Un célèbre dissident ouzbek, le poète Youssouf Joumaïev, et l'un de ses fils sont jugés depuis lundi, accusés d'avoir blessé deux policiers alors qu'ils essayaient d'organiser une manifestation en décembre dernier, a appris l'AFP auprès de leur avocat, Rouhiddine Komilov.
Les deux hommes, qui risquent cinq ans de prison, ont renoncé sans explication aux services de leur avocat dès le début de leur procès, qui se déroule à Boukhara (sud), a expliqué Me Komilov.
Youssouf Joumaïev, âgé de 50 ans, et son fils Bobour sont emprisonnés depuis décembre 2007 après leur tentative d'organiser une manifestation critiquant le pouvoir ouzbek et réclamant la libération d'un autre fils du poète.
Un pouvoir fort et une opposition muselée :
Les deux hommes auraient alors renversé en voiture deux policiers qui tentaient de les arrêter. Le dissident avait déjà été condamné avec sursis en 2001 pour « insulte au président » ouzbek Islam Karimov, un délit passible de prison ferme, qui est régulièrement utilisé contre les détracteurs du régime. Islam Karimov préside au destin de son pays de manière autoritaire depuis 1990.
Des pratiques étatiques souvent décriées par les ONG :
Tachkent, capitale de l'Ouzbékistan, est régulièrement critiqué par les ONG de défense des droits de l'Homme pour avoir muselé toute forme d'opposition, alors que l'ONU a dénoncé une nouvelle fois fin 2007 le recours « routinier » à la torture dans les prisons de cette ex-république soviétique d'Asie centrale.
La Biélorussie et l’Ouzbékistan sont les derniers pays de l’ex-Union soviétique qui procèdent encore à des exécutions. Dans ces deux pays, les carences du système juridique favorisent les erreurs, et Amnesty International reçoit régulièrement des informations crédibles faisant état de procès inéquitables ainsi que de tortures et de mauvais traitements destinés, le plus souvent, à arracher des «aveux».