Lundi ! Lendemain de 15 août à Notre Dame de Paris.
Sur les conseils du surveillant de la cathédrale, Gérard, le sacristain, profite de la tournée qu'il effectue pour ré-alimenter les stocks de cierges, pour observer du coin de l'œil la « bombe », objet de l'alerte signalée par talkie-walkie.
Ensemble blanc immaculé qui met en valeur des formes avantageuses, assise religieusement sur une chaise près de la chapelle de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, en intense prière, la « bombe » fait indubitablement partie des plus remarquables spécimens féminins que le personnel de la cathédrale ne manque pas de repérer et de se signaler pour le plaisir des yeux !
Quelques instants plus tard, la cathédrale est évacuée et les fidèles sont remplacés par une armée de policiers, d'enquêteurs et de magistrats : la « bombe » s'est écroulée de sa chaise, sans un mot, sans un cri, ayant définitivement quitté le nom des vivants.
A l'issue d'une enquête totalement bâclée par le Commandant Lantard, les soupçons se portent sur un jeune illuminé qui a créé quelque remue-ménage au cours de la procession de la veille.
Empêtrée dans des contradictions personnelles et des difficultés à travailler dans un milieu machiste, la toute jeune substitut Claire Kauffmann n'a pas assez de bouteille pour s'opposer à Lantard qui la conduit droit à des conclusions que le suicide du jeune illuminé permettra d'entériner faute de contradiction.
Mais ces conclusions n'arrivent pas à convaincre Jacques Kern, l'un des prêtres de Notre Dame, un être chétif que la maladie a réduit à un « ectoplasme en habit de curé d'un mètre quarante huit pour quarante trois kilos ». Et c'est auprès de l'un de détenus condamné à perpète qu'il visite régulièrement que le Père Kern va trouver la force et la motivation pour entreprendre, lui, l'homme diminué, la recherche de la vérité.
Il y a tout ce qu'il faut pour réussir dans ce roman : de la lubricité sous les nefs de Notre Dame, un flic macho, grossier et incompétent, des prélats que rien ne préoccupe plus qu'éviter des vagues autour du navire phare de la chrétienté à Paris, une substitut trop tendre, une morte dont les formes auraient pu la promettre aux couverture de magazines, un prêtre terrassé par la maladie et la culpabilité, … Bref, rien n'y manque !
Jour après jour, du lundi au vendredi, les chapitres nous mènent à un final qui tarde à devenir inéluctable ce qui ajoute au plaisir de la lecture, laissant ainsi tout loisir pour imaginer toutes les fausses pistes possibles. Et c'est vrai que le fait d'avoir imaginé faire reprendre l'enquête bâclée par le policier par un prêtre malingre et maladif est une option lumineuse.
Derrière une pelote finement démêlée, la foi en la Justice de Dieu et celles des hommes trace son chemin dans les arcanes et la noirceur de l'âme humaine qui peut aussi s'habiller de vêtements religieux.
Un vrai bon polar qui se goûte sans retenue.