite, s'ennuie un peu par moments alors que nombre d'événements et d'actions se déroulent pourtant sous ses yeux. Hanna lui échappe, semble s'éloigner, distante, presque vague, par moments, « désœuvrée, paresseuse, toujours à agiter un éventail ». Le lecteur se détache, le charme semble ne plus vouloir opérer. Elle touche moins, malgré sa solitude et sa peur, semble moins réelle au fur et à mesure de ses transformations (trop rapides), de son africanisation et devient moins convaincante, comme si Mankell avait hâte d'en finir avec elle. Son combat final, pourtant profondément humaniste et noble, n'émeut pas vraiment le lecteur (qui n'y croit pas trop) et la fin, mystérieuse, inaboutie lui procure frustration et déception ; même si l'auteur apporte quelques justifications lors de sa postface. Une partie moins stimulante donc, où le lecteur a l'impression de tourner en rond.

Il n'en reste pas moins, les thèmes chers à Mankell, à savoir la dénonciation des injustices, du racisme, le combat contre l'esclavagisme, l'intolérance, alimentent ce nouveau récit, expriment avec justesse la difficulté d'intégration dans un pays culturellement éloigné, la fascination et la peur qu'il peut simultanément engendrer, notamment par l'ambivalence des sentiments d'Hanna envers les femmes noires qu'elles dirigent.

Parfois odieuse, parfois sensible et douce, son attitude  est tout aussi controversée à l'égard des Blancs. Une femme en décalage, isolée, (dont l'être le plus proche est Carlos, un singe) tiraillée entre son impossibilité à gagner la confiance des Noirs (malgré sa richesse et sa générosité) qui restent soumis et méfiants et à se sentir heureuse parmi les Blancs.

Avec force et réalisme, l'auteur se montre précis à décrire l'ambiance coloniale, les tensions liées à cette époque et renforce davantage encore l'image de l'écrivain engagé dans la défense des plus faibles et des populations opprimées. Mais sans surprise.